Titre : Le Temps
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1889-08-09
Contributeur : Nefftzer, Auguste (1820-1876). Fondateur de la publication. Directeur de publication
Contributeur : Hébrard, Adrien (1833-1914). Directeur de publication
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Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 09 août 1889 09 août 1889
Description : 1889/08/09 (Numéro 10321). 1889/08/09 (Numéro 10321).
Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse... Collection numérique : Bibliographie de la presse française politique et d'information générale
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Description : Collection numérique : France-Japon Collection numérique : France-Japon
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Description : Collection numérique : Commune de Paris de 1871 Collection numérique : Commune de Paris de 1871
Droits : Consultable en ligne
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Source : Bibliothèque nationale de France
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 15/10/2007
vu s-aoonne aux Bureaux au journal, 5, BOULEVARD DES ITALIENS, A PARIS, et ûans tous les Bureaux de Poste
VKHSInaiu » AOUT 188&.
VINGT-NEUVIÈME ANNÉE.– N* 10321.
PRIX DE L'ABONNEMENT
?ARIS. Trois mois, 14 fr. Six mois, 28 fr.; Un m, 566*,
JÉP1»* ALSACK-LORRAISB lTIr.; 34 fr.; 6Sfr.!
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LES ABONPiEMEISTS DATENT DES 1er ET 16 DE CHAQUE MOIS
Un numéro (départements) 3O centimes*
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v • ̃ • ̃ (Droit d'insertion réserve à la rédaction.) ̃
BUREAUX 5, boulevard des Italiens, PARIS
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• PRIX DE L'ABONNEMENT
jiRIg Trois mois, 14 fr. Six mois, 38 fr. Un an, 56 fr,
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UNION POSTALE lSfr.; 36* ̃ 72fr.
I.ES ABONNEMENTS DATENT DES 1" ET 16 DE CHAQUE MOIS
TDjx numéro <à Paris) 1È> centimes.
Directeur politique: Adrien Hébrard ̃
• ',}. ''•̃ La rédaction ne répond pas des articles communiqués r
BUREAUX 5, boulevard des Italiens, PARIS
Adresse télégraphique TEMPS PABIS
̃̃-̃̃'̃ PARIS, 8 AOUT
BU LLETIN DU JOUR
Le Sénat s'est réuni aujourd'hui à une
heure en Haute Cour de justice, pour enten-
-dre le réquisitoire du procureur général dans
le procès Boulanger-l)illon-Rochefort.
Depuis longtemps les revendications du
parti norvégien et, on peut le dire, de l'opi-
nion même démocratique de la Norvège con-
tre le gouvernement de l'union n'avaient été
aussi vives. Elles se manifestent sur tous les
terrains. Nous avons signalé en son temps
le discours prononcé à Ajœvik par le célèbre
poète et homme politique Biœrnson contre
l'union de la Norvège républicaine avec la
Suède royaliste et réactionnaire. On a lu, il
y a deux jours, l'adresse des quarante-sept t
:députés radicaux de Norvège protestant
contre l'absence du représentant diplomati-
que de la Suède et de la Norvège, le jour de
la visite du président de la République à la
section norvégienne de l'Exposition. Cette
manifestation nous indique un des desiderata
des politiques norvégiens, qui refusent de se
conformer à une politique étrangère toute
faite à Stockholm et de paraître épouser en
n'importe quelle occasion les sympathies ou
1 ies antipathies du roi Oscar Il.
La Norvège aspire à l'autonomie diploma-
tique comme à l'autonomie, en matière d'af-
faires intérieures. Or, dans l'acte d'union
de 1815, la Suède s'est réservée, entre autres
prérogatives, la direction de. la politique
étrangère des deux pays. Et, bien que la
Constitution reconnaisse au Storthing le
droit « de se faire communiquer les allian-
ces et les traités que le roi aconclus au nom
de l'Etat avec les puissances étrangères, à
l'exception des articles, secrets (lesquels ce-
pendant ne doivent pas être destructifs des
articles non secrets)), ce droit, limité d'ail-
leurs, ne semble plus suffisant aux radicaux
norvégiens, qui sont hantés par la crainte de
traités secrets engageant d'ores et déjà leur
pays, et le vœu d'une diplomatie particulière
devient peu à peu un des articles principaux
de leur programme qui, pour un temps, ne
sortira pas de la politique spéculative.
On sait, en effet, que pour l'union, remise
aujourd'hui en question dans les polémiques
de journaux, les réunions électorales et les
discours au Storthing, le roi Oscar a pris
parti de la façon la plus nette et que la
Suède, en grande majorité, ne consentirait
à la revision de l'acie d'union que dans le
même esprit que son souverain, c'est-à-dire
dans un sens résolument centraliste. La si-
? tuation dans l'union scandinave se définit
donc actuellement par une antinomie.
Le décret mettant fin à la session d'été du
Parlement italien était inattendu et a produit
un effet qui dure encore. On en cherche la
raison, et chacun en trouve une qui répond
à ses espérances ou à ses craintes. La Rifor-
ma explique que M. Crispi estime tout sim-
plement que les sessions courtes sont les
meilleures. Le Diritto, qui est en ce moment
le plus volontiers polémisant des jour-
naux d'opposition, attribue à M. Crispi des
pensées de derrière la tête et croit que ce
renvoi des députés dans leurs foyers est le
prélude d'une dissolution. D'autres organes
modérés et académiques, tels que la Perseve-
ranza, ne sont pas éloignés de partager cette
manière de voir. Le gouvernement doit pré-
• senter en automne un projet qui porte re-
mède à l'anémie actuelle du Trésor. Quel
qu'il soit, ce projet sera essentiellement une
demande de nouveaux impôts, une trentaine
de millions de charges nouvelles auxquelles
on invitera le Parlement et le pays à consen-
tir. Le ministère ne croirait pas possible
d'obtenir de la Chambre actuelle ce nouveau
sacrifice et songerait à se procurer une autre
majorité toute fraîche, partant, bien en main.
L Telle est l'hypothèse qui a cours dans toute
la presse, sauf les journaux officieux, qui
disent, à leur habitude, qu'il n'y a rien.
DÉPÊCHES TÉLÉGRAPHIQUES
I, J.DES CORRESPONDANTS PARTICULIERS DU Temps
Berlin, 8 août, 8 h. 25.
M. de Schlœzer, ministre de Prusse au Vatican,
qui passe son congé en Allemagne, a eu mercredi
une longue entrevue, à Varzin, avec M. de Bis-
marck. ̃ ` Carlsruhe; 8 ao0t, 8 h. 20.
.̃ Carlsruhe, 8 août, 8 h. 20.
Le prince héritier de Bade est entré en conva-
lescence après'uno longue maladie qui a inquiété
sérieusement sa famille. C'est la seconde fois qu'une
bronchite aiguë met en péril la vie du prince.
Vienne, 8 août, 8 h. 30.
La presse gouvernementale s'inquiète beaucoup
•d'une excursion mystérieuse que le consul russe à
FEUILLETON ^»U <&£mp0
DU 9 AOUT 1889 flO]
LE BEL ORLANDO
Le lendemain matin, la petite Mme Monte-
forte sortit encore seule; mais cette fois, elle
daigna s'expliquer.
Je vais à l'église, dit-elle.
La mère et la tante approuvèrent car elles
avaient fait bien des prières depuis la nuit né-
faste.
Teresa marchait de toute la vitesse de ses
̃ petits pieds. Sur les marches de l'église, elle
se recueillit et; le visage composé, sérieuse,
elle entra. Tout de suite elle arriva devant l'au-
tel de la Vierge, s'agenouilla, fit le signe de la
croix; son Pater et son Ave terminés, la jeune
femme dit avec un air d'entente
Vous savez, Madonna mia, c'est encore
pour Orlando l
Puis elle tira de sa poche un chapelet et fit
rouler les perles entre ses doigts. Cela marcha
régulièrement pour deux dizaines; après quoi
Teresa commença la conversation •
Madonna mia,.ce n'est pas tout ça. Je vous
avais demandé de me donner pour mari mon
Orlando, et de faire qu'il m'aime autant que
je l'aime. C'est vrai, Madonna mia, que je l'ai
épousé; oh I ceci, rien à dire. Mais l'autre
chose, bonne Vierge, sainte Marie des Grâces,
vous l'avez donc oubliée ? C'était pourtant très
Important. Hé bien non, sainte Marie, non; mon
Orlando ne m'aime pas autant que je l'aime.
Vous me direz que je ne suis pas aussi belle
que lui? Mais bien sûrl Si j'étais belle comme
lui, je n'aurais pas besoin de vous demander
un miracle 1
Alors elle se mit à la troisième dizaine, et,
quand elle l'eut terminée
Par exemple, est-ce que, moi, j'aurais ja-
Reproduction et traduction interdites.
Serajevo, M. Bakounine, vient de faire en Herzé-
govine.
DERNIÈRE HEURE f
Le shah se rend cette après-midi à Enghien, où
un bateau a éiô préparé en vue d'une excursion sur
•le lac. A son retour, il ira, si le temps le permet
toutefois, à l'Ecole des mines, au Luxembourg et
au jardin des Plantes.
Nassr-ed-Din assistera vendredi, à une heure, à
des expériences de tôlephoUi- militaire aérienne qui
auront lieu au moyen d'un câble reliant le Troca-
déro au ballon captif Godard.
Ce matin, Nassr-ed-Din a reçu en audience M. de
Brazza, gouverneur du Congo, et Si Manza ben bou
be Keur, marabout des Ouled-Sidi-Cheikh sde Gé-
ryville, qui lui a été présenté par un interprète mi-
litaire de l'armée d'Afrique en grande tenue.
Il a également reçu la visite do son parent, le
prince Ibrahim, gouverneur d'une des principales
provinces de Perse, accompagné de Mirza-Mehdi, son
aide de camp. Le départ du chah est fixé, sauf chan-
gement toutefois, à samedi, à deux heures de l'a-
près-midi. Il s'effectuera par la gare de l'Est.
Nassr-ed-Din ne traversera pas l'Alsace-Lor-
raine. Il se rendra à Baden-Baden par Delle, Bâle
et Fribourg.
Le docteur Feuvrier, médecin principal de l'ar-
mée française, ancien médecin du prince de Mon-
tenegro, successeur du docteur Tholozan, premier
médecin du chah, qui prend un congé de trois
mois, accompagnera Sa Majesté persane.
Cet après-midi, les petits princes sénégalais, ve-
nus en France avec Dinah-Salifou ont été appe-
lés dans le cabinet de M. Henrique, commissaire
général des colonies, qui leur a remis, au nom du
président de la République, de nombreux cadeaux.
.«&̃.
Comme il était aisé de le prévoir, ni M.
Marius Martin ni M. Binder n'ont accepté
la proposition, d'ailleurs peu séduisante, de
M. Ed. Hervé. M. Binder a même répondu
au directeur du Soleil en termes fort vifs,
l'accusant sans détour de favoriser les chan-
ces du candidat républicain, alors qu'aucune
attache particulière avec les électeurs du
8e arrondissement ne justifie ses prétentions.
L'honorable conseiller municipal évoque, au
contraire, le souvenir des services que sa
famille a rendus à ces mêmes électeurs, et
maintient formellement sa candidature. Ain-
si, à moins que M. Hervé ne se désiste, il y
aura, dans cette seule circonscription, trois
compétiteurs réactionnaires et à l'âpreté du
langage de M. Binder on peut juger des
sentiments qu'ils éprouvent les uns pour les
autres. Que penser, après cela, des gens-qui
disent au pays: Venez à nous, conserva-
teurs, parce que nous sommes tous d'ac-
cord, parce que nous représentons, en face
des divisions républicaines, l'union, sans
laquelle il n'y a pas de véritable paix ci-
vile ?
Non seulement il va se passer dans un
grand nombre de circonscriptions ce qui se
passe dans le 8e arrondissement de Paris;
mais encore nous prétendons qu'une fois la
Chambre élue, si la majorité était à droite, on
échangerait de réactionnaire à réactionnaire
des aménités encore plus gracieuses que cel-
les que M. Binder décoche à M. Hervé. Il ne
s'agit aujourd'hui, de candidat à candidat,
que des chances personnelles d'élection. Il
s'agirait, plus tard, de député à député, du
choix d'un régime, et la querelle s'exaspére-
rait en proportion de l'importance de son ob-
jet. C'est une démonstration que nous avons
eu souvent déjà l'occasion de faire, mais à
laquelle il ne faut pas se lasser de revenir,
puisque aussi biennos adversaires continuent
à user de ce « cliché » de l'union conserva-
trice.
