Titre : L'Œuvre
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Éditeur : [s.n.][s.n.] (Clermont-Ferrand)
Date d'édition : 1926-01-31
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb34429265b
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Description : 31 janvier 1926 31 janvier 1926
Description : 1926/01/31 (N3775). 1926/01/31 (N3775).
Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse... Collection numérique : Bibliographie de la presse française politique et d'information générale
Description : Collection numérique : BIPFPIG63 Collection numérique : BIPFPIG63
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k46128249
Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JOD-90
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 12/09/2016
L'ŒUVRE
20 Centimes
EDITION OE PARIS
Ne 3775. — DIMANCHE 3i JANVIER 1926.
9, rae Louis-le-Grand (2*)
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Directeur :
GUSTAVK vzl&lmqàr
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" La Véritable cause du njalaisè
..... ■■ ; :
ficaocier, ce p'est pas felle ou telle
ft)ajorité, c'est Instabilité de ootre
njoDoaie. "
GEORGES BONNET.
HIER ET AUJOURD'HUI
Salaires,
appointements
et honoraires
Quelle était, avant la guerre, vers 1910,
la situation des travailleurs par rapport
à la situation correspondante des travail-
leurs en 1850, 1875 et 1900 ?
Si j'en crois les statistiques, voici, pour
la France, quelques chiffres :
En prenant 100 pour base, le taux des
salaires était 100 en 1910, 90 en 1900,
66 vers 1875, 45 en 1850.
Le taux des salaires en or avait doublé
en cinquante ans, plus que doublé en
soixante. ;
Mais la signification de ces chiffres
' [ ne s'adapte à la réalité que si l'on tient
compte du pouvoir d'achat de l'argent.
Dans ce cas, le salaire d'un travailleur
de 1850 vaut en moyenne 54 francs,
celui d'un travailleur de 1875 en vaut 65,
celui d'un travailleur de 1900 vaut 90
francs, et celui d'un travailleur de 1910,
96 francs.
En somme, le salaire réel a passé de
54 francs à 96 francs, en soixante années.
Un ouvrier de 1910 pouvait acheter envi-
ron deux fois autant de denrées qu'un
ouvrier de 1850. Incontestablement, la
situation moyenne du travailleur s'était
améliorée. Et il convient de remarquer
que l'homme de 1850 travaillait plus
d'heures et dans de plus mauvaises con-
ditions que celui de 1910.
» * * *
La guerre a quelque peu changé cela.
Quoique les salaires des travailleurs aient
considérablement augmenté en chiffres,
I ils ont subi en or, et en valeur d'achat,
I une certaine dépréciation, sauf pour cer-
I iains corps de métiers privilégiés : donc
I le mouvement continu de hausse, carac-
I téristique du xix" siècle (surtout depuis
I 1840) et du commencement de notre xxe
I siècle, a cessé depuis l'armistice.
I Pourtant, parmi les hommes qui vi-
I vent directement de leur labeur, les ou-
I vriers sont encore privilégiés. Outre un
I certain allégement de la journée de tra-
I vail, qui sera plus considérable lorsque
I la loi et la coutume seront stabilisées, ils
I bénéficient de salaires encore compara-
I bles aux 'salaires de 1914.
I Il ,il,,eil va pas ainsi pour un grand
I nombre des employés, pour la totalité
I des fonctionnaires et des professeurs, et
I plus encore pour les hommes de lettres.
I Beaucoup d'employés, en effet, ne tou-
I chent que la moitié des appointements or
I qu'ils recevaient avant la guerre. Les
I fonctionnaires se trouvent dans des con-
I ditions pareilles ; les professeurs aussi.
