Titre : Gazette nationale ou le Moniteur universel
Auteur : France. Auteur du texte
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1843-12-04
Contributeur : Panckoucke, Charles-Joseph (1736-1798). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb34452336z
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Description : 04 décembre 1843 04 décembre 1843
Description : 1843/12/04 (N338). 1843/12/04 (N338).
Description : Collection numérique : France-Brésil Collection numérique : France-Brésil
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k4446892q
Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, GR FOL-LC2-113
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 15/07/2018
PARTIE OFFICIELLE.
MINISTERE DE LA GUERRE.
Succession vacante.
ALCÉBIK.
LA GALLE.
Miliano Arcangtdo, jardinier, domicilié à La Cille, décédé
le 19 août 1813. Estimation approximative de sa succession :
dix-neuf francs quatre-vingt-cinq centimes.
PARTIE NON OFFICIELLE.
INTÉRIEUR.
Paris, le 5 décembre.
Le Gouvernement n'a eu connaissance que par le jour
nal le Commerce de la prétendue avanie dont Ben-Gannah
aurait élc victime, et des conséquences qui en seraient
résultées dans la province de Constantine. Nous sommes
autorisés à déclarer qu’aucune nouvelle, directe ou indi
recte, n'est venue donner la moindre consistance à de pa
reilles assertions.
Nous sommes autorisés, en outre, à maintenir tout ce
qui a été dit pour désavouer la nouvelle de la désertion
du kalifa de Tlemcen et de la défection des tribus de cette
province, empruntée par le journal le Commerce au Séma
phore de Marseille.
A l'occasion de la demande en renvoi formée devant la
cour de cassation par MM. Dujarrier et de Girard in, plu
sieurs journaux ont prétendu que communication avait été
donnée, à la chancellerie, des présentations faites par les
chefs de la cour royale de Limoges.
Le fait est complètement faux ; et si ces journaux
avaient suivi avec plus d’attention les débats qui ont eu
lieu devant la cour de cassation, ils se seraient convain
cus qu'il en résultait évidemment que cette communica
tion n’a pas été faite.
FAITS Ï8ÎVEBSS. — PARIS. — On a placé sur la
façade de la maison rue Richelieu, n° 3-i, au second étage,
un très-he îu cadre en marbre blanc, au milieu duquel on lit,
sur un fond noir, écrit en lettres d’or :
Molière est mort dans cette maison, le 17 février 1673, à
l’âge de cinquante-un ans.
Cette inscription est surmontée du millésime 1844, enca
drée dans une couronne de laurier.
DÉPARTEMENTS. — On écrit de Bordeaux, le 29 dé
cembre : M. le comte Bresson, ambassadeur d’Espagne, est
passé aujourd hui à RmJcaux, à quatre heures du soir. >1. lo
comte Rrcsson se rend à Madrid. Il est descendu à l’hôtel
de Rouen. M. le prince Albert de Rroglie, second secrétaire
par intérim île l’ambassade de France à Madrid,est descendu
hier à l’hôtel de Rouen.
— Le conseil de l’ordre des avocats du barreau d’Aulun
vient de créer un bureau pour donner gratuitement (sauf le
prix du timbre), des consultations aux indigents porteurs
d’un certitic.it du maire de leur commune constatant celte
indigence.
— Dimanche soir, à Mulhouse, dans l’auberge du Canon,
appartenant à M. II. Risler, et située sur le chemin dit la
Wamm, dont une grande partie sert de salle de danse publi
que, et l’autre partie d’auberge, pendant qu’on dansait, tout
à coup le plancher de cette partie est tombé dans la cave, en
entraînant avec lui beaucoup de personnes qui ont été bles
sées. Un ouvrier cordonnier a eu la jamhée cassée. M me Ris
ler et plusieurs autres personnes sont plus ou moins griève
ment blessées. Dans l’autre partie de la salle on a continué
de danser jusqu’à ce qu'on ait entendu les cris des blessés,
auxquels les danseurs sont venus alors porter secours. {UAl
sace.)
— On lit dans le Journal de Toulouse : L’Emancipation
d’hier contenait une affreuse nouvelle, que nous sommes
heureux de pouvoir démentir. Suivant cette feuille, une par
tie de la ville de Villcneuve-d’Agcn aurait été dévorée par le
feu. Le tout se réduit à l’inctn lie de deux vieilles maisons
en pans de bois.
AEG ÉBtIE. — Biooraphic de Sidi-Mohammed-bcn-AUul-
Outid-Sidi-Alg hen-Embarak, kalifa de Ternir Abd-el-
Kadcr. (Extrait de la Biographie inédite de M. Joanny-
Pharaon.)
L'importance que les circonstances politiques ont donnée
à l’émir Abd-el-Kader ont fait rejaillir l’intérêt sur les indi
vidus qui s’étaient ralliés à son parti, soit qu’ils fussent diri
gés par l’ambition, soient qu’ils aient été entraînés vers son
camp par le noble sentiment de la nationalité ; il n’en est pas
moins vrai que chacun de ces personnages est un satellite
obligé qui suit la planète de l’émir, et dont les détails ne doi
vent nous être ni étrangers ni indifférents.
Les brillantes opérations amenées par la prévoyance de
M. le maréchal gouverneur général, et si bien conduites par
le général Tempourc, non loin de Mascara, a coûté la vie à
l’un ues hommes les plus éminents (le la suite «le l’émir, à
l’un de ses lieutenants les plus courageux et les plus lins à la
guerre comme au conseil.
Nous croyons être agréable au public en lui livrant une
esquisse rapide et légère de ce chef iniluent.
Sidi-Mohammc J-ben-Allai -Oulid-Sidi - AI y-lien - Embarr k
était lils du marabout si renomme et si vénéré nommé Sidi-
Allal-ben-Sidi-Mohammcd-cl-Aklial ; Oulid-Sidi-Aly-bcn-Em-
barak, naquit à Colcah, résidence séculaire de sa famille,
dans l’année 1811 ou 1812, cinq ou six ans environ avant
l’expédition de lord Exntoulh à Alger.
