Titre : Le Figaro : journal littéraire : théâtre, critique, sciences, arts, moeurs, nouvelles, scandale, économie domestique, biographie, bibliographie, modes, etc., etc.
Éditeur : Jourdan fils (Paris)
Éditeur : [s.n.][s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1831-08-03
Contributeur : Alhoy, Maurice (1802-1856). Directeur de publication
Contributeur : Arago, Étienne (1802-1892). Directeur de publication
Contributeur : Lepoitevin de L'Égreville, Auguste (1791-1854). Directeur de publication
Contributeur : Bohain, Victor (1805-1856). Directeur de publication
Contributeur : Latouche, Henri de (1785-1851). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb344484501
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Format : Nombre total de vues : 13022 Nombre total de vues : 13022
Description : 03 août 1831 03 août 1831
Description : 1831/08/03 (Numéro 215). 1831/08/03 (Numéro 215).
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k267056r
Source : Bibliothèque nationale de France
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 15/10/2007
MERCREDI
3 3 AOUT i83i.
Oni'ttonne à Paris, *u Bureaa
du Journal, Citb Bergère, n°n
faubourg Montmartre), chez tous
le» Libraires, et chez tout les Di-
recteurs et Directrices des postes
'qui recevront le prix de l'abon-
nement.
Les lettres non affranchies ne te-
TOot pas reçues..̃>
,̃̃̃• i-
VI* ANNÉE. b. N'2,5,
'̃̃̃̃ » ̃ ̃̃"̃ ;v-
«
ABONNEMENT ÏOOT. PARU?
Pour tu mois.. • 6 fr.
Pour trois moii. i5 fr.
POUR LES DÉPARTBMENÎ.*
Pour un, moig..ri 7 fr;
Pour trois mois. i8 fr.
POUR l'ÉTRAHOKR.
Pour troir mois.. a», fr. 5o e,
'Iw.
AH! BASILE, MON MIGNON, FAISEUR DE COUPS D'ÉTAT, EN VOICI DU BOIS VERT..t:ï
̃ FIGARO
i:: ̃ ï.a so^ette. ̃:•̃ .̃ >;̃ •̃•̃•̃ ̃-̃
Un fait est un fait. Il a ses raisons en lu!, même quand l'in-
telligence s'en révolte et qu'il fatigue la perspicacité. Il s'en pré
sente parfois qui sont tellement à part et qui offrent un carac-
tère si phénoménal qu'en les creusant la dialectique tremble
jslla raison frémit, Ils «ont ctfles'ex-a«ïaect.?es, Yaoesawr-
rïéz et vous comprendriez Platon (que peu savent et que bien
moins comprennent) qu'il faudrait vous en tenir là. M. Cou-
sin y perdrait son creux M. Ballancbe son vide. Après cela,
faites de l'adage, de la géométrie morale, des sentences comme
Labruyère vous en êtes libre les variétés de l'espèce hu-
maine, les caprices de l'être indéchiffrable qu'on appelle âme
uniquement pour désigner d'une façon quelconque ce qu'il y
a de pjus obscur dans la création ne se renferment pas dans
la maigre circonférence tracée par le compas philosophique-
A dix-huit ans, fraîche et modeste, la plus jolie fille d'un
hameau de l'Orléanais prit un mari. C'était l'objet de son choix,
une affaire de prédilection, un acte libre. La Solette (on la
nommait ainsi ) eut deux enfans en trois années. Le ménage
éfait cité à la ronde. On ne connaissait pas dans les environs,
j^b mari de plus belle humeur qu'Alary, de femme plus joyeuse
de ses devoirs que la Solette.
Vint à travers ce paradis domestique se jeter un mauvais
génie. François Lefebvre, dit-on, n'avait rien qui pût excuser
une femme de se donner à lui,si ce n'est son affectation de nepas
croire aux cruelles, Ici, le poète et le romancier chercheraient
eii vain pour satisfaire des lecteurs raisonnables, cesgrada-.
tions d'art, ces hasards subtils, ces finesses compliquées qui
expliquent mathématiquement une chute, ou donnent avec
tous les ménagemens de la vraisemblance, l'histoire d'une
complète métamorphose. Leur roman leur 2rame offrirait
dans £8 cas une lacune ou un mensonge. La Solelte plus
tard, regarda sa faute comme l'effet d'uq sort « Dès que sa
moin eut touché la mienne, dit-elle qui ne fut bien qu'au-
près «le lui j'étais ensorcelée. » • ,/•: •••:
Que sur ceci l'on sourie, je le conçois. L'interprétation la
IIV
plus impertinente est sans doute en pareil cas la meilleure. Mais
l'histoire change et du vice marche hâtivement au crime.
Cettfc femme n'a plus qu'une pensée la mort du père de ses
enfanï! Peur cela elle corrompt les mets, elle empoisonne
là boisson, recommence sans remords et s'acharne sans relâ-
che. 11 mourra Superstitieuse et patiente, elle mêle des arai-
gnée- à ses alimens elle lui verse-de l'urine de crapaud et
gmW robuste du malheureux est enfin sur le point de succomber,
quand il est étendu presque agonisant sur un grabat, alors la
Solette, sous les yeux de la victime se jette dans les bras de
François Lefebvre, et le conjure avec des supplications fré-
nétiques, d'étouffer Alary, qui les voit et se meurt, témoin
impuissant dont le râle et le regard désespéré sont les seules
protestations.
