Presse et revues
8 pages
Titre : Le Ménestrel : journal de musique
Éditeur : Heugel (Paris)
Date d'édition : 1867-06-23
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb344939836
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Format : Nombre total de vues : 44462 Nombre total de vues : 44462
Description : 23 juin 1867 23 juin 1867
Description : 1867/06/23 (A34,N30)-1867/06/28. 1867/06/23 (A34,N30)-1867/06/28.
Description : Collection numérique : Arts de la marionnette Collection numérique : Arts de la marionnette
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k5619876d
Source : Bibliothèque nationale de France, TOL Non conservé au département des périodiques
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 01/12/2010
I()8.2 - 3re mm - \° 30.
PARAIT TOUS LES DIMANCHES
(Les Bureaux, 2 bis, rue Vivienne)
Dimanche 23 Juin 4807.
MUSIQUE ET THEATRES
J.-L. HEUGEL, Directeur
vita^ . i-a»' COLLABORATEURS DU JOURNAL :
KM. TH" ANNE, H. BARBEDETTE,- HENRI BLAZE DE BURY, GUSTAVE BERTRAND, PAUL BERNARD,
OSCAR COMETTANT, G. DUPREZ, A. DE GASPERINI, LÉON GATAYES,
B. JOUVIN, E. LEGOUVÉ, MARMONTEL, A. MÉREAUX, A. DE PONTHARTIN, PROSPER PASCAL,
ALPHONSE ROYER, G. DE SAINT-VALRY, P. RICHARD, J.-B. WEKERLIN et XAYIER AUBRYET
Adresser FRANCO à M. J.-L. HEUGEL, directeur du MÉNESTREL, 2 bis, rue Vivienne, les Manuscrits, Lettres et Bons-postes d'abonnement.
Un an, texte seul : 10 francs, Paris et Province. — Texte et Musique de Chant 20 fr.; Texte et Musique de Piano, 20 fr., Paris et Province.
Abonnement complet d'un an, Texte, musique de Chant et de Piano, 30 fr., Paris et Province. — Pour l'Étranger, les frais de poste en sus.
SOMMAIRE-TEXTE
I, HÉROID, sa vie et ses oeuvres (3« partie, d2e article), B. JOCVIN- — II. Semaine théâtrale,
GUSTAVE BERMAKD. — III. Exposition universelle : classe n° 10 et classe n° 89 (Ie article),
OSCAR COJIETTAKT. — IV. La musique en Belgique (correspondance). — V. Nouvelles et
nécrologie.
MUSIQUE DE CHANT
Nos abonnés à la musique de CHANT recevront avec le numéro de ce jour :
LES TROIS BOUQUETS DE MARGUERITE
seine-mélodie de G. BRAGA; suivra immédiatement :■ le RONDEAU DU BILLET,
chanté par M 116 ARNAUD dans l'OlE DU CAIRE, opéra posthume de MOZART.
PIANO
Nous publierons dimanche prochain pour nos abonnés à la musique de PIANO :
LE MOUSQUETAIRE, quadrille de A. MEY, chef d'orchestre du Château des Fleurs
el du Jardin Mabille.
HEROLD
SA VIE ET SES (EUVRES
TROISIÈME PARTIE
XII
C'est par ses grands aspects que j'étudierai la partition àuPré-
m-Ckrcs. À son apparition et aux trois reprises qu'en a faites so-
lennellement le théâtre (le 16 mai 1840, le 16 septembre 1854 et le
4 mai 1865), ce chef-d'oeuvre de grâce et de passion a été analysé,
fouillé, disséqué par tout ce que la presse musicale compte à Paris
d'écrivains compétents ou se donnant pour tels. Le Pré-aux-Clercs
est-dans toutes les mémoires ; tourner méthodiquement les pages de
•apartition, promener la loupe sur chaque morceau, ce serait, sans
Profit mais non pas sans lassitude pour le lecteur, se livrer à une
teogne fastidieuse. Ce qui nous importera la distance où nous
sommes placés aujourd'hui de cette date glorieuse du 15 décembre
1832, c'est de goûter un chef-d'oeuvre pour lui-même, en dégageant
le Plus possible notre émotion et notre plaisir de la tyrannie des ad-
orations toutes faites et consacrées parle temps ;.c'est, dans le con-
cert de louanges banales qui font cortège au Pré-aux-Clercs depuis
près de trente-sept ans, d'entendre et de bien discerner ce que j'ap-
pellerai la note de la postérité. Ce n'est pas toujours celle des con-
temporains. Même dans les oeuvres capitales d'un musicien de génie,
on rencontre des choses d'une inspiration secondaire, qui lui sont
imposées par la mode artistique du moment ou par lé mauvais goût
de ses auditeurs : c'est souvent, hélas ! avec cette fausse monnaie
mêlée à la bonne qu'il lui faut acheter le succès, qu'un public igno-
rant refuserait tout net aux beautés plus neuves de son ouvrage :
il s'y résigne, de bonne ou de mauvaise grâce, en se disant qu'après
tout l'avenir saura bien séparer, pour le conserver, l'or pur de '
l'alliage.