Sa famille jouissait dans le pays il’une grande influence
due autant au titre de marabout qu’à l’austérité de ses prin
cipes religieux. Cette influence s’accroissait encore de toute
celle qu’exerçait la famille de Sidi-cl-lladj-ben-Mahia-el-
Din, à laquelle elle s’alliait constamment par les femmes.
C’est cette intimité, c’est cette égalité de vénération et d’in
fluence, c’est ce partage de souveraineté religieuse sur la ville
de Colcah, dite la Sainte, qui a ou faire croire que ces deux
familles, bien différentes dans leurs origines, n’en faisaient
qu’une, qui a amené nécessairement cette confusion dans les
noms et les personnes.
Sidi Embarak, dès les premières années de son enfance,
annonçait déjà un esprit vif et pénétrant ; ces heureuses dis
positions, jointes à l’activité de scs exercices, lui firent met
tre entre les jambes un cheval longtemps avant l’âge où les
Arabes sont dans l’habitude de confier un coursier à leurs
enfants. Son père, homme suffisamment instruit, confia au
célèbre et savant professeur Abd-el-Kader Robéi le soin d’in
struire son fils dans la science du Coran et les beautés de la
langue arabe.
L’élève sut mettre à profit le temps qù’il passait à étudier
près de son maître, dans la zaouïa de scs pères.
Rien rt’a marqué sa jeunesse de traits assez saillants pour
que nous puissions en entretenir nos lecteurs. Nous arrive
rons donc à ce moment où les circonstances politiques l’ont
conduit à accepter un rôle dans les affaires de son pays conter
nous. Cette époque remonte à l’année 1832.
Il est donc important de rappeler à ce sujet que M. le doc
de Rovigo avait fait nommer ou maintenu aux fonctions d’aga
des Arabes, en remplacement de Sidi-Moustapha-Bourcaïd,
Sidi-el-Hadj-el-Seghir, qui ne put, malgré une haute consi
dération, un traitement énorme et d’excellents conseils, con
cilier son fanatisme avec les devoirs que lui imposaient les
fonctions qu’il avait acceptées du Gouvernement français.
Tourmenté par les Arabes, perfidement instruit par les
Maures d’Alger, influencé par sa famille, il céda à de mau
vais conseils, se laissa entraîner et faillit.
Sa défection eut pour résultat une levée de boucliers qui
amena le combat du 2 septembre 1832, à Bouffarick, combat
qu’anima par sa présence notre transfuge aga, et auquel as
sistait le jeune Suli-Embarak, avec son père Allai.
ues Arabes furent défaits dans cette journée, et Sidi-Allal
et son fils, dont il est question ici, furent faits prisonniers et
conduits à Alger. C’était pour le duc de Rovigo une garantie
en quelque sorte morale de la conduite future de l’ex-agha
Sidi-el-Iladj-ei-Seghir. Mais ces deux arrestations, assez im
portantes par elles-mêmes, ne suffisaient pas ; il fallait ef
frayer les populations et leur faire redouter à l’avenir toute
prise d’armes contre nous ; en consèqueace, la ville de Co-
leah, siège des deux familles instigatrices de la guerre, lut
frappée d'une contribution de 200,000 douros, rançon des
deux prisonniers. Sidi-Allal fut désigné pour aller recueillir
cette somme ; il fut en conséquence mis en liberté provisoire,
tandis que son fils resta parmi nous comme otage et garantie
de la parole de son père. Cette énorme contribution n’a pro
duit dans les caisses de l’Etat qu’une somme de 10,000 fr.
environ, qui fut rapportée par Sidi-Allal ; c’est tout ce que
l'on put avoir. La récolte eut été bien plus productive, sans
atteindre vraisemblablement le chiffre voulu, si le Gou\er-
nement eût fait appuyer la quête du marabout collecteur par
une batterie d'artillerie, et la menace de détruire la ville et
les saints tombeaux (au nombre de cinq) qu’elle renferme, cl
qui sont un lieu de miséricorde et de pèlerinage pour toute
l’Algérie. Mais notre système de conciliation, venant toujours
contrarier toute mesure justement rigoureuse et digne de
faire réfléchir l’Arabe, que l’on ne peut réellement bien con-
du rc et gouverner qu’en le frappant du bâton et de contribu
tions, dut nécessairement amener la mise en liberté des deux
prisonniers de guerre, qui retournèrent à Coleah vers la fin
de 1832. Dans le commencement de l’année 1833, Sidi-Allal,
accable par l’âge et les infirmités, mourut au lieu de sa nais
sance et près du tombeau de ses pères.
Pendant tout le courant des années 1833, 1834 et 1835,
il ne se passa rien de remarquable qui put avoir quelques
rapport avec Sidi-Embarak, qui s’etait borné à fréquenter
paisiblement nos marchés et la ville d’Alger,* jusqu’à l’arri
vée de M. le gouverneur général comte d’Erlon.
Celle époque fut, on peut le dire, l'Eldorado des Arabes,
et ils se servirent des énormes faveurs qui leur étaient ac
cordées, pour établir entre eux les rapports qui plus tard
firent éclore la guerre générale qui cdala en 1839, et que les
hautes capacités militaires de M. le maréchal Bugeaud ter
mineront bientôt, il faut l’espérer à la gloire de l’humanité
et à l'honneur de la France.
Jusqu’en 1837, Sidi-Embarak n’eut d'aulrcs soucis que
ce’ui de dépenser sa vie au sein des plaisirs licencieux que
lui présentaient les occasions sans cesse renouvelées par l’é
trangeté de sa qualité (le marabout, qui aurait dû lui faire
repousser toute licence au lieu de les accepter avec cette
faiblesse qui dégrade l’homme.
