Titre : Bayard
Auteur : Groupe Bayard. Auteur du texte
Éditeur : Bonne presse (Paris)
Éditeur : Bayard-PresseBayard-Presse (Paris)
Date d'édition : 1936-03-15
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb34431232n
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Description : 15 mars 1936 15 mars 1936
Description : 1936/03/15 (A1,N11). 1936/03/15 (A1,N11).
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bd6t5122761t
Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JOD-20001
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 19/12/2021
Sans peur et sans reproche
Le numéro : 0 fr. 25 - Un an : 12 fr.
Siège : 5, rue Bayard, Paris, 8°.
Ch. p. : Paris 1668. Bonne Presse, w
SUR LE CHEMIN
Ce jour-là, Henri Morin, le défricheur canadien,
avait quitté sa maisonnette de la forêt pour se
rendre à la ville voisine où l’appelait une affaire
relative à la vente de son bois.
Il faisait la route en traîneau, tiré par son
robuste cheval, car on était en plein cœur de l’hiver
et la terre disparaissait sous une épaisse couche de
neige durcie par le gel.
Il avait accompli à peu près la moitié du trajet,
quand il aperçut devant lui, sur la route, un garçon
de 12 à 13 ans qui marchait péniblement en
s’appuyant sur un bâton.
Morin, qui avait très bon cœur, s’arrêta :
— Hé, petit ! cria-t-il.
L’enfant s’avança près du traîneau.
— Qu’y a-t-il, Monsieur ?
— Tu as l'air d’avancer bien lentement, ce n’est
pas prudent, vu la température. Es-tu souffrant ?
— Non, Monsieur, pas positivement, mais il m’est
venu une ampoule , au talon et naturellement cela
me fait mal et m’empêche d’aller aussi vite que je
voudrais.
— Où vas-tu ?
— A la ville, Monsieur.
— J’y vais aussi ; monte avec moi, cela t’épar
gnera de la fatigue et du temps.
— Oh ! merci, Monsieur, vous êtes bien bon.
Le jeune garçon s’installa dans le véhicule avec
un visible plaisir. Le cheval, stimulé par son maître,
recommença à trotter, et les deux voyageurs enta
mèrent la conversation.
— Alors, comme cela, dit Morin, tu vas à la ville
et tu viens de loin ?
— Encore assez, Monsieur, je viens de X...
Et il cita le nom d’un village distant de plusieurs
milles.
— Mais c’est très loin d’ici ; et que vas-tu faire
à la ville ?
— Tâcher de trouver du travail, Monsieur. Je
m’appelle Louis Vauclin ; j’ai perdu récemment mes
parents. Ils étaient très pauvres et ne m’ont rien
laissé ; dans le village, il n’y avait pas d’ouvrage
pour moi. Alors, on m’a conseillé de me rendre à la
ville, où, m’a-t-on dit, je trouverai peut-être une
occupation quelconque.
— Mais que voudrais-tu faire ?
— N’importe quoi, Monsieur, je puis faire des
courses, porter des paquets, cirer les souliers,
vendre des journaux, ou bien encore me placer
comme petit domestique si quelqu’un veut bien
m’engager.
— Je vois que tu ne manques pas de courage,
c’est très bien. Avec du courage et de la bonne
volonté on arrive toujours à s’èn tirer. Moi-même,
je tâcherai de te recommander à plusieurs per
sonnes que je connais, mais tu sais, ne t’illusionne
pas ; ma recommandation ne te servira pas à
grand’chose si l’on n’a pas besoin de toi ; la vie
est dure en ce moment et les places sont rares.
— Merci beaucoup, Monsieur.
Morin se tut ; depuis quelques instants il se sen
tait pris d’un étrange malaise qui s'aggravait d’ins
tant en instant. Soudain, les guides s’échappèrent
de ses mains et il s’affaissa sur lui-même.
— Monsieur, Monsieur, qu’avez-vous ? cria Louis
effrayé.
Son compagnon ne répondit pas, il était évanoui.
Le cheval, ne se sentant plus conduit, s’était
arrêté.
histoire vécue,
9 par VALDOR.
Louis prodigua au malade tous les soins en son
pouvoir ; il le frictionna, lui bassina le front avec
de la neige ; ayant vu dans le traîneau une petite
valise, il l’ouvrit et y trouva un flacon d’eau-de-vie.
Il parvint à en faire avaler quelques gouttes à
Morin que ce breuvage ranima.
Il rouvrit les yeux.
— Comment vous trouvez-vous, Monsieur ?
demanda Louis avec inquiétude.
— Pas bien, pas bien, murmura le défricheur,
j’ai sommeil.
Et refermant les yeux, il tomba dans une dange
reuse sorinolence.
