Titre : Gazette nationale ou le Moniteur universel
Auteur : France. Auteur du texte
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1843-10-30
Contributeur : Panckoucke, Charles-Joseph (1736-1798). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb34452336z
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Description : 30 octobre 1843 30 octobre 1843
Description : 1843/10/30 (N303). 1843/10/30 (N303).
Description : Collection numérique : France-Brésil Collection numérique : France-Brésil
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k4446858p
Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, GR FOL-LC2-113
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 15/07/2018
I
LE MONITE
Mi*
i Vj vLt
y>
NIVERSEL
N° 505.
partie non officielle.
INTÉRIEUR.
Paris, le 29 octobre.
Il y a eu spectacle au château hier soir ; les acteurs de
l'Opéra-Comique ont joué le Déserteur. Au nombre des
invités étaient MM. les ministres, M. le comte de Mon-
lalivet, M. le préfet de la Seine, M. le préfet de police,
M. le préfet de Seine-et-Oise, MM. les généraux Schnei
der, Sébastian!, Jacqueminot, de Garraube et Bougenel ;
le maire et le colonel de la garde nationale de Versailles ;
M. le maire et MM. les ofliciers de la garde nationale
de Saint-Cloud et de Sèvres ; MM. les colonels du 9 e cui
rassiers et des 3 e et 7 e hussards, M. le colonel du 11 e de
ligne, et les officiers de ce régiment en garnison à Saint-
Cloud.
Le bruit d'un accident funeste qui aurait frappé M. l'a
miral Houssin s’étant subitement répandu, il y a deux
jours, sans qu'il ait été possible d'en constater l'origine,
M. le ministre de la marine s est empres é de demander,
par la voie du télégraphe, des nouvelles de la santé de
l'honorable amiral à M. le préfet du département de I Hé
rault. La réponse faite par ce fonctionnaire, sous la date
d’avant-hier, est ainsi conçue : « La santé de M. l'amiral
Roussin continue de s'améliorer. »
Cette information ne peut laisser aucun fondement au
rapport que contenait un journal de Toulon, publié le 23
de ce mois, et qui a été reproduit ce matin dans plusieurs
feuilles.
Le conseil général de la Seine est resté hier en séance jus
qu’à six heures. Ii a volé plusieurs subventions à des etablis
sements agricoles et philanthropiques, notamment une allo
cation de 1,200 r r. à la Société d’horticulture de Paris; pa
reille somme à la filature c M ntrale de soie, fondée aux Champs
Elysées par une association de producteurs de cocons des
departements du nord de la France, pour la propagation de
celte précieuse industrie; 1,000 fr. à la société de patronage
des jeunes gare >rs pauvres ; enfin il a souscrit à la statue
que la ville de Montdidier va élever à Parmentier, qui a po
pularisé en France la culture de la pomme de terre.
FAITS HIVERS. — PARIS. — M. le duc Decazes
est arrivé hier à Paris, de retour de son voyage dans le Midi.
— Par un ordre du jour de M. le lieutenant général com
mandant la 1 re division militaire, notifié à toutes les troupes
en girnison dans l’étendue de la division, M. le colonel de
Marors, commandant le 23' de ligne, a été nommé prési lent
du 11* conseil de guerre, en remplacement de M. Cizac, co
lonel du 12 e de ligue, dont le régiment quitte la garnison de
Paris.
M. de Tournerrine, capitaine au 24 e de ligne , a été
nommé, par la même décision, juge prés le même conseil,
en remplacement de M. Tiron, capitaine au 12 e régiment
de la même arme ; et le sieur Tarby, sergent major au 23 e de
ligne, a été nommé également juge au 2 e conseil de guerre,
pour remplacer le sieur Passet, sergent-major au 21 e de
ligne.
Un autre ordre du jour du 27 octobre nomme M. de
Tanlay, capitaine au corps royal d’état major, commissaire
du Roi près le même conseil de guerre, en remplacement de
M. Joubert, capitaine au même corps, qui reprend Sun ser
vice à l’état-major de la 1 ,e division.
Un troisième ordre du jour appelle aux fonctions de
juge près le 1" conseil de guerre, M. Bossion, lieutenant au
5' dragon», en remplacement de M. Leroy, lieutenant au
12' de ligne, à cause du départ de son régiment. (Gazette dts
tribunaux.)
DEPARTEMENTS. — On lit dans le Journal de Maine-et-
Loire : M. le procureur général Coibin, en visitant dernière
ment la prison de Laval, ayant appris qu’une pauvre mère de
famille se trouvait détenue, en veriu de la contrainte par
corps, pour remboursement de frais de justice se montant à
30 fr. environ, et réclamés par un plaideur de mauvaise hu
meur, fit mettre immédiatement cette femme en liberté, en
payant de sa bourse le créancier. La reconnaissance de celte
pauvre femme n’a pu laisser ignorer ce trait d’humanité.
— On écrit de Nogent que la fabrication de la coutellerie,
après avoir langui pendant une partie de l’été, a repris toute
son activité depuis la mi-septembre. Tous les articles sont en
faveur et demandés.
— On lit dans le Mémorial bordelais : L’assemblée était
fort no nbreuse hier à Saint D uninique, où l’inauguration des
orgues de MM. D luhlaine et Ga linet devait avoir lieu.
Ms r l’archevêque et tout son clergé y assistaient. Avmt les
vêpres, les nouvelles orgues ont été touchées, et l’eflet pro
duit a été re igieusement magiq le, non seulement pour la
foule des curieux, mais encore pour les artistes qui s'étaient
rendus en grand nombre à cette cérémonie. Sans doute la
dépense a été extrême ; mais, à considérer ce que ces orgues
devaient ajouter aux pompes de la religion, il n'est personne
qui ne se félicite d’un pareil emploi des fonds dus à la cha
rité des fidèles.
— Nintes va élever un monument au général Cambronre.
On assure qu’il sera érigé sur la place Graslin, qui a été
choisie pour le recevoir.