A ces joies qu’il trouvait dans les libations journalières
succéda chez lui une sorte de terreur intuitive qui lui fit
craindre, nous ne savons trop pourquoi, une arrestation ou
de mauvaises intentions sur sa personne ; la captivité de son
père, sa maladie, le soupçon que sa mort avait été causée par
un empoisonnement, lui revinrent en foule à l’esprit et déci
dèrent sa fuite. Il se relira entouré de la considération due à
son nom dans la tribu du Bou-Hèlouan, située sur la route
de Milianah, entre le marabout de Sidi-Ab j-el-Kader-Medfa
et le Gonllias.
C’est là que l’émir Abl-el-Kader, dans l’une des fréquen
tes visites qu’il faisait aux tribus pour les préparer à la résis
tance, le vit pour la première fois, et sut apprécier ses moyens
et concevoir l’espérance d’un retour sérieux vers le fanatisme
religieux duquel il s'était écarté.
A ce même moment , notre ancien aga Sidi-el-lhdj-el-
Seghir gouvernait Milianah au nom et pour le comate d’Abd-
el-Kader.
A la mort de ce personnage, qui eut lieu dans le courant de
l’année 1839, et que l’on avait attribuée (à tort ou à raison)
a un empoisonnement, l’émir lui donna pour successeur Sid-
Mohamed-bcn-Allal-Oulid-Sidi-Aly-ben - Embarak , qui avait
tenu une correspondance active avec ce prince , lequel en
avait conservé le souvenir.
Sidi Embarak fut des ce moment l’un des plus grands ki-
hfas d’Abd-el-Kader ; il fut aussi le plus influent dans la déci
sion des affaires, le plus sévère dans la discipline, et, chose
remarquable, le plus rigide observateur des mœurs et des lois
musulmanes, comme il s’en est montré le zèle défenseur jus
qu’à sa mort.
Pendant tout le temps de la guerre soutenue par les maré
chaux Valccct Bugeaud, Sidi-Embarak se montra notre en
nemi acharné, et, en apparence,d’une fi lélitéà toute épreuve
aux intérêts de l’émir. Néanmoins cet acharnement contre
les Français, ce dévouement à son souverain, eussent changé
en lui dans les trois ou quatre pourparlers ou entrevues, soit
avec Sidi-ben-Youssef-Oulid-Sidi-IIabchi, alors katd des Had-
joutes r-t Sidi-Cadduur-Bou-Rouila , son premier secrétaire,
tant a Blidah que près de la Chiffa, si les négociateurs char
gés de cette mission eussent consenti à remplacer l’émir
Abd-el-Kader par le futur émir Embarck, ainsi qu’il le de
mandait lui-même avec l’appui de notre protection physique
et morale.
Des prétentions aussi ridicules furent naturellement re-
ponssées par nos habiles et sages négociateurs. Il va sans dire
que dès ce moment Sidi-Embarak devint notre ennemi irré
conciliable, et c’est à ce litre, nul doute, qu’il commandait à
la dernière affaire où il perdit la vie.
Cette inimitié a bien pu s’accroître naturellement par la
prise de la ■ smalah, enlevée par S. A. R. Ms r le duc d’An-
male où sa femme, ses enfants, ses cousins et son frère fu
rent faits prisonniers, amenés à Alger et de là en France.
Nous devons néanmoins excepter de la famille de Sidi-Em
barak, notre kalifa Sidi-Aly qui, quoique son cousin, vint à
nous, entraînant dans son parti tous les lladjoutes, autant
par attachement pour notre cause que par le ressentiment
qu il conservait dans sa destitution, comme kaïd des Had-
joutes, lors de l’avénement de son cousin Sidi-Embarak au
gouvernement de Milianah.
„ Quelques mots encore sur les derniers moments de Sidi-
Embarak.
Il avait clé, dit-on, reconnu par le capitaine Cassagnoles
qui fondit sur lui, au moment même où un brigadier ou chas
seur attaquait le kalifa; le général arabe serré de près tua
de deux coups de pistolets le chasseur et le cheval du capi
taine. Un autre chasseur vint immédiatement au secours de
son chef, en portant au kalifa un coup de sabre qui lui fendit
légèrement le crâne ; ce brave militaire fut blessé grièvement
et mis hors de combat; c’est alors que le brigadier Gérard,
renversa roide mort d’un coup de feu Sidi-Embarak, et eut
ainsi l’honneur de délivrer l’Algérie d’un ennemi influent et
dangereux.
Notre justice de biographe et de chroniqueur nous porte
à déclarer que Sidi-Embarak est mort en brave chevalier du
moyen âge, avec toute la poésie du fanatisme religieux, de
la valeur et de l’énergie qui distinguait les hommes de cette
époque remarquable de l’histoire générale.
Sa tête fut transportée à Alger où elle fut visitée et recon
nue par tous ceux qui avaient eu des rapports avec lui pen
dant le temps de la paix ou de la guerre.
Sidi-Embarak était borgne depuis son enfance et devait
cette infirmité à un coup de bâton qu’il avait reçu. Sa tête,
préparée par M. le docteur Amstein, a été daguerreotypée,
moulée et dessinée par MM. de Coraan, le capitaine d’état-
major Appert, et Durand, professeur de dessin au collège.
ÉTRANGER. — M. le cadinal Charles-Marie Pedicini, né
à Benévent le 2 novembre 1769, promu par Pie VII à la
pourpre sacrée dans le consistoire du 10 mars 1823, évêque
de Porto, Sainl-Rufinc et Civita-Vecchia, sous-doyen du
sacré collège, vice-chancelier et somruistc de la chambre
apostolique, préfet de la congrégation des Rites, commanda-
laire peroctuel de Saint-Laurent in Damaso, est mort à
Rome le 21 novembre.
CITATIOÜ.
Le sieur Michel-Daniel Zollikofer, menuisier de Saint-Gall,
en Suisse, dont le séjour actuel est inconnu,
Est cité péremptoirement par la présente à comparaître, le
lundi 22 avril 1814, à dix heures du matin, devant le con
seil de l’église évangélique de Saint-Gall, soit en personne,
soit par un représentant muni de ses pleins pouvoirs, à l’effet
de répondre à la demande en divorce que sa femme, Marie-
Elisabeth Yonwiller, a formée.