On aura beau dire, la politique esquissée
par M. Lambert de Sainte-Croix devant les
électeurs des Landes n'est pas celle que M.
Delafosse, par exemple, expose de temps à
autre dans ses articles du Matin. Et la politi-
que de M. Arthur Meyer qui a prévalu
dans ces derniers mois ne ressemble pas
davantage à celle de M. Lambert de Sainte-
Croix. Comme il est fort à supposer, même
dans l'hypothèse la plus défavorable, celle
d'une défaite de nos amis, que ni l'une ni l'au-
tre de ces trois politiques n'aurait à elle toute
seule la majorité dans la future Chambre; i
comme il faut admettre, au contraire, que les
réactionnaires qui y siègent se rattacheraient
soit à l'une, soit à l'autre des trois inspirations
que nous venons d'énumérer, on ne pourrait
augurer qu'un avenir de discorde et de con-
fusion, dont la seule perspective doit effrayer
et tout ensemble éclairer les véritables con-
servateurs, ceux qui tiennent avant tout à
l'ordre et qui font passer en seconde ligne
la question de forme du gouvernement.
C'est à ces conservateurs-là que nous nous
adressons non pas aux états-majors, qui ne
sauraient évidemment nous écouter, mais à
la masse des soldats. Nous leur demandons de
comprendre que la République est encore, à
l'heure actuelle, le régime qui divise le moins.
mais l'idée de lui parler de ce Valparaiso que
j'ai vu si souvent écrit sur des affiches aux en-
virons du port? Sans savoir au juste, je devine
bien que ça doit être dans les étranges pays,
très loin. Moi, je n'aurais jamais, oh mais ja-
mais, l'idée de m'en aller loin de lui.
Cette fois, rageusement elle finit d'un seul
coup la quatrième et la cinquième dizaine.
Puis elle baisa pieusement la marche de l'au-
tel et, se relevant
Madonna mia, je vous le demande depuis
des années; il me faut l'amour d'Orlando. D'a-
bord il est mon mari et, moi, je l'aime oh, je
l'aime 1 Hé bien, sainte Marie des Grâces,
vous que je viens invoquer depuis mon
enfance, car vous me connaissez bien, peut-
être et je ne me suis jamais adressée à d'au-
tres madones que vous. Hé bien 1. si mon
Orlando ne m'aime pas autant que je l'aime.
oh! un jour! pas tout de suite. mais pas
dans longtemps. je serai forcée d'aller le de-
mander à la Madone de Piedigrotta. V-'
Elle se remit à genoux
Vous me connaissez pourtant bien, votre
pauvre petite Teresella Cardelli. Allons, faites
le miracle, Madone. Alors, oh! alors! je fais le
vœu de. je ne sais pas de quoi mais je ferai
quelque chose dont vous serez bien contente.
A la même heure, le lendemain soir. Teresa
mit son chapeau. La servante l'accompagnait
comme la veille.
Où vas-tu ? demanda la mère.
Voir Orlando, répondit simplement la
jeune femme. Bonsoir, maman bonsoir, tante
Mariuccia. Laissez les verrous je rentrerai
tard comme hier.
Et ses lèvres s'entr'ouvrant pour un fulgu-
rant sourire
Peut-être plus tard, acheva-t-elle. Cela
dépend d'Orlando 1
Le père était dans la chambre voisine; il at-
tendait, anxieux, ce qu'elle ferait ce soir-là.
Les paroles de sa fille mirent une larme dans
ses yeux. Voilà ce que l'amour fait de ces êtres
chéris pour lesquels on a peiné, pleuré, vécu 1
Maintenant leurs justes revendications n'exis-
taient plus; leur droit s'effaçait devant le sou-
rire, la caresse, le moindre souhait eu? cet hom-
me, inconnu d'elle il y avait à peine îjx an-
nées, méconnu par elle huit jours auparavant
Mais s'ils souffraient à la maison, ce fut
pour Teresa une soirée pleinement radieuse.
II l'attendait, elle, sa femme. Comme c'était
Lorsqu'ils se trouveront appelés à choisir
entre un candidat réactionnaire, boulangiste,
ou royaliste pur, ou bonapartiste, et un can-
didat républicain modéré, qu'ils votent pour
celuÎTci. Le succès du républicain modéré,
c'est l'ordre maintenu, c'est la révolution re-
foulée, c'est aussi le gage et la promesse
d'une orientation meilleure de notre politique
intérieure.
Car, en même temps que nous parlons
ainsi aux conservateurs, nous disons aux ré-
publicains: Faites surgir de vos rangs des
hommes nouveaux qui ne soient pas com-
promis dans les fautes ni dans les erreurs
du passé des libéraux, des modérés, qui
aient un programme, et qui s'y tiennent; un
programme nettement républicain, parce que
la question constitutionnelle doit être désor-
mais close; mais un programme assez pra-
tique, assez sage, pour qu'aucun conserva-
teur de bonne foi ne puisse hésiter à le
ratifier! Seulement, il va de soi que les deux
parties de notre argumentation se tiennent
étroitement s'ils font la guerre aux républi-
cains modérés, les conservateurs vont à la
révolution et à l'anarchie s'ils ne sont pas
fermes et résolus dans leur modération, les
républicains modérés détournent d'eux les
masses conservatrices. Il dépend donc des
uns et des autres d'assurer la victoire de la
République et celle de l'ordre, inséparable-
ment liées entre elles.
Le conseil municipal a voté hier un pro-
gramme de constructions scolaires qui doivent
être édifiées avec les ressources provenant des
fonds d'emprunt.
L'emprunt de 250 millions, autorisé par
l'Etat en .1886, stipulait qu'une somme de 20
millions serait affectée aux écoles communa-
les. Depuis; on a pu accroître ce crédit primitif
de 1,700,000 fr., ce qui a porté à 21,700,000 fr.
l'ensemble des sommes que la ville de Paris
pouvait consacrer à des travaux extraordinai-
res dans ses établissemen.ts scolaires. Sur ce
total, l'administration a dépensé 7,200,000 fr.
les autorisations accordées hier en principe par
le conseil municipal s'élèvent à 5,557,000 fr. Il
reste ainsi disponible, sur les fonds d'emprunt
réservés aux écoles, un crédit de 8,943,000 fr.
environ. Cette somme est-elle suffisante pour
faire face aux exigences de l'enseignement
prima,ire à Paris? C'est ce qu'il y a lieu d'exa-
miner.
On peut, malheureusement, craindre que
non. Nous avons, en effet, sous les yeux un
document du plus haut intérêt c'est un ou-
vrage de M. Duplan, sous-directeur de l'ensei-
gnement primaire de la Seine, et qui contient
des informations très précieuses sur les écoles
maternelles et les écoles primaires élémentaires
à Paris pendant la période 1877-1888. Nous
voyons dans cetexcellent travail que le nombre
des places existant dans les écoles maternelles,
qui était de 17,081 en 1877, est monté à 22,879
en 1888, ce qui constitue une augmentation de
5,798 dans le nombre des places offertes aux
enfants. Mais le total des élèves inscrits s'élève
à 25,700 environ, ce qui montre déjà que 2,820
enfants ont été autorisés à entrer dans les éco-
les maternelles, bien que la « capacité » théo-
rique des classes ait été dépassée. Aussi voit-on
des classes de 50 enfants qui en contiennent
une soixantaine. 11 y en a assis sur des tabou-
rets, autour des murs, qui suivent comme ils
peuvent les leçons des maîtresses ou bien
des préaux couverts ont été, tant bien que mal,
convertis en classes. C'est ainsi que l'on a pu,
grâce à ces expédients, instruire ces 2,800 en-
fants dans des conditions qui, en général, sont
loin d'être satisfaisantes.
M ais ce n'est pas tout. A côté de ces privi-
légiés il y a les « expectants ». Ce sont les en-
fants qui se sont fait inscrire à la mairie de
leur arrondissement, mais qui ne peuvent trou-
ver place dans les écoles communales, qui sont
archibondées. La statistique donne le chiffre de
5,177 pour le nombre des jeunes écoliers qui
sont dans ce cas. Que fait l'administration?
Elle donne des bourses dans les écoles libres
745 bourses ont été accordées à cet effet. Mais
ce système ne convient ni aux familles ni aux
municipalités. Il faudrait, en conséquence, créer
de nouvelles écoles et en agrandir d'ancien-
nes: L'administration fait étudier soixante-sept
projets dans ce sens. Quand seront-ils réalisés?
On pourrait objecter qu'il ne s'agit, dans l'es-
pèce, que des écoles maternelles, qui, on le sait,
gardent les enfants de deux à six ans. L'impor-
tant, personne ne le conteste, c'est l'école pri-
maire. Or, la situation est-elle meilleure?
Ouvrons encore, pour nous en rendre compte,
le document publié par l'administration. Nous
voyons que la ville de Paris a, de 1887 à 1888,
porté de 92,753 à 131,203 le nombre des places
offertes aux élèves, filles ou garçons, qui fré-
quentent ces écoles. L'augmentation ressort à
38,450. C'est un chiffre considérable et qui té-
moigne d'un vigoureux effort. Dans quel état
les régimes antérieurs avaient laissé l'ensei-
gnement public Il y a des arrondissements
de Paris où une grande partie des élèves ne
pouvaient aller à l'école On a beaucoup fait
pour regagner le terrain perdu; mais il y a en-
core beaucoup à faire. Ainsi, dans les écoles
doux de se retrouver ainsi leur amour s'en
rajeunissait; ils étaient comme des fiancés.
Car Teresa avait conservé des candeurs, des
incertitudes timides, un je ne sais quoi d'inno-
cent et jeune malgré le mariage.
Ils se promenèrent tout le soir, elle éprise et
ravie, lui joyeux, tendre et bon. La placide Raf-
faela les suivait; à peine pouvait-on s'embras-
ser.
Oh si tu voulais, demain, mari à moi, je
viendrais seule et tu me ramènerais jusqu'au
seuil de la maison.
Monteforte devenait déjà sévère.
Sois bien tranquille, fit-elle, car mainte-
nant elle savait lire en ses pensées. Sois bien
tranquille, mari à moi, je ne te demanderai pas
de monter. Maintenant, moi aussi, je veux vi-
vre seule avec toi laisse-moi faire.
Bon, dit-il. Alors c'est entendu à demain,
ma chère petite femme. •< ̃ ̃> '̃
'Les parents espéraient toujours qu'Orlando
reviendrait, faute d'areent. Car ils s'étaient in-
formés chez Tipaldi: ils savaient bien que les
trois cents francs même n'étaient plus entiers
la nuit de sa fugue. Tout au plus deux. cent
quatre-vingts francs: avec son insouciance et
des compagnons tels que Ferucci," ça ne ferait
pas long feu I Bientôt on le verrait, l'oreille
basse, rentrer au bercail, où d'ailleurs on le
recevrait à bras ouverts.
Ils ne connaissaient pas leur Orlando. •
Dès le principe, il avait deviné leur calcul et
refusa même l'argent que voulut lui donner sa
femme. Il savait vivre de presque rien, comme
tout vrai Napolitain; de plus, il connaissait
tous les endroits où la nourriture coûte peu.
C'est la supériorité des gens sobres et qui peu-
vent vivre de légumes ou de macaroni, se pas-
ser de vin sans ennui, sourire au farniente.
Sans rien perdre de sa bonne humeur, sans
fatiguer l'inaltérable solidité de son estomac,
Monteforte se fit momentanément avare. Sa
volonté ne se démentit pas un seul jour, et
c'est là qu'on eût pu voir la suite dans les
idées, juger l'énergie de la race.
