Titre : L'Athlète : journal hebdomadaire de tous les sports
Éditeur : [s.n.] (Bordeaux)
Date d'édition : 1920-07-17
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb34474930f
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Description : 17 juillet 1920 17 juillet 1920
Description : 1920/07/17 (N140). 1920/07/17 (N140).
Description : Collection numérique : Fonds régional : Aquitaine Collection numérique : Fonds régional : Aquitaine
Description : Collection numérique : Musée national du sport. Collection numérique : Musée national du sport.
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k4559003d
Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JO-35386
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 01/10/2017
BORDEAUX, 8, rue forte-Dijeaax
(Téiepùon* * * M)
Journal hebdomadaire de tous les Sports
Dit tout o© qvUH sa.it
Sa.it tout oe QvUil dit
. . , \ Six mol*.... G fp.
Abonnements } un en îe iv.
L’éducation physique
obligatoire
La cause sportive vient de franchir
l’étape décisive. En adoptant le projet An
dré Lefèvre, le Sénat consacre le statut
officiel de l’éducation physique, désormais
obligatoire pour les jeunes Français des
deux sexes.
L’article premier déclare que 1 euucation
physique est obligatoire « pour les jeunes
gens; depuis, l’âge de six ans révolus jus
qu'à’ leur incorporation dans les armées
de terre et de mer » et pour les jeunes hi
les au cours de la période scolaire.
Les articles 2, 3, 4. 5 stipulent que la
préparation militaire est obligatoiro pour
le jeunes gens, de seize ans révolus à - leur
incorporation ; ils laissent le soin à un
règlement d’administration publique lo
soin de préciser quels -seront les dispensés
et- comment ils le seront.
L’Etat aura un droit de contrôle, sauf
dans le cas des familles qui donnent
elles-mêmes à leurs enfants l’éducation
intellectuelle et physique.
Enfin, après avoir adopté les articles 11
et 12 prescrivant l’établissement d’un li
vret individuel d’éducation physique, le
Sénat renvova à la Commission de far
inée, pour plus ample examen, l’article 13
qui prévoyait la production pour tous les
examens et concours, d’un certificat d’édu
cation physique.
Il renvoya- de même, à la Commission
du budget l’examen détaillé des dépenses
qu’entraînerait l’adoption de l'article G,
mettant en demeure les municipalités de
mettre à la disposition des intéressés des
terrains et des locaux.
Tel est dans ces grandes lignes ce projet
Lefèvre appelé à. révolutionner les mœurs
du bon peuple français.
Il est regrettable que seule, une guerre
horrible, ait eu pour conte-coup, le dessie-
lement des yeux de milliers de MM. Lebu-
reau et le triomphe d’une idée qu’ils com
battirent avec tant d’âpreté.
Dépassant tout ce que nous aurions ja
mais osé espérer, on donne non seulement
des lettres de naturalisation au sport bien
faiteur, mais encore on en prescrit la pra
tique obligatoire pour la jeune nation tout
entière.
Voilà qui nous réconcilie avec l’admi
nistration et avec tous les fossiles qui,tapis
derrière leurs gabions de paperasserie,
se gaussaient des sportifs, quand ils ne
les brimaient pas au nom de la sacro-
sainte tradition dont ils se réclamaient
pour mieux miner la route au déboucher
de laquelle se présentait le progrès.
Développés par la culture physique et le
sp-ort, dès le bas âge, les enfants devien
dront rapidement des hommes et des athlè-
es; nous réduirons au minimum, l’armée
des rabougris, des mal-bâtis et des filifor
mes; on verra moins d’anatomies étiques,
moins de jambes cagneuses, moins de dé
fis ambulants à l’esthétique et à l'harmo
nie des lignes: la race des romantiques
aux airs penchés, au teint languissant et
à l’élégante neurasthénie disparaîtra sans
doute; les disciples de Schopenhauer seront
plus clairsemés, les névrosés se feront ra
rissimes. mais la race, cette brave race
française si riche en qualités de toutes
sortes y gagnera considérablement.
Elle sera plus forte physiquement et
plus saine moralement.
Et vous verrez M. Lebureau, que le cou
rant irrésistible emporta, déclarer avant
longtemps, en prenant une pose avanta
geuse, que lui et lui seul est l’auteur de
cette merveilleuse transformation.
HENRI HOURSIANGOU.
i , i .r» —~ ■' 1 "
LE POINT DE VUE SCOLAIRE
O
Au moment où le Sénat discute sur les
moyens de rendre obligatoire en France,
pour la jeunesse des écoles, l’éducation
physique, il m a paru intéressant d étudier-
la question au point de vue scolaire.
L’initiative prise'par M. 1 eministre de
la guerre pour l'aire bénéficier tous les
jeunes des bienfaits de l’éducation physi
que est extrêmement louable, tous les ar
guments qu’il a mis en avant pour soutenir
sa thèse méritent d’être pris en considéra
tion et tous les intéressés, à quelque sphère
qu’ils appartiennent doivent seconder son
action.
Le projet de loi présenté par M. Lefèvre
aux Chambres prévoit que l’enseignement
physique pourra être donné par l’institu
teur. —
Certes, dans son modeste rayon d’influen
ce, celui-ci sera le meilleur guide, le meil
leur éducateur des jeunes enfants qui lui
sont confiés et môme des adultes qui au
ront quitté son école : il connaît bien ses
élèves étant constamment en contact avec
eux, il pourra contrôler journellement les
résultats de son enseignement physique, il
sera à même d'en instruire les parents, il
aura peu de temps à perdre pour être à
« pied d’œuvre ». Etant éduqué lui-même à
l’Ecole normale d’éducation physique, il
est spécialement apte à être l’éducateur
physique du village où il enseigne.
Mais, pour qu’il se donne tout entier à
sa tâche et pour que son travail donne des
résultats tangibles dans la période scolaire,
il faut qu’il soit mis par le législateur dans
les meilleures conditions d’ordre matériel
et moral.
* v
* *
1. Il faut qu’il ait à sa disposition, un
terrain spécialement aménagé pour la le
çon d'exercices physiques. Dans la grande
majorité des écoles,et principalement dans
les écoles rurales, il est matériellement
impossible de bien donner une leçon de
gymnastique, telle que la préconise la mé
thode actuelle de, Joinville. Ordinairement,
la leçon se donne dans la cour de récréa
tion : celle-ci est toujours trôp exigüe le
plus souvent plantée d’arbres, entourée de
trottoirs, creusée de rigoles qui diminuent
d’autant l’espace libre. Le maître est can
tonné par l’exiguité de l’espace dans une
série d’exercices et de jeux où certains
mouvements ne peuvent être exécutés.
Pour éviter les accidents ou en diminuer
les risques, il est obligé de redoubler de
vigilance au détriment de la parfaite exé
cution de la leçon.
D’autre part, la leçon de gymnastique
devant alterner avec d’autres exercices
scolaires, il faut que le terrain ne soit pas
à des distances trop grandes de l’agglomé
ration scolaire : toute perte de temps pour
s’y rendre et pour en retourner serait pré
judiciable à la bonne marche de l’ensei
gnement en général.
Il est donc nécessaire que la commune
soit mise dans l’obligation de fournir à
l’école et pas loin de celle-ci un terrain
aménagé pour l’éducation physique, faci
lement accessible et dont l’entretien serait
entièrement à sa charge. Point n’est be
soin d’un stadium avec tous les raffine
ments des terrains d’athlétisme améri
cains : un espace assez vaste suffirait, que
l’instructeur aménagerait au besoin petit
à petit.
/ * s
* *
2. La loi réglant l’obligation de l’éduca
tion physique doit établir l’obligation de
la leçon" journalière et imposer un temps
approximatif à y consacrer. (Voir métho
des de Joinville). La question est très dé
licate et mérite d’être examinée de près.
En effet, avec les programmes actuels en
usage dans les écoles primaires, la leçon de
gymnastique n’est obligatoire que deux
fois par semaine, à raison de demi-heure
par séance.
Je no m'attarderai pas à démontrer l’in-
sufiisance de cet entraînement à temps
réduit, qui'fait reléguer la leçon de gym
nastique au même rang que les leçons de
dessin, de chant, que l’on donne indifférem
ment au commencement ou à la fin de la
classe, quand en a quelques loisirs. Les
maîtres en éducation physique ont. prouvé
que la leçon doit être journalière et com
plète polir produire le max-imum de ré
sultats.
La leçon journalière serait facile à réa
liser s’il n'y avait que des enfants. Mais il
faut compter avec leurs parents, avec les
familles* Déjà, quand la leçon ne dure que
quelques minutes tous les trois ou quatre
jours, ils la qualifient, de « chinoiserie »,
de perte de temps. Que sera-ce quand l’ins
tituteur consacrera journellement un quart
d’heure, vingt minutes, demi-heure, à cette
branche de l’enseignement ? Quel toile 1
Que de récriminations contre l’école, con
tre ie maître ! Bien peu nombreux seront
les parents qui apprécieront, sainement que
le temps employé à développer et fortifier
î’enfarçt est du temps utilement employé.