— Il lui faut du secours immédiat ou il mourra,
se. dit le jeune garçon.
Il enveloppa chaudement Morin dans les four
rures garnissant le traîneau, saisit les rennes et
excita le cheval qui partit au galop.
Peu après, on arriva en vue d’un village qui
possédait une auberge. Louis arrêta son équipage
devant la porte, sauta lestement à terre et, s’adres
sant à l’aubergiste qui venait de paraître sur le
seuil.
— Vite, Monsieur, dit-il, il y a là un voyageur
bien malade ; voulez-vous m’aide" à le transporter
dans la maison.
— Certainement, dit l’hôte en se hâtant vers le
traîneau.
A eux deux ils enlevèrent Morin, toujours à peu
près inconscient, et quelques minutes après il était
couché chaudement dans un lit. L’aubergiste envoya
llUlli
.emAarnWWAVIINNN""i/Mi.
‘/
MAIPIIOIMTBMDMADIJITMpafMwmmurunyg.
— -U
-- --- —— —stegll"HTlTG@ltiyMUIa
(aald "Amtee"alug61ajin
chercher un médecin,' qui, après avoir examiné le
malade, diagnostiqua une congestion causée par le
froid.
— C’est un homme robuste, dit-il, j’espère qu’il
s’en tirera ; mais il lui faut des soins assidus, il a
besoin d’avoir auprès de lui quelqu’un qui ne le
quitte pas.
— Moi, je le ferai, dit Louis.
— C’est ton père ?
— Non, Monsieur.
— Ton parent? Ton ami?
— Non, Monsieur.
— Alors, comment te trouvais-tu avec lui ?
Le jeune garçon raconta ce qui s’était passé.
— Comme vous voyez, il a été bien bon pour
moi, dit-il en terminant ; je serai très content de
lui rendre service à mon tour en le soignant.
— Eh bien, mon garçon, c’est entendu, je vais
t’expliquer ce qu’il y a à faire ; d’ailleurs, cela n’est
pas très compliqué,
— Et puis, moi et ma femme, nous lui donnerons
un coup de main, dit l’aubergiste qui était brave
homme. .
Le petit Louis s’installa donc au chevet du
malade, qu’il soigna avec autant d’intelligence que
de dévouement. Celui-ci avait été heureusement
secouru à temps. Comme l’avait prévu le docteur,
sa robuste constitution triompha ; il entra en con
valescence assez rapidement.
Quand il fut assez bien pour quitter l’auberge,
il dit à Louis :
— Mon garçon, tu m’as sauvé la vie.
— Mais non, Monsieur, ça n’est pas moi, c’est
le docteur.
— Du tout ; si tu n’avais pas été là dans le traî
neau quand j’ai perdu connaissance, je serais mort
à l’heure qu’il est. Je sais ce que je dis. Alors, j’ai
une proposition à te faire. Veux-tu venir vivre
avec moi, chez moi, sur mon chantier ? Je t’appren-
Le numéro : 0 fr. 25 - Un an : 12 fr.
Siège : 5, rue Bayard, Paris, 8°.
Ch. p. : Paris 1668. Bonne Presse, w
SUR LE CHEMIN
Ce jour-là, Henri Morin, le défricheur canadien,
avait quitté sa maisonnette de la forêt pour se
rendre à la ville voisine où l’appelait une affaire
relative à la vente de son bois.
Il faisait la route en traîneau, tiré par son
robuste cheval, car on était en plein cœur de l’hiver
et la terre disparaissait sous une épaisse couche de
neige durcie par le gel.
Il avait accompli à peu près la moitié du trajet,
quand il aperçut devant lui, sur la route, un garçon
de 12 à 13 ans qui marchait péniblement en
s’appuyant sur un bâton.
Morin, qui avait très bon cœur, s’arrêta :
— Hé, petit ! cria-t-il.
L’enfant s’avança près du traîneau.
— Qu’y a-t-il, Monsieur ?
— Tu as l'air d’avancer bien lentement, ce n’est
pas prudent, vu la température. Es-tu souffrant ?
— Non, Monsieur, pas positivement, mais il m’est
venu une ampoule , au talon et naturellement cela
me fait mal et m’empêche d’aller aussi vite que je
voudrais.
— Où vas-tu ?
— A la ville, Monsieur.
— J’y vais aussi ; monte avec moi, cela t’épar
gnera de la fatigue et du temps.
— Oh ! merci, Monsieur, vous êtes bien bon.
Le jeune garçon s’installa dans le véhicule avec
un visible plaisir. Le cheval, stimulé par son maître,
recommença à trotter, et les deux voyageurs enta
mèrent la conversation.
— Alors, comme cela, dit Morin, tu vas à la ville
et tu viens de loin ?
— Encore assez, Monsieur, je viens de X...