La famille l'attendit en vain. Il avait trouvé
lui-même l'appartement qui convenait dans la
strada Magno-Cavallo, tout à côté de la Salita-
Concezione. La jeune femme s'associa brave-
ment à la révolte de son mari. Quand la mère
supplia d'attendre, elle déclara nettement que
Son mari voulait s'installer tout de suite et
qu'elle fc»ait de son avis, trouvant trop dange-
reuse la situwifina présente
primaires comme dans'les écoles maternelles
il y a nombre d'écoliers occupant des places
dites « jrrégulières », c'est-à-dire qui dépassent
le chiffre normal d'élèves que doit contenir une
école. On en compte 4,561. De plus, il y a 4,457
enfants qui attendent qu'il y ait une place dis-
ponifile dans une école. Déduction faite de
1,848 boursiers, il reste encore 2,609 enfants de
six à treize ans pour lesquels la porte de l'é-
cole communale reste close. Nous sommes très
loin encore, on le voit, de posséder à Paris une
organisation exempte de tout reproche.
A qui incombe la responsabilité de ce fait re-
grettable ? A l'administration, ou au conseil
municipal? Aux deux, peut-être, mais surtout
aux membres dù conseil municipal, qui n'ont
pas été suffisamment ménagers des deniers des
contribuables, des ressources financières de la
ville de Paris, et qui se trouvent aujourd'hui
dans l'impossibilité de remplir le programme
qui leur incombe. On a été dépenser des cen-
taines de mille francs pour l'œuvre contestable
et contestée des bataillons scolaires; on a affecté
quelques milliers de francs à des cours d'en-
seignement supérieur. A l'inauguration de la
nouvelle Sorbonne, n'a-t-on pas entendu par-
ler d'une concurrence dans la haute culture
de l'esprit dont la ville de Paris serait l'initia-
trice ? Ce serait fort bien, si l'œuvre scolaire,
qui regarde tout spécialement les conseils mu-
nicipaux, était parachevée. Mais nous n'en
sommes pas là, bien au contraire et il y a
lieu de rappeler au conseil municipal de Paris
la fable de la Grenouille et du Bœuf. Elle est de
circonstance, on l'avouera..
Il est encore un point sur lequel des obser-
vations sont nécessaires. Elles visent plus une
question de principe financier qu'une question
purement scolaire. L'état de répartition des
sommes destinées aux travaux dont nous pu-
blions plus loin le programme indique un
crédit de 9,200 francs pour 1' « installation pro-
visoire » d'une école.
Nous ne croyons pas que les ressources ex-
traordinaires, surtout celles qui proviennent
de l'emprunt, puissent être affectées à des dé-
penses « provisoires ». Les emprunts n'ont
leur raison d'être que pour enrichir le patri-
moine national ou communal par des travaux
de premier établissement. Il y a, dans l'espèce,
une violation des règles fondamentales d'une
bonne gestion financière. Cette somme, comme
l'ont fait observer des hommes qui ne sont
pas suspects de modérantisme, MM. Mar-
soulan et Sauton, aurait dû être prise,
avec d'autres encore, sur le budget ordi-
naire de la ville de Paris. Est-ce qu'il y aurait
impossibilité à cela, et le trésor municipal au-
rait-il été mis à sec par les réceptions innom-
brables qui se donnent à l'Hôtel de Ville? Nous
ne le croyons pas.Aussi estimons-nous que l'ad-
ministration préfectorale tiendra, dorénavant,
.à rester dans les vrais principes financiers et
qu'elle veillera plus attentivement à ce que le
budget extraordinaire, à ce que l'emprunt ne
vienne plus combler les insuffisances plus ou
moins réelles du budget ordinaire.
LA REVUE D'ALDERSHOT
(De notre correspondant spécial)
Londres, 7 août, 8 h. soir.
La solennité militaire qui a eu lieu aujourd'hui
à Aldershot consistait en un simulacre de guerre
avec thème suivi d'une revue des troupes. Le pro-
gramme a été entièrement rempli, par un temps
charmant et sous un soleil tempéré par une belle
brise du nord-ouest, laquelle malheureusement a
soulevé des flots de poussière pendant le défilé.
L'empereur Guillaume, le prince et la princesse
de Galles étaient partis de Cowes ce matin, à six
heures à Portsmouth, le prince prit congé de son
neveu, en exprimant le regret qu'un gros rhume
le gênait au point do l'empêcher de lui faire les
honneurs de l'armée anglaise. Inutile de vous par-
ier des saluts à coups de canon qui annoncent l'ar-
rivée à Portsmouth et le débarquement de l'empe-
reur. Celui-ci, en uniforme de général prussien,
monte dans un train spécial, et en route pour Al-
dershot, où Guillaume II est reçu par le duc de Cam-
bridge et lord Wolseley, à la tête d'un brillant
état-major.
Les troupes étaient déjà en position pour la ma-
nœuvre, dont voici le thème une armée d'inva-
sion, débarquée sur le littoral sud près de Wor-
thing et Shoreham, marche sur Londres par trois
routes; la colonne de gauche occupe Guildford.
L'armée de défense est concentrée à Reading; un
corps d'armée, qui occupe Wokingham-Bagshot,
s'avance sur la gauche de l'armée d'invasion et
tente de l'arrêter.
Je n'ai pas la prétention de vous conter l'opéra-
tion par le menu: d'abord parce que le pays, assez
accidenté, gênait la vue; puis il eût fallu suivre
l'état-major pour la juger, et des piquets de senti-
nelles empêchaient de passer sur le terrain où l'on
manœuvrait. Vers dix heures, on en était encore
aux mouvements préparatoires; la gauche de l'as-
saillant, à petite distance du chemin de fer de Lon-
dres à Portsmouth, gagnait du terrain; de temps
à autre, quelques coups de canon.
Je me portais alors à l'extrême gauche de l'atta-
que, et bien m'en prit; vers onze heures, les casa-
ques rouges et le riflemen de la défense ouvrent un
feu assez vif; les assaillants ripostent et avancent
par échelons. La brigade do dragons charge au petit
galop et vient s arrêter à quelques mètres de l'in-
On voulut en causer avec le père et tenter
de le convertir et le faire accepter. Mais on se
heurta contre un entêtement systématique.
Profondément froissé, don Agostino défendit
qu'on en parlât jamais devant lui. Même il in-
terdit formellement à son gendre l'entrée de la
maison, défendit à sa femme et à sa sœur d'al-
ler voir le jeune ménage. Quant à sa fille, il
admettait qu'elle obéît à son mari: donc elle
trouverait toujours la maison prête à la rece-
voir mais elle seule.
Son banquier remettrait mille francs à M.
Monteforte chaque trimestre il ne le verrait
plus.
Ceci dit, il ne permit pas qu'on en parlât de
nouveau.
Quand Teresa montra qu'elle était parfaite-
ment décidée, dona Bettina ouvrit en soupi-
rant une grande armoire. Elle avait empilé des
montagnes de linge pour les enfants, draps,
taies d'oreiller, serviettes, nappes, etc. Cela
pouvait suffire jusqu'au dernier de leurs jours,
dussent-ils vivre un siècle. Le linge était la
manie de la maison tante Mariuccia filait
toute l'année, en dehors de ses autres nom-
breux travaux.
Sept semaines au plus après le départ d'Or-
lando, M. et Mme Monteforte étaient installés
à leur quatrième étage. Une chambre immense
et donnant sur une large terrasse fut choisie
pour l'atelier. Les autres chambres étaient bel-
les et claires. Tous leurs meubles furent ap-
Lporfcés intacts; on n'eut besoin d'acheter que le
mobilier d'une salle à manger. La bourse de la
mère et de la tante fournirent h. cette dépense.
Les enfants ne le remarquèrent même pas, na-
turellement insoucieux, sans qu'on puisse ap-
peler cette insouciance de l'ingratitude. Les
êtres qui n'ont jamais manqué du nécessaire,
de soins ni de tendresse, ignorent la valeur du
dévouement.
Momentanément, Teresa, au milieu du bon-
heur enfin reconquis, avec la présence de son
Orlando, Teresa oublia lereste du monde. Quelle
autre préoccupation pouvait trouver place en
cette cervelle, en ce cœur de femme éprise?
Dans le commencement, la mère seule était
venue; tante Maria s'abstenait.
Par un certain lundi pluvieux, Monteforte
fumait et Teresella rangeait les pinceaux.
Yoilàque, tout à coup, sans qu'on ait entendu
la sonnette, on vit entrer tante Mariuccia.
Elle f-mbrassa..«a nièce et 'salua froidement
fanterie. Comme dans toutes les manœuvres, on ne
donne pas très sérieusement; mais quels splendides
cavaliers et les beaux chevaux bien harnachés!
Les dragons se retirent, avec eux l'infanterie.
Quelques coups de canon encore d'une batterie
d'artillerie postée sur le plateau; l'infanterie enne-
mie marche en avant et s'arrête à 300 mètres des
lignes de la défense -pendant dix minutes, la fu-
sillade crépite avec tant de rage qu'on ne voyait
plus rien et que dans la réalité les deux troupes en
présence eussent été anéanties. On montre le dra-
peau blanc; l'empereur et le duc de Cambridge pas-
sent devant nous pour se rendre à la grande tente
dressée pour leur lunch.Il est midi. La bataille est
finie.
Les troupes se massent alors en trois colonnes
sur un long plateau dénudé où doit avoir lieu le dé-
filé. Un grand drapeau signale la place de l'empe-
reur, des princes et de l'état-major. La foule, tout
autour, est maintenue par un cordon de cavaliers
et de policemen à cheval. A une heure vingt-cinq,
l'empereur et la légion d'officiers qui le suivent
débouchent au grand galop dans un nuage de
poussière. On pousse quelques' hourras. Peu après,
une calèche attelée de quatre chevaux à la Dau-
mont amène la princesse de Galles et ses filles. On
l'acclame avec enthousiasme. Tout le monde l'adore
en Angleterre.
Le défilé commence immédiatement par la cava-
lerie. Elle est superbe horse-guards, lanciers et
dragons sont admirables, vraies troupes d'élite ir-
réprochables comme hommes, chevaux et harna-
chements. Ils défilent dans un ordre magistral.
L'artillerie les suit; elle les vaut sous tous les rap-
ports. L'alignement des canons est parfait et satis-
fait les connaisseurs. Mais quelle poussière! Toutes
les troupes à cheval défilent au petit trot.
L'infanterie arrive derrière ces brillants cavaliers
aux superbes uniformes; le génie d'abord, auquel
on fait une ovation; puis des régiments d'infante-
rie, des volontaires, les grenardiers-gardes, très
imposants avec leurs bonnets à poil. Ils me rappel-
lent, par l'allure et l'aspect martial, les grenadiers
de la garde impériale. Et comme ils marchent On
sent là une troupe d'élite, un mur humain qui se
ferait hacher sans céder un pouce de terrain, com-
me à Inkermann.
Tantôt le défilé a lieu par colonnes de compagnie
à distance de section, tantôt par colonnes de divi-
sion. C'est irréprochable. Les troupes anglaises
sont bien dressées; les volontaires font bonne
figure, mais on ne peut les comparer à l'armée ac-
tive. Quelques-uns de leurs régiments avaient
passé la nuit en chemin de fer et, bien que la
revue marquât la fin de leurs fatigues, on voyait
bien qu'ils étaient loin de valoir les régiments de
la reine. Le contraire étonnerait d'ailleurs.
Pour clore la marche, le commissariat avec les
voiturés de vivres, d'ambulance, etc. c'est ce que
nous appelons le train.
A mesure qu'ils avaient passé devant l'empe-
reur, les régiments regagnaient leurs campements,
quelques-uns très éloignés du plateau. A deux heu-
res quarante-cinq, tout est fini. Le cortège impé-
rial s'ébranle au galop dans la direction de la gare
des hourras peu nourris le saluent. On acclame de
nouveau et avec vigueur la princesse de Galles, et
chacun reprend la route de ses pénates, couvert de
poussière, mais enchanté de cette rude journée au
grand air, dans un pays charmant, au milieu des
troupes anglaises. En résumé, c'est là un beau
noyau d'armée; j'estime à 25,000 hommes le nom-
bre des troupes qui ont pris part aux manœuvres
et à la revue. Le défilé a duré une heure un quart,
moins qu'à Longchamps le 14 juillet; mais, si les
Anglais défilent à une allure moins vive que la nô-
tre, surtout la cavalerie, ils laissent moins de place
entre les divisions, les brigades et les régiments.
Je ne crois donc pas me tromper beaucoup en
avançant un effectif présent de 25,000 hommes.
,1,'
"̃'̃ (Service Bavas)
̃̃• •̃•>; Aldershot, 7 août.
