Titre : L'Œuvre
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Éditeur : [s.n.][s.n.] (Clermont-Ferrand)
Date d'édition : 1926-12-11
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb34429265b
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Description : 11 décembre 1926 11 décembre 1926
Description : 1926/12/11 (N4089). 1926/12/11 (N4089).
Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse... Collection numérique : Bibliographie de la presse française politique et d'information générale
Description : Collection numérique : BIPFPIG63 Collection numérique : BIPFPIG63
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k4614325m
Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JOD-90
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 12/09/2016
L'ŒUVRE
[texte illisible]
]Ei"xnrx«>W "]Ei PRRIS
N° 4089. - SAMEDI il DECEMBRE 1926.
9, rue Louis-le-Grand (2e)
•V . 1 Adr. télég. : ŒUVRE-PARIS
~ Ckisut nastai : Compte 1046 , . ,
Directeur
-
...
~.. 1~., ., ~ GUSTAVE TÉHJT^
[texte illisible]
" Les traités de Locarno ont le sens d'une modifi-
cation complète de toute la politique européenne entre
les anciens adversaires de la guerre et introduisent un
nouvel esprit dans leurs relations. Ils constituent un essai
qui lut rarement tenté, tendant à réaliser une politique
basée sur l'amitié et la confiance réciproques. "
NANSEN. ; (Discours prononcé à la séance Manceso!enneMc
de l'Institut Nobel).
L'Académie Goncourt
chez Claude Monet
C'est la semaine prochaine que sera
1 rlécerné le Prix Goncourt pour 1926.
Au lendemain de l'élection de Courte-
iline, je disais à l'un de mes collègues : ^
| — Savez-vous ce qui serait chic. élé-
gant, gentil ?
I — Non.
.— Avec quelle difficulté Courteline se
'(déplace aujourd'hui, vous ne l'ignorez
jpas. Pourquoi l'Académie Goncourt --
'une fois n'est pas coutume — ne ferait-
elle pas servir son prochain déjeuner...
chez le nouvel élu ? Je suis convaincu
hu'il mettrait avec joie sa salle à manger
à votre disposition.
— Y pensez-vous ! Nos statuts... nos
règlements...
— Laissez donc ! Je les connais mieux
que vous. Il y a des précédents. Le res-
taurant n'est pas notre siège social obli-
gatoire. Le 5 juin 1915, notre déjeuner
mensuel, auquel assistaient Geffroy,
Rosny aîné, Hennique, Elémir Bourges
"et votre serviteur, eut lieu à Cheverche-
mont, chez Octave Mirbeau. Au dessert,
arriva Claude Monet, que l'on n'atten- -
dait pas. Il ne comptait parmi nous que
des amis... à telle enseigne que nous
l'invitions à nos déjeuners chez Drouant,
lorsqu'il se trouvait à Paris à ce moment-
là. Il fut ravi de l'occasion que nous lui
donnions de nous rendre notre poli-
tesse... et il fut décidé séance tenante que
le déjeuner suivant nous réunirait à Gi-
verny quinze jours après.
Le 19 juin donc, les convives de Mir-
beau — à l'exception de Bourges, empê-
ché — prirent, à la gare Saint-Lazare, le
train pour Mantes, d'où deux automo-
biles envoyées par Monet les transportè-
rent chez lui. Mirbeau, déjà malade, y,
vint de son côté.
La belle journée ! Elle est restée pour
moi inoubliable. '_'•■■■ ' - ...
Monet nous reçut simplement, cordia-
lement et princièrement, dans cette mai-
son de féerie où il s'était installé en 1883,
le jour même où mourait Edouard Ma-
1 net, son maître qui devint son élève à
partir du moment où celui-ci subit in-
contestablement l'influence du parrain
de l'Impressionnisme-.
Robuste et infatigable à 75 ans, Claude
Monet peignait dehors toute la journée.
Chef de l'école du plein air, il ne cessait
pas de prêcher d'exemple. Il s'enivrait
de lumière, Etre foudroyé en plein soleil,
;devant le « motif )J, iquel rêve d'artiste !
Il avait dli le faire quelquefois.
Avant déjeuner, il nous emmena voir,
dans son atelier, la série des Nymphéas
:qu'il avait entreprise et à laquelle Cle-
menceau s'intéressait vivement. Ce, der-
nier avait obtenu du maître la promesse
Ique cette vaste composition décorative
développée en douze panneaux, plus
;beaux les uns que les autres, serait of-
'ferte à l'Etat. #
■ Geffroy, qui s'y conaissait, déclarait
que jamais peintre n'avait exprimé avec
,un pareil bonheur les jeux de lumière
du ciel et de l'eau combinés.
Mirbeau interrogea Monet sur la durée
du travail en train.
— J'en $i encore pour cinq ans environ,
répondit Monet.
■ — Vous exagérez, reprit Mirbeau. Met-
tons deux ans, avec cette assiduité dont
.rien ne vous détourne. •
: La salle à manger de Giverny, claire
et spacieuse, était ornée d'estampes japo-
naises. Monet appréciait la bonne chère,
avait bon appétit et buvait son vin pur.
Il rie tolérait l'eau, à petite dose, qu'a-
près le chocolat du matin. Mais il fumait
quarante cigarettes par jour..., excès
sans inconvénients, étant donné qu'il fu-
mait la plupart du temps en plein air et
jetait ses cigarettes à demi ^ consumées. |
. Après déjeuner, nous suivîmes Claude
'Monet dans son merveilleux jardin.
Sur le chapitre des fleurs, les plus
rares et les plus délicates, Monet trouvait
à qui parler en la personne de Mirbeau.
'Ils échangeaient des noms, des adresses,
des caprices de collectionneurs. Ils en
avaient plein les yeux, comme on a plein
la bouche d'une gourmandise.
