Titre : Le Temps
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1889-09-20
Contributeur : Nefftzer, Auguste (1820-1876). Fondateur de la publication. Directeur de publication
Contributeur : Hébrard, Adrien (1833-1914). Directeur de publication
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Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 20 septembre 1889 20 septembre 1889
Description : 1889/09/20 (Numéro 10363). 1889/09/20 (Numéro 10363).
Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse... Collection numérique : Bibliographie de la presse française politique et d'information générale
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Description : Collection numérique : Commune de Paris de 1871 Collection numérique : Commune de Paris de 1871
Droits : Consultable en ligne
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Source : Bibliothèque nationale de France
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 15/10/2007
On s'abonne aux Bureaux au journal, 5, BOULEVARD DUS IÏALISÏJS, k PARIS, et dans tous les Bureaux ae Poste
VENDREDI 20 SEPTEMBRE
VINGT-NEUVIEME ANNÉE. N- 10305
̃̃̃•" PRIX DE L'ABONNEMENT
MIS Trois mois, 14 fr. Six mois, 28 fr. Un an, 56 ft
mv*& ALSACE-LORRAINE lTTr.; 34 fr.; 68 h
E.UOH POSTALE 1 8 fr. 36 fr. 72 ft
LES ABOISNEMErs'TS DATENT DES 1" ET 16 DE CHAQUE MOIS
Un numéro (départements) 20 centimes!
ANNONCES MM. LAGRANGE, CERF ET Ce, 8, place de la Bourse
(Droit d'insertion réserve à la, rédaction.)
BUREAUX 5, boulevard des Italiens, PARIS
Adresse télégraphique TEMPS PARIS
PRIX DE L'ABONNEMENT
pAR]g Trois mois, 14 fr. Six mois, 28 fr. Un an, 56 ff,
DÉPt« & "aLsÂgV-lÔrRAINB 17fr.; 34 tr. 68 fr.
UNION POSTALE. lSfr.; 36 fr.; 72 fr.
LES ABONNEMENTS DATENT DES 1er ET 16 DE CHAQUE MOIS
JJn numéro (à Paris) 125 centimes.
Directeur politique Adrien Hébrard
1 ̃̃̃'̃: La rédaction ne répond pas des articles communiqués
BUREAUX 5, boulevard des Italiens, PARIS
Adresse télégraphique TEMPS PARIS
PARIS, 19 SEPTEMBRE
BULLETIN DU JOUR
La nouvelle du retour immédiat à Potsdam
de l'empereur Guillaume, qui renonce à faire
une apparition à Kœnigsberg, a contribué à
accréditer l'opinion que la visite du tsar est
sur le point de se faire enfin.
En Allemagne, depuis quelques semaines,
la presse officieuse s'était attachée, tout en
sommant en quelque sorte Alexandre III de
rendre sans plus de retard sa politesse au
souverain allemand, à réduire d'avance par
des commentaires pleins d'aigreur la portée
de ce voyage éventuel. En Russie, où le pa-
triotisme est à juste titre fort susceptible
pour tout ce qui touche à la dignité du chef
de l'Etat, on s'est décidé à répondre de
bonne encre aux provocations des confrères
d'outre-Vistule.
La Novoié Vremia se distingue par la netteté
et la fermeté de ses déclarations. Elle affirme
que Guillaume II sait fort bien que ni la vi-
site du grand-duc héritier, ni le déplacement
plus important encore que l'on attend pour
un avenir prochain ne sauraient exercer d'in-
fluence sur la situation internationale de la
Russie, telle qu'elle s'est développée dans
ces derniers temps, conformément à un pro-
gramme bien arrêté.
Le gouvernement russe, d'après ce jour-
nal, garde sa pleine liberté d'action et per-
siste à ne pas vouloir donner le moindre pré-
texte à la rupture de la paix, tout en se refu-
sant à faire litière de sa dignité ou de ses in-
térêts pour plaire à telle ou telle puissance
dont lés exigences ne connaissent point de
bornes. La Russie ne songe assurément pas
à se soustraire à l'accomplissement de de-
voirs de simple courtoisie, mais elle n'entend
pas davantage se laisser dicter les condi-
tions et le mode d'exécution de ces obliga-
tions de civilité internationale.
Voilà un langage qui n'est assurément pas
pour encourager beaucoup les scribes de la
triple alliance à attribuer à l'entrevue qui va
probablement avoir lieu à Potsdam le sens
d'une sorte d'amende honorable de la part
du souverain qui mène avec une si fière in-
dépendance la politique de l'empire russe.
Le pire est qu'il est difficile d'attaquer de
front une attitude aussi irréprochablement
correcte.
Aussi bien la presse berlinoise accueille-t-
elle avec un certain embarras la perspective
d'une visite où il lui est désormais interdit
de voir un acte d'hommage. Elle bat singu-
lièrement froid d'avance à l'hôte illustre qui
va, après quatorze mois écoulés, rendre au
jeune empereur une visite où celui-ci avait
mis tant d'empressement. Il n'est pas jus-
u'aux bruits qui courent sur la possibilité
d'un voyage du grand-duc héritier à Paris
qui ne soient reproduits avec une mauvaise
humeur non dissimulée par les organes alle-
mands.
Au ton effarouché qu'ils prennent, aux
circonlocutions pudibondes qu'ils emploient
pour parler de cette éventualité, on dirait
qu'il s'ourdit dans l'ombre une sorte d'atten-
tat aux mœurs de l'Europe monarchique. Ces
façons ont donné sur les nerfs à plusieurs
feuilles russes qui se donnent la peine
peut-être superflue d'exposer que la Rus-
sie, apparemment, a, tout comme l'Allema-
gne, le droit de cultiver les amitiés qui lui
-• plaisent.
Cet échange de propos aigres-doux serait,
il en faut convenir, une préface bien singu-
lière à l'entrevue qui va probablement avoir
lieu entre les souverains de ces deux grands
empires, s'il fallait voir dans celle-ci autre
chose qu'une de ces cérémonies d'apparat
d'où l'on sort exactement comme on y était
̃ sntré. ̃̃ ̃ ̃•̃̃ ̃̃ ̃ ̃ • ̃-
L'élection du professeur Sbarbaro à une
forte majorité par le collège de Pavie est un
de ces incidents désagréables qui jettent un
grand jour sur l'état d'esprit d'un corps élec-
toral. Il s'agissait de remplacer M. Cairoli,
et le souvenir de cet homme d'Etat, qui a été
l'un des héros du Risorgimcnlo investissait
d'un intérêt particulier le vote à rendre.
Les électeurs n'ont pas cru pouvoir donner
,un plus digne successeur à l'ancien premier
ministre qu'un hôte des prisons de Sa Ma-
jesté italienne, duquel tout ce que ses amis
dans la presse ont trouvé de plus favorable
à dire, c'est que c'est un cerveau timbré, un
inconscient partiellement irresponsable.
Ce n'est pas tout. En dehors même du
scandale de voir un Sbarbaro succéder à un
Cairoli, cette élection confirme la tendance
du suffrage populaire à s'ériger en cour de
dernière instance pour casser les arrêts de la
justice et forcer la main à la prérogative gra-
cieuse du roi. Déjà le forçat Cipriani, cinq ou
six fois renommé dans les Romagnes, a dû
à cette persévérance sa sortie du bagne.
Le gouvernement voit avec quelque in-
quiétude la coutume s'impatroniser de re-
cruter la Chambre dans des établissements
de force et de correction dont il n'a jamais
prétendu faire une pépinière parlemen-
taire. -v. t
PEUÏLLETOM OU {ftCttipS
DU 20 SEPTEMBRE 1889 [15]
UN MYSTERE
:rV;; ̃̃̃•̃ ̃ xvi '̃̃
Le lendemain une petite pluie fine s'abattit
sur la ville, s'opposant à toute excursion.
Estelle se rendit à la cathédrale et soumit le
sacristain à un rigoureux interrogatoire. Qui
était cette femme? habitait-elle Coutances? la
voyait-on à l'église? 2
Le brave homme n'en savait absolument
rien il n'avait pas remarqué celle-là plus
qu'une autre; beaucoup de femmes pieuses ve-
naient à la cathédrale en accomplissement de
quelque vœu, et s'en retournaient sur-le-champ;
il ne les connaissait pas. Estelle ne put rien
savoir.
Cependant, en y réfléchissant à loisir, elle se
trouva convaincue de n'avoir ni rêvé ni perdu
le sens c'était bien Rosalie qu'elle avait dû
voir; en effet, les habitudes de cette fille
avaient pu l'amener à Coutances en pèlerinage;
mais pourquoi cette expression sur son visage?
Estelle était sûre d'avoir été reconnue une
pareille coïncidence deressemblances ne saurait t
se produire.
Etait-ce le remords d'avoir tourmenté son
enfance malheureuse? La supposition était
très vraisemblable, et c'est là que s'arrêta
la jeune femme, tout en regrettant de n'avoir
pu causer avec cette fille. Maintenant que sa
vie passée lui apparaissait sous un jour nou-
veau, elle eût voulu interroger Rosalie sur
mille ditails concernant sa mère et elle-même'
elle quitta Coutances avec le regret qu'on em-
Beproduclion et traduction interdites.
DÉPÊCHES TÉLÉGRÂPHIÛOES
DES CORRESPONDANTS PARTICULIERS DU TempS
Belgrade, 19 septembre, 9 heures.
Je vous ai télégraphié hier l'émoi causé dans les
régions gouvernementales par les armements de la
Bulgarie. Aujourd'hui même, les régents et les mi-
nistres se réunissent en conseil pour discuter la si-
tuation et aviser aux moyens à prendre. Les ren-
seignements les plus précis de Sofia ne laissent
plus aucun doute sur la gravité des armements bul-
gares. Malgré les démentis et les notes rassurantes
du cabinet de Sofia, c'est une véritable mobilisation
qu'on prépare. En admettant même que l'objectif de
ces armements soit la Macédoine, la Serbie ne sau-
rait envisager avec indifférence une tentative des
Bulgares sur cette province.
Belgrade, 19 septembre, 9 h. 25.
L'organe progressiste, le Maie Novine, se plaint
de ce que le métropolitain Michel ait, le jour de la
Saint-Alexandre, fait dire des prières tout d'abord
pour le tzar, et après seulement pour le jeune roi.
C'est aussi par l'intermédiaire de Mgr Michel que
les émigrants bosniaques ont fait parvenir au tsar
leur adresse de dévouement.
Vienne, 19 septembre, 8 heures.
Un journal viennois annonce l'étonnante et peu
croyable nouvelle que le nonce Galimberti quitte-
rait son poste de Vienne et irait représenter le Va-
tican à Paris. Le nonce actuel à Munich, Mgr
Agliardi, serait nommé à Vienne.
Vienne, 19 septembre, 8 h. 30.
C'est pendant le défilé des troupes à Kisber que
l'empereur François-Joseph, voyant s'avancer l'ar-
chiduc Frédéric à la tête de sa division, a dit à
haute voix « Je nomme le lieutenant-général ar-
chiduc Frédéric commandant du 5° corps. » Cette
nomination ainsi proclamée a fait une grande im-
pression.
En arrivant au quartier général à Kisber, l'ar-
chiduc Albert a fait hisser le drapeau hongrois, ce
qui a été d'autant plus remarqué, que beaucoup de
journaux s'étaient plaints dernièrement do -l'élimi-
nation du drapeau national pendant les manœu-
vres.
Des changements importants ont eu lieu dans les
grands commandements militaires. Outre l'archi-
duc Frédéric, qui remplace à Presbourg \c général
Kathy, admis à la retraite, le général Schœnfeld
passe du commandement de Gratz à celui de
Vienne. Ainsi tombent les bruits qui faisaient de
ce général le remplaçant du com>, Szechenyi à
l'ambassade de Berlin. Le commandant actuel de
Vienne, le général Kœnig, qui suit en ce moment
les manœuvres de l'armée allemande, est nommé
inspecteur général de l'infanterie. Ce poste, créé
pour le feukronprinz, est donc conservé.