— On lit dans le Courrier de Lyon, du 26 : A dater de ce
jour, nous publierons quotidiennement le bulletin exact du
mouvement de la condition des soies de Lyon :
Nombre des ballots entrés à la condition, 27 ; soies ou
vrées, 25; suies gréges, 2; total du mois jusqu’à ce jour,
1,026.
— On lit dans le Sud, de Marseille : Dimanche au soir,
vers ne -f heures, un marin du trois-mâts russe Fama, com
plètement ivre, se laissa tomber dans le port au milieu des
bateaux testeurs. Il aurait infailliblement péri si le sieur Ro
man, lieutenant, et le sieur Just, quartier-mailre de la cor
vette-école des moiissi s, n’étaient accourus à ses cris et à
ceux du préposé des douanes, qui était en ce moment de fac
tion. Non contents de l’avoir sauvé, ils ont cherché long
temps, mais en vain, de le conduire à bord de son navire.
Ils ne l’ont quitté qu’au moment où le bateau de l’ambulance
a bien voulu s'en charger.
— On écrit de la Champagne : Un temps très-doux fa
vorise nos vendangeurs. Le raisin est meilleur et plus abon
dant que ne l’espéraient les propriétaires et que devaient
le faire supposer les jours pluvieux, froids et humid< s du
commencement du mois. Mais si le soleil s’est rarement
montré, il a chauffé b s treilles lorsqu’il e»t venu, et la qua
lité des vins s’en est fort heureusement ressen ie.
Cependant la récolte est loin d'être bonne, ni même mé
diocre. Dans quelques localités, à Bouilly, à Cormost, à Ja-
LU\DI 50 OCTOBRE 1845.
vernant, elle sera tout au plus de la moitié; dans d’autres, à
Saint-Léger, à Longueville, à Rozières, à Saint-Jean-de-Bon-
neval, elle sera peut-être d’un quart seulement de celle de
l’année dernière. Comme on s'v attendait, les prix sont très-
fermes pour les vins de crus ordinaires, et ils tendent à la
hausse pour ceux des crus en renom.
Dj reste, les nouvelles sur cet article sont contradictoires ;
mais, en général, dans la Champagne comme dans la Bour
gogne, le Beaujolais, le Dauphiné et presque tout le midi, la
récolte est plus abondante et le vin de mei leur qualité qu’on
ne s’y attendait. Il parait certain que les craintes des vigne
rons étaient beaucoup trop exagérées.
— Une voiture de roulage, dont l’essieu s’était cassé, avait
été abandonnée sur la roule entre lioudan et Dreux. Dms
la soirée, le conducteur d’une diligence allant de Pans à
D eux vint heurter le timon de celle voiture, qui enf >nça le
coupé de la diligence et frap' a dans la poitrine l’un des
voyageurs. La victime de cet affreux accident est, dit-on, un
avoué de Beauvais, nouvellement marié, qui allait à Dreux
voir sa famille. Il a expiré presque sur le coup et avant
qu’aucun secours ait pu lui être administré.
NOUV ELLES DE MER.— Le vapeur-hôpital le Météore,
parti d’Alger pour Philippeville à l'effet d’y embarquer des
militaires malades qu’il devait débarquer à Ajaccio (C »rse),
ne put continuer sa roule pour ce dernier port, par suite de
graves avaries survenues dans ses machines, et il se vit con
traint de regagner le port d’Alger, où il arriva le 13 octobre,
n’ yant pas même pu relâcher à Gigelly, afin de pren Ire les
malades qui se trouvaient sur ce point. Le Météore rentra à
Alger avec cinquante-quatre militaires évacués, et ayant com
plété son chargement dans les hôpitaux de la capitale de la
colonie, l Etna, parti le 15 avec la correspondance, le prit à
la remorque.
Ces deux bâtiments, surpris en mer par un très-mauvais
temps, furent obligés de se réfugier à M dion, et nos lecteurs
savent que l'Etna a éprouvé un retard de six jours. Quant au
Météore, en entrant dans le port de Mahon, il passa sous le
beaupré d’un vaisseau américain qui le rasa complètement ; il
eut ses mâts et sa cheminée enleves. Ses machines èt-mt dé
rangées et n’ayant plus de mâture, ce bâtiment a dû prolon
ger son séj iur à Mahon, afin de Cire les réparations les plus
indispensables pour continuer sa route.
L*> bà iment à vapeur l'Etna a apporté trente - quatre
grandes caisses de couseoussou pour la nourriture des Arabes
prisonniers détenus au fort de File Sainte-Marguerite. (Tou-
tonnais.)
AEC»ERIE. — On lit dans le Moniteur algérien : Le
public apprendra sans doute avec le plus grand intérêt les
résultats heureux de la campagne, plus pacifique encore que
guerrière, qui vient de s’accomplir au loin dans les diverses
prov inces qui furent soumises autrefois à l’émir Abd-el-Kader.
I*i 1 n le vaste pays de l’Ouarensenis eût été traversé,
en diiférentes circonstances, par nos co'onnes, que chacune
des tribus guerrières dont il est peuplé eût fait à plusieurs
reprises des actes de soumission à la France, et, par suite de
ri-'S et torts persévérants, que b s kalifas de l’émir eus*ent été
bircés de quitter, avec les restes de leurs bataillons réguliers,
ce foyer de résistance, néanmoins, il était facile de voir que
non de solide n’avait été constitué dans ces contrées, et que,
tôt ou tard, nous serions obligés de revi nir sur celte œuvre
inachevée. En effet, les soumissions obtenues jusqu’alors n’a-
vaient été faites que par quelques chefs très secondaires, et
souvent même par les populations isolées, sous l’influence de
la peur, et dans le seul but de se débarrasser, au moins pas
sagèrement, de la présence de nos colonnes.
Aucun des chef», qui par leurs richesses et leur ascendant
moral sur les populations pouvaient être considérés comme
les véritables maîtres de ces montagnes, n’était venu à nous ;
leur fanatisme et leur dévouement à l’émir restaient debout
au milieu de la dévastation causée par le passage de nos
colonnes, et dès que nous étions partis, ils se présen
taient et empêchaient de nouveau les tribus d’obéir à nos
ordres.