Aussi quel drame ce fut, dans l'exis-
tence paisible de Monet, lorsque sa vue
s'affaiblit ! Je l'accompagnai chez un
oculiste qui s'efforça de le rassurer.
L'opération de la cataracte, lorsqu'elle
s'imposerait, laisserait à son œil une vi-
sion suffisante pour lui permettre de
saisir encore les aspects des choses dans
la clarté de l'heure.
Monet demeurait inquiet, frappé. Il
,se mit à mourir lentement, lorsque son
regard en veilleuse lui annonça la chute
du jour et le terme de sa longue tâche.
Ce fut Clemenceau qui me donna pour
la dernière fois de- ses nouvelles. J'étais
>'^,llé le voir, rue Franklin, pour causer
de l'ami que nous venions de perdre,
Gustave Geffroy.
— Et Monet, lui dis-je,: comment1
va-t-il ?
— Pas bien. Il baisse beaucoup, me
répondit Clemenceau, son cadet d'un an
à peine. Vous ai-je montré son portrait'
par lui-même ?
Le vieux lutteur se leva avec la viva-
cité d'un jeune homme; m'entraîna dans
la pièce voisine 'et s'arrêta devant une
toile haut placée.
— Est-ce beau ! Monet en avait exécuté,
un autre qu'il a malheureusement dé-
truit, n'en étant pas satisfait. Vous ne
voyez pas bien celui-ci. Il faudra que
vous reveniez quand mon valet de cham-
bre sera là; je lui ferai décrocher le
tableau pour vous le présenter dans la
lumière du jardin. Je le destine au
Louvre.
Et le frémissement de Clemenceau me
faisait sentir qu'il aimait à la fois et la
peinture et le peintre.
Il y a toujours quelque chose d'émou-
vant dans ce qui ne meurt pas...
Lucien Descaves
de l'Académie Goncourt.
1 ' de l'Académie: Goncourt. \
-
Comme « l'Œuvre » le demandait
en décembre 1925
et comme elle l'annonçait hier
les Prix Nobel pour la Paix
de 1925 et 1926
sont partagés entre
MM. A. Briand, Stresemann,
Chamberlain et Dawes
Au cours de la séance solennelle
de l'Institut Nobel, le docteur Nansen
a prononcé un très beau discours
Qslo, 10 décembre'. — La séance solen.
nelle de l'Institut Nobel a eu lieu ,aujour.
d'hui. Dans l'assistance nombreuse on
remarquait le roi, le prince royal, des
représentants du Storthing, du gouverne-
ment, du corps diplomatique, du monde
des sciences, des arts, de la littérature et
de la presse, des grandes organisations
industrielles et des diverses corporations
ouvrières.
M. Frédéric Stang, président du Comité
Nobel du Storthmg et recteur de l'Univer-
sité d'Oslo, a annoncé que le prix Nobel
pour la pûn.E de 1925 était conféré à Sir
Austen Chamberlain et au général Char-
les Dawes, et celui de 1926 à MM. Briand
et Stresemann.
Le professeur Fridtjof Nansen a pro-
noncé un discours.
Les ministres de Grande-Bretagne, des
Etats-Unis, de France et d'Allemagne ont
reçu des médailles et c\es diplômes au
nom de Sir Austen, Chamberlain, du gé-
néral Dawes et de MM. Briand et Stre-
semann.
La communication du président du Co-
mité Nobel et le discours de M. Nansen
ont été chaleureusement applaudis. L'or-
chestre du Théâtre national a joué plu-
sieurs morceaux, et la séance s'est ter-
miné par l'hymne national jricirvég,ien.
840.000 francs...
Le montant du prix Nobel pour une an-
née est de 125.000 couronnes norvégiennes
environ, soit, au cours actuel du change,
840.000 francs.
(On lira en trçisième page le - discours
du professeur Nansen.) -
PARIS-LES-BRUMES
Un brouillard épais a plongé Paris, hier
matin, dans l'obscurité. Voici, à midi,
l'avenue de la Grande-Armée, éclairée par
les halos des réverbères.
(Lire l'article à la 2e page.)
[illisible]
— Vous avez plus de poireaux ?
— Pensez-vous, je vas vendre de l'esca-
lope, c'est plus distingué !
.
LE DÉSARMEMENT DE L'ALLEMAGNE
ET LES ALLIÉS
La Conférence des Ambassadeurs
fait encore des réserves
sur deux points
Elle envoie un nouveau rapport
aux représentants
des gouvernements alliés à Genève
Sous la présidence de M. Jules Cambon,
la ConféTence des Ambassadeurs a siégé,
hier encore, de 4 à 6 heures, au Quai
d'Orsay. .. ,.
Sans prendre de décision négative —
car elle n'a pas, à proprement parler, de
décision à prendre — la Conférence s est
ajournée sine die, après avoir adressé un
deuxième rapport aux ministres et aux
délégués des gouvernements alliés à Ge-
nève. - • • "
On devra se garder de -7.'..,tirer de^ ce fait
aucune conclusion pessimiste, car il est.
tout à fait normal qu'arrivées tout près
de leur terme des négociations subissent
un temps d'arrêt.
Et, si des réserves sont encore faites
sur deux points, il n'en reste pas moins
que des résultats satisfaisants ont été
enregistrés sur. tous les autres.
Font encore obstacle — selon la Confé-
rence des Ambassadeurs, dont l opinion
s'est exprimée à l'unanimité — à la déli-
vrance d'un satisfecit à l'Allemagne : ses
ouvrages militaires en Prusse orientale,
spécialement à Kœnigsberg, et l'exporta-
tion d'éléments pouvant être transformés
en matériel de guerre.
