Titre : Le Temps
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1889-08-30
Contributeur : Nefftzer, Auguste (1820-1876). Fondateur de la publication. Directeur de publication
Contributeur : Hébrard, Adrien (1833-1914). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb34431794k
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Format : Nombre total de vues : 137484 Nombre total de vues : 137484
Description : 30 août 1889 30 août 1889
Description : 1889/08/30 (Numéro 10342). 1889/08/30 (Numéro 10342).
Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse... Collection numérique : Bibliographie de la presse française politique et d'information générale
Description : Collection numérique : BIPFPIG33 Collection numérique : BIPFPIG33
Description : Collection numérique : BIPFPIG63 Collection numérique : BIPFPIG63
Description : Collection numérique : BIPFPIG69 Collection numérique : BIPFPIG69
Description : Collection numérique : France-Japon Collection numérique : France-Japon
Description : Collection numérique : Commun Patrimoine:... Collection numérique : Commun Patrimoine: bibliothèque numérique du réseau des médiathèques de Plaine Commune
Description : Collection numérique : Commune de Paris de 1871 Collection numérique : Commune de Paris de 1871
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k2322712
Source : Bibliothèque nationale de France
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 15/10/2007
un s'abonne aux Bureaux du Journal,' 5| BOULEVARP, fitS ITALIENS, A PARIS, et Clans tons Tes Bureaux WFosR
9 0
VENDREDI 30 AOUT 1889.
VINGT-NEUVIEME ANNEE.– N* 10342.'
PRIX DE L'ABONNEMENT
ÎARIS..T. Trois mois, 14 fr. Six mois, 28 fr. Un an, 06 fr,
DÊP&iîALSAGE-LORRAINE 17tr.; 34 tr.; 68 fr.
CSION POSTALE. lSfr.; 36 fr.; "72 fr.
LES ADO.N1SEMENTS DATENT DES 1er ET 16 DE CHAQUE MOIS
JJn numéro (à Paris) lo centimes.
Directeur politique Adrien Hébrard
la rédaction ne répond pas des articles communiqués
BUREAUX 5, boulevard des Italiens, PARIS
Adresse télégraphique TEMPS PARIS
PRIX DE L'ABONNEMENT
fÀRIS. Trois mois, 14 fr. Six mois, 28 fr. Un an, 56 fr.1
Mpte&AlSACE-LORRAINB lTfr.; 34fr.; 68 fr.
MM POSTALE. lSfr.; 36 fr.; I72fr.
1ES ABONNEMENTS DATENT DES 1" ET 16 DE CHAQUE MOIS
Irjfn numérõ̃^JNTN ONCES MM. La.gra.nge, CERF ET Ce, 8, place de la Bourse
(Droit d'insertion réservé à la rédaction.)
BUREAUX 5, boulevard des Italiens, PARIS
Adresse télégraphique TEMPS PARIS
PARIS, 29 AOUT:
BULLETIN DU JOUR
4 La dissolution de la Société universitaire
~Âe lecture (Leseverein) à Prague, à cause
B'une adresse envoyée à la Société des étu-
diants de Paris, provoque une certaine émo-
tion dans la capitale du royaume de saint
..Wenceslas.
V Il ne ïs' agit nullement, comme .des récits
erronés tendraient à le faire croire, d'une af-
faire où les Jeunes-Tchèques soient seuls en
|eu. L,a presse tchèque tout entière, sans dis-
tinction de nuances, proteste contre un acte
.qu'elle trouve arbitraire et regrettable.
̃ Le Hlas Naroda déclare que détruire le
Leseverein après quarante et un ans d'exis-
tence, c'est porter atteinte à l'une des insti-
tutions nationales. De son côté, le Politik,
^'organe si considéré de M. Rieger et de
son parti, s'exprime dans les termes les plus
vigoureux sur un fait qu'il qualifie de « sur-
prenant, pénible et d'une portée extraordi-
̃: dinaire ».
Il ajoute qu'il lui est impossible de voir
u dans l'adresse incriminée la plus légère cul-
pabilité. Dire que l'on aime, voire que l'on
idolâtre {vergœttern) la France, c'est peut-être
's'exprimer avec plus de feu et de jeunesse
que de modération, ce n'est assurément bles-
ser aucune convenance, puisque la paix
règne entre l'empire d'Autriche-Hongrie et
'7 la République française. Quant au Narodni
~M/y, il s'est fait saisir pour la verdeur de
l'article qu'il a cru devoir consacrer à ce
•sujet.
Le b'ùreau de la société dissoute a, comme
c'était son droit, appelé l'attention des prin-
cipaux députés de la Bohême sur cet acte
d'autorité. Seulement, nous tenons à mettre
le fait en pleine lumière, il n'a point du tout
voulu prendre une couleur sectaire ou fac-
j tieuse en s'adressant uniquement au petit
groupe des Jeunes-Tchèques.
En même temps que M. Engel, le leader
̃ &e cette fraction, était saisi de la requête,
M. Rieger, l'illustre vétéran qui dirige en-
core la grande majorité du parti national, la
recevait également. C'est assez dire qu'il n'y
a point là de question de groupe.
"̃ Rien ne serait plus maladroit de la part de
certains organes de la presse française que
"̃̃. de créer à plaisir des divergences qui n'exis-
tent pas, sous le prétexte de prétendues sym-
r patines naturelles pour les Jeunes-Tchèques.
es Vieux-Tchèques n'ont jamais cessé de
[ donner à la France des gages de leur atta-
chement; ils figurent avec honneur dans la
majorité qui a permis au comte Taaffe de
''gouverner depuis dix ans la Cisleithanie,
malgré l'opposition centraliste et allemande
et en dépit des attaques sans cesse renouve-
lées de certains organes de la presse de Ber-
lin. Ce n'est pas quand tous les partis s'unis-
.v. cent pour blâmer un acte dirigé contre les
.̃T'&mis de notre pays dans la jeunesse stu-
r dieuse de Prague, qu'il conviendrait de faire
intervenir des distinctions oiseuses et de se
mêler aux affaires intérieures d'un pays
étranger.. -j ̃;
L'opinion publique en France ne retiendra
probablement pas le souvenir de la mesure
plus ou moins adroite qui a été prise à Pra-
• gue elle se souviendra certainement des
• ittiarques de sympathie que cet incident a
servi à nous attirer de la part de tous les par-
{̃. fts tchècfues.
c La grève des docks de Londres n'est pas s
jencore achevée, mais elle semble approcher
ifle son terme. Les compagnies continuent à
} refuser d'accorder purement et simplement
aux ouvriers l'intégralité de leurs revendi-
-̃ cations. Elles maintiennent que hausser de
• %0 centimes par heure le salaire de leurs em-
ployés, ce serait absorber entièrement leurs
profits. jElles offrent des concessions éten-
£ dues sur les autres points du programme de
ia grève.
5 John Burns et les autres chefs du mouve-
ment adjurent les grévistes de ne pas se lais-
"̃ ser leurrer et de faire l'effort suprême néces-
paire pour triompher sur toute la ligne.
'̃ L'opinion publique, dans son ensemble,
C. donne un appui considérable aux ouvriers.
Nombre de patrons, intéressés à la prompte
reprise des chargements et déchargements
dans le port de Londres, conseillent vive-
i ment aux compagnies de céder en bloc ou,
en tout cas, d'accepter une suspension d'ar-
mes avec recours à un arbitrage sans appel.
Ce qui pèse beaucoup sur tous les esprits,
c'est la crainte de voir se propager de proche
-̃ en proche la cessation concertée du travail.
II y a des épidémies de grèves. Déjà des
.corps de métiers fort importants semblent
1 atteints par la contagion.
Londres a déjà beaucoup souffert de la pa-
*̃; ralysie soudaine et totale de son port. Il se-
rait fâcheux que l'obstination de M. Nor-
:!<. wood et de ses collègues entraînât de pa-
reilles conséquences.
♦ Jusqu'ici les ouvriers grévistes ont ob-
servé une attitude que le ministre de l'inté-
£ieur a déclarée correcte, en plein Parlement.
oette sagesse relative a beaucoup agi en leur
F'EUÎIL.ÎL.E'FOIV DU f&tltVpS
DU 30 AOUT 1889 t*31
MON CRIME
JOURNAL D'UNE MÈRE
̃ XVI (Suite.) '̃
Encore sous l'impression des paroles du doc-
teur Murray, je me mis à causer avec son
frère.
Docteur George, lui dis-je après quelques
minutes de causerie, quand partez-vous?
Pas encore, répond-il promptement.
Pourquoi, puisqu'on vous attend là-bas?
Je préfère rester ici.
Et pour une raison si vague vous voulez
compromettre cette chance d'avancement dont
vous m'avez parlé il y a longtemps?
-Ne vous inquiétez pas de cela, dit-il avec
un sourire paisible; quelque autre occasion se
présentera.
Mais dites-moi pourquoi vous tardez
ainsi. Vous paraissiez entièrement décidé il
y a quelques mois. Pourquoi avez-vous changé
d'idée?
-Je vous l'ai dit je me plais ici.
Ah vous avez une raison. Dites-la-moi.
Il hésite un peu.
Je ne voudrais pas quitter Molly. Elle
̃r O" i,.v-t -'i.- ̃̃» jj.-
pepoductioa interdite
faveur sur l'opinion. Il est à craindre qu'elle
ne devint bien difficile à maintenir si les
compagnies réussissaient véritablement à
importer, soit de la province, soit même de
l'étranger, des recrues en nombre suffisant
pour reprendre leurs opérations.
En tout cas, on pense généralement qu'une
solution ne peut plus guère tarder à inter-
venir. ̃*̃̃-̃ •-̃
–r m
DÉPÊCHES TÉLÉGRAPHIQUES
DES CORRESPONDANTS PARTICULIERS DU Temps
Copenhague, 29 août, 8 h. 50.
Le roi s'embarque ce matin pour aller au devant
de l'empereur de Russie.
Londres, 29 août, 9 h. 15.
Des embaucheurs ont offert aux entreprises des
docks paralysées par la grève 3,000 ouvriers belges,
au salaire de quatre pences et demi par heure.
Les compagnies attendent encore de savoir les
dispositions définitives des grévistes avant d'accep-
ter l'offre quijleur est faite.
On doute, du reste, beaucoup que le projet puisse
se réaliser. ̃̃.•̃, ̃
Berlin, 29 août, 8 h. 30.
Dans sa troisième séance plénière, le congrès ca-
tholique de Bochum a émis un vœu pour la revi-
sion de la loi scolaire dans le sens duprojet Windt-
horst présenté l'année dernière au Landtag prus-
sien.
Dans cette même séance, le congrès a voté, avec
de grandes acclamations, la résolution en faveur du
pouvoir temporel du pape, dont je vous ai signalé
la présentation en commission.
Berlin, 29 août, 9 heures.
Plusieurs journaux, s'occupant du marché annuel
des céréales qui se tient en ce moment à Vienne,
attribuent le recul des affaires à l'effet de la récente
campagne antisémitique.
Belgrade, 29 août, 8 h. 40.
On annonce de nouveau l'arrivée prochaine de la
reine Nathalie.
La reine-mère, dit-on, aurait fait savoir au gou-
vernement qu'elle souscrit aux conditions posées
pour sa visite.
Rome, 29 août, 9 h. 55.
Le cardinal Alimonda, archevêque de Turin, est
arrivé hier à Rome pour demander au pape, dit-on,
au nom de la princesse Clotilde, la permission de
présider à la cérémonie du baptême du fils du duc
d'Aoste. On croit dans l'entourage du pape que
Léon XIII refusera, vu la tension excessive des rap-
ports entre le Vatican et le Quirinal.
On croit que le général Cialdini a définitivement
accepté l'ambassade de Madrid.
Rome, 29 août, 10 h. 20.
On attache ici une certaine importance à l'entre-
vue que M. Cantagalli, ministre d'Italie au Maroc,
va avoir à Tétuan avec l'empereur Muley-Hassan,
aupuel il porte de riches présents du roi Humbert
et avec lequel il espère traiter certaines questions
politico-commerciales en suspens.
Turin, 29 août, 8 h. 25.
On annonce de Rome à la Gazette piémontaise que
les travaux édilitaires faits pour le compte de la
Banque Tibérine se poursuivent et ne seront inter-
rompus que si le tribunal n'accorde pas le morato-
rium à cette banque.
