Titre : Journal des débats politiques et littéraires
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1878-01-01
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb39294634r
Type : texte texte
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Langue : français
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Description : 01 janvier 1878 01 janvier 1878
Description : 1878/01/01. 1878/01/01.
Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse... Collection numérique : Bibliographie de la presse française politique et d'information générale
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Description : Collection numérique : Grande collecte... Collection numérique : Grande collecte d'archives. Femmes au travail
Description : Collection numérique : La Grande Collecte Collection numérique : La Grande Collecte
Description : Collection numérique : Histoire diplomatique :... Collection numérique : Histoire diplomatique : Révolution - Empire (1789-1815)
Description : Collection numérique : Histoire diplomatique :... Collection numérique : Histoire diplomatique : Restauration - Monarchie de Juillet (1814-1848)
Description : Collection numérique : Histoire diplomatique :... Collection numérique : Histoire diplomatique : IIe République - Second Empire (1848-1870)
Description : Collection numérique : Histoire diplomatique :... Collection numérique : Histoire diplomatique : IIIe République (1870-1914)
Description : Collection numérique : Histoire diplomatique :... Collection numérique : Histoire diplomatique : d'une guerre à l'autre (1914-1945)
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k460310h
Source : Bibliothèque nationale de France
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 15/10/2007
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ÉDITION DE PARIS.
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ON S^ROSNE.
me aes Prëtro5-Sain!Gormain-]!Auxorîeis, il.
S»S8SJ5> fit ïâ fc/ABWiKWSÎffllWnnr,:
Un an. Six mois. Trois aifls-
Dèoc.ï evKcn?. 80 fr. 40 fr. 20 îr.
Vcîi 72 fr. 36 f?. 18 fr."
Les abonnemens partent des i« et 16 de
chaque mois.
̃•̃ ON S'ABONKE" '•
en Belgique, en Italie.
dans le Luxembourg, en Turcpne,
en Suisse,. en Syrie, en Roumanie et datas le»
régences du Maroc et de 1* Tunisie,
• enCaine et au Japon,
an moyen d'une valeur payable à Pans ou ae
«uind&ts-poste, soit internationaux, soit frança»,
en Allemagne, en Autrichet en Russie,
et dans tous les pays aa Nord
chez tous les directeurs de postes;
et dans tous les autres pays,
p« l'envoi d'une valeur payable -& «s ."»»
POLITIQUES ET LITTÉRAIRES
f^Bttffi», un onmére f © ee»<.
un numéro. XS se~e.
In Si>b. \uoly C»iwîe and C", foreijp: news-
rmier- f'^c'' rr-sham street, 0. P. 0.:
S •'?' bw-Jî ? .<̃* -:t 0, 1. Fine* î«rae Cirnhill,
C, i.Lrcoo: i»'*1. W.-BS. gtyuUh -.et Mon,
•5 Ktïv-nsi. V C r"lon.
# •. • .> *<̃ ^tliciti, 45, rue de la
'c. • e* dans Ses ,bi-
-̃' de *«• b«leea..
A :ap^« ji.ij. ci-ez il. Orc* ;*> Tornerq.
Les annonces sont reçue*
chez m Faucîifty, E>«Mî«> et G»,
8, place de Uj Course,
et au bureau du J©E^Kf$»&5
^U^|do|ïent toujoaî?Streagréèespar' la ïéd&ctiç*.
?~~°~ u
Nous publierons dès les premiers jôùïi?
de janvier
LE CONTREFAir
Roman anglais de M"10 Marsh.
Les ateliers étant fermés demain mardi,
jour de l'an, le Journal des Débais ne
paraîtra pas le mercredi 2 janvier.
PAMIS ̃*
q
LUNDI Si DECEMBRE d
•' ;̃̃• ij
Le Journal officiel publie ce matin la n
suite du mouvement administratif après c
les préfets viennent les sous préfets; d
Deux préfets n'ayant pas accepté les o
postes qu'on leur confiait ont dû être rem- n
placés un troisième a été mis en dispo- e
nibilité sur sa demande. Un secrétaire gé- r
lierai ayant donné sa démission, et deux r
autres ayant été appelés à d'autres fonc- v
tioris, ont été aus«i remplacés. Quant au t
mouvement sous-préfectoral, il e?t consi- r
dérable. 111 sous-préfets ont été révo-
qués 74, prévoyant sans doute le coup
qui les menaçait, se sont fait justice à
eux-mêmes et ont donné leurs démissions; (
29 ont été mis en disponibilité et 49 ap-
pelés à d'autres fonctions. Le mouvement c
a donc porté sur 263 personnes, si nous f
avons bien compté. Nous ne nions pas
que ce ne soit une dure obligation que de c
remanier ainsi d'un seul coup une si grande
partie du personnel admiiystralif, mais il c
le fallait. La dernière campagne électorale e
a été conduite de telle sorte par le
gouvernement, que tous ses agens ou
presque tous s'y sont compromis sans
retour. Nous déplorons comme tout le E
monde cette instabilité du personnel de
nos-préfets et de nos sous-préfets nous 5
reconnaissons que ces changemens mul- I
tipliés ont de grands Incohvéniens mais, I
dans' la circonstance actuelle, ces incon-
véniens sont moins à craindre que ja-
mais. Le ministère du 1G mai n'avait pas
cherché des administrateurs dans le vrai
et bon sens du mot; il avait envoyé dans
les départemens et dans les arrondisse-
laens des soldats pour une grande- ba- -i }
taille. La bataille est finie, il fallait dé- «
blayer le terrain du combat. Qui oserait {
prétendre que les préfets et les sous-pré- s
fets dû précédent ministère ont fait les
affaires du pays, les ont étudiées, s'en t
sont préoccupés et -les connaissent à un <
degré quelconque Ils n'ont songé qu'à t
la politique, et il est naturel qu'ils soieut j t
les victimes de cette détestable politique
dont ils ont été les inslrumens toujours
dociles, souvent, trop zélés. C'est un sou-
lagement' pour lé pays devoir disparaître i
les hommes petits et grands quil'ont si
odisusement torturé pendant six mois.
'̃•• i
Le Journal officiel publie encore une
Note, que nous reproduisons plus loin,
surrinçiçlentdë Limoges dont la presse
s'est si justement préoccupée. L'impres-
sion générale est que le ministère du
Ï3 novembre avait pris des précautions ex-
eessives et peu justifiées, bien qu'elles
hissent dans son droit. Il en est résulté
que les dispositions politiques de quel-
ques officiers' se sont révétéèé d'une ma-
nière fâcheuse. Un général a compris les
ordres qui lui étaient donnés dans un
sens très exagéré, et il a montré un grand •
empressement à les transmettre aux offi-
ciers placés spus ses ordres. Un major a
commis un acte d'indiscipline dont il faut j
reconnaître la gravité la discipline mili-
tiire1 est une chose délicate, et l'on ne j
Baùl'ait veiller sur elle avec trop de soin.
Justice a été faite; le général et le major
ont été punis. Mais n'y a-t-il pas dans ce
fait une révélation dont il faut profiter?
Il montre à quel point le gouvernement
du 16 mai avait troublé l'ordre véritable.
L'armée elle-même a et i exposée à une j
terrible contagion. Il n'est que temps de
revenir à une politique plus simple et plus
évidemment légale et honnête, afin que
l'idée du devoir, dégagée de toute obs-
curité, ne .présente sous le même aspect
à tousles esprits. Quand il y a désordre
en haut, leinal se propage et s'élend par-
tout-en s'aggravant. Qu'il n'y ait pas eu
de pensée coupable dans le ministère,
nous voulons bien l'admettre, mais qu'il y
en ait eu, à Limoges, dans quelques con-
sciences mal éclairées, est-ce contestable?
̃yoilàles résultats dé. la politique que le.
pays a condamnée, et contre laquelle le
gouvernement doit aujourd'hui réagir..
Ce n'est pas seulement dans l'armée
que cette polilique a causé des confu-
sions regrettables et nous devons en-
ef>re signaler un fait scandaleux qui vient
d'avoir lieu au Palais-de-Justice. On sait
que M. le'garde des sceaux a présenté un
projet d'amnistie pour les crimes ou délits
commis par la presse depuis le 16 mai.
Un assez grand nombre de procès sont en
ce moment intentés, et la Petite RèpuMi-
"çue frmçaisei.en particulier, est poursuivie
pour diffamation par MM. deBroglie et de
'Pourtou, non pas comme particuliers,
mais comme ministres et dépositaires de
l'autorité publique. Le caractère politique
du prétendu délit n'est donc pas dou-
teux. Des instructions venues de la chan- j-
cellerie ont |onùtli"ordro aM. Thévenin, i
substitut du procureur de la république,
.de demander la rémise de l'affaire au pre-
làfer^jiiiaji.^M. Thévenin s'est conformé
à ses instructions,- -mais €©jriiiiguant
de la mauière la plus nette qu'il obéis- Il
'^it à coctre-cœur, et en sommant- -4e
greuicr de constater ses paroles dans son
procès-verbal. Un snbsti'ut qui se permet
d'infliger un blâme au garuc ùe. s^canx, j
au chef hiérarchique dont il dépend, est
un spectacle nouveau. Quelques journaux
de la droite le trouvent plein de dignité
il nous semble que M. Thévenin aurait dû
pousser la dignité jusqu'au bout et don-
ner sa démission. Il nous semble aussi
que, puisqu'il ne l'a pas donnée, on
devait révoquer M. Thévenin. Personne
n'est obligé à servir un gouvernement
l malgré soi, et un gouvernement doit
> congédier les mauvais- serviteurs qui
disent du mal de lui, le compromettent
> ou le trahissent. Les substituts, que
• nous sachions, ne sont pas inamovibles,
̃ et ils ne sont pas plus difficiles à
̃ remplacer que les sous-préfels. Nous le
répétons, il faut que le ministère gou-
verne, et avant tout qu'il se fasse respec-
ter par ceux auxquels il permet de le re-
• présenter.
BOURSE DE PARIS
Ci-iHure ïc 20 le 31 ïïnïinàe. Baîene
̃;«'o/o- ̃ ̃
Coinptànt. 72 2!5 71 îiO 75
Fin cour. 72 30 71 4) .90 .>
t/« O/O
Comptant 102 102
»̃«.•'
Comptaht 108 10 ic7 S3 gii
Fin oour- 108 20 107 iiO »/ -/• • "0
PÏÏTITB BOUBSK DU SOIR.
Emprunt 5 3/0 107 fr. CO, 62 1/2, uîi, 88 3/i. 1.