Nul douta aue ie public criera,
Mais à quoi bon s’arrêter à ces considé
rations ? La leçon doit être journalière,
il le faut, c’est nécessaire : c’est la loi
qui le décidera. Et de même que les pa
rents se sont inclinés devant l'obligation
scolaire, devant l’obligation plus dure de
payer l’impôt, de même ils accepteront cet
te impérieuse nécessité.
Et les maîtres, sachant qu’ils sont « cou
verts » pai un texte de loi. ou par un rè
glement scolaire s'efforceront de donner à
la leçon d’éducation physique la même
importance qu’aux autres matières du pro
gramme.
, * ..
* *
3 II est une autre mesure radicale que
le législateur doit prendre pour encoura
ger les maîtres à s’adonner-entièrement à
la culture physique : c’est l'abrogation des
dispositions des articles 1382, 1383 du Code
civil et 312 du Code pénal, qui rendent
l’instituteur responsable de tout dommage
causé directement par son fait personnel
(faute,- imprudence, négligence, inobser
vation do * 1 * règlements, etc.)
La leçon de gymnastique telle qu’elle
sera donnée d’après les directives de l’école
de Joinville comporte, surtout- avec les
grands élèves, quelques risques'd’accidents ;
Au cours d'un jeu, pendant une course ra
pide, même pendant l’exécution d’un mou
vement lent, l’enfant peut tomber et se
fracturer un membre, peut faire un faux
nas ou produire un effort trop brusqué qui
provoquera une déchirure musculaire ou
la naissance d’une hernie; il peut contrac
ter une lésion dont on ne s’aperçoit pas
sur-le-champ et qui peut .n’en être que
plus dangereuse. Malgré toute l’attention
de l’instructeur, malgré les recommanda
tions nombreuses qu’il aura pu faire et sou
vent renouveler, il se peut qu’un de ces
accidents se produise.
Qu’advigndra-t-il ? Les parents, toujours
prompts à saisir l’occasion de « taper »
sur l’école et les maîtres (les exemples
sont nombreux et il faut avoir le courage
de le.proclamer), vont actionner la justice
et engager des poursuites contre l’Etat
Celui-ci se retournera immédiatement con
tre l’instituteur, cherchera à dégager sa
responsabilité et a faire établir celle du
maître. Or, chacun sait que dans le domaine
juridique, il est facile de déplacer les res
ponsabilités. Peu de chose suffit quelque
fois à rendre l'instituteur responsable d’un
accident qu’il n’a pu éviter, quand bien
même il l’aura ardemment voulu. Le nom
bre est très grand des condamnations très
onéreuses qui ont ruiné des maîtres
consciencieux au cours de leur dure car
rière.
Qu’adviendra-t-il alors que les chances
d’accidents seront multipliées du fait de
la fréquence plus grande des leçons ?
Et, croit-on que l’épée do Damoclès qui
a nom « responsabilté » et qui est constam
ment suspendue sur la tête des maîtres
puisse laisser à ceux-ci l’ardeur nécessaire
à l’éducation physique ?
D’autre part, si la législation nouvelle,
confiant la direction pratique de la leçon
à des instructeurs militair.es, ne nous laisse
qu’un rôle de direction morale, doit-elle
nous laisser une part de responsabilité
dans le cas d’accident ? Et dans le cas où
un instructeur militaire ne remplirait pris
scrupuleusement sa tâche, augmenterait,
volontairement ou non, les risques d’acci
dents, cpii des deux serait responsable ? Ce
lai qui fait exécuter ou celui qui a la di
rection morale de l’exercice parce qu’il
dirige l'école, en l’espèce l’instituteur de
venu'surveillant ?
Nos législateurs ont un beau geste à ac
complir : qu’ils abrogent hardiment les
dispositions des articles 1382 et 1383 du
Code civil et qu’ils substituent à la res
ponsabilité du maître celle do l’Elat, dans
i’exéc.ution des leçons de culture physi
que. Ils verront combien les maîtres, n’ayant
plus de craintes, apporteront de bonne
volonté, de bonne humeur, d’application à
une tâche pour laquelle ils rechignent bien
malgré eux à l’heure actuelle.
* * -
4. Enfin, la loi en préparation doit prévoir
et organiser le contrôle rigoureux du mé
decin!
Sans entrer dans de trop nombreuses
considérations, il est facile de démontrer
que l’instituteur, n’est pas absolument com
pétent pour classer les élèves en groupes
à peu près homogènes, pour savoir quels
exercices conviennent à certains élèves et
seraient dangereux pour d'autres, pour
déterminer quels sont les mouvements à
proscrire pour quelques uns d’entre eux
et à appliquer' à d’autres, pour constater
si l’enseignement donné est profitable ou,
au contraire, s’il produit des résultats né
gatifs.
Le maître n’est pas suffisamment ren
seigné sur les procédés d’auscultation, de
mensuration, sur les façons de constater
l’état physiologique des enfants pour pou
voir. se passer, dans son enseignement, du
R ÉDACTEUR EN G FfK F t H ENRY HOURSIANGOU
N° 140 — Samedi 17 Juillet 1920
Un lâcher de petits ballons pendant, le concours de VAéro-Club.
concours du médecin. Seul, il pourrait
commettre de grosses erreurs; en colla
boration avec le médecin, il peut arriver
à de bons résultats.
Fl serait souhaitable que cette collabo
ration fut obligatoire; il serait facile de
faire opérer par un médecin (moyennant
rétribution bien entendu), une visite men
suelle ou même seulement trimestrielle à
toutes les écoles du canton et de faire con
signer 1 erésultat de ses constatations sur
une fiche qui serait remise à l’enfant à son
entrée à l’école, que le maître tiendrait à j
jour et que l’enfant emporterait après I
l'école dans la Société de préparation mi- i
litaire cle laquelle il serait membre.
Les instituteurs ne demandent pas mieux i
que de se donner corps et âme à la régé- 1
nérat.ion physique de leurs écoliers et de ;
la race. Mais ils veulent être placés dans j
les meilleures conditions d’organisation et j
de sécurité. L’œuvre à. entreprendre est j
belle et c’est parce quelle nécessite le con- i
cours de toutes les compétences, de toutes |
les bonnes volontés qu’il serait indispeu- |
sable, de voir une entente, s’établir entre I
lés services des deux ministres de l'ins
truction publique et de la guerre et de lar
ges conceptions présider à l’élaboration du
nouveau règlement d’éducation physique
Des modifications radicales, hardies, aux
règlements existants s’imposent d’une fa
çon absolue pour stimuler les énergies et
obtenir des résultats.
( LAFOURCADE, instituteur.
; -■
La médaille militaire
à Henry Hoursiangou
Le Journal officiel du 8 juillet a publié
l'arrêté suivant, portant inscription au ta- :
bleau spécial de la médaille militaire, à la
date du 28 février 1917 :
« HOURSIANGOU (Henri), matricule
1598, adjudant (territorial) à la 6e compa
gnie de mitrailleurs du 3.44e d’infanterie :
» A fait preuve, le 24 août J916, au ,
cours d’une attaque dirigée contre l’enne
mi, d’un courage et d’un dévouement hé
roïques.
» A été blessé très grièvement à la tête
en assurant la liaison entre le chef de ba
taillon et les unités chargées db l’attaque. »
Cette citation comporte, en outre, la
Croix de guerre avec palme.
Tous les collaborateurs de ce journal,
qui sont en même temps des amis d’Hour-
siangouj éprouvent la joie la plus profon
de de cette distinction si hautement mé
ritée.
'Hoursiangou a montré durant la guerre j
les plus belles, les plus rares qualités de j
courage et do sacrifice. Il a voulu mettre j
en accord ses actes et ses principë£r>et a i
fait plus que son devoir, avec cette belle ■
loyauté, cet entrain que donnent un esprit j
franc et une conscience nette, avec tout ce j
qui fait dé lui le plus sûr, le meilleur des ;
amis.
Très affectueusement, nous lui adressons ;
nos félicitations bien cordiales. Il n’est pas |
un sportsman véritable dont nous. ne !
soyons l’interprète en faisant cela.
L'ATHLETE .
Yékdrome du Stadium
Trois heures h l'américaine avee
les meilleures équipes régionales,
dimanche 18 juillet h 15 heures.
La direction du Stadium, voulant varier
ses programmes, a mis sur pied, pour di
manche, une épreuve athlétique par des
sus tout : trois heures à l’américaine. Voilà
de quoi donner aux spectateurs qui vien
dront au Stadium satisfaction complète.
Pour tous ceux qui ont présent à la mé
moire les courses fournies par les Canton,
Piquemaî, Delbos, Dumercq, Baylac, etc.,
la lutte sera chaude et âpre, car les équi
pes constituées d’une façon homogène, sont
bien près les unes des autres.
