Titre : Journal des débats politiques et littéraires
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1878-01-05
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Description : 05 janvier 1878 05 janvier 1878
Description : 1878/01/05. 1878/01/05.
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Description : Collection numérique : Histoire diplomatique :... Collection numérique : Histoire diplomatique : IIe République - Second Empire (1848-1870)
Description : Collection numérique : Histoire diplomatique :... Collection numérique : Histoire diplomatique : IIIe République (1870-1914)
Description : Collection numérique : Histoire diplomatique :... Collection numérique : Histoire diplomatique : d'une guerre à l'autre (1914-1945)
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Source : Bibliothèque nationale de France
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 15/10/2007
ËMTION DE PARIS.
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t8M.
ONSABONNE
me des Prëtres-Sadn~Gennain-rAnxetrois, n.
MMX~ MB ANKtNfWEMBMTP
Un an. Six mois. TtOh moM
Dêpattemens. 80&. Mfr. M6'.
PMis. 72 &. 36 &. iSîr.
Les abonnemens partent des i" et M d<
chaquemois.
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In ~emden, appty to Cewte and C", fOM!m~
.nevpapers oMce, 17, Gresham street, G. P. d.~
tOM.Bethy, mE.C London; am. W.-M. Hmtth etW1M, Strand, W. C., London.
~wMMM.M.medets
Madeleine, dams les Mosmies et daMiesM-
Niothéqces des Kares do chemins de fer belges.
A. Valparaiso (CMM), chezM. Orestes L. ToHtSN.
~sAm!.sjMHM
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JMfMAL DES DEBATS
ON S'ABONNE
en Belgique, en Italie.
dans le Luxembourg, en Turquie,
en Suisse, en Syrie, en Roumanie et dans ief
~régences du Maroc et de la Tunisie,)
en Chine et au Japon,
M moyen d'une valeur payable à Paris ou M
Mandate-poste, soit internationaux, soit francs;
en Allemagne, en Autriche, en Russie,
et dans tous les pays du Nord
chez tous les directeurs de postes;
et dans tous It:s autres pays,
ptr t'envoi d'une' valeur payaBle à Parix.
PCUTïOm ET UTTËMIRES
Les Mmonces sont reçues
..place de laBourse,
etaabureauduJtOBH'NAt
piles doivent toujours être agreëes par !a rédaction.
–t. ~aM~,M--
PAMS
VENDREDI 4 JANVIER
Le VoM~M~ o/~et<~ de ce matin publie
la circulaire que M. le ministre de l'inté-
rieur vient d'adresser aux préfets, au sujet
de l'enquête sur les actes de l'admini-
stration du 16 mai. Nous n'avons rien
de nouveau à en dire cette circulaire
est inspirée par les mêmes principes que
celle de M. le garde des sceaux, prési-
dent du conseil. Elle mérite les mêmes
éloges. Nous avons enfin un gouver-
nement qui sait faire respecter les droits
du pouvoir exécutif, tout en respectant
lui-même ceux du pouvoir parlementaire.
M. le ministre de l'intérieur rappelle
a.ux préfets a les obligations profession-
nelles de leur charge il les in-
vite à avoir recours à lui toutes les fois
qu'ils éprouveraient, « dans quelques cas
particuliers, des scrupules à déférer aux
désirs des commissaires. C'est au mi-
nistre lui-même que reviendrait alors
la décision, et il couvrirait ses agens de
sa propre responsabilité devant la Cham-
bre. Voilà' comment, sous un gouverne-
ment parlementaire, les droits et les de-
voirs de chacun se trouvent dans une
parfaite harmonie, sans péril pour l'au-
torité, sans entrave pour l'enquête
qu'il a plu à la Chambre d'ordonner.
Cette juste mesure entre la. commis-
sion d'enquête et l'administration était-
elle donc si difficile à trouver? La moin-
dre bonne volonté y suffisait; mais, avant
le 13 décembre, il n'y avait dans le cabi-
net que mauvaise volonté et résolution
formelle de confisquer le droit parlemen-
taire au profit des prétentions admini-
stratives. Il y avait plus encore il y avait
la préoccupation naturelle de soustraire
au jugement du pays et à celui de l'his-
toire les abus qui avaient été commis pour
préparer les élections dernières. MM. de
Broglie et de Fourtou, et leurs prête-noms
ensuite, tenaient essentiellement à épais-
sir les ténèbres sur les actes de leur gou-
vernement. Le ministère actuel, n'ayant 't
aucune responsabilité dans le passé, n'a
d'autre intérêt que celui du pays, et
cet intérêt, nous l'avons déjà dit, c'est la
lumière.
Nous avons demandé encore que la lu-
mière nous fût dispensée avec moins d'é-
conomie sur les faits dont l'incident de
Limoges a été une demi-révélation. Les
journaux de la droite nous accusent aus-
sitôt de malveillance à- l'égard de l'armée.
Il paraît que nous aurions dénoncé une
« conspiration militaire ) B Rien n'a été
plus loin de notre pensée et ce qui est
révoltant dans cette polémique, ce n'est
pas notre attitude, mais celle de nos ad-
versaires. Si nous signalons quelques
maladresses ou quelques fautes commises
par quelques magistrats, on nous accuse
d'attaquer la magistrature Si nous si-
gnalons les violences ou les illégalités
commises par quelques membres du
clergé, on nous accuse d'attenter à la
religion Si nous soupçonnons quelques
militaires d'être entrés dans des complots
politiques c'est à l'armée tout entière
quenous envoûtons Est-ce donc que nos
contradicteurs respectent plus que nous
la magistrature, la religion, ou l'armée?
On l'a bien vu pendant ces derniers mois 1
Ils se sont eSbrcés par tous les moyens
de ravaler ces grandes institutions au
rôle subalterne d'instrumens politiques,
et de la plus triste des politiques. Ils
FEHLm ? mm DES DEBATS
DU S JANVIER 1878.
LECONTREFAtT
CnDteudpscendtoujoursponrdënouot'te~rame;
Toujours Providence y veiUe, et nous prociMHO
< ,t Cotte justice occulta et ce divin ressort
Qui fait jouer h'temps et pouvurno te sort.
LAMARTtNE.
I.
J'étais jeune encore quand j'entrai pour
la première fois en relations avec la fa-
mille du marquis de Brandon. Je venais
d'arriver depuis peu de temps à Carstones,
où je m'étais établi comme médecin.
La petite ville de Carstones ne devait
pour ainsi dire son existence qu'au voi-
sinage du château de Brandon, dont l'ad-
mirable parc l'entourait presque tout
entière. Sa rue principale, faisant face
aux plus hautes tours du donjon, sem-
blait servir d'avenue à l'immense édi-
fice féodal habité depuis des siècles par
cette noble famille.
Le château de Brandon, bâti à pic
comme toutes les anciennes forteresses,
au sommet de l'escarpement de la colline,
dominait la viUe et ses environs. Tout le
pays, de temps immémorial, était sous la
dépendance matérielle et morale du grand
baron de la forteresse, que les habitans,
à vingt lieues à la ronde, avaient toujours
considéré comme leur maître absolu, ap-
portant dans leurs relations avec lui
quelque chose de la vile soumission des
esclaves et de la subordination affectueuse
desenfans.
Les choses, cependant, n'étaient plus
tout à fait les mêmes aujourd'hui. Quoi-
que, pour la subordination et la servilité,
les gens du pays eussent pu encore riva-
n'ont rien épargné pour avilir la magis-
trature, rien pour compromettre la reli-
gion, et rien non plus pour que l'armée
se compromît en leur faveur. Nous avons
la prétention d'être fort au-dessus de
leurs insultes ou de leurs insinuations,
et en fait de dédains nous ne se-
rons pas en reste avec eux. Ils ont
perdu le droit de trancher du pu-
ritanisme, au sortir de leurs intrigues
malheureuses. Le passé, encore tout ré-
cent, se révolte contre eux; et si
nous demandons, si nous encourageons
les enquêtes auxquelles ils voudraient
tant se dérober, c'est pour montrer
ce qu'ils ont fait, ann que le pays
apprenne et approuve ce que nous
sommes obligés de faire. Même après
leur défaite, les organes de la droite ne
cherchent dans la magistrature, dans la
religion, dans l'armée, que des prétextes
de polémique. Les choses en elles-mêmes,
leur nature sérieuse et profonde, ils
n'en ont cure Mais toutes les fois
que nous voudrons reparer le mal qu'ils
ont fait, soît à la: magistrature, soit
au clergé, soit à l'armée, ils crieront
contre nous; ils invoqueront les plus
grands principes et ne feront appel, en
réalité, qu'aux plus mesquins intérêts, ou
même aux plus méprisables; ils nous
traîneront à la barre de leur coterie qu'ils
appelleront la société. Que nous importe?