-r 3 3/0. 71 fr'. ii7 1/2, '40, 42 1/2.
5 0/0 turc, 8 fr. 821/2._
Egyptiennes 6 0/0.. 160 fr. 2u.
Italien»- 72 fr. 80, 90.
Télégraphie privée.
(Service télégraphique de l'agence Havas.)
Saint-Petersbourg, le 31 décembre.
Le gouvernement anglais a demandé si la
Russie êtïùt disposée à entamerttes négociations,
en vue de la conclusion de la paix, avec la,Tur-
quie. conformément au désir exprime par cette
puissance. On répand déjà à l'étranger des ren-
seignemens concernant la réponse de la Russie
et les evonditions de l'entente;. mais ces informa-
tions ne peuvent être que prématurées et inexac-
tes. Rien n'a encore été décidé; toutefois, on pensa
déjà, dans les cercles bien informés, que la Russie
nu répondra pas avec raideur aux propositions
tendantes au rétablissement de la paix, et mon-
trera dès à présent qu'elle est accessible à toutes
les tentatives sérieuses qui seraient, faites dans
ce but.- >
Saint-Pétersbourg,' le 31 décembre.
Les organes officieux affirment que les diffé-
rens projets attribuas à l'Angleterre, en tant que
mesures de précaution ne sauraient ôl.re con-
sidérés comme tels par la Russie, mais bien
comme une intervention directe dans la lutte. Ils
n'admettent pas notamment l'occupation anglaise
d'un point- quelconque du littoral de l'empire ot-
toman;: ils déclarent d'ailleurs que, dans les ré-
cens pourparlers échangés entre les cabinets de
Saint-Jamfts et de" Saint-Pétersbourg, il n'a été
question jusqu'à présent que de l'occupation
éventuelle de Constantinople par les Russes, oc-
cupation contre laquelle les Anglais protestent.
Quant à la médiation. les organes oi'tioieux
déclarent que, du moment où la Russie ne l'a pas
demandée, il n'y a pas lieu d'en tenir compte,
toute médiation ne pouvant être efficace que
quand elle est également- agréée par. les deux
belligérans. ̃ ♦&»;«
La Gazelle de Cologne publie la dépêche sui-
vante
vante: « Pcsth, le 31 décembre.
» Le général Klapka tôlégrapliie de Péra que la
réponse" de l'Autriche à la demande de médiation
contient le passage suivant
« Aussitôt qu'on aura trouvé la base d'une mé-
diation l'Autriche interviendra pour la paix
comme puissance garante et limitrophe. Cette
réponse aurait fait une bonne impression sur la
Porte. Celle-ci serait convaincue que, le cas
échéant, l'Autriche interviendra pour les droits
de la Turquie, sur. les buses du traité de Paris. »
La Pall Mail Gazette publie la dépêche sui-
vante
-• « Berlin, le 31 décembre.
» L'Angleterre, après avoir soumis la demande
du Sultan aux réflexions de la Russie, est entrée
en communication avec d'autres puissances aux-
quelles elle a expliqué longuement son but et les
motifs qui lui avaient fait entreprendre l'œuvre
de la ̃ médiation. » ̃ •'
La dépêche ajoute que la franchise de l'appel
du Sultan aurait satisfait plusieurs de ces gou-
vernemens. ,c
Londres, le 31 décembre.
Le Morning Post croit savoir qu'il y a peu de
chances que les offres de médiatiop faites par
l'Angleterre soient acceptées à Saint-Péters-
bourg.
La "Russie paraît déterminée à rejeter les bons
offices que la Grande-Bretagne lui offre et à
compter sur la possibilité d'amener avec la Tur-
quie des négociations dans lesquelles la voix de
l7 Angleterre ne serait pas entendue.
On s'attend à ce que tous les membres du ca-
binet se trouvent à Londres mercredi prochain.
Le Standvd assure que le gouvernement an-
glais n'a rien fait pour encourager le Sultan, par
des espérances exagérées, à se mettre sans ré-
serves dans les mains de l'Angleterre. Il est prêt
à accepter toutes les conditions de paix que
l'Angleterre considérera elle-même comme ac-
ceptables.
Plymouth, le 30 décembre, soir.
Tous les vaisseaux qui composent la flotte de
la Manche, tous les navires commissionnés en ce
moment en réparation ont reçu l'ordre d'être
prêts à prendre la mer le 16 janvier.
Par suite de l'attitude menaçante des Cafrcs,
le 30e régiment d'infanterie a reçu l'ordre de s'em-
barquer immédiatement pour le Cap.
Londres, le 31 décembre.
Lord Beaconsfleld, répondant à une demande
d'audience 'qui lui avait été adressée par une dé-
pu talion -du meeting antirussc tenu samedi à 'a
Trafalgar Square pour lui faire part des résolu-
tions adoptées dans ce meeting, a exprimé le re-
gret d'être trop occupé pour pouvoir la recevoir;
mais il a ajouté qu'il ne manquerait pas de por-
ter son attention sur les observations que la dé-
putation voudrait lui faire par écrit.
La Société polonaise de rAigle-Blanc a envoyé
à lord B«aconsfield et à lord Derby une Adresse
i disant, que, si l'Angleterre se v.oyait obligée d'ar-
i rït-T ragrossitMÎ de !a Rûssi-3 par la force ou par
la voie des traités, le rétablissemerit de VinAè- u
paidance polonaise pourrait seul assurer le suc- n
ces-de rintèrvcntton anglaise. '̃> si
̃ Constantinople le 30 décembre, soir. d
li°s Sultan a-iSMinfiic président de la Chambre
tiastfan-Fàhmi' Eilendi..4épu,L6 de Con.sl.aatiaoplo.
Ahmct-Vefilc P.-tclia'esXniomœé sénateur.
Ou constate' des symptômes pacinqur Piu-
sieui'ô aiuto-biuïaurs engagcraicnl dil-on, la Porte lI
à formutorScs conditions de paix acoeptablos. v
Le bruit, court que, les Russe* sont arrivés dans
lu jîlaiuii do Solia et que la population de .cette c
\;i.c s'est enfuie.
Constantinople, le 30 décembre. c
Un conseil extraordinaire des ministres a été
tenu hier. Il a été très important.
Le temps est très mauvais dans la région des
Balkans et sur le Danube. t
Suleiman Pacha télégraphie d'Ichtiman que les
rapports des divers cômmandans ne signalent {
aucune opération militaire importante. i
Un télégramme de Dervisch Pacha, daté dé
Batouiri vendredi, annonce que les Russes con-
tinuent de bombarder les;. fortifications de. cette
ville.
Les Russes ont lancé, deux torpilles contre
l'escadre^.turque dans- le. port de Uatoum sans
occasionner de dommages.
Moaktar Pacha arrivera ici dans une dizaine j
de jours.
de jours. Trieste, le 30 décembre.
Les Turcs ont levé le blocus qu'ils avaient
établi devant Durazzo.,
Londres, le 31 décembre.
• U»e dépêche do IJuclîarest, datée du 30. au-
nonce que toutes lès communications entre la
Roumanie et la Bulgarie sont désormais inter- <
rompues; le dernier pont qui restait sur le Da-
nube à Petrocheni a été détruit par la glace
vendredi.
Une dépêche de Belgrade annonce que la
Pkoupchtiua doit s'assembler vers le milieu de
janvier, dans le but, de décider l'organisation des
districts de la Vieille-Serbie récemment conquis
par les troupes serbes.
Le cabinei a déjà préparé un plan général pour
l'administration de ce territoire.
Raguse, le 3t décembre.
Les pourparlers pour la reddition d'Antivari
sont rompus.
Le commandant Sélim Bey avait,la prétention
de sortir de la place avec. ses armes, y compris
les canons, pour se rendre à Scutari.
Les Monténégrins ont repris le bombardement
de la place.
de la place. Londres, le 31 décembre.
Le Globe publie uii télégramme d'Athènes, en
daie d'aujourd'hui, annonçant que les insurgés
crétoi se sont emparés d'une position voisine de
Speskoya, et que le mouvement insurrectionnel
prend de l'exten'sioh.
̃̃'•̃̃̃̃̃ Athènes, le 31 décembre.
La reine s'est embarquée à bord de VAmphi-
trile, se rendant à. Chaîcis. Le navire cuirassé
̃ Olga escorte. S. M.
Le roi. a quitté le campde Thèbes; il est arrivé
à Otalkis, dont .a- garnison, forte de 6.0U0 hom-
m3s. lui; a fait xin, accueil eiithousiaste. ̃
» Berlin, le 31 décembre.
Les journaux du enir disant que l'empereur a
conféré à M. de Go: ".t-Blron les insignes de
l'Ai^le-N'oir. >
M-do iiomaut-Bii-on ?aȕ raadre au{*rr*-ao sa-
tille ea Silésie. Il retournera à Paris le S janvier.,
Rome, le 30. décembre.
E Italie annonce que le roi a nomjr M. Mole-
gari ministre d'Elat..
M. délia Ropca, député, a été nommé scerdtaire
générdl. au ministère de Vin Uirieur.
D'après le Dirilto, M. Garnbetta est arrivé co
matin à'Rome et a rendu àusi;Hôt visite à M. De-
pretis. Leur entrevue a duré un3 heure.
Rome, le 3i décembre.
Dans le consistoire tenu aujourd'hui, le Pape
à remis le chapeau cardinalice aux cardinaux
Régnier, Manniug, Brossais Saint-Marc, Moretti
et Pellegrini.
Le Pape a nommé aussi quelques évêques.
Le roi a reçu ce matin les félicitations du corps
diplomatique' à l'occasion du nouvel an.
Eu sortant de chez le roi. les chefs de missions
sont allés présenter leurs félicitations aux princes
de la famille royale. •
Le Journal officiel contient la Note sui-
vante j -1
«Divers journaux ayant publié des ver-
sions erronées sur les évéuenn-ns qui out
amer.é l'incident de Limoges, l'autorité mili-
taire croit devoir rétablir U-s faits.
« Dans toutrs les grandes villes, et à Paris
en particulier, des mesures sont prises de tout t
temps pour que l'armée soit toujours à môme
de faira respecter l'ordre public. A cet eli'et.
des instructions officiellt-s font connaître pour
chaque corps d*.> troupes le rôle à îvinplir, la
place à occuper et les dispositions à prendre
en cas de troubles..
