Titre : L'Œuvre
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Éditeur : [s.n.][s.n.] (Clermont-Ferrand)
Date d'édition : 1926-11-07
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb34429265b
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Description : 07 novembre 1926 07 novembre 1926
Description : 1926/11/07 (N4055). 1926/11/07 (N4055).
Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse... Collection numérique : Bibliographie de la presse française politique et d'information générale
Description : Collection numérique : BIPFPIG63 Collection numérique : BIPFPIG63
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k46142918
Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JOD-90
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 12/09/2016
L'ŒUVRE
, 22*55 Centimes
EDITION I>E PZIRIS
N° 4055. - - DIMANCHE 7 NOVEMBRE 192C.
9, rue Louis-le-Grand (2e) ~~ 1
,. t Adr. télég.: ŒUVRE-PARIS - ~
\ 1 CUQIII pMttt : COIIPti 1048
Directeur :
GUSTAVE: téhx
léléphoBei j ( Lomri65-00,65-01,65-02*f'\
65-03, 65-04.
La Manne -est tombée cette nuit.
Voyez, pn tête de nos échos,
si elle n'est pas tombée pour vous.
POINTS DE VUE ET FAÇONS DE VOIR
Les « scènes guerrières »
et les enfants
, Ce que j'aime, dans ,l'Œuv're, c'est
;me chacun de ceux qui ont l'honneur
d'y écrire y peut, garder ,son entière in-
dépendance. Jamais elle ne m'a ren-
voyé un papier en me disant : « Ça; n'est
pas dans la, ligne dul journal. » C'est
.rare, dans le journalisme actuel. !
. Eh bien, aujourd'hui, je ne vais pas
être dans la, ligne du journal ! Le 2 no-
vembre dernier, sa, '.manchette repro-
duisait un beau dessin de Boutet je
-M,onvel, représentant François d'Assi-
se, le plus délicieux, le plus pur, le
plus saint des saints, le saint que j'aime
,entre tous,, il est si près du: Bouddha 1
Plus près du Bouddha, que de l'ancien
et, du nouveau Testament !
Mais l'Œuvre ajoutait : « Il n'y aurait
nul inconvénient à voir cette belle ima-
ge remplacer, sur la: couverture des
cahiers d'écoliers, les scènes guerrières
qui s'y trouvent trop souvent. »
Qui'on célèbre la mémoire et les ex-
quises, vertus du doux, de l'adorable
petite frère sur lai couverture des ca-
hiers d'écoliers, j'y ap,plaudirai ¡ des
deux mains. Mais qu'on en extirpe « les
scènes guerrières » — de même que
certains autres prétendent proscrire les
sÓldia.ts de plomb — ça;, je proteste !
Je proteste parce que je demeure per-
suadé qu'on commettrait une erreur.
Une erreur qui irait tout droit contre le
but qu'on se propose, et qui est de ren-
dre les gosses .«.pacifistes ».
On ne les rendra pas pacifistes parce
qu'ils ne sont pas pacifistes. On ne fera
quelles embê-t-er. quand, ils auront
été embêtés, quand on aura, comme Ç'h
< refoulé dans leur subconscient — com-
me dira,it Freud — un instinct pro'fond
et naturel chez eux, cet instinct ris-
quera d,è reparai tre, défor mé, sauvage,
brutal, offensif ; de même que l'instinct
g'énésique, 'de même que touts' les autres
j instincts, quand on prétend; les étouf-
1 fer, au lieu de leur laisser leur place en
'les dirigeant), en les « civilisant ».
| Or jamais, jamais, on n'empêchera les
gosses mâles d'aimer à jouer à la, guer-
re -.- pas plus qu'on n'empêchera les
petites filles d'aimer jouer à la, poupée.
Les 'petites filles naissent avec l'instinct
de la maternité. Les petits garçons avec
l'instinct du risque, de l'aventure, du
nomadisme, de la bataille. C'est comme
ça depuis l'origine du monde, et ça res-
tera comme ça, tant qu'il y aura un
monde. Ça. ne changera, que plus tard,
quand ils et elles auront grandi.
L'embryon humain, avant de prendre
l'apparence Ihtim;aine,, passe en neuf
mois pa:r toutes les phases' de l'évolu-
tion des êtres, depuis l'apparition de la
vie sur ce glo'be : simple cellule, inver-
tébré, vertébré inférieur, vertébré de
l'ordre supérieur..
De même l'enfant et l'adolescent- tra-
versent t,ouïtes les phases qu'a traver-
sées l'humanité au cours des siècles
innombrables. Il les vit, il les sent en
imagination., Il les lui faut. S'il ne les a
pas, il manquera quelque chose à son
développement normal. Et si l'on met
obstacle à cette évolution naturelle, il y
il bien des chances pour que plus tard
la nature se venge par de singuliers
et désastreux retours.
Priver les enfants, comme on le veut
maintenant, de contes de fées ? C'est
une niaiserie ! Parce que ses lointains
ancêtres, qui revivent en lui, ont cru en
des dieux, des déesses, des êtres surna-
turels incarnant les forces de l'univers,
il a besoin de ces contes de fées, qui
sont ce qui reste de cette croyance.
'■ Et, tout ainsi, parce que l'homme, a.11
cours de m'illéna.ires dont le nombre
iéto'nne la; pensée', a, dû combattre ]e",
'hêtes et les autres hommes, aventura
chaque jour sa vie, l'enfant, le petit
mâle, est combatif. Imitation, dites-
vous ? Il joue au soldat parce qu'il a vu
des soldats, qu'on lui raconte des his-
toires de soldats. Vous vous trompez.