Ils ne nous feront ni perdre de vue notre
but, ni le dépasser et l'opinion, éclairée
par les derniers événemens, la France du
14 octobre et du 4 novembre, ne se lais-
seront pas émouvoir par ces clameurs
sans écho.
Il s'agit, pour le moment, de l'armée
Nous avons attaqué l'armée! Eh bien!,
nous serons francs. Nous ne croyons pas
qu'il y ait eu de conspiration militaire.
Grâce au ciel, car ce n'est certainement
pas grâce aux hommes, l'armée n'a pas
cessé d'appartenir à la France, et l'esprit
de parti ne l'a point entamée. Mais, ce qui
ne nous est pas démontré du tout, c'est
qu'il n'y ait pas eu de complot politique
en dehors de l'armée, et que quelques
militaires n'y soient pas entrés. Nous ne
jouons pas sur les nuances la dioe-
rence est extrême entre un complot mi-
litaire et un complot civil où quelques
militaires auraient été embauchés. Il y a
des esprits égarés ou pervers partout; il
y en a dans la magistrature, il y en a
dans le clergé, il y en a dans l'armée, et
la magistrature, le clergé et l'armée en
gémissent ou en souQrent comme nous.
Nous ne désignons et ne pouvons dési-
gner personne. M. le général de Roche-
bouet, ancien ministre de la guerre, vient
de tenir à Bordeaux, à l'occasion du jour
de l'An, des discours qui l'honorent. Il
s'est vivement défendu d'avoir jamais eu
la moindre pensée coupable. « Au profit
de qui, a-t-il dit, aurais-je fait un coup
d'Etat? Au profit des bonapartistes? vous
savez ce que je pense d'eux. Au profit des
autres? vous savez comme moi qu'ils
sont impossibles, s M. le général de Ro-
chebouet.en parlant de la sorte, s'est attiré
les injures de quelques journaux bonapar-
tistes mais nous pensons qu'il les suppor-
tera légèrement. Le ministère du 23
novembre ne mérite sans doute ni l'excès
d'honneur ni l'indignité d'être soupçonné
d'avoir tramé un 18 brumaire ou, plus
vulgairement, un 2 décembre. Mais, en
dehors du gouvernement, il ne paraît
pas impossible que quelques person-
nes se soient tenues prêtes pour des évé-
nemens qu'elles avaient prévus et qui
User avec leurs ancêtres, les manifesta-
tions extérieures de ces sentimens n'a-
vaient pas conservé, cela va sans dire,
le même caractère et, dans le château
lui-même, le confortable et les rafnne-
mens du luxe moderne se mêlaient étran-
gement aux dehors sévères et à la splen-
deur solennelle et triste de son ancienne
architecture. Les énormes et sombres
tours étaient entourées maintenant de
bosquets et de massifs de neurs, de pe-
louses gracieusement vallonnées. Les fe-
nêtres, véritables meurtrières encadrées
de pierres massives, avaient été rempla-
cées en maint endroit par de larges croi-
sées modernes. Les abords du manoir,
combinés jadis pour en assurer la défense
et la sécurité, s'étaient transformés avec
le temps et présentaient aujourd'hui le
plus élégant et le plus riant aspect.
Rien n'était changé, il est vrai, dans le
« Hall. » C'était toujours comme autre-
fois, cette immense salle où la lumière,
pénétrant à peine à travers les étroites
fenêtres gothiques, éclairait d'une lueur
incertaine les bannières flottantes les
armures magnifiques, les boucliers et les
lances des temps passés, les vieux por-
traits de famille de ces puissans barons à
la Sère tournure et de ces gentilles da-
mes en robes d'apparat avec leurs fraises
empesées, leurs corsages chargés de bi-
joux, leurs petites mains et leurs char-
mans visages de cet ovale régulier si re-
marquable dans l'aristocratie féminine de
l'Angleterre.
Les anciens appartemens du château
avaient été, pour la plupart, convertis en
chambres d'habitation meublées et déco-
rées au goût du jour, et adaptées autant
que possible, par l'habileté d'un artiste
éminent, au style du vieil édince afin
qu'aucune discordance trop crue ne cho-
ne se sont pas réalisés. On nous parle en-
core aujourd'hui du danger qui a menacé
la France. Si la Chambre avait été dis-
soute, et on comptait bien qu'elle
le serait, elle devait, dit-on, se ré-
volter et se transporter à Paris. L'oc-
casion était trouvée, on en aurait pro-
fité. N'est-ce pas le cas de parler avec
Mirabeau a d'une risible insurrection qui
n'eut jamais d'importance que dans les
imaginations faibles ou les desseins per-
vers de quelques hommes* de mauvaise
foi? )) Cette insurrection manquée, les
journaux de la droite essaient encore
de nous en faire frémir d'épouvante.
Nous savons à quoi nous en tenir
sur ce point; et nous savons aussi que
le Sénat par sa sagesse, et le maréchal
par sa résolution subite et prudente, ont
fait échouer les plans qu'ils ne connais-
saient pas et que l'on révèle ingénument
aujourd'hui. Voilà tout le complot que
nous soupçonnons, et auquel il ne nous
est pas démontré que quelques militaires
n'aient pas pris part..Nous voudrions tirer
Fan'âire absolument au clair, en avoir le
cœur bien net; n'est-ce pas notre droit?
N'est-ce pas l'intérêt de tout le monde?
A qui nous adressons-nous? Au gouver-
nement, qui sera probablement interrogé
par la Chambre. Et que faisons-nous, si-
non avertir des questions qui lui seront
posées un gouvernement pour lequel nous
avons sympathie et confiance, de même
que pour la magistrature, le clergé et l'ar-
mée lorsque chacun reste dans son rôle
et remplit son devoir?
BOURSE DE PAMS
CMt~e te 3 te 4 Btmoxe. BtttMe.
ao/o
Comptant.Z 25 7260.3!
Fincour. 7240. 724!i. S.
A t/< ~/e
Compt)mtl02.t022S.28.
tW/0
Comptant<0840.t6830.t0.
FincOur.t083S.l0830. s.
~ETITN BOURSE DU SOIR.
Emprunt 6 0/0. 108 fr. 30,18 3/~271/2. pr
30/0. 72 fr. 35, 30.
Egyptiennes60/0.. MO&. pc
Italien. f3&.60,471/2, S2 1/2. À
téMgpapMe privée.
[Service télégraphique de l'agence Havas.)
L&ndres, le 4 janvier.
On annonce officiellement que la reine n'ou-
vrira pa< le Parlement en personne.
Le jMa~claration de lord Carnarvon, dit
« Le fait que deux réunions du conseil ont
successivement eu lieu pour discuter la réponse
russe à la proposition de médiation anglaise mon-
tre bien à l'opinion pubtique que cette difficulté
première, rencontrée dans la voie qui conduit à
la .paix, est plus sérieuse qu'on ne le supposait
d'abord.
c En effet, le gouvernement ne peut pas s'ac-
corder sur ropinion émise avant-hier, qu'aucun
changement matériel n'est survenu dans la si-
tuation. Le cabinet ne considère pas la réponse
russe comme un affront mais il n'admet pas
non plus qu'il n'y ait aucune cause nouvelle de
modttier notre attitude dans la question ~'Orient.
L'Angleterre, en effet, ne peut, sans mécon-
naître ses intérêts, accepter îa prétention de la
Russie demandant que la discussion des condi-
tions de paix ait lieu seulement entre elle et la
Turquie. »
Bradford, le 3 janvier.
Un meeting a été tenu ce soir sous la prési-
dence du maire; 3.000 personnes y assistaient.
La Résolution adoptée a l'unanimité moins
2 voix demande au gouvernement de maintenir
strictement la neutralité anglaise, et proteste
contre toute politique pouvant conduire l'Angle-
terre à une intervention armée.
quàt les yeux. Les meubles massifs, sculp-
tés etdorés, les étoffes de satin, de damas
et de velours étaient en harmonie avec
les idées dessolennelles grandeurs qu'ins-
piraient les vastes proportions du ma-
noir. Cependant ces admirables glaces,
ces tentures aux tons vifs et éclatans,
cette splendide collection de tableaux
dans leurs cadres magninquement dorés,
tous ces mille objets en un mot, élégans
et précieux, dont les appartemens étaient
ornés, avaient un air moderne auquel
on ne pouvait se tromper.
Une aile seule du château était restée
dans son état primitif. Là, la longue suite
des appartemens avait conservé son an-
cien caractère de grandeur sévère; là, on
retrouvait les fenêtres gothiques, étroites
et sombres, les grands fauteuils aux dos-
siers d'ébène, les hautes et larges chemi-
nées aux foyers profonds, les sombres
tapisseries, les lits aux baldaquins élevés,
d'où retombaient d'épais rideaux de bro-
cart, les vieux bahuts sculptés, souvenirs
d'un autre âge, symétriquement rangés
comme autrefois.
Du haut des tours, depuis longtemps
abandonnées aux hibous et aux chauves-
souris, la vue était vraiment splendide.