» Ces mesures préventives ont paru insuf-
fisantes au moment où, par suite du départ
de la classe de 1872 des troupes de la garnison
de Paris, l'effectif des troupes de cette garni-
son se trouva considérablement réduit. Par
suite, le ministre de la guerre fit établir, à la
date du 14 novembre, uu projet daus le but
d'appeler au besoin à Paris, en cas de dés-
ordre, un certain nombre de régimens des-
tinés à assurer la tranquillité publique Les
instructions données a cette occasion indi-
quaient aux comniandms do corps d'armée
les dispositions à prendre en vue de l'envoi
de ces régim^ns mais ca même temps elles
insistaient sur ce point que ces troupes ne
seraient appelées que dans le cas « où l'orrire
» public et les lois que l'armée est chargée
» de faire respecter seraient menacés. » Pour
éviter tou'e interprétation fâcheuse et ne
pas inquiéter l'opinion publique, le secret le
plus absolu était recommandé aux cômman-
dans de corps d'armée, et ces instructions
leur furent portées par des officiers.
s Le 8 décembre, sur lns observations pré-
sentées par quelques cômmandans de corps
d'armée dont le territoire se serait trouvé trop
dégarni, des modifications furent apportées
au projet précédemment établi.
» Ces modifications, qui ne ehaugeuient
rien aux instructions déjà données, île por-
taient que sur la désignation des corps de
troupes appelés éventuellement à marclur.
» C'est ainsi qu'un des régimeas d'infante-
rie de Limoges fut compas dans cette nou-
velle désignation. Par suite, le général com-
mandant 'le 12° corps d'armée fut amené
à modifier/ l'ordre officiel qui réglait les
dispositions à prendra à Limoges en cas de
troubles. A cette occasion, un officier géné-
ral, interprétant mal les instructions qui
lui étaient données et qui se rapportaient
uniquement à des mesures de prévoyance,
eut le tort de les transformer en me-
sures d'exécution que rien ne justifiait
Devant les ordres formels donnés p»«r cet of-
ficier général, le colonel du 14° de ligne avait
réuni immédiatement ses officiers pour leur
transmettre les instructions qu'il avait re-
çues; c'est dans cette réunion. que se produi-
sit, en présence de tous le corps d'officiers,
un acte d'indiscipline des plus graves.
» Le ministre de la guerre, en appreaant
ces faits dès son entrée en fonctions, s'est
empressé d'ouvrir une enquête à la suite de
'la-orislle il a mis en disponibilité l'officier gé-
uéral dont il s'agit et provoqué la mise en
non-activité; par, retrait d'emploi do l'officier
supérieur qui s'était rendu coupable de l'acte
d'indiscipline. » ;••̃̃- -̃
Aujourd'hui, à dix heures, le ministre de
l'intérieur a reçu les chefs des dillérens ser-
vices de son département.̃>'
Le xniuisire de l'jn-térieur s'est adressé en
ces termes à la direction de la presse
« Vous composez, Messieurs, una des sections
du ministère pour laquelle le gouvernement
éprouve la plus vive sollicitude c'est à vous, en
etlet, qu'incombe la -mission de nous faire con-
naître loyalement, sacis aucune partialité, les
vœux de l'opinion publique et d'être les échos
sincères en luôme temps qu'éclairés des vœux du
pays exprimés par la voie de la presse. On a pu,
en d'autres temps, dénaturer vos délicates fonc-
tions et essayer de vous transformer en ce, qu'on
a appelé les buivaux de l'esprit public ces ten-
tatives ont (Hé' vaines. Un ministère républicain
n'essaie pas de violenter l'opinioti il cherche à
s'un inspirer et à discerner au milieu de ses ex-
pressio .s diverses ce qu'il, croit être utile, juste
cl conforme aux véritables intérêts du.pays. C'est
paice que j'.al la plus haute opiuion de la mission
.de la presse et de l'attention qu'il convient d'ap-
porter à ses manifestations que j'ai placé ti voire
tète un directeur qui est mon ami personnel, qui
connaît toutes mes idées, et qui est bien placé
pour comprendre et traduire ces aspirations dont
les journaux sont les échos quotidiens.
», Vous avez aussi, Messieurs, à appliquer les
lois. politiques qui touchent la presse, le colpor-
ttigâïfîimpriffiëïie'et la'librairie. CTest par l'esprit
dans lequel ces lois sont appliquées qu'un gou-
vernement caractérise sa politique. Cette, appli-
cation, je vous la demande libérale, très libérale.»
M. de Giisenoy, directeur de l'administra-
tion départementale et communale, a présenté
ensuite son personnel au ministre, qui a ré-
poudu m ces termes à l'allocution de M. de
Griseuoy
« Messieurs, votre directeur vient d'exprimer
en cxcellens termes ce qu'il pense de vos services,
et l'esprit dans lequel il a l'intention de guider
vos travaux. Lorsque les circonstances m'ont
amené à me séparer de son prédécesseur, dont je
n'éprouve ici nul embarras à faire l'éloge, car je
connais et sa haute intelligence et les, services
qu'il a rendus, j'ai été heureux de trouver en
M. de Crisenoy un homme qui possade des quali-
tés rares, la foi dans les résultais favorables que
doit amener une application plus large et plus
complète do la loi du lo avril 1871.
» Les- changemens apportés par cette loi dans
radmirù.slration départementale constitueront un
progrès. Je suis persuadé que, tout en restant at-
tacims à la tradition, vous êtes loin vous-mêmes
de repousser les idées de progrès. En faisant ici
l'éloge de la décentralisation, je n'ai pas besoin
de me défendre de tendances féaéraiistes aur.-
quelles je suis personnellement aussi opposé que
vous pouvez l'être vous-mêmes. Si donc- j'insiste
sur la nécessité de conformer plus exactement la
praiique administrative à la^ pensée qui a inspiré
Te légistateiir de 1871, c'est que je suis persuadé
̃que. loin d'affaiblir le pouvoir central, cette loi lui
donne plus d'autorité, tout en accordant aux dé-
purtemens une plus large part dans l'expédition
de leurs affaires. Vous représentez plus particu-
lièrement. Messieurs, l'esprit de tradition qui a ses
bon, côtés, mais qu'il. ne faut, pas laisser dége-
-n?roj- 'cm espi'it' 'de routine; sous éviterez cet
écueil en suivant l'impulsion que vous donnera
l'intelligent directeur placé votre tête. »
M. Bouche r-Uadart, 'directeur de la sûreté
générale, a présenté le-4 employés de son ser-
yice, en assuraut le miuistie de leur dévoue
nient. Le ministre a répondu
« Messieurs,
» Votre service ne doit pas seulement assurer
la' tranquillité matérielle qui est sauvegardée par
le zèle du personnel de la police, mais encore la
sécurité morale. Pour arriver à ce résultat, il faut
que les lois politiques reçoivent une juste inter-
prétation. Ces lois ont été "faites à des époques de
liberté; elles ne doivent donc pas être une gêne
pour le pays, elles ne doivent pas être des inslru-
mens de compression.
» Le. gouvernement veut la stricte observation
et lalerme exécution de ces lois mais on ne doil
jaunis perdre de vueque nous sommes un gou-
vernement de liberté. Un choisissant pour direc-
teur di-la sûreté générale un légiste et un homme
libéral, j'ai indiqué' le double but que nous vou-
lons atteindre: Le gouvernement républicain que
je représente souhaite ardemment d'arriver, pas
au bout de la légalité, comme on a pu le dire
mais au bout de la liberté, c'est-à-dire à la plus
grande somme de liberté possible. »
S'adressant au préfet de police, le ministre
s'est exprimé en ces termes
<.< Monsieur le préfet,
» Je suis heureux de recevoir pnr votre inter-
médiaire l'expression des seutiiueus do votre ad-
ministration. Vous me permettrez d'exprimer les
miens à. l'égard de vqtro prédécesseur, pour ([ui
je professe des seutimens d'amitié personnelle
et la plus grande estime pour la droiture de son
esprit, et son attachement au devoir. Lorsque
j'ai dû me séparer de lui pour des causes politi-
ques que je'n'ai pas à apprécier ici. j'ai cherché
qui pourrait réaliser, dans la mesure du possible,
l'idée qui*, je me fais d'un préfet de police.
» La préfecture de police est, selon l'expression
la plus haute que je. puisse concevoir, une ma-
gistrature arbitraire qui exige les qualités d'es-
prit les plus complètes et une grande hauteur de
vues. Lo préfet a entre les mains le repos et
l'honneur des personnes el des familles il a la
garde de l'ordre dans la rue et daas les esprits,
il a à taire l'application avec vous, Messieurs, des
lois politiques, et il faut les appliquer pour proté-
ger la liberté, et non pour la restreindre »
•REVUE DE L'ANNEE..
IsilérictuN
L'année qui vient de s'écouler sera, dans
notre hi-toire parlementaire, l'une des plus
intéressantes et des plus instructives. Les
événemens s'y pressent dans un ordre
souvent imprévu, presque toujours dra-
matique, et les enseignemens y abondent
sur l'étiit, moral des partis, sur leurs for-
ces relatives et sur leurs aptitudes politi-
ques. La première moitié en a été con-
sacrée à l'essai du gouvernement de
la république par les républicains et, à
notre avis, l'essai réussissait fort bien:
L'état de la France était celui de tous les
paj'8 dotés d'institutions- parlementaires;
il y avaitparfois quelques- émotions à subir,
plus souvent encore des efforts à faire, tou-
tes choses inséparables de la liberté mais
l'ordre était maintenu, même dans les es-
prits, la prospérité était générale, et la con-
fiance dans la stabilité de tous ces biens
faisait chaque jour des progrès. Le 16 mai
est survenu, et tout a été remis en ques-
tion. La seconde moitié de l'année a été
remplie par un duel acharné entre les par-
tis monarchiques coalisés et le parti ré-
publicain. Les premiers s'étaient emparés
du pouvoir par surprise, et ils en ont usé
j contre leurs adversaires avec une vio-
lenfls inouïe, C'î'ux-oi n'avaient pour se
défendre que la justice de leur cause et la
revendication qu'ils ont élevée et soute-
nue auprès de l'opinion. Ils ont triomphé,
et le pouvoir leur a été rendu. Les détails
de tous ces événemens sont restés sans
doute présens aux esprits,- car la pas-
sion grave en traits de feu dans là mé-
moire nous les rappellerons brièvement.