Soyons,, il est des pays — même en
France — où il y a, beauco'utp plus de
processions et de cérémonies religieu-
ses que de parades, de revues, de trou-
pes en marche, où la vie religieuse ex-
térieure tient beaucoup pluis de place
que la. vie milita.ire. Dans ces pays-là
combien y a-t-il de gosses qui jouent
"au curé » ? Et combien y en a-t-il qui
logent au soldat, à la bataille, à la, chas-
se, à l'exploTation, au sauvage ? Dix
|°is plus. Le gosse a ça « dans le sang ».
Rappel de la, forêt, si vous voulez, l'ap-
P6l des ancêtres dont les os dorment
dans les cavernes du Paléolithique.
^ Et puis, tenez !... Avez-vous remar-
qué que la, plupart des néo-mystifnms
ou néo-thomistes contemporains, les
Ernest Psichari, les Maritain,. etc.,
avaient justement été tenus ignorants,
dans leur enfance, de toute religion ?
Et c'est ça même qui a amené chez
eux la crise, plus' tard. Ils ne con-
naissaient pas ! Alors quand ils ont dé-
couvert ce domaine nouveau, ils en sont
demeurés émerveillés, et ils ont. pu se
faire leur religion à leur idée. Tandis
qllle ceux qui ont vécu dedans... c'est
curieux comme leur attitude est fré-
quemment différente ! De m'ême pour
ceux qui découvriront dangereusement
pour eux, à vingt ans, l'âge du lyrisme,
le funeste lyrisme de la guerre : ils
n'auront pas été « mithridatisés ». ■
. Laissez donc aux enfants, je vous en
supplie, les images qui leur plaisent,
les jeux qui leur plaisent. Vous crai-
nez pour eux l'esprit nationaliste, le
chauvinisme ? Eh bien, supprimez la
hache de Vercingétorix, le drapeau de
Hivoli, même le tambour de Bara, ça
m'est ésval. ne leur montrez que, des Ho-
ratius Coclès, des Spartiates aux Ther-
mopylcs, ou des Macchabées, ces juifs !
... Les Ma.cclm.bees, surtout, c'est ad-
mirable, pour les enfants : il y a un
éléphant, et un type qui se fait écraser
pai* l'éléphant en lui mettant sa lance
sous le ventre, tout ça, pour sauiver les
cc'pains ! C'est une image irremplaça-
ble ! — même pas remplaçable par celle
de Pasteur guérissant la. rage — a
moins qu'on ne montre d'abord le loup,
le méchant loup enragé qui a, dévoré à
moitié le petit berger, que Pasteur gué-
rit après.
Pierre Mille
Pierre Mille
UN VEINARD
[texte illisible]
— Tu parlas !... Par ce temps de chien
il a réussi à se faire mettre en prison!...
Une grave affaire
de trafic de décorations
Une enquête récemment ouverte par la
Sûreté générale vient de mettre au jour
une assez grave affaire de trafic de déco-
rations.
Depuis quelque temps, certains commer-
çants, qui avaient postulé le ruban de la
Légion d'honneur, recevaient la visite de
deux individus, se disant journalistes, qui
s'offraient à prendre leur affaire en mains
et à user de leur influence pour hâter la
conclusion.
. - Nous ne'vous demandons pas d'ar-
gent d'avance, disaient-ils. 'Quand vous se-
rez décoré, vous nous remettrez simplement
nos honoraires...
Deux pla-intes finirent par être transmi-
ses à la rue des Saussaies. On arrêta les
deux « démarcheurs ». L'un d'eux ne fit,
aucune difficulté pour avouer et pour don-
ner les noms de diverses personnes mêlées
à l'affaire : en particulier un sous-chef
de bureau du ministère du commerce,
M. Ruotte, pour le compte duquel il pré-
tendait agir.
Une information a donc été ouverte con-
tre ce fonctionnaire, dont le bureau et le
domicile, rue de Gentilly, ont reçu la vi-
site des policiers.
Il semble, d'ailleurs, qu'à proprement
parler il ne s'agisse pas d'un véritable
trafic d'influences. On a remarqué, en ef-
fet, que: toutes les personnes « visitées »
par les deux personnages en question
étaient précisément de celles dont la no-
mination était à peu près assurée. Aver-
tis, nos hommes se contentaient donc de
leur soutirer de l'argent sans autrement
intervenir.
M. Ruotte était précisément chargé de
garder les dossiers des candidats. On sup-
pose que son rôle a consisté à en donner
communication.
Il a été interrogé dans la soirée par
M. Bacquart, juge d'instruction.
LES CHANGES
Avant-hier Hier
La livre.. 146,80 ~- 146,10
Le dollar. 30,32 - 30,17
Le Chant des peuples
choisi par les peuples
A la Société des Nations l'Œuvre
a déjà donné un drapeau, le drapeau
bleu. Elle veut aussi lui donner un
chant.
Ce chant, ce sont nos lecteurs de
France et de l'étranger qui le choisi-
ront, tout le grand public européen.
Comment?
Nous avons déjà, il y a six ans, dis-
tingué trois hymnes remarquables, dont
les auteurs comptent parmi nos meil-
leurs musiciens. Ce sont les trois pre-
mières œuvres que nous soumettrons
au jury international, qui vient de se
former spontanément et dont nous pu-
blierons bientôt la composition. La
part de la France ne sera d'ailleurs pas
réduite à cette contribution de l'Œuvre,
si intéressante et si importante qu'elle
soit. Il y a chez nous depuis deux siècles
tout un folklore de chants humanitaires
et pacifistes, qui nous paraissent injus-
tement oubliés. Avec le concours de
nos lecteurs, qui sont de merveilleux
chercheurs, nous nous proposons de
remettre au jour quelques échantillons
inédits ou presque de ce trésor natio-
nal, inconnu ou peu connu, mais non
perdu, puisque nous allons le retrouver.