L'empereur a pris part à un lunch qui avait été pré-
paré sous la tente au milieu du camp.
Répondant à un toast porté en son honneur par le
duc de Cambridge, il a dit qu'il remplirait toujours
son devoir et maintiendrait les traditions d'amitié qui
existent entre les.deux nations et qui, il en a l'espoir,
se perpétueront.
L'empereur a exprimé son admiration pour l'armée
anglaise. Il a également loué la tenue des volontai-
res. Il a terminé par un toast à l'armée anglais?, qui
combattit autrefois aux côtés de l'armée prussienne
sur les champs de bataille de Malplaquet |et de Wa-
terloo.
Parmi les personnages qui assistaient à ce lunch'
en dehors des parsonnalités princières, on remarquait
les généraux anglais lord Wolseley, sir Redvers Bul-
ler, sir George Harman, sir Evelyn Wood, M. Stan-
hope, secrétaire d'Etat à la guerre, et les attachés mi-
litaires de France, d'Allemagne, d'Autriche, de Russie
et de Turquie.
L'empereur est retourné l'après-midi à Portsmouth
et à Osborne. ̃̃:«̃
̃̃̃ •: .'̃̃̃̃̃̃ Cowes, 8 août.
La reine passera en revue, dans l'après-midi d'au-
jourd'hui, les équipages de l'escadre allemande dans
les jardins d'Osborne-House.
L'empereur s'embarquera le soir, après le tir d'un
feu d'artifice, à bord du Hohenzollern, afin de partir de
bonne heure vendredi pour l'Allemagne.
Londres, 8 août.
En portant avant-hier, au Yacht-Club de Cowes, la
santé de l'empereur d'Allemagne, le prince de Galles,
après avoir fait allusion aux liens de parenté et d'a-
mitié qui existent entre l'empereur Guillaume et la
famille royale d'Angleterre, a ajouté: « J'espère que
la grande armée allemande, ainsi que la flotte an-
glaise que nous avons passée en revue hier, contri-
bueront à assurer le maintien de la paix. »
son neveu. Puis elle ordonna à la Raffaela
d'apporter les objets.
La vieille fille déplia d'abord un large cou-
vre-pied tricoté, formant des rayures jaunes et
brunes, d'un joli effet; il était de chaude et
souple laine, fait pour le lit de cuivre, aux
draperies de damas bouton-d'or.
Voilà 1 dit-elle d'un ton sec. Les raies sont
unies, M. Monteforte n'aimant pas les orne-
ments.
Puis ce fut un fichu bleu pâle pour Tere-
.sella.
Enfin, le troisième objet était une calotte
brune et simple, copiée sur un modèle an-
glais
Ceci, dit-elle cérémonieusement, sera pour
que M. Monteforte ne prenne pas un mal de
gorge sur la terrasse, quand il y fumera le soir.
Et, cette phrase terminée, Mariuccia se dispo-
sait à partir avec le cérémonial de l'arrivée.
Ce n'est pas aimable, tante Mariuccia, dit
gaiement Orlando. Alors on s'en va, comme
ça, sans m'embrasser?
La pauvre vieille fille s'arrêta, saisie. Non,
cet homme-là n'avait conscience de rien!
D'abord elle ne l'avait jamais embrassé de sa
vie, jamais!
Elle prit un grand air de sévérité scandali-
sée. Puis. tout en larmes, elle se jeta dans
ses bras.
Dès lors, la glace, entre eux, fut rompue.
Mais, dès ce jour aussi, Maria découvrit en
elle, avec son amour pour Teresa, une autre
affection puissante autant qu'inattendue. Elle
eut un trésor de tendresse indulgente, mêlée
d'admiration, pour le mari de sa nièce.
Quand l'aménagement complet de son atelier
fut terminé, Monteforte, après le repas du soir,
embrassa Teresa, et prit son chapeau pour se
rendre au café d'Europe.
La figure de sa femme s'allongea.
Comment,! tu vas sortir et me laisser toute
seule 1 dit-elle.
L'artiste s'arrêta net.
Cette réunion du soir était le seul lien qui
les unît tous et permît de parler des questions
communes à tous.
Faudrait-il encore lutter, discuter l'un après
l'autre tous les actes de la vie, voir toujours
sa femme jalouse et suspectant chacune de ses
sorties, les lui voir surveiller en compagnie
d'une servante comme jadis? 'l
Mme Monteforte, en le voyant immobile,
AFFAIRES COLONIALES
̃>̃; r- ̃ Madagascar •
M. Crouzet, administrateur de Sàinte-Marie-de.
Madagascar, vient d'être remplacé d'urgence, aprèe
une enquête qui à révélé certains faits à la charge
de ce fonctionnaire.
M. Rabourdin, administrateur de 2" classe, nom.
mé administrateur à Sainte-Marie, partira par 1«
paquebot du 12 août.
On annonce que M. Crouzet va être traduit de.
vant un conseil d'enquête qui siégera à la Réunion.
BULLETIN DE L'ÉTRANGER
(dépêches HAVAS ET RENSEIGNEMENTS PARTICULIERS)
Alsace-Lorraine
On a inauguré le 6 août un monument élevé à la
mémoire des soldats bavarois tombés en 1870, à 1»
bataille de Reichshofen.
Allemagne
Le Messager de l'Empire dit que des renseigne-
ments officiels pris sur les lieux ont montré que lg
nouvelle annonçant que la peste bovine aurait
éclaté dans la Pologne russe, près de la frontière
prussienne, est absolument erronée. Un certain
nombre de cas mortels d'inflammation de la rate sa
seraient produits dans la région en question; mais
cette épizootie, d'ailleurs peu étendue, serait déjà
éteinte.
En outre, la frontière prussienne est rigoureuse-
ment fermée depuis plusieurs années à l'importa-
tion des bestiaux russes de sorte qu'il n'y a pas
lieu de craindre la propagation d'une maladie con-
tagieuse quelconque.
L'introduction du bétail par contrebande aurait
également cessé depuis longtemps.
On dit dans les corcles politiques de Berlin que
le gouvernement a déjà dépensé, pour l'expédition
Wissmann, 800,000 marcs de plus que le crédit ac
cordé par ,1e Parlement allemand.
On ajoute que les dépenses de l'expédition aug-
menteront encore considérablement lorsque la lutte
aura lieu à l'intérieur du continent africain.
Le Bocrsenhalle apprend de source autorisée qu'à
partir de l'automne les vapeurs de la ligne Wœr-
mann feront escale, à titre d'essai, dans quelques
ports de la côte occidentale du Maroc.
La grande réunion convoquée pour aujourd'hui
jeudi par la Société coloniale, et où divers orateurs
devaient faire son procès à l'Angleterre, à l'occasion
des récents démêlés qu'elle a eus avec les Alle-
mands sur la côte orientale de l'Afrique, vient d'é-
tre contremandée, après l'arrêt du tribunal anglais
des prises déclarant illégale la saisie de la Neœra.
Une perquisition a été faite, dimanche soir, pa-
la police dans les bureaux des Nouvelles de Potsdaml
journal progressiste. Il s'agissait de découvrir la
manuscrit d un article qui avait paru dans un sup.
plément publié par ce journal, sous ce titre let
Guêpes de Polsdam. Dans l'article en question se
trouvaient, à propos du voyage fait en Norvège par
l'empereur Guillaume, des remarques ironiques que
la justice avait trouvées offensantes pour le souve-
rain et dont elle se proposait de poursuivre l'au-
teur. Le manuscrit n'a pas été découvert, et rédac-
teurs et compositeurs ont énergiquement refusé de
faire connaître le nom de l'auteur.
Angleterre
La Chambre des communes a terminé hier la dis-
cussion du budget des dépenses pour la police en
Irlande. Elle a repoussé un amendement de M. Sex-
ton demandant une réduction de 83,600 liv. st.,et le
chapitre du budget relatif à la police a été ensuite
adopté par 163 voix contre 128.
Le Standard publie un nouvel article hostile à la
France:
L'Angleterre dit-il en restant sur les bords du
Nil, travaille au maintien de l'empire ottoman et, par-
tant, de la paix. Cette attitude de l'Angleterre est
comprise et appréciée en Allemagne, en Autriche et
en Italie, tandis qu'en France on ne cesse de la criti-
quer. Il est donc naturel que les sympathies de l'An-
gleterre inclinent du côté des puissances centrales.
Les efforts de la triple alliance, qui tendent à em-
pêcher la réalisation des desseins ambitieux de la
Russie, sont également approuvés par le peuple an-
glais. Les Anglais estiment que l'Allemagne possède
légitimement l'Alsace-Lorraine par droit de conquête
ainsi que par un traité qui porte la signature de la
France.
D'autre part, ils sont d'avis que les Etats de la pé-
ninsule des Balkans ont le droit de se développer sans
avoir besoin d'écouter des ordres venus soit de Vienne,
soit de Saint-Pétersbourg ou de Constantinople.
Si l'Autriche essayait de restreindre les libertés
dont jouissent les Etats balkaniques, l'Angleterre ces-
serait, du coup, d'appuyer la politique du cabinet de
Vienne. De môme, le gouvernement britannique ne
pourrait aider le sultan dans le cas où celui-ci es-
sayerait de reconquérir l'autorité qu'il a perdue par
sa propre faute ainsi que par la force des circons-
tances.
Le programme de l'Angleterre peut se résumer ain-
si liberté pour les peuples de s'arranger à leur guise
sans l'intervention des puissances étrangères.
Ce programmé est également celui de l'Allemagne,
et c'est là ce qui fait que l'Angleterre, l'Allemagne et
les alliés de cette dernière puissance se trouvent ac-
tuellement unis sans qu'un traité d'alliance formelle
soit intervenu.
Le procès de -Mme Maybrick, accusée d'avoir em-
poisonné son mari, s'est terminé hier devant la
cour d'assises de Liverpool.
Le jury a rendu un verdict de culpabilité, et Mmo
Maybrick a été condamnée à la peine de mort.
Belgique ̃
Au Sénat, M. de Bronckère interpelle le ministre
des affaires étrangères au sujet de la loi qui a été
promulguée en France en faveur des déserteurs et
insoumis. L'orateur ne s'intéresse pas aux déser^,
teurs proprement dits, mais à ceux des fils de
crut qu'il hésitait et voulut, d'un mot, faire
pencher son indécision dans le sens de son dé-
sir à elle.
Ne sors pas le soir, dis, je t'en prie, mari
à moi. Je m'ennuierais tant, toute seule! Au.
trefois j'avais papa, maman, ma tante. Ne sors
pas, dis?
Dans un geste d'impatience, l'artiste com-
mença d'un ton sévère
Si tu prends de telles habitudes.
Mais il s'arrêta. La pauvre enfant s'était
montrée bien courageuse dans les difficiles
circonstances dernières.
Il réfléchit.
Ne valait-il pas mieux tenter de la convain-
cre et poser d'un seul coup les bases d'un ave-
nir exempt d'orages ?
Il posa son chapeau sur la table, s'assit et
l'attira sur ses genoux
Ecoute-moi bien, Teresa, dit-il.
Tu restes? demanda-t-elle joyeusement.
Et sûre d'avoir gagné sa cause avec si peu de
peine, elle passa ses bras autour du cou de son
mari.
Mais celui-ci, doucement, détacha les mains
enlacées. La pauvre petite prit peur. ̃
II prononça:
Ma fille, si tu veux que je t'aime, que
notre maison soit heureuse et notre vie paisi-
ble, il faut prendre la résolution de me laisser
l'indépendance oh limitée I dont un ar-
tiste a besoin.
La petite Mme Monteforte eut un cruel bat»
tement de cœur.
Tu dis « Si tu veux que je t'aime »
Alors, mari à moi, tu ne m'aimes donc pas ? `t
Il voulut sourire; mais le souvenir des an-
nées écoulées paralysa cette aimable tentative
et son expression redevint grave.
Je t'aime et tu le sais bien je t'aime d'au-
tant plus, ma chère enfant, que je t'ai trouvée
vaillante alors qu'il a fallu prouver ton affec-
tion pour moi.
Hé bien! fit-elle découragée, pourquoi me
parles-tu comme ça? Si tu veux me faire com-
prendre quelque chose, explique-le tendrement.