Il y a un an, M. Jules Simon était pré-
sident du conseil. Il avait débuté dans la
Chambre des Députés par une victoire
d'autant plus heureuse qu'il l'avait
remportée sur la gauche même, et au
profit de la Chambre haute. Il s'agissait
des droits du Sénat en matière de bud-
get,; M. Jules Simon les avait fait solen-
nellement reconnaître, et il semblait avoir
à la fois consolidé sa situation politique
dans les deux Assemblées, puisqu'il avait
obtenu la majorité de l'une et mérité -la-re-
connaissance de l'autre. C'est sous ces heu-
reux auspices que l'année a commencé. Le
gouvernement faisait tous les jours preuve
de modération et d'activité. Quelques
changemens dans le personnel admini-
stratif étaient nécessaires on n'a pas' ou-
blié avec quels ,j»énagemens et quelle
prudence ils ont été faits par M. Jules
Simon. La Chambre aurait peutrêtrè
désiré davantage, mais elle s'est conten-
tée de ce qu'on lui a donné, car, s'il y avait
de la jeunesse et de l'inexpérience dans
cette Chambre qu'on a depuis tant calom-
niée, le sentiment qui y dominait était
celui d'une bonne volonté presque inalté-
rable, unie à un vif désir de rester d'ac-
cord avec un ministère dont on connaiss-
ait les embarras. La session s'est ouverte
le 9 janvier; dès le 22, le ministre des
finances, M. Léon Say, déposait le projet
de budget de 1878 nous ne nous rappe-
lons pas qu'aucun budget ait été déposé
plus tôt, et l'on sait pourquoi celui-ci n'a
pas pu encore être voté.
Les premiers mois de la session n'ont pas
eu de "caractère bien défini. La Chambré
s'est "occupée surtout de questions d'af-
faires. "Un très grand nombre de proposi-
tions, dues à l'initiative "̃personnelle des
députés, -ont été déposées, les unes inof-
fensives, les autres regrettable?, et nous
n'hésitons pas à classer dans ce nombre
celle de M. Laisant sur la réduction à
trois ans du service militaire. On n'a pas
oublié avec quelle ardeur M. Thiers, au-
quel Tien de ce qui concerne l'armée n'é-
tait étranger ni indifférent, s'est préoccupé &
de celte question. Là commission Laisant
se réunissait chez lui, il la présidait la
majorité 'lui était d'ailleurs favorable,
et l'on peut dire que la proposition de
M. Laisant a été virtuellement repbùssée
aussitôt qu'elle a été présentée, L'opinion
ne s'en, est guère émue, non plus que d'au-
tres propositions plus .on moins dange-
reuses dont le sort définitif n'était point
douteux. Il fallait s'attendre à ce que, dans
une Assemblée nombreuse et en grande
partie nouvelle, les idées les plus diverses
et les plus hasardées se fissent jour mais
on s'attendait aussi à ce qu'elles trouvas-
sent, et elles n'ont trouvé en effet que
peu de crédit. Ce premier feu jeté par la
Chambre devait bientôt tomber et s'étein-
dre. Mais le parti réactionnaire avait tout
intérêt, sinon à. en étendre la flamme, au
moins à en augmenter l'éclat apparent,
afin de justifier l'effroi qu'il semblait en
éprouver. Les journaux de la droite an-
nonçaient chaque jour que la société était
menacée. La présence de M. Gambetta à
la tête de la commission du budget mena-
çait nos finances M. Laisant menaçait
l'armée; la magistrature était certaine-
ment menacée dans l'avenir par le mau-
vais esprit général; on ne parlait encore
de la religion que" pour la faire figurer
dans la nomenclature des institutions en
péril; mais bientôt toute l'attention à été
portée de ce côté. Où trouver une digue
contre l'envahissement du flot révolution-
naire1? Dans le ministère ? On le procla-
mait non moins impuissant qu'incapa-
ble. Dans le Sénat? Il donnait en effet
quelques espérances. Les partis s'y sont
comptés dans un scrutin pour la nomina-
tion d'un sénateur inamovible le candi-
dat commun de toutes les droites était un
bonapartiste, M. Dupuy de Lôme; la coa-
lition avait eu la majorité, gage d'avenir..
Il fallait aussi le concours du maréchal,
mais on y comptait bien.
Le 24 mars, les deux Chambres ont
été prorogées jusqu'au 1er mai. C'est
alors, pendant ces vacances parlemen-
taires de quelques semaines, que tout
l'effort des droites s'est tourné du côté
des passions religieuses. L'agitation clé-
ricale s'est répandue partout. Elle a
affecté toutes les formes. Un comité cen-
tral des comités catholiques de France
s'est réuni à Paris dans des conditions
illégales. Dissous par M. Voisin, préfet de
police, il a dû se conformer aux lois et
n'en est pas mort mais il a été convenu
à droite que les catholiques n'étaient plus
en sûre té j que la haine contre eux était
sans mesure, que l'ère des persécutions*
religieuses allait recommencer. Nous
avons eu le regret de; voir des prélats vé-
nérables mêler leur voix éplorée à la cla-
meur générale. Jamais, certes, on ne
s'est plaint plus vivement pour d'aussi
pauvres motifs. Il était si évident que
la religion ne courait chez nous aucun
danger qu'on a passé les frontières et
qu'on s'est inquiété de l'état du Saint-
Père à Rome. Uns allotmiion réliémente
prononcée le 12 mars par le Pape, a servi
de prétexte. Le Pape avait dénoncé le
gouvernement italien à tout l'univers
quant à lui-même, il protestait qu'il n'é-'
tait plus libre. Toutes les consciences ca-
tholiques devaient donc se sentir cruelle-
ment asservies L'allocution du Pape, mal-
gré ce qu'elle avait d'inexact dans. le fond,
et d'exagéré dans le style, a eu en ^Europe
un grand retentissement, mais en France
plus que partout ailleurs. A vrai dire,
il était arrivé plus d'une fois à Pie IX
de prononcer des discours du même
genre sans produire le même effet
l'occasion et les secrets desseins du
parti clérical ont été pour beaucoup
dans l'importance exceptionnelle qu'on
adonnée à celle-ci. Elle était à peine
connue que plusieurs députés et séna-
teurs cléricaux se sont rendus chez M. le
ministre des affaires • étrangères vaine
démarche sans doute, -mais très propre à,
irriter les esprits au dedans, et par mal- `
heur les susceptibilités au; dehors On ne
s'en est pas tenu là'. Les évêques -ont écrit
des mandemens qui renouvelaient les ac-
cusations du Saint-Père contre un gouvei't
nement étranger et ami. L'un d'eux a fait
plus encore il s'est adressé directement,
à M. le maréchal de Mac-Mahon par une
lettre peu convenable à tous les égards, et
il a envoyé sa lettre, avec des instructions
supplémentaires aux maires de son
diocèse. Enfin un immense pétitionne-
ment a été organisé; on sollicitait les si-
gnatures des hommes, des femmes, des
enfans. La pétition a eu peu de succès,
mais le gouvernement a dû s'en préoccu-
per. Le ministère a d'ailleurs fait son de-
voir dans toutes ces circonstances; on
n'a pas oublié la lettre que M. le garde
des sceaux Martel a écrite aux évê-?
ques pour les inviter à interrompre
des démarches qui ne convenaient cer-
tainement pas à leur caractère et qui
dénotaient peu de sens politiqne ̃ ou
de patriotisme. Que voulaient,, en effet,
les évêques? Quelle démarche auraient-
Is conseillée au gouvernement si on les
avait invités à s'expliquer? Comment au-
raient-ils voulu qu'on délivrât le Pape
d'une prison .imaginaire? Comment au-^
raient-ils dénoué les complications diplo-
matiques que leur attitude aurait provo-
quées, si le gouvernement avait eu l'im^-
prudence de l'imiter? C'est ce qu'ils rie
disaient pas et ce qu'ils auraient été bien
embarrassés de dire.. •
Lorsque le Parlement s'est réuni le
1er mai, la Chambre dès Députés n'a
pas attendu un jour pour manifester
ses sehtiraens et son indignation. Cette
agitation factice, superficielle, impuis-
sante et compromettante, avait révolté la
majorité. Une interpellation immédiate-
ment déposée, discutée sans retard, amena'
à la tribune M. Jules Simon et M. Gfàm-
betta. Le premier parut se préoccuper
beaucoup des ménagemens avec lesquels
il faut traiter les questions religieuses
quelques parties de son discours provo-
quèrent pourtant les colères* cléricales, 'et
le Saint-Père lui-môme S3 plaignit pu-
bliquement à Rome qu'on -eût osé contes-
ter sa captivité alors qu'il l'avait affir-
mée. M. Gambetta se fit l'interprète de!
la majorité et présenta" un ordre du joui
qui fut, voté, le 4 mai, par 361 voix contre
121. L'ordre du jour avait été accepté,
par le gouvernement. En voici le texte
« La Chambre, considérant que les manifesta-^
tions ultramontaines, dont la recrudescence pour-
rait compromettre la sécurité intérieure et exté~
rieure du pays, constituent une violation fla-
grante des,lois de l'Etat, invite le gouverne-,
ment, pour; réprimer cette agitation antipatrioti-\
que, à user des moyens légaux dont il dispose,
et passe à l'ordre du jour. »
Le coup était porté; il a été res-
senti profondément et -dès lors sans:-
doute la chute du; cabinet a été d,é-j
cidée dans quelques consciences. Il;
s'est écoulé peu. de jours entre le 4' et le
.16 mai. A peine y put-on trouver .quel-'
ques nouveaux prétextes contre- le mi-,
nistère. Une loi municipale, avait été ^dé-
posée, et dans cette loi un article, éta.
blissait la publicité des séances des con-;
seils municipaux. Le gouvernement an-»
nonça l'intention de s'opposer à cet arti-<
cle, mais seulement, lors de, la seconde:
lecture, et M. le maréchal de Mac-Mahon
trouva ce retard intempestif. La même,
chose arriva pour une loi sur la presse et
fut jugée avec la même sévérité. Ce sont
là de petits détails qui ont précipité peut-
être lès résolutions du maréchal et ne
les ont certainement pas déterminées.
Une aigreur longtemps contenue, excitée
par l'émotion des derniers événemens,
laéclaté Comme un coup de foudre. M. Jules:
Simon fut averti par une lettre que le
maréchal, mécontent, avait des explica-
tions à lui demander tout le ministère
donna aussitôt sa démission. La surprise
a été d'abord plus grande que la colère;
on cherchait à comprendre et on ne com-^
prenait pas..