Le commandeur Grillo, directeur de la Banque
nationale, est venu de Florence et a eu une entre-
vue avec M. Crispi. Puis il est retourné à Florence,
où a eu lieu hier le conseil des administrateurs de
la Banque nationale pour décider si celle-ci viendra
au secours des établissements turinois.
Bruxelles, 29 août, 11 heures.
Hier soir, vers huit heures, un grand incendie a
éclaté à Louvain, à l'asile des aliénés et au couvent
des Alexains.
Ces bâtiments étaient composés d'une brasserie,
du couvent, de la chapelle et des cellules des
aliénés. ̃ ̃ ,c-- "']-'[
Tout a été consumé.
Le sauvetage des 200 pensionnaires a été fort dif-
cile et fort émouvant.
On a réussi cependant à les interner tous à l'hô-
pital civil.
Il manque ce matin à l'appel un frère alexain, qui
pourrait bien avoir péri dans les flammes.
Les pertes sont considérables.
Il y avait notamment, dans le couvent, des pein-
tures anciennes très remarquables dont on n'a a
réussi qu'à sauver une partie.
Les causes de l'incendie sont inconnues.
La date des élections législatives a été
fixée au 22 septembre par le conseil des mi-
nistres. La période électorale n'est pas en-
core officiellement ouverte; elle l'est en réa-
lité. C'est le moment, pour les républicains,
qui sont peut-être en retard dans certains ar-
rondissements, de se mettre en mouvement
et de déployer tout le zèle et toute l'éner-
gie que réclament les difficultés du jour
et les périls de demain. Il est très vrai-
semblable que les élections prochaines vont
décider du sort de la République libérale
dans ce pays. Ou bien le bon sens des
électeurs clairvoyants affermira des insti-
tutions qui ont protégé et non entravé,
comme on se plaît trop aie dire, le dévelop-
pement matériel et moral de la nation; ou
bien, en les ébranlant par légèreté ou par
fanatisme, ces électeurs ouvriront une pé-
riode d'anarchie et de crises violentes d'où
sortira fatalement le césarisme avec l'abais-,
sement et la honte de la patrie. L'heure est
donc solennelle, nous dirions presque tra-
gique. En tout cas, elle sera décisive pour
de longues années. Le scrutin qui' se pré-
pare déterminera notre destinée politique et
décidera de notre avenir en Europe comme
grande nation. Les adversaires de la Répu-
m'est devenue bien chère. J'ai toujours aimé
les enfants, ajoute-t-il comme pour s'excuser.
Cher docteur George! que je voudrais lui dire
ce que je ressens de gratitude! Mais il ne faut
pas que je montre d'émotion. Dois-je répondre
à tant de générosité en nuisant à son avenir?
Je rassemble tout mon courage et, d'une voix
ferme
Je désire que vous parliez, lui dis-je, vous et
tous les autres. Je veux être seule. Je vous l'ai
déclaré je crois que je supporterai ma peine
plus aisément si personne ne voit, si personne
ne sait.
Mais, moi, je sais depuis si longtemps.
Suis-je donc comme les autres ? Je ne puis sup-
porter la pensée de vous laisser. de vous voir
revenir. seule dit-il d'une voix brisée.
Il le faut! il le faut! Partez, docteur
George. Personne ne peut prendre mon terrible
fardeau. Il faut que je le porte seule.
Laissez-moi rester, plaide-t-il encore.Vous
ne savez pas, vous ne vous doutez pas de ce
que va être ce terrible isolement que vous ap-
pelez. Vous si délicate, si faible, que devien-
drez-vous dans ces terribles moments, sans un
ami ?. Cette pensée me déchire.
Quelle généreuse pitié je lis. dans ses yeux si
francs 1 Oh que n'ai-je un frère comme lui 1
Que n'ai-je le droit de le retenir et de m'ap-
puyer à lui Mais qui suis-je? et pourquoi fe-
rais-je passer ma personne avant ses intérêts ?
Le docteur Murray me l'a bien fait compren-
dre il est de mon devoir de le décider à par-
tir. Moi qui n'ai rien à donner, pourquoi usur-
perais-je une place dans sa vie?.
Et je répète d'un ton ferme: •
Je désire que vous partiez. Le seul service
à me rendre, c'est de me laisser seule. De votre
frère, je n'ai pas de sympathie à craindre. Et
toute sympathie, même la vôtre, je la redoute
et je la fuis.
Il reste silencieux. Cette fois mes paroles ont
porté.
Je ferai comme il vous plaira, dit-il.
"i't'
blique ne rignofént point. C'est leur suprê-
me effort, et ce sera sans doute leur dernière
campagne. Ce sentiment qu'ils luttent pour
la dernière fois peut même seul faire com-
prendre et excuser les extrémités où ils s'a-
bandonnent, les manœuvres auxquelles ils
ont recours, les alliés qu'ils recrutent. Il ne
faut pas se le dissimuler: la bataille sera'
rude, si la victoire ne nous semble pas dou-
teuse. Mais, pour que celle-ci ait tous ses
fruits et que la République sorte à la fois
des dangers que lui tont courir les réaction-
naires et de la paralysie dont la frappent les
divisions des républicains, il faut que tous
les patriotes, tous les hommes d'ordre, tous
les vrais conservateurs, tous les républi-
cains de gouvernement en un mot, sachent
comprendre et réaliser l'effort que le pays
exige et attend d'eux.
Toutefois, hâtons-nous de dire que le zèle
ne suffirait pas s'il n'était accompagné de
fermeté et de raison. Nous allons voir paraî-
tre les circulaires des candidats. Que ceux-ci,
qui seront les députés de demain, réfléchis-
sent soigneusement aux termes dont ils vont
se servir, aux promesses qu'ils vont faire
ou aux engagements qu'ils vont prendre.
Qu'ils se gardent de tout malentendu et.
de toute équivoque! Il est un mot qui exerce
sur plus d'un sage et ferme candidat
républicain une étrange et malheureuse
fascination. C'est le mot de « re vision. » Même
ceux qui sentent combien il est imprudent de
paraître arborer le même drapeau que les en-
nemis de la République ont bien de la peine
à l'exclure résolument. Ils le prononcent
avec un accent particulier, nous le savons
bien ils l'expliquent et le réduisent à pres-
que rien, ou à si peu de chose, comme M.
Floquet, qu'il n'a plus même de sens. Sur-
tout, ils croient qu'il leur suffit de distinguer,
d'opposer la revision républicaine à la mo-
narchique, et, tranquillisant ainsi leur con-
science et leur patriotisme, ils semblent près
de se laisser aller, au moins dans leur lan-
gage, à des concessions extrêmement regret-
tables.
Prenez garde, nous permettrons-nous de
leur dire dès à présent, de ne pas être traînés
plus tard, avec ce mot à double et à triple en-
tente, où vous ne voulez pas aller. Quel au-
tre résultat obtiendrez-vous que de vous faire
classer par vos professions de foi parmi les
révisionnistes? Vous, allez être enrôlés bon
gré malgré dans une majorité bâtarde et
chaotique contre le Sénat et contre la poli-
tique pacifique et rationnelle qu'il faut à la
France. Voulez-vous d'un conflit avec le Sé-
nat ? voulez-vous faire partie de la majorité
républicaine de gouvernement ou d'une ma-
jorité revisionniste hostile à la République?
Là est toute la question. Le mot inoffensif en
apparence que vous subissez aujourd'hui va
devenirle germede confusions et dedésordres
sans fin dans la Chambre future. Ce sera le
lacet que vous allez vous passer vous-mê-
mes autour du cou et avec lequel vos enne-
mis les plus acharnés vous traîneront à leur
remorque et vous étrangleront, vous et peut-
être la République en même temps.
Il ne s'agit donc, pour les républicains de
gouvernement, de ne montrer ni tiédeur ni
imprudence. Il faut que tous ceux qui ne
veulent pas d'une revision par une Consti-
tuante et il n'y en a aucune autre qui mé-
rite ce nom repoussent énergiquement le
mot comme ils repoussent la chose. Qu'ils
affirment la République et le progrès con-
stant par la République mais qu'ils n'aient
rien de commun avec ceux qui veulent tout
bouleverser, tout mettre en question et font
figure de révolutionnaires dans le pays. Non
seulement ainsi les partis seront tranchés,
les questions claires, mais les solutions le
seront également, et il pourra sortir de cette
nouvelle consultation du suffrage universel
une majorité de gouvernement nette et dis-
tincte, capable de faire faire en avant, sur la
voie du progrès véritable, une étape de plus
à notre démocratie.
Nous avons publié, hier, le très intéressant
rapport adressé au ministre du commerce par
le chef de la division de la statistique, M. Van-
naque. C'est la première fois que la statistique
démographique annuelle est précédée d'une
étude sur les mouvements de la population de
la France c'est la première fois également que
ce document donne des renseignements sur les
mouvements de la population étrangère exis-
tant en France. Nous avions, depuis longtemps,
demandé la publication de ces informations,
qui, à notre avis, ne pouvait que présenter un
très vif intérêt. On a tenu compte de nos obser-
vations nous en sommes d'autant plus heu-
reux, que l'on a pu constater l'importance des
comparaisons que l'on est amené a faire.
On voit ainsi que, indépendamment des
mouvements qui peuvent résulter de l'immi-
gration ou de l'émigration, et dont on ne peut
constater l'intensité que par les recensements
quinquennaux, la population de la France
s'est accrue de 44,772 personnes, par suite de
l'excédent des naissances sur les décès. Or, la
part des étrangers dans ce chiffre n'est pas
moindre de 11,314 personnes. En d'autres ter-
mes, si la France n'était habitée que par des
Français, l'augmentation de sa population au-
rait été réduite d'un quart. Ce fait, qui n'avait
pu être remarqué précédemment et que la
statistique récente vient de mettre si en
Puis, avec une certaine hésitation
Votre enfant est tout pour vous?
Tout au monde. avec les chers morts.
Aucune affection humaine ne pourra ja-
mais remplacer celles-là ? 7
Non. Ne me croyez pas ingrate. Je sens,
oh! je sens profondément tout ce que je vous
dois. Mais chacun de. ceux qui sont partis a
emporté un lambeau de mon cœur. Avec Molly
la ruine sera complète.
Vous m'écrirez? dit-il après un silence.
Oui.
Et vous reviendrez ? vous reviendrez ? ré-
pète-t-il d'un ton suppliant.
Oh oui! Je veux revoir la place où ils ont
vécu tous, où j'ai été si heureuse. Je veux revoir
les jouets de mon Jack. son cheval de bois.
La voix me manque.
Je pars, dit-il. Mais c'est uniquement
parce que vous le voulez.
Après un long silence, il va près du lit de
Molly pour l'embrasser une dernière fois.
Bon et fidèle ami! Pourquoi faut-il que ce
soit moi qui vous éloigne d'elle?.
Il jette un long regard autour de lui; semble
vouloir prendre congé des fleurs, des livres, du
portrait de ma fillette.
-Si longtemps que je vive, murmure-t-il, je
me rappellerai ce petit salon!
Adieu, dit-il enfin, en pressant longue-
ment ma main; je pars demain matin; mais ma
pensée reste avec vous.
Il s'éloigne. Je vais sur le balcon pour le
voir encore une fois. Au tournant de la maison,
il m'envoie un dernier signe d'adieu.
Et maintenant je suis seule, bien seule au
monde avec mon enfant qui se meurt.
:̃̃_̃:̃ ̃ ̃ .̃̃-̃.̃̃ XVII -̃̃̃̃;
C'est étrange, la solitude de ce village espa
gnol m'effraie presque, moi qui la désirais si
ardemment 1 Mais je ne me doutais pas qu'elle
serait si complète. Je suis la seule femme dans
lumière, démontre une fois de plus la né-
cessité de favoriser, plus qu'on ne le fait, la
naturalisation des étrangers en France. Une
loi en date du 26 juin dernier a bien modifié
les conditions dans lesquelles s'acquiert la na-
tionalité française; mais la Chambre des dépu-
tés avait rejeté le principe de la gratuité de la
naturalisation, de sorte que l'on ne peut s'at-
tendre à voir se franciser en grand nombre ces
étrangers qui vivent sur notre sol. Et il ne s'a-
gissait que de quelques milliers de francs de
recettes budgétaires, alors que, de l'aveu du
garde des sceaux, l'administration fait des re-
mises de droits en nombre considérable.