Berlin, 19 septembre, 8 h. 20.
Tous les jours, les feuilles berlinoises donnent
d'autres nouvelles sur la situation du ministre des
finances, M. de Scholz. C'est devenu un véritable
jeu. Hier, on annonçait que M. de Scholz repren-
drait la direction de son département à la fin du
mois et n'userait pas du congé qu'on lui a ac-
cordé. Aujourd'hui, on désigne son successeur, qui
serait M. do Steinmann, président supérieur du
Slesvig-Holstein. M. de Steinmann serait rem-
placé f par M. de Tiedemann, président à Brom-
berg.
Berlin, 19 septembre, 9 h. 10.
M. de Schweinitz, ambassadeur d'Allemagne à
Saint-Pétersbourg, est arrivé à Berlin pour assis-
ter à la visite du tsar. M. de Bismarck se prépare
à quitter Friedrichsruhe pour se trouver égale-
ment dans la capitale pendant le séjour du tsar.
Rome, 19 septembre 10 h. 25.
Il est faux que le Vatican prépare la publication
d'une brochure sur la question romaine, appuyée de
documents officiels. Une publication de ce genre
n'est pas d'usage au Vatican. La vérité est qu'on fait
recopier quelques documents relatifs à la question
romaine pour les nonces, qui doivent être parfai-
tement au courant des négociations entre Turin et
Rome en 1870. Probablement on comprendra dans
ces documents à recopier une lettre de la princesse
Clotilde à son père le roi Victor-Emmanuel, où elle
lui reproche l'occupation de Rome, et la réponse du
roi se justifiant en se basant sur les intérêts de la
dynastie. Ces deux lettres très curieuses sont dans
les archives secrètes du Vatican.
Le pape ne songe nullement à proclamer le dog-
me du pouvoir temporel. Un personnage du Vati-
can me faisait naguère remarquer que Léon XIII
était tellement contraire aux nouveaux dogmes,
que jamais il n'a parlé de celui de l'infaillibilité.
Il est probable que les catholiques s'abstiendront
cette année encore de la lutte pour les élections ad-
ministratives, ne voulant pas essuyer une défaite
en présence de la légion de dix mille employés du
gouvernement qui seront tenus de voter la liste li-
bérale.
Madrid, 19 septembre, 10 heures.
A peine arrivé, le marquis Vega de Armijo a
réuni les ministres actuellement à Madrid pour avi-
ser à l'incident marocain. M. de Armijo croit obte-
nir la liberté immédiate des prisonniers, une indem-
nité pour la prise du navire, le châtiment exem-
plaire des coupables. Le ministre d'Espagne à Tan-
ger a reçu l'ordre d'exiger à bref délai cette satis-
faction, sans quoi il ne présentera pas ses lettres
de créance quand le sultan arrivera à Tanger, le
21 septembre.
M. Vega de Armijo juge l'affaire d'Alhucemas
comme un acte de piraterie qui n'est pas plus im-
portant que d'autres attentats de ce genre, et qui
n'est susceptible de prendre de l'importance que si
le sultan refusait satisfaction au pavillon espagnol.
Dans ce cas, l'Espagne pourrait facilement envoyer
vingt mille hommes au Maroc immédiatement et
les faire suivre promptement de vingt mille autres.
Les garnisons espagnoles sur la côte du Maroc re-
cevront du matériel de guerre et des renforts cette
semaine.
Madrid, 19 septembre, 10 h. 30.
Réduit à ses véritables proportions, l'incident
d'Alhucemas, selon la version officielle, serait sim-
plement une agression de quelques Kabyles d'une
tribu arabe de la côte du Riff. Malheureusement,
porte des choses manquées, et la tristesse qui
l'avait abandonnée pendant quelques jours, re-
vint s'abattre lourdement sur elle.
Après avoir patiemment attendu un change-
ment de temps pendant trois jours, les deux
femmes prirent le parti d'abréger leur voyage
et de rentrer à Paris; là, au moins, elles ne
se sentiraient pas transpercées par l'humidité
glaciale des vents d'équinoxe.
Dès leur retour, Mme Montclar s'informa de
ceux de ses amis qui se trouvaient dans la ville
ou dans un. rayon rapproché; le nombre n'en
était pas grand. Elle s'arrangea néanmoins
pour les voir. On lui fit partout l'accueil le
plus cordial et on lui promit d'aller la visiter.
Relativement à Mme de Beaurand, l'attitude fut
différente selon les milieux et les tempéra-
ments. Dans certaines maisons, on s'informa
d'elle avec une curiosité mal dissimulée; dans
d'autres, on affecta d'en parler le moins pos-
sible; partout, Mme Montclar obtint la certi-
tude que sa nièce était gravement compro-
mise.
Ecoutez-moi bien, dit-elle àune de ses plus
anciennes amies qu'elle était allée voir à Saint-
Germain il fautme prendre comme je suis, vous
le savez, jepense,depuislesquaranteet quelques
années que nous nous connaissons Lh bien l
je suis avec ma nièce et pour ma nièce, et telle
je resterai jusqu'au bout. Donc, si vous m'ai-
mez, il faut vous arranger de nous deux en-
semble.
Ma chère amie, lui fut-il répondu, je par-
lerai avec une franchise égale à la vôtre. Si j'é-
tais seule, je braverais le monde à vos côtés;
mais j'ai un fils marié et un gendre il m'est
impossible d'exposer les deux jeunes femmes
à des ennuis dont on ne peut prévoir la portée;
j'irai vous voir en particulier, avec beaucoup
de joie; j'irai à votre jour l'après-midi, mais
n'exigez pas que je vous amène ma.fille ou ma
bru.
Et ne m'amenez pas votre nièce? J'ai com-
pris. réDliaua Mme Montclar. Il v a un an. ou
l'incident s'est produit au moment où une partie de
la presse, surtout de l'opposition, s'efforce de per-
suader l'opinion publique que les voyages du sul-
tan du Maroc sont une menace pour l'Espagne,
son intluence et son aspiration à un rOle prépondé-
rant dans les affaires marocaines.
A la veille du scrutin d'où sortira une nou-
velle Chambre, il convient que les électeurs
se rappellent ce qui a fait l'impuissance et la
sérilité de l'ancienne. L'histoire n'en saurait
être oubliée, et nulle autre part le corps élec-
toral ne trouvera de plus vives et plus sages
leçons. Deux causes générales, tenant à la
composition même de la Chambre de 1885,
n'ont cessé d'agir durant quatre ans et en ex-
pliquent les agitations et les incohérences.
La première et la plus grave, peut-être, c'est
la présence au palais Bourbon d'une droite
anticonstitutionnelle de près de deux cents
membres. Loin d'être conservatrice, cette
droite, en vertu même de ses passions dy-
nastiques, a toujours été révolutionnaire et,
en somme, n'a voté, n'a agi, n'a parlé que
pour détruire la République. Il est ainsi ad-
venu que la question constitutionnelle s'est
trouvée sans cesse posée au fond de tous les
débats, les a faussés, passionnés et rendus le
plus souvent stériles pour le bien du pays et
le développement de ses intérêts. Si l'on ne
veut pas voir le même spectacle recommen-
cer, si l'on ne veut pas que l'effort législatif
tout entier s'épuise sans fruit sur ce point de
forme de gouvernement, dans cette éter-
nelle défense de nos institutions, il faut
nécessairement diminuer la force de ceux
qui les mettent toujours en péril. Nous
dirons donc aux électeurs Réfléchissez à
l'histoire de l'ancienne législature; vous cons-
taterez que ladroitG, par son opposition sys-
tématique et inconstitutionnelle, a été l'élé-
ment perturbateur qui a toujours tout brouillé
et a paralysé le travail législatif. C'est le grain
de sable dans la machine parlementaire qui
la fait grincer, l'affole et parfois la détraque.
Donc votre premier souci, si vous voulez
assurer la marche paisible des affaires pu*
bliques, c'est d'éliminer ce corps irréductible
ou tout au moins de le diminuer assez pour
qu'il ne trouble plus la marche des rouages et
qu'on puisse le considérer comme une quan-
tité négligeable. Ce n'est point le fanatisme
politique qui nous faitparler de cette manière;
la prospérité du pays et l'ordre républicain
sont à ce prix.
La seconde cause d'impuissance et de
piétinement sur place a été la division en
trois fractions presque égales de la majorité
républicaine et surtout la prépondérance de
l'extrême gauche suivant qu'elle se portait
d'un ou d'autre côté. Tout était instable; les
ministères les plus franchement républicains
se trouvaient sans force et manœuvraient sur
un terrain mouvant, se sentant perpétuelle-
ment à la merci de ce groupe essentiellement
antigouvernemental qu'aucune responsabi-
lité n'effraye, qu'aucune considération d'in-
térêt général et supérieur ne peut jamais
retenir. Sachant qu'en s'alliant à la droite,
laquelle d'ailleurs acceptait toujours ces
avances, il était maître de la situation, il
usait et abusait de cette manoeuvre pour
intimider tous les gouvernements, leur arra-
cher des concessions dangereuses ou les
tenir dans sa dépendance. Si les électeurs
étaient assez malavisés pour fortifier soit la
droite, soit l'extrême gauche que le même es-
prit révolutionnaire anime, qui sont toujours
prêts à s'allier contre tout gouvernement di-
gne de ce nom, nous verrions exactement se
reproduire dans l'avenir les mêmes coali-
tions que dans le passé et ces coalitions pro-
duire toujours les mêmes fruits, à savoir
l'insécurité, la désorganisation et finalement
la ruine. Qu'il se forme au contraire une ma-
jorité de gouvernement sûre d'elle-même,
et ferme en son propos, aussitôt l'avenir ap-
paraît assuré, les affaires commerciales et in-
dustrielles vont prendre un vif essor; le Par-
lement pourra se livrer avec suite et réflexion
au travail de réformes et de progrès que la
République porte avec elle, mais qu'il faut
lui permettre de réaliser.
De ces considérations précises et dont au-
cun citoyen de bon sens et de bonne foi ne
peut méconnaitre la force découle avec une
parfaite netteté la conduite que les électeurs,
dimanche prochain, doivent partout tenir.
D'abord, point d'abstention, point de négli-
gence En république chacun doit se dire
que la direction des affaires publiques est la
première de ses affaires privées, puisque le
succès ou le profit de celles-ci en dépendent
toujours. En second lieu, ne jamais hésiter
entre un candidat de la droite inconstitution-
nelle et un candidat républicain; il faut,
avant tout, que celui-ci triomphe, parce que
son succès est celui non d'une personne, mais
de la République elle-même. Enfin, entre
deux candidats républicains, préférer tou-
jours le candidat raisonnable et modéré, ce-
lui qui peut le mieux contribuer par son esprit
ouvert et pratique, par son caractère et ses
idées à former cette majorité gouvernemen-
tale sans laquelle, sous le régime parlemen-
taire, il ne saurait jamais y avoir un gouver-
nement stable et respecté. A ces conditions,
la journée de dimanche prochain sera déci-
seulement six mois, un tel langage m'eût ré-
voltée depuis, j'ai pris beaucoup d'indulgence
pour les petites. faiblesses, et je dois dire que
c'est Mme de Beaurand qui m'a enseigné cette
vertu-là. Aussi je ne me brouillerai pas avec
vous pour ce que vous venez de me dire; je
vous remercierai même de me conserver assez
d'estime pour ne point me mettre à l'écart de
vos relations mais cela ne m'empêchera pas
de penser qu'à mon âge, et après quarante ans
d'amitié réciproque, vous me croyez assez bête
pour m'être entichée d'une femme indigne de
mon estime, car, si j'ai compris, c'est le fond
de votre pensée ? 2
Après quelques circonlocutions, l'aveu en fut
fait.
Eh bien, ma chère, je ne souhaite pas,
assurément, que pareille catastrophe arrive
jamais dans votre famille; mais, si tel était le
cas, je vous souhaiterais d'avoir affaire à une
femme telle que Mme de Beaurand. Et main-
tenant, quand vous me ferez l'amitié de venir,
vous serez toujours la bien reçue.
