Titre : Le Figaro : journal littéraire : théâtre, critique, sciences, arts, moeurs, nouvelles, scandale, économie domestique, biographie, bibliographie, modes, etc., etc.
Éditeur : Jourdan fils (Paris)
Éditeur : [s.n.][s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1831-03-15
Contributeur : Alhoy, Maurice (1802-1856). Directeur de publication
Contributeur : Arago, Étienne (1802-1892). Directeur de publication
Contributeur : Lepoitevin de L'Égreville, Auguste (1791-1854). Directeur de publication
Contributeur : Bohain, Victor (1805-1856). Directeur de publication
Contributeur : Latouche, Henri de (1785-1851). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb344484501
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Format : Nombre total de vues : 13022 Nombre total de vues : 13022
Description : 15 mars 1831 15 mars 1831
Description : 1831/03/15 (Numéro 74). 1831/03/15 (Numéro 74).
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k266916w
Source : Bibliothèque nationale de France
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 15/10/2007
MARDI
!5 MARS i83ir
©m'abonne à Paris, au Bureau
do Journal, Cité Behgbrb »» i»
faubourg Montmartre), chez tous
le» Libraires, et chez tous les Di-
recteur» et Directrices des postes,
qui recevront le prix de l'abon-
nement.
Les lettres non affranchies ne seV
ront pas reçues.
AH! BASILE, MON MIGNON, FAISEUR DE COUPS 6'ÉTAT, EN VQICI DU BOIS. VERT,7
ON VILLAGE CONDAMNÉ A MORT.
Là bas c'est le Martigues petite Venise provençale aux
trois comparlimens et je cheminais au milieu des rochers par-
fumés d'aromates par un vent tiède un ciel bleuâtre et un
de ces beaux soleils du midi dont la lumière sur la terre pa-
raît t de l'or.Devant moi, des coteaux et des vallées couvertee de
vignes rpujgeâlres, jie figuiers^ aux larges feuilles, de câpriers
qui rampept et d'oliviers au feuillage mélancolique. ïcôré^
le grand étang deBerre, uni et brillant comme une glace,
plus azuré encore que le lac de Genève; puis, au-delà le
bruissement de la Méditerranée et si j'avais voulu des sou-
venirs historiques il y avait là tout autour de moi des restes
de l'invasion romaine des débris de camps fortifiés un canal
creusé pour retrancher une armée une plage où Marius se
préparait à combattre les Cimbres.Spectacle à faire sauter de
joie un antiquaire c'était la Suisse et l'Italie confondues sous
le ciel doux de la Provence.
Du milieu de ces champs d'oliviers le village de St-Mitre
s'élançait avec ses vieux rempart; crénelés que dominait le
drapeau tricolore symbole vivant de la barbarie féodale vain-
cue parla civilisation moderne. Tous eussiez dit d'un séjour
de bonheur, d^une terre enchantée. Vous eussiez refait là
FAstrée de Durfé mieux que sur les bord* du Lignon. Passez
votre chemin il y a ici de la déception dans l'air c'est un
pays condamné à mort. ̃•
Ses habitans ont les premiers de, ces contrées arboré le dra-
peau de la révolution Qu'importe? Il leur faut mourir, non
par la balle et le canon, la mort est trop belle ,,ils ne se plain-
draient pas mais par la fièvre qui rend jaune et hâve par
̃lafièvit*, qui: défigure, affaiblit, énerve et qui tue ensuite,.
C'est maintenant une population de fantômes on dirait des
•plaines de l'Adigé ou du ijPd oàlbs paysans se traînent cb.m-
nae des agonisaus des Marais-Poutins 'où. le voyageur. qui
pjtïseen poste prend la fièvre.
̃̃ Chaque année répidémie raif sa moisson et' chaque année
«a moisson est plus belle. L'an dernier,' ceiit morts cette
¥l: ANNÉE. N» >jQ
ABOHNEÏ*ENT ÏOtJB. PARI3
Pour un mois. 6 6 fr
Pour trois moi».. i iS fr
POUR LES DÉPAKTBMJENS
pour; un' mois. « f 7 tri
Pour trois moii.̃ iSifr.
̃ POCK L'ÉTRANGER.