ï edes avaient été les soumissions fallacieuses de l’automne
LS i3, dans toute l’étendue de l’immense pâté de l’O larense-
ms; telle» furent encore celles obtenues au printemps der
nier dans la partie est de cette chaîne. A peine nos colonnes
furent-elles rentrées à Milianah, qu'il se forma d.ms ces
moi tagnes une as ociatinn de plusieurs chefs, qui espetèrent
Y maintenir le drapeau d’Abd-el-K ider.
M iis M. le gouverneur general ne crut pas devoir donner
a telle insurrection naissante le temps de se propager. Qua
tre de nos colonnes, pourvues de tout ce qui était nécessaire
pour s appe antir sur le paye, l’envahirent à la fois de Mi
lianah, d’Orlèansvillc et de Teniet-el-llad. Les populations,
frappées de terreur, ne songèrent plus qu’à implorer notre
i emerice, et leur empressement à se ranger à notre obéis
sance ayant démontré à leur chef qu’il ne devait plus désor
mais compter sur leur concours, ceux-ci se sont enfin déci-
dés à briser leur pacte avec l’émir, et à se livrer sans con
ditions a notre générosité.
Le 6 octobre, ils sont venus à notre camp de l’oued Khes-
chab ; on distinguait parmi eux Hrd-Hamed-ben-Zeitouni,
le guerrier le plus renommé de l’Ouarensenis ; Djellali-ben-
Neiah, qui jmit d’une grande influence dans toute la vallée
duChélif; Cadour-ben-Chigr et Ben Rabah, agas nommes
autrefois par l’émir chez les Braaz et les béni Zoug-Zoug ;
enfin, Si A i-Mdlouk, marabout vénéré de la puissante fa
mille des Abd et Salem des Braaz.
Le maréchal avait cru devoir réunir à l’Oued Kheschab trois
de ses colonnes, et avait assigné ce lieu comme rendez-vous
a tous les chefs secondaires ues différentes tribus du versant
nord de I üuarensenis, pour procéder à l’organisation gé
nérale de ce pays. La réunion fut aussi complète qu’il était
permis de l’espérer.
Le 7 ociobre, M. le gouverneur général, en présence
cte ses trois colonnes réunies, et au milieu d’un concours
très-remarquable des habitants du pays, proclama aga de
ou «SC( S tri )us Hadj-tfabed-benSa/ah, en récompense de
son dévouement a notre cause, et de l’activité qu’il avait dé
ployée a nous servir depuis l’origine des soumissions dans la
va lee du Chelif. Des burnous d investiture furent distribués
mis t s c e s des dilféientes fractions ; la cérémonie fut
imposante et impressionna profondément toute l’assistance;
k canon et les fanfares, l’aspect pittoresque et majestueux
des lieux ajoutèrent encore à la solennité de la fêle.
nni,r S ,,, erand ? perS0,magPS dont ,,ous avons parlé plus haut,
pour e point entraver l’exercice du pouvoir entre les mains
cér iï l q . ,,0US r VOnS mslilué ’ ct f' 0!ir Prouver toute la sin-
lXnsvinV e u. C ° n , ,,le L S T a ' ks s ’ éli * bli G ‘es uns près d’ür-
de notre kabfa a Sidî S , l P Ar S ibi! M ' l,anah ’ d ’ autrts au P rès
liJdJrlniT 6 , uT én ° men,s se Posaient, la colonne par-
tontes | «i 'h n m,1lt * PS so,, missions empressées de
ontes les tribus du versant sud du grand pic et M le lieu
tenant colon. I Aynard, ai e de camo ,i, xi ’l
fion .**"* P'oré.lail à l’orR.nka-
hl, e ” s > ,l, " lt wit’W, s chefs, Mrrhmin el Ba-hli
?our“. maiche.'”' VC " US ' Ui demander =o" second
La province d’Alger est donc maintenant parfaitement
réunie à celle d'Oran, dans toute l’épaisseur du pays entre le
désert et la mer.
Les nouvelles de la province d’Oran sont aussi très-satisfai
santes. Nous avons appris qu’Abd-el-Kader, dans le but d’at-
' ténuer aux yeux des populations son échec du 22 septembre
contre les troupes du général de Lamoricière, avait tenté, le
3 octobre, sur la grande tribu des Beni-Amers, un de ces
coups de main hardis dont il a l’habitude; mais il ne put pé
nétrer que sur les fractions de cette tribu qui avoisinent les
Djaffras, et ne parvint à emmener que quelques chèvres et
moutons, et quelques femmes d’un pauvre douar. Les cava
liers des Bem-Amers étaient montés rapidement à cheval, et,
appuyés par le commandant de Btrral, sorti précipitamment
de son camp de Si li Bel-Xbbess avec quelques centaines de
fantassins, ils poursuivirent chaudement les cavaliers de l’é
mir, auquel ils ont tue une douzaine d’hommes et pris
quinze chevaux. Nos alliés ont eu quatre ou cinq hommes tués
dans le combat, et une dizaine de blessés ; mais ils ont
prouvé que nous pouvions compter, à l’avenir, sur leur fi
délité.
Le général Bedeau, sorti de Tlemcen à la nouvelle de
cette irruption de l’émir, s’est porté, par une marche des plus
rapides, sur les traces de l’ennemi, qui se retirait au sud du
Djaffra; il le poursuivit avec acharnement, et trouva sa route
jonchée des cadavres de plus de quarante chevaux et d’autres
débris qu’on laisse dans une fuite désordonnée; mais il ne
put l’atteindre, forcé par le manque de vivres de rétrograder
vers les dépôts. Le général avait ordonné au commandant
Barrai de profiter de son mouvement pour se jeter avec sa
petite troupe sur une fraction des Djaffras réfugiée au sud de
Sidi-bel-Abess; le coup de main du commandant de Barrai a
été couronne d’un plein succès; 500 bœufs, 3,000 moutons
ou chèvres, 60 chevaux ou poulains, des ânes et des cha
meaux, et près de 200 prisonniers smt tombés en son pou
voir. Une partie du goum des Beni-Amer, qui l’accompagnait,
a fait un butin très-considérable.