Sur ces deux points, le comité militaire
interallié, présidé par le maréchal Foch,
avait, dans la matinée, entendu à nou-
veau le général allemand von Pawels et
établi un rapport qui a été versé au débat
de la Conférence.
En ce qui concerne le matériel de
guerre, il ne s'agit plus guère que de
définitions à formuler. Mais, la question
des fortifications en Prusse orientale est
plus délicate : en invoquant la version
anglaise du traité de Versailles, les Alle-
mands 'soutiennent qu'ils ont le droit de
maintenir « en état », c'est-à-dire de ré-
parer constamment et d'améliorer les for-
tifications existantes, alors que le texte
français paraît limiter ce droit à la sim-
ple non-disparition de celles-ci. Il est
bien évident que, si le différend ne ré-
side • plus que - dans l'établissement d'une
définition et la précision des quelques dé-
tails matériels qui en découlent, on est
bien près d'aboutiir.
Il ne serait donc nullement impossible
que les ministres et délégués réunis à Ge-
nève y réussissent prompteanent.
La Conférence des Ambassadeurs peut,
en effet, se réunir d'une heure à l'autre
et fournir en temps opportun l'avis dernier
qu'on attend d'elle. M. Massigli, son se-
crétaire général, n'est, - en effet, pas re-
parti pour Genève.
f !I::......n
Victor Snell.
La conférence terminée, le communiqué
suivant a été remis à la presse :
La Conférence des Ambassadeurs a 'été
saisie du résultat des conve1'sations pour-
suivies entre ses représentants militaires
et le général von Pawels. '
Un nouveau rapport est adressé à ce
sujet aux ministres et aux délégués des
gouvernements belge, britannique, fran-
çais, italien et japonais, actuellement
réunis à Genève.
La Société des Nations fixera sans doute
aujourd'hui la date du retrait de la Com-
mission interalliée en Allemagne.
(Voir en 3e page la dépêche de notre
envoyé spécial.)
Le prix du pain
baisse de 15 centimes
La commission d'évaluation du prix des
farines a décidé hier qu'il y avait lieu
d'abaisser de 15 centimes le prix du pain,
en raison d'une baisse constatée de 17
francs, depuis huit jours, par quintal de
farine. Le prix du kilo de pain sera donc
de 2 fr. 25 à partir du 16 courant.
Le scandale
des viandes avariées
s'étend
M. André Magre, préfet de Meurthe-et-Moselle,
fait d'énergiques déclarations
(De notre correspondant particulier)
Nancy, 10 décembre. — Les scandales ]
qui mettent en péril la, santé de nos-popu-
lations ne pouvaient laisser indifférent
M. André Magre, préfet de Meurthe-et-Mo-
selle. L'administrateur de notre départe-
ment joint à une claire netteté de vues
une rare fermeté d'ans ses décisions. En
apprenant avec quelle audace certains mer-
cantis ont empoisonné leur clientèle trop
confiante, M. Magre s'est proposé (l'agir
sans retard, et nous avons pu annoncer
: d'imminentes sanctions Nous avons été
,reçu ce matin dans son cabinet. 1.1 n'a
point dissimulé son émotion.-
— Il faut enrayer énergiquement un mal
dont les progrès ont été dénoncés par les
commerçants honnêtes, nous a-t-il déclaré.
Les consommateurs ont besoin d'être pro-
tégés contre une spéculation sans vergo-
gne. La justice poursuit son œuvre de son
côté. En ce qui me concerne, je prépare
des arrêtés sévères. J'ai été frappé, comme
le public, par l'insolence de certains béné-
fices. Le trafic des viandes foraines fera
l'objet d'une réglementation qui augmen-
tera les garanties que l'hygiène exige. Le
contrôle redoublera de rigueur. Les vété-
rinaires sanitaires devront s'acquitter de
leur tâche délicate d'une manière irrépro-
chable. Je sais que certains d'entre eux
jouissent d'un traitement trop modeste. Il
sera relevé dans la proportion de leurs res-
ponsabilités. Le vétérinaire de Jarville, par
exemple, touchant seulement 600 fr. par
an, en recevra 6.000 dorénavant. J'ai prêté
une oreille attentive aux griefs exprimés
sur divers points du département. J'ai sui-
vi avec un intérêt constant les enquêtes
menées depuis un mois. J'ai lu enfin les
nombreux articles parus dans la presse. La
question qu'il s'agit de résoudre s'est pré-
, sentée ainsi, sous tous ses aspects. Mais,
en raison du caractère que revêtiront mes
décisions, vous comprendrez que j'évite du
faire à ce'su jet des confidences.
Un pareil langage prive les audacieux
défenseurs des mercantis Aubry et Moine
d'un argument qui ne manque point d'un
certain cynisme. Ils disent que le gouver-
nement a prescrit une politique rigoureuse
d'économies.
•" * * *
— On aurait mauvaisé grâce, ajoutent-
ils, à incriminer notre louable intention
de combattre le gaspillage des denrées
d'alimentation. Au lieu de jeter les viandes
de qualité médiocre, nous en tirons parti
pour la charcuterie. C'est, à peu de choses
près, ce qui se passe en Alsace et en Lor-
raine, où les lois autorisent le freibanl,
ou se débitent les morceaux inférieurs
après qu'ils ont été désinfectés dans des
étuves spéciales. Personne ne s'est jamais
plaint. La classe ouvrière se procure ainsi,
à Strasbourg comme à Metz, des pot-au-
feu qu'elle paie très bon marché.
Pour peu qu'on les écoute, nos mercan-
tis en arriveront à demander des récom-
penses officielles. M. André Magre se mon-
tre mal disposé à tolérer un scandale qu'on
arrive presque à couvrir du masque de la
philanthropie. Je tiens de source certaine
que les équarrissages de Jarny sont logés
à la même enseigne que ceux des Vosges.