I , Pour les hommes de lettres, la baisse
I est effrayante. J'en connais un grand
1 nombre qui jouissent d'une certaine no-
1 toriété, d'autres qui sont célèbres, dont
1 les noms sont connus à l'étranger, qui
8 - ont vu leurs œuvres louées clans un nom-
1 i! bre considérable de revues de tous les
I pays. Eh bien ! en moyenne, on peut dire
1 que leurs - honoraires sont réduits des
I trois quarts s'il sont romanciers, con-
I leurs .ou chroniqueurs. (Au théâtre,
1 grâce au pourcentage établi par la Socié-
I té des Auteurs, la baisse des honoraires
I est moins sensible.)
I '.r s; y
I La situation des savants était déjà bien
I mélancolique au commencement du siè-
1 de. De véritables grands hommes, dont
I les découvertes ont enrichi la société tout
I entière, ont vécu avec des rémunérations
I dérisoires.
I On ne peut rien imaginer de plus ab-
1 surde que le sort fait par la société à
1 tels Français de génie, admirés par tous
1 les savants du globe, , qui travaillaient
1 dans des laboratoires piteux et qui de-
I vaient souvent consacrer à leurs recher-
1 - ehes une%>art de leurs misérables ap-
1 pointements.
I Moins bien payés encore que leurs de-
1 vanciers, les savants contemporains ne
1 Peuvent vivre - qu'en gaspillant leur
I temps en cours, en conférences, en pe-
I tits travaux inutiles : j'en connais qui,
I surmenés, vieillis avant l'âge, ne peu-
I vent consacrer au laboratoire que leurs
I heures perdues ! Et, pendant ce temps-là,
I fîe joyeux spéculateurs gagnent des mil-
! H ers de francs en quelques heures.
1 C'est une honte pour , la France, qui
1 se targue, à juste titre, de ne céder le
1 Sceptre de l'intelligence à aucune autre
1 dation
1 Et notez que T beaucoup de savants ne
1 se plaindraient même pas, s'ils avaient
1 ' rîu moins un outillage égal à celui de
; 1 ^urs concurrents étrangers.
*1 J'admets volontiers que les carrières
1 orales attirent trop de gens. L'offre
dépasse démesurément la demande ; il
est par suite inévitable qu'il y ait beau-
coup de sacrifiés. On a le droit, et même
le devoir, de dire à ceux qui n'apportent
pas des talents exceptionnels que le mal
est sans remède.
Mais, dans un pays de haute culture,
on ne peut tenir un pareil langage lors-
qu'il s'agit d'intelligences supérieures.
Les savants et les artistes dont le mérite
est reconnu ont des droits qu'aucun
grand pays civilisé ne saurait mécon-
naître. Or, on les méconnaît cynique-
ment.
J.-H. Rosny ainé
de l'Académie Goncourt
UNE EXPLORATION TRAGIQUE
L'abîmé naturel
le plus profond
du monde
Nous avons tous, en son temps, suivi
avec admiration l'expédition qui tenta
d'escalader dans l'Himalaya la montagne
la plus haute du monde, et cette admira-
tion était justifiée. C'est un beau senti-
ment, une noble curiosité qui poussent les
hommes à connaître toutes les parties de
notre globe, les pôles glacés, les déserts
brûlants ou les pics restés encore inacces-
sibles.
Mais il semble que l'on n'ait pas assez
parlé de l'audacieux exploit de quelques
savants qui viennent d'explorer sous terre
l'abîme le plus profond que l'on connaisse
à ce jour.
Cet abîme se trouve en Istrie, à une tren-
taine de kilomètres au sud de Trieste, près
de Raspo, en Cicceria, et a reçu de ses ex-
plorateurs le nom d'abîme Bertarelli. Des
« spéléologues » italiens ont passé deux ans
à l'explorer et sont arrivés à. leurs fins
après plusieurs expéditions dont la derniè-
re fut marquée par de tragiques événe-
ments-
Un savant français, spécialiste des caver-
nes, M. A. Martel, qui, autrefois, avait
participé aux premières explorations de ce
gouffre .naturel, vient, tout récemment de
publier le récit de cette audacieuse explo-
ration et de faire connaître les résultats
acquis grâce au courage de 'ses confrères
italiens. ,
Une première tentative
Ceux-ci, en 1924, s'engagèrent dans l'ori-
fice de l'abîme, une caverne descendant en
pente dont la bouche s'ouvre sur une col-
line à 625 mètres d'altitude.