Le vaste domaine de Brandon, conquis
avec ses forêts, ses ruisseaux, ses clo-
chers et ses droits « manoriaux et territo-
riaux, au temps de la conquête, par la
brave épée de Jean-le-Long, le premier
comte, s'étendait au loin de tous côtés,
traversé par un admirable cours d'eau
c'était une succession de collines, de val-
lées et de plaines immenses, coupées çà
et là d'énormes chênes, d'ormes géans,
et couronnées par une ceinturé de bois
séculaires.
Le parc, dans toute son étendue, était
traversé, sur une longueur de plusieurs
Londres,le3janvier.
Les membres composant le conseil de l'Asso-
ciation ouvrière de la paix se sont réunis ce soir
pour discuter la conduite que devait tenir l'As-
sociation dans les circonstances actuelies. Le
conseil a adopté une Résolution exprimant sa sa-
tisfaction du langage tenu par lord Carnarvon et
décidant qu'en présence des déclarations faites
par le ministre, l'Association devait s'abstenir de
toute démonstration en faveur de la politique de
neutralité.
Constantinople, le 3 janvier, soir.
M. Layard, ambassadeur d'Angleterre auprès
de la Sublime-Porte, a ou hier une audience du
Sultan, qu'il a entretenu sur le résultat de
;Ia démarche faite par l'Angleterre auprès de la
Russie,
Mardi dernier, pendant que les batteries russes
;de Giurgewo bombardaient Roustchouk. sept
obus sont tombés sur l'hôpital de Staubrd-House.
Un malade a été tué et cinq ont été blessés. L'hô-
pital a été évacué.
On n'a reçu aucune nouvelle de SoCa.
Les ministres de la guerre et de là marine se
présenteront devant les Chambres pour donner
les explications qui leur ont été demandées.
On télégraphie de Londres, le 4 janvier, à la
< On dit que lord Derby a adressé au gouver-
nement russe, conformément a une décision du
cabinet anglais, une Note dans laquelle il dé-
clare que l'Angleterre désire connaître la nature
8t.bMport.ee de l'armis)tice ;proposé par la Russie,
parce qu'elle ne peut recommander auparavant à
la Turquie d'entamer des négociations dans ce
sens. »
Constantinople, le 3 janvier.
Dans la séance de la Chambre des Députés de
lundi 31 décembre, un député musulman a vive-
ment attaqué l'administration de la marine rela-
tivement à la capture par les Russes du paque-
bot ottoman qui allait de Trébizonde à Constan-
tinople. Il a dit que la notte turque, qui a coûté
des sommes énormes, n'a été d'aucune utilité.
La Chambre a invité le ministre de la marine a
présenter et à donner des explications.
Sur la proposition d'un autre député, musulman,
la Chambre a décidé d'inviter le ministre à ren-
dre compte à la Chambre de la part qu'il a prise
dans la direction des opérations militaires.
Aujourd'hui, la Chambre a voté un passage du
projet d'Adresse, en réponse au discours du Sut-
tan, disant que les agens du pouvoir exécutif
n'ont pas fait leur devoir militairement, ni politi-
quement parlant. Cela équivaut à un vote de
défiance.
De nouvelles démonstrations ont été faites
dimanche dans les églises grecques contre le pa-
triarche de Constantinople et contre le service
militaire.
Constantinople, le 4 janvier.
La Chambre a adopté l'Adresse en réponse au
discours du Trône. Outre le passage déjà signalé,
cette Adresse dit que la Chambre attend des pro-
jets de lois pour discuter la question du service
militaire des chrétiens, et insiste sur la nécessité
de l'application immédiate des réformes.
Constantinople, le 3 janvier, soif.
La Porte a envoyé aux puissances une Note
protestant contre la demande que la Gréc~ leur
a adressée, de participer au Congrès éventuel
pour Je règlement des affaires d'Orient.
Les communications avec Sofia ont été cou-
pées par la cavalerie russe.
Suivant les dernières nouvelles officielles ve-
nues de Sofia, les Russes seraient en grand nom-
bredanslaplaine.
Constantinople, le 3 janvier.
Un télégramme de Dervisch Pacha, en date de
Batouni lundi, annonce que l'escadre turque, sous
le commandement d'Hobart Pacha, a bombardé
les postes russes du littoral de la mer Noire, dans
les environs de Chefketil, Poti et Ghegoulet.
Constantinople, ie 4 janvier.
Un télégramme de Suleiman Pacha, en date
d'hier, annonce que, pendant la retraite de lar-
mée de Kamarli sur SIatitza. Baker Pacha, qui
protégeait la retraite, fut attaqué pa~* de gran-
des forces russes; il parvint néanmoins à re-
joindre SIatitza après un combat dans lequel il
perdit 600 hommes. Les forces qui occupaient le
défilé de Tarok se sont repliées sur Sofia.
Bucharest, le 3 janvier, soir.
Le Danube charrie fortement; aucun pont n'a
été rétabli. Le passage du fleuve est complètement
interrompu.
Athènes, le 4 janvier.
La Chambre des Députés a adopté en troisième
lecture le traité de commerce entre la France et
la. Grèce.
LL. MM. ont visité le camp de Chalcis et ont
ensuite assisté à des expériences de torpilles qui
ont pleinement réussi. Demain, LL. MM. s'em-
barqueront sur l'~Mp/M~e pour revenir à
Athenes.
Sur les côtes de Crète, trois cuirassés anglais
sont attendus.
L'état de siège n'est pas encore officiellement
déclaré à Duradjo.
milles, par une large avenue de vieux ar-
bres touffus où, de distance en distance,
des éclaircies artistement pratiquées per-
mettaient d'apercevoir au loin des mon-
tagnes bleues qui complétaient le charme
et la beauté de ce charmant paysage, un
des plus pittoresques de la pittoresque
Angleterre.
Quand j'arrivai à Brandon, la. châtelaine
de cette résidence quasi-royale était une
charmante petite femme aux yeux -de ce
gris-bleu pâle dont l'expression est indé-
finissable. Il me serait difficile aussi de
caractériser la couleur de ses cheveux.
C'était une sorte de juste-milieu entre le
blond, le roux et le lin, du plus singulier
effet. Ses traits, cependant, fins et déli-
cats, avaient un air de douceur si mo-
deste, et en même temps tellement
exempte de faiblesse d'esprit, qu'il
était impossible de la regarder sans
être attiré et intéressé. Il en était de
même des grâces de toute sa personne.
Quoique petite, insignifiante, mal ve-
nue et presque boiteuse, il y avait
tant de simplicité et de franchise
dans ses manières, une si parfaite tran-
quilUté dans ses mouvemens, une si
complète absence d'affectation et de mor-
gue dans son regard, et une telle suavité é
grave dans sa voix, qu'on se sentait,
malgré soi, porté à l'aimer et à la res-
pecter.
Le marquis de Brandon, son mari, était
au contraire, en dépit de sa noble nais-
sance, singulièrement MMtournure et de manières. Quoique fort bel
homme, il avait plutôt l'air d'un brave
paysan sans prétentions. Aimable et gai,
mais vulgaire. On ne pouvait dire de lui
qu'il fût ridicule, mais certainement un
peu lourd non pas mal élevé, mais plutôt
dépourvu de formes et brusque. Il était,
Berlin, le janvier.
M~ le vicomte de Gontaut-Biron, ex-ambassa-
deur de France à Berlin, a été reçu. hier en au-
dience de congé par le prince impérial d'Alle-
magne et la princesse sa femme, avec lesquels
iladïné. <
On peut, sans manquer à aucune des
règles du respect, s'occuper d'une ques-
tion que discute l'Europe entière, nous
pourrions dire te monde entier. Celui de
tous les Papes qui a régué le plus long-
temps parle lui-même et permet qu'on
parle du jour où il faudra lui donner un
successeur. On s'entretient beaucoup de ré-
solutions secrètes, de.desseins secrets, de
combinaisons secrètes, et cependant il
pourrait bien arriver que la future élec-
tion du chef de l'Eglise se fit de la façon
la plus ordinaire et la plus tranquille.
Il y a d'abord la question du lieu de
réunion du conclave, et un parti incorri-
giblement remuant voudrait, dit-on, que
Rome, capitale du nouveau royaume ita-
lien, B&fûb-pas la. ville choisie. On est
même allé, et non pour la première fois,
jusqu'à nommer l'île de Malte. On se rap-
pelle qu'il y a quelques années il fut for-
tement question du départ du Pape, qui se-
rait allé résider dans n'importe quel pays
étranger pour se soustraire à la domina-
tion italienne. Après avoir tourné et re-
tourné la question, si toutefois elle fut
jamais sérieuse, le Pape finit par trou-
ver que Rome était encore sa meilleure
place, et il y resta. Nous croyons qu'il
en sera de même pour le conclave,
et que ce sera encore à Rome qu'il
se tiendra. La thèse de la captivité du
Pape, de son emprisonnement dans le Va-
tican et son jardin, des entraves mises à
l'exercice de ses fonctions, est faite pour
l'exportation et inventée à l'usage des ul-
tramontains du dehors. La majorité des
cardinaux, et le Pape lui-même, savent.
ce qu'en réalité il faut en penser. On peut
être sûr que le Pape se trouve beaucoup
mieux dans le palais du Vatican qu'il ne
le serait dans celui de Fontainebleau et
quant aux cardinaux italiens, qui forment
les deux tiers du Sacré-Collège, ils n'ont
pas la moindre envie de s'expatrier, ni de
se donner le mal de mer pour aller à
Malte.