Les fermiers ont cessé l'envoi de leurs
bêtes malades et accidentées. Si des pré-
lèvements sont faits habilement chez les
bouchers et charcutiers du bassin de Briey,
on fera à brève échéance de sensationnelles
découvertes. J'ai vu, ce matin, chez un
équarrisseur de Tomblaine, un quartier de
vache auquel adhéraient des tubercules
plus gros que le poing. Le vétérinaire,
M. Génot, a estimé sans doute que le reste
de l'animal n'expose à aucun danger la
santé publique. Il est probablement seul de
cet avis. Quoi qu'il en soit, les Nancéiens
consommeront cette viande-là. Le prési-
dent du syndicat de la charcuterie, M. Vis-
cat, s'est ému, hier, dans une séance du
Comité économique, des renseignements
fournis à la presse par le chef de division
de la préfecture. M. Vidal, secrétaire gé-
néral, qui présidait le comité, a répondu
fort à propos qu'il couvrait ce haut fonc-
tionnaire. M. Viscat aurait été mieux ins-
piré, peut-être, en apportant un démenti
aux informations que nous avions publiées.
Mais comment eût-il pu rectifier les résul-
tats d'une enquête menée avec le scru-
pule de rechercher la vérité en ces trou-
blantes affaires ? Les bouchers seraient
non moins mal venus de protester. C'est
leur représentant, M. Louis Moine, qui
est actuellement sur la sellette. Pourquoi
ne se dressent-ils point contre lui, dans
un même élan d'indignation, puisqu'il a
trahi leur confiance ? Le public . attend
ce geste de réprobation. (Œuvre.)
LES CHANGES
V Avant-hier Hier x
I La livre. - 122,85 124,20 §
A Le dollar. 25,50 25,78 ^
-~ ---
1
L'anarchiste Rebuffé
devant
les Assises de la Seine
L'absence d'un témoin provoque de vifs incidents
L'affaire est renvoyée à une prochaine session
A peine la Cour a-t-elle pris place dans
la salle d'audience que l'on sent déjà rap-
proche de l'orage.
Rebuffé est à son, banc, nerveux, l'oreil-
le aux. aguets, l'œil fiévreux. La journée
doit être décisive.- Il le sait. Il veut se dé-
fendre jusqu'au bout sans faiblir. Il a du
cran. Il en usera.
L'inspecteur principal Béthuel s'avan-
ce à la barre. Il raconte l'arrestation de
Rebuffé, parle de l'émission de faux bil-
[illisible]
Me DELATTRE
L'AVOCAT GÉNÉRAL
lets qui valut a l'inculpé cinq ans de ré-
clusion et discute avec lui de l'épineuse
question des aveux.
Il y a autre chose. L'inspecteur Bethuel
a reçu le 4 décembre une lettre de Rebuf-
fé lui demandant de bien vouloir le venir
voir à la prison. (e J'ai des déclarations à.
vous faire, écrivait-il. Ayant beaucoup à.
vous dire, je désire que vous me con-
sacriez un temps assez long. »
■ LE PRÉSIDENT. — Alors, interrogez Vins*
■ peçteur. ■ ■■■ f: ••
! ' REBUFFÉ. — Té voulais discuter les
avec M. Bethuel...
LE PRÉSIDENT. — C'est tout ?
Rebuffé balbutie et répond « qu'il faut
bien se défendre un peu », que c'est en
somme très simple. Cette formule revient
souvent à ses lèvres pour expliquer cer-
tains actes. Et après il s'arrête, buté. --
AUGUSTE NARDY.
LA CAMPAGNE ÉLECTORALE DANS LE NORD
Socialistes et communistes
sont aux prises
à Valenciennes
y (De notre envoyé spécial)
• ,Valenciennes, 10 décembre.
C'est au théâtre qu'a lieu la réunion*
Une affiche annonce Fontanier, Valièr-e,
député, et le candidat Delcourt. Avant
7 heures et demie, la salle est pleine.
C'est la classique salle des théâtres de
province. Il y a du velours rouge et un
attendrissant rideau. Il y a surtout jup,
public inattendu. De l'orchestre jusqu'au
troisième étage des galeries, il n'y a pas
une place libre. Chacune est occupée par
un citoyen à casquette, à long pardessus
et à chandail. C'est tout juste si, pour
faire diversion à cette monotonie vesti-
mentaire, on , aperçoit de-ci;-de-la une
femme, un enfant. Tous les faubourgs-de
Valenciennes ont: .donné, et Anzin est ac-
couru à pleins -tramways. '
Tout ce monde attènd. Il est 7 heures
et demie, et la séance est fixée à 8 heures.,
Alors, pour tromper l'attente, on chante.
— Allons, les choeurs !
Un gars au visage mince lançai;, d'une,
voix essoufflée une chanson sur le.5 fruits
de la victoire. Le refrain gronde :
Nous avons gagné, oui, la misère.
Le pain cher, le manque de charbon, ;
Les impôts sur nos salaires,
Le retour de la réaction !
Une voix gouailleuse s'élève :
. — Le dernier couplet pour les da,mLa chanson naïve et douloure ise " re-
prend :
Nous avons gagné, oui, la mie ère...
Puis, soudain, une Internationale jette
debout tous les hommes.
Mais on frappe les trois coups. Le ri-
deau s'envole d'un bond vers les f 3ses.
Ils sont une vingtaine sur la scène,,
assis sur des chaises, qui s'efforcent;
d'avoir le sourire faussement naturel
d'une noce devant l'objectif. ,
Moment pénible où la scène d(,,.il om-
muniquer avec la salle. Le candidat so-
cialiste Pierre Deltour s'avance. C'esi. un
garçon aux épaules carrées, au visagei
presque glabre et au lorgnon sans timi-
dité. Il ouvre la bouche. Mais des cris
fusent : • - v
' — Le bureau ! Le. bureau !