Au moyen de deux ou trois visites de ce
genre, Mme Montclar se créa une fort jolie
collection de personnes disposées à la plaindre,
ce qui est une des pires formes de la malveil-
lance.
Elle n'en porta la tête que plus haut, étant
douée d'un caractère à la fois despotique et
chevaleresque, qui lui donnait dans les gran-
des circonstances une attitude héroïque et hau-
taine tout à fait digne de sa race.
Cependant elle sentait la faiblesse de sa si-
tuation dans une famille où il n'y a plus qu'un
seul descendant mâle, si celui-là vient à mou-
rir tout s'écroule, et c'est ce qui serait arrivé
aux Beaurand, même sans l'appoint formida-
ble de la catastrophe où Raymond avait dis-
paru. Pour soutenir deux femmes isolées, il
fallait le bras d'un homme, et cet homme n'exis-
tait pas. Alors, à bout de ressources, et sans
consulter Estelle, qui n'eût pas été de cet avis,
Mme Montclar écrivit une longue lettre à
sive pour mettre enfin hors de contestation
l'existence de la République et inaugurer
une politique de travail utile et de progrès
pacifique.
nage-
Une majorité monarchico-boulangiste nous
mènerait fatalement a l'anarchie cette vérité
frappe non seulement tous les républicains,
mais aussi bon nombre de conservateurs, chez
lesquels l'esprit de parti n'a pas supprimé la
rectitude du jugement. M. Arthur Meyer en-
treprend aujourd'hui de les rassurer, n nous
accuse d'être divisés, écrit-il, quelle erreur et
quelle calomnie! Que le pays nous accorde la
majorité à la prochaine Chambre et nous le
comblerons de bienfaits nous lui donnerons
le « gouvernement réparateur » dont il a soif.
Nous saurons imposer silence à nos préfé-
rences dynastiques et nous gérerons, « au
mieux des intérêts de tous, la chose pu-
blique ». On le voit, M. Arthur Meyer parle
ici exactement comme MM. Denys Cochin et
F. Duval; il affirme avec eux que nos futurs
députés sauront faire une besogne utile et réa-
liser des réformes pratiques. Par malheur, les
lecteurs du Gau-ois n'ont pas oublié le récent
article où notre confrère s'exprimait tout au-
trement. « Le programme de la prochaine
Chambre, écrivait-il, tient dans ces deux mots
Revision, Constituante. Ils devront se retirer
après le vote du principe de la revision et de la
convocation de la Constituante, pour céder la
place à ceux qui auront à solliciter du pays un
autre mandat le mandat révisionniste et
constituant.» Ainsi, samedi deruierM. A. Meyer
repoussait absolument les distinctions de pro-
grammes. Ètes-vous révisionniste ou antirevi-
sionniste ? Voilà l'unique question qu'il conve-
nait, suivant lui, de poser aux candidats, et ce
matin, le même M. A. Meyer nous vante la
communauté de sentiments des conservateurs
sur la question religieuse, sur la question mili-
taire, sur la question économique, etc., etc. Ils
ontdonc un programme, un programme détaillé,
qu'ils chercheront à i'aire prévaloir pendant la
prochaine législature! Comment se retrouver
au milieu de ce chaos d'assertions absolument
contradictoires? Sans compter que dans le sup-
plément de ce jour, M. A. Meyer publie, sous
sa signature, un bref appel aux électeurs où il
déclare encore une fois que la revision est
« l'unique but. l'unique programme des can-
didats. l'unique mandat des électeurs»
Ce n'est pas tout comme les monarchistes,
réduits à leurs seules forces, sont certains d'une
défaite écrasante, il faut bien tenter un suprê-
me effort pour retenir les républicains abusés
que le boulangisme avait enrôlés sous les en-
seignes de la réaction. Aussi M. Paul de Cassa-
gnac, un des coryphées du révisionnisme, leur
fait-il aujourd'hui des concessions véritable-
ment extraordinaires. La forme du gouverne-
ment, s'écrie-t-il, n'est nullement en cause
elle n'a même rien à voir dans les élections
actuelles. « Les élections, dans notre pensée,
n'ont pas d'autre objet que de changer les hom-
mes qui sont au gouvernement. » Avons-nous
bien lu ? Cette revision, qui devait tout jeterpar
terre, cette revision promptement suivie de la
convocation d'une Constituante, ne consiste
plus maintenant qu'à changer les hommes qui
sont au gouvernement! Mais ce n'est plus la
revision, cela; c'est purement et simplement
le jeu de la bascule parlementaire, contre le-
quel on accumule tant d'outrages la majorité
se déplaçant, de nouveaux hommes arrivent au
pouvoir." Seulement il est aisé de prévoir ce que
feraient de la République M. de Cassagnac et
ses amis si jamais ils étaient appelés à la diri-
ger. Aussi la nouvelle formule de M. de Cas-
sagnac ne tentera-t-elle pas davantage les ré-
publicains que l'ancienne. Ils repousseront
énergiquement et la revision, qui se plie à de
si bizarres interprétations, et les hommes que
les réactionnaires voudraient substituer aux
républicains pour étrangler à leur aise après la
République.
L'ENSEIGHEÏfSEHT DES GRADES MANŒUVRES
Le service d'exploration a acquis dans les armées
modernes une importance et pris un développement
tels que la mise en contact des avant-gardes entraî-
nera nécessairement une action sérieuse et immé-
diate. Chaque parti, voulant se renseigner au mieux,
poussera à fond sa reconnaissance et les engage-
ments entre brigades de tète de corps d'armée de-
viendront des opérations préliminaires inévitables.
Leurs conséquences pourront être de la plus haute
gravité. Elles ne seront jamais indifférentes pour
la suite des opérations.
Imaginons qu'une brigade de tête, à la suite d'un
combat malheureux, soit dans l'obligation de battre
précipitamment en retraite. Elle va jeter le désor-
dre ou tout au moins la démoralisation dans le gros
de la colonne. Dans tous les cas, elle le forcera à la
soutenir et à révéler sa direction et sa force. L'ad-
versaire sera donc à même de découvrir précisé-
ment ce qu'il voulait voir, de connaître ce qu'il
avait mission d'apprendre. Le jour même, ou le
lendemain le corps d'armée peut payer cher l'insuc-
cès de son avant-garde. Les guerres modernes nous
fournissent maint exemple de résultats sembla-
bles.
Comme autre exemple, supposons que la brigade
de tète, faute de vigilance, néglige d'occuper un
point stratégique, une clef de position, ou que, par
suite de mauvaises dispositions, elle abandonne la
possession de cette position à l'adversaire. La mar-
che du corps d'armée ne peut plus se poursuivre
dans la môme direction, le plan général peut être
mis en échec et des opérations bien combinées
peuvent ne plus aboutir à aucun résultat appré-
ciable.
Quelles que soient les conditions dans lesquelles
se produira la rencontre de deux brigades de tête,
ce sera donc toujours un événement de guerre de
la plus haute gravité. L'opération elle-même sera
ce qui en augmente l'importance toujours dif-
ficile à bien mener. Le temps manquera forcément
Théodore Benoist, le priant de venir lui parler.
« Vous avez été, lui dit-elle, le meilleur ami
de Raymond; il ce titre, je vous demande de
venir au secours de celle qui a remplacé sa
mère, et de sa veuve. »
Lorsqu'il reçut cette lettre, Benoist était en
pleine vendange. Une récolte exceptionnelle
versait, comme un fleuve ambré, les raisins
mûrs dans les pressoirs qui criaient sous l'ef-
fort des vis; les cuves débordaient d'un moût
généreux dont l'odeur grisait jusque sur les
coteaux les garçons robustes et les belles filles
employées à la cueillette.
Après avoir médité une demi-heure environ,
Théodore, la lettre à la main, vint trouver sa
mère qui, assise sur une chaise de paille, re-
gardait monter vers les celliers des Pressoirs
la procession des vendangeurs et vendangeuses
courbés sous les hottes débordantes de grappes,
pareille aux Théories antiques.
Maman, dit-il avec la douce appellation
enfantine, qui ne semblait pas étrange sur ses
lèvres d'homme, tant il y mettait de tendre
confiance, voulez-vous lire cela?
La vieille vigneronne jeta un regard vif sur
son « garçonnet », qui détournait la tête, et lut
la lettre lentement, avec soin; la grande écri-
ture aisée de Mme Montclar ne lui paraissait
pas difficile à déchiffrer, mais elle voulait se
rendre compte des moindres mots.
Je crois, mon fils, dit-elle en lui ren-
dant le papier replié, qu'il y a là-bas pour
toi de la peine et des difficultés mais, tu
sais ce que je t'ai dit, je ne crois pas, moi,
que la veuve de ton ami mort soit une crimi-
nelle. Sa tante ne le croit pas non plus, et j'ai
idée qu'elle et moi nous avons raison. Quoique
nous soyons au milieu de notre travail, et que
ta personne me soit bien nécessaire ici, va voir
ce qu'on te veut, et fais ce que tu pourras. Ces
dames sont seules au monde, plus que seules,
puisque le monde est méchant avecelles. Sois
un homme, et sois juste, surtout. Et puis, re-
viens dès que tu pourras, parce qu'il y a bien
pour se permettre une reconnaissance complète du
terrain. Le chef de la brierade devra y suppléer par
le coup d'œil et la connaissance de la carte. A la
suite d'une rapide appréciation de la situation, i
sera dans l'obligation de prendre sa décision, de
donner clairement ses ordres et de hâter l'exécution
du dispositif de combat. S'engager le premier et en
bon ordre est déjà un commencement de succès. Il
devra viser à ce résultat.
A n'en pas douter, l'objectif, en pareil cas, sera
pour chaque parti, comme maximum, de culbuter
l'adversaire et de le repousser sur le gros du corps
afin que celui-ci se révèle en nombre et en direc-
tion, et, comme minimum, de maintenir ses posi-
tions. Pour atteindre le plus modeste des deux ré-
sultats, il faut encore que le chef de brigade fasse
preuve de réelle capacité. Nous le répétons, ces
combats de brigade contre brigade, têtes de corps
d'armée, seront incontestablement des opérations
très délicates, très difficiles à bien conduire. Les of-
ficiers généraux ne doivent négliger aucune occa-
sion de s'y exercer en temps de paix. Los manœu-
vres de division ont ce but bien déterminé, et nous
continuerons, à rencontre de bon nombre de nos
confrères de la presse militaire, à les considérer
comme indispensables à l'instruction des troupes et
des cadres.
La manœuvre de brigade contre brigade exécu-
tée par la 10= division, que nous suivons depuis son
départ de Paris, nous a vivement intéressés et for-
tifie notre opinion sur la nécessité de multiplier ces
exercices. Chaque brigade était pourvue de sa ca-
valerie et de son artillerie. La rencontre a eu lieu
dans les conditions d'imprévu qu'il faut toujours
assurer pour laisser à l'opération son caractère pra-
tique, et aux environs de la Genevraye, près de
Nemours, les résultats atteints ont été fort remar-
quables. Le général Vigneaud, ayant pris l'offen-
sive, avait apprécié avec une grande sûreté de coup
d'œil le point faible de la position de son adver-
saire. Il s'y est porté avec une grande hardiesse.
Mais le général Riu avait prévu cette attaque et
reporté son aile menacée en arrière de la position
vulnérable, en l'appuyant à des défenses naturelles,
invisibles pour l'adversaire et qui le rendaient inex-
pugnable. Il n'y eut ni vainqueur, ni vaincu. Le
général Deffis, commandant la division, et di-
recteur de la manœuvre, ne put que rendre hom-
mage à l'habileté des deux tacticiens qu'il avait op-
posés l'un à l'autre.
Ces succès en temps de paix, qu'on ne s'y trompe
pas, ont leur valeur. Ils imposent aux soldats la
confiance dans leurs chefs qui est le facteur de suc-
cès le plus précieux sur le champ de bataille.
AFFAIRES COLONIALES
Nouvelles coloniales et maritimes
M. le capitaine de frègate Cordier, officier d'or-
donnance du président de la République, est. nom-
mé au commandement de la Mouette et de la sta-
tion de la mer du Nord.