Pour troil mois.. aa fr. So «1
année cent cinquante. Le village est petit, il disparaîtra bien-
tôt. Le ménétner a suspendu son tambourin et jeté son fifre
qui faisait tressaillir les jeunes filles aux yeux noirs le glass
continu des morts remplace la joyeuse musique. On l'enterrera
demain dans un mois au plus avec tant d'autres voici l'éta
qui arrive, et la mort aus9Î.
Cependant il n'y a pas long-tems que l'air était sain la
terre n'empoisonnait pas ses habitons. Ce n'est pas la nature
ijK-'ila.uJ^Waspjiémer. Blasphémez les hommes et le génie hi-
deux du négoce qui pouV .«n vpèu. d'argent ^taeTftiepoptl*
lation. •>. j ̃ • -•; -'̃̃ t • • ..«;̃̃
Ou est allé dire au pré£ct;de'Marseilleqùeallait mourir parce que des spéculateurs avaient arrêté le cours
des eaux pour fabriquer plus aisément dô la soude.:Qn lui a
dit qu'ils avaient fait un marais fangeux d'un ruisseau qui ar-
rosait des prés et des vignes. Il ne s'agissait donc pour le pré-
fet que de faire exécuter les lois,, d'ourrir^a. digue j>Çtçk lais-
ser couler l'eau pour sauver la vie à tout un village. Le pré-
fet, qui respire dans ses beaux appartemens l'air embaumé de
Marseille, a répondu qu'il n'avait rien à ordonner. Ainsi
quele village meure. ̃ '̃ ̃ > ̃ • •
Lé ministre ne répond1 pas. A qui donc s'adresser? Que le
village meure.
Et comme j'entrai dans St-Mitre ces pauvres paysans se
désespéraient. Ils n'avaient plus de ressource que dans leurs
bras et dans la violence. Ils étaient décidés, à l'employer pour
sauver de la fièvre leurs femmes # leurs enfans. Qu'importe
cela aux fabricant de soude, aux ministrètet au préfet? Ceux
qui se révolteront et qui détruiront ladîgue seront enwyés
au bague et ce sera plutôt fait du village condamné à mort.
Si vous voyagez dans le Midi, pe soyez ni muet, nijsujfd;
mais soyez bègue. IC*<
!5 MARS i83ir
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qui recevront le prix de l'abon-
nement.
Les lettres non affranchies ne seV
ront pas reçues.
AH! BASILE, MON MIGNON, FAISEUR DE COUPS 6'ÉTAT, EN VQICI DU BOIS. VERT,7
ON VILLAGE CONDAMNÉ A MORT.
Là bas c'est le Martigues petite Venise provençale aux
trois comparlimens et je cheminais au milieu des rochers par-
fumés d'aromates par un vent tiède un ciel bleuâtre et un
de ces beaux soleils du midi dont la lumière sur la terre pa-
raît t de l'or.Devant moi, des coteaux et des vallées couvertee de
vignes rpujgeâlres, jie figuiers^ aux larges feuilles, de câpriers
qui rampept et d'oliviers au feuillage mélancolique. ïcôré^
le grand étang deBerre, uni et brillant comme une glace,
plus azuré encore que le lac de Genève; puis, au-delà le
bruissement de la Méditerranée et si j'avais voulu des sou-
venirs historiques il y avait là tout autour de moi des restes
de l'invasion romaine des débris de camps fortifiés un canal
creusé pour retrancher une armée une plage où Marius se
préparait à combattre les Cimbres.Spectacle à faire sauter de
joie un antiquaire c'était la Suisse et l'Italie confondues sous
le ciel doux de la Provence.
Du milieu de ces champs d'oliviers le village de St-Mitre
s'élançait avec ses vieux rempart; crénelés que dominait le
drapeau tricolore symbole vivant de la barbarie féodale vain-
cue parla civilisation moderne. Tous eussiez dit d'un séjour
de bonheur, d^une terre enchantée. Vous eussiez refait là
FAstrée de Durfé mieux que sur les bord* du Lignon. Passez
votre chemin il y a ici de la déception dans l'air c'est un
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Ses habitans ont les premiers de, ces contrées arboré le dra-
peau de la révolution Qu'importe? Il leur faut mourir, non
par la balle et le canon, la mort est trop belle ,,ils ne se plain-
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C'est maintenant une population de fantômes on dirait des
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Cependant il n'y a pas long-tems que l'air était sain la
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village meure.
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