Arrivés à l'extrémité de cette grotte, à
une profondeur de 50 mètres sous terre en-
viron, ils trouvèrent six puits verticaux
étroits, creusés par les eaux dans le cal"
caire. Un seul de ces puits, mesurait à pic
130 mètres..^ .
. Avec des cordes, ils descendirent jus-
qu'au fond et tombèrent dans une "longue
galerie où coulait un ruisseau. Ils arrivè-
rent ainsi à 345 mètres de profondeur.
Mais ils furent bientôt arrêtés ; la galerie
était fermée ,par des éboulis qu'ils ne pu-
rent franchir. Ils remontèrent et sortirent
de l'abîme après y être restés trente-trois
heures.
Au cours de l'été 1925, au moment où les
eaux sont basses, une nouvelle expédition
. s'engageait dans la grotte et suivait le che-
min parcouru précédemment. Elle fut as-
sez heureuse pour * trouver la galerie
désobstruée, les éboulis qui avaient arrêté
les premiers explorateurs ayant été empor-
tés pendant' l'hiver par quelque crue sou-
terraine.
Sous terre à 430 mètres
Trouvant l'espace libre devant eux, les
explorateurs parcoururent plus de 200 mè-
tres' en pente et descendirent ainsi à 430
mètres, le point le plu s bas atteint à ce
jour dans les abîmes naturels. Ils furent
arrêtés à cet endroit par un bassin qui
terminait la galerie et dont les eaux se
perdaient par\i,es fissures inaccessibles.
Mais, au moment où ils procédaient à
leurs études, un formidable orage s'abat-
tait sur la région. Les eaux grossirent, et
les ruisseaux souterrains devinrent des tor-
rents roulant des pierres, bloquant les puits
et les gâteries.
Deux aides furent emportés et périrent.
Des opérateurs restés dans la grotte supé-
rieure, arrachés à leur poste par la cata-
racte, durent pendant trois heures s'accro-
cher aux rocs et aux cordages-
Enfin huit explorateurs qui se trou-
vaient au fond furent assaillis par l'eau et
les pierres qui s'engouffraient dans la ga-
lerie. Ils ne furent sauvés que par miracle,
et ce ne fut qu'au bout de deux jours, lors-
que vint la décrue, qu'on put les extraire
vivants.
Ils avaient vu la mort de près ; deux de
leurs compagnons étaient restés dans les
profondeurs obscures, mais ils avaient dé-
chiffré une part de l'énigme que recelait
ce formidable abîme. Ils apportaient une
ample provision de documents sur la cir-
culation souterraine des eaux, sur les êtres
qui vivent dons ces régions mystérieuses,
sur la formation géologique de ces puits
et de ces galeries.
Leur audace avait sa récompense !
PH. L.
— Je ne prendrai pas la parole pendant
la discussion des projets financiers...
- Oh ! vous ! vous ne pouvez rien faire
comme tout le monde !
Où commence
l'inflation ?
Un estimable négociant, qui veut bien me
vendre d'excellents chapeaux, m'honore de
cette confidence : ^
(c Voici, m'écrit-il, comment je prévois
le mécanisme de ce que j'appelle amo-rtis-
sernent :
« Dans chaque arrondissement, qua-
rante citoyens, officier de l'armée, officier
de paix, directeur de journal, quelques ou-
m"ieTS,'- quelques employés, enfin quelques-
uns des commerçants et industriels. à la
tête d'une affaire menée par eux brillam-
ment (sans qu'il ïoU fcàt état de leurs dis-
tinctions honorifiques) réuniront les pre-
miers fonds :,tl'u7te caisse, ce qui entrai-
nera la masse.
| « Chaque fois qu'un million de francs
\ aura été réuni, un achat de rente sur
! l'Etal sera fait avec les billets de banque,
en présence de cinq délégués.