On télégraphie de Tunis à l'agence Havas
M. Regnault, consul de France, est attaché à la
résidence en remplacement de M. Benoit, appelé
à d'autres fonctions. M. Roy, contrôleur civil, est
nommé secrétaire général du gouvernement tuni-
sien, en remplacement de M. Regnault. M. Stecg,
consul suppléant, est nommé chef du cabinet du
ministre résident.
On annonce un prochain et important mouvement
dans le personnel des contrôleurs civils.
Une division de l'escadre détachée du Levant,
venant d'Alexandrie, et composée des cuirassés
Dévastation, Courbet, Amiral- Baudin Seigneley,
Couleuvrine et Condor, arrivera à Sfax vers le 8 oc-
tobre, et ensuite à Tunis.
M. le capitaine de vaisseau Barrera est nommé
membre adjoint du conseil d'amirauté.
LETTRES DE BELGIQUE
(De notre correspondant particulier)
Bruxelles, 15 septembre.
Renaissance des corporations. L'enseignement
supérieur et la collation des grades.
Le projet de loi sur les unions professionnelles,
déposé le 7 août sur le bureau de la Chambre des
représentants, vient d'être imprimé et distribué.
La question soulevée par ce projet avait donné lieu
à un intéressant débat au sein de la commission du
travail dans sa séance du 5 novembre 1886. La
2e section de cette commission avait repoussé les
conclusions d'un rapport de M. Adolphe Prins, ten-
dant à l'organisation des unions de métiers ou as-
sociations professionnelles, et les dotant de la per-
sonnification civile, c'est-à-dire, sous certaines
conditions, du droit de posséder des immeubles et
de recevoir des libéralités, dons ou legs. Réunie en
séance plénière, la commission du travail donna
tort à sa 2e section, dont les idées furent défendues
par M. Sainctelette, ancien ministre des travaux
publics, et se rallia aux principes du rapport de
M. rins. Ces principes sont également, à quelques
nuances près, ceux du projet de loi dont la Chambre
des représentants s'occupera probablement dans sa
session prochaine.
L'exposé des motifs pose en fait que la liberté
constitutionnelle d'association, garantie aux ou-
vriers comme aux patrons, et sans restriction de-
puis que les coalitions sont licites, ne peut avoir
d'efficacité sur la personnification civile. De là à la
thèse cléricale, qui considère la personnification ci-
vile comme la conséquence naturelle de la liberté
d'association, il n'y a qu'un pas. En attendant qu'il
soit fait, on en fait un en arrière vers le régime cor-
poratif, auquel la Constitution belge avait substi-
tué cette liberté sans restriction ni privilège.
Résumons les dispositions essentielles du projet
de loi
La personnification civile est accordée par l'article
1er aux unions formées exclusivement pour l'étude
et la défense de leurs intérêts professionnels entre
personnes exerçant, dans l'industrie, le commerce
ou l'agriculture, soit la même profession ou le mê-
me métier, soit des professions ou métiers similai-
de l'ouvrage ici, et que je suis trop vieille pour
tout faire "à moi seule, comme autrefois.
Elle regarda les vendangeurs, qui d'un flot
ininterrompu montaient toujours vers les cel-
liers, pour redescendre d'un pas alerte, avec
des rires et des plaisanteries.
Je vous comprends, maman, fit Théodore
en se penchant vers elle avec tendresse, et je
vous remercie.
Attends mon fils, encore un mot. Je t'ai
dit qu'il y a de la peine pour toi, là-bas: il y
en a de toute façon; cette dame est de grande
famille et ne se soucierait pas d'un vigne-
ron.
Ah ma mère, interrompit Théodore avec
une ombre de rudesse, il n'est point question
de choses pareilles. Ne vous ai-je pas dit ce
que je ne peux me tirer de l'idée? Et elle le
sait bien, allez Je ne peux pas me forcer à
l'estime, mais je suis sûr qu'elle me déteste! 1
Eh bien, mon fils, porte ta peine Et, si elle
est trop lourde, viens la conter à ta vieille
mère elle ne saura pas te consoler, car ces
peines-là, on n'en console pas, mais elle t'aime-
ra, et c'est ça qui aide
En présence de tous ces gens, gars et filles
de belle humeur, ils ne pouvaient s'embrasser;
ils échangèrent un long regard, plein de choses
tendres et profondes.
Alors je prends le train de cinq heures,
dit Théodore il en est quatre, j'ai le temps.
Il gagna la maison et peu après en sortit,
prêt pour le voyage. Il avait quitté le complet
de velours marron, habit de chasseur ou de
propriétaire, et se montrait correctement vêtu,
comme tout Parisien qui se respecte.
Je t'aime mieux en vigneron, lui dit sa
mère en le voyant. Comme ça, tu as l'air d'un
monsieur; autrement, tu es bien mon fils, vi-
gneron comme ton père!
De toute façon, ma mère, je suis bien vo-
tre fllsl dit-il en l'embrassant, cette fois en cé-
rémonie.
Les vendangeurs s'étaient arrêtés sur le
res ou connexes, c'est-à-dire concourant à un même
produit industriel.
Conditions de la personnification civile enregis-
trement des statuts et de leurs modifications; na-
tionalité ou naturalisation belge des directeurs; ls
propriété immobilière restreinte aux bâtiments né.
cessaires aux bureaux, écoles techniques, biblio.
thèques, collections, laboratoires ou champs d'ex-
périence des unions cette propriété soumise à une
taxe de cinquante centimes par franc du principal
de la contribution foncière, pour compenser les
droits de mutation; les libéralités subordonnées à
l'autorisation officielle.
Les autres dispositions sont accessoires.
D'autre part, le département de l'intérieur et de
l'instruction publique a publié le 13° rapport triennal
sur l'enseignement supérieur donné aux frais de
l'Etat, document soumis au Parlement le 28 mars
dernier. Ce rapport, présenté par M. Devolder,
embrasse la période qui se termine le 31 décem-
bre 1888 et qui appartient jusqu'au 21 octobre ô
l'administration de M. Thonissen.
La liberté de la collation des grades attribuée aug
universités par la loi de 1876, dont la réforme es1
annuellement ajournée, donne quelque intérêt à ces
renseignements statistiques du rapport:
La proportion des admissions aux non-admis-
sions s'est constamment abaissée .pendant les trois
périodes triennales qui ont suivi le vote de cette
loi. En comparaison du régime antérieur, 6.58 0/0
de diplômes en moins pendant la première période;
3.3i 0;0 en moins pendant la seconde comparée à
la première, et 3.45 en moins pendant la troisième
comparée à la seconde.
Voilà pour l'ensemble.
Mais si l'on compare entre elles les quatre uni-
versités du pays, on constate que, si toutes les quatre
délivrent moins de diplômes que sous le régime des
examens d'Etat, c'est dans des proportions fort dif-
férentes.
En effet, le rapport établit que la proportion deî
admissions a diminué de
23.27 0/0 à Bruxelles, université libre et libé-
rale
17.60 0/0 à Liège, et 16.45 0/0 à Gand, univer-
sités de l'Etat;
Et seulement 4.57 0/0 à Louvain, université
libre et cléricale.
Et comme la population scolaire s'est surtout ac-
crue dans les universités libres depuis la loi de
1876, comme Louvain a presque autant d'étudiants
que Bruxelles, on arrive à cette conclusion, qu'une
seule université belge abuse de la collation des gra-
des, à savoir V Aima mater, l'université de l'épis-
copat.
BULLETIN DE L'ÉTRANGER
[DÉPÊCHES HAVAS ET RENSEIGNEMENTS particuliers)
Angleterre
Le président des Albert docks a adressé des let-
tres au lord-maire et au cardinal Manning pour
leur rappeler les scènes de violence qui ont eu lieu
mardi aux docks et pour leur dire que la situation
n'est pas changée, car les ouvriers, contrairement
à l'engagement pris samedi, demandent, dans un
langage menaçant, que les blackleys soient congé-
dies.
Le président fait appel à l'intervention du lord-
maire et du cardinal.
A la suite de cette lettre, le lord-maire a eu une
conférence avec les directeurs.
Le président des docks a aussi adressé une lettre
au commissaire de police de Londres pour lui de-
mander de protéger les Blacldegs contre les violen-
ces ou les tentatives d'intimidation des anciens
grévistes.
D'après les dernières dépêches, la situation aux
docks s'est hier considérablement améliorée.
Une dépêche de Londres dit que lord Salisbury e(,
M. Catalani, conseiller d'ambassade, chargé d'af*
faires d'Italie, viennent de signer une convention
anglo-italienne contre la traite des esclaves. Les
clauses en sont plus rigoureuses que celles des pré-
cédentes conventions conclues jusqu'ici dans le
même but.
La convention déclare que la traite des esclaves
est un acte de piraterie. Les navires qui s'y livrent
perdent le droit de protection de leur drapeau na-
tional. La convention simplifie considérablement
les dispositions appliquées jusqu'à présent relative-
ment aux prises. Celles-ci pourront désormais êtro
livrées à la garde des croisières de leur nationalité,
pour être conduites par elles aux localités où siè-
gent des tribunaux chargés de connaître de ces dé-
lits.
La Méditerranée est exclue de la convention dont
la ratification est prochainement attendue.
Belgique
Une dépêche de Bruxelles dément la nouvelle du
prochain voyage du roi des Belges au Congo.
Le conseil communal d'Anvers, dans sa séance
d'hier, a pris connaissance du rapport du collège
échevinal sur la catastrophe du 6 septembre
Le rapport fait l'historique de l'établissement de la
cartoucherie.
Il donne la description des installations. Il estimo
que c'est surtout la façon défectueuse dont se faisait
la manipulation, qui constituait un danger. Il ajoute
que les prescriptions de sùreté imposées par l'arrêté
de la députation permanente furent transmises par
les villes aux divers services, et conclut que le seul
moyen d'éviter la catastrophe était de défendre com-
plètement l'industrie en question.
Le rapport s'abstient d'émettre un avis sur les cau-
ses immédiates de l'accident et sur l'endroit où la
première explosion s'est produite.
Le chiffre des morts est de 53, celui dos dispaiue
de 42 et celui des blessés en traitement de 62.
Les dégâts causés aux propriétés communales sonj
évalués à 324,450 francs, y compris les hangars de
pétrole.
Italie
La Biforma annonce que M. Mariant, ambnssa-
deur de France, a été reçu mardi soir par M. Crispi
auquel il a dit que M. Spuller l'avait chargé de le
voir et, après lui avoir expliqué que, faisant en ce
moment une tournée électorale, le ministre français
n'avait pas pu demander plus tôt des nouvelles de la
santé de son collègue italien, de lui dire qu'il déplore
l'exécrable attentat commis contre lui, de le féliciter
d'y avoir échappé et de lui souhaiter une très
prompte guérison.
M. Crispi a prié M. Mariani de remercier vive-
ment M. Spuller de sa délicate attention.
Le discours que M. Crispi devait prononcer, le 6
seuil des pressoirs, surpris de le voir sa va-
lise à la main.
A demain, mes enfants, leur dit-il d'une
voix forte la journée n'est point finie, et il y a
du soleil de quoi vous chauffer pendant deux
heures encore. Les pressoirs ne demandent
qu'à travailler!
On lui répondit par un joyeux bonsoir, et les
files se reformèrent au flanc du coteau.
-Tu reviendras demain, ou un autre jour,
lui dit sa mère en l'accompagnant jusqu'au
seuil de la cour; tu sais ce que Lu as à faire, jo
n'ai rien de plus à te dire.
Il attacha sur elle ses beaux yeux profonds
avec une tendresse infinie.
Vous êtes une vraie femme du bon Dieu I
lui dit-il à demi-voix; mon père a été heureux
par vous, et je suis fier d'être votre fils. Allez,
maman, allez régner sur tout ce peuple qui
vous respecte et qui vous aime avec votre bon-
net de toile blanche, vous êtes plus reine que
celles qui portent une couronne.