On comprit très clairement le lende-
main, lorsque le. nouveau ministère a été
formé, et mieux encore quelques jours
après, lorsque quarante-trois, préfets ont
été révoqués. Au reste, là lettre du ma-;
réchal n'était pas moins.un acte d^accu-
sation contre la Chambre que: contre le.
ministère, et ce qu'on avait fait de celui-?:
ci, il fallait s'attendre à ce qu'oa 1© fît de
celle-là. La dissolution était donc la suite
logique de l'acte du 1 6 mai, et, dès le. pre-:
mier jour, tous les partis se sont, rendu
compt-e de cette conségaenc©, epae les una
ÉDITION DE PARIS.
li~til,lli~ 'I er ~I~R r
'1
SjbB ^Ê l^^L ^Hbi bD^b^h^^h ^& 1' t^Bk B^Hh ~i^HB ^Bj ^^9^1 i ̃ ̃ '^Hl^ï' ^k i^H J ̃ BHWH ^^Bfl ASBi ̃ bKBI *̃ ^^BW.' ̃
iukh f mm
ON S^ROSNE.
me aes Prëtro5-Sain!Gormain-]!Auxorîeis, il.
S»S8SJ5> fit ïâ fc/ABWiKWSÎffllWnnr,:
Un an. Six mois. Trois aifls-
Dèoc.ï evKcn?. 80 fr. 40 fr. 20 îr.
Vcîi 72 fr. 36 f?. 18 fr."
Les abonnemens partent des i« et 16 de
chaque mois.
̃•̃ ON S'ABONKE" '•
en Belgique, en Italie.
dans le Luxembourg, en Turcpne,
en Suisse,. en Syrie, en Roumanie et datas le»
régences du Maroc et de 1* Tunisie,
• enCaine et au Japon,
an moyen d'une valeur payable à Pans ou ae
«uind&ts-poste, soit internationaux, soit frança»,
en Allemagne, en Autrichet en Russie,
et dans tous les pays aa Nord
chez tous les directeurs de postes;
et dans tous les autres pays,
p« l'envoi d'une valeur payable -& «s ."»»
POLITIQUES ET LITTÉRAIRES
f^Bttffi», un onmére f © ee»<.
un numéro. XS se~e.
In S
rmier- f'^c'' rr-sham street, 0. P. 0.:
S •'?' bw-Jî ? .<̃* -:t 0, 1. Fine* î«rae Cirnhill,
C, i.Lrcoo: i»'*1. W.-BS. gtyuUh -.et Mon,
•5 Ktïv-nsi. V C r"lon.
# •. • .> *<̃ ^tliciti, 45, rue de la
'c. • e* dans Ses ,bi-
-̃' de *«• b«leea..
A :ap^« ji.ij. ci-ez il. Orc* ;*> Tornerq.
Les annonces sont reçue*
chez m Faucîifty, E>«Mî«> et G»,
8, place de Uj Course,
et au bureau du J©E^Kf$»&5
^U^|do|ïent toujoaî?Streagréèespar' la ïéd&ctiç*.
?~~°~ u
Nous publierons dès les premiers jôùïi?
de janvier
LE CONTREFAir
Roman anglais de M"10 Marsh.
Les ateliers étant fermés demain mardi,
jour de l'an, le Journal des Débais ne
paraîtra pas le mercredi 2 janvier.
PAMIS ̃*
q
LUNDI Si DECEMBRE d
•' ;̃̃• ij
Le Journal officiel publie ce matin la n
suite du mouvement administratif après c
les préfets viennent les sous préfets; d
Deux préfets n'ayant pas accepté les o
postes qu'on leur confiait ont dû être rem- n
placés un troisième a été mis en dispo- e
nibilité sur sa demande. Un secrétaire gé- r
lierai ayant donné sa démission, et deux r
autres ayant été appelés à d'autres fonc- v
tioris, ont été aus«i remplacés. Quant au t
mouvement sous-préfectoral, il e?t consi- r
dérable. 111 sous-préfets ont été révo-
qués 74, prévoyant sans doute le coup
qui les menaçait, se sont fait justice à
eux-mêmes et ont donné leurs démissions; (
29 ont été mis en disponibilité et 49 ap-
pelés à d'autres fonctions. Le mouvement c
a donc porté sur 263 personnes, si nous f
avons bien compté. Nous ne nions pas
que ce ne soit une dure obligation que de c
remanier ainsi d'un seul coup une si grande
partie du personnel admiiystralif, mais il c
le fallait. La dernière campagne électorale e
a été conduite de telle sorte par le
gouvernement, que tous ses agens ou
presque tous s'y sont compromis sans
retour. Nous déplorons comme tout le E
monde cette instabilité du personnel de
nos-préfets et de nos sous-préfets nous 5
reconnaissons que ces changemens mul- I
tipliés ont de grands Incohvéniens mais, I
dans' la circonstance actuelle, ces incon-
véniens sont moins à craindre que ja-
mais. Le ministère du 1G mai n'avait pas
cherché des administrateurs dans le vrai
et bon sens du mot; il avait envoyé dans
les départemens et dans les arrondisse-
laens des soldats pour une grande- ba- -i }
taille. La bataille est finie, il fallait dé- «
blayer le terrain du combat. Qui oserait {
prétendre que les préfets et les sous-pré- s
fets dû précédent ministère ont fait les
affaires du pays, les ont étudiées, s'en t
sont préoccupés et -les connaissent à un <
degré quelconque Ils n'ont songé qu'à t
la politique, et il est naturel qu'ils soieut j t
les victimes de cette détestable politique
dont ils ont été les inslrumens toujours
dociles, souvent, trop zélés. C'est un sou-
lagement' pour lé pays devoir disparaître i
les hommes petits et grands quil'ont si
odisusement torturé pendant six mois.
'̃•• i
Le Journal officiel publie encore une
Note, que nous reproduisons plus loin,
surrinçiçlentdë Limoges dont la presse
s'est si justement préoccupée. L'impres-
sion générale est que le ministère du
Ï3 novembre avait pris des précautions ex-
eessives et peu justifiées, bien qu'elles
hissent dans son droit. Il en est résulté
que les dispositions politiques de quel-
ques officiers' se sont révétéèé d'une ma-
nière fâcheuse. Un général a compris les
ordres qui lui étaient donnés dans un
sens très exagéré, et il a montré un grand •
empressement à les transmettre aux offi-
ciers placés spus ses ordres. Un major a
commis un acte d'indiscipline dont il faut j
reconnaître la gravité la discipline mili-
tiire1 est une chose délicate, et l'on ne j
Baùl'ait veiller sur elle avec trop de soin.
Justice a été faite; le général et le major
ont été punis. Mais n'y a-t-il pas dans ce
fait une révélation dont il faut profiter?
Il montre à quel point le gouvernement
du 16 mai avait troublé l'ordre véritable.
L'armée elle-même a et i exposée à une j
terrible contagion. Il n'est que temps de
revenir à une politique plus simple et plus
évidemment légale et honnête, afin que
l'idée du devoir, dégagée de toute obs-
curité, ne .présente sous le même aspect
à tousles esprits. Quand il y a désordre
en haut, leinal se propage et s'élend par-
tout-en s'aggravant. Qu'il n'y ait pas eu
de pensée coupable dans le ministère,
nous voulons bien l'admettre, mais qu'il y
en ait eu, à Limoges, dans quelques con-
sciences mal éclairées, est-ce contestable?
̃yoilàles résultats dé. la politique que le.
pays a condamnée, et contre laquelle le
gouvernement doit aujourd'hui réagir..
Ce n'est pas seulement dans l'armée
que cette polilique a causé des confu-
sions regrettables et nous devons en-
ef>re signaler un fait scandaleux qui vient
d'avoir lieu au Palais-de-Justice. On sait
que M. le'garde des sceaux a présenté un
projet d'amnistie pour les crimes ou délits
commis par la presse depuis le 16 mai.
Un assez grand nombre de procès sont en
ce moment intentés, et la Petite RèpuMi-
"çue frmçaisei.en particulier, est poursuivie
pour diffamation par MM. deBroglie et de
'Pourtou, non pas comme particuliers,
mais comme ministres et dépositaires de
l'autorité publique. Le caractère politique
du prétendu délit n'est donc pas dou-
teux. Des instructions venues de la chan- j-
cellerie ont |onùtli"ordro aM. Thévenin, i
substitut du procureur de la république,
.de demander la rémise de l'affaire au pre-
làfer^jiiiaji.^M. Thévenin s'est conformé
à ses instructions,- -mais €©jriiiiguant
de la mauière la plus nette qu'il obéis- Il
'^it à coctre-cœur, et en sommant- -4e
greuicr de constater ses paroles dans son
procès-verbal. Un snbsti'ut qui se permet
d'infliger un blâme au garuc ùe. s^canx, j
au chef hiérarchique dont il dépend, est
un spectacle nouveau. Quelques journaux
de la droite le trouvent plein de dignité
il nous semble que M. Thévenin aurait dû
pousser la dignité jusqu'au bout et don-
ner sa démission. Il nous semble aussi
que, puisqu'il ne l'a pas donnée, on
devait révoquer M. Thévenin. Personne
n'est obligé à servir un gouvernement
l malgré soi, et un gouvernement doit
> congédier les mauvais- serviteurs qui
disent du mal de lui, le compromettent
> ou le trahissent. Les substituts, que
• nous sachions, ne sont pas inamovibles,
̃ et ils ne sont pas plus difficiles à
̃ remplacer que les sous-préfels. Nous le
répétons, il faut que le ministère gou-
verne, et avant tout qu'il se fasse respec-
ter par ceux auxquels il permet de le re-
• présenter.
BOURSE DE PARIS
Ci-iHure ïc 20 le 31 ïïnïinàe. Baîene
̃;«'o/o- ̃ ̃
Coinptànt. 72 2!5 71 îiO 75
Fin cour. 72 30 71 4) .90 .>
t/« O/O
Comptant 102 102
»̃«.•'
Comptaht 108 10 ic7 S3 gii
Fin oour- 108 20 107 iiO »/ -/• • "0
PÏÏTITB BOUBSK DU SOIR.
Emprunt 5 3/0 107 fr. CO, 62 1/2, uîi, 88 3/i. 1.
-r 3 3/0. 71 fr'. ii7 1/2, '40, 42 1/2.
5 0/0 turc, 8 fr. 821/2._
Egyptiennes 6 0/0.. 160 fr. 2u.
Italien»- 72 fr. 80, 90.
Télégraphie privée.
(Service télégraphique de l'agence Havas.)
Saint-Petersbourg, le 31 décembre.