Deux petits morceaux fort populaires dans la nouveauté du succès,
chantés par l'aimable Nicette, sont la part de l'alliage dans l'or pur
de la partition :.ce sont les couplets intercalés dans la Mascarade :
Ah 1 Monsieur, de grâce, et la, ronde de Mme Girot : A la fleur du bel
âge. Passe pour les couplets ; si la mélodie en est un peu terre à
terre, le musicien y a mis du moins quelque esprit et quelque
finesse. Mais la ronde, taillée sur le patron des ponts-neufs, était
une amorce pour le succès, une flatterie à l'adresse du public de
l'Opéra-Comique. .
Tout à la fois ignorant, difficile, et tranchant du connaisseur, ce
public-là traitait de musique savante (et c'était un terme de souve-
rain mépris) tout ce qui, dans l'art, ne s'encadrait point dans le
rhythme de la chanson. En sortant du théâtre, il put fredonner :
A la fleur du bel âge, et ravi, de son heureuse mémoire, s'écrier
avec l'âne de la fable : < Hé ! je joue aussi de la flûte ! » Il n'en fal-
lait pas davantage pour que, restés sous le charme facile de la chan-
son, ces Béotiens de la musique française n'admirassent de con-
fiance, et sur la parole d'autrui, les grandes beautés de la partition.
A la rigueur, ils n'étaient pas insensibles aux grâces légères de
l'oeuvre ; et, à la faveur de la phrase transparente d'Hérold, tantôt
cristal, tantôt diamant, leur attention pouvait suivre sans effort la
mélodie claire du compositeur à travers les méandres de son har-
monie savante : mais soyez assurés que pour des gens qui appor-
taient à savourer le plaisir musical plus de prétention que de voca-
tion, le trait vainqueur de la soirée devait être :
Car le dieu des amours
Y guette
Une fillette
Toujours 1 .
Les deux premiers actes du Pré^mx-Cleres sont pleins de vivacité,
d'esprit et de feu, de furia même, faudrait-il dire. A l'exception de
PARAIT TOUS LES DIMANCHES
(Les Bureaux, 2 bis, rue Vivienne)
Dimanche 23 Juin 4807.
MUSIQUE ET THEATRES
J.-L. HEUGEL, Directeur
vita^ . i-a»' COLLABORATEURS DU JOURNAL :
KM. TH" ANNE, H. BARBEDETTE,- HENRI BLAZE DE BURY, GUSTAVE BERTRAND, PAUL BERNARD,
OSCAR COMETTANT, G. DUPREZ, A. DE GASPERINI, LÉON GATAYES,
B. JOUVIN, E. LEGOUVÉ, MARMONTEL, A. MÉREAUX, A. DE PONTHARTIN, PROSPER PASCAL,
ALPHONSE ROYER, G. DE SAINT-VALRY, P. RICHARD, J.-B. WEKERLIN et XAYIER AUBRYET
Adresser FRANCO à M. J.-L. HEUGEL, directeur du MÉNESTREL, 2 bis, rue Vivienne, les Manuscrits, Lettres et Bons-postes d'abonnement.
Un an, texte seul : 10 francs, Paris et Province. — Texte et Musique de Chant 20 fr.; Texte et Musique de Piano, 20 fr., Paris et Province.
Abonnement complet d'un an, Texte, musique de Chant et de Piano, 30 fr., Paris et Province. — Pour l'Étranger, les frais de poste en sus.
SOMMAIRE-TEXTE
I, HÉROID, sa vie et ses oeuvres (3« partie, d2e article), B. JOCVIN- — II. Semaine théâtrale,
GUSTAVE BERMAKD. — III. Exposition universelle : classe n° 10 et classe n° 89 (Ie article),
OSCAR COJIETTAKT. — IV. La musique en Belgique (correspondance). — V. Nouvelles et
nécrologie.