1 (c Le dimanche matin, le maire conviera
par affiche les citoyens de l'arrondisse-
ment ; une fête sera organisée à la mairie
et les numéros des titres de rente seront
brûlés en présence des assistants ; des
constats par huissier seront établis, pour
que soient communiqués au ministère des
finances, et supprimés au Grand Livre,
tous les numéros des titres détruits.
« Voilà la seule manière de faire des
amortissements à la française... »
■ A la française ? A coup sûr. On recon-
naît ici la manière, le désintéressement et le
dévouement au bien public, dont le peuple
de France nous a déjà donné de multiples
exemples. Si l'on osait se permettre une cri-
tique en pareille matière, peut-être se pren-
drait-on à souhaiter que ce bel élan, qui
entraîne les communes, les quartiers, les
corporations ou les particuliers à verser au
Trésor des contributions bénévoles, fût
mieux réglé, plus discipliné. Ce sera au
gouvernement à dire comment il se propose
d'utiliser tant de bonnes volontés qui offrent
leur concours. En attendant, il nous semble
apercevoir dans la belle proposition de notre
voisin une méprise fréquente. Ne semble-
t-il pas admettre, comme un fait reconnu,
que les titres et les billets sont chez nous
en excès, et que la meilleure façon d'« amor-
tir 7», c'est de « détruire » ?
C'est exactement comme si l'on disait que
l 'on va porter sur le boulevard un million de
chapeaux et que l'on va y mettre le feu pour
faire marcher le commerce de la chapellerie.
Nous demeurons convaincus que, même s'il
s'agit de billets de banque, il y en a tout
juste en circulation la quantité nécessaire !
aux besoins des échanges. Pas plus. Au !
risque d'émouvoir quelques économistes clas- j
siques, qui ne veulent pas être rassurés, ré- |
pétons obstinément que l'inflation serait sans
doute un fléau, mais que nous ne la connais-
sons pas encore. La thésaurisation, dont on
ne soupçonne pas l'importance, et l'heureuse
inaptitude du Français à l'usage du chèque,
suffiraient chez nous à rendre inoffensif un
excès de coupures, mais il n'y a pas excès.
Donc, gardons bien tout notre papier,
nous n'en avons pas trop, et il n'y a aucune
raison pour que d'heureuses contingences ne
le « revalorisent » pas au mieux de nos es-
poirs. Tout ce que l'on peut alors appré-
hender c'est que le franc ne remonte trop
vite; mais vous verrez, on s'y fera.
Notre optimisme indéfectible deviendra
capable de concevoir qu'un jour venant notre
pièce de vingt sous pourra valoir encore cin-
quante centimes. La victoire nous doit
bien ça.
Gustave Téry
LE DRAME DE LA RUE DE CHAZELLES
Au cours d'une émouvante
confrontation, la concierge
affirme que M. Lancel
a tiré sans provocation
Une confrontation émouvante a eu lieu
hier, dans le cabinet de M. Bertaud, entre
le maroquinier Lancel et sa femme, en
présence de M* Paul-Boncour, qu'assistait
Me Gaston Strauss.
Le juge avait tenu, dans un nouvel, in-
terrogatoire, à demander à Lancel s'il per-
sistait à affirmer qu'il n'avait pas chargé
spécialement le revolver qu'il portait d'or-
dinaire sur lui. Lancel a maintenu que
son arma, un revolver à barillet d'un mo-
dèle ancien, était depuis longtemps char-
gée. ■
A une question de M. Bertaud, tentant
de savoir si M. Lancel a bien enfoncé d'un
coup d'épaule la porte de M. Marge, le
maroquinier, s'est efforcé de ne pas répon-
dre directement.
— J'ai bien donné un coup d'épaule,
dit-il, mais je ne crois pas avoir enfoncé
la porte, elle a dû être ouverte de l'inté.
rieur.