Ces étrangers sont-ils des étrangers dans le
sens absolu du mot? Ne sont-ce pas plutôt des
postulants? La statistique nous montre que,
dans le courant de l'année 1888, sur les 14,373
mariages qui ont été contractés par des étran-
gers, il y en a plus de la moitié qui ont été
conclus entre Français et étrangères ou entre
étrangers et Françaises. La proportion des ma-
riages d'étrangers avec les étrangères ne dé-
passe pas 45 0/0. Ce fait n'est-il pas caractéris-
tique, et n'est-il pas un argument absolument
probant contre les théories protectionnis-
tes étroites qui ne seraient pas éloignées
de voir dans ces étrangers des ennemis
qu'il faudrait évincer? Qu'il y ait des ré-
formes à apporter dans le régime actuel au-
quel sont soumis les étrangers en France que
l'on étudie le principe et la perception d'une
taxe spéciale pour les jeunes gens qui vien-
nent, en résidant dans notre pays à titre étran-
ger, s'exonérer de tout service militaire dans
leur patrie d'origine et dans leur patrie d'adop-
tion, rien de mieux. Mais, cette réserve faite,
et en présence des regrettables constatations
que nous permettent de faire les statistiques
démographiques, ne peut-on s'empêcher de
protester contre les restrictions apportées à la
naturalisation facile des étrangers ? 2
Il nous reste maintenant à examiner les prin-
cipaux motifs de la faiblesse extrême de l'aug-
mentation de notre population. L'accroissement
total n'a pas dépassé 44,772, c'est le chiffre le
plus faible que l'on ait jamais constaté. Et
pourtant, l'année avait été assez favorable au
point de vue des décès on n'en a relevé que
837,867, alors que la moyenne annuelle pour la
période quinquennale 1883-1887 avait été de
847,968. C'est que les naissances ont été nota-
blement inférieures aux chiffres des années
antérieures. Le total des naissances, qui s'é-
tait maintenu aux environs de 937,000 dans les
années 1881 à 1884, est descendu progressive-
ment au point de tomber à 882,639 en 1888.
Pour quels motifs? Faut-il y voir les consé-
quences des années néfastes de la guerre, qui
a fait un si grand ravage dans notre jeunesse?
Cette explication pourrait, à la rigueur, être
admise. En effet, l'âge moyen du mariage est,
en France, de vingt-huit ans en moyenne, et les
conséquences des morts occasionnées par les
événements de 1870-71 pourraient encore se
faire sentir aujourd'hui. Malheureusement,
cette explication est insuffisante, car elle ne peut
justifier tous les phénomènes démographiques
que l'on observe. La dépopulation occasionnée
par l'excédent des décès sur les naissances se
constate, en effet, dans un grandnombre de dé-
partements appartenant à des -régions diver-
ses, mais tout particulièrement dans l'ouest et
dans le sud-ouest de la France. Ainsi, d'une
année à l'autre en ne tenant compte, bien
entendu, que du mouvement résultant des nais-
sances et des décès un groupe de départe-
ments de l'Ouest a perdu 10,000 habitants en-
viron. Ce sont les départements du Calvados,
de l'Eure, de Maine-et-Loire, de la Manche, de
l'Orne et de la Sarthe.
Un second groupe, qui, lui aussi, a perdu
10,000 habitants, comprend les départements de
la Haute-Garonne, du Gers, de la Gironde, de
l'Hérault, de la Lozère et de Tarn-et-Garonne.
Il est à remarquer que ce phénomène ne date
pas de ces dernières années.
Dans l'ouvrage officiel si intéressant, mais
si peu abordable comme prix, où le minis-
tère du commerce a consigné les résultats des
dénombrements effectués de 1801 à 1886, les
rédacteurs, MM. Vannaque et V. Turquan, ont
montré que ces deux régions se dépeuplaient
constamment depuis plus d'un siècle, et des
ouvrages du dix-huitième siècle signalent déjà
la dépopulation du Perche comme un fait re-
marqué. Dans quelles proportions doit-on faire
intervenir les causes principales de dépopulation
et qui sont, on le sait, les modifications surve-
nues dans l'agriculture, l'émigration des campa-
gnes vers les villes et les centres manufacturiers
et, enfin, il faut bien le dire, la restriction mal-
thusienne ? C'est un grave problème d'une déli-
catesse extrême et pour la solution duquel une
enquête locale est nécessaire. Toutefois, cette
observation générale prouve une fois de plus que
les phénomènes sociaux sont d'une complexité
extrême et qu'il est impossible, par consé-
quent, de les expliquer à l'aide d'une théorie
empirique c'est pourquoi on doit récuser,
dans une certaine mesure, la relation étroite
que l'on veut établir entre les événements de la
guerre et la diminution de la natalité et du
nombre des mariages.
Tout ce qu'il est permis de dire à ce sujet,
c'est que tous les bons esprits doivent se préoc-
cuper avant tout de cet état de choses. Les na-
tions étrangères progressent chaque année
dans des proportions considérables par suite
du développement de leur natalité. La France
est un des pays où cette natalité est la plus
faible. Aux hommes d'Etat d'aviser. Si la lé-
gislation est sinon, impuissante, du moins
sans grand effet en cette matière, l'adminis-
tration sage, mesurée, du pays peut avoir
une heureuse influence. Il faut diminuer le
plus possible les charges qui pèsent sur les fa-
milles nombreuses et que l'Etat se montre mé-
nager des deniers des contribuables. Il faut,
d'autre part, veiller avec soin sur l'enfance,
appliquer la loi Roussel dans tous les départe-
ments et donner aux services d'assistance tout
cette maison, sauf Manuela, et la seule An-
glaise à Zahra; quelquefois, quand j'y pense,
l'épouvante me saisit. et pourquoi, pourtant? 2
J'ai Molly; qu'importe le reste tant que je l'ai
avec moi?. Par moments, il me semble que
je suis seule dans ce monde, ou que je flotte
isolée sur l'océan sans bornes mon petit
enfant dans mes bras.
Non. Il y a une autre raison. Ce n'est pas
que je sois superstitieuse j'ai fait un grand
effort pour être brave, pour chasser cette épou-
vante vague qui m'oppresse et m'étouffe.
Mais en vain. Il y a autour de moi quelque
chose de terrible. Quoi? Je n'en sais rien.
Un poids mortel pèse sur moi. Une chose indé-
finie, mais sombre et redoutable, m'obsède et
m'enveloppe. Parfois le silence m'épouvante,
et pourtant le bruit de mon propre pas me fait
tressaillir et regarde* à la dérobée autour de
moi. Une crainte innomée me possède.
Les heures passent, accablantes. Quand la nuit
vient, je crains ce qu'elle va m'apporter; et
quand un jour nouveau se lève, je tremble en
pensant à ce qu'il peut amener.
0, mon Dieu! Qu'est-ce donc? Quel sort
m'attend?. Est-ce que je deviens folle?.
Une dépêche m'arrive. Elle est de M. Cohen:
« Helen s'est rendue à merci. Sommes très heu-
» veux. Dlrs Greenside enrage. Beaucoup de baisers
» pour Molly. Amitiés. »
Cher ami! votre joie me fait sourire en mê-
me temps que j'en suis heureuse! Je crois vous
voir m'envoyer ce message; j'entends l'écho de
votre rire sonore, et la défaite de Mrs Green-
side me cause une satisfaction maligne.
Le docteur Murray vient nous voir réguliè-
rement chaque jour; mais, chose curieuse, il
paraît s'inquiéter plus de moi que de Molly.
C'est un homme étrange, avec une volonté de
fer et le désir de régenter tous ceux qui l'en-
tourent. Hier, n'a-t-il pas voulu, en dépit de
tout ce que j'ai pu lui dire, écrire à ma parente.
le développement que permet la situation fi-
nancière du pays enfin, il faut que les pouvoirs
publics ne contrarient en quoi que ce soit le libre
essor de toutes les énergies économiques: la voie
de réaction commerciale dans laquelle on
veut entrer aggravera le mal, loin de l'enrayer.
Quand on aura artificiellement relevé le prix
de l'existence sans qu'il en puisse résulter un
relèvement parallèle du gain des travailleurs,
comment aura-t-on donné à la population fran-
çaise la faculté de nourrir à bon compte des
familles nombreuses? 2
En' terminant, nous adresserons une nou-
velle demande à l'administration. Il est dési-
rable que dans le rapport de l'année prochaine
figurent des renseignements sur les causes
des décès. Les préfectures et les municipalités
doivent posséder les éléments d'information
à cet égard, et on peut s'attendre à ce que les
hygiénistes fassent d'intéressantes remarques
dans les chiffres qui pourraient leur être com-
muniqués. Grâce à cette adjonction, le rapport
démographique du ministère du commerce
soutiendrait encore plus avantageusement la
comparaison des travaux similaires de l'é-
tranger.
$
AFFAIRES COLONIALES
-•̃ Indo-Chine
Un décret du 26 août modifie la composition du
conseil supérieur de l'Indo-Chine et du conseil privé
de la Cochinchine.
C'est la conséquence de la réorganisation du per-
sonnel supérieur de l'Indo-Chine qui a été récem-
ment effectuée.
Par suite du nouveau décret, le conseil supérieur
de l'Indo-Chine se compose
Du gouverneur général de l'Indo-Chine, président;
du commandant en chef des troupes de l'Indo-Chine;
du commandant en chef de la division d'Extrême-
Orient et des forces navales stationnées en Indo-
Chine du lieutenant-gouverneur de la Cochinchine;
du résident supérieur du Tonkin; du résident supé-
rieur de l'Annam; du résident supérieur du Cam-
bodge du procureur général, chef du service judi-
ciaire de l'Indo-Chine, et du chef du cabinet du
gouverneur général, secrétaire, avec voix délibéra-
tive.
Les chefs des services administratifs de l'Annam
et du Tonkin, de la Cochinchine et du Cambodge
siégeront au conseil supérieur, avec voix délibéra-
tive pour toutes les questions qui concernent leur
service.
Le conseil privé de la Cochinchine comprend les
fonctionnaires suivants le lieutenant-gouverneur
de la Cochinchine, président; le commandant des
troupes de la Cochinchine, le commandant de la
marine, le secrétaire général de la Cochinchine, le
chef du service, administratif, le procureur de la
République de Saïgon et deux conseillers privés,
choisis parmi les notables habitants de la colonie
et nommés par décret.
Ces deux notables sont MM. Germain Jame et
Albert Cornu. Deux suppléants ont été désignés:
MM. Aimé Fonsalès et Charles Jourdan.
Annam et Tonkin `
On sait que le contrôle administratif est exercé
par des inspecteurs permanents dans les colonies
de la Martinique, de la Guadeloupe, du Sénégal, de
la Réunion, de la Cochinchine et de la Nouvelle-Ca-
lédonie. L'importance du budget du protectorat
dans nos possessions d'Extrême-Orient rend néces-
saire la création d'un service d'inspection perma-
nent dans l'Annam et le Tonkin.
Dans l'état actuel, dit M. Tirard dans un rapport
adressé au président de la République, le Trésor et
les nombreux comptables qui s'y rattachent jouissent
d'une indépendance presque absolue et ne sont ni sur-
veillés sur place ni même soumis ultérieurement au
jugement de la cour des comptes.
Les ordonnateurs du budget de l'Annam et du Ton-
kin, ainsi que les agents du Trésor appelés à en cen-
traliser les produits et à en acquitter les charges, ne
sauraient rester plus longtemps exempts de tout con-
trôle. i:
Quant aux recettes locales, il semble également
qu'elles doivent faire l'objet d'une surveillance spé-
ciale s'exerçant en dehors du Trésor et du personnel
des résidences.
L'inspecteur chargé de ce nouveau service réside-
rait à Hanoï et ferait aussi fréquemment que possible
en Annam des fournées de vérification.
La situation étant ainsi réglée pour le Tonkin et pour
l'Annam, il resterait à statuer à l'égard du Cambodge,
où ne s'exerce que très irrégulièrement et dans des
conditions imparfaitement définies l'action de l'inspec-
tion des colonies.
Il suffirait de décider, dans ce but, que l'inspecteur
permanent de la Cochinchint; aura dans ses attribu-
tions la surveillance des services administratifs et fi-
nanciers de ce protectorat.
Des décrets conformes aux demandes du ministre
ont été rendus par le président de la République, à
la date du 26 août.
LE CHEMIN DE FER DE LANG-SON ̃
M. Etienne vient de fixer au 13 septembre pro-
chain la date de l'adjudication du chemin de fer qui
doit mettre Lang-Son en relation avec Phu-Lang-
Thuong.