Et il cita le nom d’un village distant de plusieurs
milles.
— Mais c’est très loin d’ici ; et que vas-tu faire
à la ville ?
— Tâcher de trouver du travail, Monsieur. Je
m’appelle Louis Vauclin ; j’ai perdu récemment mes
parents. Ils étaient très pauvres et ne m’ont rien
laissé ; dans le village, il n’y avait pas d’ouvrage
pour moi. Alors, on m’a conseillé de me rendre à la
ville, où, m’a-t-on dit, je trouverai peut-être une
occupation quelconque.
— Mais que voudrais-tu faire ?
— N’importe quoi, Monsieur, je puis faire des
courses, porter des paquets, cirer les souliers,
vendre des journaux, ou bien encore me placer
comme petit domestique si quelqu’un veut bien
m’engager.
— Je vois que tu ne manques pas de courage,
c’est très bien. Avec du courage et de la bonne
volonté on arrive toujours à s’èn tirer. Moi-même,
je tâcherai de te recommander à plusieurs per
sonnes que je connais, mais tu sais, ne t’illusionne
pas ; ma recommandation ne te servira pas à
grand’chose si l’on n’a pas besoin de toi ; la vie
est dure en ce moment et les places sont rares.
— Merci beaucoup, Monsieur.
Morin se tut ; depuis quelques instants il se sen
tait pris d’un étrange malaise qui s'aggravait d’ins
tant en instant. Soudain, les guides s’échappèrent
de ses mains et il s’affaissa sur lui-même.
— Monsieur, Monsieur, qu’avez-vous ? cria Louis
effrayé.
Son compagnon ne répondit pas, il était évanoui.
Le cheval, ne se sentant plus conduit, s’était
arrêté.
histoire vécue,
9 par VALDOR.
Louis prodigua au malade tous les soins en son
pouvoir ; il le frictionna, lui bassina le front avec
de la neige ; ayant vu dans le traîneau une petite
valise, il l’ouvrit et y trouva un flacon d’eau-de-vie.
Il parvint à en faire avaler quelques gouttes à
Morin que ce breuvage ranima.
Il rouvrit les yeux.
— Comment vous trouvez-vous, Monsieur ?
demanda Louis avec inquiétude.
— Pas bien, pas bien, murmura le défricheur,
j’ai sommeil.
Et refermant les yeux, il tomba dans une dange
reuse sorinolence.
— Il lui faut du secours immédiat ou il mourra,
se. dit le jeune garçon.
Il enveloppa chaudement Morin dans les four
rures garnissant le traîneau, saisit les rennes et
excita le cheval qui partit au galop.
Peu après, on arriva en vue d’un village qui
possédait une auberge. Louis arrêta son équipage
devant la porte, sauta lestement à terre et, s’adres
sant à l’aubergiste qui venait de paraître sur le
seuil.
— Vite, Monsieur, dit-il, il y a là un voyageur
bien malade ; voulez-vous m’aide" à le transporter
dans la maison.
— Certainement, dit l’hôte en se hâtant vers le
traîneau.
A eux deux ils enlevèrent Morin, toujours à peu
près inconscient, et quelques minutes après il était
couché chaudement dans un lit. L’aubergiste envoya
llUlli
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— C’est un homme robuste, dit-il, j’espère qu’il
s’en tirera ; mais il lui faut des soins assidus, il a
besoin d’avoir auprès de lui quelqu’un qui ne le
quitte pas.
— Moi, je le ferai, dit Louis.
— C’est ton père ?
— Non, Monsieur.
— Ton parent? Ton ami?
— Non, Monsieur.
— Alors, comment te trouvais-tu avec lui ?
Le jeune garçon raconta ce qui s’était passé.
— Comme vous voyez, il a été bien bon pour
moi, dit-il en terminant ; je serai très content de
lui rendre service à mon tour en le soignant.
— Eh bien, mon garçon, c’est entendu, je vais
t’expliquer ce qu’il y a à faire ; d’ailleurs, cela n’est
pas très compliqué,
— Et puis, moi et ma femme, nous lui donnerons
un coup de main, dit l’aubergiste qui était brave
homme. .
Le petit Louis s’installa donc au chevet du
malade, qu’il soigna avec autant d’intelligence que
de dévouement. Celui-ci avait été heureusement
secouru à temps. Comme l’avait prévu le docteur,
sa robuste constitution triompha ; il entra en con
valescence assez rapidement.
Quand il fut assez bien pour quitter l’auberge,
il dit à Louis :
— Mon garçon, tu m’as sauvé la vie.
— Mais non, Monsieur, ça n’est pas moi, c’est
le docteur.
— Du tout ; si tu n’avais pas été là dans le traî
neau quand j’ai perdu connaissance, je serais mort
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