Un monsieur à la moustache grise, aux
yeux bienveillants, salue. Il est si eréMiirç
[texte illisible]
]Ei"xnrx«>W "]Ei PRRIS
N° 4089. - SAMEDI il DECEMBRE 1926.
9, rue Louis-le-Grand (2e)
•V . 1 Adr. télég. : ŒUVRE-PARIS
~ Ckisut nastai : Compte 1046 , . ,
Directeur
-
...
~.. 1~., ., ~ GUSTAVE TÉHJT^
[texte illisible]
" Les traités de Locarno ont le sens d'une modifi-
cation complète de toute la politique européenne entre
les anciens adversaires de la guerre et introduisent un
nouvel esprit dans leurs relations. Ils constituent un essai
qui lut rarement tenté, tendant à réaliser une politique
basée sur l'amitié et la confiance réciproques. "
NANSEN. ; (Discours prononcé à la séance Manceso!enneMc
de l'Institut Nobel).
L'Académie Goncourt
chez Claude Monet
C'est la semaine prochaine que sera
1 rlécerné le Prix Goncourt pour 1926.
Au lendemain de l'élection de Courte-
iline, je disais à l'un de mes collègues : ^
| — Savez-vous ce qui serait chic. élé-
gant, gentil ?
I — Non.
.— Avec quelle difficulté Courteline se
'(déplace aujourd'hui, vous ne l'ignorez
jpas. Pourquoi l'Académie Goncourt --
'une fois n'est pas coutume — ne ferait-
elle pas servir son prochain déjeuner...
chez le nouvel élu ? Je suis convaincu
hu'il mettrait avec joie sa salle à manger
à votre disposition.
— Y pensez-vous ! Nos statuts... nos
règlements...
— Laissez donc ! Je les connais mieux
que vous. Il y a des précédents. Le res-
taurant n'est pas notre siège social obli-
gatoire. Le 5 juin 1915, notre déjeuner
mensuel, auquel assistaient Geffroy,
Rosny aîné, Hennique, Elémir Bourges
"et votre serviteur, eut lieu à Cheverche-
mont, chez Octave Mirbeau. Au dessert,
arriva Claude Monet, que l'on n'atten- -
dait pas. Il ne comptait parmi nous que
des amis... à telle enseigne que nous
l'invitions à nos déjeuners chez Drouant,
lorsqu'il se trouvait à Paris à ce moment-
là. Il fut ravi de l'occasion que nous lui
donnions de nous rendre notre poli-
tesse... et il fut décidé séance tenante que
le déjeuner suivant nous réunirait à Gi-
verny quinze jours après.
Le 19 juin donc, les convives de Mir-
beau — à l'exception de Bourges, empê-
ché — prirent, à la gare Saint-Lazare, le
train pour Mantes, d'où deux automo-
biles envoyées par Monet les transportè-
rent chez lui. Mirbeau, déjà malade, y,
vint de son côté.
La belle journée ! Elle est restée pour
moi inoubliable. '_'•■■■ ' - ...
Monet nous reçut simplement, cordia-
lement et princièrement, dans cette mai-
son de féerie où il s'était installé en 1883,
le jour même où mourait Edouard Ma-
1 net, son maître qui devint son élève à
partir du moment où celui-ci subit in-
contestablement l'influence du parrain
de l'Impressionnisme-.
Robuste et infatigable à 75 ans, Claude
Monet peignait dehors toute la journée.
Chef de l'école du plein air, il ne cessait
pas de prêcher d'exemple. Il s'enivrait
de lumière, Etre foudroyé en plein soleil,
;devant le « motif )J, iquel rêve d'artiste !
Il avait dli le faire quelquefois.
Avant déjeuner, il nous emmena voir,
dans son atelier, la série des Nymphéas
:qu'il avait entreprise et à laquelle Cle-
menceau s'intéressait vivement. Ce, der-
nier avait obtenu du maître la promesse
Ique cette vaste composition décorative
développée en douze panneaux, plus
;beaux les uns que les autres, serait of-
'ferte à l'Etat. #
■ Geffroy, qui s'y conaissait, déclarait
que jamais peintre n'avait exprimé avec
,un pareil bonheur les jeux de lumière
du ciel et de l'eau combinés.
Mirbeau interrogea Monet sur la durée
du travail en train.
— J'en $i encore pour cinq ans environ,
répondit Monet.
■ — Vous exagérez, reprit Mirbeau. Met-
tons deux ans, avec cette assiduité dont
.rien ne vous détourne. •
: La salle à manger de Giverny, claire
et spacieuse, était ornée d'estampes japo-
naises. Monet appréciait la bonne chère,
avait bon appétit et buvait son vin pur.
Il rie tolérait l'eau, à petite dose, qu'a-
près le chocolat du matin. Mais il fumait
quarante cigarettes par jour..., excès
sans inconvénients, étant donné qu'il fu-
mait la plupart du temps en plein air et
jetait ses cigarettes à demi ^ consumées. |
. Après déjeuner, nous suivîmes Claude
'Monet dans son merveilleux jardin.
Sur le chapitre des fleurs, les plus
rares et les plus délicates, Monet trouvait
à qui parler en la personne de Mirbeau.
'Ils échangeaient des noms, des adresses,
des caprices de collectionneurs. Ils en
avaient plein les yeux, comme on a plein
la bouche d'une gourmandise.
Aussi quel drame ce fut, dans l'exis-
tence paisible de Monet, lorsque sa vue
s'affaiblit ! Je l'accompagnai chez un
oculiste qui s'efforça de le rassurer.