La ligne, qui aura 60 centimètres de large, coûtera
environ 4 millions 1/2.
Nouvelle-Calédonie
Le conseil général de la Nouvelle-Calédonie avait
pris une délibération, le 10 décembre dernier, en
vertu de laquelle il accordait une indemnité de dé-
placement et de séjour aux membres de cette as-
semblée qu n'habitent pas le chef-lieu de la colonie.
Cette délibération est annulée, par ce motif que
le mandat de conseiller général est essentiellement
gratuit.
Tunisie
On nous écrit de Maktar
L'invasion des criquets volants en Tunisie, parti-
culièrement dans les contrôles de Kairouan et de
Maktar, s'est continuée jusqu'à ces derniers jours.
Ces vols, exceptionnellement tardifs, proviennent
des éclosions qui ont eu lieu dans les pays de gran-
de altitude et des bandes qui ont échappé à la des-
truction en Algérie. La plupart arrivent du terri-
toire militaire de Constantine et pondent en Tuni-
sie. La campagne de l'année prochaine, dans la ré-
gence, sera certainement très active. De plus en
plus, comme nous l'avions annoncé, la situation
semble analogue, vis-à-vis de l'invasion, à celle de
l'Algérie en 1886. Des mesures d'ensemble énergi-
ques, comparables à celles qui ont marqué dans la
Mrs Grey? Je l'ai assuré que c'était inutile,
mais il n'a pas voulu m'entendre. Il a fallu
le laisser faire. Qu'importe, après tout?. Je
l'attends chaque matin, et, pourvu qu'il ne me
dise pas que la fin est pour aujourd'hui, je suis
satisfaite et je continue à rêver à demi éveillée,
avec cette douleur sourde qui maintenant ne
me quitte plus.
Petite mère, dit Molly au crépuscule,
j'ai soif; je voudrais une des oranges du patio.
Tout de suite, mon amour. Je vais te la
chercher.
Je me dirige vers la porte, mais je suis obli-
gée de m'arrêter un moment pour reprendre
haleine. Comme en rêve, j'entends des voix,
dehors. Puis je me traîne avec peine jusqu'à
l'escalier. Ah! que de marches! Comme elles
sont froides et sombres. Je ne peux pas aller
plus loin. Que le plafond est haut au-dessus
de ma tète! et les marches semblent descendre
au fond d'un gouffre. Je n'ose y poser le pied.
Ah! mon Dieu! c'est un précipice. Je glisse,
je tombe. je tombe. Molly!
Oh oui, docteur, oui, je vais mieux, je
vais bien. Ne pensez pas à moi c'est Molly qui
est malade. Où est-elle?
Mistress Keith, me reconnaissez-vous?
Si je vous reconnais! Mais oui vous
êtes le docteur Murray, et le docteur George
est reparti pour l'Angleterre.
Savez-vous où vous êtes?
Je suis là près de la fenêtre. Oh! cette
cloche, docteur, cette cloche! Elle me brise
la tête. Où est Molly?. Comme j'ai froid!
Vous étouffiez, j'ai défait votre robe, me
répond-il.
Et, en l'entendant, mon esprit reprend sa
lucidité je lève les yeux sur lui et j'ai peur.
Savez-vous à quel point vous êtes malade?
me dit-il. Savez-vous ce que vous avez?
Mon cœur s'est brisé. ce n'est pas éton-
nant I. (Je parle comme en rêve.^
colonie les campagnes de 1888 et 1889, seraient pr blement nécessaires.
Nouvelles coloniales et maritimes
M. Bayol, lieutenant-gouverneur du Sénègat
chargé d'une mission spéciale au Dahomey, vien1
d'arriver à Dakar.
«,
COURRIER DE LONDRES
28 août.
A en juger par l'attitude des constables, par leurs
rapports amicaux avec les grévistes, il semblerait
que le gouvernement encourage le mouvemeut au
lieu de chercher à l'enrayer. M. Matthews a bien dé-
claré à la Chambre des communes que le gouverne-
ment ne pouvait intervenir qu'en cas d'intimidation
et que, comme, jusqu'à présent, il n'y avait que des
pressions et non des intimidations, la police devait
demeurer dans l'expectative, prête à agir cependant
si des désordres se produisaient. Je voudrais bien
connaître la différence qui existe entre la pression et
l'intimidation, et je crains qu'à cet égard le ministre
de l'intérieur lui-même ne soit pas absolument
fixé.
La prolongation de la grève peut amener des dé-
sastres incalculables, et le commerce de Londres est
déjà en sérieux danger. M. Burns affirme que c'est
à lui que nous devons la correction de la grève
mais il avoue en même temps que si les compa-
gnies n'acquiescent pas tout de suite aux réclama-
tions des ouvriers, il lui sera impossible de contenir
les passions dont il prévoit le déchaînement.
Pour se rendre compte de la situation, il faut par-
courir les quartiers voisins des docks, il faut assis-
ter à quelques meetings qui suivent les processions
organisées chaque matin. Devant toutes les portes
des docks, les grévistes ont des sentinelles payées
2 fr. 50 par jour. M. Burns visite lui-même, dès
l'aube, ces postes de surveillance, dont la mission
est d'empêcher d'entrer, soit par la persuasion, soit
par la force (pression, d'après M. Matthews), les ou-
vriers venant de province et disposés à travailler.
Vers sept heures du matin, les cortèges se forment
et s'en vont par la ville, précédés de leurs ban-
nières et de leurs corps de musique. Les grandes
rues de la Cité sont ainsi traversées les habitants
regardent comme un spectacle ces sortes de proces-
sions, et beaucoup versent quelques piécettes de
cuivre dans les boîtes qui leur sont présentées par
des délégués, lesquels touchent aussi 2 fr. 50 par
jour. On retourne devant les docks, où des dis-
cours sont prononcés. Pas besoin de dire que le
thème des orateurs ne varie pas résistance à ou-
trance, pas de concession; tout ou rien.
Rien, c'est la misère, c'est la faim pour la femme
ou les enfants au logis; et je peux vous certifier
d'une façon absolue que beaucoup d'ouvriers avec
lesquels je me suis entretenu seraient tout dispo-
sés à rentrer dans les docks; mais la pression est là,
qui les arrête. Je parle ici surtout pour les ouvriers
permanents, dont beaucoup ont une famille et qui
en réalité sont dignes d'intérêt. Ces ouvriers n'oni
pas fait la grève; les théories de M. Burns n'eus-
sent pas été assez fortes pour les engager à laisser
souffrir les leurs. Mais M. Burns n'a pas eu de peine
à persuader aux ouvriers irréguliers qu'il leur fallait
exercer leurs revendications. Ces ouvriers-là, il est
juste de l'observer, sont très malheureux: ce sont
des déclassés sans aucun doute; néanmoins, ils ont
droit à l'existence, d'autant plus qu'ils cherchent à
la gagner leur journée souvent ne leur rapporte
pas 1 franc, et c'est là-dessus qu'ils doivent se
nourrir, se vêtir et se loger. L'ouvrier permanent
peut avoir un crédit chez le boulanger, tandis que
l'ouvrier irrégulier est obligé de vivre au jour la
jour.
Pour le moment, la misère dans l'East-End est
aussi grande que dans les plus mauvais; jours de
l'hiver. Sur les 100,000 grévistes, beaucoup n'ont
pas de quoi manger les quêtes produisent peu, con-
trairement à l'attente générale, les distributions de
bons de pain ou d'argent ne s'élèvent pas à plus de
2 fr. 50 par semaine et par tête, et, pour comble, les
monts-de-piété vont fermer les prêteurs sur gages
n'ont plus de place pour caser les cinq ou six cents
dépôts qui leur sont apportés quotidiennement. En
Angleterre, il n'y a pas de minimum pour le prêt
sur gages on avance 30 centimes sur un vieux pan-
talon, ou 15 sur un gilet usé jusqu'à la corde; pour
ce prêt, il faut passer beaucoup d'écritures, et les
gages de cette nature sont encombrants sur qua-
tre boutiques de Pawn-Brokers, une est déjà close
pour les engagements; les autres ne tarderont pas
à suivre.
Quelques grandes compagnies de transports ma-
ritimes se sont décidées à reprendre pour port d'at-
tache Southampton; de ce chef, pour une seule com-
pagnie, la Péninsulaire et Orientale, le port de Lon-
dres perdra annuellement plus de 10 millions de
francs. Les grévistes, et surtout ceux qui les en-
traînent, n'ont pas pensé à cette ruine du commerce
du port de Londres, ruine dont ils ressentiront les
effets, puisque, si le travail est plus rétribué, il sera
moins abondant, et que c'est l'occupation qui fera
défaut. M. Burns s'est trompé en annonçant que les
docks de Southampton et de Liverpool seraient fer-
més comme ceux de Londres. Les ouvriers dans ces
villes sont, au contraire, très heureux du surcroît
de besogne, c'est-à-dire du surcroît de bénéfice que
leur produit la grève. Ils ne sont pas disposés à
quitter les chantiers, où ils sont mieux payés qu'à
Londres et puis, en général, dans ces villes, il y a
peu ou point d'ouvriers irréguliers; presque tous
sont employés d'une façon permanente, ce qui di-
minue beaucoup la réalisation des prévisions de
M. Burns.
Le lord-maire n'est pas à Londres, mais il a
donné les instructions à l'alderman qui le remplace;
en conséquence de quoi il a refusé de servir d'ar-
bitre dans une question qui, selon lui, doit se dé-
battre entre les ouvriers et les compagnies. Les
ouvriers, d'ailleurs, repoussent la conciliation; ils
exigent que leurs demandes soient acceptées sans
réserve, et M. Burns leur a promis que, s'ils persé-
véraient encore trois ou quatre jours, leur victoire
était assurée. En attendant, la crise pèse sur toutes
les industries, et l'on annonce comme prochaine la.
grève des compositeurs d'imprimerie et celle des
conducteurs de tramways. Dans une semaine, la
-Vous devez avoir horriblement souffert?
-Ah! oui. Mais pendant longtemps je n'ai
pas soupçonné. Ce n'est qu'après la Noël.
Pourquoi n'avez-vous pas parlé à mon
frère ?
-Je ne pouvais pas. je ne sais pourquoi,
cela m'était impossible.
Pour l'amour de votre enfant, vous auriez
dû le faire 1
-Je pensais que j'étais malade parce qu'elle
l'était. que je guérirais avec elle. puis j'ai
commencé à soupçonner. à craindre.
Je m'arrête hors d'haleine.
Et puis?.
-Puis, un jour, j'ai été à Malaga. et, dans
le vestibule de l'hôtel, j'ai vu des bagages mar-
qués au nom d'un médecin de Londres. et
tout à coup j'ai eu le courage de lui parler, à
lui. Il m'a dit ce que j'avais, et qu'il était trop
tard pour rien tenter; que je ne pouvais pas
vivre.
-Alors?.
Alors je suis allée trouver le docteur Geor-
ge, ce jour-là même, tout de suite après. et
il m'a dit que Molly allait mourir. et, me sa-
chant condamnée, j'ai pu supporter le verdict.
Maintenant, quand elle sera partie, pourvu que
j'aie le temps de me traîner jusque chez nous,
je n'en. demande pas davantage. Je serai si
contente de me reposer 1.
Il se lève, va vers la fenêtre, et reste de«
bout, me tournant le dos. Pourquoi ne me ré*
pond-il pas? N'a-t-il rien à me dire? Tout à
coup, il revient et s'assied auprès de moi.
Vous auriez dû me parler, dit-il.
-A quoi bon? A quoi cela aurait-il servi ?.«
Quand l'enfant sera partie.
D'après MRS W. K. CLIFFORD.
(La fin à demain.J ̃,̃̃'̃̃ :̃•
9 0
VENDREDI 30 AOUT 1889.
VINGT-NEUVIEME ANNEE.– N* 10342.'
PRIX DE L'ABONNEMENT
ÎARIS..T. Trois mois, 14 fr. Six mois, 28 fr. Un an, 06 fr,
DÊP&iîALSAGE-LORRAINE 17tr.; 34 tr.; 68 fr.
CSION POSTALE. lSfr.; 36 fr.; "72 fr.
LES ADO.N1SEMENTS DATENT DES 1er ET 16 DE CHAQUE MOIS
JJn numéro (à Paris) lo centimes.