Le tribunal prévient ledit sieur Zollikofer qu’en cas de non-
comparution de s .a part, il sera passé outre, et la cause sera,
par contumace, discutée et jugée au fond, comme de droit.
Siint-Gail, le 17 novembre 1843.
Le secrétariat du conseil de l’église évangélique.
SCIENCES.
Rejet de l'organologie phreno/ogique de Gall et de ses succes
seurs ; par F. Lèlut, médecin en chef de la 3‘ section des
aliénées de l’hospice de la Salpétrière, etc. — Un volume
in-8°.
Si l’on jugeait de la bonté d'une doctrine scientifique ou
philosophique par le bruit quelle a fait, celle de Gall mé
riterait certainement une incontestable suprématie. Aus
sitôt que le docteur germain eut fait son entrée à Paris,
ce qui eut lieu le 30 octobre, 1806, à midi précis, selon la
remarque d’un de ses plus fervents disciples, les cent voix
de la renommée ne manquèrent pas d’assurer l'excellence,
l’infaillibilité de la phrénologie. C’était un bruit, un concert
d éloges qui passe aujourd hui toute croyance. Les gens
du monde ne s abordaient plus qu'en parlant de l’éton
nante, de la merveilleuse doctrine ; le cranioscope docteur
était vanté, entouré, flatté, convié de toutes parts, et cha
cun se découvrant devant lui, l'invitait à explorer le crâne
pour y découvrir les bosses ou protubérances, indices de
l'esprit intérieur. Les femmes, comme il arrive toujours
en ce qui est de mode, y apportèrent de l’enthousiasme et
du fanatisme. Beaucoup de jeunes dames suivirent les
cours de Gall et s’imaginèrent le comprendre; on les
voyait mani r les crânes placés sur la table avec un sé-
rieux tout à fait original ; il y eut même des robes à la
phrénologie, des bonnets et des corsets avec protubé
rances. Malheureusement la science véritable intervint
avec sa gravité, avec son examen ferme et mesuré, ses
procédés logiques, et, il faut le dire, avec un peu de mé
fiance; elle voulut voir et approfondir ; or, que décou
vrit-elle ? Que Gall était un assez bon anatomiste, mais
par-dessus tout un homme adroit, de beaucoup d'esprit,
véritable fascinateur pour les imaginations vives, les en
thousiastes qui se laissent entraîner par les apparences,
séduire par les analogies, tromper par des assertions har
dies présentées avec art.
Deux hommes surtout le combattirent avec succès,
mais avec des armes bien différentes. Hoffmann, dans le
Journal elc l'Empire, aujourd’hui Journal des Débats,
employa l'esprit, la raillerie, le sarcasme aiguisé. Le ma
lin critique avait même plaisamment établi pour le pied
des formes représentant, tout aussi bien (pie la craniosco-
pie, les variétés de l’intelligence. J’ignore si le fondateur
de la phrénologie compta jamais Hoffmann parmi les
bouffons anli-organologistcs, selon son expression peu cour
toise, toujours est-il que l enthousiasme diminuait au fur
et à mesure que les plaisanteries se multipliaient. L’au
tre adversaire, plus redoutable encore, fut Cuvier. Son
célèbre rapport, fait à l’Institut en 1808, écrasa le sys
tème de Gall, en lui ôtant toute prétention à prendre
rang, à être compté d'une manière sérieuse dans la
science. Cuvier démontra que ce système repose sur des
fondements incertains, mal assurés, et nullement prouvés;
il fil voir combien il est difficile, impossible môme, d’éta
blir un rapport précis, compréhensible, entre le cerveau
et la pensée ; c’est à ce sujet qu’il se servit de l’expres
sion hiatus infranchissable, devenue si célèbre depuis.
Il prouva en outre que les inégalités de la surface exté
rieure du cerveau ne répondent pas aux fractions de l'in
telligence, casées çà et là dans l’encéphale par les phy
siologistes ; enfin il laissa entrevoir le danger pour la mo
rale de poser en principe l'unité substantielle de la ma
tière et de l’esprit; car, toute subtilité mise à part, la doc
trine de Gall n'est pas autre chose. Il n’est pas même
jusqu’à Napoléon qui ne se mêlât de phrénologie. Toute
fois avec cette franchise
D’un soldat qui sait mal farder la vérité,
il traita Gall de charlatan. Il fit môme cette remarque
judicieuse, que l’organe du vol ne pouvait exister, ce
crime n’existant que par les lois sociales.
A notre époque, deux hommes distingués par leur mé
rite ont également attaqué le système d’organologie encé
phalique ; ce sont MM. Flourens et Lél'it, auteur du livre
dont il s'agit ici. Néanmoins, il ne faut pas croire que ce
système ait la même énergie, le môme souffle, la même
ardeur qu'à son origine. Dans les hautes régions de la
science, la doctrine de Gall et de ses successeurs est
tout à fait dédaignée ; Broussais seul, après l’avoir com
battue, en reprit le drapeau, lit ses efforts pour l’élever
le plus haut possible, mais inutilement. Quoi qu’il en soit,
cette doctrine vivote encore, elle compte un certain nom
bre d’adhérents en Europe et en Amérique. ;C'cst donc
contre leurs prétentions que M. Lclut a publié ce livre, et
MINISTERE DE LA GUERRE.
Succession vacante.
ALCÉBIK.
LA GALLE.
Miliano Arcangtdo, jardinier, domicilié à La Cille, décédé
le 19 août 1813. Estimation approximative de sa succession :
dix-neuf francs quatre-vingt-cinq centimes.
PARTIE NON OFFICIELLE.
INTÉRIEUR.
Paris, le 5 décembre.