Il l'embrassa encore une fois et la regarda
remonter; d'un pas alerte elle retournait aux
pressoirs; il la vit dire un mot d'encourage-
ment à celui-ci, de reproche à celui-là, toujours
sans rudesse ou sans uatterie; elle s'assit, do-
rée par les rayons du soleil qui descendait ra-
pidement, entourée de grappes et de corbeilles,
comme une Pomone rustique, dans toute la
splendeur de sa divinité champêtre.
Ma chère sainte femme de mère fit-il avec
un élan d'adoration.
La locomotive parut au détour de la Loire,
sous un blanc panache de vapeur qui s'enrou-
lait dans les peupliers, et le sifflet se fit enten-
dre, répété par les échos.
Théodore prit sa course, arriva en mema
temps que le trairi à la station, et roula sur
Paris, pendant que i£s clartés du couchant
faisaient une auréole à so.? coteau.
henrV greville.
(A suivre, j l HEr;R\' GRÉVILLE.
VENDREDI 20 SEPTEMBRE
VINGT-NEUVIEME ANNÉE. N- 10305
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JJn numéro (à Paris) 125 centimes.
Directeur politique Adrien Hébrard
1 ̃̃̃'̃: La rédaction ne répond pas des articles communiqués
BUREAUX 5, boulevard des Italiens, PARIS
Adresse télégraphique TEMPS PARIS
PARIS, 19 SEPTEMBRE
BULLETIN DU JOUR
La nouvelle du retour immédiat à Potsdam
de l'empereur Guillaume, qui renonce à faire
une apparition à Kœnigsberg, a contribué à
accréditer l'opinion que la visite du tsar est
sur le point de se faire enfin.
En Allemagne, depuis quelques semaines,
la presse officieuse s'était attachée, tout en
sommant en quelque sorte Alexandre III de
rendre sans plus de retard sa politesse au
souverain allemand, à réduire d'avance par
des commentaires pleins d'aigreur la portée
de ce voyage éventuel. En Russie, où le pa-
triotisme est à juste titre fort susceptible
pour tout ce qui touche à la dignité du chef
de l'Etat, on s'est décidé à répondre de
bonne encre aux provocations des confrères
d'outre-Vistule.
La Novoié Vremia se distingue par la netteté
et la fermeté de ses déclarations. Elle affirme
que Guillaume II sait fort bien que ni la vi-
site du grand-duc héritier, ni le déplacement
plus important encore que l'on attend pour
un avenir prochain ne sauraient exercer d'in-
fluence sur la situation internationale de la
Russie, telle qu'elle s'est développée dans
ces derniers temps, conformément à un pro-
gramme bien arrêté.
Le gouvernement russe, d'après ce jour-
nal, garde sa pleine liberté d'action et per-
siste à ne pas vouloir donner le moindre pré-
texte à la rupture de la paix, tout en se refu-
sant à faire litière de sa dignité ou de ses in-
térêts pour plaire à telle ou telle puissance
dont lés exigences ne connaissent point de
bornes. La Russie ne songe assurément pas
à se soustraire à l'accomplissement de de-
voirs de simple courtoisie, mais elle n'entend
pas davantage se laisser dicter les condi-
tions et le mode d'exécution de ces obliga-
tions de civilité internationale.
Voilà un langage qui n'est assurément pas
pour encourager beaucoup les scribes de la
triple alliance à attribuer à l'entrevue qui va
probablement avoir lieu à Potsdam le sens
d'une sorte d'amende honorable de la part
du souverain qui mène avec une si fière in-
dépendance la politique de l'empire russe.
Le pire est qu'il est difficile d'attaquer de
front une attitude aussi irréprochablement
correcte.
Aussi bien la presse berlinoise accueille-t-
elle avec un certain embarras la perspective
d'une visite où il lui est désormais interdit
de voir un acte d'hommage. Elle bat singu-
lièrement froid d'avance à l'hôte illustre qui
va, après quatorze mois écoulés, rendre au
jeune empereur une visite où celui-ci avait
mis tant d'empressement. Il n'est pas jus-
u'aux bruits qui courent sur la possibilité
d'un voyage du grand-duc héritier à Paris
qui ne soient reproduits avec une mauvaise
humeur non dissimulée par les organes alle-
mands.
Au ton effarouché qu'ils prennent, aux
circonlocutions pudibondes qu'ils emploient
pour parler de cette éventualité, on dirait
qu'il s'ourdit dans l'ombre une sorte d'atten-
tat aux mœurs de l'Europe monarchique. Ces
façons ont donné sur les nerfs à plusieurs
feuilles russes qui se donnent la peine
peut-être superflue d'exposer que la Rus-
sie, apparemment, a, tout comme l'Allema-
gne, le droit de cultiver les amitiés qui lui
-• plaisent.
Cet échange de propos aigres-doux serait,
il en faut convenir, une préface bien singu-
lière à l'entrevue qui va probablement avoir
lieu entre les souverains de ces deux grands
empires, s'il fallait voir dans celle-ci autre
chose qu'une de ces cérémonies d'apparat
d'où l'on sort exactement comme on y était
̃ sntré. ̃̃ ̃ ̃•̃̃ ̃̃ ̃ ̃ • ̃-
L'élection du professeur Sbarbaro à une
forte majorité par le collège de Pavie est un
de ces incidents désagréables qui jettent un
grand jour sur l'état d'esprit d'un corps élec-
toral. Il s'agissait de remplacer M. Cairoli,
et le souvenir de cet homme d'Etat, qui a été
l'un des héros du Risorgimcnlo investissait
d'un intérêt particulier le vote à rendre.
Les électeurs n'ont pas cru pouvoir donner
,un plus digne successeur à l'ancien premier
ministre qu'un hôte des prisons de Sa Ma-
jesté italienne, duquel tout ce que ses amis
dans la presse ont trouvé de plus favorable
à dire, c'est que c'est un cerveau timbré, un
inconscient partiellement irresponsable.
Ce n'est pas tout. En dehors même du
scandale de voir un Sbarbaro succéder à un
Cairoli, cette élection confirme la tendance
du suffrage populaire à s'ériger en cour de
dernière instance pour casser les arrêts de la
justice et forcer la main à la prérogative gra-
cieuse du roi. Déjà le forçat Cipriani, cinq ou
six fois renommé dans les Romagnes, a dû
à cette persévérance sa sortie du bagne.
Le gouvernement voit avec quelque in-
quiétude la coutume s'impatroniser de re-
cruter la Chambre dans des établissements
de force et de correction dont il n'a jamais
prétendu faire une pépinière parlemen-
taire. -v. t
PEUÏLLETOM OU {ftCttipS
DU 20 SEPTEMBRE 1889 [15]
UN MYSTERE
:rV;; ̃̃̃•̃ ̃ xvi '̃̃
Le lendemain une petite pluie fine s'abattit
sur la ville, s'opposant à toute excursion.
Estelle se rendit à la cathédrale et soumit le
sacristain à un rigoureux interrogatoire. Qui
était cette femme? habitait-elle Coutances? la
voyait-on à l'église? 2
Le brave homme n'en savait absolument
rien il n'avait pas remarqué celle-là plus
qu'une autre; beaucoup de femmes pieuses ve-
naient à la cathédrale en accomplissement de
quelque vœu, et s'en retournaient sur-le-champ;
il ne les connaissait pas. Estelle ne put rien
savoir.
Cependant, en y réfléchissant à loisir, elle se
trouva convaincue de n'avoir ni rêvé ni perdu
le sens c'était bien Rosalie qu'elle avait dû
voir; en effet, les habitudes de cette fille
avaient pu l'amener à Coutances en pèlerinage;
mais pourquoi cette expression sur son visage?
Estelle était sûre d'avoir été reconnue une
pareille coïncidence deressemblances ne saurait t
se produire.
Etait-ce le remords d'avoir tourmenté son
enfance malheureuse? La supposition était
très vraisemblable, et c'est là que s'arrêta
la jeune femme, tout en regrettant de n'avoir
pu causer avec cette fille. Maintenant que sa
vie passée lui apparaissait sous un jour nou-
veau, elle eût voulu interroger Rosalie sur
mille ditails concernant sa mère et elle-même'
elle quitta Coutances avec le regret qu'on em-
Beproduclion et traduction interdites.
DÉPÊCHES TÉLÉGRÂPHIÛOES
DES CORRESPONDANTS PARTICULIERS DU TempS
Belgrade, 19 septembre, 9 heures.
Je vous ai télégraphié hier l'émoi causé dans les
régions gouvernementales par les armements de la
Bulgarie. Aujourd'hui même, les régents et les mi-
nistres se réunissent en conseil pour discuter la si-
tuation et aviser aux moyens à prendre. Les ren-
seignements les plus précis de Sofia ne laissent
plus aucun doute sur la gravité des armements bul-
gares. Malgré les démentis et les notes rassurantes
du cabinet de Sofia, c'est une véritable mobilisation
qu'on prépare. En admettant même que l'objectif de
ces armements soit la Macédoine, la Serbie ne sau-
rait envisager avec indifférence une tentative des
Bulgares sur cette province.
Belgrade, 19 septembre, 9 h. 25.
L'organe progressiste, le Maie Novine, se plaint
de ce que le métropolitain Michel ait, le jour de la
Saint-Alexandre, fait dire des prières tout d'abord
pour le tzar, et après seulement pour le jeune roi.
C'est aussi par l'intermédiaire de Mgr Michel que
les émigrants bosniaques ont fait parvenir au tsar
leur adresse de dévouement.
Vienne, 19 septembre, 8 heures.
Un journal viennois annonce l'étonnante et peu
croyable nouvelle que le nonce Galimberti quitte-
rait son poste de Vienne et irait représenter le Va-
tican à Paris. Le nonce actuel à Munich, Mgr
Agliardi, serait nommé à Vienne.
Vienne, 19 septembre, 8 h. 30.
C'est pendant le défilé des troupes à Kisber que
l'empereur François-Joseph, voyant s'avancer l'ar-
chiduc Frédéric à la tête de sa division, a dit à
haute voix « Je nomme le lieutenant-général ar-
chiduc Frédéric commandant du 5° corps. » Cette
nomination ainsi proclamée a fait une grande im-
pression.
En arrivant au quartier général à Kisber, l'ar-
chiduc Albert a fait hisser le drapeau hongrois, ce
qui a été d'autant plus remarqué, que beaucoup de
journaux s'étaient plaints dernièrement do -l'élimi-
nation du drapeau national pendant les manœu-
vres.
Des changements importants ont eu lieu dans les
grands commandements militaires. Outre l'archi-
duc Frédéric, qui remplace à Presbourg \c général
Kathy, admis à la retraite, le général Schœnfeld
passe du commandement de Gratz à celui de
Vienne. Ainsi tombent les bruits qui faisaient de
ce général le remplaçant du com>, Szechenyi à
l'ambassade de Berlin. Le commandant actuel de
Vienne, le général Kœnig, qui suit en ce moment
les manœuvres de l'armée allemande, est nommé
inspecteur général de l'infanterie. Ce poste, créé
pour le feukronprinz, est donc conservé.
Berlin, 19 septembre, 8 h. 20.
Tous les jours, les feuilles berlinoises donnent
d'autres nouvelles sur la situation du ministre des
finances, M. de Scholz. C'est devenu un véritable
jeu. Hier, on annonçait que M. de Scholz repren-
drait la direction de son département à la fin du
mois et n'userait pas du congé qu'on lui a ac-
cordé. Aujourd'hui, on désigne son successeur, qui
serait M. do Steinmann, président supérieur du
Slesvig-Holstein. M. de Steinmann serait rem-
placé f par M. de Tiedemann, président à Brom-
berg.
Berlin, 19 septembre, 9 h. 10.
M. de Schweinitz, ambassadeur d'Allemagne à
Saint-Pétersbourg, est arrivé à Berlin pour assis-
ter à la visite du tsar. M. de Bismarck se prépare
à quitter Friedrichsruhe pour se trouver égale-
ment dans la capitale pendant le séjour du tsar.
Rome, 19 septembre 10 h. 25.