Nous commencerons par un très
beau poème de Béranger, qui nous sera
chanté le 9 par M. Petit, l'éminent
artiste de l'Opéra.
Le 11, pour le glorieux anniversaire
de l'Armistice, M. Henri Christiné fera
exécuter devant nous l'admirable chant
des peuples dont il est l'auteur.
M. Christiné dirigera lui-même les
exécutants.
Prière à nos lecteurs et auditeurs de
noter avec soin leurs impressions. Le
véritable concours commencera, quand
nous les inviterons à nous dire quel
chant ils préfèrent pour en doter la
Société des Nations.
Au surplus, les chants des peuples
ne seront pas réservés à Radio-Œuvre.
Nous songeons à former des chorales,
qui nous permettraient d'exécuter les
morceaux de notre concours dans les
grandes fêtes populaires, dont les or-
ganisateurs nous demanderaient notre
concours, toujours gratuit. Si quelques-
uns de nos lecteurs peuvent avoir là-
dessus des idées pratiques, nous leur
serons très obligés de nous en faire
part.
Nous n'avons aucune raison de leur
dissimuler que, par delà notre concours,
si large et si retentissant qu'en soit le
succès, ce que nous recherchons sur-
tout, c'est la mise en train dans tous
les pays du monde d'une active et fé.
conde propagande en faveur de la Paix.
Car, suivant notre coutume, nous ne
nous bornons pas à émettre des vœux
platoniques, et à répéter, même avec
résolution et avec foi : « Nous voulons
la paix. » Nous voulons aussi employer
tous les moyens connus pour la faire.
On nous assure qu'un des meilleurs se-
rait un beau chant des peuples, vrai-
ment populaire. A nous, peuple ! Chan-
tons.
Gustave Téry
Ce soir. à 19 h. 45,
Le Docteur
Charles-Edouard Lévy
variera de la santé
de demain "
et la tribune de
RADIO-ŒUVRE
AUJOURD'HUI: 8 PAGES
A la cinquième page :
L'ŒUVRE DU DIMANCHE
avec, en sixième et septième pages :
LA SEMAINE DU SANSFILISTE :
Ceux qui s'obstinent
à ignorer
les « prix mondiaux »
— Maman, il n'y a plus rien à manger ?
Cette phrase, formulée par la voix claire
d'une enfant, a dominé une seconde le
bruit, d'ailleurs relatif, de la rue.
Une voix d'homme a. renchéri :
— Tu pourrais en faire davantage. -
Une voix de, femme, a répondu : j
— En faire davantage! Mais, si je ne, calculais^ pas comme je calcule, nous ne H
mangerions plus à partir du 25.
J'ai repéré de loin, la fenêtre entre-
bâillée derrière laquelle une petite fille;
s'insurgeait, doucement, contre un repas '
trop bref.*'. • .. /«,
Et je suis montée. Six étages.
Ils sont quatre : le père et la mère, une
petite fille de cinq ans, un bébé de neuf
mois. Le logis est coquet, mais minuscule. !
Dans la chambre, le grand lit, le petit lit
et le berceau forment un tout. D'ans la salle
à manger, la table touche le buffet, la ohe- i
minée, et. la fenêtre., Pour « circuler »
Odette passe par dessous. L'expression
el chemin de table » prend ici un sens tout
nouveau. On a le plafond sur la tête.
— ça, ne, devrait pas être permis de
construire des cages pareilles, dit M. Fabre.
Le ménage est uni, sérieux. Lei mari est
employé depuis quatorze ans dans une
importante maison. Il gagne 38 francs par
jour.
Comment vit-on à quatre, avec cette
somme ? Mme, Fabre a bien voulu établir,
pour moi, son budget.
— En me levant, dit-elle., je salis que j'ai
déjà dépensé 16 fr. 70 : 2 francs de lait,
2 fr. 50 de pain, 2 fr. 50 de vin (un litre),
3 francs dé charbon. Les autres 6 fr. 70
sont représentés par le loyer (1.200 francs),
les frais de transport de mon mari (800
fra.ncs par ari) et par une rente de 400
francs que nous sommes tenus de servir à
mon vieux père.
— Il vous reste 21 fr. 3c
— Exactement. Pour le t1. ,,; le beur-
re, le sucre, le café, le gaz et l'électricité.
Pour l'entretien et pour l'achat du savon,
car je blanchis tout notre linge. Je fais
mes robes et celles de mes filles. Nous n'al-
lons jamais au théâtre ni au cinéma. Mon
mari ne va pas au café. Je. ne vais pas voir
ma famille, parce qu'elle habite à trois sec-
tions d'autobus, ce qui, pour Odette et moi,
fait cent sous aller et retour. Eh bien! j'ai
beau compter, quand arrive le 25 je suis là
à me dire : « Encore cinq jours, encore
quatre, encore... D
Il m'était dur, après ces confidences, de
retourner le fer d'ans la plaie. J'ai pour-
tant répondu à cette jeune femme :
— Ne vous plaignes pas. Le coefficient
6 n'est pas atteint pour bien des choses.
Vous devriez payer le litre de, lait 48 sous,
votre fricot 40 francs et 3.000 francs votre
loyer. Des économistes forts compétents -—
et qui combattent l'inflation — assurent
que, le franc valant trois sous, ce ne serait
que justice..
Mais je n'ai pas convaincu les époux
Fabre. Travaillant du matin au soir, ils
demandent les moyens de- manger trente
jours par mois ou la manière' de supprimer
la faim.