Nos communications avec la province de Constantine vien
nent également d’etre ouvertes par la jonction au pied du
Djebel Dira de nos deux colonnes de Tilery et de Sétif.
MM. les généraux Morey et Sillègue, agissant de concert,
ont achevé de soumettre toutes les tribus dissidentes de ces
contrées; ils ont été secondés dans leurs opérations par notre
khalifa de Sebtou-si-Mahi-Ed lin, qui est venu les rejoindre
avec un goum de 800 chevaux.
N >s affaires continuent à prospérer dans la province de
Constantine. Nous apprenons qu’une petite tribu kabyle, les
Medj.jda, placés sur la route de Collo, s’étant refusée à
payer I impôt, et donnant asile à quelques brigands qui in
festaient les environs, le colonel Barthélémy, commandant le
cercle de Philippeville, a dirigé sur elle une gazzia heureuse
à laquelle l’ennemi a perdu une trentaine de tués et blessés ;
on lui a fait, en outre quelques prisonniers, et pris quelques
troupeaux. Deux tribus des environs qui s’étaient fait atten
dre, se sont empressées d’aller payer leurs contributions à
Philppeville ; la tribu elle-même de iVedjejda a dû s’exécuter
avmt la rentrée de notre co'onne.
Un fils de Ben-Salem, ex-kilifa de Sehaou, jeune homme
1 de quatorze ans environ, est venu le 17 se mettre sous la
protection de M. le gouverneur général, après avoir aban
donné la lente de son père.
i On voit par ce résumé que, de tout le vaste territoire qui
obéis ait jadis religieusement à l’émir, il ne lui reste aujour
d’hui qu’une petite zone au sud et au sud-ouest de Mascara,
dans laquelle vivent deux ou trois tribus en grande partie
ruinées. Il y a aussi trois ou quatre tribus kabyles sur le re
vers nord du Jurjura qui n’ont point encore fait leur soumis-
s on, parce que nous n’avons jamais pénétré dans leur pays.
Enfin, il y a quelques petites tribus sur la frontière du Maroc
plutôt indéci es qu’hostiles, et qui profitent de leur voisinage
de cet empire et de l’incertitude des limites pour ne pas payer
l'impôt.
Ajoutons à ce talVcau qn’Abd-el-Kader ne dispose plus que
d’environ 600 ou 700 fantassins et environ 400 ou 500 cava
liers réguliers ; qu’il n’a plus de magasins, qu’il ne lève plus
d impôts, et que probablement ses ressources financières sont
excessivement réduites, si elles ne sont pas complètement
nuiles. Ce qui est certain c’est qu’il ne donne des à-compte
à ses soldats qu’après la vente des troupeaux qu’il enlève aux
tribus qui nous sont soumises.
La guerre qu il'fait aujourd’hui est celle d’un partisan ; il
évite autant qu’il peut d’avoir affaire à nos colonnes; il épie
les lacunes que nous sommes souvent forcés de laisser sur la
longue lignede protection, pour se jeter à l’improviste sur une
tribu et lui enlever quelques troupeaux et quelques femmes;
en un mot, il attaque, il ruine quelques fractions de sesanciens
sujets, mais il ne fait aucune tentative directe contre nos
troupes. Tout fait présumer qu’il lui est à peu près impossible
aujourd’hui de sortir du petit canton dans lequel il a été
refoulé, parce que ces troupes sont trop fatiguées, trop dé
pourvues de tout pour entreprendre un grand déplacement.
D’autre part, il ne peut pas s’éloigner trop de la smala, qu’il
doit protéger et nourrir. Ede est encore très-nombreuse, dit-
on; elle s’est retirée près de Chilellah, chez les Ouled-Sidi-
Chiqr, grande tribu au sud-ouest de Tlemcen, où elle se croit
à l’abri de nos atteintes.
— On écrit au Toulonnais : Je vous ai parlé dans le temps
de la beauté des cèdres de la forêt près Tenia-el-Aad ; j’ai
vu une table faite d’une seule rondelle de l’un de ces arbres
et autour de laquelle douze convives peuvent facilement s’as
seoir; n’est-ce pas merveilleux, et peut-on dire qu’il n’y a pas
d’arbres en Afrique ? Je crois au contraire que si le feu ne
dévastait pas chaque année les pousses no ns aurions d’aussi
belles forêts que dans le nord.
— Hier un grand malheur est venu nous attrister. Plu
sieurs mineurs espagnols, ayant allumé la mèche d’une mine,
se retirèrent comme d’habitude dans un trou préparé ; la
mine ayant sauté, une grosse pierre tomba sur les Espagnols
cachés; plusieurs la voyant tomber se dérangèrent, mais un
pauvre ouvrier, père de six enfants en bas âge, la reçut sur
la tête pendant qu’il buvait de l’eau à la régalade. Le mal
heureux est mort sur-le-champ ; c’est un malheur immense
pour sa famille réduite ainsi à la plus horrible misère.
CHEMINS DE FER. — L’administration du che
min de fer de Rouen au Havre vient de signer avec MM. Ma-
kenzi ct Brasse y le marche le plus important qui ail encore
été fait en France.
Les principaux travaux du chemin de fer du Havre sont :
le pont de Rouen, sept tunnels d’une étendue de 6,500 mè
tres, un viaduc de 27 arches, dans la vallée de Barentin,
ayant 33 mètres de hauteur à l’arche du centre.
L’importance des travaux est de 13 à 14 millions; ils de
vront être entièrement terminés en mai 1846.
Les terrassements et les tunnels sont entrepris à un rabais de
20 p. 0/0 sur les prix accordés aux mêmes entrepreneurs
pour le chemin de Paris à Rouen : l’expérience de ces mes
sieurs, et la possession d’un matériel suffisant, tout prêt à
fonctionner, expliquent celte réduction dans leur prix; le
mèire cube de terrassement est fixé à 1 fr. 25 c., le mètre
courant de tunnel à 889 fr.