Il est faux que le Vatican prépare la publication
d'une brochure sur la question romaine, appuyée de
documents officiels. Une publication de ce genre
n'est pas d'usage au Vatican. La vérité est qu'on fait
recopier quelques documents relatifs à la question
romaine pour les nonces, qui doivent être parfai-
tement au courant des négociations entre Turin et
Rome en 1870. Probablement on comprendra dans
ces documents à recopier une lettre de la princesse
Clotilde à son père le roi Victor-Emmanuel, où elle
lui reproche l'occupation de Rome, et la réponse du
roi se justifiant en se basant sur les intérêts de la
dynastie. Ces deux lettres très curieuses sont dans
les archives secrètes du Vatican.
Le pape ne songe nullement à proclamer le dog-
me du pouvoir temporel. Un personnage du Vati-
can me faisait naguère remarquer que Léon XIII
était tellement contraire aux nouveaux dogmes,
que jamais il n'a parlé de celui de l'infaillibilité.
Il est probable que les catholiques s'abstiendront
cette année encore de la lutte pour les élections ad-
ministratives, ne voulant pas essuyer une défaite
en présence de la légion de dix mille employés du
gouvernement qui seront tenus de voter la liste li-
bérale.
Madrid, 19 septembre, 10 heures.
A peine arrivé, le marquis Vega de Armijo a
réuni les ministres actuellement à Madrid pour avi-
ser à l'incident marocain. M. de Armijo croit obte-
nir la liberté immédiate des prisonniers, une indem-
nité pour la prise du navire, le châtiment exem-
plaire des coupables. Le ministre d'Espagne à Tan-
ger a reçu l'ordre d'exiger à bref délai cette satis-
faction, sans quoi il ne présentera pas ses lettres
de créance quand le sultan arrivera à Tanger, le
21 septembre.
M. Vega de Armijo juge l'affaire d'Alhucemas
comme un acte de piraterie qui n'est pas plus im-
portant que d'autres attentats de ce genre, et qui
n'est susceptible de prendre de l'importance que si
le sultan refusait satisfaction au pavillon espagnol.
Dans ce cas, l'Espagne pourrait facilement envoyer
vingt mille hommes au Maroc immédiatement et
les faire suivre promptement de vingt mille autres.
Les garnisons espagnoles sur la côte du Maroc re-
cevront du matériel de guerre et des renforts cette
semaine.
Madrid, 19 septembre, 10 h. 30.
Réduit à ses véritables proportions, l'incident
d'Alhucemas, selon la version officielle, serait sim-
plement une agression de quelques Kabyles d'une
tribu arabe de la côte du Riff. Malheureusement,
porte des choses manquées, et la tristesse qui
l'avait abandonnée pendant quelques jours, re-
vint s'abattre lourdement sur elle.
Après avoir patiemment attendu un change-
ment de temps pendant trois jours, les deux
femmes prirent le parti d'abréger leur voyage
et de rentrer à Paris; là, au moins, elles ne
se sentiraient pas transpercées par l'humidité
glaciale des vents d'équinoxe.
Dès leur retour, Mme Montclar s'informa de
ceux de ses amis qui se trouvaient dans la ville
ou dans un. rayon rapproché; le nombre n'en
était pas grand. Elle s'arrangea néanmoins
pour les voir. On lui fit partout l'accueil le
plus cordial et on lui promit d'aller la visiter.
Relativement à Mme de Beaurand, l'attitude fut
différente selon les milieux et les tempéra-
ments. Dans certaines maisons, on s'informa
d'elle avec une curiosité mal dissimulée; dans
d'autres, on affecta d'en parler le moins pos-
sible; partout, Mme Montclar obtint la certi-
tude que sa nièce était gravement compro-
mise.
Ecoutez-moi bien, dit-elle àune de ses plus
anciennes amies qu'elle était allée voir à Saint-
Germain il fautme prendre comme je suis, vous
le savez, jepense,depuislesquaranteet quelques
années que nous nous connaissons Lh bien l
je suis avec ma nièce et pour ma nièce, et telle
je resterai jusqu'au bout. Donc, si vous m'ai-
mez, il faut vous arranger de nous deux en-
semble.
Ma chère amie, lui fut-il répondu, je par-
lerai avec une franchise égale à la vôtre. Si j'é-
tais seule, je braverais le monde à vos côtés;
mais j'ai un fils marié et un gendre il m'est
impossible d'exposer les deux jeunes femmes
à des ennuis dont on ne peut prévoir la portée;
j'irai vous voir en particulier, avec beaucoup
de joie; j'irai à votre jour l'après-midi, mais
n'exigez pas que je vous amène ma.fille ou ma
bru.
Et ne m'amenez pas votre nièce? J'ai com-
pris. réDliaua Mme Montclar. Il v a un an. ou
l'incident s'est produit au moment où une partie de
la presse, surtout de l'opposition, s'efforce de per-
suader l'opinion publique que les voyages du sul-
tan du Maroc sont une menace pour l'Espagne,
son intluence et son aspiration à un rOle prépondé-
rant dans les affaires marocaines.
A la veille du scrutin d'où sortira une nou-
velle Chambre, il convient que les électeurs
se rappellent ce qui a fait l'impuissance et la
sérilité de l'ancienne. L'histoire n'en saurait
être oubliée, et nulle autre part le corps élec-
toral ne trouvera de plus vives et plus sages
leçons. Deux causes générales, tenant à la
composition même de la Chambre de 1885,
n'ont cessé d'agir durant quatre ans et en ex-
pliquent les agitations et les incohérences.
La première et la plus grave, peut-être, c'est
la présence au palais Bourbon d'une droite
anticonstitutionnelle de près de deux cents
membres. Loin d'être conservatrice, cette
droite, en vertu même de ses passions dy-
nastiques, a toujours été révolutionnaire et,
en somme, n'a voté, n'a agi, n'a parlé que
pour détruire la République. Il est ainsi ad-
venu que la question constitutionnelle s'est
trouvée sans cesse posée au fond de tous les
débats, les a faussés, passionnés et rendus le
plus souvent stériles pour le bien du pays et
le développement de ses intérêts. Si l'on ne
veut pas voir le même spectacle recommen-
cer, si l'on ne veut pas que l'effort législatif
tout entier s'épuise sans fruit sur ce point de
forme de gouvernement, dans cette éter-
nelle défense de nos institutions, il faut
nécessairement diminuer la force de ceux
qui les mettent toujours en péril. Nous
dirons donc aux électeurs Réfléchissez à
l'histoire de l'ancienne législature; vous cons-
taterez que ladroitG, par son opposition sys-
tématique et inconstitutionnelle, a été l'élé-
ment perturbateur qui a toujours tout brouillé
et a paralysé le travail législatif. C'est le grain
de sable dans la machine parlementaire qui
la fait grincer, l'affole et parfois la détraque.
Donc votre premier souci, si vous voulez
assurer la marche paisible des affaires pu*
bliques, c'est d'éliminer ce corps irréductible
ou tout au moins de le diminuer assez pour
qu'il ne trouble plus la marche des rouages et
qu'on puisse le considérer comme une quan-
tité négligeable. Ce n'est point le fanatisme
politique qui nous faitparler de cette manière;
la prospérité du pays et l'ordre républicain
sont à ce prix.
La seconde cause d'impuissance et de
piétinement sur place a été la division en
trois fractions presque égales de la majorité
républicaine et surtout la prépondérance de
l'extrême gauche suivant qu'elle se portait
d'un ou d'autre côté. Tout était instable; les
ministères les plus franchement républicains
se trouvaient sans force et manœuvraient sur
un terrain mouvant, se sentant perpétuelle-
ment à la merci de ce groupe essentiellement
antigouvernemental qu'aucune responsabi-
lité n'effraye, qu'aucune considération d'in-
térêt général et supérieur ne peut jamais
retenir. Sachant qu'en s'alliant à la droite,
laquelle d'ailleurs acceptait toujours ces
avances, il était maître de la situation, il
usait et abusait de cette manoeuvre pour
intimider tous les gouvernements, leur arra-
cher des concessions dangereuses ou les
tenir dans sa dépendance. Si les électeurs
étaient assez malavisés pour fortifier soit la
droite, soit l'extrême gauche que le même es-
prit révolutionnaire anime, qui sont toujours
prêts à s'allier contre tout gouvernement di-
gne de ce nom, nous verrions exactement se
reproduire dans l'avenir les mêmes coali-
tions que dans le passé et ces coalitions pro-
duire toujours les mêmes fruits, à savoir
l'insécurité, la désorganisation et finalement
la ruine. Qu'il se forme au contraire une ma-
jorité de gouvernement sûre d'elle-même,
et ferme en son propos, aussitôt l'avenir ap-
paraît assuré, les affaires commerciales et in-
dustrielles vont prendre un vif essor; le Par-
lement pourra se livrer avec suite et réflexion
au travail de réformes et de progrès que la
République porte avec elle, mais qu'il faut
lui permettre de réaliser.
De ces considérations précises et dont au-
cun citoyen de bon sens et de bonne foi ne
peut méconnaitre la force découle avec une
parfaite netteté la conduite que les électeurs,
dimanche prochain, doivent partout tenir.
D'abord, point d'abstention, point de négli-
gence En république chacun doit se dire
que la direction des affaires publiques est la
première de ses affaires privées, puisque le
succès ou le profit de celles-ci en dépendent
toujours. En second lieu, ne jamais hésiter
entre un candidat de la droite inconstitution-
nelle et un candidat républicain; il faut,
avant tout, que celui-ci triomphe, parce que
son succès est celui non d'une personne, mais
de la République elle-même. Enfin, entre
deux candidats républicains, préférer tou-
jours le candidat raisonnable et modéré, ce-
lui qui peut le mieux contribuer par son esprit
ouvert et pratique, par son caractère et ses
idées à former cette majorité gouvernemen-
tale sans laquelle, sous le régime parlemen-
taire, il ne saurait jamais y avoir un gouver-
nement stable et respecté. A ces conditions,
la journée de dimanche prochain sera déci-
seulement six mois, un tel langage m'eût ré-
voltée depuis, j'ai pris beaucoup d'indulgence
pour les petites. faiblesses, et je dois dire que
c'est Mme de Beaurand qui m'a enseigné cette
vertu-là. Aussi je ne me brouillerai pas avec
vous pour ce que vous venez de me dire; je
vous remercierai même de me conserver assez
d'estime pour ne point me mettre à l'écart de
vos relations mais cela ne m'empêchera pas
de penser qu'à mon âge, et après quarante ans
d'amitié réciproque, vous me croyez assez bête
pour m'être entichée d'une femme indigne de
mon estime, car, si j'ai compris, c'est le fond
de votre pensée ? 2
Après quelques circonlocutions, l'aveu en fut
fait.
Eh bien, ma chère, je ne souhaite pas,
assurément, que pareille catastrophe arrive
jamais dans votre famille; mais, si tel était le
cas, je vous souhaiterais d'avoir affaire à une
femme telle que Mme de Beaurand. Et main-
tenant, quand vous me ferez l'amitié de venir,
vous serez toujours la bien reçue.
Au moyen de deux ou trois visites de ce
genre, Mme Montclar se créa une fort jolie
collection de personnes disposées à la plaindre,
ce qui est une des pires formes de la malveil-
lance.
Elle n'en porta la tête que plus haut, étant
douée d'un caractère à la fois despotique et
chevaleresque, qui lui donnait dans les gran-
des circonstances une attitude héroïque et hau-
taine tout à fait digne de sa race.