Les Italiens, de leur côté, ont encore
i~en moins envie de voir la papauté sortir
de l'Italie, et, sous ce rapport, il y a dès
deux côtés une entente instinctive que les
étrangers ne comprennent pas. De gou-
vernement italien, depuis qu'il a Rome
pour capitale, a été continuellement acca-
blé des foudres du Vatican; au lieu de
s'en irriter, il les a reçues avec la plus
grande patience, comme des corrections
paternelles, et comme n'étant pas sérieu-
sement faites pour brûler. Les querelles
entre le Vatican et le Quirinal sont des
scènes de famille, et, quant au peuple ita-
lien, il sait bien que la papauté fait partie
de son histoire et en fait la gloire.
Le conclave se tiendra donc à Rome, et
s'y tiendra aussi librement, plus libre-
ment que nulle part ailleurs. Le Pape,
dans le prochain consistoire, communi-
quera, dit-on, aux cardinaux la procédure
préparée pour l'élection de son succes-
seur, mais il ne peut s'agir d'aucune dési-
gnation de personne. La discussion reli-
gieuse qui depuis vingt ans brûle l'Eu-
rope a ce caractère particulier qu'elle
est bien plus ardente dans les Eglises ca-
tholiques du dehors qu'en Italie même.
On est autrement fanatique à Paris, à
Bruxelles, à Madrid, à Londres même,
en un mot, gauche au physique comme
au moral juste ce qu'un noble ne de-
vrait pas être, quoique ce soit là un
défaut dont les soins les plus vigilans
d'une Sévigné elle-même ne réussissent
pas toujours à garantir les héritiers des
grands noms et des grandes fortunes. Il
avait cependant d'excellentes qualités
mais son extrême indolence et la faiblesse
de son caractère les annihilaient complète-
ment et les rendaient même quelquefois dan-
gereuses. Cette indolence, cette faiblesse
étaient telles, que, indioerent aux devoirs
d'un homme de sa naissance et de son rang,
il abandonnait l'autorité et le pouvoir
dont il était investi aux mains du premier
venu qui se donnait la peine de les pren-
dre heureux s'il eût pu se décharger
aussi de toute responsabilité. Il fermait
cependant les yeux sur l'importance de
cette responsabilité, sinon sur son exis-
tence, et il en était arrivé à ne considérer
sa situation élevée que comme un privi-
lége l'exemptant de toute obligation de
s'occuper de ceux qu'il regardait comme
ses inférieurs, créés uniquement pour
travailler à son bien-être et à son bon-
heur. C'était en cela seulement que cet
homme, d'un excellent naturel d'ailleurs,
manifestait le sentiment de son orgueil et
de ses prérogatives. Il ne lui semblait pas
admissible qu'un être aussi rare et aussi
haut pl~cé qu'un marquis de Brandon eût
pu être créé pour être utile sur cette
terre. Sa bonté, en conséquence, était pu-
rement passive. Si jamais il ne punissait,
si jamais il ne se montrait ni dur, ni dés-
obligeant, ni exigeant, par contre il ne
rendait jamais personne heureux, car il
n'avait ni soins ni préoccupations envers
qui que ce fût. Il n'aurait pas intentionnel-
lement lésé ou froissé le moindre de ses
vassaux mais il aurait encore moins eu
qu'on ne l'est à Rome. L'Eglise catholiqu&
d'Italie ne demanderait pas mieux que de
s'arranger et de se raccommoder avec
l'Etat, et c'est parce que les catholiques
du dehors craignent qu'un Pape italien
ne se prête à un Mo~M~ ~M~a~ qu'ils font
des vœux et des efforts pour le choix d'un
Pape étranger.
L'intervention des passions religieuses
dans la politique déjà assez troublée de
l'Europe a causé de tels maux et peut
encore devenir un tel élément de guerres
civiles ou étrangères, que les gouverne-
mens ne peuvent souhaiter que l'apaise-
ment. On prétend donc que la France,
l'Autriche, l'Espagne et l'Italie, le plus
directement intéressées comme puissan-
ces essentiellement catholiques, se sont
mises d'accord pour recommander le choix
d'un cardinal italien, d'opinions modérées,
et que les autres puissances, l'Allemagne,
l'Angleterre et la Russie, ont adhéré à cette
résolution.
Toutefois, ce ne peut être qu'une-re-
commandation, car le Sacré-Collège reste
le maître de son choix. On parle bien en-
core du fameux droit de veto, mais il nous
paraît que ce droit.problématique a dis-
paru devant la situation nouvelle de la
papauté. Le veto avait deux raisons d'ê-
tre. D'abord, il y avait à cette époque,
dans les pays catholiques, des biens du
clergé, des biens d'Eglise sur lesquels le
chef de l'Eglise avait un certain droit de
propriété. Ces biens ayant été partout sé-
cularisés et la papauté ayant légalisé ce dés-
amortissement par des concordats, la po-
sition respective des deux parties n'est plus
la même. En second lieu, quand le droit
de veto avait une signification réelle, c'é-
tait quand le Pape était un souverain
temporel, possédant et gouvernant des
Etats, et par conséquent avait à traiter
politiquement avec les autres Etats. Au-
jourd'hui que le pouvoir temporel des
Papes a été aboli pour toujours, le pou-
voir spirituel estanranchide toute dé-
pendance et peut se mouvoir librement
dans sa sphère. C'est pourquoi nous ne
voyons plus, dans l'état actuel, aucune
place pour l'exercice du droit de veto, qui
doit aller rejoindre les faits particuliers
sur lesquels il était fondé, et dont la dis-
parition a libéré l'Eglise de ses entraves
politiques.
JOHN LEMOINNE.
On nous écrit, de Rome, le 1"' janvier c`
c Le nouveau ministère est installé. Son
intention est de clore la session actuelle et
d'en ouvrir une nouvelle au commencement
de février. Cette détermination n'est pas sans
importance, parce qu'il y a une différence en-
tre une session nouvelle et la simple reprise
de celle qui est commencée.
» En premier lieu, il y aura un discours
du Trône. Or, d'ici au mois de février, la si-
tuation de l'Europe sera devenue rassurante
ou sera complétement troublée. Dans ce der-
nier cas, lequel n'est pas le moins probable,
la parole personnelle du roi d'Italie aura un
retentissement considérable.
» En second lieu, la Chambre des Députés
devra élire un nouveau bureau. Dès le pre-
mier jour, on pourra voir si le ministère peut
ou non compter sur la majorité. Enfin, tous
les projets de lois sont retirés ~yo /acl'on doit procéder à nouveau.
? L'intention du cabinet parait être de re-
présenter, sauf quelques modifications, les
conventions relatives aux chemins de fer. Ce
sera là la grande difficulté. On a réussi, en
effet, à faire naître contre ces conventions un
ensemble de préventions défavorables, sans
l'idée de s'inquiéter de leur bien-être. En
un mot, aussi incapable de faire le mal
quelebien.
Le marquis de Brandon, dont la famille,
comme quelques unes des grandes mai-
sons d'Angleterre, vivait très retirée,
avait été élevé sévèrement jusqu'à l'épo-
que de sa majorité. Son précepteur, jeune
homme grave et triste, l'accompagna en-
suite sur le continent, et ils visitèrent en-
semble presque toutes les grandes villes de
l'Europe. La présence de ce mentor n'em-
pêcha pas cependant le jeune lord de me-
ner joyeuse vie à l'étranger; mais, à son
retour à Londres, les choses changèrent
de face. Forcé de demeurer sous le toit
paternel, il y fut toujours assujetti, sinon
à la même sévérité, du moins à une sorte
de dépendance et de contrainte. Quand
donc on lui proposa d'épouser miss
Eirkham, la 611e unique du grand
banquier, avec une fortune de douze
millions, il ne fit pas d'objections. Il
aimait le luxe et commençait à désirer
ardemment sa liberté. Son père, malgré
ses vastes domaines, était très pauvre
il ne l'ignorait pas pauvre de cette
pauvreté de l'homme riche et puissant la
plus poignante, la plus terrible de toutes.