A ce moment, le jugie a' fait introduire
Mme Lancel, qui, depuis longtemps rendue
au Palais, tentait de se dérober à la curio-
sité du public dans un couloir du Parquet.
Mme Lancel manifestait la plus vive répu-
gnance à eie trouver en présence de 60n
mari.
En entrant dans le cabinet du juge, Mme
Lancel s'est mise à pleurer, et son mari
bientôt l'a imitée. Enfin Lancel, rompant
le silence, a murmuré au milieu de ses
larmes :
- Je dois reconnaître que, malgré toutes
tes fautes, tu as été une bonne mère.
Le juge a alors tenté de faire préciser
comment les époux Lancel se sont connus.
Mme Lancel avait tout d'abord déclaré
qu'elle était devenue la maîtresse de Lan-
cel au cours de son premier mariage, alors
qu'elle était remployée du maroquinier.
La confrontation a permis d'établir
qu'elle a connu Lancel et est devenue sa
maîtresse alors "qu'elle avait introduit son
instance en divorce contre, son premier
mari. • • ' • .
Le juge a en vain insisté pour obtenir
d'elle quelques renseignements sur la scène
du meurtre de M- Marge, auquel elle a
assisté. Mme Lancel a affirmé n'avoir rien
vu du drame.
— En entendant mon mari, a-t-elle dit,
je me suis précipitée dans le cabinet de
toilette pour m'y cacher. Il a brisé la vitre
et m'a découverte. Une courte altercation
a éclaté entre nous. Bientôt il m'a lâchée
pour se retourner \-ervs M. Marge. Aussitôt
j'ai refermé la porte du cabinet de toilette
et je n'en suis sortie qu'au bruit des déto-
nations. M. Marge s'aeaissai t. Je ne sais
pas ce qui s'est passé dams ce court instant
entre M. Marge et mon mari.
M. Bertaud a ensuite entendu Mme Ca-
muzat, concierge de l'immeuble de la rue
de Chazelles, sur laquelle ; les meilleurs
renseignements ont été recueillis et qui est
représentée comme une femme fort sérieuse
et très calme.
Elle a déclaré qu'elle ne connaissait pas
Mme Lancel sous son nom. M. Marge lui
avait déclaré que c'était une dame russe
qui lé poursuivait de ses assiduités,
j En ce qui concerne les circonstances du
! drame, Mme Camuzat a déclaré :
— J'ai vu le groupe passer dans le ves-
tibule. Nul n'a répondu à mon appel. J'ai
vu deux hommes donner de violents coups;
dans la porte, je ne sais si elle a cédé ou
si on l'a ouverte de l'intérieur.
« Lorsque j'ai vu cette scène, j'ai télé.
phoné à l'appartemènt de M. Marge, on ne
m'a pas répondu. Je suis allée aussitôt
vers l'appartement.
« En arrivant, j'ai entendu un bruit de
carreaux : c'était la porte du cabinet de
toilette qui venait d'être brisée. M. Marge
était en train de s'habiller, il mettait son
pantalon. Mme Lancel était en robe claire,
très décolletée. Le lit, que, j'avais fait le
matin, 'était défait.
(Voir la suite en 3' page)
Le nouveau projet financier
C'est lundi vraisemblablement que M.
Paul Doumer fera connaître les modifica-
tions qu'il se propose d'apporter à la taxe
sur les paiements.
Le ministre des Finances, ainsi qu'il l'a
dit dans son discours de vendredi/ veut
établir une taxe qui frappera exclusive-
ment la production et le commerce de gros
et de demi-gros. , ;
En modifiant ainsi sa taxe sur les paie-
ments, M. Doumer en libère le commerce
de détail, c'est-à-dire environ 1.500.000 as-
sujettis sur 2 millions.
Par son projet primitif, M. Paul Dou-
mer avait fixé à 1.20 % le taux de la taxe
sur les paiements et il en attendait une re-
cette annuelle de 3.800 millions.