Le Gouvernement n'a eu connaissance que par le jour
nal le Commerce de la prétendue avanie dont Ben-Gannah
aurait élc victime, et des conséquences qui en seraient
résultées dans la province de Constantine. Nous sommes
autorisés à déclarer qu’aucune nouvelle, directe ou indi
recte, n'est venue donner la moindre consistance à de pa
reilles assertions.
Nous sommes autorisés, en outre, à maintenir tout ce
qui a été dit pour désavouer la nouvelle de la désertion
du kalifa de Tlemcen et de la défection des tribus de cette
province, empruntée par le journal le Commerce au Séma
phore de Marseille.
A l'occasion de la demande en renvoi formée devant la
cour de cassation par MM. Dujarrier et de Girard in, plu
sieurs journaux ont prétendu que communication avait été
donnée, à la chancellerie, des présentations faites par les
chefs de la cour royale de Limoges.
Le fait est complètement faux ; et si ces journaux
avaient suivi avec plus d’attention les débats qui ont eu
lieu devant la cour de cassation, ils se seraient convain
cus qu'il en résultait évidemment que cette communica
tion n’a pas été faite.
FAITS Ï8ÎVEBSS. — PARIS. — On a placé sur la
façade de la maison rue Richelieu, n° 3-i, au second étage,
un très-he îu cadre en marbre blanc, au milieu duquel on lit,
sur un fond noir, écrit en lettres d’or :
Molière est mort dans cette maison, le 17 février 1673, à
l’âge de cinquante-un ans.
Cette inscription est surmontée du millésime 1844, enca
drée dans une couronne de laurier.
DÉPARTEMENTS. — On écrit de Bordeaux, le 29 dé
cembre : M. le comte Bresson, ambassadeur d’Espagne, est
passé aujourd hui à RmJcaux, à quatre heures du soir. >1. lo
comte Rrcsson se rend à Madrid. Il est descendu à l’hôtel
de Rouen. M. le prince Albert de Rroglie, second secrétaire
par intérim île l’ambassade de France à Madrid,est descendu
hier à l’hôtel de Rouen.
— Le conseil de l’ordre des avocats du barreau d’Aulun
vient de créer un bureau pour donner gratuitement (sauf le
prix du timbre), des consultations aux indigents porteurs
d’un certitic.it du maire de leur commune constatant celte
indigence.
— Dimanche soir, à Mulhouse, dans l’auberge du Canon,
appartenant à M. II. Risler, et située sur le chemin dit la
Wamm, dont une grande partie sert de salle de danse publi
que, et l’autre partie d’auberge, pendant qu’on dansait, tout
à coup le plancher de cette partie est tombé dans la cave, en
entraînant avec lui beaucoup de personnes qui ont été bles
sées. Un ouvrier cordonnier a eu la jamhée cassée. M me Ris
ler et plusieurs autres personnes sont plus ou moins griève
ment blessées. Dans l’autre partie de la salle on a continué
de danser jusqu’à ce qu'on ait entendu les cris des blessés,
auxquels les danseurs sont venus alors porter secours. {UAl
sace.)
— On lit dans le Journal de Toulouse : L’Emancipation
d’hier contenait une affreuse nouvelle, que nous sommes
heureux de pouvoir démentir. Suivant cette feuille, une par
tie de la ville de Villcneuve-d’Agcn aurait été dévorée par le
feu. Le tout se réduit à l’inctn lie de deux vieilles maisons
en pans de bois.
AEG ÉBtIE. — Biooraphic de Sidi-Mohammed-bcn-AUul-
Outid-Sidi-Alg hen-Embarak, kalifa de Ternir Abd-el-
Kadcr. (Extrait de la Biographie inédite de M. Joanny-
Pharaon.)
L'importance que les circonstances politiques ont donnée
à l’émir Abd-el-Kader ont fait rejaillir l’intérêt sur les indi
vidus qui s’étaient ralliés à son parti, soit qu’ils fussent diri
gés par l’ambition, soient qu’ils aient été entraînés vers son
camp par le noble sentiment de la nationalité ; il n’en est pas
moins vrai que chacun de ces personnages est un satellite
obligé qui suit la planète de l’émir, et dont les détails ne doi
vent nous être ni étrangers ni indifférents.
Les brillantes opérations amenées par la prévoyance de
M. le maréchal gouverneur général, et si bien conduites par
le général Tempourc, non loin de Mascara, a coûté la vie à
l’un ues hommes les plus éminents (le la suite «le l’émir, à
l’un de ses lieutenants les plus courageux et les plus lins à la
guerre comme au conseil.
Nous croyons être agréable au public en lui livrant une
esquisse rapide et légère de ce chef iniluent.
Sidi-Mohammc J-ben-Allai -Oulid-Sidi - AI y-lien - Embarr k
était lils du marabout si renomme et si vénéré nommé Sidi-
Allal-ben-Sidi-Mohammcd-cl-Aklial ; Oulid-Sidi-Aly-bcn-Em-
barak, naquit à Colcah, résidence séculaire de sa famille,
dans l’année 1811 ou 1812, cinq ou six ans environ avant
l’expédition de lord Exntoulh à Alger.
Sa famille jouissait dans le pays il’une grande influence
due autant au titre de marabout qu’à l’austérité de ses prin
cipes religieux. Cette influence s’accroissait encore de toute
celle qu’exerçait la famille de Sidi-cl-lladj-ben-Mahia-el-
Din, à laquelle elle s’alliait constamment par les femmes.
C’est cette intimité, c’est cette égalité de vénération et d’in
fluence, c’est ce partage de souveraineté religieuse sur la ville
de Colcah, dite la Sainte, qui a ou faire croire que ces deux
familles, bien différentes dans leurs origines, n’en faisaient
qu’une, qui a amené nécessairement cette confusion dans les
noms et les personnes.
Sidi Embarak, dès les premières années de son enfance,
annonçait déjà un esprit vif et pénétrant ; ces heureuses dis
positions, jointes à l’activité de scs exercices, lui firent met
tre entre les jambes un cheval longtemps avant l’âge où les
Arabes sont dans l’habitude de confier un coursier à leurs
enfants. Son père, homme suffisamment instruit, confia au
célèbre et savant professeur Abd-el-Kader Robéi le soin d’in
struire son fils dans la science du Coran et les beautés de la
langue arabe.