Les travaux son commencés, les terrains des tunnels son*
LE MONITE
Mi*
i Vj vLt
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NIVERSEL
N° 505.
partie non officielle.
INTÉRIEUR.
Paris, le 29 octobre.
Il y a eu spectacle au château hier soir ; les acteurs de
l'Opéra-Comique ont joué le Déserteur. Au nombre des
invités étaient MM. les ministres, M. le comte de Mon-
lalivet, M. le préfet de la Seine, M. le préfet de police,
M. le préfet de Seine-et-Oise, MM. les généraux Schnei
der, Sébastian!, Jacqueminot, de Garraube et Bougenel ;
le maire et le colonel de la garde nationale de Versailles ;
M. le maire et MM. les ofliciers de la garde nationale
de Saint-Cloud et de Sèvres ; MM. les colonels du 9 e cui
rassiers et des 3 e et 7 e hussards, M. le colonel du 11 e de
ligne, et les officiers de ce régiment en garnison à Saint-
Cloud.
Le bruit d'un accident funeste qui aurait frappé M. l'a
miral Houssin s’étant subitement répandu, il y a deux
jours, sans qu'il ait été possible d'en constater l'origine,
M. le ministre de la marine s est empres é de demander,
par la voie du télégraphe, des nouvelles de la santé de
l'honorable amiral à M. le préfet du département de I Hé
rault. La réponse faite par ce fonctionnaire, sous la date
d’avant-hier, est ainsi conçue : « La santé de M. l'amiral
Roussin continue de s'améliorer. »
Cette information ne peut laisser aucun fondement au
rapport que contenait un journal de Toulon, publié le 23
de ce mois, et qui a été reproduit ce matin dans plusieurs
feuilles.
Le conseil général de la Seine est resté hier en séance jus
qu’à six heures. Ii a volé plusieurs subventions à des etablis
sements agricoles et philanthropiques, notamment une allo
cation de 1,200 r r. à la Société d’horticulture de Paris; pa
reille somme à la filature c M ntrale de soie, fondée aux Champs
Elysées par une association de producteurs de cocons des
departements du nord de la France, pour la propagation de
celte précieuse industrie; 1,000 fr. à la société de patronage
des jeunes gare >rs pauvres ; enfin il a souscrit à la statue
que la ville de Montdidier va élever à Parmentier, qui a po
pularisé en France la culture de la pomme de terre.
FAITS HIVERS. — PARIS. — M. le duc Decazes
est arrivé hier à Paris, de retour de son voyage dans le Midi.
— Par un ordre du jour de M. le lieutenant général com
mandant la 1 re division militaire, notifié à toutes les troupes
en girnison dans l’étendue de la division, M. le colonel de
Marors, commandant le 23' de ligne, a été nommé prési lent
du 11* conseil de guerre, en remplacement de M. Cizac, co
lonel du 12 e de ligue, dont le régiment quitte la garnison de
Paris.
M. de Tournerrine, capitaine au 24 e de ligne , a été
nommé, par la même décision, juge prés le même conseil,
en remplacement de M. Tiron, capitaine au 12 e régiment
de la même arme ; et le sieur Tarby, sergent major au 23 e de
ligne, a été nommé également juge au 2 e conseil de guerre,
pour remplacer le sieur Passet, sergent-major au 21 e de
ligne.
Un autre ordre du jour du 27 octobre nomme M. de
Tanlay, capitaine au corps royal d’état major, commissaire
du Roi près le même conseil de guerre, en remplacement de
M. Joubert, capitaine au même corps, qui reprend Sun ser
vice à l’état-major de la 1 ,e division.
Un troisième ordre du jour appelle aux fonctions de
juge près le 1" conseil de guerre, M. Bossion, lieutenant au
5' dragon», en remplacement de M. Leroy, lieutenant au
12' de ligne, à cause du départ de son régiment. (Gazette dts
tribunaux.)
DEPARTEMENTS. — On lit dans le Journal de Maine-et-
Loire : M. le procureur général Coibin, en visitant dernière
ment la prison de Laval, ayant appris qu’une pauvre mère de
famille se trouvait détenue, en veriu de la contrainte par
corps, pour remboursement de frais de justice se montant à
30 fr. environ, et réclamés par un plaideur de mauvaise hu
meur, fit mettre immédiatement cette femme en liberté, en
payant de sa bourse le créancier. La reconnaissance de celte
pauvre femme n’a pu laisser ignorer ce trait d’humanité.
— On écrit de Nogent que la fabrication de la coutellerie,
après avoir langui pendant une partie de l’été, a repris toute
son activité depuis la mi-septembre. Tous les articles sont en
faveur et demandés.
— On lit dans le Mémorial bordelais : L’assemblée était
fort no nbreuse hier à Saint D uninique, où l’inauguration des
orgues de MM. D luhlaine et Ga linet devait avoir lieu.
Ms r l’archevêque et tout son clergé y assistaient. Avmt les
vêpres, les nouvelles orgues ont été touchées, et l’eflet pro
duit a été re igieusement magiq le, non seulement pour la
foule des curieux, mais encore pour les artistes qui s'étaient
rendus en grand nombre à cette cérémonie. Sans doute la
dépense a été extrême ; mais, à considérer ce que ces orgues
devaient ajouter aux pompes de la religion, il n'est personne
qui ne se félicite d’un pareil emploi des fonds dus à la cha
rité des fidèles.
— Nintes va élever un monument au général Cambronre.
On assure qu’il sera érigé sur la place Graslin, qui a été
choisie pour le recevoir.
— On lit dans le Courrier de Lyon, du 26 : A dater de ce
jour, nous publierons quotidiennement le bulletin exact du
mouvement de la condition des soies de Lyon :
Nombre des ballots entrés à la condition, 27 ; soies ou
vrées, 25; suies gréges, 2; total du mois jusqu’à ce jour,
1,026.