La misère du commun des martyrs, c'est
le manque de peu de choses que les ha-
sards de l'heure suivante peuvent com-
bler c'est le besoin qui, bien que pres-
sant quelquefois, ne va jamais au delà de
l'heure présente mais celle des grands
seigneurs c'est un ensemble d'embarras
inextricables, sans espoir, résultat sou-
vent d'une longue suite de folies la toile
d'araignée où est prise leur existence
tout enhère; un fardeau, une chaîne que
le père lègue au Sis, qui pèse sur chaque
génération et que chacun traîne jusqu'au
tombeau!
smMsjMvm
t8M.
ONSABONNE
me des Prëtres-Sadn~Gennain-rAnxetrois, n.
MMX~ MB ANKtNfWEMBMTP
Un an. Six mois. TtOh moM
Dêpattemens. 80&. Mfr. M6'.
PMis. 72 &. 36 &. iSîr.
Les abonnemens partent des i" et M d<
chaquemois.
!PaX
In ~emden, appty to Cewte and C", fOM!m~
.nevpapers oMce, 17, Gresham street, G. P. d.~
tOM.Bethy, m
~wMMM.M.medets
Madeleine, dams les Mosmies et daMiesM-
Niothéqces des Kares do chemins de fer belges.
A. Valparaiso (CMM), chezM. Orestes L. ToHtSN.
~sAm!.sjMHM
r "t~~
JMfMAL DES DEBATS
ON S'ABONNE
en Belgique, en Italie.
dans le Luxembourg, en Turquie,
en Suisse, en Syrie, en Roumanie et dans ief
~régences du Maroc et de la Tunisie,)
en Chine et au Japon,
M moyen d'une valeur payable à Paris ou M
Mandate-poste, soit internationaux, soit francs;
en Allemagne, en Autriche, en Russie,
et dans tous les pays du Nord
chez tous les directeurs de postes;
et dans tous It:s autres pays,
ptr t'envoi d'une' valeur payaBle à Parix.
PCUTïOm ET UTTËMIRES
Les Mmonces sont reçues
..
etaabureauduJtOBH'NAt
piles doivent toujours être agreëes par !a rédaction.
–t. ~aM~,M--
PAMS
VENDREDI 4 JANVIER
Le VoM~M~ o/~et<~ de ce matin publie
la circulaire que M. le ministre de l'inté-
rieur vient d'adresser aux préfets, au sujet
de l'enquête sur les actes de l'admini-
stration du 16 mai. Nous n'avons rien
de nouveau à en dire cette circulaire
est inspirée par les mêmes principes que
celle de M. le garde des sceaux, prési-
dent du conseil. Elle mérite les mêmes
éloges. Nous avons enfin un gouver-
nement qui sait faire respecter les droits
du pouvoir exécutif, tout en respectant
lui-même ceux du pouvoir parlementaire.
M. le ministre de l'intérieur rappelle
a.ux préfets a les obligations profession-
nelles de leur charge il les in-
vite à avoir recours à lui toutes les fois
qu'ils éprouveraient, « dans quelques cas
particuliers, des scrupules à déférer aux
désirs des commissaires. C'est au mi-
nistre lui-même que reviendrait alors
la décision, et il couvrirait ses agens de
sa propre responsabilité devant la Cham-
bre. Voilà' comment, sous un gouverne-
ment parlementaire, les droits et les de-
voirs de chacun se trouvent dans une
parfaite harmonie, sans péril pour l'au-
torité, sans entrave pour l'enquête
qu'il a plu à la Chambre d'ordonner.
Cette juste mesure entre la. commis-
sion d'enquête et l'administration était-
elle donc si difficile à trouver? La moin-
dre bonne volonté y suffisait; mais, avant
le 13 décembre, il n'y avait dans le cabi-
net que mauvaise volonté et résolution
formelle de confisquer le droit parlemen-
taire au profit des prétentions admini-
stratives. Il y avait plus encore il y avait
la préoccupation naturelle de soustraire
au jugement du pays et à celui de l'his-
toire les abus qui avaient été commis pour
préparer les élections dernières. MM. de
Broglie et de Fourtou, et leurs prête-noms
ensuite, tenaient essentiellement à épais-
sir les ténèbres sur les actes de leur gou-
vernement. Le ministère actuel, n'ayant 't
aucune responsabilité dans le passé, n'a
d'autre intérêt que celui du pays, et
cet intérêt, nous l'avons déjà dit, c'est la
lumière.
Nous avons demandé encore que la lu-
mière nous fût dispensée avec moins d'é-
conomie sur les faits dont l'incident de
Limoges a été une demi-révélation. Les
journaux de la droite nous accusent aus-
sitôt de malveillance à- l'égard de l'armée.
Il paraît que nous aurions dénoncé une
« conspiration militaire ) B Rien n'a été
plus loin de notre pensée et ce qui est
révoltant dans cette polémique, ce n'est
pas notre attitude, mais celle de nos ad-
versaires. Si nous signalons quelques
maladresses ou quelques fautes commises
par quelques magistrats, on nous accuse
d'attaquer la magistrature Si nous si-
gnalons les violences ou les illégalités
commises par quelques membres du
clergé, on nous accuse d'attenter à la
religion Si nous soupçonnons quelques
militaires d'être entrés dans des complots
politiques c'est à l'armée tout entière
quenous envoûtons Est-ce donc que nos
contradicteurs respectent plus que nous
la magistrature, la religion, ou l'armée?
On l'a bien vu pendant ces derniers mois 1
Ils se sont eSbrcés par tous les moyens
de ravaler ces grandes institutions au
rôle subalterne d'instrumens politiques,
et de la plus triste des politiques. Ils
FEHLm ? mm DES DEBATS
DU S JANVIER 1878.
LECONTREFAtT
CnDteudpscendtoujoursponrdënouot'te~rame;
Toujours Providence y veiUe, et nous prociMHO
< ,t Cotte justice occulta et ce divin ressort
Qui fait jouer h'temps et pouvurno te sort.
LAMARTtNE.
I.
J'étais jeune encore quand j'entrai pour
la première fois en relations avec la fa-
mille du marquis de Brandon. Je venais
d'arriver depuis peu de temps à Carstones,
où je m'étais établi comme médecin.
La petite ville de Carstones ne devait
pour ainsi dire son existence qu'au voi-
sinage du château de Brandon, dont l'ad-
mirable parc l'entourait presque tout
entière. Sa rue principale, faisant face
aux plus hautes tours du donjon, sem-
blait servir d'avenue à l'immense édi-
fice féodal habité depuis des siècles par
cette noble famille.
Le château de Brandon, bâti à pic
comme toutes les anciennes forteresses,
au sommet de l'escarpement de la colline,
dominait la viUe et ses environs. Tout le
pays, de temps immémorial, était sous la
dépendance matérielle et morale du grand
baron de la forteresse, que les habitans,
à vingt lieues à la ronde, avaient toujours
considéré comme leur maître absolu, ap-
portant dans leurs relations avec lui
quelque chose de la vile soumission des
esclaves et de la subordination affectueuse
desenfans.
Les choses, cependant, n'étaient plus
tout à fait les mêmes aujourd'hui. Quoi-
que, pour la subordination et la servilité,
les gens du pays eussent pu encore riva-
n'ont rien épargné pour avilir la magis-
trature, rien pour compromettre la reli-
gion, et rien non plus pour que l'armée
se compromît en leur faveur. Nous avons
la prétention d'être fort au-dessus de
leurs insultes ou de leurs insinuations,
et en fait de dédains nous ne se-
rons pas en reste avec eux. Ils ont
perdu le droit de trancher du pu-
ritanisme, au sortir de leurs intrigues
malheureuses. Le passé, encore tout ré-
cent, se révolte contre eux; et si
nous demandons, si nous encourageons
les enquêtes auxquelles ils voudraient
tant se dérober, c'est pour montrer
ce qu'ils ont fait, ann que le pays
apprenne et approuve ce que nous
sommes obligés de faire. Même après
leur défaite, les organes de la droite ne
cherchent dans la magistrature, dans la
religion, dans l'armée, que des prétextes
de polémique. Les choses en elles-mêmes,
leur nature sérieuse et profonde, ils
n'en ont cure Mais toutes les fois
que nous voudrons reparer le mal qu'ils
ont fait, soît à la: magistrature, soit
au clergé, soit à l'armée, ils crieront
contre nous; ils invoqueront les plus
grands principes et ne feront appel, en
réalité, qu'aux plus mesquins intérêts, ou
même aux plus méprisables; ils nous
traîneront à la barre de leur coterie qu'ils
appelleront la société. Que nous importe?
Ils ne nous feront ni perdre de vue notre
but, ni le dépasser et l'opinion, éclairée
par les derniers événemens, la France du
14 octobre et du 4 novembre, ne se lais-
seront pas émouvoir par ces clameurs
sans écho.
Il s'agit, pour le moment, de l'armée
Nous avons attaqué l'armée! Eh bien!,
nous serons francs. Nous ne croyons pas
qu'il y ait eu de conspiration militaire.