Qui serait capable d’indiquer avec cer
titude la victoire d’une équipe parmi le
lot des
LANUSSE — DELBOS
LAMAISON — CANTOU
KQRBARCH — PIQUEMAL
APGUEY frères.
BAYLAG frères
DUMERCQ frères, etc.
Un attrait vient de plus s’ajouter à
l’épreuve : c’est la présence de Itorbarch,
gagnant du championnat de France mili
taire, vainqueur des frères Dumercq au
Parc, et qui ne s’est pas encore rencontré
avec Lanusse et Lamaison.
Choisi avec Lanusse pour représenter nos
couleurs aux championnats du monde ama
teur, nous aurons de ce fait un avant-goût
de la lutte qu’ils auront à soutenir pour
ravir aux étrangers un titre dont tous com
prendront l’importance.
. Les prix que les équipes auront à dis
puter sont de 500 fr. au premier; 350 fr.
au deuxième; 250 fr. au troisième; i50 ,fr.
au quatrième; 100 fr. au cinquième; 80 fr.
au sixième; 60 fr. au septième; 40 r. au
huitième.
A ces prix déjà importants viendront
s’ajouter une prime de 100 fr. à l’équipe
qui prendra un tour et 50 fr. à celle qui
passera en tête (doublée ou non) tous les
trois tours, plus un nombre très important
de primes.
La direction voulant faire une réunion
entièrement sportive, a pris la décision
que nous ne pouvons que féliciter, de ren
dre un tour en cas de crevaison et les tours
perdus en cas de chute.
Aux équipes déjà énumérées, nous de
vons ajouter celle formée par Luguet et le
remplaçant d’Alavoine, ce dernier ne pou
vant effectuer le déplacement.
Quel sera celui-ci ? Godivier, Georget,
Deruyter ? Dès que l’engagement sera con
clu, la direction le fera connaître soit par
affiche, .soit par la voie des quotidiens.
Pour cette importante réunion qui com
mencera à 15 heures et à laquelle partici
peront les équipes de l’Union athlétique
bordelaise et du Cerceau bordelais dans
une épreuve du mille anglais par relais,
le prix des places a été fixé à :
Tribune, 8 fr.; promenoir de tribune,
6 fr.; pelouse, 4 fr.; populaire, 3 fr.; mili
taires en tenue, 2 fr.
Orchestre Poulvelarie.
N "achetez plus U« ATHLETE »
.A.-001*2 IW23S5-VOUS
Vous ferez une Bonne Affaire
30*3? ANrOTCTSS AUSSI
U N MONSTRE AERIEN
Le zeppelin L~7 2 qui vient, de nous être livré par If Allemagne.
L’effort athlétique
du Tour de France
Le Miroir des Sports dont notre ami, An
dré Glarner , est rédacteur en chef , -publie
l'intéressant article que voici :
Jadis, un ouvrier n’avait satisfait son
ambition qu après avoir accompli son
« Tour de France ». Il partait de son vil
lage, sa besace sur l’épaule, et puis, par
le « train n. 11 » — car il n’en exis
tait pas d’autre — il s’en ^ allait par
courir la « doulce France ». Son cerveau
rude et sain prenait des vues de toutes
choses : il ne se perfectionnait pas seule
ment en louant ses services, il perfection
nait encore son intelligence. C’était, à la
fois, son apprentissage qu’il terminait et
son esprit qu’il achevait de meubler.
Je ne veux point dire que, comme du
temps de Molière, nous avons mis le cœur
à droite, mais la vie a évolué. Autrefois,
l’ouvrier qui faisait son Tour de France,
faisait, tel M. Jourdain, de la marche sans
le savoir. Aujourd’hui, le « Tour de Fran
ce cycliste » achève aussi son apprentis
sage, il prend aussi des vues sur toutes
choses et « quibusdam aliis », mais il fait
du sport.
Entendez par là qu’il a adjoint, — qu’il
s’en rende compte ou qu’il n’en ait pas
conscience — qu’il a adjoint à la forma
tion de son cerveau, à l’éducation profes
sionnelle de son intelligence, la culture de
son corps et de ses muscles. Car tout est
là aujourd’hui, et si le cœur à droite de
Molière est demeuré une farce énorme, le
« mens sana in corpore sano » est enfin
.devenu une vérité élémentaire, indiscuta
ble et indiscutée. Evidemment, ce n’est pas
venu en un jour, mais cela est une autre
histoire et nous emmènerait trop loin.
« Je suis désolé, m’écrit un tout petit,
tout humble, tout modeste, tout obscur mé
canicien de province. Je m’étais préparé
au Tour de France comme on se prépare
à la première communion et je viens de
me blesser assez sérieusement pour être
dans l’impossibilité de partir. C’est une
catastrophe, et mes enfants eux-mêmes ont
beau me consoler, me dire que je parti
rai l’an prochain, pensez donc, si j’étais
parti, c’était mon petit magasin lancé,
c’était la fortune, c’était la gloire ! »
Ce n’aurait été, sans doute, ni la fortu
ne, ni la gloire, mais ce brave homme, tout
à fait de son siècle, se promettait, s’il avait
pu courir, de dire comme les vieux gro
gnards d’Austerlitz : « J’en étais ! » et, ce
disant, il n’aurait pas été si ridicule que
cela.
Aujourd’hui, c’est le rêve de tous les
cyclistes d’avoir été du Tour de France.
C’est un peu de gloire déjà d’avoir pris
le départ, c’est de la gloire de l’avoir ter
miné, c’est l’apothéose de l’avoir gagné p+
c’est aussi la fortune. Imaginez que ces
hommes qui sont partis le 27 juin, ne re
viendront que le 25 juillet. Imaginez que
tous les deux jours, il va leur falloir se
remettre en selle pour ne jamais couvre
moins de 325 à 350 kilomètres (souvent
plus de 400 kilomètres). Imaginez que,
dans ce parcours de près de 6.000 kilomè
tres, il leur a fallu escalader les rudes con
treforts de la Seine-Inférieure, des Côtes-
du-Nord et du Finistère et languir, près
de 500 kilomètres durant, de Nantes à
Bayonne.
Us vont dompter les cols pyrénéens et
ma plume est malheureusement inhabile
à vous dire ce que cela représente. Songez
pourtant qu'il y a là, en une seule étape,
cinq cols à franchir, qui dépassent tous
2.000 mètres d'altitude (le Tourjnalet en a
2.200). Savez-vous qu’en haut du col de
Puymaurens, par exemple, beau gèle en
plein été et que, 20 kilomètres plus loin et
plus bas, le‘soleil marque 55°. Savez-vous
que nos pauvres petits, dans les déserts
arides de la Cran souffrent tellement de la
chaleur qui’ls semblent de malheureux in
sectes piqués par une épingle sur une ta
ble chauffée à blanc.
Puis, voici les Alpes énormes. Il leur
faut gagner les neiges éternelles par les
cols immobiles et silencieux. Ces solitudes
magnifiques ne sont troublées qu’une fois
l’an en juillet, par les bravos des fidèles
accourus de tous les coins de France.
Leurs fatigues ne sont pas tèrminées
après l’ascension , du Galibier (2.65C mè
tres), ils ont encore à escalader la Faucil
le. Et puis c’est, comme on dit, le com
mencement de la fin. Mulhouse bientôt les
accueillera avec ses foules énormes accou
rues de l’Alsace, Strasbourg, Metz, Briey,
Charleville, Lille, passeront comme un rê
ve.
Hélas ! il leur faudra regarder encore,
des centaines de kilomètres, ce que les
barbares ont fait de notre sol, les villages
anéantis, les villes écrasées, les plaines
entières envahies par les plantes parasi
taires, les étendues énormes qui ne revL
vront jamais.
Mais comment s’arrêteraient-ils à tou
tes ces tristesses ? Ne sont-ils nas les juifs
errants du Sport, les Pierre l’Ermite de la
Croisade sportive ? Ne sont-ils pas les
exemples magnifiques des volontés moder
nes.
Déjà, en quittant Dunkerque pour ren
trer à Paris, ils ont un avant-goût des
gloires qu’ils ont rêvées. Des foules im
menses et kilométriques leur font, sur tout
le parcours, un dôme de bras levés pour
les applaudir, une haie qui leur chante
les fanfares joyeuses de la victoire. Vovez-
les ! Déjà ils ne sentent plus leurs fatigues.
Et quand, dans l’immense arène du Vé
lodrome, ils font le kilomètre final de là
prestigieuse randonnée, rega.rdez-Ies, ils
ont la joie au cœur, la fierté dans le re
gard. Interrogez-les et vous allez reconnaî
tre tout de suite le Français et l’homme
de sport : « Moi, vous diront-ils, je suis
tout prêt à recommencer ! »
Ah î petits Cyranos étourdissants, vous
l’avez, vous, le Panache !