Cependant elle sentait la faiblesse de sa si-
tuation dans une famille où il n'y a plus qu'un
seul descendant mâle, si celui-là vient à mou-
rir tout s'écroule, et c'est ce qui serait arrivé
aux Beaurand, même sans l'appoint formida-
ble de la catastrophe où Raymond avait dis-
paru. Pour soutenir deux femmes isolées, il
fallait le bras d'un homme, et cet homme n'exis-
tait pas. Alors, à bout de ressources, et sans
consulter Estelle, qui n'eût pas été de cet avis,
Mme Montclar écrivit une longue lettre à
sive pour mettre enfin hors de contestation
l'existence de la République et inaugurer
une politique de travail utile et de progrès
pacifique.
nage-
Une majorité monarchico-boulangiste nous
mènerait fatalement a l'anarchie cette vérité
frappe non seulement tous les républicains,
mais aussi bon nombre de conservateurs, chez
lesquels l'esprit de parti n'a pas supprimé la
rectitude du jugement. M. Arthur Meyer en-
treprend aujourd'hui de les rassurer, n nous
accuse d'être divisés, écrit-il, quelle erreur et
quelle calomnie! Que le pays nous accorde la
majorité à la prochaine Chambre et nous le
comblerons de bienfaits nous lui donnerons
le « gouvernement réparateur » dont il a soif.
Nous saurons imposer silence à nos préfé-
rences dynastiques et nous gérerons, « au
mieux des intérêts de tous, la chose pu-
blique ». On le voit, M. Arthur Meyer parle
ici exactement comme MM. Denys Cochin et
F. Duval; il affirme avec eux que nos futurs
députés sauront faire une besogne utile et réa-
liser des réformes pratiques. Par malheur, les
lecteurs du Gau-ois n'ont pas oublié le récent
article où notre confrère s'exprimait tout au-
trement. « Le programme de la prochaine
Chambre, écrivait-il, tient dans ces deux mots
Revision, Constituante. Ils devront se retirer
après le vote du principe de la revision et de la
convocation de la Constituante, pour céder la
place à ceux qui auront à solliciter du pays un
autre mandat le mandat révisionniste et
constituant.» Ainsi, samedi deruierM. A. Meyer
repoussait absolument les distinctions de pro-
grammes. Ètes-vous révisionniste ou antirevi-
sionniste ? Voilà l'unique question qu'il conve-
nait, suivant lui, de poser aux candidats, et ce
matin, le même M. A. Meyer nous vante la
communauté de sentiments des conservateurs
sur la question religieuse, sur la question mili-
taire, sur la question économique, etc., etc. Ils
ontdonc un programme, un programme détaillé,
qu'ils chercheront à i'aire prévaloir pendant la
prochaine législature! Comment se retrouver
au milieu de ce chaos d'assertions absolument
contradictoires? Sans compter que dans le sup-
plément de ce jour, M. A. Meyer publie, sous
sa signature, un bref appel aux électeurs où il
déclare encore une fois que la revision est
« l'unique but. l'unique programme des can-
didats. l'unique mandat des électeurs»
Ce n'est pas tout comme les monarchistes,
réduits à leurs seules forces, sont certains d'une
défaite écrasante, il faut bien tenter un suprê-
me effort pour retenir les républicains abusés
que le boulangisme avait enrôlés sous les en-
seignes de la réaction. Aussi M. Paul de Cassa-
gnac, un des coryphées du révisionnisme, leur
fait-il aujourd'hui des concessions véritable-
ment extraordinaires. La forme du gouverne-
ment, s'écrie-t-il, n'est nullement en cause
elle n'a même rien à voir dans les élections
actuelles. « Les élections, dans notre pensée,
n'ont pas d'autre objet que de changer les hom-
mes qui sont au gouvernement. » Avons-nous
bien lu ? Cette revision, qui devait tout jeterpar
terre, cette revision promptement suivie de la
convocation d'une Constituante, ne consiste
plus maintenant qu'à changer les hommes qui
sont au gouvernement! Mais ce n'est plus la
revision, cela; c'est purement et simplement
le jeu de la bascule parlementaire, contre le-
quel on accumule tant d'outrages la majorité
se déplaçant, de nouveaux hommes arrivent au
pouvoir." Seulement il est aisé de prévoir ce que
feraient de la République M. de Cassagnac et
ses amis si jamais ils étaient appelés à la diri-
ger. Aussi la nouvelle formule de M. de Cas-
sagnac ne tentera-t-elle pas davantage les ré-
publicains que l'ancienne. Ils repousseront
énergiquement et la revision, qui se plie à de
si bizarres interprétations, et les hommes que
les réactionnaires voudraient substituer aux
républicains pour étrangler à leur aise après la
République.
L'ENSEIGHEÏfSEHT DES GRADES MANŒUVRES
Le service d'exploration a acquis dans les armées
modernes une importance et pris un développement
tels que la mise en contact des avant-gardes entraî-
nera nécessairement une action sérieuse et immé-
diate. Chaque parti, voulant se renseigner au mieux,
poussera à fond sa reconnaissance et les engage-
ments entre brigades de tète de corps d'armée de-
viendront des opérations préliminaires inévitables.
Leurs conséquences pourront être de la plus haute
gravité. Elles ne seront jamais indifférentes pour
la suite des opérations.
Imaginons qu'une brigade de tête, à la suite d'un
combat malheureux, soit dans l'obligation de battre
précipitamment en retraite. Elle va jeter le désor-
dre ou tout au moins la démoralisation dans le gros
de la colonne. Dans tous les cas, elle le forcera à la
soutenir et à révéler sa direction et sa force. L'ad-
versaire sera donc à même de découvrir précisé-
ment ce qu'il voulait voir, de connaître ce qu'il
avait mission d'apprendre. Le jour même, ou le
lendemain le corps d'armée peut payer cher l'insuc-
cès de son avant-garde. Les guerres modernes nous
fournissent maint exemple de résultats sembla-
bles.
Comme autre exemple, supposons que la brigade
de tète, faute de vigilance, néglige d'occuper un
point stratégique, une clef de position, ou que, par
suite de mauvaises dispositions, elle abandonne la
possession de cette position à l'adversaire. La mar-
che du corps d'armée ne peut plus se poursuivre
dans la môme direction, le plan général peut être
mis en échec et des opérations bien combinées
peuvent ne plus aboutir à aucun résultat appré-
ciable.
Quelles que soient les conditions dans lesquelles
se produira la rencontre de deux brigades de tête,
ce sera donc toujours un événement de guerre de
la plus haute gravité. L'opération elle-même sera
ce qui en augmente l'importance toujours dif-
ficile à bien mener. Le temps manquera forcément
Théodore Benoist, le priant de venir lui parler.
« Vous avez été, lui dit-elle, le meilleur ami
de Raymond; il ce titre, je vous demande de
venir au secours de celle qui a remplacé sa
mère, et de sa veuve. »
Lorsqu'il reçut cette lettre, Benoist était en
pleine vendange. Une récolte exceptionnelle
versait, comme un fleuve ambré, les raisins
mûrs dans les pressoirs qui criaient sous l'ef-
fort des vis; les cuves débordaient d'un moût
généreux dont l'odeur grisait jusque sur les
coteaux les garçons robustes et les belles filles
employées à la cueillette.
Après avoir médité une demi-heure environ,
Théodore, la lettre à la main, vint trouver sa
mère qui, assise sur une chaise de paille, re-
gardait monter vers les celliers des Pressoirs
la procession des vendangeurs et vendangeuses
courbés sous les hottes débordantes de grappes,
pareille aux Théories antiques.
Maman, dit-il avec la douce appellation
enfantine, qui ne semblait pas étrange sur ses
lèvres d'homme, tant il y mettait de tendre
confiance, voulez-vous lire cela?
La vieille vigneronne jeta un regard vif sur
son « garçonnet », qui détournait la tête, et lut
la lettre lentement, avec soin; la grande écri-
ture aisée de Mme Montclar ne lui paraissait
pas difficile à déchiffrer, mais elle voulait se
rendre compte des moindres mots.
Je crois, mon fils, dit-elle en lui ren-
dant le papier replié, qu'il y a là-bas pour
toi de la peine et des difficultés mais, tu
sais ce que je t'ai dit, je ne crois pas, moi,
que la veuve de ton ami mort soit une crimi-
nelle. Sa tante ne le croit pas non plus, et j'ai
idée qu'elle et moi nous avons raison. Quoique
nous soyons au milieu de notre travail, et que
ta personne me soit bien nécessaire ici, va voir
ce qu'on te veut, et fais ce que tu pourras. Ces
dames sont seules au monde, plus que seules,
puisque le monde est méchant avecelles. Sois
un homme, et sois juste, surtout. Et puis, re-
viens dès que tu pourras, parce qu'il y a bien
pour se permettre une reconnaissance complète du
terrain. Le chef de la brierade devra y suppléer par
le coup d'œil et la connaissance de la carte. A la
suite d'une rapide appréciation de la situation, i
sera dans l'obligation de prendre sa décision, de
donner clairement ses ordres et de hâter l'exécution
du dispositif de combat. S'engager le premier et en
bon ordre est déjà un commencement de succès. Il
devra viser à ce résultat.
A n'en pas douter, l'objectif, en pareil cas, sera
pour chaque parti, comme maximum, de culbuter
l'adversaire et de le repousser sur le gros du corps
afin que celui-ci se révèle en nombre et en direc-
tion, et, comme minimum, de maintenir ses posi-
tions. Pour atteindre le plus modeste des deux ré-
sultats, il faut encore que le chef de brigade fasse
preuve de réelle capacité. Nous le répétons, ces
combats de brigade contre brigade, têtes de corps
d'armée, seront incontestablement des opérations
très délicates, très difficiles à bien conduire. Les of-
ficiers généraux ne doivent négliger aucune occa-
sion de s'y exercer en temps de paix. Los manœu-
vres de division ont ce but bien déterminé, et nous
continuerons, à rencontre de bon nombre de nos
confrères de la presse militaire, à les considérer
comme indispensables à l'instruction des troupes et
des cadres.
La manœuvre de brigade contre brigade exécu-
tée par la 10= division, que nous suivons depuis son
départ de Paris, nous a vivement intéressés et for-
tifie notre opinion sur la nécessité de multiplier ces
exercices. Chaque brigade était pourvue de sa ca-
valerie et de son artillerie. La rencontre a eu lieu
dans les conditions d'imprévu qu'il faut toujours
assurer pour laisser à l'opération son caractère pra-
tique, et aux environs de la Genevraye, près de
Nemours, les résultats atteints ont été fort remar-
quables. Le général Vigneaud, ayant pris l'offen-
sive, avait apprécié avec une grande sûreté de coup
d'œil le point faible de la position de son adver-
saire. Il s'y est porté avec une grande hardiesse.
Mais le général Riu avait prévu cette attaque et
reporté son aile menacée en arrière de la position
vulnérable, en l'appuyant à des défenses naturelles,
invisibles pour l'adversaire et qui le rendaient inex-
pugnable. Il n'y eut ni vainqueur, ni vaincu. Le
général Deffis, commandant la division, et di-
recteur de la manœuvre, ne put que rendre hom-
mage à l'habileté des deux tacticiens qu'il avait op-
posés l'un à l'autre.
Ces succès en temps de paix, qu'on ne s'y trompe
pas, ont leur valeur. Ils imposent aux soldats la
confiance dans leurs chefs qui est le facteur de suc-
cès le plus précieux sur le champ de bataille.
AFFAIRES COLONIALES
Nouvelles coloniales et maritimes
M. le capitaine de frègate Cordier, officier d'or-
donnance du président de la République, est. nom-
mé au commandement de la Mouette et de la sta-
tion de la mer du Nord.
On télégraphie de Tunis à l'agence Havas
M. Regnault, consul de France, est attaché à la
résidence en remplacement de M. Benoit, appelé
à d'autres fonctions. M. Roy, contrôleur civil, est
nommé secrétaire général du gouvernement tuni-
sien, en remplacement de M. Regnault. M. Stecg,
consul suppléant, est nommé chef du cabinet du
ministre résident.
On annonce un prochain et important mouvement
dans le personnel des contrôleurs civils.
Une division de l'escadre détachée du Levant,
venant d'Alexandrie, et composée des cuirassés
Dévastation, Courbet, Amiral- Baudin Seigneley,
Couleuvrine et Condor, arrivera à Sfax vers le 8 oc-
tobre, et ensuite à Tunis.
M. le capitaine de vaisseau Barrera est nommé
membre adjoint du conseil d'amirauté.