Le gouvernement anglais a demandé si la
Russie êtïùt disposée à entamerttes négociations,
en vue de la conclusion de la paix, avec la,Tur-
quie. conformément au désir exprime par cette
puissance. On répand déjà à l'étranger des ren-
seignemens concernant la réponse de la Russie
et les evonditions de l'entente;. mais ces informa-
tions ne peuvent être que prématurées et inexac-
tes. Rien n'a encore été décidé; toutefois, on pensa
déjà, dans les cercles bien informés, que la Russie
nu répondra pas avec raideur aux propositions
tendantes au rétablissement de la paix, et mon-
trera dès à présent qu'elle est accessible à toutes
les tentatives sérieuses qui seraient, faites dans
ce but.- >
Saint-Pétersbourg,' le 31 décembre.
Les organes officieux affirment que les diffé-
rens projets attribuas à l'Angleterre, en tant que
mesures de précaution ne sauraient ôl.re con-
sidérés comme tels par la Russie, mais bien
comme une intervention directe dans la lutte. Ils
n'admettent pas notamment l'occupation anglaise
d'un point- quelconque du littoral de l'empire ot-
toman;: ils déclarent d'ailleurs que, dans les ré-
cens pourparlers échangés entre les cabinets de
Saint-Jamfts et de" Saint-Pétersbourg, il n'a été
question jusqu'à présent que de l'occupation
éventuelle de Constantinople par les Russes, oc-
cupation contre laquelle les Anglais protestent.
Quant à la médiation. les organes oi'tioieux
déclarent que, du moment où la Russie ne l'a pas
demandée, il n'y a pas lieu d'en tenir compte,
toute médiation ne pouvant être efficace que
quand elle est également- agréée par. les deux
belligérans. ̃ ♦&»;«
La Gazelle de Cologne publie la dépêche sui-
vante
vante: « Pcsth, le 31 décembre.
» Le général Klapka tôlégrapliie de Péra que la
réponse" de l'Autriche à la demande de médiation
contient le passage suivant
« Aussitôt qu'on aura trouvé la base d'une mé-
diation l'Autriche interviendra pour la paix
comme puissance garante et limitrophe. Cette
réponse aurait fait une bonne impression sur la
Porte. Celle-ci serait convaincue que, le cas
échéant, l'Autriche interviendra pour les droits
de la Turquie, sur. les buses du traité de Paris. »
La Pall Mail Gazette publie la dépêche sui-
vante
-• « Berlin, le 31 décembre.
» L'Angleterre, après avoir soumis la demande
du Sultan aux réflexions de la Russie, est entrée
en communication avec d'autres puissances aux-
quelles elle a expliqué longuement son but et les
motifs qui lui avaient fait entreprendre l'œuvre
de la ̃ médiation. » ̃ •'
La dépêche ajoute que la franchise de l'appel
du Sultan aurait satisfait plusieurs de ces gou-
vernemens. ,c
Londres, le 31 décembre.
Le Morning Post croit savoir qu'il y a peu de
chances que les offres de médiatiop faites par
l'Angleterre soient acceptées à Saint-Péters-
bourg.
La "Russie paraît déterminée à rejeter les bons
offices que la Grande-Bretagne lui offre et à
compter sur la possibilité d'amener avec la Tur-
quie des négociations dans lesquelles la voix de
l7 Angleterre ne serait pas entendue.
On s'attend à ce que tous les membres du ca-
binet se trouvent à Londres mercredi prochain.
Le Standvd assure que le gouvernement an-
glais n'a rien fait pour encourager le Sultan, par
des espérances exagérées, à se mettre sans ré-
serves dans les mains de l'Angleterre. Il est prêt
à accepter toutes les conditions de paix que
l'Angleterre considérera elle-même comme ac-
ceptables.
Plymouth, le 30 décembre, soir.
Tous les vaisseaux qui composent la flotte de
la Manche, tous les navires commissionnés en ce
moment en réparation ont reçu l'ordre d'être
prêts à prendre la mer le 16 janvier.
Par suite de l'attitude menaçante des Cafrcs,
le 30e régiment d'infanterie a reçu l'ordre de s'em-
barquer immédiatement pour le Cap.
Londres, le 31 décembre.
Lord Beaconsfleld, répondant à une demande
d'audience 'qui lui avait été adressée par une dé-
pu talion -du meeting antirussc tenu samedi à 'a
Trafalgar Square pour lui faire part des résolu-
tions adoptées dans ce meeting, a exprimé le re-
gret d'être trop occupé pour pouvoir la recevoir;
mais il a ajouté qu'il ne manquerait pas de por-
ter son attention sur les observations que la dé-
putation voudrait lui faire par écrit.
La Société polonaise de rAigle-Blanc a envoyé
à lord B«aconsfield et à lord Derby une Adresse
i disant, que, si l'Angleterre se v.oyait obligée d'ar-
i rït-T ragrossitMÎ de !a Rûssi-3 par la force ou par
la voie des traités, le rétablissemerit de VinAè- u
paidance polonaise pourrait seul assurer le suc- n
ces-de rintèrvcntton anglaise. '̃> si
̃ Constantinople le 30 décembre, soir. d
li°s Sultan a-iSMinfiic président de la Chambre
tiastfan-Fàhmi' Eilendi..4épu,L6 de Con.sl.aatiaoplo.
Ahmct-Vefilc P.-tclia'esXniomœé sénateur.
Ou constate' des symptômes pacinqur Piu-
sieui'ô aiuto-biuïaurs engagcraicnl dil-on, la Porte lI
à formutorScs conditions de paix acoeptablos. v
Le bruit, court que, les Russe* sont arrivés dans
lu jîlaiuii do Solia et que la population de .cette c
\;i.c s'est enfuie.
Constantinople, le 30 décembre. c
Un conseil extraordinaire des ministres a été
tenu hier. Il a été très important.
Le temps est très mauvais dans la région des
Balkans et sur le Danube. t
Suleiman Pacha télégraphie d'Ichtiman que les
rapports des divers cômmandans ne signalent {
aucune opération militaire importante. i
Un télégramme de Dervisch Pacha, daté dé
Batouiri vendredi, annonce que les Russes con-
tinuent de bombarder les;. fortifications de. cette
ville.
Les Russes ont lancé, deux torpilles contre
l'escadre^.turque dans- le. port de Uatoum sans
occasionner de dommages.
Moaktar Pacha arrivera ici dans une dizaine j
de jours.
de jours. Trieste, le 30 décembre.
Les Turcs ont levé le blocus qu'ils avaient
établi devant Durazzo.,
Londres, le 31 décembre.
• U»e dépêche do IJuclîarest, datée du 30. au-
nonce que toutes lès communications entre la
Roumanie et la Bulgarie sont désormais inter- <
rompues; le dernier pont qui restait sur le Da-
nube à Petrocheni a été détruit par la glace
vendredi.
Une dépêche de Belgrade annonce que la
Pkoupchtiua doit s'assembler vers le milieu de
janvier, dans le but, de décider l'organisation des
districts de la Vieille-Serbie récemment conquis
par les troupes serbes.
Le cabinei a déjà préparé un plan général pour
l'administration de ce territoire.
Raguse, le 3t décembre.
Les pourparlers pour la reddition d'Antivari
sont rompus.
Le commandant Sélim Bey avait,la prétention
de sortir de la place avec. ses armes, y compris
les canons, pour se rendre à Scutari.
Les Monténégrins ont repris le bombardement
de la place.
de la place. Londres, le 31 décembre.
Le Globe publie uii télégramme d'Athènes, en
daie d'aujourd'hui, annonçant que les insurgés
crétoi se sont emparés d'une position voisine de
Speskoya, et que le mouvement insurrectionnel
prend de l'exten'sioh.
̃̃'•̃̃̃̃̃ Athènes, le 31 décembre.
La reine s'est embarquée à bord de VAmphi-
trile, se rendant à. Chaîcis. Le navire cuirassé
̃ Olga escorte. S. M.
Le roi. a quitté le campde Thèbes; il est arrivé
à Otalkis, dont .a- garnison, forte de 6.0U0 hom-
m3s. lui; a fait xin, accueil eiithousiaste. ̃
» Berlin, le 31 décembre.
Les journaux du enir disant que l'empereur a
conféré à M. de Go: ".t-Blron les insignes de
l'Ai^le-N'oir. >
M-do iiomaut-Bii-on ?aȕ raadre au{*rr*-ao sa-
tille ea Silésie. Il retournera à Paris le S janvier.,
Rome, le 30. décembre.
E Italie annonce que le roi a nomjr M. Mole-
gari ministre d'Elat..
M. délia Ropca, député, a été nommé scerdtaire
générdl. au ministère de Vin Uirieur.
D'après le Dirilto, M. Garnbetta est arrivé co
matin à'Rome et a rendu àusi;Hôt visite à M. De-
pretis. Leur entrevue a duré un3 heure.
Rome, le 3i décembre.
Dans le consistoire tenu aujourd'hui, le Pape
à remis le chapeau cardinalice aux cardinaux
Régnier, Manniug, Brossais Saint-Marc, Moretti
et Pellegrini.
Le Pape a nommé aussi quelques évêques.
Le roi a reçu ce matin les félicitations du corps
diplomatique' à l'occasion du nouvel an.
Eu sortant de chez le roi. les chefs de missions
sont allés présenter leurs félicitations aux princes
de la famille royale. •
Le Journal officiel contient la Note sui-
vante j -1
«Divers journaux ayant publié des ver-
sions erronées sur les évéuenn-ns qui out
amer.é l'incident de Limoges, l'autorité mili-
taire croit devoir rétablir U-s faits.
« Dans toutrs les grandes villes, et à Paris
en particulier, des mesures sont prises de tout t
temps pour que l'armée soit toujours à môme
de faira respecter l'ordre public. A cet eli'et.
des instructions officiellt-s font connaître pour
chaque corps d*.> troupes le rôle à îvinplir, la
place à occuper et les dispositions à prendre
en cas de troubles..