Je te l'ai dit, mari à moi, je ne peux pas tout
savoir, n'est-ce pas? Moi, je n'ai rien pu ap«
prendre en dehors des choses que tu m'as en-
seignées je n'avais jamais quitté ma famille.
Il fut troublé, désarmé, sur le point de restée
au logis et de se taire. Mais il demeurait mal*
gré tout sous l'impression de défiance créé*
par le passé. OLIVIER CHANTAL.
OLIVIER CHANTAL.
(A suivre. J i- ̃
VKHSInaiu » AOUT 188&.
VINGT-NEUVIÈME ANNÉE.– N* 10321.
PRIX DE L'ABONNEMENT
?ARIS. Trois mois, 14 fr. Six mois, 28 fr.; Un m, 566*,
JÉP1»* ALSACK-LORRAISB lTIr.; 34 fr.; 6Sfr.!
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LES ABONPiEMEISTS DATENT DES 1er ET 16 DE CHAQUE MOIS
Un numéro (départements) 3O centimes*
ANNONCES MM. LagransE, CERF ET Ce, 8, place de la Bourse
v • ̃ • ̃ (Droit d'insertion réserve à la rédaction.) ̃
BUREAUX 5, boulevard des Italiens, PARIS
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jiRIg Trois mois, 14 fr. Six mois, 38 fr. Un an, 56 fr,
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UNION POSTALE lSfr.; 36* ̃ 72fr.
I.ES ABONNEMENTS DATENT DES 1" ET 16 DE CHAQUE MOIS
TDjx numéro <à Paris) 1È> centimes.
Directeur politique: Adrien Hébrard ̃
• ',}. ''•̃ La rédaction ne répond pas des articles communiqués r
BUREAUX 5, boulevard des Italiens, PARIS
Adresse télégraphique TEMPS PABIS
̃̃-̃̃'̃ PARIS, 8 AOUT
BU LLETIN DU JOUR
Le Sénat s'est réuni aujourd'hui à une
heure en Haute Cour de justice, pour enten-
-dre le réquisitoire du procureur général dans
le procès Boulanger-l)illon-Rochefort.
Depuis longtemps les revendications du
parti norvégien et, on peut le dire, de l'opi-
nion même démocratique de la Norvège con-
tre le gouvernement de l'union n'avaient été
aussi vives. Elles se manifestent sur tous les
terrains. Nous avons signalé en son temps
le discours prononcé à Ajœvik par le célèbre
poète et homme politique Biœrnson contre
l'union de la Norvège républicaine avec la
Suède royaliste et réactionnaire. On a lu, il
y a deux jours, l'adresse des quarante-sept t
:députés radicaux de Norvège protestant
contre l'absence du représentant diplomati-
que de la Suède et de la Norvège, le jour de
la visite du président de la République à la
section norvégienne de l'Exposition. Cette
manifestation nous indique un des desiderata
des politiques norvégiens, qui refusent de se
conformer à une politique étrangère toute
faite à Stockholm et de paraître épouser en
n'importe quelle occasion les sympathies ou
1 ies antipathies du roi Oscar Il.
La Norvège aspire à l'autonomie diploma-
tique comme à l'autonomie, en matière d'af-
faires intérieures. Or, dans l'acte d'union
de 1815, la Suède s'est réservée, entre autres
prérogatives, la direction de. la politique
étrangère des deux pays. Et, bien que la
Constitution reconnaisse au Storthing le
droit « de se faire communiquer les allian-
ces et les traités que le roi aconclus au nom
de l'Etat avec les puissances étrangères, à
l'exception des articles, secrets (lesquels ce-
pendant ne doivent pas être destructifs des
articles non secrets)), ce droit, limité d'ail-
leurs, ne semble plus suffisant aux radicaux
norvégiens, qui sont hantés par la crainte de
traités secrets engageant d'ores et déjà leur
pays, et le vœu d'une diplomatie particulière
devient peu à peu un des articles principaux
de leur programme qui, pour un temps, ne
sortira pas de la politique spéculative.
On sait, en effet, que pour l'union, remise
aujourd'hui en question dans les polémiques
de journaux, les réunions électorales et les
discours au Storthing, le roi Oscar a pris
parti de la façon la plus nette et que la
Suède, en grande majorité, ne consentirait
à la revision de l'acie d'union que dans le
même esprit que son souverain, c'est-à-dire
dans un sens résolument centraliste. La si-
? tuation dans l'union scandinave se définit
donc actuellement par une antinomie.
Le décret mettant fin à la session d'été du
Parlement italien était inattendu et a produit
un effet qui dure encore. On en cherche la
raison, et chacun en trouve une qui répond
à ses espérances ou à ses craintes. La Rifor-
ma explique que M. Crispi estime tout sim-
plement que les sessions courtes sont les
meilleures. Le Diritto, qui est en ce moment
le plus volontiers polémisant des jour-
naux d'opposition, attribue à M. Crispi des
pensées de derrière la tête et croit que ce
renvoi des députés dans leurs foyers est le
prélude d'une dissolution. D'autres organes
modérés et académiques, tels que la Perseve-
ranza, ne sont pas éloignés de partager cette
manière de voir. Le gouvernement doit pré-
• senter en automne un projet qui porte re-
mède à l'anémie actuelle du Trésor. Quel
qu'il soit, ce projet sera essentiellement une
demande de nouveaux impôts, une trentaine
de millions de charges nouvelles auxquelles
on invitera le Parlement et le pays à consen-
tir. Le ministère ne croirait pas possible
d'obtenir de la Chambre actuelle ce nouveau
sacrifice et songerait à se procurer une autre
majorité toute fraîche, partant, bien en main.
L Telle est l'hypothèse qui a cours dans toute
la presse, sauf les journaux officieux, qui
disent, à leur habitude, qu'il n'y a rien.
DÉPÊCHES TÉLÉGRAPHIQUES
I, J.DES CORRESPONDANTS PARTICULIERS DU Temps
Berlin, 8 août, 8 h. 25.
M. de Schlœzer, ministre de Prusse au Vatican,
qui passe son congé en Allemagne, a eu mercredi
une longue entrevue, à Varzin, avec M. de Bis-
marck. ̃ ` Carlsruhe; 8 ao0t, 8 h. 20.
.̃ Carlsruhe, 8 août, 8 h. 20.
Le prince héritier de Bade est entré en conva-
lescence après'uno longue maladie qui a inquiété
sérieusement sa famille. C'est la seconde fois qu'une
bronchite aiguë met en péril la vie du prince.
Vienne, 8 août, 8 h. 30.
La presse gouvernementale s'inquiète beaucoup
•d'une excursion mystérieuse que le consul russe à
FEUILLETON ^»U <&£mp0
DU 9 AOUT 1889 flO]
LE BEL ORLANDO
Le lendemain matin, la petite Mme Monte-
forte sortit encore seule; mais cette fois, elle
daigna s'expliquer.
Je vais à l'église, dit-elle.
La mère et la tante approuvèrent car elles
avaient fait bien des prières depuis la nuit né-
faste.
Teresa marchait de toute la vitesse de ses
̃ petits pieds. Sur les marches de l'église, elle
se recueillit et; le visage composé, sérieuse,
elle entra. Tout de suite elle arriva devant l'au-
tel de la Vierge, s'agenouilla, fit le signe de la
croix; son Pater et son Ave terminés, la jeune
femme dit avec un air d'entente
Vous savez, Madonna mia, c'est encore
pour Orlando l
Puis elle tira de sa poche un chapelet et fit
rouler les perles entre ses doigts. Cela marcha
régulièrement pour deux dizaines; après quoi
Teresa commença la conversation •
Madonna mia,.ce n'est pas tout ça. Je vous
avais demandé de me donner pour mari mon
Orlando, et de faire qu'il m'aime autant que
je l'aime. C'est vrai, Madonna mia, que je l'ai
épousé; oh I ceci, rien à dire. Mais l'autre
chose, bonne Vierge, sainte Marie des Grâces,
vous l'avez donc oubliée ? C'était pourtant très
Important. Hé bien non, sainte Marie, non; mon
Orlando ne m'aime pas autant que je l'aime.
Vous me direz que je ne suis pas aussi belle
que lui? Mais bien sûrl Si j'étais belle comme
lui, je n'aurais pas besoin de vous demander
un miracle 1
Alors elle se mit à la troisième dizaine, et,
quand elle l'eut terminée
Par exemple, est-ce que, moi, j'aurais ja-
Reproduction et traduction interdites.
Serajevo, M. Bakounine, vient de faire en Herzé-
govine.
DERNIÈRE HEURE f
Le shah se rend cette après-midi à Enghien, où
un bateau a éiô préparé en vue d'une excursion sur
•le lac. A son retour, il ira, si le temps le permet
toutefois, à l'Ecole des mines, au Luxembourg et
au jardin des Plantes.
Nassr-ed-Din assistera vendredi, à une heure, à
des expériences de tôlephoUi- militaire aérienne qui
auront lieu au moyen d'un câble reliant le Troca-
déro au ballon captif Godard.
Ce matin, Nassr-ed-Din a reçu en audience M. de
Brazza, gouverneur du Congo, et Si Manza ben bou
be Keur, marabout des Ouled-Sidi-Cheikh sde Gé-
ryville, qui lui a été présenté par un interprète mi-
litaire de l'armée d'Afrique en grande tenue.
Il a également reçu la visite do son parent, le
prince Ibrahim, gouverneur d'une des principales
provinces de Perse, accompagné de Mirza-Mehdi, son
aide de camp. Le départ du chah est fixé, sauf chan-
gement toutefois, à samedi, à deux heures de l'a-
près-midi. Il s'effectuera par la gare de l'Est.
Nassr-ed-Din ne traversera pas l'Alsace-Lor-
raine. Il se rendra à Baden-Baden par Delle, Bâle
et Fribourg.
Le docteur Feuvrier, médecin principal de l'ar-
mée française, ancien médecin du prince de Mon-
tenegro, successeur du docteur Tholozan, premier
médecin du chah, qui prend un congé de trois
mois, accompagnera Sa Majesté persane.
Cet après-midi, les petits princes sénégalais, ve-
nus en France avec Dinah-Salifou ont été appe-
lés dans le cabinet de M. Henrique, commissaire
général des colonies, qui leur a remis, au nom du
président de la République, de nombreux cadeaux.
.«&̃.
Comme il était aisé de le prévoir, ni M.
Marius Martin ni M. Binder n'ont accepté
la proposition, d'ailleurs peu séduisante, de
M. Ed. Hervé. M. Binder a même répondu
au directeur du Soleil en termes fort vifs,
l'accusant sans détour de favoriser les chan-
ces du candidat républicain, alors qu'aucune
attache particulière avec les électeurs du
8e arrondissement ne justifie ses prétentions.
L'honorable conseiller municipal évoque, au
contraire, le souvenir des services que sa
famille a rendus à ces mêmes électeurs, et
maintient formellement sa candidature. Ain-
si, à moins que M. Hervé ne se désiste, il y
aura, dans cette seule circonscription, trois
compétiteurs réactionnaires et à l'âpreté du
langage de M. Binder on peut juger des
sentiments qu'ils éprouvent les uns pour les
autres. Que penser, après cela, des gens-qui
disent au pays: Venez à nous, conserva-
teurs, parce que nous sommes tous d'ac-
cord, parce que nous représentons, en face
des divisions républicaines, l'union, sans
laquelle il n'y a pas de véritable paix ci-
vile ?
Non seulement il va se passer dans un
grand nombre de circonscriptions ce qui se
passe dans le 8e arrondissement de Paris;
mais encore nous prétendons qu'une fois la
Chambre élue, si la majorité était à droite, on
échangerait de réactionnaire à réactionnaire
des aménités encore plus gracieuses que cel-
les que M. Binder décoche à M. Hervé. Il ne
s'agit aujourd'hui, de candidat à candidat,
que des chances personnelles d'élection. Il
s'agirait, plus tard, de député à député, du
choix d'un régime, et la querelle s'exaspére-
rait en proportion de l'importance de son ob-
jet. C'est une démonstration que nous avons
eu souvent déjà l'occasion de faire, mais à
laquelle il ne faut pas se lasser de revenir,
puisque aussi biennos adversaires continuent
à user de ce « cliché » de l'union conserva-
trice.
On aura beau dire, la politique esquissée
par M. Lambert de Sainte-Croix devant les
électeurs des Landes n'est pas celle que M.