— On lit dans le Sud, de Marseille : Dimanche au soir,
vers ne -f heures, un marin du trois-mâts russe Fama, com
plètement ivre, se laissa tomber dans le port au milieu des
bateaux testeurs. Il aurait infailliblement péri si le sieur Ro
man, lieutenant, et le sieur Just, quartier-mailre de la cor
vette-école des moiissi s, n’étaient accourus à ses cris et à
ceux du préposé des douanes, qui était en ce moment de fac
tion. Non contents de l’avoir sauvé, ils ont cherché long
temps, mais en vain, de le conduire à bord de son navire.
Ils ne l’ont quitté qu’au moment où le bateau de l’ambulance
a bien voulu s'en charger.
— On écrit de la Champagne : Un temps très-doux fa
vorise nos vendangeurs. Le raisin est meilleur et plus abon
dant que ne l’espéraient les propriétaires et que devaient
le faire supposer les jours pluvieux, froids et humid< s du
commencement du mois. Mais si le soleil s’est rarement
montré, il a chauffé b s treilles lorsqu’il e»t venu, et la qua
lité des vins s’en est fort heureusement ressen ie.
Cependant la récolte est loin d'être bonne, ni même mé
diocre. Dans quelques localités, à Bouilly, à Cormost, à Ja-
LU\DI 50 OCTOBRE 1845.
vernant, elle sera tout au plus de la moitié; dans d’autres, à
Saint-Léger, à Longueville, à Rozières, à Saint-Jean-de-Bon-
neval, elle sera peut-être d’un quart seulement de celle de
l’année dernière. Comme on s'v attendait, les prix sont très-
fermes pour les vins de crus ordinaires, et ils tendent à la
hausse pour ceux des crus en renom.
Dj reste, les nouvelles sur cet article sont contradictoires ;
mais, en général, dans la Champagne comme dans la Bour
gogne, le Beaujolais, le Dauphiné et presque tout le midi, la
récolte est plus abondante et le vin de mei leur qualité qu’on
ne s’y attendait. Il parait certain que les craintes des vigne
rons étaient beaucoup trop exagérées.
— Une voiture de roulage, dont l’essieu s’était cassé, avait
été abandonnée sur la roule entre lioudan et Dreux. Dms
la soirée, le conducteur d’une diligence allant de Pans à
D eux vint heurter le timon de celle voiture, qui enf >nça le
coupé de la diligence et frap' a dans la poitrine l’un des
voyageurs. La victime de cet affreux accident est, dit-on, un
avoué de Beauvais, nouvellement marié, qui allait à Dreux
voir sa famille. Il a expiré presque sur le coup et avant
qu’aucun secours ait pu lui être administré.
NOUV ELLES DE MER.— Le vapeur-hôpital le Météore,
parti d’Alger pour Philippeville à l'effet d’y embarquer des
militaires malades qu’il devait débarquer à Ajaccio (C »rse),
ne put continuer sa roule pour ce dernier port, par suite de
graves avaries survenues dans ses machines, et il se vit con
traint de regagner le port d’Alger, où il arriva le 13 octobre,
n’ yant pas même pu relâcher à Gigelly, afin de pren Ire les
malades qui se trouvaient sur ce point. Le Météore rentra à
Alger avec cinquante-quatre militaires évacués, et ayant com
plété son chargement dans les hôpitaux de la capitale de la
colonie, l Etna, parti le 15 avec la correspondance, le prit à
la remorque.
Ces deux bâtiments, surpris en mer par un très-mauvais
temps, furent obligés de se réfugier à M dion, et nos lecteurs
savent que l'Etna a éprouvé un retard de six jours. Quant au
Météore, en entrant dans le port de Mahon, il passa sous le
beaupré d’un vaisseau américain qui le rasa complètement ; il
eut ses mâts et sa cheminée enleves. Ses machines èt-mt dé
rangées et n’ayant plus de mâture, ce bâtiment a dû prolon
ger son séj iur à Mahon, afin de Cire les réparations les plus
indispensables pour continuer sa route.
L*> bà iment à vapeur l'Etna a apporté trente - quatre
grandes caisses de couseoussou pour la nourriture des Arabes
prisonniers détenus au fort de File Sainte-Marguerite. (Tou-
tonnais.)
AEC»ERIE. — On lit dans le Moniteur algérien : Le
public apprendra sans doute avec le plus grand intérêt les
résultats heureux de la campagne, plus pacifique encore que
guerrière, qui vient de s’accomplir au loin dans les diverses
prov inces qui furent soumises autrefois à l’émir Abd-el-Kader.
I*i 1 n le vaste pays de l’Ouarensenis eût été traversé,
en diiférentes circonstances, par nos co'onnes, que chacune
des tribus guerrières dont il est peuplé eût fait à plusieurs
reprises des actes de soumission à la France, et, par suite de
ri-'S et torts persévérants, que b s kalifas de l’émir eus*ent été
bircés de quitter, avec les restes de leurs bataillons réguliers,
ce foyer de résistance, néanmoins, il était facile de voir que
non de solide n’avait été constitué dans ces contrées, et que,
tôt ou tard, nous serions obligés de revi nir sur celte œuvre
inachevée. En effet, les soumissions obtenues jusqu’alors n’a-
vaient été faites que par quelques chefs très secondaires, et
souvent même par les populations isolées, sous l’influence de
la peur, et dans le seul but de se débarrasser, au moins pas
sagèrement, de la présence de nos colonnes.
Aucun des chef», qui par leurs richesses et leur ascendant
moral sur les populations pouvaient être considérés comme
les véritables maîtres de ces montagnes, n’était venu à nous ;
leur fanatisme et leur dévouement à l’émir restaient debout
au milieu de la dévastation causée par le passage de nos
colonnes, et dès que nous étions partis, ils se présen
taient et empêchaient de nouveau les tribus d’obéir à nos
ordres.
