Presse et revues
8 pages
Titre : Bayard
Auteur : Groupe Bayard. Auteur du texte
Éditeur : Bonne presse (Paris)
Éditeur : Bayard-PresseBayard-Presse (Paris)
Date d'édition : 1936-04-05
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb34431232n
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Description : 05 avril 1936 05 avril 1936
Description : 1936/04/05 (A1,N14). 1936/04/05 (A1,N14).
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bd6t5122764z
Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JOD-20001
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 19/12/2021
Journal hebdomadaire
12 fr
Paris 1 668
Donne i resse
L’ANGOISSANTE POURSUITE
teg
baas
ANNEE -
AVRIL
E-A.
Schafe
Le numéro : 0 fr. 25
rue Bayard, Paris, 8
A ux Etats-Unis, particulièrement dans les pro
vinces du Sud et du Sud-Ouest, un grand nombre
de malfaiteurs, au lieu d’être internés dans les
prisons, sont employés aux plus rudes travaux, soit
à défricher la terre, soit à établir, au milieu de diffi
cultés sans nombre, les tracés des lignes de chemin
de fer, ou bien encore à creuser des canaux dans les
régions malsaines.
Ce système a du bon, mais n’est pas sans inconvé
nients, et malgré l'active surveillance à laquelle
sont soumis les condamnés, il arrive parfois à l’un
d’eux de s’échapper.
Voici, à ce sujet, une histoire racontée par un
vieux mécanicien :
« C’était en descendant le Blue-Ridge, sur la ligne
de West-Caroline. A cet endroit, la voie du chemin
de fer, bien que serpentant le long des flancs rocail
leux de la montagne, n’en offre pas moins le plus
dangereux parcours que je connaisse : tantôt elle
domine d’insondables précipices, tantôt elle s’enfonce,
encaissée entre de hautes murailles de rochers, et
notez qu’en dépit des courbes que décrit cette ligne,
les rampes atteignent souvent 200 pieds par kilo
mètre.
Tout près du sommet de la montagne se trouve un
endroit qu’on désigne sous le nom de Malfamé. C’est
une crevasse bourbeuse qui fait le désespoir des
ingénieurs à cause des masses de terre glaise que Je
poids des rochers qui l’écrasent pousse incessam
ment, en sorte qu’elle se trouve à chaque instant
envahie. Aussi un train de construction est-il tou
jours là en permanence pour déblayer la voie.
C’est à ce rude et dangereux métier que sont
employés beaucoup de condamnés.
Ce jour-là, je conduisais la machine de renfort
nécessaire pour monter les wagons de ballast à ce
passage difficile, et, mon service achevé, j’avais,
comme d’habitude, conduit ma locomotive sur une
voie de garage parallèle à la grande ligne, laquelle,
naturellement, doit rester libre pour le passage de
l’express, que de ce point élevé on apercevait déjà
tout au pied de la montagne, montant péniblement
les rampes en spirales qui conduisaient au sommet
où nous nous trouvions.
Les détenus appartenant au train de construction
étaient encore occupés à déblayer la voie, et tous
travaillaient en silence, quand l’un d’eux, profitant
d’un moment d’inattention de ses surveillants, se
glissa derrière le tender, d’un bond s’élança sur la
machine, fit jouer le levier de mise en marche, et la
locomotive, emportée avec une vitesse épouvantable,
descendit droit à la rencontre du train de voyageurs.
Au cri de terreur poussé par l'un des surveil
lants, chacun devina ce qui venait de se passer, et
les coups de fusil éclatèrent de toutes parts, mais
aucune balle n’atteignit le but. Qu’eût-on gagné
d’ailleurs à tuer le misérable? Pour arrêter la loco
motive, il eût fallu renverser la vapeur, et la
lourde masse s’éloignait, emportée sur cette pente
rapide avec une vitesse dont il est aisé de se faire
une idée, mais qu’il est impossible de décrire.
(Voir la suite en dernière page.)
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AVRIL
E-A.
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A ux Etats-Unis, particulièrement dans les pro
vinces du Sud et du Sud-Ouest, un grand nombre
de malfaiteurs, au lieu d’être internés dans les
prisons, sont employés aux plus rudes travaux, soit
à défricher la terre, soit à établir, au milieu de diffi
cultés sans nombre, les tracés des lignes de chemin
de fer, ou bien encore à creuser des canaux dans les
régions malsaines.
Ce système a du bon, mais n’est pas sans inconvé
nients, et malgré l'active surveillance à laquelle
sont soumis les condamnés, il arrive parfois à l’un
d’eux de s’échapper.
Voici, à ce sujet, une histoire racontée par un
vieux mécanicien :
« C’était en descendant le Blue-Ridge, sur la ligne
de West-Caroline. A cet endroit, la voie du chemin
de fer, bien que serpentant le long des flancs rocail
leux de la montagne, n’en offre pas moins le plus
dangereux parcours que je connaisse : tantôt elle
domine d’insondables précipices, tantôt elle s’enfonce,
encaissée entre de hautes murailles de rochers, et
notez qu’en dépit des courbes que décrit cette ligne,
les rampes atteignent souvent 200 pieds par kilo
mètre.
Tout près du sommet de la montagne se trouve un
endroit qu’on désigne sous le nom de Malfamé. C’est
une crevasse bourbeuse qui fait le désespoir des
ingénieurs à cause des masses de terre glaise que Je
poids des rochers qui l’écrasent pousse incessam
ment, en sorte qu’elle se trouve à chaque instant
envahie. Aussi un train de construction est-il tou
jours là en permanence pour déblayer la voie.
C’est à ce rude et dangereux métier que sont
employés beaucoup de condamnés.
Ce jour-là, je conduisais la machine de renfort
nécessaire pour monter les wagons de ballast à ce
passage difficile, et, mon service achevé, j’avais,
comme d’habitude, conduit ma locomotive sur une
voie de garage parallèle à la grande ligne, laquelle,
naturellement, doit rester libre pour le passage de
l’express, que de ce point élevé on apercevait déjà
tout au pied de la montagne, montant péniblement
les rampes en spirales qui conduisaient au sommet
où nous nous trouvions.
Les détenus appartenant au train de construction
étaient encore occupés à déblayer la voie, et tous
travaillaient en silence, quand l’un d’eux, profitant
d’un moment d’inattention de ses surveillants, se
glissa derrière le tender, d’un bond s’élança sur la
machine, fit jouer le levier de mise en marche, et la
locomotive, emportée avec une vitesse épouvantable,
descendit droit à la rencontre du train de voyageurs.
Au cri de terreur poussé par l'un des surveil
lants, chacun devina ce qui venait de se passer, et
les coups de fusil éclatèrent de toutes parts, mais
aucune balle n’atteignit le but. Qu’eût-on gagné
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