Grâce au ciel, car ce n'est certainement
pas grâce aux hommes, l'armée n'a pas
cessé d'appartenir à la France, et l'esprit
de parti ne l'a point entamée. Mais, ce qui
ne nous est pas démontré du tout, c'est
qu'il n'y ait pas eu de complot politique
en dehors de l'armée, et que quelques
militaires n'y soient pas entrés. Nous ne
jouons pas sur les nuances la dioe-
rence est extrême entre un complot mi-
litaire et un complot civil où quelques
militaires auraient été embauchés. Il y a
des esprits égarés ou pervers partout; il
y en a dans la magistrature, il y en a
dans le clergé, il y en a dans l'armée, et
la magistrature, le clergé et l'armée en
gémissent ou en souQrent comme nous.
Nous ne désignons et ne pouvons dési-
gner personne. M. le général de Roche-
bouet, ancien ministre de la guerre, vient
de tenir à Bordeaux, à l'occasion du jour
de l'An, des discours qui l'honorent. Il
s'est vivement défendu d'avoir jamais eu
la moindre pensée coupable. « Au profit
de qui, a-t-il dit, aurais-je fait un coup
d'Etat? Au profit des bonapartistes? vous
savez ce que je pense d'eux. Au profit des
autres? vous savez comme moi qu'ils
sont impossibles, s M. le général de Ro-
chebouet.en parlant de la sorte, s'est attiré
les injures de quelques journaux bonapar-
tistes mais nous pensons qu'il les suppor-
tera légèrement. Le ministère du 23
novembre ne mérite sans doute ni l'excès
d'honneur ni l'indignité d'être soupçonné
d'avoir tramé un 18 brumaire ou, plus
vulgairement, un 2 décembre. Mais, en
dehors du gouvernement, il ne paraît
pas impossible que quelques person-
nes se soient tenues prêtes pour des évé-
nemens qu'elles avaient prévus et qui
User avec leurs ancêtres, les manifesta-
tions extérieures de ces sentimens n'a-
vaient pas conservé, cela va sans dire,
le même caractère et, dans le château
lui-même, le confortable et les rafnne-
mens du luxe moderne se mêlaient étran-
gement aux dehors sévères et à la splen-
deur solennelle et triste de son ancienne
architecture. Les énormes et sombres
tours étaient entourées maintenant de
bosquets et de massifs de neurs, de pe-
louses gracieusement vallonnées. Les fe-
nêtres, véritables meurtrières encadrées
de pierres massives, avaient été rempla-
cées en maint endroit par de larges croi-
sées modernes. Les abords du manoir,
combinés jadis pour en assurer la défense
et la sécurité, s'étaient transformés avec
le temps et présentaient aujourd'hui le
plus élégant et le plus riant aspect.
Rien n'était changé, il est vrai, dans le
« Hall. » C'était toujours comme autre-
fois, cette immense salle où la lumière,
pénétrant à peine à travers les étroites
fenêtres gothiques, éclairait d'une lueur
incertaine les bannières flottantes les
armures magnifiques, les boucliers et les
lances des temps passés, les vieux por-
traits de famille de ces puissans barons à
la Sère tournure et de ces gentilles da-
mes en robes d'apparat avec leurs fraises
empesées, leurs corsages chargés de bi-
joux, leurs petites mains et leurs char-
mans visages de cet ovale régulier si re-
marquable dans l'aristocratie féminine de
l'Angleterre.
Les anciens appartemens du château
avaient été, pour la plupart, convertis en
chambres d'habitation meublées et déco-
rées au goût du jour, et adaptées autant
que possible, par l'habileté d'un artiste
éminent, au style du vieil édince afin
qu'aucune discordance trop crue ne cho-
ne se sont pas réalisés. On nous parle en-
core aujourd'hui du danger qui a menacé
la France. Si la Chambre avait été dis-
soute, et on comptait bien qu'elle
le serait, elle devait, dit-on, se ré-
volter et se transporter à Paris. L'oc-
casion était trouvée, on en aurait pro-
fité. N'est-ce pas le cas de parler avec
Mirabeau a d'une risible insurrection qui
n'eut jamais d'importance que dans les
imaginations faibles ou les desseins per-
vers de quelques hommes* de mauvaise
foi? )) Cette insurrection manquée, les
journaux de la droite essaient encore
de nous en faire frémir d'épouvante.
Nous savons à quoi nous en tenir
sur ce point; et nous savons aussi que
le Sénat par sa sagesse, et le maréchal
par sa résolution subite et prudente, ont
fait échouer les plans qu'ils ne connais-
saient pas et que l'on révèle ingénument
aujourd'hui. Voilà tout le complot que
nous soupçonnons, et auquel il ne nous
est pas démontré que quelques militaires
n'aient pas pris part..Nous voudrions tirer
Fan'âire absolument au clair, en avoir le
cœur bien net; n'est-ce pas notre droit?
N'est-ce pas l'intérêt de tout le monde?
A qui nous adressons-nous? Au gouver-
nement, qui sera probablement interrogé
par la Chambre. Et que faisons-nous, si-
non avertir des questions qui lui seront
posées un gouvernement pour lequel nous
avons sympathie et confiance, de même
que pour la magistrature, le clergé et l'ar-
mée lorsque chacun reste dans son rôle
et remplit son devoir?
BOURSE DE PAMS
CMt~e te 3 te 4 Btmoxe. BtttMe.
ao/o
Comptant.Z 25 7260.3!
Fincour. 7240. 724!i. S.
A t/< ~/e
Compt)mtl02.t022S.28.
tW/0
Comptant<0840.t6830.t0.
FincOur.t083S.l0830. s.
~ETITN BOURSE DU SOIR.
Emprunt 6 0/0. 108 fr. 30,18 3/~271/2. pr
30/0. 72 fr. 35, 30.
Egyptiennes60/0.. MO&. pc
Italien. f3&.60,471/2, S2 1/2. À
téMgpapMe privée.
[Service télégraphique de l'agence Havas.)
L&ndres, le 4 janvier.
On annonce officiellement que la reine n'ou-
vrira pa< le Parlement en personne.
Le jMa~
« Le fait que deux réunions du conseil ont
successivement eu lieu pour discuter la réponse
russe à la proposition de médiation anglaise mon-
tre bien à l'opinion pubtique que cette difficulté
première, rencontrée dans la voie qui conduit à
la .paix, est plus sérieuse qu'on ne le supposait
d'abord.
c En effet, le gouvernement ne peut pas s'ac-
corder sur ropinion émise avant-hier, qu'aucun
changement matériel n'est survenu dans la si-
tuation. Le cabinet ne considère pas la réponse
russe comme un affront mais il n'admet pas
non plus qu'il n'y ait aucune cause nouvelle de
modttier notre attitude dans la question ~'Orient.
L'Angleterre, en effet, ne peut, sans mécon-
naître ses intérêts, accepter îa prétention de la
Russie demandant que la discussion des condi-
tions de paix ait lieu seulement entre elle et la
Turquie. »
Bradford, le 3 janvier.
Un meeting a été tenu ce soir sous la prési-
dence du maire; 3.000 personnes y assistaient.
La Résolution adoptée a l'unanimité moins
2 voix demande au gouvernement de maintenir
strictement la neutralité anglaise, et proteste
contre toute politique pouvant conduire l'Angle-
terre à une intervention armée.
quàt les yeux. Les meubles massifs, sculp-
tés etdorés, les étoffes de satin, de damas
et de velours étaient en harmonie avec
les idées dessolennelles grandeurs qu'ins-
piraient les vastes proportions du ma-
noir. Cependant ces admirables glaces,
ces tentures aux tons vifs et éclatans,
cette splendide collection de tableaux
dans leurs cadres magninquement dorés,
tous ces mille objets en un mot, élégans
et précieux, dont les appartemens étaient
ornés, avaient un air moderne auquel
on ne pouvait se tromper.
Une aile seule du château était restée
dans son état primitif. Là, la longue suite
des appartemens avait conservé son an-
cien caractère de grandeur sévère; là, on
retrouvait les fenêtres gothiques, étroites
et sombres, les grands fauteuils aux dos-
siers d'ébène, les hautes et larges chemi-
nées aux foyers profonds, les sombres
tapisseries, les lits aux baldaquins élevés,
d'où retombaient d'épais rideaux de bro-
cart, les vieux bahuts sculptés, souvenirs
d'un autre âge, symétriquement rangés
comme autrefois.
Du haut des tours, depuis longtemps
abandonnées aux hibous et aux chauves-
souris, la vue était vraiment splendide.
Le vaste domaine de Brandon, conquis
avec ses forêts, ses ruisseaux, ses clo-
chers et ses droits « manoriaux et territo-
riaux, au temps de la conquête, par la
brave épée de Jean-le-Long, le premier
comte, s'étendait au loin de tous côtés,
traversé par un admirable cours d'eau
c'était une succession de collines, de val-
lées et de plaines immenses, coupées çà
et là d'énormes chênes, d'ormes géans,
et couronnées par une ceinturé de bois
séculaires.