Directeur politique Adrien Hébrard
la rédaction ne répond pas des articles communiqués
BUREAUX 5, boulevard des Italiens, PARIS
Adresse télégraphique TEMPS PARIS
PRIX DE L'ABONNEMENT
fÀRIS. Trois mois, 14 fr. Six mois, 28 fr. Un an, 56 fr.1
Mpte&AlSACE-LORRAINB lTfr.; 34fr.; 68 fr.
MM POSTALE. lSfr.; 36 fr.; I72fr.
1ES ABONNEMENTS DATENT DES 1" ET 16 DE CHAQUE MOIS
Irjfn numéro
(Droit d'insertion réservé à la rédaction.)
BUREAUX 5, boulevard des Italiens, PARIS
Adresse télégraphique TEMPS PARIS
PARIS, 29 AOUT:
BULLETIN DU JOUR
4 La dissolution de la Société universitaire
~Âe lecture (Leseverein) à Prague, à cause
B'une adresse envoyée à la Société des étu-
diants de Paris, provoque une certaine émo-
tion dans la capitale du royaume de saint
..Wenceslas.
V Il ne ïs' agit nullement, comme .des récits
erronés tendraient à le faire croire, d'une af-
faire où les Jeunes-Tchèques soient seuls en
|eu. L,a presse tchèque tout entière, sans dis-
tinction de nuances, proteste contre un acte
.qu'elle trouve arbitraire et regrettable.
̃ Le Hlas Naroda déclare que détruire le
Leseverein après quarante et un ans d'exis-
tence, c'est porter atteinte à l'une des insti-
tutions nationales. De son côté, le Politik,
^'organe si considéré de M. Rieger et de
son parti, s'exprime dans les termes les plus
vigoureux sur un fait qu'il qualifie de « sur-
prenant, pénible et d'une portée extraordi-
̃: dinaire ».
Il ajoute qu'il lui est impossible de voir
u dans l'adresse incriminée la plus légère cul-
pabilité. Dire que l'on aime, voire que l'on
idolâtre {vergœttern) la France, c'est peut-être
's'exprimer avec plus de feu et de jeunesse
que de modération, ce n'est assurément bles-
ser aucune convenance, puisque la paix
règne entre l'empire d'Autriche-Hongrie et
'7 la République française. Quant au Narodni
~M/y, il s'est fait saisir pour la verdeur de
l'article qu'il a cru devoir consacrer à ce
•sujet.
Le b'ùreau de la société dissoute a, comme
c'était son droit, appelé l'attention des prin-
cipaux députés de la Bohême sur cet acte
d'autorité. Seulement, nous tenons à mettre
le fait en pleine lumière, il n'a point du tout
voulu prendre une couleur sectaire ou fac-
j tieuse en s'adressant uniquement au petit
groupe des Jeunes-Tchèques.
En même temps que M. Engel, le leader
̃ &e cette fraction, était saisi de la requête,
M. Rieger, l'illustre vétéran qui dirige en-
core la grande majorité du parti national, la
recevait également. C'est assez dire qu'il n'y
a point là de question de groupe.
"̃ Rien ne serait plus maladroit de la part de
certains organes de la presse française que
"̃̃. de créer à plaisir des divergences qui n'exis-
tent pas, sous le prétexte de prétendues sym-
r patines naturelles pour les Jeunes-Tchèques.
es Vieux-Tchèques n'ont jamais cessé de
[ donner à la France des gages de leur atta-
chement; ils figurent avec honneur dans la
majorité qui a permis au comte Taaffe de
''gouverner depuis dix ans la Cisleithanie,
malgré l'opposition centraliste et allemande
et en dépit des attaques sans cesse renouve-
lées de certains organes de la presse de Ber-
lin. Ce n'est pas quand tous les partis s'unis-
.v. cent pour blâmer un acte dirigé contre les
.̃T'&mis de notre pays dans la jeunesse stu-
r dieuse de Prague, qu'il conviendrait de faire
intervenir des distinctions oiseuses et de se
mêler aux affaires intérieures d'un pays
étranger.. -j ̃;
L'opinion publique en France ne retiendra
probablement pas le souvenir de la mesure
plus ou moins adroite qui a été prise à Pra-
• gue elle se souviendra certainement des
• ittiarques de sympathie que cet incident a
servi à nous attirer de la part de tous les par-
{̃. fts tchècfues.
c La grève des docks de Londres n'est pas s
jencore achevée, mais elle semble approcher
ifle son terme. Les compagnies continuent à
} refuser d'accorder purement et simplement
aux ouvriers l'intégralité de leurs revendi-
-̃ cations. Elles maintiennent que hausser de
• %0 centimes par heure le salaire de leurs em-
ployés, ce serait absorber entièrement leurs
profits. jElles offrent des concessions éten-
£ dues sur les autres points du programme de
ia grève.
5 John Burns et les autres chefs du mouve-
ment adjurent les grévistes de ne pas se lais-
"̃ ser leurrer et de faire l'effort suprême néces-
paire pour triompher sur toute la ligne.
'̃ L'opinion publique, dans son ensemble,
C. donne un appui considérable aux ouvriers.
Nombre de patrons, intéressés à la prompte
reprise des chargements et déchargements
dans le port de Londres, conseillent vive-
i ment aux compagnies de céder en bloc ou,
en tout cas, d'accepter une suspension d'ar-
mes avec recours à un arbitrage sans appel.
Ce qui pèse beaucoup sur tous les esprits,
c'est la crainte de voir se propager de proche
-̃ en proche la cessation concertée du travail.
II y a des épidémies de grèves. Déjà des
.corps de métiers fort importants semblent
1 atteints par la contagion.
Londres a déjà beaucoup souffert de la pa-
*̃; ralysie soudaine et totale de son port. Il se-
rait fâcheux que l'obstination de M. Nor-
:!<. wood et de ses collègues entraînât de pa-
reilles conséquences.
♦ Jusqu'ici les ouvriers grévistes ont ob-
servé une attitude que le ministre de l'inté-
£ieur a déclarée correcte, en plein Parlement.
oette sagesse relative a beaucoup agi en leur
F'EUÎIL.ÎL.E'FOIV DU f&tltVpS
DU 30 AOUT 1889 t*31
MON CRIME
JOURNAL D'UNE MÈRE
̃ XVI (Suite.) '̃
Encore sous l'impression des paroles du doc-
teur Murray, je me mis à causer avec son
frère.
Docteur George, lui dis-je après quelques
minutes de causerie, quand partez-vous?
Pas encore, répond-il promptement.
Pourquoi, puisqu'on vous attend là-bas?
Je préfère rester ici.
Et pour une raison si vague vous voulez
compromettre cette chance d'avancement dont
vous m'avez parlé il y a longtemps?
-Ne vous inquiétez pas de cela, dit-il avec
un sourire paisible; quelque autre occasion se
présentera.
Mais dites-moi pourquoi vous tardez
ainsi. Vous paraissiez entièrement décidé il
y a quelques mois. Pourquoi avez-vous changé
d'idée?
-Je vous l'ai dit je me plais ici.
Ah vous avez une raison. Dites-la-moi.
Il hésite un peu.
Je ne voudrais pas quitter Molly. Elle
̃r O" i,.v-t -'i.- ̃̃» jj.-
pepoductioa interdite
faveur sur l'opinion. Il est à craindre qu'elle
ne devint bien difficile à maintenir si les
compagnies réussissaient véritablement à
importer, soit de la province, soit même de
l'étranger, des recrues en nombre suffisant
pour reprendre leurs opérations.
En tout cas, on pense généralement qu'une
solution ne peut plus guère tarder à inter-
venir. ̃*̃̃-̃ •-̃
–r m
DÉPÊCHES TÉLÉGRAPHIQUES
DES CORRESPONDANTS PARTICULIERS DU Temps
Copenhague, 29 août, 8 h. 50.
Le roi s'embarque ce matin pour aller au devant
de l'empereur de Russie.
Londres, 29 août, 9 h. 15.
Des embaucheurs ont offert aux entreprises des
docks paralysées par la grève 3,000 ouvriers belges,
au salaire de quatre pences et demi par heure.
Les compagnies attendent encore de savoir les
dispositions définitives des grévistes avant d'accep-
ter l'offre quijleur est faite.
On doute, du reste, beaucoup que le projet puisse
se réaliser. ̃̃.•̃, ̃
Berlin, 29 août, 8 h. 30.
Dans sa troisième séance plénière, le congrès ca-
tholique de Bochum a émis un vœu pour la revi-
sion de la loi scolaire dans le sens duprojet Windt-
horst présenté l'année dernière au Landtag prus-
sien.
Dans cette même séance, le congrès a voté, avec
de grandes acclamations, la résolution en faveur du
pouvoir temporel du pape, dont je vous ai signalé
la présentation en commission.
Berlin, 29 août, 9 heures.
Plusieurs journaux, s'occupant du marché annuel
des céréales qui se tient en ce moment à Vienne,
attribuent le recul des affaires à l'effet de la récente
campagne antisémitique.
Belgrade, 29 août, 8 h. 40.
On annonce de nouveau l'arrivée prochaine de la
reine Nathalie.
La reine-mère, dit-on, aurait fait savoir au gou-
vernement qu'elle souscrit aux conditions posées
pour sa visite.
Rome, 29 août, 9 h. 55.
Le cardinal Alimonda, archevêque de Turin, est
arrivé hier à Rome pour demander au pape, dit-on,
au nom de la princesse Clotilde, la permission de
présider à la cérémonie du baptême du fils du duc
d'Aoste. On croit dans l'entourage du pape que
Léon XIII refusera, vu la tension excessive des rap-
ports entre le Vatican et le Quirinal.
On croit que le général Cialdini a définitivement
accepté l'ambassade de Madrid.
Rome, 29 août, 10 h. 20.
On attache ici une certaine importance à l'entre-
vue que M. Cantagalli, ministre d'Italie au Maroc,
va avoir à Tétuan avec l'empereur Muley-Hassan,
aupuel il porte de riches présents du roi Humbert
et avec lequel il espère traiter certaines questions
politico-commerciales en suspens.
Turin, 29 août, 8 h. 25.
On annonce de Rome à la Gazette piémontaise que
les travaux édilitaires faits pour le compte de la
Banque Tibérine se poursuivent et ne seront inter-
rompus que si le tribunal n'accorde pas le morato-
rium à cette banque.
Le commandeur Grillo, directeur de la Banque
nationale, est venu de Florence et a eu une entre-
vue avec M. Crispi. Puis il est retourné à Florence,
où a eu lieu hier le conseil des administrateurs de
la Banque nationale pour décider si celle-ci viendra
au secours des établissements turinois.
Bruxelles, 29 août, 11 heures.
Hier soir, vers huit heures, un grand incendie a
éclaté à Louvain, à l'asile des aliénés et au couvent
des Alexains.
Ces bâtiments étaient composés d'une brasserie,
du couvent, de la chapelle et des cellules des
aliénés. ̃ ̃ ,c-- "']-'[
Tout a été consumé.
Le sauvetage des 200 pensionnaires a été fort dif-
cile et fort émouvant.
On a réussi cependant à les interner tous à l'hô-
pital civil.
Il manque ce matin à l'appel un frère alexain, qui
pourrait bien avoir péri dans les flammes.
Les pertes sont considérables.
Il y avait notamment, dans le couvent, des pein-
tures anciennes très remarquables dont on n'a a
réussi qu'à sauver une partie.
Les causes de l'incendie sont inconnues.
La date des élections législatives a été
fixée au 22 septembre par le conseil des mi-
nistres. La période électorale n'est pas en-
core officiellement ouverte; elle l'est en réa-
lité. C'est le moment, pour les républicains,
qui sont peut-être en retard dans certains ar-
rondissements, de se mettre en mouvement
et de déployer tout le zèle et toute l'éner-
gie que réclament les difficultés du jour
et les périls de demain. Il est très vrai-
semblable que les élections prochaines vont
décider du sort de la République libérale
dans ce pays. Ou bien le bon sens des
électeurs clairvoyants affermira des insti-
tutions qui ont protégé et non entravé,
comme on se plaît trop aie dire, le dévelop-
pement matériel et moral de la nation; ou
bien, en les ébranlant par légèreté ou par
fanatisme, ces électeurs ouvriront une pé-
riode d'anarchie et de crises violentes d'où
sortira fatalement le césarisme avec l'abais-,
sement et la honte de la patrie. L'heure est
donc solennelle, nous dirions presque tra-
gique. En tout cas, elle sera décisive pour
de longues années. Le scrutin qui' se pré-
pare déterminera notre destinée politique et
décidera de notre avenir en Europe comme
grande nation. Les adversaires de la Répu-
m'est devenue bien chère. J'ai toujours aimé
les enfants, ajoute-t-il comme pour s'excuser.