L’élève sut mettre à profit le temps qù’il passait à étudier
près de son maître, dans la zaouïa de scs pères.
Rien rt’a marqué sa jeunesse de traits assez saillants pour
que nous puissions en entretenir nos lecteurs. Nous arrive
rons donc à ce moment où les circonstances politiques l’ont
conduit à accepter un rôle dans les affaires de son pays conter
nous. Cette époque remonte à l’année 1832.
Il est donc important de rappeler à ce sujet que M. le doc
de Rovigo avait fait nommer ou maintenu aux fonctions d’aga
des Arabes, en remplacement de Sidi-Moustapha-Bourcaïd,
Sidi-el-Hadj-el-Seghir, qui ne put, malgré une haute consi
dération, un traitement énorme et d’excellents conseils, con
cilier son fanatisme avec les devoirs que lui imposaient les
fonctions qu’il avait acceptées du Gouvernement français.
Tourmenté par les Arabes, perfidement instruit par les
Maures d’Alger, influencé par sa famille, il céda à de mau
vais conseils, se laissa entraîner et faillit.
Sa défection eut pour résultat une levée de boucliers qui
amena le combat du 2 septembre 1832, à Bouffarick, combat
qu’anima par sa présence notre transfuge aga, et auquel as
sistait le jeune Suli-Embarak, avec son père Allai.
ues Arabes furent défaits dans cette journée, et Sidi-Allal
et son fils, dont il est question ici, furent faits prisonniers et
conduits à Alger. C’était pour le duc de Rovigo une garantie
en quelque sorte morale de la conduite future de l’ex-agha
Sidi-el-Iladj-ei-Seghir. Mais ces deux arrestations, assez im
portantes par elles-mêmes, ne suffisaient pas ; il fallait ef
frayer les populations et leur faire redouter à l’avenir toute
prise d’armes contre nous ; en consèqueace, la ville de Co-
leah, siège des deux familles instigatrices de la guerre, lut
frappée d'une contribution de 200,000 douros, rançon des
deux prisonniers. Sidi-Allal fut désigné pour aller recueillir
cette somme ; il fut en conséquence mis en liberté provisoire,
tandis que son fils resta parmi nous comme otage et garantie
de la parole de son père. Cette énorme contribution n’a pro
duit dans les caisses de l’Etat qu’une somme de 10,000 fr.
environ, qui fut rapportée par Sidi-Allal ; c’est tout ce que
l'on put avoir. La récolte eut été bien plus productive, sans
atteindre vraisemblablement le chiffre voulu, si le Gou\er-
nement eût fait appuyer la quête du marabout collecteur par
une batterie d'artillerie, et la menace de détruire la ville et
les saints tombeaux (au nombre de cinq) qu’elle renferme, cl
qui sont un lieu de miséricorde et de pèlerinage pour toute
l’Algérie. Mais notre système de conciliation, venant toujours
contrarier toute mesure justement rigoureuse et digne de
faire réfléchir l’Arabe, que l’on ne peut réellement bien con-
du rc et gouverner qu’en le frappant du bâton et de contribu
tions, dut nécessairement amener la mise en liberté des deux
prisonniers de guerre, qui retournèrent à Coleah vers la fin
de 1832. Dans le commencement de l’année 1833, Sidi-Allal,
accable par l’âge et les infirmités, mourut au lieu de sa nais
sance et près du tombeau de ses pères.
Pendant tout le courant des années 1833, 1834 et 1835,
il ne se passa rien de remarquable qui put avoir quelques
rapport avec Sidi-Embarak, qui s’etait borné à fréquenter
paisiblement nos marchés et la ville d’Alger,* jusqu’à l’arri
vée de M. le gouverneur général comte d’Erlon.
Celle époque fut, on peut le dire, l'Eldorado des Arabes,
et ils se servirent des énormes faveurs qui leur étaient ac
cordées, pour établir entre eux les rapports qui plus tard
firent éclore la guerre générale qui cdala en 1839, et que les
hautes capacités militaires de M. le maréchal Bugeaud ter
mineront bientôt, il faut l’espérer à la gloire de l’humanité
et à l'honneur de la France.
Jusqu’en 1837, Sidi-Embarak n’eut d'aulrcs soucis que
ce’ui de dépenser sa vie au sein des plaisirs licencieux que
lui présentaient les occasions sans cesse renouvelées par l’é
trangeté de sa qualité (le marabout, qui aurait dû lui faire
repousser toute licence au lieu de les accepter avec cette
faiblesse qui dégrade l’homme.
A ces joies qu’il trouvait dans les libations journalières
succéda chez lui une sorte de terreur intuitive qui lui fit
craindre, nous ne savons trop pourquoi, une arrestation ou
de mauvaises intentions sur sa personne ; la captivité de son
père, sa maladie, le soupçon que sa mort avait été causée par
un empoisonnement, lui revinrent en foule à l’esprit et déci
dèrent sa fuite. Il se relira entouré de la considération due à
son nom dans la tribu du Bou-Hèlouan, située sur la route
de Milianah, entre le marabout de Sidi-Ab j-el-Kader-Medfa
et le Gonllias.
C’est là que l’émir Abl-el-Kader, dans l’une des fréquen
tes visites qu’il faisait aux tribus pour les préparer à la résis
tance, le vit pour la première fois, et sut apprécier ses moyens
et concevoir l’espérance d’un retour sérieux vers le fanatisme
religieux duquel il s'était écarté.
A ce même moment , notre ancien aga Sidi-el-lhdj-el-
Seghir gouvernait Milianah au nom et pour le comate d’Abd-
el-Kader.