La vérité vraie, c’est qu’après un mois
de cette besogne de titans, ils vont dormir
à poing- fermés pendant quarante-huit
heures et qu'ils maudiront encore, à leur
réveil, l’inventeur soussigné de leur sup
plice qui, tous les deux jours, pendant un
mois, les faisait lever à minuit pour les
lancer, quinze heures durant, à la con
quête d’un peu de gloire sportive.
Henri DESGRANGE.
CYCLISME
"" *""" 11 II—
REVUE DE LA SEMAINE
0 ■£>—— —
La foule des grands jours assista, dimanche,
à la réunion du Stadium. — Enlevant la vi
tesse, sur bicyclette FARET, Lanusse, seul
de nos sprinters fît preuve de régularité. —
Godivier, vainqueur du match derrière tan
dems. — Quelques reflexions sur le tour de
France. — L’Australien Bob Spears a ceint
l’écharpe de la ville de Paris. — Notre ré
gional Rohrbach, sur bicyclette FARET,
champion de France militaire de vitesse. —
Le championnat de France professionnels
vitesse.
Les sportifs qui ont fait, dimanche dernier,
le déplacement au vélodrome du Stadium,
n’ont pas eu à le regretter, car, si le match
des stayers, par le fait des entraîneurs, lais
sa à désirer, ils ont, par contre, assisté aux
péripéties d’une course de vitesse hors ligne
et constaté en même temps, en jetant un sim
ple coup-d’œil sur les diverses enceintes réser
vées au public, combien le sport cycliste était
prospère et encore en faveur auprès des mas
ses.
Un simple chiffre donnera une idée du nom
bre des spectateurs qui se pressaient autour
de l’anneau talençais, la recette dépassa
18,000 francs.
Le prix ue vitesse a été enlevé par le ra
pide champion de La Bastidienne Lanusse,
incontestablement ie seul de nos sprinters ré
gionaux ayant fait montre, depuis le début de
la saison, de régularité.
Lanusse a battu dans l’épreuve, Laborde,
de l’A.S.M., et le populaire Cantou, du S.A.B.,
dont d’autre part, les courses routières sont
ni plus ni moins remarquables en ce moment.
On voit, par cela même, que cette vitesse
nous a valu de bien grosses surprises. De fait,
elles ont été sensationnelles, encore que tout
se soit passé à la satisfaction générale, le
public ayant été littéralement emballé, et son
attention agréablement éveillée en voyant,
fait très rare, deux routiers parvenir à la fi
nale.
En premier lieu, Fernand Dumercq s’est vu
éliminer de la bataille en so faisant battre
de peu dans sa série par Cantou, dont il ne
s’était probablement pas rappelé à temps la
mise en aetion subite, suite d un démarrage
remarquable, il succomba ensuite, sans avoir
bien défendu' sa chance, dans le repêchage;
en second lieu, une des bonnes ficelles de La
maison et tressée savamment par le Grand-
Père, fut supérieurement éventée, dans la
première des demi-finales, par Laborde qui
triompha.
En dernier 1 ieai enfin, Lanusse s’étant qua
lifié pour la finale, devant Marcel Bevlac et
Massai, Cantou réglait à son tour, dans la
troisième demi-finale, Roger Dumercq et Mau
rice Beylac.
La finale donna donc les résultats suivants :
1. Lanusse ; 2. Laborde, à une demi-longueur;
3. Cantou, à une longueur.
La victoire du B asti dieu fut très nette, mais
on ne peut dire aisée, cor Laborde, qui pos
sède une bonne pratique d’avant-guerre, et
toutes les roueries que peut permettre le ci
ment. talençais,adopta une tactique qui eût pu
être fatale à F ex-coureur de la Pédale et
chambarder les pronostics. En effet, les trois
concurrents, rasant les balustrades au haut
du virage du quartier des coureurs, Laborde,
placé en seconde position derrière Lanusse,
piongeant d’un irait à la corde, démarrant
sec, inquiéta sérieusement ce dernier jus
qu’à dix mètres du poteau.
Les 200 métrés furent couverts en 13 s. 2/5.
*
* *
Maintenant, il me faut avec regret remiser
l'encensoir, car malgré le vif désir que j’ai de
plaire à la direction de Tadenoe, je dois à i a
vérité de dire que le match derrière entraî
neurs humains ne confirma pas les légitimes
espoirs que-nous avions fondés sur lui, et cela
par le fait, je l’ai déjà dit, de la défectuosité
de l’entraînement.
Un match mettant au prises des hommes de
la classe d’un Léon Georget, d’un Godivier,
'd’un Luguet sur 50 kilomètres, comme c’était
le cas, exige la collaboration d’un service
d’entraînement irréprochable et, reconnais-
sons-le franchement, sans parti pris, nous ne
vîmes, dimanche, à ce sujet, que désordre et
cafouillage.
Certes, pour se cantonner autant que pos
sible dans l’impartialité, il y a lieu de ne pas
méconnaître les difficultés de l’heure actuelle.
dont la plus importante réside dans la rareté
des hommes de tête, de ceux de nos régio
naux pouvant se placer sans danger et avec
efficacité à la direction d’un tandem.
Le public, qui murmura, ne doit pas oublier
que nous sortons de cinq années de guerre et
que l’entraînement par tandem est une scien
ce qui ne s’apprend qu’après une pratique as
sez longue et minutieuse; mais là où fi y a
lieu de suivre ce même public dans ses récri
minations, c’est de ne pas avoir constaté com
me autrefois, mie direction ferme, indiscutée
et ebéie de l’entraînement. Pas tant de per
sonnel sur la pelouse. Vous avez trois
matcheurs Ayez trois camps d’entraînement
bien distincts, sous les ordres d’un seul cnef
nanti d’un aide. Les officiels ? qu’ils restent
au poteau ou dans les virages, à leur place;
ils n’ont absolument rien à faire dans les
camps d’entraînement.
Voilà la formule, je n’en connais pas d’au
tre; elle donna autrefois d’excellents résultats.
Interviewez Luguet, qui resta un moment di
manche sans équipes, il vous expliquera com
ment, dans le temps, au cours d’un match
resté mémorable, fut dirigé par son père son
service d’entrainement.
Cette épreuve laissa donc à désirer; Léon
Georget, victime en outre d’urne crevaison
dians l’un des virages, tomba et abandonna
par suite d’une luxation de l’épaule gauche,
et cela vers le dixième kilométré.
Godivier et Louais Luguet restèrent donc
seuls en piste; le premier s’échappa passé les
30 kilomètres, Chadeau-Laborde ayant été les
artisans de ce lâchage. Lnfin, la lin fut Sun-
nee et Godivier, qui fit, malgré tout, montre
de très belles qualités au cours de ce match
termina par un tour d’avance sur Luguet,
qu’il battit en outre au sprint par une lon
gueur, rrotre régional ayant lutté de vitesse
avec le vainqueur, malgré ses 400 mètres de
retard. D’où confirmation du résultat.
Les 10 kilomètres furent couverts en 13 m.
7 s., les 20 en 26 m. 29 s., les 30 en 40 m. 16 s.-
enfin, temps remarquable, les 50 kilomètres
en 1 h. 8 m. 2 s.
Les cinq équipes suivantes : Beyiac-Lamai-
son, Apouey jeune-Laborde, Dumercq frères,
Lanusse-Delbos et Cantou-Beylac, lorsqu’elles
s’employèrent, furent à la hauteur de leur
tâche, les deux suivantes : Gaillard-Massai et
Chadeau-Laborde, furent à peu près impec
cables dans leurs relais. Autre fait à signa
ler : à la suite d’une crevaison, quoique placé
dans une sortie de virage, Cantou, tenant la
direction, plongeant à là corde, évita magni
fiquement l’accident.
Une course de tandems et une course par
élimination complétèrent le programme de ia
réunion. Très disputée, la finale de la premiè
re revint à l’équipe Lanusse-Delbos, devant
Dumercq frères et LamaisorvCantou: enfin/
réservée aux coureurs de deuxième catégorie
et débutants, l’éliminatoire fut enlevée dans
un bon style par Maurice Beylac, réglant
dans l’ordre Raynaud et Fauché/
* .
* * —
La moitié du Tour de France est accomple,
nos grands routiers vont bientôt remonter
vers le nord et voir de jour en jour, certaine
ment avec quelque plaisir, se rapprocher la
capitale.
Que de faits saillants se sont passés au
cours de ces derniers jours ! Victoire de Lam-
hot, de Rossius, d’Heusgbem, enfin abandon
de Christophe. Débarrassés du vieux, à tour
de iôle, les Belges vont pouvoir aisément
triompher.
Ce dernier incident sera certainement con
sidéré par la France qui cycle comme le plus
important de ceux s’étant produit au cours du
Tour de 1920.
En effet, si l’arrêt d’pn Alavoine et surtout
d’un Pélissier, en désagrégeant le team fran
çais, lequel avait le droit de compter sur leur
vaillance, provoqua des critiques justifiées,
l’abandon de l’homme de tête le composant,
et Christophe était celui-là, n’est pas fait, cela
se conçoit, pour donner aux sportsmen une
impression bien agréable.