Cher docteur George! que je voudrais lui dire
ce que je ressens de gratitude! Mais il ne faut
pas que je montre d'émotion. Dois-je répondre
à tant de générosité en nuisant à son avenir?
Je rassemble tout mon courage et, d'une voix
ferme
Je désire que vous parliez, lui dis-je, vous et
tous les autres. Je veux être seule. Je vous l'ai
déclaré je crois que je supporterai ma peine
plus aisément si personne ne voit, si personne
ne sait.
Mais, moi, je sais depuis si longtemps.
Suis-je donc comme les autres ? Je ne puis sup-
porter la pensée de vous laisser. de vous voir
revenir. seule dit-il d'une voix brisée.
Il le faut! il le faut! Partez, docteur
George. Personne ne peut prendre mon terrible
fardeau. Il faut que je le porte seule.
Laissez-moi rester, plaide-t-il encore.Vous
ne savez pas, vous ne vous doutez pas de ce
que va être ce terrible isolement que vous ap-
pelez. Vous si délicate, si faible, que devien-
drez-vous dans ces terribles moments, sans un
ami ?. Cette pensée me déchire.
Quelle généreuse pitié je lis. dans ses yeux si
francs 1 Oh que n'ai-je un frère comme lui 1
Que n'ai-je le droit de le retenir et de m'ap-
puyer à lui Mais qui suis-je? et pourquoi fe-
rais-je passer ma personne avant ses intérêts ?
Le docteur Murray me l'a bien fait compren-
dre il est de mon devoir de le décider à par-
tir. Moi qui n'ai rien à donner, pourquoi usur-
perais-je une place dans sa vie?.
Et je répète d'un ton ferme: •
Je désire que vous partiez. Le seul service
à me rendre, c'est de me laisser seule. De votre
frère, je n'ai pas de sympathie à craindre. Et
toute sympathie, même la vôtre, je la redoute
et je la fuis.
Il reste silencieux. Cette fois mes paroles ont
porté.
Je ferai comme il vous plaira, dit-il.
"i't'
blique ne rignofént point. C'est leur suprê-
me effort, et ce sera sans doute leur dernière
campagne. Ce sentiment qu'ils luttent pour
la dernière fois peut même seul faire com-
prendre et excuser les extrémités où ils s'a-
bandonnent, les manœuvres auxquelles ils
ont recours, les alliés qu'ils recrutent. Il ne
faut pas se le dissimuler: la bataille sera'
rude, si la victoire ne nous semble pas dou-
teuse. Mais, pour que celle-ci ait tous ses
fruits et que la République sorte à la fois
des dangers que lui tont courir les réaction-
naires et de la paralysie dont la frappent les
divisions des républicains, il faut que tous
les patriotes, tous les hommes d'ordre, tous
les vrais conservateurs, tous les républi-
cains de gouvernement en un mot, sachent
comprendre et réaliser l'effort que le pays
exige et attend d'eux.
Toutefois, hâtons-nous de dire que le zèle
ne suffirait pas s'il n'était accompagné de
fermeté et de raison. Nous allons voir paraî-
tre les circulaires des candidats. Que ceux-ci,
qui seront les députés de demain, réfléchis-
sent soigneusement aux termes dont ils vont
se servir, aux promesses qu'ils vont faire
ou aux engagements qu'ils vont prendre.
Qu'ils se gardent de tout malentendu et.
de toute équivoque! Il est un mot qui exerce
sur plus d'un sage et ferme candidat
républicain une étrange et malheureuse
fascination. C'est le mot de « re vision. » Même
ceux qui sentent combien il est imprudent de
paraître arborer le même drapeau que les en-
nemis de la République ont bien de la peine
à l'exclure résolument. Ils le prononcent
avec un accent particulier, nous le savons
bien ils l'expliquent et le réduisent à pres-
que rien, ou à si peu de chose, comme M.
Floquet, qu'il n'a plus même de sens. Sur-
tout, ils croient qu'il leur suffit de distinguer,
d'opposer la revision républicaine à la mo-
narchique, et, tranquillisant ainsi leur con-
science et leur patriotisme, ils semblent près
de se laisser aller, au moins dans leur lan-
gage, à des concessions extrêmement regret-
tables.
Prenez garde, nous permettrons-nous de
leur dire dès à présent, de ne pas être traînés
plus tard, avec ce mot à double et à triple en-
tente, où vous ne voulez pas aller. Quel au-
tre résultat obtiendrez-vous que de vous faire
classer par vos professions de foi parmi les
révisionnistes? Vous, allez être enrôlés bon
gré malgré dans une majorité bâtarde et
chaotique contre le Sénat et contre la poli-
tique pacifique et rationnelle qu'il faut à la
France. Voulez-vous d'un conflit avec le Sé-
nat ? voulez-vous faire partie de la majorité
républicaine de gouvernement ou d'une ma-
jorité revisionniste hostile à la République?
Là est toute la question. Le mot inoffensif en
apparence que vous subissez aujourd'hui va
devenirle germede confusions et dedésordres
sans fin dans la Chambre future. Ce sera le
lacet que vous allez vous passer vous-mê-
mes autour du cou et avec lequel vos enne-
mis les plus acharnés vous traîneront à leur
remorque et vous étrangleront, vous et peut-
être la République en même temps.
Il ne s'agit donc, pour les républicains de
gouvernement, de ne montrer ni tiédeur ni
imprudence. Il faut que tous ceux qui ne
veulent pas d'une revision par une Consti-
tuante et il n'y en a aucune autre qui mé-
rite ce nom repoussent énergiquement le
mot comme ils repoussent la chose. Qu'ils
affirment la République et le progrès con-
stant par la République mais qu'ils n'aient
rien de commun avec ceux qui veulent tout
bouleverser, tout mettre en question et font
figure de révolutionnaires dans le pays. Non
seulement ainsi les partis seront tranchés,
les questions claires, mais les solutions le
seront également, et il pourra sortir de cette
nouvelle consultation du suffrage universel
une majorité de gouvernement nette et dis-
tincte, capable de faire faire en avant, sur la
voie du progrès véritable, une étape de plus
à notre démocratie.
Nous avons publié, hier, le très intéressant
rapport adressé au ministre du commerce par
le chef de la division de la statistique, M. Van-
naque. C'est la première fois que la statistique
démographique annuelle est précédée d'une
étude sur les mouvements de la population de
la France c'est la première fois également que
ce document donne des renseignements sur les
mouvements de la population étrangère exis-
tant en France. Nous avions, depuis longtemps,
demandé la publication de ces informations,
qui, à notre avis, ne pouvait que présenter un
très vif intérêt. On a tenu compte de nos obser-
vations nous en sommes d'autant plus heu-
reux, que l'on a pu constater l'importance des
comparaisons que l'on est amené a faire.
On voit ainsi que, indépendamment des
mouvements qui peuvent résulter de l'immi-
gration ou de l'émigration, et dont on ne peut
constater l'intensité que par les recensements
quinquennaux, la population de la France
s'est accrue de 44,772 personnes, par suite de
l'excédent des naissances sur les décès. Or, la
part des étrangers dans ce chiffre n'est pas
moindre de 11,314 personnes. En d'autres ter-
mes, si la France n'était habitée que par des
Français, l'augmentation de sa population au-
rait été réduite d'un quart. Ce fait, qui n'avait
pu être remarqué précédemment et que la
statistique récente vient de mettre si en
Puis, avec une certaine hésitation
Votre enfant est tout pour vous?
Tout au monde. avec les chers morts.
Aucune affection humaine ne pourra ja-
mais remplacer celles-là ? 7
Non. Ne me croyez pas ingrate. Je sens,
oh! je sens profondément tout ce que je vous
dois. Mais chacun de. ceux qui sont partis a
emporté un lambeau de mon cœur. Avec Molly
la ruine sera complète.
Vous m'écrirez? dit-il après un silence.
Oui.
Et vous reviendrez ? vous reviendrez ? ré-
pète-t-il d'un ton suppliant.
Oh oui! Je veux revoir la place où ils ont
vécu tous, où j'ai été si heureuse. Je veux revoir
les jouets de mon Jack. son cheval de bois.
La voix me manque.
Je pars, dit-il. Mais c'est uniquement
parce que vous le voulez.
Après un long silence, il va près du lit de
Molly pour l'embrasser une dernière fois.
Bon et fidèle ami! Pourquoi faut-il que ce
soit moi qui vous éloigne d'elle?.
Il jette un long regard autour de lui; semble
vouloir prendre congé des fleurs, des livres, du
portrait de ma fillette.
-Si longtemps que je vive, murmure-t-il, je
me rappellerai ce petit salon!
Adieu, dit-il enfin, en pressant longue-
ment ma main; je pars demain matin; mais ma
pensée reste avec vous.
Il s'éloigne. Je vais sur le balcon pour le
voir encore une fois. Au tournant de la maison,
il m'envoie un dernier signe d'adieu.
Et maintenant je suis seule, bien seule au
monde avec mon enfant qui se meurt.
:̃̃_̃:̃ ̃ ̃ .̃̃-̃.̃̃ XVII -̃̃̃̃;
C'est étrange, la solitude de ce village espa
gnol m'effraie presque, moi qui la désirais si
ardemment 1 Mais je ne me doutais pas qu'elle
serait si complète. Je suis la seule femme dans
lumière, démontre une fois de plus la né-
cessité de favoriser, plus qu'on ne le fait, la
naturalisation des étrangers en France. Une
loi en date du 26 juin dernier a bien modifié
les conditions dans lesquelles s'acquiert la na-
tionalité française; mais la Chambre des dépu-
tés avait rejeté le principe de la gratuité de la
naturalisation, de sorte que l'on ne peut s'at-
tendre à voir se franciser en grand nombre ces
étrangers qui vivent sur notre sol. Et il ne s'a-
gissait que de quelques milliers de francs de
recettes budgétaires, alors que, de l'aveu du
garde des sceaux, l'administration fait des re-
mises de droits en nombre considérable.
Ces étrangers sont-ils des étrangers dans le
sens absolu du mot? Ne sont-ce pas plutôt des
postulants? La statistique nous montre que,
dans le courant de l'année 1888, sur les 14,373
mariages qui ont été contractés par des étran-
gers, il y en a plus de la moitié qui ont été
conclus entre Français et étrangères ou entre
étrangers et Françaises. La proportion des ma-
riages d'étrangers avec les étrangères ne dé-
passe pas 45 0/0. Ce fait n'est-il pas caractéris-
tique, et n'est-il pas un argument absolument
probant contre les théories protectionnis-
tes étroites qui ne seraient pas éloignées
de voir dans ces étrangers des ennemis
qu'il faudrait évincer? Qu'il y ait des ré-
formes à apporter dans le régime actuel au-
quel sont soumis les étrangers en France que
l'on étudie le principe et la perception d'une
taxe spéciale pour les jeunes gens qui vien-
nent, en résidant dans notre pays à titre étran-
ger, s'exonérer de tout service militaire dans
leur patrie d'origine et dans leur patrie d'adop-
tion, rien de mieux. Mais, cette réserve faite,
et en présence des regrettables constatations
que nous permettent de faire les statistiques
démographiques, ne peut-on s'empêcher de
protester contre les restrictions apportées à la
naturalisation facile des étrangers ? 2
Il nous reste maintenant à examiner les prin-
cipaux motifs de la faiblesse extrême de l'aug-
mentation de notre population. L'accroissement
total n'a pas dépassé 44,772, c'est le chiffre le
plus faible que l'on ait jamais constaté. Et
pourtant, l'année avait été assez favorable au
point de vue des décès on n'en a relevé que
837,867, alors que la moyenne annuelle pour la
période quinquennale 1883-1887 avait été de
847,968. C'est que les naissances ont été nota-
blement inférieures aux chiffres des années
antérieures. Le total des naissances, qui s'é-
tait maintenu aux environs de 937,000 dans les
années 1881 à 1884, est descendu progressive-
ment au point de tomber à 882,639 en 1888.
Pour quels motifs? Faut-il y voir les consé-
quences des années néfastes de la guerre, qui
a fait un si grand ravage dans notre jeunesse?