A la mort de ce personnage, qui eut lieu dans le courant de
l’année 1839, et que l’on avait attribuée (à tort ou à raison)
a un empoisonnement, l’émir lui donna pour successeur Sid-
Mohamed-bcn-Allal-Oulid-Sidi-Aly-ben - Embarak , qui avait
tenu une correspondance active avec ce prince , lequel en
avait conservé le souvenir.
Sidi Embarak fut des ce moment l’un des plus grands ki-
hfas d’Abd-el-Kader ; il fut aussi le plus influent dans la déci
sion des affaires, le plus sévère dans la discipline, et, chose
remarquable, le plus rigide observateur des mœurs et des lois
musulmanes, comme il s’en est montré le zèle défenseur jus
qu’à sa mort.
Pendant tout le temps de la guerre soutenue par les maré
chaux Valccct Bugeaud, Sidi-Embarak se montra notre en
nemi acharné, et, en apparence,d’une fi lélitéà toute épreuve
aux intérêts de l’émir. Néanmoins cet acharnement contre
les Français, ce dévouement à son souverain, eussent changé
en lui dans les trois ou quatre pourparlers ou entrevues, soit
avec Sidi-ben-Youssef-Oulid-Sidi-IIabchi, alors katd des Had-
joutes r-t Sidi-Cadduur-Bou-Rouila , son premier secrétaire,
tant a Blidah que près de la Chiffa, si les négociateurs char
gés de cette mission eussent consenti à remplacer l’émir
Abd-el-Kader par le futur émir Embarck, ainsi qu’il le de
mandait lui-même avec l’appui de notre protection physique
et morale.
Des prétentions aussi ridicules furent naturellement re-
ponssées par nos habiles et sages négociateurs. Il va sans dire
que dès ce moment Sidi-Embarak devint notre ennemi irré
conciliable, et c’est à ce litre, nul doute, qu’il commandait à
la dernière affaire où il perdit la vie.
Cette inimitié a bien pu s’accroître naturellement par la
prise de la ■ smalah, enlevée par S. A. R. Ms r le duc d’An-
male où sa femme, ses enfants, ses cousins et son frère fu
rent faits prisonniers, amenés à Alger et de là en France.
Nous devons néanmoins excepter de la famille de Sidi-Em
barak, notre kalifa Sidi-Aly qui, quoique son cousin, vint à
nous, entraînant dans son parti tous les lladjoutes, autant
par attachement pour notre cause que par le ressentiment
qu il conservait dans sa destitution, comme kaïd des Had-
joutes, lors de l’avénement de son cousin Sidi-Embarak au
gouvernement de Milianah.
„ Quelques mots encore sur les derniers moments de Sidi-
Embarak.
Il avait clé, dit-on, reconnu par le capitaine Cassagnoles
qui fondit sur lui, au moment même où un brigadier ou chas
seur attaquait le kalifa; le général arabe serré de près tua
de deux coups de pistolets le chasseur et le cheval du capi
taine. Un autre chasseur vint immédiatement au secours de
son chef, en portant au kalifa un coup de sabre qui lui fendit
légèrement le crâne ; ce brave militaire fut blessé grièvement
et mis hors de combat; c’est alors que le brigadier Gérard,
renversa roide mort d’un coup de feu Sidi-Embarak, et eut
ainsi l’honneur de délivrer l’Algérie d’un ennemi influent et
dangereux.
Notre justice de biographe et de chroniqueur nous porte
à déclarer que Sidi-Embarak est mort en brave chevalier du
moyen âge, avec toute la poésie du fanatisme religieux, de
la valeur et de l’énergie qui distinguait les hommes de cette
époque remarquable de l’histoire générale.
Sa tête fut transportée à Alger où elle fut visitée et recon
nue par tous ceux qui avaient eu des rapports avec lui pen
dant le temps de la paix ou de la guerre.
Sidi-Embarak était borgne depuis son enfance et devait
cette infirmité à un coup de bâton qu’il avait reçu. Sa tête,
préparée par M. le docteur Amstein, a été daguerreotypée,
moulée et dessinée par MM. de Coraan, le capitaine d’état-
major Appert, et Durand, professeur de dessin au collège.
ÉTRANGER. — M. le cadinal Charles-Marie Pedicini, né
à Benévent le 2 novembre 1769, promu par Pie VII à la
pourpre sacrée dans le consistoire du 10 mars 1823, évêque
de Porto, Sainl-Rufinc et Civita-Vecchia, sous-doyen du
sacré collège, vice-chancelier et somruistc de la chambre
apostolique, préfet de la congrégation des Rites, commanda-
laire peroctuel de Saint-Laurent in Damaso, est mort à
Rome le 21 novembre.
CITATIOÜ.
Le sieur Michel-Daniel Zollikofer, menuisier de Saint-Gall,
en Suisse, dont le séjour actuel est inconnu,
Est cité péremptoirement par la présente à comparaître, le
lundi 22 avril 1814, à dix heures du matin, devant le con
seil de l’église évangélique de Saint-Gall, soit en personne,
soit par un représentant muni de ses pleins pouvoirs, à l’effet
de répondre à la demande en divorce que sa femme, Marie-
Elisabeth Yonwiller, a formée.
Le tribunal prévient ledit sieur Zollikofer qu’en cas de non-
comparution de s .a part, il sera passé outre, et la cause sera,
par contumace, discutée et jugée au fond, comme de droit.
Siint-Gail, le 17 novembre 1843.
Le secrétariat du conseil de l’église évangélique.
SCIENCES.
Rejet de l'organologie phreno/ogique de Gall et de ses succes
seurs ; par F. Lèlut, médecin en chef de la 3‘ section des
aliénées de l’hospice de la Salpétrière, etc. — Un volume
in-8°.