Les époux Fabre sont légion. 1
HÉLÈNE DU TAILLIS.
POIRES
Il paraît que dans toute la France beau-
coup moins de deux cent mille citoyens ont
déclaré un revenu supérieur à vingt mille
francs.
Je n'ai aucun goût pour la statistique et
il faut croire que les contrôleurs des con-
tributions en éprouvent la. même répu-
gnance ; mais, si on faisait le recensement
des voitures automobiles et le recensement
de ceux qui déclarent, quoique possédant
une voiture, moins de vingt mille francs
de revenus, on pourrait, sans inquisition,
découvrir quelques contribuables qui cher-
chent à arranger .l'Etat.
Mon marchand de peaux de lapins fai-
sait sa tournée à pied; voilà trois ans, il
avait un vélo ; l'an dernier, une voiture et
un poney ; cette année, il conduit une auto,
une auto neuve qu'il a payée, plus de vingt
mille francs.
Connaissez-vous, en dehors des ouvriers,
des employés et, de quelques paysans, beau-
coup de gens qui nel gagnent pas vingt
mille francs par an? Faites le tour de
ceux qui vous entourent.
Mais où le scandale éclate, c'est quand
on apprend que le' département de la Seine
paie presque le quart des impôts de la.
France. Peut-être Paris et. sa banlieue sont-
ils très favorisés, mais je connais ailleurs,
dans le Nord, dans l'Est, dans l'Ouest et
dans le Midi, un certain nombre de fer-
miers, d'industriels ou de commerçants qui
ne s'embêtent pas.
Si Fontainebleau est- le pays du chasse-
las, Paris est vraiment le pays des paires !
— D.
Ricciotti Garibaldi
avoue
ses machinations
C'est lui qui aurait envoyé Lucetti
à Rome lancer une bombe
sur le passage du Duce
Il,., . ~~1. RICCIOTTI ..GARIBALDI-. 1
On n'a jamais, je crois, rien vu de plus
drôle * que l'attitude j de nos nationalistes
devant les récents, incidents italiens. Ils
nous accusaient hier de « bêler » la. paix.
Ils nous accusent aujourd'hui d'être , des
va-t-en-guerre. f > ■ - ■ • .
V f « S'il ne tenait qu'à nos journaux do
gauche 1 et dl 'extrtlme-gauche, écrit ,,l'un
d'eux, ce serait la guerre entre la Fra1ttt:
et l'Italie... »
Comme il y va !
Il ne . trouve d'ailleurs à notre légitima
indignation de Français qu'une explica
tion plausible : un mot d'ordre maçontv;
que.
C'est ingénieux ! '
Mais ne tirons pas encore l'échelle. Il
y ; a mieux. Un autre écrit, textuellement,
ceci
« Il semble..: qu'en cette affaire (l'affaù?
Riociotti Garibaldi), dont le retentissement
sera considérable (tu parles !), un peu'plus
de ' discrétion s'imposait. - MAis , PEUT
S'AGIT-IL 1 DE JOUER UN MAUVAIS . TOUR AT I
VERNEMENT .ITALIEN EN MONTRANT QU'IL ri
TENAIT 'A L'ÉTRANGER, POUR LES BESOINS DE' A
POLITIQUE,'- DES AGENTS PROVOCATEURS. »
Vous entendez ? , C'est nous qui man-
quons de discrétion. C]est nqus qui jouon::i
de * mauvais tours au gouvernement
Rome. Comment !,, Il r entretient sur no tre
territoire des' agents provocateurs pour. fo-
menter dès complots plus ou moires :::e-
rieux, dont il nous attribue ensuite I:'. t, V
ponsabilité, ; et nous ne le laisson: • ; rfs
faire !., Et, nous nous permettons d'arrê-ler
ses' agents ! Et nous avons le toupei io
leur faire, subir des interrogatoires ! "i>s
n'y mettons vraiment aucune, con-;phÜ-
sance !.... ; — ■ <" ■ ; -
Mais, continue le confrère, «"Ricci il î
Garibaldi -est-il un agent provocateur ?
L*instru'etion le v démontrera. Démontrera
t-elle aussi qu'il jouait ce rôle par ordre
ou bien plutôt pour en tirer des subsides,
en trompant tout le monde tour à tour «
La belle excuse ! Il ne s'agit pas de p%-
voir si, en recourant aux bons offices -
aux sales offices — de M. Ricciotti Gari-
ba!di, M. Mussolini en avait ou n'en &vs[t
pas pour, son argent. Il-s'agit de sa^o.^
s'il y recourait. /
— Mais non. dit un troisième confrèro
de droite. Mussolini n'est pour rien i>
dedans. Ce sont des « combines » policiè-
res auxquelles il est étranger. « S'il '
était autrement; comment expliquer que
Federzonij démissionnaire du portefeuille
de l'Intérieur, ait été immédiatement
nommé par le Duce ministre des colonies.?
(Ça explique tout; au contraire !) Ou Men
il faudrait supposer à la tête même de
l'Etat des connivences invraisemblables. >,
(Pas plus invraisemblables, tout de mêrne,
que le « mot d'ordre maçonnique » de l'au-
tre...)
Et on poursuit, lyrique :
(( La grande figure de Mussolini, restau-
rateur de l'Italie, domine de trop haut de
si basses machinations, pour que l'esprit
s'y arrête, ne fût-ce qu'un instant. y
Vraiment ! Voilà un homme qui, à vous
entendre, fait tout, - veille à tout, dirige
tout.: Ubiquiste, universel, il prend ohaq-ia
jour un portefeuille nouveau. Sous son au-
torité, l'Italie n'est, plus qu'une immense
discipliné. Et ses collaborateurs ■ orga-ni
sent des assassinats comme celui de Mat-
teotti, et il n'en sait rien ! Et sa pO/lice
fabrique de vastes complots, et il n'en sait
rien ! Et ses troupes créent des incidents
diplomatiques, et il n'en sait rien!