Delafosse, par exemple, expose de temps à
autre dans ses articles du Matin. Et la politi-
que de M. Arthur Meyer qui a prévalu
dans ces derniers mois ne ressemble pas
davantage à celle de M. Lambert de Sainte-
Croix. Comme il est fort à supposer, même
dans l'hypothèse la plus défavorable, celle
d'une défaite de nos amis, que ni l'une ni l'au-
tre de ces trois politiques n'aurait à elle toute
seule la majorité dans la future Chambre; i
comme il faut admettre, au contraire, que les
réactionnaires qui y siègent se rattacheraient
soit à l'une, soit à l'autre des trois inspirations
que nous venons d'énumérer, on ne pourrait
augurer qu'un avenir de discorde et de con-
fusion, dont la seule perspective doit effrayer
et tout ensemble éclairer les véritables con-
servateurs, ceux qui tiennent avant tout à
l'ordre et qui font passer en seconde ligne
la question de forme du gouvernement.
C'est à ces conservateurs-là que nous nous
adressons non pas aux états-majors, qui ne
sauraient évidemment nous écouter, mais à
la masse des soldats. Nous leur demandons de
comprendre que la République est encore, à
l'heure actuelle, le régime qui divise le moins.
mais l'idée de lui parler de ce Valparaiso que
j'ai vu si souvent écrit sur des affiches aux en-
virons du port? Sans savoir au juste, je devine
bien que ça doit être dans les étranges pays,
très loin. Moi, je n'aurais jamais, oh mais ja-
mais, l'idée de m'en aller loin de lui.
Cette fois, rageusement elle finit d'un seul
coup la quatrième et la cinquième dizaine.
Puis elle baisa pieusement la marche de l'au-
tel et, se relevant
Madonna mia, je vous le demande depuis
des années; il me faut l'amour d'Orlando. D'a-
bord il est mon mari et, moi, je l'aime oh, je
l'aime 1 Hé bien, sainte Marie des Grâces,
vous que je viens invoquer depuis mon
enfance, car vous me connaissez bien, peut-
être et je ne me suis jamais adressée à d'au-
tres madones que vous. Hé bien 1. si mon
Orlando ne m'aime pas autant que je l'aime.
oh! un jour! pas tout de suite. mais pas
dans longtemps. je serai forcée d'aller le de-
mander à la Madone de Piedigrotta. V-'
Elle se remit à genoux
Vous me connaissez pourtant bien, votre
pauvre petite Teresella Cardelli. Allons, faites
le miracle, Madone. Alors, oh! alors! je fais le
vœu de. je ne sais pas de quoi mais je ferai
quelque chose dont vous serez bien contente.
A la même heure, le lendemain soir. Teresa
mit son chapeau. La servante l'accompagnait
comme la veille.
Où vas-tu ? demanda la mère.
Voir Orlando, répondit simplement la
jeune femme. Bonsoir, maman bonsoir, tante
Mariuccia. Laissez les verrous je rentrerai
tard comme hier.
Et ses lèvres s'entr'ouvrant pour un fulgu-
rant sourire
Peut-être plus tard, acheva-t-elle. Cela
dépend d'Orlando 1
Le père était dans la chambre voisine; il at-
tendait, anxieux, ce qu'elle ferait ce soir-là.
Les paroles de sa fille mirent une larme dans
ses yeux. Voilà ce que l'amour fait de ces êtres
chéris pour lesquels on a peiné, pleuré, vécu 1
Maintenant leurs justes revendications n'exis-
taient plus; leur droit s'effaçait devant le sou-
rire, la caresse, le moindre souhait eu? cet hom-
me, inconnu d'elle il y avait à peine îjx an-
nées, méconnu par elle huit jours auparavant
Mais s'ils souffraient à la maison, ce fut
pour Teresa une soirée pleinement radieuse.
II l'attendait, elle, sa femme. Comme c'était
Lorsqu'ils se trouveront appelés à choisir
entre un candidat réactionnaire, boulangiste,
ou royaliste pur, ou bonapartiste, et un can-
didat républicain modéré, qu'ils votent pour
celuÎTci. Le succès du républicain modéré,
c'est l'ordre maintenu, c'est la révolution re-
foulée, c'est aussi le gage et la promesse
d'une orientation meilleure de notre politique
intérieure.
Car, en même temps que nous parlons
ainsi aux conservateurs, nous disons aux ré-
publicains: Faites surgir de vos rangs des
hommes nouveaux qui ne soient pas com-
promis dans les fautes ni dans les erreurs
du passé des libéraux, des modérés, qui
aient un programme, et qui s'y tiennent; un
programme nettement républicain, parce que
la question constitutionnelle doit être désor-
mais close; mais un programme assez pra-
tique, assez sage, pour qu'aucun conserva-
teur de bonne foi ne puisse hésiter à le
ratifier! Seulement, il va de soi que les deux
parties de notre argumentation se tiennent
étroitement s'ils font la guerre aux républi-
cains modérés, les conservateurs vont à la
révolution et à l'anarchie s'ils ne sont pas
fermes et résolus dans leur modération, les
républicains modérés détournent d'eux les
masses conservatrices. Il dépend donc des
uns et des autres d'assurer la victoire de la
République et celle de l'ordre, inséparable-
ment liées entre elles.
Le conseil municipal a voté hier un pro-
gramme de constructions scolaires qui doivent
être édifiées avec les ressources provenant des
fonds d'emprunt.
L'emprunt de 250 millions, autorisé par
l'Etat en .1886, stipulait qu'une somme de 20
millions serait affectée aux écoles communa-
les. Depuis; on a pu accroître ce crédit primitif
de 1,700,000 fr., ce qui a porté à 21,700,000 fr.
l'ensemble des sommes que la ville de Paris
pouvait consacrer à des travaux extraordinai-
res dans ses établissemen.ts scolaires. Sur ce
total, l'administration a dépensé 7,200,000 fr.
les autorisations accordées hier en principe par
le conseil municipal s'élèvent à 5,557,000 fr. Il
reste ainsi disponible, sur les fonds d'emprunt
réservés aux écoles, un crédit de 8,943,000 fr.
environ. Cette somme est-elle suffisante pour
faire face aux exigences de l'enseignement
prima,ire à Paris? C'est ce qu'il y a lieu d'exa-
miner.
On peut, malheureusement, craindre que
non. Nous avons, en effet, sous les yeux un
document du plus haut intérêt c'est un ou-
vrage de M. Duplan, sous-directeur de l'ensei-
gnement primaire de la Seine, et qui contient
des informations très précieuses sur les écoles
maternelles et les écoles primaires élémentaires
à Paris pendant la période 1877-1888. Nous
voyons dans cetexcellent travail que le nombre
des places existant dans les écoles maternelles,
qui était de 17,081 en 1877, est monté à 22,879
en 1888, ce qui constitue une augmentation de
5,798 dans le nombre des places offertes aux
enfants. Mais le total des élèves inscrits s'élève
à 25,700 environ, ce qui montre déjà que 2,820
enfants ont été autorisés à entrer dans les éco-
les maternelles, bien que la « capacité » théo-
rique des classes ait été dépassée. Aussi voit-on
des classes de 50 enfants qui en contiennent
une soixantaine. 11 y en a assis sur des tabou-
rets, autour des murs, qui suivent comme ils
peuvent les leçons des maîtresses ou bien
des préaux couverts ont été, tant bien que mal,
convertis en classes. C'est ainsi que l'on a pu,
grâce à ces expédients, instruire ces 2,800 en-
fants dans des conditions qui, en général, sont
loin d'être satisfaisantes.
M ais ce n'est pas tout. A côté de ces privi-
légiés il y a les « expectants ». Ce sont les en-
fants qui se sont fait inscrire à la mairie de
leur arrondissement, mais qui ne peuvent trou-
ver place dans les écoles communales, qui sont
archibondées. La statistique donne le chiffre de
5,177 pour le nombre des jeunes écoliers qui
sont dans ce cas. Que fait l'administration?
Elle donne des bourses dans les écoles libres
745 bourses ont été accordées à cet effet. Mais
ce système ne convient ni aux familles ni aux
municipalités. Il faudrait, en conséquence, créer
de nouvelles écoles et en agrandir d'ancien-
nes: L'administration fait étudier soixante-sept
projets dans ce sens. Quand seront-ils réalisés?
On pourrait objecter qu'il ne s'agit, dans l'es-
pèce, que des écoles maternelles, qui, on le sait,
gardent les enfants de deux à six ans. L'impor-
tant, personne ne le conteste, c'est l'école pri-
maire. Or, la situation est-elle meilleure?
Ouvrons encore, pour nous en rendre compte,
le document publié par l'administration. Nous
voyons que la ville de Paris a, de 1887 à 1888,
porté de 92,753 à 131,203 le nombre des places
offertes aux élèves, filles ou garçons, qui fré-
quentent ces écoles. L'augmentation ressort à
38,450. C'est un chiffre considérable et qui té-
moigne d'un vigoureux effort. Dans quel état
les régimes antérieurs avaient laissé l'ensei-
gnement public Il y a des arrondissements
de Paris où une grande partie des élèves ne
pouvaient aller à l'école On a beaucoup fait
pour regagner le terrain perdu; mais il y a en-
core beaucoup à faire. Ainsi, dans les écoles
doux de se retrouver ainsi leur amour s'en
rajeunissait; ils étaient comme des fiancés.
Car Teresa avait conservé des candeurs, des
incertitudes timides, un je ne sais quoi d'inno-
cent et jeune malgré le mariage.
Ils se promenèrent tout le soir, elle éprise et
ravie, lui joyeux, tendre et bon. La placide Raf-
faela les suivait; à peine pouvait-on s'embras-
ser.
Oh si tu voulais, demain, mari à moi, je
viendrais seule et tu me ramènerais jusqu'au
seuil de la maison.
Monteforte devenait déjà sévère.
Sois bien tranquille, fit-elle, car mainte-
nant elle savait lire en ses pensées. Sois bien
tranquille, mari à moi, je ne te demanderai pas
de monter. Maintenant, moi aussi, je veux vi-
vre seule avec toi laisse-moi faire.
Bon, dit-il. Alors c'est entendu à demain,
ma chère petite femme. •< ̃ ̃> '̃
'Les parents espéraient toujours qu'Orlando
reviendrait, faute d'areent. Car ils s'étaient in-
formés chez Tipaldi: ils savaient bien que les
trois cents francs même n'étaient plus entiers
la nuit de sa fugue. Tout au plus deux. cent
quatre-vingts francs: avec son insouciance et
des compagnons tels que Ferucci," ça ne ferait
pas long feu I Bientôt on le verrait, l'oreille
basse, rentrer au bercail, où d'ailleurs on le
recevrait à bras ouverts.
Ils ne connaissaient pas leur Orlando. •
Dès le principe, il avait deviné leur calcul et
refusa même l'argent que voulut lui donner sa
femme. Il savait vivre de presque rien, comme
tout vrai Napolitain; de plus, il connaissait
tous les endroits où la nourriture coûte peu.
C'est la supériorité des gens sobres et qui peu-
vent vivre de légumes ou de macaroni, se pas-
ser de vin sans ennui, sourire au farniente.
Sans rien perdre de sa bonne humeur, sans
fatiguer l'inaltérable solidité de son estomac,
Monteforte se fit momentanément avare. Sa
volonté ne se démentit pas un seul jour, et
c'est là qu'on eût pu voir la suite dans les
idées, juger l'énergie de la race.
La famille l'attendit en vain. Il avait trouvé
lui-même l'appartement qui convenait dans la
strada Magno-Cavallo, tout à côté de la Salita-
Concezione. La jeune femme s'associa brave-
ment à la révolte de son mari. Quand la mère
supplia d'attendre, elle déclara nettement que
Son mari voulait s'installer tout de suite et
qu'elle fc»ait de son avis, trouvant trop dange-
reuse la situwifina présente
primaires comme dans'les écoles maternelles
il y a nombre d'écoliers occupant des places
dites « jrrégulières », c'est-à-dire qui dépassent
le chiffre normal d'élèves que doit contenir une
école. On en compte 4,561. De plus, il y a 4,457
enfants qui attendent qu'il y ait une place dis-
ponifile dans une école. Déduction faite de
1,848 boursiers, il reste encore 2,609 enfants de
six à treize ans pour lesquels la porte de l'é-
cole communale reste close. Nous sommes très
loin encore, on le voit, de posséder à Paris une
organisation exempte de tout reproche.