Du fait que le commerce de détail serait
exempt de la nouvelle taxe, le taux de 1,20
pour cent devra certainement être relevé.
Le deuxième projet de M. Doumer n'est
d'ailleurs pas définitivement arrêté. Il se
peut même que le ministre en modifie cer-
taines dispositions essentielles.
Car, si le gouvernement veut arriver il un
accord avec'"la majorité républicaine de la
Chambre, il faudra évidominent qu'il tien-
ne compte des désirs qu'ont manifestés les
groupes de gauche jr.. •
LE RAID ESPAGNE-ARGENTINE
L'aviateur Franco
a pris son vol
vers Pernambuco
Un radiotélégramme parvenu hier à, Ma..
drid annonce que l'aviateur Franco. açait
commencé hier matin à 5 heures, ses. pré*
paratifs de départ. pour la traversa
l'Océan., -
Le Plus-Ultra, a repris son vol (Je,
beira Do lnferqo. à 8, heures, se diçig^nl
sur Pernambuco. ;
A 1.2 ,h.' 40, le .croiseur Blaz de.Lég'rq. %a»
diographié à TéiJérH{e que le, Plu ï
poursuivait normalement son vbL"
'Enfin,' le- consulat d-'Ëspàgne a Perïi$B$?
bucô à été informé que l c Plus- Ull i-,a Màtk*
arrivé -à - 20, heures à, I.?ile Fernande' Noro»
nha et avait navigué dans de bonnes"Ctions. / , •
[L'île Fernando Noronha se trouve à 'ki-
lomètres ,de la côte américaine: Elle ' sert'
lieu de déportation aux forçats. C'est' "11"
simple petit rocher.] - • - .
Cette étape qu'a accomplie PaViateurîcmn
pagÍlOl comporte 2.650 kilomètres aii-des:^
sus de l'Atlantique.
Voir en deuxième page .*
t% ta recfjercîje d'uij i"i,e(l
par G. DE LA FOUCHARDIERf. , ~.:
LE DÉBAT FINANCIER A LA CHAMBRE
La discussion générale
est enfin close
M. Bokanowski a prononcé son discours
d'usage sur la " confiance "
[illisible]
M. BOKANOWSKI A LA TRIBUNE .
Après \}n après-midi bien rempli lai
Chambre en a fini hier avec la discussion^
générale.
En termes vigoureux, M. Nogaro vient
d'abord réclamer — une fois de ] lus —
une politique monétaire. On n'aura rien;
fait tant qu'on n'aura pas stabilisé et ft.,
valorisé le franc. Et l'orateur se proclama
convaincu que pareille opération est; pos*' '
sible. «
, Quant au conflit qui oppose M. Dodri-ter
à la commission/il doit être aisément ré-
solu. Au fond, il n'est guère d'impôt dir
rect qui ne retombe, par incidence, &ur
consommateur. La taxe à la : prodllctiÛr1
présente d'indéniables avantages, ■_à con-
dition qu'on n'en arrive pas à faire payer
à la fois l'impôt nouveau et l'impôt sùp*
primé...
M. de Tinguy du Poi-iët nous offre en»
suite un exposé de la pure doctrine' con-
servatrice. La main sur le cœur, il re-
pousse' tous les sacrifices demanda, ,âii
nom de la cc famille française n. Et quand,,
après une heure e* demie d'éloquence. lar-
moyante,' il eOlisent à céder la tribune, la
chambre, excédée, exige à .arancib- cris ',Iiik
20 Centimes
EDITION OE PARIS
Ne 3775. — DIMANCHE 3i JANVIER 1926.
9, rae Louis-le-Grand (2*)
idr. téleg. r1 ŒUVRE-PARIS
7, - ", tM
Directeur :
GUSTAVK vzl&lmqàr
UMahutt il#ref 65-00, 65-0 * 65-^1 -
iiitffwtn j 65-03, 05-04. ,
. : ^ • ■. ^ ~ ^ V 1 ' • • • • • ' ; - ( '
" La Véritable cause du njalaisè
..... ■■ ; :
ficaocier, ce p'est pas felle ou telle
ft)ajorité, c'est Instabilité de ootre
njoDoaie. "
GEORGES BONNET.