, 22*55 Centimes
EDITION I>E PZIRIS
N° 4055. - - DIMANCHE 7 NOVEMBRE 192C.
9, rue Louis-le-Grand (2e) ~~ 1
,. t Adr. télég.: ŒUVRE-PARIS - ~
\ 1 CUQIII pMttt : COIIPti 1048
Directeur :
GUSTAVE: téhx
léléphoBei j ( Lomri65-00,65-01,65-02*f'\
65-03, 65-04.
La Manne -est tombée cette nuit.
Voyez, pn tête de nos échos,
si elle n'est pas tombée pour vous.
POINTS DE VUE ET FAÇONS DE VOIR
Les « scènes guerrières »
et les enfants
, Ce que j'aime, dans ,l'Œuv're, c'est
;me chacun de ceux qui ont l'honneur
d'y écrire y peut, garder ,son entière in-
dépendance. Jamais elle ne m'a ren-
voyé un papier en me disant : « Ça; n'est
pas dans la, ligne dul journal. » C'est
.rare, dans le journalisme actuel. !
. Eh bien, aujourd'hui, je ne vais pas
être dans la, ligne du journal ! Le 2 no-
vembre dernier, sa, '.manchette repro-
duisait un beau dessin de Boutet je
-M,onvel, représentant François d'Assi-
se, le plus délicieux, le plus pur, le
plus saint des saints, le saint que j'aime
,entre tous,, il est si près du: Bouddha 1
Plus près du Bouddha, que de l'ancien
et, du nouveau Testament !
Mais l'Œuvre ajoutait : « Il n'y aurait
nul inconvénient à voir cette belle ima-
ge remplacer, sur la: couverture des
cahiers d'écoliers, les scènes guerrières
qui s'y trouvent trop souvent. »
Qui'on célèbre la mémoire et les ex-
quises, vertus du doux, de l'adorable
petite frère sur lai couverture des ca-
hiers d'écoliers, j'y ap,plaudirai ¡ des
deux mains. Mais qu'on en extirpe « les
scènes guerrières » — de même que
certains autres prétendent proscrire les
sÓldia.ts de plomb — ça;, je proteste !
Je proteste parce que je demeure per-
suadé qu'on commettrait une erreur.
Une erreur qui irait tout droit contre le
but qu'on se propose, et qui est de ren-
dre les gosses .«.pacifistes ».
On ne les rendra pas pacifistes parce
qu'ils ne sont pas pacifistes. On ne fera
quelles embê-t-er. quand, ils auront
été embêtés, quand on aura, comme Ç'h
< refoulé dans leur subconscient — com-
me dira,it Freud — un instinct pro'fond
et naturel chez eux, cet instinct ris-
quera d,è reparai tre, défor mé, sauvage,
brutal, offensif ; de même que l'instinct
g'énésique, 'de même que touts' les autres
j instincts, quand on prétend; les étouf-
1 fer, au lieu de leur laisser leur place en
'les dirigeant), en les « civilisant ».
| Or jamais, jamais, on n'empêchera les
gosses mâles d'aimer à jouer à la, guer-
re -.- pas plus qu'on n'empêchera les
petites filles d'aimer jouer à la, poupée.
Les 'petites filles naissent avec l'instinct
de la maternité. Les petits garçons avec
l'instinct du risque, de l'aventure, du
nomadisme, de la bataille. C'est comme
ça depuis l'origine du monde, et ça res-
tera comme ça, tant qu'il y aura un
monde. Ça. ne changera, que plus tard,
quand ils et elles auront grandi.
L'embryon humain, avant de prendre
l'apparence Ihtim;aine,, passe en neuf
mois pa:r toutes les phases' de l'évolu-
tion des êtres, depuis l'apparition de la
vie sur ce glo'be : simple cellule, inver-
tébré, vertébré inférieur, vertébré de
l'ordre supérieur..
De même l'enfant et l'adolescent- tra-
versent t,ouïtes les phases qu'a traver-
sées l'humanité au cours des siècles
innombrables. Il les vit, il les sent en
imagination., Il les lui faut. S'il ne les a
pas, il manquera quelque chose à son
développement normal. Et si l'on met
obstacle à cette évolution naturelle, il y
il bien des chances pour que plus tard
la nature se venge par de singuliers
et désastreux retours.
Priver les enfants, comme on le veut
maintenant, de contes de fées ? C'est
une niaiserie ! Parce que ses lointains
ancêtres, qui revivent en lui, ont cru en
des dieux, des déesses, des êtres surna-
turels incarnant les forces de l'univers,
il a besoin de ces contes de fées, qui
sont ce qui reste de cette croyance.
'■ Et, tout ainsi, parce que l'homme, a.11
cours de m'illéna.ires dont le nombre
iéto'nne la; pensée', a, dû combattre ]e",
'hêtes et les autres hommes, aventura
chaque jour sa vie, l'enfant, le petit
mâle, est combatif. Imitation, dites-
vous ? Il joue au soldat parce qu'il a vu
des soldats, qu'on lui raconte des his-
toires de soldats. Vous vous trompez.
Soyons,, il est des pays — même en
France — où il y a, beauco'utp plus de
processions et de cérémonies religieu-
ses que de parades, de revues, de trou-
pes en marche, où la vie religieuse ex-
térieure tient beaucoup pluis de place
que la. vie milita.ire. Dans ces pays-là
combien y a-t-il de gosses qui jouent
"au curé » ? Et combien y en a-t-il qui
logent au soldat, à la bataille, à la, chas-
se, à l'exploTation, au sauvage ? Dix
|°is plus. Le gosse a ça « dans le sang ».