L'opération de la cataracte, lorsqu'elle
s'imposerait, laisserait à son œil une vi-
sion suffisante pour lui permettre de
saisir encore les aspects des choses dans
la clarté de l'heure.
Monet demeurait inquiet, frappé. Il
,se mit à mourir lentement, lorsque son
regard en veilleuse lui annonça la chute
du jour et le terme de sa longue tâche.
Ce fut Clemenceau qui me donna pour
la dernière fois de- ses nouvelles. J'étais
>'^,llé le voir, rue Franklin, pour causer
de l'ami que nous venions de perdre,
Gustave Geffroy.
— Et Monet, lui dis-je,: comment1
va-t-il ?
— Pas bien. Il baisse beaucoup, me
répondit Clemenceau, son cadet d'un an
à peine. Vous ai-je montré son portrait'
par lui-même ?
Le vieux lutteur se leva avec la viva-
cité d'un jeune homme; m'entraîna dans
la pièce voisine 'et s'arrêta devant une
toile haut placée.
— Est-ce beau ! Monet en avait exécuté,
un autre qu'il a malheureusement dé-
truit, n'en étant pas satisfait. Vous ne
voyez pas bien celui-ci. Il faudra que
vous reveniez quand mon valet de cham-
bre sera là; je lui ferai décrocher le
tableau pour vous le présenter dans la
lumière du jardin. Je le destine au
Louvre.
Et le frémissement de Clemenceau me
faisait sentir qu'il aimait à la fois et la
peinture et le peintre.
Il y a toujours quelque chose d'émou-
vant dans ce qui ne meurt pas...
Lucien Descaves
de l'Académie Goncourt.
1 ' de l'Académie: Goncourt. \
-
Comme « l'Œuvre » le demandait
en décembre 1925
et comme elle l'annonçait hier
les Prix Nobel pour la Paix
de 1925 et 1926
sont partagés entre
MM. A. Briand, Stresemann,
Chamberlain et Dawes
Au cours de la séance solennelle
de l'Institut Nobel, le docteur Nansen
a prononcé un très beau discours
Qslo, 10 décembre'. — La séance solen.
nelle de l'Institut Nobel a eu lieu ,aujour.
d'hui. Dans l'assistance nombreuse on
remarquait le roi, le prince royal, des
représentants du Storthing, du gouverne-
ment, du corps diplomatique, du monde
des sciences, des arts, de la littérature et
de la presse, des grandes organisations
industrielles et des diverses corporations
ouvrières.
M. Frédéric Stang, président du Comité
Nobel du Storthmg et recteur de l'Univer-
sité d'Oslo, a annoncé que le prix Nobel
pour la pûn.E de 1925 était conféré à Sir
Austen Chamberlain et au général Char-
les Dawes, et celui de 1926 à MM. Briand
et Stresemann.
Le professeur Fridtjof Nansen a pro-
noncé un discours.
Les ministres de Grande-Bretagne, des
Etats-Unis, de France et d'Allemagne ont
reçu des médailles et c\es diplômes au
nom de Sir Austen, Chamberlain, du gé-
néral Dawes et de MM. Briand et Stre-
semann.
La communication du président du Co-
mité Nobel et le discours de M. Nansen
ont été chaleureusement applaudis. L'or-
chestre du Théâtre national a joué plu-
sieurs morceaux, et la séance s'est ter-
miné par l'hymne national jricirvég,ien.
840.000 francs...
Le montant du prix Nobel pour une an-
née est de 125.000 couronnes norvégiennes
environ, soit, au cours actuel du change,
840.000 francs.
(On lira en trçisième page le - discours
du professeur Nansen.) -
PARIS-LES-BRUMES
Un brouillard épais a plongé Paris, hier
matin, dans l'obscurité. Voici, à midi,
l'avenue de la Grande-Armée, éclairée par
les halos des réverbères.
(Lire l'article à la 2e page.)
[illisible]
— Vous avez plus de poireaux ?
— Pensez-vous, je vas vendre de l'esca-
lope, c'est plus distingué !
.
LE DÉSARMEMENT DE L'ALLEMAGNE
ET LES ALLIÉS
La Conférence des Ambassadeurs
fait encore des réserves
sur deux points
Elle envoie un nouveau rapport
aux représentants
des gouvernements alliés à Genève
Sous la présidence de M. Jules Cambon,
la ConféTence des Ambassadeurs a siégé,
hier encore, de 4 à 6 heures, au Quai
d'Orsay. .. ,.
Sans prendre de décision négative —
car elle n'a pas, à proprement parler, de
décision à prendre — la Conférence s est
ajournée sine die, après avoir adressé un
deuxième rapport aux ministres et aux
délégués des gouvernements alliés à Ge-
nève. - • • "
On devra se garder de -7.'..,tirer de^ ce fait
aucune conclusion pessimiste, car il est.
tout à fait normal qu'arrivées tout près
de leur terme des négociations subissent
un temps d'arrêt.
Et, si des réserves sont encore faites
sur deux points, il n'en reste pas moins
que des résultats satisfaisants ont été
enregistrés sur. tous les autres.
Font encore obstacle — selon la Confé-
rence des Ambassadeurs, dont l opinion
s'est exprimée à l'unanimité — à la déli-
vrance d'un satisfecit à l'Allemagne : ses
ouvrages militaires en Prusse orientale,
spécialement à Kœnigsberg, et l'exporta-
tion d'éléments pouvant être transformés
en matériel de guerre.
Sur ces deux points, le comité militaire
interallié, présidé par le maréchal Foch,
avait, dans la matinée, entendu à nou-
veau le général allemand von Pawels et
établi un rapport qui a été versé au débat
de la Conférence.