» Ces mesures préventives ont paru insuf-
fisantes au moment où, par suite du départ
de la classe de 1872 des troupes de la garnison
de Paris, l'effectif des troupes de cette garni-
son se trouva considérablement réduit. Par
suite, le ministre de la guerre fit établir, à la
date du 14 novembre, uu projet daus le but
d'appeler au besoin à Paris, en cas de dés-
ordre, un certain nombre de régimens des-
tinés à assurer la tranquillité publique Les
instructions données a cette occasion indi-
quaient aux comniandms do corps d'armée
les dispositions à prendre en vue de l'envoi
de ces régim^ns mais ca même temps elles
insistaient sur ce point que ces troupes ne
seraient appelées que dans le cas « où l'orrire
» public et les lois que l'armée est chargée
» de faire respecter seraient menacés. » Pour
éviter tou'e interprétation fâcheuse et ne
pas inquiéter l'opinion publique, le secret le
plus absolu était recommandé aux cômman-
dans de corps d'armée, et ces instructions
leur furent portées par des officiers.
s Le 8 décembre, sur lns observations pré-
sentées par quelques cômmandans de corps
d'armée dont le territoire se serait trouvé trop
dégarni, des modifications furent apportées
au projet précédemment établi.
» Ces modifications, qui ne ehaugeuient
rien aux instructions déjà données, île por-
taient que sur la désignation des corps de
troupes appelés éventuellement à marclur.
» C'est ainsi qu'un des régimeas d'infante-
rie de Limoges fut compas dans cette nou-
velle désignation. Par suite, le général com-
mandant 'le 12° corps d'armée fut amené
à modifier/ l'ordre officiel qui réglait les
dispositions à prendra à Limoges en cas de
troubles. A cette occasion, un officier géné-
ral, interprétant mal les instructions qui
lui étaient données et qui se rapportaient
uniquement à des mesures de prévoyance,
eut le tort de les transformer en me-
sures d'exécution que rien ne justifiait
Devant les ordres formels donnés p»«r cet of-
ficier général, le colonel du 14° de ligne avait
réuni immédiatement ses officiers pour leur
transmettre les instructions qu'il avait re-
çues; c'est dans cette réunion. que se produi-
sit, en présence de tous le corps d'officiers,
un acte d'indiscipline des plus graves.
» Le ministre de la guerre, en appreaant
ces faits dès son entrée en fonctions, s'est
empressé d'ouvrir une enquête à la suite de
'la-orislle il a mis en disponibilité l'officier gé-
uéral dont il s'agit et provoqué la mise en
non-activité; par, retrait d'emploi do l'officier
supérieur qui s'était rendu coupable de l'acte
d'indiscipline. » ;••̃̃- -̃
Aujourd'hui, à dix heures, le ministre de
l'intérieur a reçu les chefs des dillérens ser-
vices de son département.̃>'
Le xniuisire de l'jn-térieur s'est adressé en
ces termes à la direction de la presse
« Vous composez, Messieurs, una des sections
du ministère pour laquelle le gouvernement
éprouve la plus vive sollicitude c'est à vous, en
etlet, qu'incombe la -mission de nous faire con-
naître loyalement, sacis aucune partialité, les
vœux de l'opinion publique et d'être les échos
sincères en luôme temps qu'éclairés des vœux du
pays exprimés par la voie de la presse. On a pu,
en d'autres temps, dénaturer vos délicates fonc-
tions et essayer de vous transformer en ce, qu'on
a appelé les buivaux de l'esprit public ces ten-
tatives ont (Hé' vaines. Un ministère républicain
n'essaie pas de violenter l'opinioti il cherche à
s'un inspirer et à discerner au milieu de ses ex-
pressio .s diverses ce qu'il, croit être utile, juste
cl conforme aux véritables intérêts du.pays. C'est
paice que j'.al la plus haute opiuion de la mission
.de la presse et de l'attention qu'il convient d'ap-
porter à ses manifestations que j'ai placé ti voire
tète un directeur qui est mon ami personnel, qui
connaît toutes mes idées, et qui est bien placé
pour comprendre et traduire ces aspirations dont
les journaux sont les échos quotidiens.
», Vous avez aussi, Messieurs, à appliquer les
lois. politiques qui touchent la presse, le colpor-
ttigâïfîimpriffiëïie'et la'librairie. CTest par l'esprit
dans lequel ces lois sont appliquées qu'un gou-
vernement caractérise sa politique. Cette, appli-
cation, je vous la demande libérale, très libérale.»
M. de Giisenoy, directeur de l'administra-
tion départementale et communale, a présenté
ensuite son personnel au ministre, qui a ré-
poudu m ces termes à l'allocution de M. de
Griseuoy
« Messieurs, votre directeur vient d'exprimer
en cxcellens termes ce qu'il pense de vos services,
et l'esprit dans lequel il a l'intention de guider
vos travaux. Lorsque les circonstances m'ont
amené à me séparer de son prédécesseur, dont je
n'éprouve ici nul embarras à faire l'éloge, car je
connais et sa haute intelligence et les, services
qu'il a rendus, j'ai été heureux de trouver en
M. de Crisenoy un homme qui possade des quali-
tés rares, la foi dans les résultais favorables que
doit amener une application plus large et plus
complète do la loi du lo avril 1871.
» Les- changemens apportés par cette loi dans
radmirù.slration départementale constitueront un
progrès. Je suis persuadé que, tout en restant at-
tacims à la tradition, vous êtes loin vous-mêmes
de repousser les idées de progrès. En faisant ici
l'éloge de la décentralisation, je n'ai pas besoin
de me défendre de tendances féaéraiistes aur.-
quelles je suis personnellement aussi opposé que
vous pouvez l'être vous-mêmes. Si donc- j'insiste
sur la nécessité de conformer plus exactement la
praiique administrative à la^ pensée qui a inspiré
Te légistateiir de 1871, c'est que je suis persuadé
̃que. loin d'affaiblir le pouvoir central, cette loi lui
donne plus d'autorité, tout en accordant aux dé-
purtemens une plus large part dans l'expédition
de leurs affaires. Vous représentez plus particu-
lièrement. Messieurs, l'esprit de tradition qui a ses
bon, côtés, mais qu'il. ne faut, pas laisser dége-
-n?roj- 'cm espi'it' 'de routine; sous éviterez cet
écueil en suivant l'impulsion que vous donnera
l'intelligent directeur placé votre tête. »
M. Bouche r-Uadart, 'directeur de la sûreté
générale, a présenté le-4 employés de son ser-
yice, en assuraut le miuistie de leur dévoue
nient. Le ministre a répondu
« Messieurs,
» Votre service ne doit pas seulement assurer
la' tranquillité matérielle qui est sauvegardée par
le zèle du personnel de la police, mais encore la
sécurité morale. Pour arriver à ce résultat, il faut
que les lois politiques reçoivent une juste inter-
prétation. Ces lois ont été "faites à des époques de
liberté; elles ne doivent donc pas être une gêne
pour le pays, elles ne doivent pas être des inslru-
mens de compression.
» Le. gouvernement veut la stricte observation
et lalerme exécution de ces lois mais on ne doil
jaunis perdre de vueque nous sommes un gou-
vernement de liberté. Un choisissant pour direc-
teur di-la sûreté générale un légiste et un homme
libéral, j'ai indiqué' le double but que nous vou-
lons atteindre: Le gouvernement républicain que
je représente souhaite ardemment d'arriver, pas
au bout de la légalité, comme on a pu le dire
mais au bout de la liberté, c'est-à-dire à la plus
grande somme de liberté possible. »
S'adressant au préfet de police, le ministre
s'est exprimé en ces termes
<.< Monsieur le préfet,
» Je suis heureux de recevoir pnr votre inter-
médiaire l'expression des seutiiueus do votre ad-
ministration. Vous me permettrez d'exprimer les
miens à. l'égard de vqtro prédécesseur, pour ([ui
je professe des seutimens d'amitié personnelle
et la plus grande estime pour la droiture de son
esprit, et son attachement au devoir. Lorsque
j'ai dû me séparer de lui pour des causes politi-
ques que je'n'ai pas à apprécier ici. j'ai cherché
qui pourrait réaliser, dans la mesure du possible,
l'idée qui*, je me fais d'un préfet de police.
» La préfecture de police est, selon l'expression
la plus haute que je. puisse concevoir, une ma-
gistrature arbitraire qui exige les qualités d'es-
prit les plus complètes et une grande hauteur de
vues. Lo préfet a entre les mains le repos et
l'honneur des personnes el des familles il a la
garde de l'ordre dans la rue et daas les esprits,
il a à taire l'application avec vous, Messieurs, des
lois politiques, et il faut les appliquer pour proté-
ger la liberté, et non pour la restreindre »
•REVUE DE L'ANNEE..
IsilérictuN
L'année qui vient de s'écouler sera, dans
notre hi-toire parlementaire, l'une des plus
intéressantes et des plus instructives. Les
événemens s'y pressent dans un ordre
souvent imprévu, presque toujours dra-
matique, et les enseignemens y abondent
sur l'étiit, moral des partis, sur leurs for-
ces relatives et sur leurs aptitudes politi-
ques. La première moitié en a été con-
sacrée à l'essai du gouvernement de
la république par les républicains et, à
notre avis, l'essai réussissait fort bien:
L'état de la France était celui de tous les
paj'8 dotés d'institutions- parlementaires;
il y avaitparfois quelques- émotions à subir,
plus souvent encore des efforts à faire, tou-
tes choses inséparables de la liberté mais
l'ordre était maintenu, même dans les es-
prits, la prospérité était générale, et la con-
fiance dans la stabilité de tous ces biens
faisait chaque jour des progrès. Le 16 mai
est survenu, et tout a été remis en ques-
tion. La seconde moitié de l'année a été
remplie par un duel acharné entre les par-
tis monarchiques coalisés et le parti ré-
publicain. Les premiers s'étaient emparés
du pouvoir par surprise, et ils en ont usé
j contre leurs adversaires avec une vio-
lenfls inouïe, C'î'ux-oi n'avaient pour se
défendre que la justice de leur cause et la
revendication qu'ils ont élevée et soute-
nue auprès de l'opinion. Ils ont triomphé,
et le pouvoir leur a été rendu. Les détails
de tous ces événemens sont restés sans
doute présens aux esprits,- car la pas-
sion grave en traits de feu dans là mé-
moire nous les rappellerons brièvement.