A qui incombe la responsabilité de ce fait re-
grettable ? A l'administration, ou au conseil
municipal? Aux deux, peut-être, mais surtout
aux membres dù conseil municipal, qui n'ont
pas été suffisamment ménagers des deniers des
contribuables, des ressources financières de la
ville de Paris, et qui se trouvent aujourd'hui
dans l'impossibilité de remplir le programme
qui leur incombe. On a été dépenser des cen-
taines de mille francs pour l'œuvre contestable
et contestée des bataillons scolaires; on a affecté
quelques milliers de francs à des cours d'en-
seignement supérieur. A l'inauguration de la
nouvelle Sorbonne, n'a-t-on pas entendu par-
ler d'une concurrence dans la haute culture
de l'esprit dont la ville de Paris serait l'initia-
trice ? Ce serait fort bien, si l'œuvre scolaire,
qui regarde tout spécialement les conseils mu-
nicipaux, était parachevée. Mais nous n'en
sommes pas là, bien au contraire et il y a
lieu de rappeler au conseil municipal de Paris
la fable de la Grenouille et du Bœuf. Elle est de
circonstance, on l'avouera..
Il est encore un point sur lequel des obser-
vations sont nécessaires. Elles visent plus une
question de principe financier qu'une question
purement scolaire. L'état de répartition des
sommes destinées aux travaux dont nous pu-
blions plus loin le programme indique un
crédit de 9,200 francs pour 1' « installation pro-
visoire » d'une école.
Nous ne croyons pas que les ressources ex-
traordinaires, surtout celles qui proviennent
de l'emprunt, puissent être affectées à des dé-
penses « provisoires ». Les emprunts n'ont
leur raison d'être que pour enrichir le patri-
moine national ou communal par des travaux
de premier établissement. Il y a, dans l'espèce,
une violation des règles fondamentales d'une
bonne gestion financière. Cette somme, comme
l'ont fait observer des hommes qui ne sont
pas suspects de modérantisme, MM. Mar-
soulan et Sauton, aurait dû être prise,
avec d'autres encore, sur le budget ordi-
naire de la ville de Paris. Est-ce qu'il y aurait
impossibilité à cela, et le trésor municipal au-
rait-il été mis à sec par les réceptions innom-
brables qui se donnent à l'Hôtel de Ville? Nous
ne le croyons pas.Aussi estimons-nous que l'ad-
ministration préfectorale tiendra, dorénavant,
.à rester dans les vrais principes financiers et
qu'elle veillera plus attentivement à ce que le
budget extraordinaire, à ce que l'emprunt ne
vienne plus combler les insuffisances plus ou
moins réelles du budget ordinaire.
LA REVUE D'ALDERSHOT
(De notre correspondant spécial)
Londres, 7 août, 8 h. soir.
La solennité militaire qui a eu lieu aujourd'hui
à Aldershot consistait en un simulacre de guerre
avec thème suivi d'une revue des troupes. Le pro-
gramme a été entièrement rempli, par un temps
charmant et sous un soleil tempéré par une belle
brise du nord-ouest, laquelle malheureusement a
soulevé des flots de poussière pendant le défilé.
L'empereur Guillaume, le prince et la princesse
de Galles étaient partis de Cowes ce matin, à six
heures à Portsmouth, le prince prit congé de son
neveu, en exprimant le regret qu'un gros rhume
le gênait au point do l'empêcher de lui faire les
honneurs de l'armée anglaise. Inutile de vous par-
ier des saluts à coups de canon qui annoncent l'ar-
rivée à Portsmouth et le débarquement de l'empe-
reur. Celui-ci, en uniforme de général prussien,
monte dans un train spécial, et en route pour Al-
dershot, où Guillaume II est reçu par le duc de Cam-
bridge et lord Wolseley, à la tête d'un brillant
état-major.
Les troupes étaient déjà en position pour la ma-
nœuvre, dont voici le thème une armée d'inva-
sion, débarquée sur le littoral sud près de Wor-
thing et Shoreham, marche sur Londres par trois
routes; la colonne de gauche occupe Guildford.
L'armée de défense est concentrée à Reading; un
corps d'armée, qui occupe Wokingham-Bagshot,
s'avance sur la gauche de l'armée d'invasion et
tente de l'arrêter.
Je n'ai pas la prétention de vous conter l'opéra-
tion par le menu: d'abord parce que le pays, assez
accidenté, gênait la vue; puis il eût fallu suivre
l'état-major pour la juger, et des piquets de senti-
nelles empêchaient de passer sur le terrain où l'on
manœuvrait. Vers dix heures, on en était encore
aux mouvements préparatoires; la gauche de l'as-
saillant, à petite distance du chemin de fer de Lon-
dres à Portsmouth, gagnait du terrain; de temps
à autre, quelques coups de canon.
Je me portais alors à l'extrême gauche de l'atta-
que, et bien m'en prit; vers onze heures, les casa-
ques rouges et le riflemen de la défense ouvrent un
feu assez vif; les assaillants ripostent et avancent
par échelons. La brigade do dragons charge au petit
galop et vient s arrêter à quelques mètres de l'in-
On voulut en causer avec le père et tenter
de le convertir et le faire accepter. Mais on se
heurta contre un entêtement systématique.
Profondément froissé, don Agostino défendit
qu'on en parlât jamais devant lui. Même il in-
terdit formellement à son gendre l'entrée de la
maison, défendit à sa femme et à sa sœur d'al-
ler voir le jeune ménage. Quant à sa fille, il
admettait qu'elle obéît à son mari: donc elle
trouverait toujours la maison prête à la rece-
voir mais elle seule.
Son banquier remettrait mille francs à M.
Monteforte chaque trimestre il ne le verrait
plus.
Ceci dit, il ne permit pas qu'on en parlât de
nouveau.
Quand Teresa montra qu'elle était parfaite-
ment décidée, dona Bettina ouvrit en soupi-
rant une grande armoire. Elle avait empilé des
montagnes de linge pour les enfants, draps,
taies d'oreiller, serviettes, nappes, etc. Cela
pouvait suffire jusqu'au dernier de leurs jours,
dussent-ils vivre un siècle. Le linge était la
manie de la maison tante Mariuccia filait
toute l'année, en dehors de ses autres nom-
breux travaux.
Sept semaines au plus après le départ d'Or-
lando, M. et Mme Monteforte étaient installés
à leur quatrième étage. Une chambre immense
et donnant sur une large terrasse fut choisie
pour l'atelier. Les autres chambres étaient bel-
les et claires. Tous leurs meubles furent ap-
Lporfcés intacts; on n'eut besoin d'acheter que le
mobilier d'une salle à manger. La bourse de la
mère et de la tante fournirent h. cette dépense.
Les enfants ne le remarquèrent même pas, na-
turellement insoucieux, sans qu'on puisse ap-
peler cette insouciance de l'ingratitude. Les
êtres qui n'ont jamais manqué du nécessaire,
de soins ni de tendresse, ignorent la valeur du
dévouement.
Momentanément, Teresa, au milieu du bon-
heur enfin reconquis, avec la présence de son
Orlando, Teresa oublia lereste du monde. Quelle
autre préoccupation pouvait trouver place en
cette cervelle, en ce cœur de femme éprise?
Dans le commencement, la mère seule était
venue; tante Maria s'abstenait.
Par un certain lundi pluvieux, Monteforte
fumait et Teresella rangeait les pinceaux.
Yoilàque, tout à coup, sans qu'on ait entendu
la sonnette, on vit entrer tante Mariuccia.
Elle f-mbrassa..«a nièce et 'salua froidement
fanterie. Comme dans toutes les manœuvres, on ne
donne pas très sérieusement; mais quels splendides
cavaliers et les beaux chevaux bien harnachés!
Les dragons se retirent, avec eux l'infanterie.
Quelques coups de canon encore d'une batterie
d'artillerie postée sur le plateau; l'infanterie enne-
mie marche en avant et s'arrête à 300 mètres des
lignes de la défense -pendant dix minutes, la fu-
sillade crépite avec tant de rage qu'on ne voyait
plus rien et que dans la réalité les deux troupes en
présence eussent été anéanties. On montre le dra-
peau blanc; l'empereur et le duc de Cambridge pas-
sent devant nous pour se rendre à la grande tente
dressée pour leur lunch.Il est midi. La bataille est
finie.
Les troupes se massent alors en trois colonnes
sur un long plateau dénudé où doit avoir lieu le dé-
filé. Un grand drapeau signale la place de l'empe-
reur, des princes et de l'état-major. La foule, tout
autour, est maintenue par un cordon de cavaliers
et de policemen à cheval. A une heure vingt-cinq,
l'empereur et la légion d'officiers qui le suivent
débouchent au grand galop dans un nuage de
poussière. On pousse quelques' hourras. Peu après,
une calèche attelée de quatre chevaux à la Dau-
mont amène la princesse de Galles et ses filles. On
l'acclame avec enthousiasme. Tout le monde l'adore
en Angleterre.
Le défilé commence immédiatement par la cava-
lerie. Elle est superbe horse-guards, lanciers et
dragons sont admirables, vraies troupes d'élite ir-
réprochables comme hommes, chevaux et harna-
chements. Ils défilent dans un ordre magistral.
L'artillerie les suit; elle les vaut sous tous les rap-
ports. L'alignement des canons est parfait et satis-
fait les connaisseurs. Mais quelle poussière! Toutes
les troupes à cheval défilent au petit trot.
L'infanterie arrive derrière ces brillants cavaliers
aux superbes uniformes; le génie d'abord, auquel
on fait une ovation; puis des régiments d'infante-
rie, des volontaires, les grenardiers-gardes, très
imposants avec leurs bonnets à poil. Ils me rappel-
lent, par l'allure et l'aspect martial, les grenadiers
de la garde impériale. Et comme ils marchent On
sent là une troupe d'élite, un mur humain qui se
ferait hacher sans céder un pouce de terrain, com-
me à Inkermann.
Tantôt le défilé a lieu par colonnes de compagnie
à distance de section, tantôt par colonnes de divi-
sion. C'est irréprochable. Les troupes anglaises
sont bien dressées; les volontaires font bonne
figure, mais on ne peut les comparer à l'armée ac-
tive. Quelques-uns de leurs régiments avaient
passé la nuit en chemin de fer et, bien que la
revue marquât la fin de leurs fatigues, on voyait
bien qu'ils étaient loin de valoir les régiments de
la reine. Le contraire étonnerait d'ailleurs.
Pour clore la marche, le commissariat avec les
voiturés de vivres, d'ambulance, etc. c'est ce que
nous appelons le train.
A mesure qu'ils avaient passé devant l'empe-
reur, les régiments regagnaient leurs campements,
quelques-uns très éloignés du plateau. A deux heu-
res quarante-cinq, tout est fini. Le cortège impé-
rial s'ébranle au galop dans la direction de la gare
des hourras peu nourris le saluent. On acclame de
nouveau et avec vigueur la princesse de Galles, et
chacun reprend la route de ses pénates, couvert de
poussière, mais enchanté de cette rude journée au
grand air, dans un pays charmant, au milieu des
troupes anglaises. En résumé, c'est là un beau
noyau d'armée; j'estime à 25,000 hommes le nom-
bre des troupes qui ont pris part aux manœuvres
et à la revue. Le défilé a duré une heure un quart,
moins qu'à Longchamps le 14 juillet; mais, si les
Anglais défilent à une allure moins vive que la nô-
tre, surtout la cavalerie, ils laissent moins de place
entre les divisions, les brigades et les régiments.
Je ne crois donc pas me tromper beaucoup en
avançant un effectif présent de 25,000 hommes.
,1,'
"̃'̃ (Service Bavas)
̃̃• •̃•>; Aldershot, 7 août.
L'empereur a pris part à un lunch qui avait été pré-
paré sous la tente au milieu du camp.
Répondant à un toast porté en son honneur par le
duc de Cambridge, il a dit qu'il remplirait toujours
son devoir et maintiendrait les traditions d'amitié qui
existent entre les.deux nations et qui, il en a l'espoir,
se perpétueront.