MUSIQUE DE CHANT
Nos abonnés à la musique de CHANT recevront avec le numéro de ce jour :
LES TROIS BOUQUETS DE MARGUERITE
seine-mélodie de G. BRAGA; suivra immédiatement :■ le RONDEAU DU BILLET,
chanté par M 116 ARNAUD dans l'OlE DU CAIRE, opéra posthume de MOZART.
PIANO
Nous publierons dimanche prochain pour nos abonnés à la musique de PIANO :
LE MOUSQUETAIRE, quadrille de A. MEY, chef d'orchestre du Château des Fleurs
el du Jardin Mabille.
HEROLD
SA VIE ET SES (EUVRES
TROISIÈME PARTIE
XII
C'est par ses grands aspects que j'étudierai la partition àuPré-
m-Ckrcs. À son apparition et aux trois reprises qu'en a faites so-
lennellement le théâtre (le 16 mai 1840, le 16 septembre 1854 et le
4 mai 1865), ce chef-d'oeuvre de grâce et de passion a été analysé,
fouillé, disséqué par tout ce que la presse musicale compte à Paris
d'écrivains compétents ou se donnant pour tels. Le Pré-aux-Clercs
est-dans toutes les mémoires ; tourner méthodiquement les pages de
•apartition, promener la loupe sur chaque morceau, ce serait, sans
Profit mais non pas sans lassitude pour le lecteur, se livrer à une
teogne fastidieuse. Ce qui nous importera la distance où nous
sommes placés aujourd'hui de cette date glorieuse du 15 décembre
1832, c'est de goûter un chef-d'oeuvre pour lui-même, en dégageant
le Plus possible notre émotion et notre plaisir de la tyrannie des ad-
orations toutes faites et consacrées parle temps ;.c'est, dans le con-
cert de louanges banales qui font cortège au Pré-aux-Clercs depuis
près de trente-sept ans, d'entendre et de bien discerner ce que j'ap-
pellerai la note de la postérité. Ce n'est pas toujours celle des con-
temporains. Même dans les oeuvres capitales d'un musicien de génie,
on rencontre des choses d'une inspiration secondaire, qui lui sont
imposées par la mode artistique du moment ou par lé mauvais goût
de ses auditeurs : c'est souvent, hélas ! avec cette fausse monnaie
mêlée à la bonne qu'il lui faut acheter le succès, qu'un public igno-
rant refuserait tout net aux beautés plus neuves de son ouvrage :
il s'y résigne, de bonne ou de mauvaise grâce, en se disant qu'après
tout l'avenir saura bien séparer, pour le conserver, l'or pur de '
l'alliage.
Deux petits morceaux fort populaires dans la nouveauté du succès,
chantés par l'aimable Nicette, sont la part de l'alliage dans l'or pur
de la partition :.ce sont les couplets intercalés dans la Mascarade :
Ah 1 Monsieur, de grâce, et la, ronde de Mme Girot : A la fleur du bel
âge. Passe pour les couplets ; si la mélodie en est un peu terre à
terre, le musicien y a mis du moins quelque esprit et quelque
finesse. Mais la ronde, taillée sur le patron des ponts-neufs, était
une amorce pour le succès, une flatterie à l'adresse du public de
l'Opéra-Comique. .
Tout à la fois ignorant, difficile, et tranchant du connaisseur, ce
public-là traitait de musique savante (et c'était un terme de souve-
rain mépris) tout ce qui, dans l'art, ne s'encadrait point dans le
rhythme de la chanson. En sortant du théâtre, il put fredonner :
A la fleur du bel âge, et ravi, de son heureuse mémoire, s'écrier
avec l'âne de la fable : < Hé ! je joue aussi de la flûte ! » Il n'en fal-
lait pas davantage pour que, restés sous le charme facile de la chan-
son, ces Béotiens de la musique française n'admirassent de con-
fiance, et sur la parole d'autrui, les grandes beautés de la partition.
A la rigueur, ils n'étaient pas insensibles aux grâces légères de
l'oeuvre ; et, à la faveur de la phrase transparente d'Hérold, tantôt
cristal, tantôt diamant, leur attention pouvait suivre sans effort la
mélodie claire du compositeur à travers les méandres de son har-
monie savante : mais soyez assurés que pour des gens qui appor-
taient à savourer le plaisir musical plus de prétention que de voca-
tion, le trait vainqueur de la soirée devait être :
Car le dieu des amours
Y guette
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