LETTRES DE BELGIQUE
(De notre correspondant particulier)
Bruxelles, 15 septembre.
Renaissance des corporations. L'enseignement
supérieur et la collation des grades.
Le projet de loi sur les unions professionnelles,
déposé le 7 août sur le bureau de la Chambre des
représentants, vient d'être imprimé et distribué.
La question soulevée par ce projet avait donné lieu
à un intéressant débat au sein de la commission du
travail dans sa séance du 5 novembre 1886. La
2e section de cette commission avait repoussé les
conclusions d'un rapport de M. Adolphe Prins, ten-
dant à l'organisation des unions de métiers ou as-
sociations professionnelles, et les dotant de la per-
sonnification civile, c'est-à-dire, sous certaines
conditions, du droit de posséder des immeubles et
de recevoir des libéralités, dons ou legs. Réunie en
séance plénière, la commission du travail donna
tort à sa 2e section, dont les idées furent défendues
par M. Sainctelette, ancien ministre des travaux
publics, et se rallia aux principes du rapport de
M. rins. Ces principes sont également, à quelques
nuances près, ceux du projet de loi dont la Chambre
des représentants s'occupera probablement dans sa
session prochaine.
L'exposé des motifs pose en fait que la liberté
constitutionnelle d'association, garantie aux ou-
vriers comme aux patrons, et sans restriction de-
puis que les coalitions sont licites, ne peut avoir
d'efficacité sur la personnification civile. De là à la
thèse cléricale, qui considère la personnification ci-
vile comme la conséquence naturelle de la liberté
d'association, il n'y a qu'un pas. En attendant qu'il
soit fait, on en fait un en arrière vers le régime cor-
poratif, auquel la Constitution belge avait substi-
tué cette liberté sans restriction ni privilège.
Résumons les dispositions essentielles du projet
de loi
La personnification civile est accordée par l'article
1er aux unions formées exclusivement pour l'étude
et la défense de leurs intérêts professionnels entre
personnes exerçant, dans l'industrie, le commerce
ou l'agriculture, soit la même profession ou le mê-
me métier, soit des professions ou métiers similai-
de l'ouvrage ici, et que je suis trop vieille pour
tout faire "à moi seule, comme autrefois.
Elle regarda les vendangeurs, qui d'un flot
ininterrompu montaient toujours vers les cel-
liers, pour redescendre d'un pas alerte, avec
des rires et des plaisanteries.
Je vous comprends, maman, fit Théodore
en se penchant vers elle avec tendresse, et je
vous remercie.
Attends mon fils, encore un mot. Je t'ai
dit qu'il y a de la peine pour toi, là-bas: il y
en a de toute façon; cette dame est de grande
famille et ne se soucierait pas d'un vigne-
ron.
Ah ma mère, interrompit Théodore avec
une ombre de rudesse, il n'est point question
de choses pareilles. Ne vous ai-je pas dit ce
que je ne peux me tirer de l'idée? Et elle le
sait bien, allez Je ne peux pas me forcer à
l'estime, mais je suis sûr qu'elle me déteste! 1
Eh bien, mon fils, porte ta peine Et, si elle
est trop lourde, viens la conter à ta vieille
mère elle ne saura pas te consoler, car ces
peines-là, on n'en console pas, mais elle t'aime-
ra, et c'est ça qui aide
En présence de tous ces gens, gars et filles
de belle humeur, ils ne pouvaient s'embrasser;
ils échangèrent un long regard, plein de choses
tendres et profondes.
Alors je prends le train de cinq heures,
dit Théodore il en est quatre, j'ai le temps.
Il gagna la maison et peu après en sortit,
prêt pour le voyage. Il avait quitté le complet
de velours marron, habit de chasseur ou de
propriétaire, et se montrait correctement vêtu,
comme tout Parisien qui se respecte.
Je t'aime mieux en vigneron, lui dit sa
mère en le voyant. Comme ça, tu as l'air d'un
monsieur; autrement, tu es bien mon fils, vi-
gneron comme ton père!
De toute façon, ma mère, je suis bien vo-
tre fllsl dit-il en l'embrassant, cette fois en cé-
rémonie.
Les vendangeurs s'étaient arrêtés sur le
res ou connexes, c'est-à-dire concourant à un même
produit industriel.
Conditions de la personnification civile enregis-
trement des statuts et de leurs modifications; na-
tionalité ou naturalisation belge des directeurs; ls
propriété immobilière restreinte aux bâtiments né.
cessaires aux bureaux, écoles techniques, biblio.
thèques, collections, laboratoires ou champs d'ex-
périence des unions cette propriété soumise à une
taxe de cinquante centimes par franc du principal
de la contribution foncière, pour compenser les
droits de mutation; les libéralités subordonnées à
l'autorisation officielle.
Les autres dispositions sont accessoires.
D'autre part, le département de l'intérieur et de
l'instruction publique a publié le 13° rapport triennal
sur l'enseignement supérieur donné aux frais de
l'Etat, document soumis au Parlement le 28 mars
dernier. Ce rapport, présenté par M. Devolder,
embrasse la période qui se termine le 31 décem-
bre 1888 et qui appartient jusqu'au 21 octobre ô
l'administration de M. Thonissen.
La liberté de la collation des grades attribuée aug
universités par la loi de 1876, dont la réforme es1
annuellement ajournée, donne quelque intérêt à ces
renseignements statistiques du rapport:
La proportion des admissions aux non-admis-
sions s'est constamment abaissée .pendant les trois
périodes triennales qui ont suivi le vote de cette
loi. En comparaison du régime antérieur, 6.58 0/0
de diplômes en moins pendant la première période;
3.3i 0;0 en moins pendant la seconde comparée à
la première, et 3.45 en moins pendant la troisième
comparée à la seconde.
Voilà pour l'ensemble.
Mais si l'on compare entre elles les quatre uni-
versités du pays, on constate que, si toutes les quatre
délivrent moins de diplômes que sous le régime des
examens d'Etat, c'est dans des proportions fort dif-
férentes.
En effet, le rapport établit que la proportion deî
admissions a diminué de
23.27 0/0 à Bruxelles, université libre et libé-
rale
17.60 0/0 à Liège, et 16.45 0/0 à Gand, univer-
sités de l'Etat;
Et seulement 4.57 0/0 à Louvain, université
libre et cléricale.
Et comme la population scolaire s'est surtout ac-
crue dans les universités libres depuis la loi de
1876, comme Louvain a presque autant d'étudiants
que Bruxelles, on arrive à cette conclusion, qu'une
seule université belge abuse de la collation des gra-
des, à savoir V Aima mater, l'université de l'épis-
copat.
BULLETIN DE L'ÉTRANGER
[DÉPÊCHES HAVAS ET RENSEIGNEMENTS particuliers)
Angleterre
Le président des Albert docks a adressé des let-
tres au lord-maire et au cardinal Manning pour
leur rappeler les scènes de violence qui ont eu lieu
mardi aux docks et pour leur dire que la situation
n'est pas changée, car les ouvriers, contrairement
à l'engagement pris samedi, demandent, dans un
langage menaçant, que les blackleys soient congé-
dies.
Le président fait appel à l'intervention du lord-
maire et du cardinal.
A la suite de cette lettre, le lord-maire a eu une
conférence avec les directeurs.
Le président des docks a aussi adressé une lettre
au commissaire de police de Londres pour lui de-
mander de protéger les Blacldegs contre les violen-
ces ou les tentatives d'intimidation des anciens
grévistes.
D'après les dernières dépêches, la situation aux
docks s'est hier considérablement améliorée.
Une dépêche de Londres dit que lord Salisbury e(,
M. Catalani, conseiller d'ambassade, chargé d'af*
faires d'Italie, viennent de signer une convention
anglo-italienne contre la traite des esclaves. Les
clauses en sont plus rigoureuses que celles des pré-
cédentes conventions conclues jusqu'ici dans le
même but.
La convention déclare que la traite des esclaves
est un acte de piraterie. Les navires qui s'y livrent
perdent le droit de protection de leur drapeau na-
tional. La convention simplifie considérablement
les dispositions appliquées jusqu'à présent relative-
ment aux prises. Celles-ci pourront désormais êtro
livrées à la garde des croisières de leur nationalité,
pour être conduites par elles aux localités où siè-
gent des tribunaux chargés de connaître de ces dé-
lits.
La Méditerranée est exclue de la convention dont
la ratification est prochainement attendue.
Belgique
Une dépêche de Bruxelles dément la nouvelle du
prochain voyage du roi des Belges au Congo.
Le conseil communal d'Anvers, dans sa séance
d'hier, a pris connaissance du rapport du collège
échevinal sur la catastrophe du 6 septembre
Le rapport fait l'historique de l'établissement de la
cartoucherie.
Il donne la description des installations. Il estimo
que c'est surtout la façon défectueuse dont se faisait
la manipulation, qui constituait un danger. Il ajoute
que les prescriptions de sùreté imposées par l'arrêté
de la députation permanente furent transmises par
les villes aux divers services, et conclut que le seul
moyen d'éviter la catastrophe était de défendre com-
plètement l'industrie en question.
Le rapport s'abstient d'émettre un avis sur les cau-
ses immédiates de l'accident et sur l'endroit où la
première explosion s'est produite.
Le chiffre des morts est de 53, celui dos dispaiue
de 42 et celui des blessés en traitement de 62.
Les dégâts causés aux propriétés communales sonj
évalués à 324,450 francs, y compris les hangars de
pétrole.
Italie
La Biforma annonce que M. Mariant, ambnssa-
deur de France, a été reçu mardi soir par M. Crispi
auquel il a dit que M. Spuller l'avait chargé de le
voir et, après lui avoir expliqué que, faisant en ce
moment une tournée électorale, le ministre français
n'avait pas pu demander plus tôt des nouvelles de la
santé de son collègue italien, de lui dire qu'il déplore
l'exécrable attentat commis contre lui, de le féliciter
d'y avoir échappé et de lui souhaiter une très
prompte guérison.
M. Crispi a prié M. Mariani de remercier vive-
ment M. Spuller de sa délicate attention.
Le discours que M. Crispi devait prononcer, le 6
seuil des pressoirs, surpris de le voir sa va-
lise à la main.
A demain, mes enfants, leur dit-il d'une
voix forte la journée n'est point finie, et il y a
du soleil de quoi vous chauffer pendant deux
heures encore. Les pressoirs ne demandent
qu'à travailler!
On lui répondit par un joyeux bonsoir, et les
files se reformèrent au flanc du coteau.
-Tu reviendras demain, ou un autre jour,
lui dit sa mère en l'accompagnant jusqu'au
seuil de la cour; tu sais ce que Lu as à faire, jo
n'ai rien de plus à te dire.
Il attacha sur elle ses beaux yeux profonds
avec une tendresse infinie.
Vous êtes une vraie femme du bon Dieu I
lui dit-il à demi-voix; mon père a été heureux
par vous, et je suis fier d'être votre fils. Allez,
maman, allez régner sur tout ce peuple qui
vous respecte et qui vous aime avec votre bon-
net de toile blanche, vous êtes plus reine que
celles qui portent une couronne.
Il l'embrassa encore une fois et la regarda
remonter; d'un pas alerte elle retournait aux
pressoirs; il la vit dire un mot d'encourage-
ment à celui-ci, de reproche à celui-là, toujours
sans rudesse ou sans uatterie; elle s'assit, do-
rée par les rayons du soleil qui descendait ra-
pidement, entourée de grappes et de corbeilles,
comme une Pomone rustique, dans toute la
splendeur de sa divinité champêtre.
Ma chère sainte femme de mère fit-il avec
un élan d'adoration.
La locomotive parut au détour de la Loire,
sous un blanc panache de vapeur qui s'enrou-
lait dans les peupliers, et le sifflet se fit enten-
dre, répété par les échos.
Théodore prit sa course, arriva en mema
temps que le trairi à la station, et roula sur
Paris, pendant que i£s clartés du couchant
faisaient une auréole à so.? coteau.
henrV greville.
(A suivre, j l HEr;R\' GRÉVILLE.
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