En ce qui concerne le matériel de
guerre, il ne s'agit plus guère que de
définitions à formuler. Mais, la question
des fortifications en Prusse orientale est
plus délicate : en invoquant la version
anglaise du traité de Versailles, les Alle-
mands 'soutiennent qu'ils ont le droit de
maintenir « en état », c'est-à-dire de ré-
parer constamment et d'améliorer les for-
tifications existantes, alors que le texte
français paraît limiter ce droit à la sim-
ple non-disparition de celles-ci. Il est
bien évident que, si le différend ne ré-
side • plus que - dans l'établissement d'une
définition et la précision des quelques dé-
tails matériels qui en découlent, on est
bien près d'aboutiir.
Il ne serait donc nullement impossible
que les ministres et délégués réunis à Ge-
nève y réussissent prompteanent.
La Conférence des Ambassadeurs peut,
en effet, se réunir d'une heure à l'autre
et fournir en temps opportun l'avis dernier
qu'on attend d'elle. M. Massigli, son se-
crétaire général, n'est, - en effet, pas re-
parti pour Genève.
f !I::......n
Victor Snell.
La conférence terminée, le communiqué
suivant a été remis à la presse :
La Conférence des Ambassadeurs a 'été
saisie du résultat des conve1'sations pour-
suivies entre ses représentants militaires
et le général von Pawels. '
Un nouveau rapport est adressé à ce
sujet aux ministres et aux délégués des
gouvernements belge, britannique, fran-
çais, italien et japonais, actuellement
réunis à Genève.
La Société des Nations fixera sans doute
aujourd'hui la date du retrait de la Com-
mission interalliée en Allemagne.
(Voir en 3e page la dépêche de notre
envoyé spécial.)
Le prix du pain
baisse de 15 centimes
La commission d'évaluation du prix des
farines a décidé hier qu'il y avait lieu
d'abaisser de 15 centimes le prix du pain,
en raison d'une baisse constatée de 17
francs, depuis huit jours, par quintal de
farine. Le prix du kilo de pain sera donc
de 2 fr. 25 à partir du 16 courant.
Le scandale
des viandes avariées
s'étend
M. André Magre, préfet de Meurthe-et-Moselle,
fait d'énergiques déclarations
(De notre correspondant particulier)
Nancy, 10 décembre. — Les scandales ]
qui mettent en péril la, santé de nos-popu-
lations ne pouvaient laisser indifférent
M. André Magre, préfet de Meurthe-et-Mo-
selle. L'administrateur de notre départe-
ment joint à une claire netteté de vues
une rare fermeté d'ans ses décisions. En
apprenant avec quelle audace certains mer-
cantis ont empoisonné leur clientèle trop
confiante, M. Magre s'est proposé (l'agir
sans retard, et nous avons pu annoncer
: d'imminentes sanctions Nous avons été
,reçu ce matin dans son cabinet. 1.1 n'a
point dissimulé son émotion.-
— Il faut enrayer énergiquement un mal
dont les progrès ont été dénoncés par les
commerçants honnêtes, nous a-t-il déclaré.
Les consommateurs ont besoin d'être pro-
tégés contre une spéculation sans vergo-
gne. La justice poursuit son œuvre de son
côté. En ce qui me concerne, je prépare
des arrêtés sévères. J'ai été frappé, comme
le public, par l'insolence de certains béné-
fices. Le trafic des viandes foraines fera
l'objet d'une réglementation qui augmen-
tera les garanties que l'hygiène exige. Le
contrôle redoublera de rigueur. Les vété-
rinaires sanitaires devront s'acquitter de
leur tâche délicate d'une manière irrépro-
chable. Je sais que certains d'entre eux
jouissent d'un traitement trop modeste. Il
sera relevé dans la proportion de leurs res-
ponsabilités. Le vétérinaire de Jarville, par
exemple, touchant seulement 600 fr. par
an, en recevra 6.000 dorénavant. J'ai prêté
une oreille attentive aux griefs exprimés
sur divers points du département. J'ai sui-
vi avec un intérêt constant les enquêtes
menées depuis un mois. J'ai lu enfin les
nombreux articles parus dans la presse. La
question qu'il s'agit de résoudre s'est pré-
, sentée ainsi, sous tous ses aspects. Mais,
en raison du caractère que revêtiront mes
décisions, vous comprendrez que j'évite du
faire à ce'su jet des confidences.
Un pareil langage prive les audacieux
défenseurs des mercantis Aubry et Moine
d'un argument qui ne manque point d'un
certain cynisme. Ils disent que le gouver-
nement a prescrit une politique rigoureuse
d'économies.
•" * * *
— On aurait mauvaisé grâce, ajoutent-
ils, à incriminer notre louable intention
de combattre le gaspillage des denrées
d'alimentation. Au lieu de jeter les viandes
de qualité médiocre, nous en tirons parti
pour la charcuterie. C'est, à peu de choses
près, ce qui se passe en Alsace et en Lor-
raine, où les lois autorisent le freibanl,
ou se débitent les morceaux inférieurs
après qu'ils ont été désinfectés dans des
étuves spéciales. Personne ne s'est jamais
plaint. La classe ouvrière se procure ainsi,
à Strasbourg comme à Metz, des pot-au-
feu qu'elle paie très bon marché.
Pour peu qu'on les écoute, nos mercan-
tis en arriveront à demander des récom-
penses officielles. M. André Magre se mon-
tre mal disposé à tolérer un scandale qu'on
arrive presque à couvrir du masque de la
philanthropie. Je tiens de source certaine
que les équarrissages de Jarny sont logés
à la même enseigne que ceux des Vosges.