L'empereur a exprimé son admiration pour l'armée
anglaise. Il a également loué la tenue des volontai-
res. Il a terminé par un toast à l'armée anglais?, qui
combattit autrefois aux côtés de l'armée prussienne
sur les champs de bataille de Malplaquet |et de Wa-
terloo.
Parmi les personnages qui assistaient à ce lunch'
en dehors des parsonnalités princières, on remarquait
les généraux anglais lord Wolseley, sir Redvers Bul-
ler, sir George Harman, sir Evelyn Wood, M. Stan-
hope, secrétaire d'Etat à la guerre, et les attachés mi-
litaires de France, d'Allemagne, d'Autriche, de Russie
et de Turquie.
L'empereur est retourné l'après-midi à Portsmouth
et à Osborne. ̃̃:«̃
̃̃̃ •: .'̃̃̃̃̃̃ Cowes, 8 août.
La reine passera en revue, dans l'après-midi d'au-
jourd'hui, les équipages de l'escadre allemande dans
les jardins d'Osborne-House.
L'empereur s'embarquera le soir, après le tir d'un
feu d'artifice, à bord du Hohenzollern, afin de partir de
bonne heure vendredi pour l'Allemagne.
Londres, 8 août.
En portant avant-hier, au Yacht-Club de Cowes, la
santé de l'empereur d'Allemagne, le prince de Galles,
après avoir fait allusion aux liens de parenté et d'a-
mitié qui existent entre l'empereur Guillaume et la
famille royale d'Angleterre, a ajouté: « J'espère que
la grande armée allemande, ainsi que la flotte an-
glaise que nous avons passée en revue hier, contri-
bueront à assurer le maintien de la paix. »
son neveu. Puis elle ordonna à la Raffaela
d'apporter les objets.
La vieille fille déplia d'abord un large cou-
vre-pied tricoté, formant des rayures jaunes et
brunes, d'un joli effet; il était de chaude et
souple laine, fait pour le lit de cuivre, aux
draperies de damas bouton-d'or.
Voilà 1 dit-elle d'un ton sec. Les raies sont
unies, M. Monteforte n'aimant pas les orne-
ments.
Puis ce fut un fichu bleu pâle pour Tere-
.sella.
Enfin, le troisième objet était une calotte
brune et simple, copiée sur un modèle an-
glais
Ceci, dit-elle cérémonieusement, sera pour
que M. Monteforte ne prenne pas un mal de
gorge sur la terrasse, quand il y fumera le soir.
Et, cette phrase terminée, Mariuccia se dispo-
sait à partir avec le cérémonial de l'arrivée.
Ce n'est pas aimable, tante Mariuccia, dit
gaiement Orlando. Alors on s'en va, comme
ça, sans m'embrasser?
La pauvre vieille fille s'arrêta, saisie. Non,
cet homme-là n'avait conscience de rien!
D'abord elle ne l'avait jamais embrassé de sa
vie, jamais!
Elle prit un grand air de sévérité scandali-
sée. Puis. tout en larmes, elle se jeta dans
ses bras.
Dès lors, la glace, entre eux, fut rompue.
Mais, dès ce jour aussi, Maria découvrit en
elle, avec son amour pour Teresa, une autre
affection puissante autant qu'inattendue. Elle
eut un trésor de tendresse indulgente, mêlée
d'admiration, pour le mari de sa nièce.
Quand l'aménagement complet de son atelier
fut terminé, Monteforte, après le repas du soir,
embrassa Teresa, et prit son chapeau pour se
rendre au café d'Europe.
La figure de sa femme s'allongea.
Comment,! tu vas sortir et me laisser toute
seule 1 dit-elle.
L'artiste s'arrêta net.
Cette réunion du soir était le seul lien qui
les unît tous et permît de parler des questions
communes à tous.
Faudrait-il encore lutter, discuter l'un après
l'autre tous les actes de la vie, voir toujours
sa femme jalouse et suspectant chacune de ses
sorties, les lui voir surveiller en compagnie
d'une servante comme jadis? 'l
Mme Monteforte, en le voyant immobile,
AFFAIRES COLONIALES
̃>̃; r- ̃ Madagascar •
M. Crouzet, administrateur de Sàinte-Marie-de.
Madagascar, vient d'être remplacé d'urgence, aprèe
une enquête qui à révélé certains faits à la charge
de ce fonctionnaire.
M. Rabourdin, administrateur de 2" classe, nom.
mé administrateur à Sainte-Marie, partira par 1«
paquebot du 12 août.
On annonce que M. Crouzet va être traduit de.
vant un conseil d'enquête qui siégera à la Réunion.
BULLETIN DE L'ÉTRANGER
(dépêches HAVAS ET RENSEIGNEMENTS PARTICULIERS)
Alsace-Lorraine
On a inauguré le 6 août un monument élevé à la
mémoire des soldats bavarois tombés en 1870, à 1»
bataille de Reichshofen.
Allemagne
Le Messager de l'Empire dit que des renseigne-
ments officiels pris sur les lieux ont montré que lg
nouvelle annonçant que la peste bovine aurait
éclaté dans la Pologne russe, près de la frontière
prussienne, est absolument erronée. Un certain
nombre de cas mortels d'inflammation de la rate sa
seraient produits dans la région en question; mais
cette épizootie, d'ailleurs peu étendue, serait déjà
éteinte.
En outre, la frontière prussienne est rigoureuse-
ment fermée depuis plusieurs années à l'importa-
tion des bestiaux russes de sorte qu'il n'y a pas
lieu de craindre la propagation d'une maladie con-
tagieuse quelconque.
L'introduction du bétail par contrebande aurait
également cessé depuis longtemps.
On dit dans les corcles politiques de Berlin que
le gouvernement a déjà dépensé, pour l'expédition
Wissmann, 800,000 marcs de plus que le crédit ac
cordé par ,1e Parlement allemand.
On ajoute que les dépenses de l'expédition aug-
menteront encore considérablement lorsque la lutte
aura lieu à l'intérieur du continent africain.
Le Bocrsenhalle apprend de source autorisée qu'à
partir de l'automne les vapeurs de la ligne Wœr-
mann feront escale, à titre d'essai, dans quelques
ports de la côte occidentale du Maroc.
La grande réunion convoquée pour aujourd'hui
jeudi par la Société coloniale, et où divers orateurs
devaient faire son procès à l'Angleterre, à l'occasion
des récents démêlés qu'elle a eus avec les Alle-
mands sur la côte orientale de l'Afrique, vient d'é-
tre contremandée, après l'arrêt du tribunal anglais
des prises déclarant illégale la saisie de la Neœra.
Une perquisition a été faite, dimanche soir, pa-
la police dans les bureaux des Nouvelles de Potsdaml
journal progressiste. Il s'agissait de découvrir la
manuscrit d un article qui avait paru dans un sup.
plément publié par ce journal, sous ce titre let
Guêpes de Polsdam. Dans l'article en question se
trouvaient, à propos du voyage fait en Norvège par
l'empereur Guillaume, des remarques ironiques que
la justice avait trouvées offensantes pour le souve-
rain et dont elle se proposait de poursuivre l'au-
teur. Le manuscrit n'a pas été découvert, et rédac-
teurs et compositeurs ont énergiquement refusé de
faire connaître le nom de l'auteur.
Angleterre
La Chambre des communes a terminé hier la dis-
cussion du budget des dépenses pour la police en
Irlande. Elle a repoussé un amendement de M. Sex-
ton demandant une réduction de 83,600 liv. st.,et le
chapitre du budget relatif à la police a été ensuite
adopté par 163 voix contre 128.
Le Standard publie un nouvel article hostile à la
France:
L'Angleterre dit-il en restant sur les bords du
Nil, travaille au maintien de l'empire ottoman et, par-
tant, de la paix. Cette attitude de l'Angleterre est
comprise et appréciée en Allemagne, en Autriche et
en Italie, tandis qu'en France on ne cesse de la criti-
quer. Il est donc naturel que les sympathies de l'An-
gleterre inclinent du côté des puissances centrales.
Les efforts de la triple alliance, qui tendent à em-
pêcher la réalisation des desseins ambitieux de la
Russie, sont également approuvés par le peuple an-
glais. Les Anglais estiment que l'Allemagne possède
légitimement l'Alsace-Lorraine par droit de conquête
ainsi que par un traité qui porte la signature de la
France.
D'autre part, ils sont d'avis que les Etats de la pé-
ninsule des Balkans ont le droit de se développer sans
avoir besoin d'écouter des ordres venus soit de Vienne,
soit de Saint-Pétersbourg ou de Constantinople.
Si l'Autriche essayait de restreindre les libertés
dont jouissent les Etats balkaniques, l'Angleterre ces-
serait, du coup, d'appuyer la politique du cabinet de
Vienne. De môme, le gouvernement britannique ne
pourrait aider le sultan dans le cas où celui-ci es-
sayerait de reconquérir l'autorité qu'il a perdue par
sa propre faute ainsi que par la force des circons-
tances.
Le programme de l'Angleterre peut se résumer ain-
si liberté pour les peuples de s'arranger à leur guise
sans l'intervention des puissances étrangères.
Ce programmé est également celui de l'Allemagne,
et c'est là ce qui fait que l'Angleterre, l'Allemagne et
les alliés de cette dernière puissance se trouvent ac-
tuellement unis sans qu'un traité d'alliance formelle
soit intervenu.
Le procès de -Mme Maybrick, accusée d'avoir em-
poisonné son mari, s'est terminé hier devant la
cour d'assises de Liverpool.
Le jury a rendu un verdict de culpabilité, et Mmo
Maybrick a été condamnée à la peine de mort.
Belgique ̃
Au Sénat, M. de Bronckère interpelle le ministre
des affaires étrangères au sujet de la loi qui a été
promulguée en France en faveur des déserteurs et
insoumis. L'orateur ne s'intéresse pas aux déser^,
teurs proprement dits, mais à ceux des fils de
crut qu'il hésitait et voulut, d'un mot, faire
pencher son indécision dans le sens de son dé-
sir à elle.
Ne sors pas le soir, dis, je t'en prie, mari
à moi. Je m'ennuierais tant, toute seule! Au.
trefois j'avais papa, maman, ma tante. Ne sors
pas, dis?
Dans un geste d'impatience, l'artiste com-
mença d'un ton sévère
Si tu prends de telles habitudes.
Mais il s'arrêta. La pauvre enfant s'était
montrée bien courageuse dans les difficiles
circonstances dernières.
Il réfléchit.
Ne valait-il pas mieux tenter de la convain-
cre et poser d'un seul coup les bases d'un ave-
nir exempt d'orages ?
Il posa son chapeau sur la table, s'assit et
l'attira sur ses genoux
Ecoute-moi bien, Teresa, dit-il.
Tu restes? demanda-t-elle joyeusement.
Et sûre d'avoir gagné sa cause avec si peu de
peine, elle passa ses bras autour du cou de son
mari.
Mais celui-ci, doucement, détacha les mains
enlacées. La pauvre petite prit peur. ̃
II prononça:
Ma fille, si tu veux que je t'aime, que
notre maison soit heureuse et notre vie paisi-
ble, il faut prendre la résolution de me laisser
l'indépendance oh limitée I dont un ar-
tiste a besoin.
La petite Mme Monteforte eut un cruel bat»
tement de cœur.
Tu dis « Si tu veux que je t'aime »
Alors, mari à moi, tu ne m'aimes donc pas ? `t
Il voulut sourire; mais le souvenir des an-
nées écoulées paralysa cette aimable tentative
et son expression redevint grave.
Je t'aime et tu le sais bien je t'aime d'au-
tant plus, ma chère enfant, que je t'ai trouvée
vaillante alors qu'il a fallu prouver ton affec-
tion pour moi.
Hé bien! fit-elle découragée, pourquoi me
parles-tu comme ça? Si tu veux me faire com-
prendre quelque chose, explique-le tendrement.
Je te l'ai dit, mari à moi, je ne peux pas tout
savoir, n'est-ce pas? Moi, je n'ai rien pu ap«
prendre en dehors des choses que tu m'as en-
seignées je n'avais jamais quitté ma famille.
Il fut troublé, désarmé, sur le point de restée
au logis et de se taire. Mais il demeurait mal*
gré tout sous l'impression de défiance créé*
par le passé. OLIVIER CHANTAL.
OLIVIER CHANTAL.
(A suivre. J i- ̃
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