Si l’on jugeait de la bonté d'une doctrine scientifique ou
philosophique par le bruit quelle a fait, celle de Gall mé
riterait certainement une incontestable suprématie. Aus
sitôt que le docteur germain eut fait son entrée à Paris,
ce qui eut lieu le 30 octobre, 1806, à midi précis, selon la
remarque d’un de ses plus fervents disciples, les cent voix
de la renommée ne manquèrent pas d’assurer l'excellence,
l’infaillibilité de la phrénologie. C’était un bruit, un concert
d éloges qui passe aujourd hui toute croyance. Les gens
du monde ne s abordaient plus qu'en parlant de l’éton
nante, de la merveilleuse doctrine ; le cranioscope docteur
était vanté, entouré, flatté, convié de toutes parts, et cha
cun se découvrant devant lui, l'invitait à explorer le crâne
pour y découvrir les bosses ou protubérances, indices de
l'esprit intérieur. Les femmes, comme il arrive toujours
en ce qui est de mode, y apportèrent de l’enthousiasme et
du fanatisme. Beaucoup de jeunes dames suivirent les
cours de Gall et s’imaginèrent le comprendre; on les
voyait mani r les crânes placés sur la table avec un sé-
rieux tout à fait original ; il y eut même des robes à la
phrénologie, des bonnets et des corsets avec protubé
rances. Malheureusement la science véritable intervint
avec sa gravité, avec son examen ferme et mesuré, ses
procédés logiques, et, il faut le dire, avec un peu de mé
fiance; elle voulut voir et approfondir ; or, que décou
vrit-elle ? Que Gall était un assez bon anatomiste, mais
par-dessus tout un homme adroit, de beaucoup d'esprit,
véritable fascinateur pour les imaginations vives, les en
thousiastes qui se laissent entraîner par les apparences,
séduire par les analogies, tromper par des assertions har
dies présentées avec art.
Deux hommes surtout le combattirent avec succès,
mais avec des armes bien différentes. Hoffmann, dans le
Journal elc l'Empire, aujourd’hui Journal des Débats,
employa l'esprit, la raillerie, le sarcasme aiguisé. Le ma
lin critique avait même plaisamment établi pour le pied
des formes représentant, tout aussi bien (pie la craniosco-
pie, les variétés de l’intelligence. J’ignore si le fondateur
de la phrénologie compta jamais Hoffmann parmi les
bouffons anli-organologistcs, selon son expression peu cour
toise, toujours est-il que l enthousiasme diminuait au fur
et à mesure que les plaisanteries se multipliaient. L’au
tre adversaire, plus redoutable encore, fut Cuvier. Son
célèbre rapport, fait à l’Institut en 1808, écrasa le sys
tème de Gall, en lui ôtant toute prétention à prendre
rang, à être compté d'une manière sérieuse dans la
science. Cuvier démontra que ce système repose sur des
fondements incertains, mal assurés, et nullement prouvés;
il fil voir combien il est difficile, impossible môme, d’éta
blir un rapport précis, compréhensible, entre le cerveau
et la pensée ; c’est à ce sujet qu’il se servit de l’expres
sion hiatus infranchissable, devenue si célèbre depuis.
Il prouva en outre que les inégalités de la surface exté
rieure du cerveau ne répondent pas aux fractions de l'in
telligence, casées çà et là dans l’encéphale par les phy
siologistes ; enfin il laissa entrevoir le danger pour la mo
rale de poser en principe l'unité substantielle de la ma
tière et de l’esprit; car, toute subtilité mise à part, la doc
trine de Gall n'est pas autre chose. Il n’est pas même
jusqu’à Napoléon qui ne se mêlât de phrénologie. Toute
fois avec cette franchise
D’un soldat qui sait mal farder la vérité,
il traita Gall de charlatan. Il fit môme cette remarque
judicieuse, que l’organe du vol ne pouvait exister, ce
crime n’existant que par les lois sociales.
A notre époque, deux hommes distingués par leur mé
rite ont également attaqué le système d’organologie encé
phalique ; ce sont MM. Flourens et Lél'it, auteur du livre
dont il s'agit ici. Néanmoins, il ne faut pas croire que ce
système ait la même énergie, le môme souffle, la même
ardeur qu'à son origine. Dans les hautes régions de la
science, la doctrine de Gall et de ses successeurs est
tout à fait dédaignée ; Broussais seul, après l’avoir com
battue, en reprit le drapeau, lit ses efforts pour l’élever
le plus haut possible, mais inutilement. Quoi qu’il en soit,
cette doctrine vivote encore, elle compte un certain nom
bre d’adhérents en Europe et en Amérique. ;C'cst donc
contre leurs prétentions que M. Lclut a publié ce livre, et
Le taux de reconnaissance estimé pour ce document est de 98.51%.
En savoir plus sur l'OCR
En savoir plus sur l'OCR
Le texte affiché peut comporter un certain nombre d'erreurs. En effet, le mode texte de ce document a été généré de façon automatique par un programme de reconnaissance optique de caractères (OCR). Le taux de reconnaissance estimé pour ce document est de 98.51%.
-
-
Page
chiffre de pagination vue 1/4
- Recherche dans le document Recherche dans le document https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/search/ark:/12148/bpt6k4446892q/f1.image ×
Search in the document
- Partage et envoi par courriel Partage et envoi par courriel https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/share/ark:/12148/bpt6k4446892q/f1.image
- Téléchargement / impression Téléchargement / impression https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/download/ark:/12148/bpt6k4446892q/f1.image
- Mise en scène Mise en scène ×
Staging
Créer facilement :
- Marque-page Marque-page https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/bookmark/ark:/12148/bpt6k4446892q/f1.image ×
Manage your personal area
Add this document
Add/See bookmark(s)
Mes sélections ()Titre - Acheter une reproduction Acheter une reproduction https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/pa-ecommerce/ark:/12148/bpt6k4446892q
- Acheter le livre complet Acheter le livre complet https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/indisponible/achat/ark:/12148/bpt6k4446892q
- Signalement d'anomalie Signalement d'anomalie https://sindbadbnf.libanswers.com/widget_standalone.php?la_widget_id=7142
- Aide Aide https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/aide/ark:/12148/bpt6k4446892q/f1.image × Aide
Facebook
Twitter
Pinterest