Les fermiers ont cessé l'envoi de leurs
bêtes malades et accidentées. Si des pré-
lèvements sont faits habilement chez les
bouchers et charcutiers du bassin de Briey,
on fera à brève échéance de sensationnelles
découvertes. J'ai vu, ce matin, chez un
équarrisseur de Tomblaine, un quartier de
vache auquel adhéraient des tubercules
plus gros que le poing. Le vétérinaire,
M. Génot, a estimé sans doute que le reste
de l'animal n'expose à aucun danger la
santé publique. Il est probablement seul de
cet avis. Quoi qu'il en soit, les Nancéiens
consommeront cette viande-là. Le prési-
dent du syndicat de la charcuterie, M. Vis-
cat, s'est ému, hier, dans une séance du
Comité économique, des renseignements
fournis à la presse par le chef de division
de la préfecture. M. Vidal, secrétaire gé-
néral, qui présidait le comité, a répondu
fort à propos qu'il couvrait ce haut fonc-
tionnaire. M. Viscat aurait été mieux ins-
piré, peut-être, en apportant un démenti
aux informations que nous avions publiées.
Mais comment eût-il pu rectifier les résul-
tats d'une enquête menée avec le scru-
pule de rechercher la vérité en ces trou-
blantes affaires ? Les bouchers seraient
non moins mal venus de protester. C'est
leur représentant, M. Louis Moine, qui
est actuellement sur la sellette. Pourquoi
ne se dressent-ils point contre lui, dans
un même élan d'indignation, puisqu'il a
trahi leur confiance ? Le public . attend
ce geste de réprobation. (Œuvre.)
LES CHANGES
V Avant-hier Hier x
I La livre. - 122,85 124,20 §
A Le dollar. 25,50 25,78 ^
-~ ---
1
L'anarchiste Rebuffé
devant
les Assises de la Seine
L'absence d'un témoin provoque de vifs incidents
L'affaire est renvoyée à une prochaine session
A peine la Cour a-t-elle pris place dans
la salle d'audience que l'on sent déjà rap-
proche de l'orage.
Rebuffé est à son, banc, nerveux, l'oreil-
le aux. aguets, l'œil fiévreux. La journée
doit être décisive.- Il le sait. Il veut se dé-
fendre jusqu'au bout sans faiblir. Il a du
cran. Il en usera.
L'inspecteur principal Béthuel s'avan-
ce à la barre. Il raconte l'arrestation de
Rebuffé, parle de l'émission de faux bil-
[illisible]
Me DELATTRE
L'AVOCAT GÉNÉRAL
lets qui valut a l'inculpé cinq ans de ré-
clusion et discute avec lui de l'épineuse
question des aveux.
Il y a autre chose. L'inspecteur Bethuel
a reçu le 4 décembre une lettre de Rebuf-
fé lui demandant de bien vouloir le venir
voir à la prison. (e J'ai des déclarations à.
vous faire, écrivait-il. Ayant beaucoup à.
vous dire, je désire que vous me con-
sacriez un temps assez long. »
■ LE PRÉSIDENT. — Alors, interrogez Vins*
■ peçteur. ■ ■■■ f: ••
! ' REBUFFÉ. — Té voulais discuter les
avec M. Bethuel...
LE PRÉSIDENT. — C'est tout ?
Rebuffé balbutie et répond « qu'il faut
bien se défendre un peu », que c'est en
somme très simple. Cette formule revient
souvent à ses lèvres pour expliquer cer-
tains actes. Et après il s'arrête, buté. --
AUGUSTE NARDY.
LA CAMPAGNE ÉLECTORALE DANS LE NORD
Socialistes et communistes
sont aux prises
à Valenciennes
y (De notre envoyé spécial)
• ,Valenciennes, 10 décembre.
C'est au théâtre qu'a lieu la réunion*
Une affiche annonce Fontanier, Valièr-e,
député, et le candidat Delcourt. Avant
7 heures et demie, la salle est pleine.
C'est la classique salle des théâtres de
province. Il y a du velours rouge et un
attendrissant rideau. Il y a surtout jup,
public inattendu. De l'orchestre jusqu'au
troisième étage des galeries, il n'y a pas
une place libre. Chacune est occupée par
un citoyen à casquette, à long pardessus
et à chandail. C'est tout juste si, pour
faire diversion à cette monotonie vesti-
mentaire, on , aperçoit de-ci;-de-la une
femme, un enfant. Tous les faubourgs-de
Valenciennes ont: .donné, et Anzin est ac-
couru à pleins -tramways. '
Tout ce monde attènd. Il est 7 heures
et demie, et la séance est fixée à 8 heures.,
Alors, pour tromper l'attente, on chante.
— Allons, les choeurs !
Un gars au visage mince lançai;, d'une,
voix essoufflée une chanson sur le.5 fruits
de la victoire. Le refrain gronde :
Nous avons gagné, oui, la misère.
Le pain cher, le manque de charbon, ;
Les impôts sur nos salaires,
Le retour de la réaction !
Une voix gouailleuse s'élève :
. — Le dernier couplet pour les da,m
prend :
Nous avons gagné, oui, la mie ère...
Puis, soudain, une Internationale jette
debout tous les hommes.
Mais on frappe les trois coups. Le ri-
deau s'envole d'un bond vers les f 3ses.
Ils sont une vingtaine sur la scène,,
assis sur des chaises, qui s'efforcent;
d'avoir le sourire faussement naturel
d'une noce devant l'objectif. ,
Moment pénible où la scène d(,,.il om-
muniquer avec la salle. Le candidat so-
cialiste Pierre Deltour s'avance. C'esi. un
garçon aux épaules carrées, au visagei
presque glabre et au lorgnon sans timi-
dité. Il ouvre la bouche. Mais des cris
fusent : • - v
' — Le bureau ! Le. bureau !
Un monsieur à la moustache grise, aux
yeux bienveillants, salue. Il est si eréMiirç
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