Rappel de la, forêt, si vous voulez, l'ap-
P6l des ancêtres dont les os dorment
dans les cavernes du Paléolithique.
^ Et puis, tenez !... Avez-vous remar-
qué que la, plupart des néo-mystifnms
ou néo-thomistes contemporains, les
Ernest Psichari, les Maritain,. etc.,
avaient justement été tenus ignorants,
dans leur enfance, de toute religion ?
Et c'est ça même qui a amené chez
eux la crise, plus' tard. Ils ne con-
naissaient pas ! Alors quand ils ont dé-
couvert ce domaine nouveau, ils en sont
demeurés émerveillés, et ils ont. pu se
faire leur religion à leur idée. Tandis
qllle ceux qui ont vécu dedans... c'est
curieux comme leur attitude est fré-
quemment différente ! De m'ême pour
ceux qui découvriront dangereusement
pour eux, à vingt ans, l'âge du lyrisme,
le funeste lyrisme de la guerre : ils
n'auront pas été « mithridatisés ». ■
. Laissez donc aux enfants, je vous en
supplie, les images qui leur plaisent,
les jeux qui leur plaisent. Vous crai-
nez pour eux l'esprit nationaliste, le
chauvinisme ? Eh bien, supprimez la
hache de Vercingétorix, le drapeau de
Hivoli, même le tambour de Bara, ça
m'est ésval. ne leur montrez que, des Ho-
ratius Coclès, des Spartiates aux Ther-
mopylcs, ou des Macchabées, ces juifs !
... Les Ma.cclm.bees, surtout, c'est ad-
mirable, pour les enfants : il y a un
éléphant, et un type qui se fait écraser
pai* l'éléphant en lui mettant sa lance
sous le ventre, tout ça, pour sauiver les
cc'pains ! C'est une image irremplaça-
ble ! — même pas remplaçable par celle
de Pasteur guérissant la. rage — a
moins qu'on ne montre d'abord le loup,
le méchant loup enragé qui a, dévoré à
moitié le petit berger, que Pasteur gué-
rit après.
Pierre Mille
Pierre Mille
UN VEINARD
[texte illisible]
— Tu parlas !... Par ce temps de chien
il a réussi à se faire mettre en prison!...
Une grave affaire
de trafic de décorations
Une enquête récemment ouverte par la
Sûreté générale vient de mettre au jour
une assez grave affaire de trafic de déco-
rations.
Depuis quelque temps, certains commer-
çants, qui avaient postulé le ruban de la
Légion d'honneur, recevaient la visite de
deux individus, se disant journalistes, qui
s'offraient à prendre leur affaire en mains
et à user de leur influence pour hâter la
conclusion.
. - Nous ne'vous demandons pas d'ar-
gent d'avance, disaient-ils. 'Quand vous se-
rez décoré, vous nous remettrez simplement
nos honoraires...
Deux pla-intes finirent par être transmi-
ses à la rue des Saussaies. On arrêta les
deux « démarcheurs ». L'un d'eux ne fit,
aucune difficulté pour avouer et pour don-
ner les noms de diverses personnes mêlées
à l'affaire : en particulier un sous-chef
de bureau du ministère du commerce,
M. Ruotte, pour le compte duquel il pré-
tendait agir.
Une information a donc été ouverte con-
tre ce fonctionnaire, dont le bureau et le
domicile, rue de Gentilly, ont reçu la vi-
site des policiers.
Il semble, d'ailleurs, qu'à proprement
parler il ne s'agisse pas d'un véritable
trafic d'influences. On a remarqué, en ef-
fet, que: toutes les personnes « visitées »
par les deux personnages en question
étaient précisément de celles dont la no-
mination était à peu près assurée. Aver-
tis, nos hommes se contentaient donc de
leur soutirer de l'argent sans autrement
intervenir.
M. Ruotte était précisément chargé de
garder les dossiers des candidats. On sup-
pose que son rôle a consisté à en donner
communication.
Il a été interrogé dans la soirée par
M. Bacquart, juge d'instruction.
LES CHANGES
Avant-hier Hier
La livre.. 146,80 ~- 146,10
Le dollar. 30,32 - 30,17
Le Chant des peuples
choisi par les peuples
A la Société des Nations l'Œuvre
a déjà donné un drapeau, le drapeau
bleu. Elle veut aussi lui donner un
chant.
Ce chant, ce sont nos lecteurs de
France et de l'étranger qui le choisi-
ront, tout le grand public européen.
Comment?
Nous avons déjà, il y a six ans, dis-
tingué trois hymnes remarquables, dont
les auteurs comptent parmi nos meil-
leurs musiciens. Ce sont les trois pre-
mières œuvres que nous soumettrons
au jury international, qui vient de se
former spontanément et dont nous pu-
blierons bientôt la composition. La
part de la France ne sera d'ailleurs pas
réduite à cette contribution de l'Œuvre,
si intéressante et si importante qu'elle
soit. Il y a chez nous depuis deux siècles
tout un folklore de chants humanitaires
et pacifistes, qui nous paraissent injus-
tement oubliés. Avec le concours de
nos lecteurs, qui sont de merveilleux
chercheurs, nous nous proposons de
remettre au jour quelques échantillons
inédits ou presque de ce trésor natio-
nal, inconnu ou peu connu, mais non
perdu, puisque nous allons le retrouver.