ï edes avaient été les soumissions fallacieuses de l’automne
LS i3, dans toute l’étendue de l’immense pâté de l’O larense-
ms; telle» furent encore celles obtenues au printemps der
nier dans la partie est de cette chaîne. A peine nos colonnes
furent-elles rentrées à Milianah, qu'il se forma d.ms ces
moi tagnes une as ociatinn de plusieurs chefs, qui espetèrent
Y maintenir le drapeau d’Abd-el-K ider.
M iis M. le gouverneur general ne crut pas devoir donner
a telle insurrection naissante le temps de se propager. Qua
tre de nos colonnes, pourvues de tout ce qui était nécessaire
pour s appe antir sur le paye, l’envahirent à la fois de Mi
lianah, d’Orlèansvillc et de Teniet-el-llad. Les populations,
frappées de terreur, ne songèrent plus qu’à implorer notre
i emerice, et leur empressement à se ranger à notre obéis
sance ayant démontré à leur chef qu’il ne devait plus désor
mais compter sur leur concours, ceux-ci se sont enfin déci-
dés à briser leur pacte avec l’émir, et à se livrer sans con
ditions a notre générosité.
Le 6 octobre, ils sont venus à notre camp de l’oued Khes-
chab ; on distinguait parmi eux Hrd-Hamed-ben-Zeitouni,
le guerrier le plus renommé de l’Ouarensenis ; Djellali-ben-
Neiah, qui jmit d’une grande influence dans toute la vallée
duChélif; Cadour-ben-Chigr et Ben Rabah, agas nommes
autrefois par l’émir chez les Braaz et les béni Zoug-Zoug ;
enfin, Si A i-Mdlouk, marabout vénéré de la puissante fa
mille des Abd et Salem des Braaz.
Le maréchal avait cru devoir réunir à l’Oued Kheschab trois
de ses colonnes, et avait assigné ce lieu comme rendez-vous
a tous les chefs secondaires ues différentes tribus du versant
nord de I üuarensenis, pour procéder à l’organisation gé
nérale de ce pays. La réunion fut aussi complète qu’il était
permis de l’espérer.
Le 7 ociobre, M. le gouverneur général, en présence
cte ses trois colonnes réunies, et au milieu d’un concours
très-remarquable des habitants du pays, proclama aga de
ou «SC( S tri )us Hadj-tfabed-benSa/ah, en récompense de
son dévouement a notre cause, et de l’activité qu’il avait dé
ployée a nous servir depuis l’origine des soumissions dans la
va lee du Chelif. Des burnous d investiture furent distribués
mis t s c e s des dilféientes fractions ; la cérémonie fut
imposante et impressionna profondément toute l’assistance;
k canon et les fanfares, l’aspect pittoresque et majestueux
des lieux ajoutèrent encore à la solennité de la fêle.
nni,r S ,,, erand ? perS0,magPS dont ,,ous avons parlé plus haut,
pour e point entraver l’exercice du pouvoir entre les mains
cér iï l q . ,,0US r VOnS mslilué ’ ct f' 0!ir Prouver toute la sin-
lXnsvinV e u. C ° n , ,,le L S T a ' ks s ’ éli * bli G ‘es uns près d’ür-
de notre kabfa a Sidî S , l P Ar S ibi! M ' l,anah ’ d ’ autrts au P rès
liJdJrlniT 6 , uT én ° men,s se Posaient, la colonne par-
tontes | «i 'h n m,1lt * PS so,, missions empressées de
ontes les tribus du versant sud du grand pic et M le lieu
tenant colon. I Aynard, ai e de camo ,i, xi ’l
fion .**"* P'oré.lail à l’orR.nka-
hl, e ” s > ,l, " lt wit’W, s chefs, Mrrhmin el Ba-hli
?our“. maiche.'”' VC " US ' Ui demander =o" second
La province d’Alger est donc maintenant parfaitement
réunie à celle d'Oran, dans toute l’épaisseur du pays entre le
désert et la mer.
Les nouvelles de la province d’Oran sont aussi très-satisfai
santes. Nous avons appris qu’Abd-el-Kader, dans le but d’at-
' ténuer aux yeux des populations son échec du 22 septembre
contre les troupes du général de Lamoricière, avait tenté, le
3 octobre, sur la grande tribu des Beni-Amers, un de ces
coups de main hardis dont il a l’habitude; mais il ne put pé
nétrer que sur les fractions de cette tribu qui avoisinent les
Djaffras, et ne parvint à emmener que quelques chèvres et
moutons, et quelques femmes d’un pauvre douar. Les cava
liers des Bem-Amers étaient montés rapidement à cheval, et,
appuyés par le commandant de Btrral, sorti précipitamment
de son camp de Si li Bel-Xbbess avec quelques centaines de
fantassins, ils poursuivirent chaudement les cavaliers de l’é
mir, auquel ils ont tue une douzaine d’hommes et pris
quinze chevaux. Nos alliés ont eu quatre ou cinq hommes tués
dans le combat, et une dizaine de blessés ; mais ils ont
prouvé que nous pouvions compter, à l’avenir, sur leur fi
délité.
Le général Bedeau, sorti de Tlemcen à la nouvelle de
cette irruption de l’émir, s’est porté, par une marche des plus
rapides, sur les traces de l’ennemi, qui se retirait au sud du
Djaffra; il le poursuivit avec acharnement, et trouva sa route
jonchée des cadavres de plus de quarante chevaux et d’autres
débris qu’on laisse dans une fuite désordonnée; mais il ne
put l’atteindre, forcé par le manque de vivres de rétrograder
vers les dépôts. Le général avait ordonné au commandant
Barrai de profiter de son mouvement pour se jeter avec sa
petite troupe sur une fraction des Djaffras réfugiée au sud de
Sidi-bel-Abess; le coup de main du commandant de Barrai a
été couronne d’un plein succès; 500 bœufs, 3,000 moutons
ou chèvres, 60 chevaux ou poulains, des ânes et des cha
meaux, et près de 200 prisonniers smt tombés en son pou
voir. Une partie du goum des Beni-Amer, qui l’accompagnait,
a fait un butin très-considérable.