La semaine dernière, quoique pressentant la
possibilité de cet abandon, ne voulant pas me
rendre entièrement à l’évidence, j’avais for
mulé l’espoir que dans les cols pyrénéens,
Christophe améliorerait son classement.
Hélas ! souffrant, courbaturé, luttant depuis
(Téiepùon* * * M)
Journal hebdomadaire de tous les Sports
Dit tout o© qvUH sa.it
Sa.it tout oe QvUil dit
. . , \ Six mol*.... G fp.
Abonnements } un en îe iv.
L’éducation physique
obligatoire
La cause sportive vient de franchir
l’étape décisive. En adoptant le projet An
dré Lefèvre, le Sénat consacre le statut
officiel de l’éducation physique, désormais
obligatoire pour les jeunes Français des
deux sexes.
L’article premier déclare que 1 euucation
physique est obligatoire « pour les jeunes
gens; depuis, l’âge de six ans révolus jus
qu'à’ leur incorporation dans les armées
de terre et de mer » et pour les jeunes hi
les au cours de la période scolaire.
Les articles 2, 3, 4. 5 stipulent que la
préparation militaire est obligatoiro pour
le jeunes gens, de seize ans révolus à - leur
incorporation ; ils laissent le soin à un
règlement d’administration publique lo
soin de préciser quels -seront les dispensés
et- comment ils le seront.
L’Etat aura un droit de contrôle, sauf
dans le cas des familles qui donnent
elles-mêmes à leurs enfants l’éducation
intellectuelle et physique.
Enfin, après avoir adopté les articles 11
et 12 prescrivant l’établissement d’un li
vret individuel d’éducation physique, le
Sénat renvova à la Commission de far
inée, pour plus ample examen, l’article 13
qui prévoyait la production pour tous les
examens et concours, d’un certificat d’édu
cation physique.
Il renvoya- de même, à la Commission
du budget l’examen détaillé des dépenses
qu’entraînerait l’adoption de l'article G,
mettant en demeure les municipalités de
mettre à la disposition des intéressés des
terrains et des locaux.
Tel est dans ces grandes lignes ce projet
Lefèvre appelé à. révolutionner les mœurs
du bon peuple français.
Il est regrettable que seule, une guerre
horrible, ait eu pour conte-coup, le dessie-
lement des yeux de milliers de MM. Lebu-
reau et le triomphe d’une idée qu’ils com
battirent avec tant d’âpreté.
Dépassant tout ce que nous aurions ja
mais osé espérer, on donne non seulement
des lettres de naturalisation au sport bien
faiteur, mais encore on en prescrit la pra
tique obligatoire pour la jeune nation tout
entière.
Voilà qui nous réconcilie avec l’admi
nistration et avec tous les fossiles qui,tapis
derrière leurs gabions de paperasserie,
se gaussaient des sportifs, quand ils ne
les brimaient pas au nom de la sacro-
sainte tradition dont ils se réclamaient
pour mieux miner la route au déboucher
de laquelle se présentait le progrès.
Développés par la culture physique et le
sp-ort, dès le bas âge, les enfants devien
dront rapidement des hommes et des athlè-
es; nous réduirons au minimum, l’armée
des rabougris, des mal-bâtis et des filifor
mes; on verra moins d’anatomies étiques,
moins de jambes cagneuses, moins de dé
fis ambulants à l’esthétique et à l'harmo
nie des lignes: la race des romantiques
aux airs penchés, au teint languissant et
à l’élégante neurasthénie disparaîtra sans
doute; les disciples de Schopenhauer seront
plus clairsemés, les névrosés se feront ra
rissimes. mais la race, cette brave race
française si riche en qualités de toutes
sortes y gagnera considérablement.
Elle sera plus forte physiquement et
plus saine moralement.
Et vous verrez M. Lebureau, que le cou
rant irrésistible emporta, déclarer avant
longtemps, en prenant une pose avanta
geuse, que lui et lui seul est l’auteur de
cette merveilleuse transformation.
HENRI HOURSIANGOU.
i , i .r» —~ ■' 1 "
LE POINT DE VUE SCOLAIRE
O
Au moment où le Sénat discute sur les
moyens de rendre obligatoire en France,
pour la jeunesse des écoles, l’éducation
physique, il m a paru intéressant d étudier-
la question au point de vue scolaire.
L’initiative prise'par M. 1 eministre de
la guerre pour l'aire bénéficier tous les
jeunes des bienfaits de l’éducation physi
que est extrêmement louable, tous les ar
guments qu’il a mis en avant pour soutenir
sa thèse méritent d’être pris en considéra
tion et tous les intéressés, à quelque sphère
qu’ils appartiennent doivent seconder son
action.
Le projet de loi présenté par M. Lefèvre
aux Chambres prévoit que l’enseignement
physique pourra être donné par l’institu
teur. —
Certes, dans son modeste rayon d’influen
ce, celui-ci sera le meilleur guide, le meil
leur éducateur des jeunes enfants qui lui
sont confiés et môme des adultes qui au
ront quitté son école : il connaît bien ses
élèves étant constamment en contact avec
eux, il pourra contrôler journellement les
résultats de son enseignement physique, il
sera à même d'en instruire les parents, il
aura peu de temps à perdre pour être à
« pied d’œuvre ». Etant éduqué lui-même à
l’Ecole normale d’éducation physique, il
est spécialement apte à être l’éducateur
physique du village où il enseigne.
Mais, pour qu’il se donne tout entier à
sa tâche et pour que son travail donne des
résultats tangibles dans la période scolaire,
il faut qu’il soit mis par le législateur dans
les meilleures conditions d’ordre matériel
et moral.
* v
* *
1. Il faut qu’il ait à sa disposition, un
terrain spécialement aménagé pour la le
çon d'exercices physiques. Dans la grande
majorité des écoles,et principalement dans
les écoles rurales, il est matériellement
impossible de bien donner une leçon de
gymnastique, telle que la préconise la mé
thode actuelle de, Joinville. Ordinairement,
la leçon se donne dans la cour de récréa
tion : celle-ci est toujours trôp exigüe le
plus souvent plantée d’arbres, entourée de
trottoirs, creusée de rigoles qui diminuent
d’autant l’espace libre. Le maître est can
tonné par l’exiguité de l’espace dans une
série d’exercices et de jeux où certains
mouvements ne peuvent être exécutés.
Pour éviter les accidents ou en diminuer
les risques, il est obligé de redoubler de
vigilance au détriment de la parfaite exé
cution de la leçon.
D’autre part, la leçon de gymnastique
devant alterner avec d’autres exercices
scolaires, il faut que le terrain ne soit pas
à des distances trop grandes de l’agglomé
ration scolaire : toute perte de temps pour
s’y rendre et pour en retourner serait pré
judiciable à la bonne marche de l’ensei
gnement en général.
Il est donc nécessaire que la commune
soit mise dans l’obligation de fournir à
l’école et pas loin de celle-ci un terrain
aménagé pour l’éducation physique, faci
lement accessible et dont l’entretien serait
entièrement à sa charge. Point n’est be
soin d’un stadium avec tous les raffine
ments des terrains d’athlétisme améri
cains : un espace assez vaste suffirait, que
l’instructeur aménagerait au besoin petit
à petit.
/ * s
* *
2. La loi réglant l’obligation de l’éduca
tion physique doit établir l’obligation de
la leçon" journalière et imposer un temps
approximatif à y consacrer. (Voir métho
des de Joinville). La question est très dé
licate et mérite d’être examinée de près.
En effet, avec les programmes actuels en
usage dans les écoles primaires, la leçon de
gymnastique n’est obligatoire que deux
fois par semaine, à raison de demi-heure
par séance.
Je no m'attarderai pas à démontrer l’in-
sufiisance de cet entraînement à temps
réduit, qui'fait reléguer la leçon de gym
nastique au même rang que les leçons de
dessin, de chant, que l’on donne indifférem
ment au commencement ou à la fin de la
classe, quand en a quelques loisirs. Les
maîtres en éducation physique ont. prouvé
que la leçon doit être journalière et com
plète polir produire le max-imum de ré
sultats.
La leçon journalière serait facile à réa
liser s’il n'y avait que des enfants. Mais il
faut compter avec leurs parents, avec les
familles* Déjà, quand la leçon ne dure que
quelques minutes tous les trois ou quatre
jours, ils la qualifient, de « chinoiserie »,
de perte de temps. Que sera-ce quand l’ins
tituteur consacrera journellement un quart
d’heure, vingt minutes, demi-heure, à cette
branche de l’enseignement ? Quel toile 1
Que de récriminations contre l’école, con
tre ie maître ! Bien peu nombreux seront
les parents qui apprécieront, sainement que
le temps employé à développer et fortifier
î’enfarçt est du temps utilement employé.