Le parc, dans toute son étendue, était
traversé, sur une longueur de plusieurs
Londres,le3janvier.
Les membres composant le conseil de l'Asso-
ciation ouvrière de la paix se sont réunis ce soir
pour discuter la conduite que devait tenir l'As-
sociation dans les circonstances actuelies. Le
conseil a adopté une Résolution exprimant sa sa-
tisfaction du langage tenu par lord Carnarvon et
décidant qu'en présence des déclarations faites
par le ministre, l'Association devait s'abstenir de
toute démonstration en faveur de la politique de
neutralité.
Constantinople, le 3 janvier, soir.
M. Layard, ambassadeur d'Angleterre auprès
de la Sublime-Porte, a ou hier une audience du
Sultan, qu'il a entretenu sur le résultat de
;Ia démarche faite par l'Angleterre auprès de la
Russie,
Mardi dernier, pendant que les batteries russes
;de Giurgewo bombardaient Roustchouk. sept
obus sont tombés sur l'hôpital de Staubrd-House.
Un malade a été tué et cinq ont été blessés. L'hô-
pital a été évacué.
On n'a reçu aucune nouvelle de SoCa.
Les ministres de la guerre et de là marine se
présenteront devant les Chambres pour donner
les explications qui leur ont été demandées.
On télégraphie de Londres, le 4 janvier, à la
< On dit que lord Derby a adressé au gouver-
nement russe, conformément a une décision du
cabinet anglais, une Note dans laquelle il dé-
clare que l'Angleterre désire connaître la nature
8t.bMport.ee de l'armis)tice ;proposé par la Russie,
parce qu'elle ne peut recommander auparavant à
la Turquie d'entamer des négociations dans ce
sens. »
Constantinople, le 3 janvier.
Dans la séance de la Chambre des Députés de
lundi 31 décembre, un député musulman a vive-
ment attaqué l'administration de la marine rela-
tivement à la capture par les Russes du paque-
bot ottoman qui allait de Trébizonde à Constan-
tinople. Il a dit que la notte turque, qui a coûté
des sommes énormes, n'a été d'aucune utilité.
La Chambre a invité le ministre de la marine a
présenter et à donner des explications.
Sur la proposition d'un autre député, musulman,
la Chambre a décidé d'inviter le ministre à ren-
dre compte à la Chambre de la part qu'il a prise
dans la direction des opérations militaires.
Aujourd'hui, la Chambre a voté un passage du
projet d'Adresse, en réponse au discours du Sut-
tan, disant que les agens du pouvoir exécutif
n'ont pas fait leur devoir militairement, ni politi-
quement parlant. Cela équivaut à un vote de
défiance.
De nouvelles démonstrations ont été faites
dimanche dans les églises grecques contre le pa-
triarche de Constantinople et contre le service
militaire.
Constantinople, le 4 janvier.
La Chambre a adopté l'Adresse en réponse au
discours du Trône. Outre le passage déjà signalé,
cette Adresse dit que la Chambre attend des pro-
jets de lois pour discuter la question du service
militaire des chrétiens, et insiste sur la nécessité
de l'application immédiate des réformes.
Constantinople, le 3 janvier, soif.
La Porte a envoyé aux puissances une Note
protestant contre la demande que la Gréc~ leur
a adressée, de participer au Congrès éventuel
pour Je règlement des affaires d'Orient.
Les communications avec Sofia ont été cou-
pées par la cavalerie russe.
Suivant les dernières nouvelles officielles ve-
nues de Sofia, les Russes seraient en grand nom-
bredanslaplaine.
Constantinople, le 3 janvier.
Un télégramme de Dervisch Pacha, en date de
Batouni lundi, annonce que l'escadre turque, sous
le commandement d'Hobart Pacha, a bombardé
les postes russes du littoral de la mer Noire, dans
les environs de Chefketil, Poti et Ghegoulet.
Constantinople, ie 4 janvier.
Un télégramme de Suleiman Pacha, en date
d'hier, annonce que, pendant la retraite de lar-
mée de Kamarli sur SIatitza. Baker Pacha, qui
protégeait la retraite, fut attaqué pa~* de gran-
des forces russes; il parvint néanmoins à re-
joindre SIatitza après un combat dans lequel il
perdit 600 hommes. Les forces qui occupaient le
défilé de Tarok se sont repliées sur Sofia.
Bucharest, le 3 janvier, soir.
Le Danube charrie fortement; aucun pont n'a
été rétabli. Le passage du fleuve est complètement
interrompu.
Athènes, le 4 janvier.
La Chambre des Députés a adopté en troisième
lecture le traité de commerce entre la France et
la. Grèce.
LL. MM. ont visité le camp de Chalcis et ont
ensuite assisté à des expériences de torpilles qui
ont pleinement réussi. Demain, LL. MM. s'em-
barqueront sur l'~Mp/M~e pour revenir à
Athenes.
Sur les côtes de Crète, trois cuirassés anglais
sont attendus.
L'état de siège n'est pas encore officiellement
déclaré à Duradjo.
milles, par une large avenue de vieux ar-
bres touffus où, de distance en distance,
des éclaircies artistement pratiquées per-
mettaient d'apercevoir au loin des mon-
tagnes bleues qui complétaient le charme
et la beauté de ce charmant paysage, un
des plus pittoresques de la pittoresque
Angleterre.
Quand j'arrivai à Brandon, la. châtelaine
de cette résidence quasi-royale était une
charmante petite femme aux yeux -de ce
gris-bleu pâle dont l'expression est indé-
finissable. Il me serait difficile aussi de
caractériser la couleur de ses cheveux.
C'était une sorte de juste-milieu entre le
blond, le roux et le lin, du plus singulier
effet. Ses traits, cependant, fins et déli-
cats, avaient un air de douceur si mo-
deste, et en même temps tellement
exempte de faiblesse d'esprit, qu'il
était impossible de la regarder sans
être attiré et intéressé. Il en était de
même des grâces de toute sa personne.
Quoique petite, insignifiante, mal ve-
nue et presque boiteuse, il y avait
tant de simplicité et de franchise
dans ses manières, une si parfaite tran-
quilUté dans ses mouvemens, une si
complète absence d'affectation et de mor-
gue dans son regard, et une telle suavité é
grave dans sa voix, qu'on se sentait,
malgré soi, porté à l'aimer et à la res-
pecter.
Le marquis de Brandon, son mari, était
au contraire, en dépit de sa noble nais-
sance, singulièrement MM
homme, il avait plutôt l'air d'un brave
paysan sans prétentions. Aimable et gai,
mais vulgaire. On ne pouvait dire de lui
qu'il fût ridicule, mais certainement un
peu lourd non pas mal élevé, mais plutôt
dépourvu de formes et brusque. Il était,
Berlin, le janvier.
M~ le vicomte de Gontaut-Biron, ex-ambassa-
deur de France à Berlin, a été reçu. hier en au-
dience de congé par le prince impérial d'Alle-
magne et la princesse sa femme, avec lesquels
iladïné. <
On peut, sans manquer à aucune des
règles du respect, s'occuper d'une ques-
tion que discute l'Europe entière, nous
pourrions dire te monde entier. Celui de
tous les Papes qui a régué le plus long-
temps parle lui-même et permet qu'on
parle du jour où il faudra lui donner un
successeur. On s'entretient beaucoup de ré-
solutions secrètes, de.desseins secrets, de
combinaisons secrètes, et cependant il
pourrait bien arriver que la future élec-
tion du chef de l'Eglise se fit de la façon
la plus ordinaire et la plus tranquille.
Il y a d'abord la question du lieu de
réunion du conclave, et un parti incorri-
giblement remuant voudrait, dit-on, que
Rome, capitale du nouveau royaume ita-
lien, B&fûb-pas la. ville choisie. On est
même allé, et non pour la première fois,
jusqu'à nommer l'île de Malte. On se rap-
pelle qu'il y a quelques années il fut for-
tement question du départ du Pape, qui se-
rait allé résider dans n'importe quel pays
étranger pour se soustraire à la domina-
tion italienne. Après avoir tourné et re-
tourné la question, si toutefois elle fut
jamais sérieuse, le Pape finit par trou-
ver que Rome était encore sa meilleure
place, et il y resta. Nous croyons qu'il
en sera de même pour le conclave,
et que ce sera encore à Rome qu'il
se tiendra. La thèse de la captivité du
Pape, de son emprisonnement dans le Va-
tican et son jardin, des entraves mises à
l'exercice de ses fonctions, est faite pour
l'exportation et inventée à l'usage des ul-
tramontains du dehors. La majorité des
cardinaux, et le Pape lui-même, savent.
ce qu'en réalité il faut en penser. On peut
être sûr que le Pape se trouve beaucoup
mieux dans le palais du Vatican qu'il ne
le serait dans celui de Fontainebleau et
quant aux cardinaux italiens, qui forment
les deux tiers du Sacré-Collège, ils n'ont
pas la moindre envie de s'expatrier, ni de
se donner le mal de mer pour aller à
Malte.