Cette explication pourrait, à la rigueur, être
admise. En effet, l'âge moyen du mariage est,
en France, de vingt-huit ans en moyenne, et les
conséquences des morts occasionnées par les
événements de 1870-71 pourraient encore se
faire sentir aujourd'hui. Malheureusement,
cette explication est insuffisante, car elle ne peut
justifier tous les phénomènes démographiques
que l'on observe. La dépopulation occasionnée
par l'excédent des décès sur les naissances se
constate, en effet, dans un grandnombre de dé-
partements appartenant à des -régions diver-
ses, mais tout particulièrement dans l'ouest et
dans le sud-ouest de la France. Ainsi, d'une
année à l'autre en ne tenant compte, bien
entendu, que du mouvement résultant des nais-
sances et des décès un groupe de départe-
ments de l'Ouest a perdu 10,000 habitants en-
viron. Ce sont les départements du Calvados,
de l'Eure, de Maine-et-Loire, de la Manche, de
l'Orne et de la Sarthe.
Un second groupe, qui, lui aussi, a perdu
10,000 habitants, comprend les départements de
la Haute-Garonne, du Gers, de la Gironde, de
l'Hérault, de la Lozère et de Tarn-et-Garonne.
Il est à remarquer que ce phénomène ne date
pas de ces dernières années.
Dans l'ouvrage officiel si intéressant, mais
si peu abordable comme prix, où le minis-
tère du commerce a consigné les résultats des
dénombrements effectués de 1801 à 1886, les
rédacteurs, MM. Vannaque et V. Turquan, ont
montré que ces deux régions se dépeuplaient
constamment depuis plus d'un siècle, et des
ouvrages du dix-huitième siècle signalent déjà
la dépopulation du Perche comme un fait re-
marqué. Dans quelles proportions doit-on faire
intervenir les causes principales de dépopulation
et qui sont, on le sait, les modifications surve-
nues dans l'agriculture, l'émigration des campa-
gnes vers les villes et les centres manufacturiers
et, enfin, il faut bien le dire, la restriction mal-
thusienne ? C'est un grave problème d'une déli-
catesse extrême et pour la solution duquel une
enquête locale est nécessaire. Toutefois, cette
observation générale prouve une fois de plus que
les phénomènes sociaux sont d'une complexité
extrême et qu'il est impossible, par consé-
quent, de les expliquer à l'aide d'une théorie
empirique c'est pourquoi on doit récuser,
dans une certaine mesure, la relation étroite
que l'on veut établir entre les événements de la
guerre et la diminution de la natalité et du
nombre des mariages.
Tout ce qu'il est permis de dire à ce sujet,
c'est que tous les bons esprits doivent se préoc-
cuper avant tout de cet état de choses. Les na-
tions étrangères progressent chaque année
dans des proportions considérables par suite
du développement de leur natalité. La France
est un des pays où cette natalité est la plus
faible. Aux hommes d'Etat d'aviser. Si la lé-
gislation est sinon, impuissante, du moins
sans grand effet en cette matière, l'adminis-
tration sage, mesurée, du pays peut avoir
une heureuse influence. Il faut diminuer le
plus possible les charges qui pèsent sur les fa-
milles nombreuses et que l'Etat se montre mé-
nager des deniers des contribuables. Il faut,
d'autre part, veiller avec soin sur l'enfance,
appliquer la loi Roussel dans tous les départe-
ments et donner aux services d'assistance tout
cette maison, sauf Manuela, et la seule An-
glaise à Zahra; quelquefois, quand j'y pense,
l'épouvante me saisit. et pourquoi, pourtant? 2
J'ai Molly; qu'importe le reste tant que je l'ai
avec moi?. Par moments, il me semble que
je suis seule dans ce monde, ou que je flotte
isolée sur l'océan sans bornes mon petit
enfant dans mes bras.
Non. Il y a une autre raison. Ce n'est pas
que je sois superstitieuse j'ai fait un grand
effort pour être brave, pour chasser cette épou-
vante vague qui m'oppresse et m'étouffe.
Mais en vain. Il y a autour de moi quelque
chose de terrible. Quoi? Je n'en sais rien.
Un poids mortel pèse sur moi. Une chose indé-
finie, mais sombre et redoutable, m'obsède et
m'enveloppe. Parfois le silence m'épouvante,
et pourtant le bruit de mon propre pas me fait
tressaillir et regarde* à la dérobée autour de
moi. Une crainte innomée me possède.
Les heures passent, accablantes. Quand la nuit
vient, je crains ce qu'elle va m'apporter; et
quand un jour nouveau se lève, je tremble en
pensant à ce qu'il peut amener.
0, mon Dieu! Qu'est-ce donc? Quel sort
m'attend?. Est-ce que je deviens folle?.
Une dépêche m'arrive. Elle est de M. Cohen:
« Helen s'est rendue à merci. Sommes très heu-
» veux. Dlrs Greenside enrage. Beaucoup de baisers
» pour Molly. Amitiés. »
Cher ami! votre joie me fait sourire en mê-
me temps que j'en suis heureuse! Je crois vous
voir m'envoyer ce message; j'entends l'écho de
votre rire sonore, et la défaite de Mrs Green-
side me cause une satisfaction maligne.
Le docteur Murray vient nous voir réguliè-
rement chaque jour; mais, chose curieuse, il
paraît s'inquiéter plus de moi que de Molly.
C'est un homme étrange, avec une volonté de
fer et le désir de régenter tous ceux qui l'en-
tourent. Hier, n'a-t-il pas voulu, en dépit de
tout ce que j'ai pu lui dire, écrire à ma parente.
le développement que permet la situation fi-
nancière du pays enfin, il faut que les pouvoirs
publics ne contrarient en quoi que ce soit le libre
essor de toutes les énergies économiques: la voie
de réaction commerciale dans laquelle on
veut entrer aggravera le mal, loin de l'enrayer.
Quand on aura artificiellement relevé le prix
de l'existence sans qu'il en puisse résulter un
relèvement parallèle du gain des travailleurs,
comment aura-t-on donné à la population fran-
çaise la faculté de nourrir à bon compte des
familles nombreuses? 2
En' terminant, nous adresserons une nou-
velle demande à l'administration. Il est dési-
rable que dans le rapport de l'année prochaine
figurent des renseignements sur les causes
des décès. Les préfectures et les municipalités
doivent posséder les éléments d'information
à cet égard, et on peut s'attendre à ce que les
hygiénistes fassent d'intéressantes remarques
dans les chiffres qui pourraient leur être com-
muniqués. Grâce à cette adjonction, le rapport
démographique du ministère du commerce
soutiendrait encore plus avantageusement la
comparaison des travaux similaires de l'é-
tranger.
$
AFFAIRES COLONIALES
-•̃ Indo-Chine
Un décret du 26 août modifie la composition du
conseil supérieur de l'Indo-Chine et du conseil privé
de la Cochinchine.
C'est la conséquence de la réorganisation du per-
sonnel supérieur de l'Indo-Chine qui a été récem-
ment effectuée.
Par suite du nouveau décret, le conseil supérieur
de l'Indo-Chine se compose
Du gouverneur général de l'Indo-Chine, président;
du commandant en chef des troupes de l'Indo-Chine;
du commandant en chef de la division d'Extrême-
Orient et des forces navales stationnées en Indo-
Chine du lieutenant-gouverneur de la Cochinchine;
du résident supérieur du Tonkin; du résident supé-
rieur de l'Annam; du résident supérieur du Cam-
bodge du procureur général, chef du service judi-
ciaire de l'Indo-Chine, et du chef du cabinet du
gouverneur général, secrétaire, avec voix délibéra-
tive.
Les chefs des services administratifs de l'Annam
et du Tonkin, de la Cochinchine et du Cambodge
siégeront au conseil supérieur, avec voix délibéra-
tive pour toutes les questions qui concernent leur
service.
Le conseil privé de la Cochinchine comprend les
fonctionnaires suivants le lieutenant-gouverneur
de la Cochinchine, président; le commandant des
troupes de la Cochinchine, le commandant de la
marine, le secrétaire général de la Cochinchine, le
chef du service, administratif, le procureur de la
République de Saïgon et deux conseillers privés,
choisis parmi les notables habitants de la colonie
et nommés par décret.
Ces deux notables sont MM. Germain Jame et
Albert Cornu. Deux suppléants ont été désignés:
MM. Aimé Fonsalès et Charles Jourdan.
Annam et Tonkin `
On sait que le contrôle administratif est exercé
par des inspecteurs permanents dans les colonies
de la Martinique, de la Guadeloupe, du Sénégal, de
la Réunion, de la Cochinchine et de la Nouvelle-Ca-
lédonie. L'importance du budget du protectorat
dans nos possessions d'Extrême-Orient rend néces-
saire la création d'un service d'inspection perma-
nent dans l'Annam et le Tonkin.
Dans l'état actuel, dit M. Tirard dans un rapport
adressé au président de la République, le Trésor et
les nombreux comptables qui s'y rattachent jouissent
d'une indépendance presque absolue et ne sont ni sur-
veillés sur place ni même soumis ultérieurement au
jugement de la cour des comptes.
Les ordonnateurs du budget de l'Annam et du Ton-
kin, ainsi que les agents du Trésor appelés à en cen-
traliser les produits et à en acquitter les charges, ne
sauraient rester plus longtemps exempts de tout con-
trôle. i:
Quant aux recettes locales, il semble également
qu'elles doivent faire l'objet d'une surveillance spé-
ciale s'exerçant en dehors du Trésor et du personnel
des résidences.
L'inspecteur chargé de ce nouveau service réside-
rait à Hanoï et ferait aussi fréquemment que possible
en Annam des fournées de vérification.
La situation étant ainsi réglée pour le Tonkin et pour
l'Annam, il resterait à statuer à l'égard du Cambodge,
où ne s'exerce que très irrégulièrement et dans des
conditions imparfaitement définies l'action de l'inspec-
tion des colonies.
Il suffirait de décider, dans ce but, que l'inspecteur
permanent de la Cochinchint; aura dans ses attribu-
tions la surveillance des services administratifs et fi-
nanciers de ce protectorat.
Des décrets conformes aux demandes du ministre
ont été rendus par le président de la République, à
la date du 26 août.
LE CHEMIN DE FER DE LANG-SON ̃
M. Etienne vient de fixer au 13 septembre pro-
chain la date de l'adjudication du chemin de fer qui
doit mettre Lang-Son en relation avec Phu-Lang-
Thuong.
La ligne, qui aura 60 centimètres de large, coûtera
environ 4 millions 1/2.
Nouvelle-Calédonie
Le conseil général de la Nouvelle-Calédonie avait
pris une délibération, le 10 décembre dernier, en
vertu de laquelle il accordait une indemnité de dé-
placement et de séjour aux membres de cette as-
semblée qu n'habitent pas le chef-lieu de la colonie.
Cette délibération est annulée, par ce motif que
le mandat de conseiller général est essentiellement
gratuit.
Tunisie
On nous écrit de Maktar
L'invasion des criquets volants en Tunisie, parti-
culièrement dans les contrôles de Kairouan et de
Maktar, s'est continuée jusqu'à ces derniers jours.
Ces vols, exceptionnellement tardifs, proviennent
des éclosions qui ont eu lieu dans les pays de gran-
de altitude et des bandes qui ont échappé à la des-
truction en Algérie. La plupart arrivent du terri-
toire militaire de Constantine et pondent en Tuni-
sie. La campagne de l'année prochaine, dans la ré-
gence, sera certainement très active. De plus en
plus, comme nous l'avions annoncé, la situation
semble analogue, vis-à-vis de l'invasion, à celle de
l'Algérie en 1886. Des mesures d'ensemble énergi-
ques, comparables à celles qui ont marqué dans la
Mrs Grey? Je l'ai assuré que c'était inutile,
mais il n'a pas voulu m'entendre. Il a fallu
le laisser faire. Qu'importe, après tout?. Je
l'attends chaque matin, et, pourvu qu'il ne me
dise pas que la fin est pour aujourd'hui, je suis
satisfaite et je continue à rêver à demi éveillée,
avec cette douleur sourde qui maintenant ne
me quitte plus.
Petite mère, dit Molly au crépuscule,
j'ai soif; je voudrais une des oranges du patio.
Tout de suite, mon amour. Je vais te la
chercher.
Je me dirige vers la porte, mais je suis obli-
gée de m'arrêter un moment pour reprendre
haleine. Comme en rêve, j'entends des voix,
dehors. Puis je me traîne avec peine jusqu'à
l'escalier. Ah! que de marches! Comme elles
sont froides et sombres. Je ne peux pas aller
plus loin. Que le plafond est haut au-dessus
de ma tète! et les marches semblent descendre
au fond d'un gouffre. Je n'ose y poser le pied.