Nul douta aue ie public criera,
Mais à quoi bon s’arrêter à ces considé
rations ? La leçon doit être journalière,
il le faut, c’est nécessaire : c’est la loi
qui le décidera. Et de même que les pa
rents se sont inclinés devant l'obligation
scolaire, devant l’obligation plus dure de
payer l’impôt, de même ils accepteront cet
te impérieuse nécessité.
Et les maîtres, sachant qu’ils sont « cou
verts » pai un texte de loi. ou par un rè
glement scolaire s'efforceront de donner à
la leçon d’éducation physique la même
importance qu’aux autres matières du pro
gramme.
, * ..
* *
3 II est une autre mesure radicale que
le législateur doit prendre pour encoura
ger les maîtres à s’adonner-entièrement à
la culture physique : c’est l'abrogation des
dispositions des articles 1382, 1383 du Code
civil et 312 du Code pénal, qui rendent
l’instituteur responsable de tout dommage
causé directement par son fait personnel
(faute,- imprudence, négligence, inobser
vation do * 1 * règlements, etc.)
La leçon de gymnastique telle qu’elle
sera donnée d’après les directives de l’école
de Joinville comporte, surtout- avec les
grands élèves, quelques risques'd’accidents ;
Au cours d'un jeu, pendant une course ra
pide, même pendant l’exécution d’un mou
vement lent, l’enfant peut tomber et se
fracturer un membre, peut faire un faux
nas ou produire un effort trop brusqué qui
provoquera une déchirure musculaire ou
la naissance d’une hernie; il peut contrac
ter une lésion dont on ne s’aperçoit pas
sur-le-champ et qui peut .n’en être que
plus dangereuse. Malgré toute l’attention
de l’instructeur, malgré les recommanda
tions nombreuses qu’il aura pu faire et sou
vent renouveler, il se peut qu’un de ces
accidents se produise.
Qu’advigndra-t-il ? Les parents, toujours
prompts à saisir l’occasion de « taper »
sur l’école et les maîtres (les exemples
sont nombreux et il faut avoir le courage
de le.proclamer), vont actionner la justice
et engager des poursuites contre l’Etat
Celui-ci se retournera immédiatement con
tre l’instituteur, cherchera à dégager sa
responsabilité et a faire établir celle du
maître. Or, chacun sait que dans le domaine
juridique, il est facile de déplacer les res
ponsabilités. Peu de chose suffit quelque
fois à rendre l'instituteur responsable d’un
accident qu’il n’a pu éviter, quand bien
même il l’aura ardemment voulu. Le nom
bre est très grand des condamnations très
onéreuses qui ont ruiné des maîtres
consciencieux au cours de leur dure car
rière.
Qu’adviendra-t-il alors que les chances
d’accidents seront multipliées du fait de
la fréquence plus grande des leçons ?
Et, croit-on que l’épée do Damoclès qui
a nom « responsabilté » et qui est constam
ment suspendue sur la tête des maîtres
puisse laisser à ceux-ci l’ardeur nécessaire
à l’éducation physique ?
D’autre part, si la législation nouvelle,
confiant la direction pratique de la leçon
à des instructeurs militair.es, ne nous laisse
qu’un rôle de direction morale, doit-elle
nous laisser une part de responsabilité
dans le cas d’accident ? Et dans le cas où
un instructeur militaire ne remplirait pris
scrupuleusement sa tâche, augmenterait,
volontairement ou non, les risques d’acci
dents, cpii des deux serait responsable ? Ce
lai qui fait exécuter ou celui qui a la di
rection morale de l’exercice parce qu’il
dirige l'école, en l’espèce l’instituteur de
venu'surveillant ?
Nos législateurs ont un beau geste à ac
complir : qu’ils abrogent hardiment les
dispositions des articles 1382 et 1383 du
Code civil et qu’ils substituent à la res
ponsabilité du maître celle do l’Elat, dans
i’exéc.ution des leçons de culture physi
que. Ils verront combien les maîtres, n’ayant
plus de craintes, apporteront de bonne
volonté, de bonne humeur, d’application à
une tâche pour laquelle ils rechignent bien
malgré eux à l’heure actuelle.
* * -
4. Enfin, la loi en préparation doit prévoir
et organiser le contrôle rigoureux du mé
decin!
Sans entrer dans de trop nombreuses
considérations, il est facile de démontrer
que l’instituteur, n’est pas absolument com
pétent pour classer les élèves en groupes
à peu près homogènes, pour savoir quels
exercices conviennent à certains élèves et
seraient dangereux pour d'autres, pour
déterminer quels sont les mouvements à
proscrire pour quelques uns d’entre eux
et à appliquer' à d’autres, pour constater
si l’enseignement donné est profitable ou,
au contraire, s’il produit des résultats né
gatifs.
Le maître n’est pas suffisamment ren
seigné sur les procédés d’auscultation, de
mensuration, sur les façons de constater
l’état physiologique des enfants pour pou
voir. se passer, dans son enseignement, du
R ÉDACTEUR EN G FfK F t H ENRY HOURSIANGOU
N° 140 — Samedi 17 Juillet 1920
Un lâcher de petits ballons pendant, le concours de VAéro-Club.
concours du médecin. Seul, il pourrait
commettre de grosses erreurs; en colla
boration avec le médecin, il peut arriver
à de bons résultats.
Fl serait souhaitable que cette collabo
ration fut obligatoire; il serait facile de
faire opérer par un médecin (moyennant
rétribution bien entendu), une visite men
suelle ou même seulement trimestrielle à
toutes les écoles du canton et de faire con
signer 1 erésultat de ses constatations sur
une fiche qui serait remise à l’enfant à son
entrée à l’école, que le maître tiendrait à j
jour et que l’enfant emporterait après I
l'école dans la Société de préparation mi- i
litaire cle laquelle il serait membre.
Les instituteurs ne demandent pas mieux i
que de se donner corps et âme à la régé- 1
nérat.ion physique de leurs écoliers et de ;
la race. Mais ils veulent être placés dans j
les meilleures conditions d’organisation et j
de sécurité. L’œuvre à. entreprendre est j
belle et c’est parce quelle nécessite le con- i
cours de toutes les compétences, de toutes |
les bonnes volontés qu’il serait indispeu- |
sable, de voir une entente, s’établir entre I
lés services des deux ministres de l'ins
truction publique et de la guerre et de lar
ges conceptions présider à l’élaboration du
nouveau règlement d’éducation physique
Des modifications radicales, hardies, aux
règlements existants s’imposent d’une fa
çon absolue pour stimuler les énergies et
obtenir des résultats.
( LAFOURCADE, instituteur.
; -■
La médaille militaire
à Henry Hoursiangou
Le Journal officiel du 8 juillet a publié
l'arrêté suivant, portant inscription au ta- :
bleau spécial de la médaille militaire, à la
date du 28 février 1917 :
« HOURSIANGOU (Henri), matricule
1598, adjudant (territorial) à la 6e compa
gnie de mitrailleurs du 3.44e d’infanterie :
» A fait preuve, le 24 août J916, au ,
cours d’une attaque dirigée contre l’enne
mi, d’un courage et d’un dévouement hé
roïques.
» A été blessé très grièvement à la tête
en assurant la liaison entre le chef de ba
taillon et les unités chargées db l’attaque. »
Cette citation comporte, en outre, la
Croix de guerre avec palme.
Tous les collaborateurs de ce journal,
qui sont en même temps des amis d’Hour-
siangouj éprouvent la joie la plus profon
de de cette distinction si hautement mé
ritée.
'Hoursiangou a montré durant la guerre j
les plus belles, les plus rares qualités de j
courage et do sacrifice. Il a voulu mettre j
en accord ses actes et ses principë£r>et a i
fait plus que son devoir, avec cette belle ■
loyauté, cet entrain que donnent un esprit j
franc et une conscience nette, avec tout ce j
qui fait dé lui le plus sûr, le meilleur des ;
amis.
Très affectueusement, nous lui adressons ;
nos félicitations bien cordiales. Il n’est pas |
un sportsman véritable dont nous. ne !
soyons l’interprète en faisant cela.
L'ATHLETE .
Yékdrome du Stadium
Trois heures h l'américaine avee
les meilleures équipes régionales,
dimanche 18 juillet h 15 heures.
La direction du Stadium, voulant varier
ses programmes, a mis sur pied, pour di
manche, une épreuve athlétique par des
sus tout : trois heures à l’américaine. Voilà
de quoi donner aux spectateurs qui vien
dront au Stadium satisfaction complète.
Pour tous ceux qui ont présent à la mé
moire les courses fournies par les Canton,
Piquemaî, Delbos, Dumercq, Baylac, etc.,
la lutte sera chaude et âpre, car les équi
pes constituées d’une façon homogène, sont
bien près les unes des autres.
Qui serait capable d’indiquer avec cer
titude la victoire d’une équipe parmi le
lot des
LANUSSE — DELBOS
LAMAISON — CANTOU
KQRBARCH — PIQUEMAL
APGUEY frères.
BAYLAG frères
DUMERCQ frères, etc.