Les Italiens, de leur côté, ont encore
i~en moins envie de voir la papauté sortir
de l'Italie, et, sous ce rapport, il y a dès
deux côtés une entente instinctive que les
étrangers ne comprennent pas. De gou-
vernement italien, depuis qu'il a Rome
pour capitale, a été continuellement acca-
blé des foudres du Vatican; au lieu de
s'en irriter, il les a reçues avec la plus
grande patience, comme des corrections
paternelles, et comme n'étant pas sérieu-
sement faites pour brûler. Les querelles
entre le Vatican et le Quirinal sont des
scènes de famille, et, quant au peuple ita-
lien, il sait bien que la papauté fait partie
de son histoire et en fait la gloire.
Le conclave se tiendra donc à Rome, et
s'y tiendra aussi librement, plus libre-
ment que nulle part ailleurs. Le Pape,
dans le prochain consistoire, communi-
quera, dit-on, aux cardinaux la procédure
préparée pour l'élection de son succes-
seur, mais il ne peut s'agir d'aucune dési-
gnation de personne. La discussion reli-
gieuse qui depuis vingt ans brûle l'Eu-
rope a ce caractère particulier qu'elle
est bien plus ardente dans les Eglises ca-
tholiques du dehors qu'en Italie même.
On est autrement fanatique à Paris, à
Bruxelles, à Madrid, à Londres même,
en un mot, gauche au physique comme
au moral juste ce qu'un noble ne de-
vrait pas être, quoique ce soit là un
défaut dont les soins les plus vigilans
d'une Sévigné elle-même ne réussissent
pas toujours à garantir les héritiers des
grands noms et des grandes fortunes. Il
avait cependant d'excellentes qualités
mais son extrême indolence et la faiblesse
de son caractère les annihilaient complète-
ment et les rendaient même quelquefois dan-
gereuses. Cette indolence, cette faiblesse
étaient telles, que, indioerent aux devoirs
d'un homme de sa naissance et de son rang,
il abandonnait l'autorité et le pouvoir
dont il était investi aux mains du premier
venu qui se donnait la peine de les pren-
dre heureux s'il eût pu se décharger
aussi de toute responsabilité. Il fermait
cependant les yeux sur l'importance de
cette responsabilité, sinon sur son exis-
tence, et il en était arrivé à ne considérer
sa situation élevée que comme un privi-
lége l'exemptant de toute obligation de
s'occuper de ceux qu'il regardait comme
ses inférieurs, créés uniquement pour
travailler à son bien-être et à son bon-
heur. C'était en cela seulement que cet
homme, d'un excellent naturel d'ailleurs,
manifestait le sentiment de son orgueil et
de ses prérogatives. Il ne lui semblait pas
admissible qu'un être aussi rare et aussi
haut pl~cé qu'un marquis de Brandon eût
pu être créé pour être utile sur cette
terre. Sa bonté, en conséquence, était pu-
rement passive. Si jamais il ne punissait,
si jamais il ne se montrait ni dur, ni dés-
obligeant, ni exigeant, par contre il ne
rendait jamais personne heureux, car il
n'avait ni soins ni préoccupations envers
qui que ce fût. Il n'aurait pas intentionnel-
lement lésé ou froissé le moindre de ses
vassaux mais il aurait encore moins eu
qu'on ne l'est à Rome. L'Eglise catholiqu&
d'Italie ne demanderait pas mieux que de
s'arranger et de se raccommoder avec
l'Etat, et c'est parce que les catholiques
du dehors craignent qu'un Pape italien
ne se prête à un Mo~M~ ~M~a~ qu'ils font
des vœux et des efforts pour le choix d'un
Pape étranger.
L'intervention des passions religieuses
dans la politique déjà assez troublée de
l'Europe a causé de tels maux et peut
encore devenir un tel élément de guerres
civiles ou étrangères, que les gouverne-
mens ne peuvent souhaiter que l'apaise-
ment. On prétend donc que la France,
l'Autriche, l'Espagne et l'Italie, le plus
directement intéressées comme puissan-
ces essentiellement catholiques, se sont
mises d'accord pour recommander le choix
d'un cardinal italien, d'opinions modérées,
et que les autres puissances, l'Allemagne,
l'Angleterre et la Russie, ont adhéré à cette
résolution.
Toutefois, ce ne peut être qu'une-re-
commandation, car le Sacré-Collège reste
le maître de son choix. On parle bien en-
core du fameux droit de veto, mais il nous
paraît que ce droit.problématique a dis-
paru devant la situation nouvelle de la
papauté. Le veto avait deux raisons d'ê-
tre. D'abord, il y avait à cette époque,
dans les pays catholiques, des biens du
clergé, des biens d'Eglise sur lesquels le
chef de l'Eglise avait un certain droit de
propriété. Ces biens ayant été partout sé-
cularisés et la papauté ayant légalisé ce dés-
amortissement par des concordats, la po-
sition respective des deux parties n'est plus
la même. En second lieu, quand le droit
de veto avait une signification réelle, c'é-
tait quand le Pape était un souverain
temporel, possédant et gouvernant des
Etats, et par conséquent avait à traiter
politiquement avec les autres Etats. Au-
jourd'hui que le pouvoir temporel des
Papes a été aboli pour toujours, le pou-
voir spirituel estanranchide toute dé-
pendance et peut se mouvoir librement
dans sa sphère. C'est pourquoi nous ne
voyons plus, dans l'état actuel, aucune
place pour l'exercice du droit de veto, qui
doit aller rejoindre les faits particuliers
sur lesquels il était fondé, et dont la dis-
parition a libéré l'Eglise de ses entraves
politiques.
JOHN LEMOINNE.
On nous écrit, de Rome, le 1"' janvier c`
c Le nouveau ministère est installé. Son
intention est de clore la session actuelle et
d'en ouvrir une nouvelle au commencement
de février. Cette détermination n'est pas sans
importance, parce qu'il y a une différence en-
tre une session nouvelle et la simple reprise
de celle qui est commencée.
» En premier lieu, il y aura un discours
du Trône. Or, d'ici au mois de février, la si-
tuation de l'Europe sera devenue rassurante
ou sera complétement troublée. Dans ce der-
nier cas, lequel n'est pas le moins probable,
la parole personnelle du roi d'Italie aura un
retentissement considérable.
» En second lieu, la Chambre des Députés
devra élire un nouveau bureau. Dès le pre-
mier jour, on pourra voir si le ministère peut
ou non compter sur la majorité. Enfin, tous
les projets de lois sont retirés ~yo /ac
? L'intention du cabinet parait être de re-
présenter, sauf quelques modifications, les
conventions relatives aux chemins de fer. Ce
sera là la grande difficulté. On a réussi, en
effet, à faire naître contre ces conventions un
ensemble de préventions défavorables, sans
l'idée de s'inquiéter de leur bien-être. En
un mot, aussi incapable de faire le mal
quelebien.
Le marquis de Brandon, dont la famille,
comme quelques unes des grandes mai-
sons d'Angleterre, vivait très retirée,
avait été élevé sévèrement jusqu'à l'épo-
que de sa majorité. Son précepteur, jeune
homme grave et triste, l'accompagna en-
suite sur le continent, et ils visitèrent en-
semble presque toutes les grandes villes de
l'Europe. La présence de ce mentor n'em-
pêcha pas cependant le jeune lord de me-
ner joyeuse vie à l'étranger; mais, à son
retour à Londres, les choses changèrent
de face. Forcé de demeurer sous le toit
paternel, il y fut toujours assujetti, sinon
à la même sévérité, du moins à une sorte
de dépendance et de contrainte. Quand
donc on lui proposa d'épouser miss
Eirkham, la 611e unique du grand
banquier, avec une fortune de douze
millions, il ne fit pas d'objections. Il
aimait le luxe et commençait à désirer
ardemment sa liberté. Son père, malgré
ses vastes domaines, était très pauvre
il ne l'ignorait pas pauvre de cette
pauvreté de l'homme riche et puissant la
plus poignante, la plus terrible de toutes.
La misère du commun des martyrs, c'est
le manque de peu de choses que les ha-
sards de l'heure suivante peuvent com-
bler c'est le besoin qui, bien que pres-
sant quelquefois, ne va jamais au delà de
l'heure présente mais celle des grands
seigneurs c'est un ensemble d'embarras
inextricables, sans espoir, résultat sou-
vent d'une longue suite de folies la toile
d'araignée où est prise leur existence
tout enhère; un fardeau, une chaîne que
le père lègue au Sis, qui pèse sur chaque
génération et que chacun traîne jusqu'au
tombeau!
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