Ah! mon Dieu! c'est un précipice. Je glisse,
je tombe. je tombe. Molly!
Oh oui, docteur, oui, je vais mieux, je
vais bien. Ne pensez pas à moi c'est Molly qui
est malade. Où est-elle?
Mistress Keith, me reconnaissez-vous?
Si je vous reconnais! Mais oui vous
êtes le docteur Murray, et le docteur George
est reparti pour l'Angleterre.
Savez-vous où vous êtes?
Je suis là près de la fenêtre. Oh! cette
cloche, docteur, cette cloche! Elle me brise
la tête. Où est Molly?. Comme j'ai froid!
Vous étouffiez, j'ai défait votre robe, me
répond-il.
Et, en l'entendant, mon esprit reprend sa
lucidité je lève les yeux sur lui et j'ai peur.
Savez-vous à quel point vous êtes malade?
me dit-il. Savez-vous ce que vous avez?
Mon cœur s'est brisé. ce n'est pas éton-
nant I. (Je parle comme en rêve.^
colonie les campagnes de 1888 et 1889, seraient pr
Nouvelles coloniales et maritimes
M. Bayol, lieutenant-gouverneur du Sénègat
chargé d'une mission spéciale au Dahomey, vien1
d'arriver à Dakar.
«,
COURRIER DE LONDRES
28 août.
A en juger par l'attitude des constables, par leurs
rapports amicaux avec les grévistes, il semblerait
que le gouvernement encourage le mouvemeut au
lieu de chercher à l'enrayer. M. Matthews a bien dé-
claré à la Chambre des communes que le gouverne-
ment ne pouvait intervenir qu'en cas d'intimidation
et que, comme, jusqu'à présent, il n'y avait que des
pressions et non des intimidations, la police devait
demeurer dans l'expectative, prête à agir cependant
si des désordres se produisaient. Je voudrais bien
connaître la différence qui existe entre la pression et
l'intimidation, et je crains qu'à cet égard le ministre
de l'intérieur lui-même ne soit pas absolument
fixé.
La prolongation de la grève peut amener des dé-
sastres incalculables, et le commerce de Londres est
déjà en sérieux danger. M. Burns affirme que c'est
à lui que nous devons la correction de la grève
mais il avoue en même temps que si les compa-
gnies n'acquiescent pas tout de suite aux réclama-
tions des ouvriers, il lui sera impossible de contenir
les passions dont il prévoit le déchaînement.
Pour se rendre compte de la situation, il faut par-
courir les quartiers voisins des docks, il faut assis-
ter à quelques meetings qui suivent les processions
organisées chaque matin. Devant toutes les portes
des docks, les grévistes ont des sentinelles payées
2 fr. 50 par jour. M. Burns visite lui-même, dès
l'aube, ces postes de surveillance, dont la mission
est d'empêcher d'entrer, soit par la persuasion, soit
par la force (pression, d'après M. Matthews), les ou-
vriers venant de province et disposés à travailler.
Vers sept heures du matin, les cortèges se forment
et s'en vont par la ville, précédés de leurs ban-
nières et de leurs corps de musique. Les grandes
rues de la Cité sont ainsi traversées les habitants
regardent comme un spectacle ces sortes de proces-
sions, et beaucoup versent quelques piécettes de
cuivre dans les boîtes qui leur sont présentées par
des délégués, lesquels touchent aussi 2 fr. 50 par
jour. On retourne devant les docks, où des dis-
cours sont prononcés. Pas besoin de dire que le
thème des orateurs ne varie pas résistance à ou-
trance, pas de concession; tout ou rien.
Rien, c'est la misère, c'est la faim pour la femme
ou les enfants au logis; et je peux vous certifier
d'une façon absolue que beaucoup d'ouvriers avec
lesquels je me suis entretenu seraient tout dispo-
sés à rentrer dans les docks; mais la pression est là,
qui les arrête. Je parle ici surtout pour les ouvriers
permanents, dont beaucoup ont une famille et qui
en réalité sont dignes d'intérêt. Ces ouvriers n'oni
pas fait la grève; les théories de M. Burns n'eus-
sent pas été assez fortes pour les engager à laisser
souffrir les leurs. Mais M. Burns n'a pas eu de peine
à persuader aux ouvriers irréguliers qu'il leur fallait
exercer leurs revendications. Ces ouvriers-là, il est
juste de l'observer, sont très malheureux: ce sont
des déclassés sans aucun doute; néanmoins, ils ont
droit à l'existence, d'autant plus qu'ils cherchent à
la gagner leur journée souvent ne leur rapporte
pas 1 franc, et c'est là-dessus qu'ils doivent se
nourrir, se vêtir et se loger. L'ouvrier permanent
peut avoir un crédit chez le boulanger, tandis que
l'ouvrier irrégulier est obligé de vivre au jour la
jour.
Pour le moment, la misère dans l'East-End est
aussi grande que dans les plus mauvais; jours de
l'hiver. Sur les 100,000 grévistes, beaucoup n'ont
pas de quoi manger les quêtes produisent peu, con-
trairement à l'attente générale, les distributions de
bons de pain ou d'argent ne s'élèvent pas à plus de
2 fr. 50 par semaine et par tête, et, pour comble, les
monts-de-piété vont fermer les prêteurs sur gages
n'ont plus de place pour caser les cinq ou six cents
dépôts qui leur sont apportés quotidiennement. En
Angleterre, il n'y a pas de minimum pour le prêt
sur gages on avance 30 centimes sur un vieux pan-
talon, ou 15 sur un gilet usé jusqu'à la corde; pour
ce prêt, il faut passer beaucoup d'écritures, et les
gages de cette nature sont encombrants sur qua-
tre boutiques de Pawn-Brokers, une est déjà close
pour les engagements; les autres ne tarderont pas
à suivre.
Quelques grandes compagnies de transports ma-
ritimes se sont décidées à reprendre pour port d'at-
tache Southampton; de ce chef, pour une seule com-
pagnie, la Péninsulaire et Orientale, le port de Lon-
dres perdra annuellement plus de 10 millions de
francs. Les grévistes, et surtout ceux qui les en-
traînent, n'ont pas pensé à cette ruine du commerce
du port de Londres, ruine dont ils ressentiront les
effets, puisque, si le travail est plus rétribué, il sera
moins abondant, et que c'est l'occupation qui fera
défaut. M. Burns s'est trompé en annonçant que les
docks de Southampton et de Liverpool seraient fer-
més comme ceux de Londres. Les ouvriers dans ces
villes sont, au contraire, très heureux du surcroît
de besogne, c'est-à-dire du surcroît de bénéfice que
leur produit la grève. Ils ne sont pas disposés à
quitter les chantiers, où ils sont mieux payés qu'à
Londres et puis, en général, dans ces villes, il y a
peu ou point d'ouvriers irréguliers; presque tous
sont employés d'une façon permanente, ce qui di-
minue beaucoup la réalisation des prévisions de
M. Burns.
Le lord-maire n'est pas à Londres, mais il a
donné les instructions à l'alderman qui le remplace;
en conséquence de quoi il a refusé de servir d'ar-
bitre dans une question qui, selon lui, doit se dé-
battre entre les ouvriers et les compagnies. Les
ouvriers, d'ailleurs, repoussent la conciliation; ils
exigent que leurs demandes soient acceptées sans
réserve, et M. Burns leur a promis que, s'ils persé-
véraient encore trois ou quatre jours, leur victoire
était assurée. En attendant, la crise pèse sur toutes
les industries, et l'on annonce comme prochaine la.
grève des compositeurs d'imprimerie et celle des
conducteurs de tramways. Dans une semaine, la
-Vous devez avoir horriblement souffert?
-Ah! oui. Mais pendant longtemps je n'ai
pas soupçonné. Ce n'est qu'après la Noël.
Pourquoi n'avez-vous pas parlé à mon
frère ?
-Je ne pouvais pas. je ne sais pourquoi,
cela m'était impossible.
Pour l'amour de votre enfant, vous auriez
dû le faire 1
-Je pensais que j'étais malade parce qu'elle
l'était. que je guérirais avec elle. puis j'ai
commencé à soupçonner. à craindre.
Je m'arrête hors d'haleine.
Et puis?.
-Puis, un jour, j'ai été à Malaga. et, dans
le vestibule de l'hôtel, j'ai vu des bagages mar-
qués au nom d'un médecin de Londres. et
tout à coup j'ai eu le courage de lui parler, à
lui. Il m'a dit ce que j'avais, et qu'il était trop
tard pour rien tenter; que je ne pouvais pas
vivre.
-Alors?.
Alors je suis allée trouver le docteur Geor-
ge, ce jour-là même, tout de suite après. et
il m'a dit que Molly allait mourir. et, me sa-
chant condamnée, j'ai pu supporter le verdict.
Maintenant, quand elle sera partie, pourvu que
j'aie le temps de me traîner jusque chez nous,
je n'en. demande pas davantage. Je serai si
contente de me reposer 1.
Il se lève, va vers la fenêtre, et reste de«
bout, me tournant le dos. Pourquoi ne me ré*
pond-il pas? N'a-t-il rien à me dire? Tout à
coup, il revient et s'assied auprès de moi.
Vous auriez dû me parler, dit-il.
-A quoi bon? A quoi cela aurait-il servi ?.«
Quand l'enfant sera partie.
D'après MRS W. K. CLIFFORD.
(La fin à demain.J ̃,̃̃'̃̃ :̃•
Le taux de reconnaissance estimé pour ce document est de 73.06%.
En savoir plus sur l'OCR
En savoir plus sur l'OCR
Le texte affiché peut comporter un certain nombre d'erreurs. En effet, le mode texte de ce document a été généré de façon automatique par un programme de reconnaissance optique de caractères (OCR). Le taux de reconnaissance estimé pour ce document est de 73.06%.
- Collections numériques similaires Bibliographie de la presse française politique et d'information générale Bibliographie de la presse française politique et d'information générale /services/engine/search/sru?operation=searchRetrieve&version=1.2&maximumRecords=50&collapsing=true&exactSearch=true&query=colnum adj "BIPFPIG00"France-Japon France-Japon /services/engine/search/sru?operation=searchRetrieve&version=1.2&maximumRecords=50&collapsing=true&exactSearch=true&query=colnum adj "FranceJp0" Commun Patrimoine: bibliothèque numérique du réseau des médiathèques de Plaine Commune Commun Patrimoine: bibliothèque numérique du réseau des médiathèques de Plaine Commune /services/engine/search/sru?operation=searchRetrieve&version=1.2&maximumRecords=50&collapsing=true&exactSearch=true&query=colnum adj "BnPlCo00"
- Auteurs similaires Nefftzer Auguste Nefftzer Auguste /services/engine/search/sru?operation=searchRetrieve&version=1.2&maximumRecords=50&collapsing=true&exactSearch=true&query=(dc.creator adj "Nefftzer Auguste" or dc.contributor adj "Nefftzer Auguste")Hébrard Adrien Hébrard Adrien /services/engine/search/sru?operation=searchRetrieve&version=1.2&maximumRecords=50&collapsing=true&exactSearch=true&query=(dc.creator adj "Hébrard Adrien" or dc.contributor adj "Hébrard Adrien")
-
-
Page
chiffre de pagination vue 1/4
- Recherche dans le document Recherche dans le document https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/search/ark:/12148/bpt6k2322712/f1.image ×
Recherche dans le document
- Partage et envoi par courriel Partage et envoi par courriel https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/share/ark:/12148/bpt6k2322712/f1.image
- Téléchargement / impression Téléchargement / impression https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/download/ark:/12148/bpt6k2322712/f1.image
- Mise en scène Mise en scène ×
Mise en scène
Créer facilement :
- Marque-page Marque-page https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/bookmark/ark:/12148/bpt6k2322712/f1.image ×
Gérer son espace personnel
Ajouter ce document
Ajouter/Voir ses marque-pages
Mes sélections ()Titre - Acheter une reproduction Acheter une reproduction https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/pa-ecommerce/ark:/12148/bpt6k2322712
- Acheter le livre complet Acheter le livre complet https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/indisponible/achat/ark:/12148/bpt6k2322712
- Signalement d'anomalie Signalement d'anomalie https://sindbadbnf.libanswers.com/widget_standalone.php?la_widget_id=7142
- Aide Aide https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/aide/ark:/12148/bpt6k2322712/f1.image × Aide
Facebook
Twitter
Pinterest