Un attrait vient de plus s’ajouter à
l’épreuve : c’est la présence de Itorbarch,
gagnant du championnat de France mili
taire, vainqueur des frères Dumercq au
Parc, et qui ne s’est pas encore rencontré
avec Lanusse et Lamaison.
Choisi avec Lanusse pour représenter nos
couleurs aux championnats du monde ama
teur, nous aurons de ce fait un avant-goût
de la lutte qu’ils auront à soutenir pour
ravir aux étrangers un titre dont tous com
prendront l’importance.
. Les prix que les équipes auront à dis
puter sont de 500 fr. au premier; 350 fr.
au deuxième; 250 fr. au troisième; i50 ,fr.
au quatrième; 100 fr. au cinquième; 80 fr.
au sixième; 60 fr. au septième; 40 r. au
huitième.
A ces prix déjà importants viendront
s’ajouter une prime de 100 fr. à l’équipe
qui prendra un tour et 50 fr. à celle qui
passera en tête (doublée ou non) tous les
trois tours, plus un nombre très important
de primes.
La direction voulant faire une réunion
entièrement sportive, a pris la décision
que nous ne pouvons que féliciter, de ren
dre un tour en cas de crevaison et les tours
perdus en cas de chute.
Aux équipes déjà énumérées, nous de
vons ajouter celle formée par Luguet et le
remplaçant d’Alavoine, ce dernier ne pou
vant effectuer le déplacement.
Quel sera celui-ci ? Godivier, Georget,
Deruyter ? Dès que l’engagement sera con
clu, la direction le fera connaître soit par
affiche, .soit par la voie des quotidiens.
Pour cette importante réunion qui com
mencera à 15 heures et à laquelle partici
peront les équipes de l’Union athlétique
bordelaise et du Cerceau bordelais dans
une épreuve du mille anglais par relais,
le prix des places a été fixé à :
Tribune, 8 fr.; promenoir de tribune,
6 fr.; pelouse, 4 fr.; populaire, 3 fr.; mili
taires en tenue, 2 fr.
Orchestre Poulvelarie.
N "achetez plus U« ATHLETE »
.A.-001*2 IW23S5-VOUS
Vous ferez une Bonne Affaire
30*3? ANrOTCTSS AUSSI
U N MONSTRE AERIEN
Le zeppelin L~7 2 qui vient, de nous être livré par If Allemagne.
L’effort athlétique
du Tour de France
Le Miroir des Sports dont notre ami, An
dré Glarner , est rédacteur en chef , -publie
l'intéressant article que voici :
Jadis, un ouvrier n’avait satisfait son
ambition qu après avoir accompli son
« Tour de France ». Il partait de son vil
lage, sa besace sur l’épaule, et puis, par
le « train n. 11 » — car il n’en exis
tait pas d’autre — il s’en ^ allait par
courir la « doulce France ». Son cerveau
rude et sain prenait des vues de toutes
choses : il ne se perfectionnait pas seule
ment en louant ses services, il perfection
nait encore son intelligence. C’était, à la
fois, son apprentissage qu’il terminait et
son esprit qu’il achevait de meubler.
Je ne veux point dire que, comme du
temps de Molière, nous avons mis le cœur
à droite, mais la vie a évolué. Autrefois,
l’ouvrier qui faisait son Tour de France,
faisait, tel M. Jourdain, de la marche sans
le savoir. Aujourd’hui, le « Tour de Fran
ce cycliste » achève aussi son apprentis
sage, il prend aussi des vues sur toutes
choses et « quibusdam aliis », mais il fait
du sport.
Entendez par là qu’il a adjoint, — qu’il
s’en rende compte ou qu’il n’en ait pas
conscience — qu’il a adjoint à la forma
tion de son cerveau, à l’éducation profes
sionnelle de son intelligence, la culture de
son corps et de ses muscles. Car tout est
là aujourd’hui, et si le cœur à droite de
Molière est demeuré une farce énorme, le
« mens sana in corpore sano » est enfin
.devenu une vérité élémentaire, indiscuta
ble et indiscutée. Evidemment, ce n’est pas
venu en un jour, mais cela est une autre
histoire et nous emmènerait trop loin.
« Je suis désolé, m’écrit un tout petit,
tout humble, tout modeste, tout obscur mé
canicien de province. Je m’étais préparé
au Tour de France comme on se prépare
à la première communion et je viens de
me blesser assez sérieusement pour être
dans l’impossibilité de partir. C’est une
catastrophe, et mes enfants eux-mêmes ont
beau me consoler, me dire que je parti
rai l’an prochain, pensez donc, si j’étais
parti, c’était mon petit magasin lancé,
c’était la fortune, c’était la gloire ! »
Ce n’aurait été, sans doute, ni la fortu
ne, ni la gloire, mais ce brave homme, tout
à fait de son siècle, se promettait, s’il avait
pu courir, de dire comme les vieux gro
gnards d’Austerlitz : « J’en étais ! » et, ce
disant, il n’aurait pas été si ridicule que
cela.
Aujourd’hui, c’est le rêve de tous les
cyclistes d’avoir été du Tour de France.
C’est un peu de gloire déjà d’avoir pris
le départ, c’est de la gloire de l’avoir ter
miné, c’est l’apothéose de l’avoir gagné p+
c’est aussi la fortune. Imaginez que ces
hommes qui sont partis le 27 juin, ne re
viendront que le 25 juillet. Imaginez que
tous les deux jours, il va leur falloir se
remettre en selle pour ne jamais couvre
moins de 325 à 350 kilomètres (souvent
plus de 400 kilomètres). Imaginez que,
dans ce parcours de près de 6.000 kilomè
tres, il leur a fallu escalader les rudes con
treforts de la Seine-Inférieure, des Côtes-
du-Nord et du Finistère et languir, près
de 500 kilomètres durant, de Nantes à
Bayonne.
Us vont dompter les cols pyrénéens et
ma plume est malheureusement inhabile
à vous dire ce que cela représente. Songez
pourtant qu'il y a là, en une seule étape,
cinq cols à franchir, qui dépassent tous
2.000 mètres d'altitude (le Tourjnalet en a
2.200). Savez-vous qu’en haut du col de
Puymaurens, par exemple, beau gèle en
plein été et que, 20 kilomètres plus loin et
plus bas, le‘soleil marque 55°. Savez-vous
que nos pauvres petits, dans les déserts
arides de la Cran souffrent tellement de la
chaleur qui’ls semblent de malheureux in
sectes piqués par une épingle sur une ta
ble chauffée à blanc.
Puis, voici les Alpes énormes. Il leur
faut gagner les neiges éternelles par les
cols immobiles et silencieux. Ces solitudes
magnifiques ne sont troublées qu’une fois
l’an en juillet, par les bravos des fidèles
accourus de tous les coins de France.
Leurs fatigues ne sont pas tèrminées
après l’ascension , du Galibier (2.65C mè
tres), ils ont encore à escalader la Faucil
le. Et puis c’est, comme on dit, le com
mencement de la fin. Mulhouse bientôt les
accueillera avec ses foules énormes accou
rues de l’Alsace, Strasbourg, Metz, Briey,
Charleville, Lille, passeront comme un rê
ve.
Hélas ! il leur faudra regarder encore,
des centaines de kilomètres, ce que les
barbares ont fait de notre sol, les villages
anéantis, les villes écrasées, les plaines
entières envahies par les plantes parasi
taires, les étendues énormes qui ne revL
vront jamais.
Mais comment s’arrêteraient-ils à tou
tes ces tristesses ? Ne sont-ils nas les juifs
errants du Sport, les Pierre l’Ermite de la
Croisade sportive ? Ne sont-ils pas les
exemples magnifiques des volontés moder
nes.
Déjà, en quittant Dunkerque pour ren
trer à Paris, ils ont un avant-goût des
gloires qu’ils ont rêvées. Des foules im
menses et kilométriques leur font, sur tout
le parcours, un dôme de bras levés pour
les applaudir, une haie qui leur chante
les fanfares joyeuses de la victoire. Vovez-
les ! Déjà ils ne sentent plus leurs fatigues.
Et quand, dans l’immense arène du Vé
lodrome, ils font le kilomètre final de là
prestigieuse randonnée, rega.rdez-Ies, ils
ont la joie au cœur, la fierté dans le re
gard. Interrogez-les et vous allez reconnaî
tre tout de suite le Français et l’homme
de sport : « Moi, vous diront-ils, je suis
tout prêt à recommencer ! »
Ah î petits Cyranos étourdissants, vous
l’avez, vous, le Panache !
La vérité vraie, c’est qu’après un mois
de cette besogne de titans, ils vont dormir
à poing- fermés pendant quarante-huit
heures et qu'ils maudiront encore, à leur
réveil, l’inventeur soussigné de leur sup
plice qui, tous les deux jours, pendant un
mois, les faisait lever à minuit pour les
lancer, quinze heures durant, à la con
quête d’un peu de gloire sportive.
Henri DESGRANGE.