Il y a un an, M. Jules Simon était pré-
sident du conseil. Il avait débuté dans la
Chambre des Députés par une victoire
d'autant plus heureuse qu'il l'avait
remportée sur la gauche même, et au
profit de la Chambre haute. Il s'agissait
des droits du Sénat en matière de bud-
get,; M. Jules Simon les avait fait solen-
nellement reconnaître, et il semblait avoir
à la fois consolidé sa situation politique
dans les deux Assemblées, puisqu'il avait
obtenu la majorité de l'une et mérité -la-re-
connaissance de l'autre. C'est sous ces heu-
reux auspices que l'année a commencé. Le
gouvernement faisait tous les jours preuve
de modération et d'activité. Quelques
changemens dans le personnel admini-
stratif étaient nécessaires on n'a pas' ou-
blié avec quels ,j»énagemens et quelle
prudence ils ont été faits par M. Jules
Simon. La Chambre aurait peutrêtrè
désiré davantage, mais elle s'est conten-
tée de ce qu'on lui a donné, car, s'il y avait
de la jeunesse et de l'inexpérience dans
cette Chambre qu'on a depuis tant calom-
niée, le sentiment qui y dominait était
celui d'une bonne volonté presque inalté-
rable, unie à un vif désir de rester d'ac-
cord avec un ministère dont on connaiss-
ait les embarras. La session s'est ouverte
le 9 janvier; dès le 22, le ministre des
finances, M. Léon Say, déposait le projet
de budget de 1878 nous ne nous rappe-
lons pas qu'aucun budget ait été déposé
plus tôt, et l'on sait pourquoi celui-ci n'a
pas pu encore être voté.
Les premiers mois de la session n'ont pas
eu de "caractère bien défini. La Chambré
s'est "occupée surtout de questions d'af-
faires. "Un très grand nombre de proposi-
tions, dues à l'initiative "̃personnelle des
députés, -ont été déposées, les unes inof-
fensives, les autres regrettable?, et nous
n'hésitons pas à classer dans ce nombre
celle de M. Laisant sur la réduction à
trois ans du service militaire. On n'a pas
oublié avec quelle ardeur M. Thiers, au-
quel Tien de ce qui concerne l'armée n'é-
tait étranger ni indifférent, s'est préoccupé &
de celte question. Là commission Laisant
se réunissait chez lui, il la présidait la
majorité 'lui était d'ailleurs favorable,
et l'on peut dire que la proposition de
M. Laisant a été virtuellement repbùssée
aussitôt qu'elle a été présentée, L'opinion
ne s'en, est guère émue, non plus que d'au-
tres propositions plus .on moins dange-
reuses dont le sort définitif n'était point
douteux. Il fallait s'attendre à ce que, dans
une Assemblée nombreuse et en grande
partie nouvelle, les idées les plus diverses
et les plus hasardées se fissent jour mais
on s'attendait aussi à ce qu'elles trouvas-
sent, et elles n'ont trouvé en effet que
peu de crédit. Ce premier feu jeté par la
Chambre devait bientôt tomber et s'étein-
dre. Mais le parti réactionnaire avait tout
intérêt, sinon à. en étendre la flamme, au
moins à en augmenter l'éclat apparent,
afin de justifier l'effroi qu'il semblait en
éprouver. Les journaux de la droite an-
nonçaient chaque jour que la société était
menacée. La présence de M. Gambetta à
la tête de la commission du budget mena-
çait nos finances M. Laisant menaçait
l'armée; la magistrature était certaine-
ment menacée dans l'avenir par le mau-
vais esprit général; on ne parlait encore
de la religion que" pour la faire figurer
dans la nomenclature des institutions en
péril; mais bientôt toute l'attention à été
portée de ce côté. Où trouver une digue
contre l'envahissement du flot révolution-
naire1? Dans le ministère ? On le procla-
mait non moins impuissant qu'incapa-
ble. Dans le Sénat? Il donnait en effet
quelques espérances. Les partis s'y sont
comptés dans un scrutin pour la nomina-
tion d'un sénateur inamovible le candi-
dat commun de toutes les droites était un
bonapartiste, M. Dupuy de Lôme; la coa-
lition avait eu la majorité, gage d'avenir..
Il fallait aussi le concours du maréchal,
mais on y comptait bien.
Le 24 mars, les deux Chambres ont
été prorogées jusqu'au 1er mai. C'est
alors, pendant ces vacances parlemen-
taires de quelques semaines, que tout
l'effort des droites s'est tourné du côté
des passions religieuses. L'agitation clé-
ricale s'est répandue partout. Elle a
affecté toutes les formes. Un comité cen-
tral des comités catholiques de France
s'est réuni à Paris dans des conditions
illégales. Dissous par M. Voisin, préfet de
police, il a dû se conformer aux lois et
n'en est pas mort mais il a été convenu
à droite que les catholiques n'étaient plus
en sûre té j que la haine contre eux était
sans mesure, que l'ère des persécutions*
religieuses allait recommencer. Nous
avons eu le regret de; voir des prélats vé-
nérables mêler leur voix éplorée à la cla-
meur générale. Jamais, certes, on ne
s'est plaint plus vivement pour d'aussi
pauvres motifs. Il était si évident que
la religion ne courait chez nous aucun
danger qu'on a passé les frontières et
qu'on s'est inquiété de l'état du Saint-
Père à Rome. Uns allotmiion réliémente
prononcée le 12 mars par le Pape, a servi
de prétexte. Le Pape avait dénoncé le
gouvernement italien à tout l'univers
quant à lui-même, il protestait qu'il n'é-'
tait plus libre. Toutes les consciences ca-
tholiques devaient donc se sentir cruelle-
ment asservies L'allocution du Pape, mal-
gré ce qu'elle avait d'inexact dans. le fond,
et d'exagéré dans le style, a eu en ^Europe
un grand retentissement, mais en France
plus que partout ailleurs. A vrai dire,
il était arrivé plus d'une fois à Pie IX
de prononcer des discours du même
genre sans produire le même effet
l'occasion et les secrets desseins du
parti clérical ont été pour beaucoup
dans l'importance exceptionnelle qu'on
adonnée à celle-ci. Elle était à peine
connue que plusieurs députés et séna-
teurs cléricaux se sont rendus chez M. le
ministre des affaires • étrangères vaine
démarche sans doute, -mais très propre à,
irriter les esprits au dedans, et par mal- `
heur les susceptibilités au; dehors On ne
s'en est pas tenu là'. Les évêques -ont écrit
des mandemens qui renouvelaient les ac-
cusations du Saint-Père contre un gouvei't
nement étranger et ami. L'un d'eux a fait
plus encore il s'est adressé directement,
à M. le maréchal de Mac-Mahon par une
lettre peu convenable à tous les égards, et
il a envoyé sa lettre, avec des instructions
supplémentaires aux maires de son
diocèse. Enfin un immense pétitionne-
ment a été organisé; on sollicitait les si-
gnatures des hommes, des femmes, des
enfans. La pétition a eu peu de succès,
mais le gouvernement a dû s'en préoccu-
per. Le ministère a d'ailleurs fait son de-
voir dans toutes ces circonstances; on
n'a pas oublié la lettre que M. le garde
des sceaux Martel a écrite aux évê-?
ques pour les inviter à interrompre
des démarches qui ne convenaient cer-
tainement pas à leur caractère et qui
dénotaient peu de sens politiqne ̃ ou
de patriotisme. Que voulaient,, en effet,
les évêques? Quelle démarche auraient-
Is conseillée au gouvernement si on les
avait invités à s'expliquer? Comment au-
raient-ils voulu qu'on délivrât le Pape
d'une prison .imaginaire? Comment au-^
raient-ils dénoué les complications diplo-
matiques que leur attitude aurait provo-
quées, si le gouvernement avait eu l'im^-
prudence de l'imiter? C'est ce qu'ils rie
disaient pas et ce qu'ils auraient été bien
embarrassés de dire.. •
Lorsque le Parlement s'est réuni le
1er mai, la Chambre dès Députés n'a
pas attendu un jour pour manifester
ses sehtiraens et son indignation. Cette
agitation factice, superficielle, impuis-
sante et compromettante, avait révolté la
majorité. Une interpellation immédiate-
ment déposée, discutée sans retard, amena'
à la tribune M. Jules Simon et M. Gfàm-
betta. Le premier parut se préoccuper
beaucoup des ménagemens avec lesquels
il faut traiter les questions religieuses
quelques parties de son discours provo-
quèrent pourtant les colères* cléricales, 'et
le Saint-Père lui-môme S3 plaignit pu-
bliquement à Rome qu'on -eût osé contes-
ter sa captivité alors qu'il l'avait affir-
mée. M. Gambetta se fit l'interprète de!
la majorité et présenta" un ordre du joui
qui fut, voté, le 4 mai, par 361 voix contre
121. L'ordre du jour avait été accepté,
par le gouvernement. En voici le texte
« La Chambre, considérant que les manifesta-^
tions ultramontaines, dont la recrudescence pour-
rait compromettre la sécurité intérieure et exté~
rieure du pays, constituent une violation fla-
grante des,lois de l'Etat, invite le gouverne-,
ment, pour; réprimer cette agitation antipatrioti-\
que, à user des moyens légaux dont il dispose,
et passe à l'ordre du jour. »
Le coup était porté; il a été res-
senti profondément et -dès lors sans:-
doute la chute du; cabinet a été d,é-j
cidée dans quelques consciences. Il;
s'est écoulé peu. de jours entre le 4' et le
.16 mai. A peine y put-on trouver .quel-'
ques nouveaux prétextes contre- le mi-,
nistère. Une loi municipale, avait été ^dé-
posée, et dans cette loi un article, éta.
blissait la publicité des séances des con-;
seils municipaux. Le gouvernement an-»
nonça l'intention de s'opposer à cet arti-<
cle, mais seulement, lors de, la seconde:
lecture, et M. le maréchal de Mac-Mahon
trouva ce retard intempestif. La même,
chose arriva pour une loi sur la presse et
fut jugée avec la même sévérité. Ce sont
là de petits détails qui ont précipité peut-
être lès résolutions du maréchal et ne
les ont certainement pas déterminées.
Une aigreur longtemps contenue, excitée
par l'émotion des derniers événemens,
laéclaté Comme un coup de foudre. M. Jules:
Simon fut averti par une lettre que le
maréchal, mécontent, avait des explica-
tions à lui demander tout le ministère
donna aussitôt sa démission. La surprise
a été d'abord plus grande que la colère;
on cherchait à comprendre et on ne com-^
prenait pas..
On comprit très clairement le lende-
main, lorsque le. nouveau ministère a été
formé, et mieux encore quelques jours
après, lorsque quarante-trois, préfets ont
été révoqués. Au reste, là lettre du ma-;
réchal n'était pas moins.un acte d^accu-
sation contre la Chambre que: contre le.
ministère, et ce qu'on avait fait de celui-?:
ci, il fallait s'attendre à ce qu'oa 1© fît de
celle-là. La dissolution était donc la suite
logique de l'acte du 1 6 mai, et, dès le. pre-:
mier jour, tous les partis se sont, rendu
compt-e de cette conségaenc©, epae les una
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