Nos communications avec la province de Constantine vien
nent également d’etre ouvertes par la jonction au pied du
Djebel Dira de nos deux colonnes de Tilery et de Sétif.
MM. les généraux Morey et Sillègue, agissant de concert,
ont achevé de soumettre toutes les tribus dissidentes de ces
contrées; ils ont été secondés dans leurs opérations par notre
khalifa de Sebtou-si-Mahi-Ed lin, qui est venu les rejoindre
avec un goum de 800 chevaux.
N >s affaires continuent à prospérer dans la province de
Constantine. Nous apprenons qu’une petite tribu kabyle, les
Medj.jda, placés sur la route de Collo, s’étant refusée à
payer I impôt, et donnant asile à quelques brigands qui in
festaient les environs, le colonel Barthélémy, commandant le
cercle de Philippeville, a dirigé sur elle une gazzia heureuse
à laquelle l’ennemi a perdu une trentaine de tués et blessés ;
on lui a fait, en outre quelques prisonniers, et pris quelques
troupeaux. Deux tribus des environs qui s’étaient fait atten
dre, se sont empressées d’aller payer leurs contributions à
Philppeville ; la tribu elle-même de iVedjejda a dû s’exécuter
avmt la rentrée de notre co'onne.
Un fils de Ben-Salem, ex-kilifa de Sehaou, jeune homme
1 de quatorze ans environ, est venu le 17 se mettre sous la
protection de M. le gouverneur général, après avoir aban
donné la lente de son père.
i On voit par ce résumé que, de tout le vaste territoire qui
obéis ait jadis religieusement à l’émir, il ne lui reste aujour
d’hui qu’une petite zone au sud et au sud-ouest de Mascara,
dans laquelle vivent deux ou trois tribus en grande partie
ruinées. Il y a aussi trois ou quatre tribus kabyles sur le re
vers nord du Jurjura qui n’ont point encore fait leur soumis-
s on, parce que nous n’avons jamais pénétré dans leur pays.
Enfin, il y a quelques petites tribus sur la frontière du Maroc
plutôt indéci es qu’hostiles, et qui profitent de leur voisinage
de cet empire et de l’incertitude des limites pour ne pas payer
l'impôt.
Ajoutons à ce talVcau qn’Abd-el-Kader ne dispose plus que
d’environ 600 ou 700 fantassins et environ 400 ou 500 cava
liers réguliers ; qu’il n’a plus de magasins, qu’il ne lève plus
d impôts, et que probablement ses ressources financières sont
excessivement réduites, si elles ne sont pas complètement
nuiles. Ce qui est certain c’est qu’il ne donne des à-compte
à ses soldats qu’après la vente des troupeaux qu’il enlève aux
tribus qui nous sont soumises.
La guerre qu il'fait aujourd’hui est celle d’un partisan ; il
évite autant qu’il peut d’avoir affaire à nos colonnes; il épie
les lacunes que nous sommes souvent forcés de laisser sur la
longue lignede protection, pour se jeter à l’improviste sur une
tribu et lui enlever quelques troupeaux et quelques femmes;
en un mot, il attaque, il ruine quelques fractions de sesanciens
sujets, mais il ne fait aucune tentative directe contre nos
troupes. Tout fait présumer qu’il lui est à peu près impossible
aujourd’hui de sortir du petit canton dans lequel il a été
refoulé, parce que ces troupes sont trop fatiguées, trop dé
pourvues de tout pour entreprendre un grand déplacement.
D’autre part, il ne peut pas s’éloigner trop de la smala, qu’il
doit protéger et nourrir. Ede est encore très-nombreuse, dit-
on; elle s’est retirée près de Chilellah, chez les Ouled-Sidi-
Chiqr, grande tribu au sud-ouest de Tlemcen, où elle se croit
à l’abri de nos atteintes.
— On écrit au Toulonnais : Je vous ai parlé dans le temps
de la beauté des cèdres de la forêt près Tenia-el-Aad ; j’ai
vu une table faite d’une seule rondelle de l’un de ces arbres
et autour de laquelle douze convives peuvent facilement s’as
seoir; n’est-ce pas merveilleux, et peut-on dire qu’il n’y a pas
d’arbres en Afrique ? Je crois au contraire que si le feu ne
dévastait pas chaque année les pousses no ns aurions d’aussi
belles forêts que dans le nord.
— Hier un grand malheur est venu nous attrister. Plu
sieurs mineurs espagnols, ayant allumé la mèche d’une mine,
se retirèrent comme d’habitude dans un trou préparé ; la
mine ayant sauté, une grosse pierre tomba sur les Espagnols
cachés; plusieurs la voyant tomber se dérangèrent, mais un
pauvre ouvrier, père de six enfants en bas âge, la reçut sur
la tête pendant qu’il buvait de l’eau à la régalade. Le mal
heureux est mort sur-le-champ ; c’est un malheur immense
pour sa famille réduite ainsi à la plus horrible misère.
CHEMINS DE FER. — L’administration du che
min de fer de Rouen au Havre vient de signer avec MM. Ma-
kenzi ct Brasse y le marche le plus important qui ail encore
été fait en France.
Les principaux travaux du chemin de fer du Havre sont :
le pont de Rouen, sept tunnels d’une étendue de 6,500 mè
tres, un viaduc de 27 arches, dans la vallée de Barentin,
ayant 33 mètres de hauteur à l’arche du centre.
L’importance des travaux est de 13 à 14 millions; ils de
vront être entièrement terminés en mai 1846.
Les terrassements et les tunnels sont entrepris à un rabais de
20 p. 0/0 sur les prix accordés aux mêmes entrepreneurs
pour le chemin de Paris à Rouen : l’expérience de ces mes
sieurs, et la possession d’un matériel suffisant, tout prêt à
fonctionner, expliquent celte réduction dans leur prix; le
mèire cube de terrassement est fixé à 1 fr. 25 c., le mètre
courant de tunnel à 889 fr.
Les travaux son commencés, les terrains des tunnels son*
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