Nous commencerons par un très
beau poème de Béranger, qui nous sera
chanté le 9 par M. Petit, l'éminent
artiste de l'Opéra.
Le 11, pour le glorieux anniversaire
de l'Armistice, M. Henri Christiné fera
exécuter devant nous l'admirable chant
des peuples dont il est l'auteur.
M. Christiné dirigera lui-même les
exécutants.
Prière à nos lecteurs et auditeurs de
noter avec soin leurs impressions. Le
véritable concours commencera, quand
nous les inviterons à nous dire quel
chant ils préfèrent pour en doter la
Société des Nations.
Au surplus, les chants des peuples
ne seront pas réservés à Radio-Œuvre.
Nous songeons à former des chorales,
qui nous permettraient d'exécuter les
morceaux de notre concours dans les
grandes fêtes populaires, dont les or-
ganisateurs nous demanderaient notre
concours, toujours gratuit. Si quelques-
uns de nos lecteurs peuvent avoir là-
dessus des idées pratiques, nous leur
serons très obligés de nous en faire
part.
Nous n'avons aucune raison de leur
dissimuler que, par delà notre concours,
si large et si retentissant qu'en soit le
succès, ce que nous recherchons sur-
tout, c'est la mise en train dans tous
les pays du monde d'une active et fé.
conde propagande en faveur de la Paix.
Car, suivant notre coutume, nous ne
nous bornons pas à émettre des vœux
platoniques, et à répéter, même avec
résolution et avec foi : « Nous voulons
la paix. » Nous voulons aussi employer
tous les moyens connus pour la faire.
On nous assure qu'un des meilleurs se-
rait un beau chant des peuples, vrai-
ment populaire. A nous, peuple ! Chan-
tons.
Gustave Téry
Ce soir. à 19 h. 45,
Le Docteur
Charles-Edouard Lévy
variera de la santé
de demain "
et la tribune de
RADIO-ŒUVRE
AUJOURD'HUI: 8 PAGES
A la cinquième page :
L'ŒUVRE DU DIMANCHE
avec, en sixième et septième pages :
LA SEMAINE DU SANSFILISTE :
Ceux qui s'obstinent
à ignorer
les « prix mondiaux »
— Maman, il n'y a plus rien à manger ?
Cette phrase, formulée par la voix claire
d'une enfant, a dominé une seconde le
bruit, d'ailleurs relatif, de la rue.
Une voix d'homme a. renchéri :
— Tu pourrais en faire davantage. -
Une voix de, femme, a répondu : j
— En faire davantage! Mais, si je ne,
mangerions plus à partir du 25.
J'ai repéré de loin, la fenêtre entre-
bâillée derrière laquelle une petite fille;
s'insurgeait, doucement, contre un repas '
trop bref.*'. • .. /«,
Et je suis montée. Six étages.
Ils sont quatre : le père et la mère, une
petite fille de cinq ans, un bébé de neuf
mois. Le logis est coquet, mais minuscule. !
Dans la chambre, le grand lit, le petit lit
et le berceau forment un tout. D'ans la salle
à manger, la table touche le buffet, la ohe- i
minée, et. la fenêtre., Pour « circuler »
Odette passe par dessous. L'expression
el chemin de table » prend ici un sens tout
nouveau. On a le plafond sur la tête.
— ça, ne, devrait pas être permis de
construire des cages pareilles, dit M. Fabre.
Le ménage est uni, sérieux. Lei mari est
employé depuis quatorze ans dans une
importante maison. Il gagne 38 francs par
jour.
Comment vit-on à quatre, avec cette
somme ? Mme, Fabre a bien voulu établir,
pour moi, son budget.
— En me levant, dit-elle., je salis que j'ai
déjà dépensé 16 fr. 70 : 2 francs de lait,
2 fr. 50 de pain, 2 fr. 50 de vin (un litre),
3 francs dé charbon. Les autres 6 fr. 70
sont représentés par le loyer (1.200 francs),
les frais de transport de mon mari (800
fra.ncs par ari) et par une rente de 400
francs que nous sommes tenus de servir à
mon vieux père.
— Il vous reste 21 fr. 3c
— Exactement. Pour le t1. ,,; le beur-
re, le sucre, le café, le gaz et l'électricité.
Pour l'entretien et pour l'achat du savon,
car je blanchis tout notre linge. Je fais
mes robes et celles de mes filles. Nous n'al-
lons jamais au théâtre ni au cinéma. Mon
mari ne va pas au café. Je. ne vais pas voir
ma famille, parce qu'elle habite à trois sec-
tions d'autobus, ce qui, pour Odette et moi,
fait cent sous aller et retour. Eh bien! j'ai
beau compter, quand arrive le 25 je suis là
à me dire : « Encore cinq jours, encore
quatre, encore... D
Il m'était dur, après ces confidences, de
retourner le fer d'ans la plaie. J'ai pour-
tant répondu à cette jeune femme :
— Ne vous plaignes pas. Le coefficient
6 n'est pas atteint pour bien des choses.
Vous devriez payer le litre de, lait 48 sous,
votre fricot 40 francs et 3.000 francs votre
loyer. Des économistes forts compétents -—
et qui combattent l'inflation — assurent
que, le franc valant trois sous, ce ne serait
que justice..
Mais je n'ai pas convaincu les époux
Fabre. Travaillant du matin au soir, ils
demandent les moyens de- manger trente
jours par mois ou la manière' de supprimer
la faim.
Les époux Fabre sont légion. 1
HÉLÈNE DU TAILLIS.
POIRES
Il paraît que dans toute la France beau-
coup moins de deux cent mille citoyens ont
déclaré un revenu supérieur à vingt mille
francs.