François Lefebvre s'y refuse. Tout ce qu'il veut bien faire
pour la satisfaction de la Solelte, c'est de railler par de lâches
défis celui qui n'est presque plus qu'un cadavre. N'y a-t-il paa
dans ce tableau un rafinement de frénésie, de cynisme et de
barbarie qui fait pâlir tout ce que le galvanisme à la mode s'est
plu récemment à nous faire voir dans les cauchemars littérai-
res qu'on donne aujourd'hui pour de la vie réelle? Niez donc
maintenant le moyen âge au 19* siècle 1 >.
Et comme il lui faut à toute force uù bras d'homme pour
achever ce mourant, c'est son père son propre père qu'elle
implore, et qu'elle implore avec des larmes. Elle fuira, dit-
elle, au bout du monde. Vous le voyez cette paysanne a tous
les élans romanesques de la civilisation, mêlés au sang de vi-
triol d'une Africaine. Mais a-t-elle donc. pris ces fureurs sous'
nos latitudes calmes et dans la simplicité d'une éducation vil-
lageoise ? ̃••
Dès ce moment, la conscience chargée d'une révélation si
pesante en est accablée. Il faut qu'un père soit le dénonciateur T
ou le complice de sa fille. Comment éteindre dans Te mystère ce ¡
foyer où l'adultère attise un incendie? Chaque minute est grosse F
d'un meurtre, d'un forfait bieu résolument arrêté. Il temporise,
il compose il cherche à tromper la Solette en acceptant cette
épouvantable complicité, en créant des délais en reculant de,
3 3 AOUT i83i.
Oni'ttonne à Paris, *u Bureaa
du Journal, Citb Bergère, n°n
faubourg Montmartre), chez tous
le» Libraires, et chez tout les Di-
recteurs et Directrices des postes
'qui recevront le prix de l'abon-
nement.
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TOot pas reçues..̃>
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VI* ANNÉE. b. N'2,5,
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ABONNEMENT ÏOOT. PARU?
Pour tu mois.. • 6 fr.
Pour trois moii. i5 fr.
POUR LES DÉPARTBMENÎ.*
Pour un, moig..ri 7 fr;
Pour trois mois. i8 fr.
POUR l'ÉTRAHOKR.
Pour troir mois.. a», fr. 5o e,
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AH! BASILE, MON MIGNON, FAISEUR DE COUPS D'ÉTAT, EN VOICI DU BOIS VERT..t:ï
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moins comprennent) qu'il faudrait vous en tenir là. M. Cou-
sin y perdrait son creux M. Ballancbe son vide. Après cela,
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Labruyère vous en êtes libre les variétés de l'espèce hu-
maine, les caprices de l'être indéchiffrable qu'on appelle âme
uniquement pour désigner d'une façon quelconque ce qu'il y
a de pjus obscur dans la création ne se renferment pas dans
la maigre circonférence tracée par le compas philosophique-
A dix-huit ans, fraîche et modeste, la plus jolie fille d'un
hameau de l'Orléanais prit un mari. C'était l'objet de son choix,
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nommait ainsi ) eut deux enfans en trois années. Le ménage
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j^b mari de plus belle humeur qu'Alary, de femme plus joyeuse
de ses devoirs que la Solette.
Vint à travers ce paradis domestique se jeter un mauvais
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une femme de se donner à lui,si ce n'est son affectation de nepas
croire aux cruelles, Ici, le poète et le romancier chercheraient
eii vain pour satisfaire des lecteurs raisonnables, cesgrada-.
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expliquent mathématiquement une chute, ou donnent avec
tous les ménagemens de la vraisemblance, l'histoire d'une
complète métamorphose. Leur roman leur 2rame offrirait
dans £8 cas une lacune ou un mensonge. La Solelte plus
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moin eut touché la mienne, dit-elle qui ne fut bien qu'au-
près «le lui j'étais ensorcelée. » • ,/•: •••:
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Solette, sous les yeux de la victime se jette dans les bras de
François Lefebvre, et le conjure avec des supplications fré-
nétiques, d'étouffer Alary, qui les voit et se meurt, témoin
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François Lefebvre s'y refuse. Tout ce qu'il veut bien faire
pour la satisfaction de la Solelte, c'est de railler par de lâches
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barbarie qui fait pâlir tout ce que le galvanisme à la mode s'est
plu récemment à nous faire voir dans les cauchemars littérai-
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maintenant le moyen âge au 19* siècle 1 >.
Et comme il lui faut à toute force uù bras d'homme pour
achever ce mourant, c'est son père son propre père qu'elle
implore, et qu'elle implore avec des larmes. Elle fuira, dit-
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les élans romanesques de la civilisation, mêlés au sang de vi-
triol d'une Africaine. Mais a-t-elle donc. pris ces fureurs sous'
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Dès ce moment, la conscience chargée d'une révélation si
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