CYCLISME
"" *""" 11 II—
REVUE DE LA SEMAINE
0 ■£>—— —
La foule des grands jours assista, dimanche,
à la réunion du Stadium. — Enlevant la vi
tesse, sur bicyclette FARET, Lanusse, seul
de nos sprinters fît preuve de régularité. —
Godivier, vainqueur du match derrière tan
dems. — Quelques reflexions sur le tour de
France. — L’Australien Bob Spears a ceint
l’écharpe de la ville de Paris. — Notre ré
gional Rohrbach, sur bicyclette FARET,
champion de France militaire de vitesse. —
Le championnat de France professionnels
vitesse.
Les sportifs qui ont fait, dimanche dernier,
le déplacement au vélodrome du Stadium,
n’ont pas eu à le regretter, car, si le match
des stayers, par le fait des entraîneurs, lais
sa à désirer, ils ont, par contre, assisté aux
péripéties d’une course de vitesse hors ligne
et constaté en même temps, en jetant un sim
ple coup-d’œil sur les diverses enceintes réser
vées au public, combien le sport cycliste était
prospère et encore en faveur auprès des mas
ses.
Un simple chiffre donnera une idée du nom
bre des spectateurs qui se pressaient autour
de l’anneau talençais, la recette dépassa
18,000 francs.
Le prix ue vitesse a été enlevé par le ra
pide champion de La Bastidienne Lanusse,
incontestablement ie seul de nos sprinters ré
gionaux ayant fait montre, depuis le début de
la saison, de régularité.
Lanusse a battu dans l’épreuve, Laborde,
de l’A.S.M., et le populaire Cantou, du S.A.B.,
dont d’autre part, les courses routières sont
ni plus ni moins remarquables en ce moment.
On voit, par cela même, que cette vitesse
nous a valu de bien grosses surprises. De fait,
elles ont été sensationnelles, encore que tout
se soit passé à la satisfaction générale, le
public ayant été littéralement emballé, et son
attention agréablement éveillée en voyant,
fait très rare, deux routiers parvenir à la fi
nale.
En premier lieu, Fernand Dumercq s’est vu
éliminer de la bataille en so faisant battre
de peu dans sa série par Cantou, dont il ne
s’était probablement pas rappelé à temps la
mise en aetion subite, suite d un démarrage
remarquable, il succomba ensuite, sans avoir
bien défendu' sa chance, dans le repêchage;
en second lieu, une des bonnes ficelles de La
maison et tressée savamment par le Grand-
Père, fut supérieurement éventée, dans la
première des demi-finales, par Laborde qui
triompha.
En dernier 1 ieai enfin, Lanusse s’étant qua
lifié pour la finale, devant Marcel Bevlac et
Massai, Cantou réglait à son tour, dans la
troisième demi-finale, Roger Dumercq et Mau
rice Beylac.
La finale donna donc les résultats suivants :
1. Lanusse ; 2. Laborde, à une demi-longueur;
3. Cantou, à une longueur.
La victoire du B asti dieu fut très nette, mais
on ne peut dire aisée, cor Laborde, qui pos
sède une bonne pratique d’avant-guerre, et
toutes les roueries que peut permettre le ci
ment. talençais,adopta une tactique qui eût pu
être fatale à F ex-coureur de la Pédale et
chambarder les pronostics. En effet, les trois
concurrents, rasant les balustrades au haut
du virage du quartier des coureurs, Laborde,
placé en seconde position derrière Lanusse,
piongeant d’un irait à la corde, démarrant
sec, inquiéta sérieusement ce dernier jus
qu’à dix mètres du poteau.
Les 200 métrés furent couverts en 13 s. 2/5.
*
* *
Maintenant, il me faut avec regret remiser
l'encensoir, car malgré le vif désir que j’ai de
plaire à la direction de Tadenoe, je dois à i a
vérité de dire que le match derrière entraî
neurs humains ne confirma pas les légitimes
espoirs que-nous avions fondés sur lui, et cela
par le fait, je l’ai déjà dit, de la défectuosité
de l’entraînement.
Un match mettant au prises des hommes de
la classe d’un Léon Georget, d’un Godivier,
'd’un Luguet sur 50 kilomètres, comme c’était
le cas, exige la collaboration d’un service
d’entraînement irréprochable et, reconnais-
sons-le franchement, sans parti pris, nous ne
vîmes, dimanche, à ce sujet, que désordre et
cafouillage.
Certes, pour se cantonner autant que pos
sible dans l’impartialité, il y a lieu de ne pas
méconnaître les difficultés de l’heure actuelle.
dont la plus importante réside dans la rareté
des hommes de tête, de ceux de nos régio
naux pouvant se placer sans danger et avec
efficacité à la direction d’un tandem.
Le public, qui murmura, ne doit pas oublier
que nous sortons de cinq années de guerre et
que l’entraînement par tandem est une scien
ce qui ne s’apprend qu’après une pratique as
sez longue et minutieuse; mais là où fi y a
lieu de suivre ce même public dans ses récri
minations, c’est de ne pas avoir constaté com
me autrefois, mie direction ferme, indiscutée
et ebéie de l’entraînement. Pas tant de per
sonnel sur la pelouse. Vous avez trois
matcheurs Ayez trois camps d’entraînement
bien distincts, sous les ordres d’un seul cnef
nanti d’un aide. Les officiels ? qu’ils restent
au poteau ou dans les virages, à leur place;
ils n’ont absolument rien à faire dans les
camps d’entraînement.
Voilà la formule, je n’en connais pas d’au
tre; elle donna autrefois d’excellents résultats.
Interviewez Luguet, qui resta un moment di
manche sans équipes, il vous expliquera com
ment, dans le temps, au cours d’un match
resté mémorable, fut dirigé par son père son
service d’entrainement.
Cette épreuve laissa donc à désirer; Léon
Georget, victime en outre d’urne crevaison
dians l’un des virages, tomba et abandonna
par suite d’une luxation de l’épaule gauche,
et cela vers le dixième kilométré.
Godivier et Louais Luguet restèrent donc
seuls en piste; le premier s’échappa passé les
30 kilomètres, Chadeau-Laborde ayant été les
artisans de ce lâchage. Lnfin, la lin fut Sun-
nee et Godivier, qui fit, malgré tout, montre
de très belles qualités au cours de ce match
termina par un tour d’avance sur Luguet,
qu’il battit en outre au sprint par une lon
gueur, rrotre régional ayant lutté de vitesse
avec le vainqueur, malgré ses 400 mètres de
retard. D’où confirmation du résultat.
Les 10 kilomètres furent couverts en 13 m.
7 s., les 20 en 26 m. 29 s., les 30 en 40 m. 16 s.-
enfin, temps remarquable, les 50 kilomètres
en 1 h. 8 m. 2 s.
Les cinq équipes suivantes : Beyiac-Lamai-
son, Apouey jeune-Laborde, Dumercq frères,
Lanusse-Delbos et Cantou-Beylac, lorsqu’elles
s’employèrent, furent à la hauteur de leur
tâche, les deux suivantes : Gaillard-Massai et
Chadeau-Laborde, furent à peu près impec
cables dans leurs relais. Autre fait à signa
ler : à la suite d’une crevaison, quoique placé
dans une sortie de virage, Cantou, tenant la
direction, plongeant à là corde, évita magni
fiquement l’accident.
Une course de tandems et une course par
élimination complétèrent le programme de ia
réunion. Très disputée, la finale de la premiè
re revint à l’équipe Lanusse-Delbos, devant
Dumercq frères et LamaisorvCantou: enfin/
réservée aux coureurs de deuxième catégorie
et débutants, l’éliminatoire fut enlevée dans
un bon style par Maurice Beylac, réglant
dans l’ordre Raynaud et Fauché/
* .
* * —
La moitié du Tour de France est accomple,
nos grands routiers vont bientôt remonter
vers le nord et voir de jour en jour, certaine
ment avec quelque plaisir, se rapprocher la
capitale.
Que de faits saillants se sont passés au
cours de ces derniers jours ! Victoire de Lam-
hot, de Rossius, d’Heusgbem, enfin abandon
de Christophe. Débarrassés du vieux, à tour
de iôle, les Belges vont pouvoir aisément
triompher.
Ce dernier incident sera certainement con
sidéré par la France qui cycle comme le plus
important de ceux s’étant produit au cours du
Tour de 1920.
En effet, si l’arrêt d’pn Alavoine et surtout
d’un Pélissier, en désagrégeant le team fran
çais, lequel avait le droit de compter sur leur
vaillance, provoqua des critiques justifiées,
l’abandon de l’homme de tête le composant,
et Christophe était celui-là, n’est pas fait, cela
se conçoit, pour donner aux sportsmen une
impression bien agréable.
La semaine dernière, quoique pressentant la
possibilité de cet abandon, ne voulant pas me
rendre entièrement à l’évidence, j’avais for
mulé l’espoir que dans les cols pyrénéens,
Christophe améliorerait son classement.
Hélas ! souffrant, courbaturé, luttant depuis
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