Je n'ai aucun goût pour la statistique et
il faut croire que les contrôleurs des con-
tributions en éprouvent la. même répu-
gnance ; mais, si on faisait le recensement
des voitures automobiles et le recensement
de ceux qui déclarent, quoique possédant
une voiture, moins de vingt mille francs
de revenus, on pourrait, sans inquisition,
découvrir quelques contribuables qui cher-
chent à arranger .l'Etat.
Mon marchand de peaux de lapins fai-
sait sa tournée à pied; voilà trois ans, il
avait un vélo ; l'an dernier, une voiture et
un poney ; cette année, il conduit une auto,
une auto neuve qu'il a payée, plus de vingt
mille francs.
Connaissez-vous, en dehors des ouvriers,
des employés et, de quelques paysans, beau-
coup de gens qui nel gagnent pas vingt
mille francs par an? Faites le tour de
ceux qui vous entourent.
Mais où le scandale éclate, c'est quand
on apprend que le' département de la Seine
paie presque le quart des impôts de la.
France. Peut-être Paris et. sa banlieue sont-
ils très favorisés, mais je connais ailleurs,
dans le Nord, dans l'Est, dans l'Ouest et
dans le Midi, un certain nombre de fer-
miers, d'industriels ou de commerçants qui
ne s'embêtent pas.
Si Fontainebleau est- le pays du chasse-
las, Paris est vraiment le pays des paires !
— D.
Ricciotti Garibaldi
avoue
ses machinations
C'est lui qui aurait envoyé Lucetti
à Rome lancer une bombe
sur le passage du Duce
Il,., . ~~1. RICCIOTTI ..GARIBALDI-. 1
On n'a jamais, je crois, rien vu de plus
drôle * que l'attitude j de nos nationalistes
devant les récents, incidents italiens. Ils
nous accusaient hier de « bêler » la. paix.
Ils nous accusent aujourd'hui d'être , des
va-t-en-guerre. f > ■ - ■ • .
V f « S'il ne tenait qu'à nos journaux do
gauche 1 et dl 'extrtlme-gauche, écrit ,,l'un
d'eux, ce serait la guerre entre la Fra1ttt:
et l'Italie... »
Comme il y va !
Il ne . trouve d'ailleurs à notre légitima
indignation de Français qu'une explica
tion plausible : un mot d'ordre maçontv;
que.
C'est ingénieux ! '
Mais ne tirons pas encore l'échelle. Il
y ; a mieux. Un autre écrit, textuellement,
ceci
« Il semble..: qu'en cette affaire (l'affaù?
Riociotti Garibaldi), dont le retentissement
sera considérable (tu parles !), un peu'plus
de ' discrétion s'imposait. - MAis , PEUT
S'AGIT-IL 1 DE JOUER UN MAUVAIS . TOUR AT I
VERNEMENT .ITALIEN EN MONTRANT QU'IL ri
TENAIT 'A L'ÉTRANGER, POUR LES BESOINS DE' A
POLITIQUE,'- DES AGENTS PROVOCATEURS. »
Vous entendez ? , C'est nous qui man-
quons de discrétion. C]est nqus qui jouon::i
de * mauvais tours au gouvernement
Rome. Comment !,, Il r entretient sur no tre
territoire des' agents provocateurs pour. fo-
menter dès complots plus ou moires :::e-
rieux, dont il nous attribue ensuite I:'. t, V
ponsabilité, ; et nous ne le laisson: • ; rfs
faire !., Et, nous nous permettons d'arrê-ler
ses' agents ! Et nous avons le toupei io
leur faire, subir des interrogatoires ! "i>s
n'y mettons vraiment aucune, con-;phÜ-
sance !.... ; — ■ <" ■ ; -
Mais, continue le confrère, «"Ricci il î
Garibaldi -est-il un agent provocateur ?
L*instru'etion le v démontrera. Démontrera
t-elle aussi qu'il jouait ce rôle par ordre
ou bien plutôt pour en tirer des subsides,
en trompant tout le monde tour à tour «
La belle excuse ! Il ne s'agit pas de p%-
voir si, en recourant aux bons offices -
aux sales offices — de M. Ricciotti Gari-
ba!di, M. Mussolini en avait ou n'en &vs[t
pas pour, son argent. Il-s'agit de sa^o.^
s'il y recourait. /
— Mais non. dit un troisième confrèro
de droite. Mussolini n'est pour rien i>
dedans. Ce sont des « combines » policiè-
res auxquelles il est étranger. « S'il '
était autrement; comment expliquer que
Federzonij démissionnaire du portefeuille
de l'Intérieur, ait été immédiatement
nommé par le Duce ministre des colonies.?
(Ça explique tout; au contraire !) Ou Men
il faudrait supposer à la tête même de
l'Etat des connivences invraisemblables. >,
(Pas plus invraisemblables, tout de mêrne,
que le « mot d'ordre maçonnique » de l'au-
tre...)
Et on poursuit, lyrique :
(( La grande figure de Mussolini, restau-
rateur de l'Italie, domine de trop haut de
si basses machinations, pour que l'esprit
s'y arrête, ne fût-ce qu'un instant. y
Vraiment ! Voilà un homme qui, à vous
entendre, fait tout, - veille à tout, dirige
tout.: Ubiquiste, universel, il prend ohaq-ia
jour un portefeuille nouveau. Sous son au-
torité, l'Italie n'est, plus qu'une immense
discipliné. Et ses collaborateurs ■ orga-ni
sent des assassinats comme celui de Mat-
teotti, et il n'en sait rien ! Et sa pO/lice
fabrique de vastes complots, et il n'en sait
rien ! Et ses troupes créent des incidents
diplomatiques, et il n'en sait rien!
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