HIER ET AUJOURD'HUI
Salaires,
appointements
et honoraires
Quelle était, avant la guerre, vers 1910,
la situation des travailleurs par rapport
à la situation correspondante des travail-
leurs en 1850, 1875 et 1900 ?
Si j'en crois les statistiques, voici, pour
la France, quelques chiffres :
En prenant 100 pour base, le taux des
salaires était 100 en 1910, 90 en 1900,
66 vers 1875, 45 en 1850.
Le taux des salaires en or avait doublé
en cinquante ans, plus que doublé en
soixante. ;
Mais la signification de ces chiffres
' [ ne s'adapte à la réalité que si l'on tient
compte du pouvoir d'achat de l'argent.
Dans ce cas, le salaire d'un travailleur
de 1850 vaut en moyenne 54 francs,
celui d'un travailleur de 1875 en vaut 65,
celui d'un travailleur de 1900 vaut 90
francs, et celui d'un travailleur de 1910,
96 francs.
En somme, le salaire réel a passé de
54 francs à 96 francs, en soixante années.
Un ouvrier de 1910 pouvait acheter envi-
ron deux fois autant de denrées qu'un
ouvrier de 1850. Incontestablement, la
situation moyenne du travailleur s'était
améliorée. Et il convient de remarquer
que l'homme de 1850 travaillait plus
d'heures et dans de plus mauvaises con-
ditions que celui de 1910.
» * * *
La guerre a quelque peu changé cela.
Quoique les salaires des travailleurs aient
considérablement augmenté en chiffres,
I ils ont subi en or, et en valeur d'achat,
I une certaine dépréciation, sauf pour cer-
I iains corps de métiers privilégiés : donc
I le mouvement continu de hausse, carac-
I téristique du xix" siècle (surtout depuis
I 1840) et du commencement de notre xxe
I siècle, a cessé depuis l'armistice.
I Pourtant, parmi les hommes qui vi-
I vent directement de leur labeur, les ou-
I vriers sont encore privilégiés. Outre un
I certain allégement de la journée de tra-
I vail, qui sera plus considérable lorsque
I la loi et la coutume seront stabilisées, ils
I bénéficient de salaires encore compara-
I bles aux 'salaires de 1914.
I Il ,il,,eil va pas ainsi pour un grand
I nombre des employés, pour la totalité
I des fonctionnaires et des professeurs, et
I plus encore pour les hommes de lettres.
I Beaucoup d'employés, en effet, ne tou-
I chent que la moitié des appointements or
I qu'ils recevaient avant la guerre. Les
I fonctionnaires se trouvent dans des con-
I ditions pareilles ; les professeurs aussi.
I , Pour les hommes de lettres, la baisse
I est effrayante. J'en connais un grand
1 nombre qui jouissent d'une certaine no-
1 toriété, d'autres qui sont célèbres, dont
1 les noms sont connus à l'étranger, qui
8 - ont vu leurs œuvres louées clans un nom-
1 i! bre considérable de revues de tous les
I pays. Eh bien ! en moyenne, on peut dire
1 que leurs - honoraires sont réduits des
I trois quarts s'il sont romanciers, con-
I leurs .ou chroniqueurs. (Au théâtre,
1 grâce au pourcentage établi par la Socié-
I té des Auteurs, la baisse des honoraires
I est moins sensible.)
I '.r s; y
I La situation des savants était déjà bien
I mélancolique au commencement du siè-
1 de. De véritables grands hommes, dont
I les découvertes ont enrichi la société tout
I entière, ont vécu avec des rémunérations
I dérisoires.
I On ne peut rien imaginer de plus ab-
1 surde que le sort fait par la société à
1 tels Français de génie, admirés par tous
1 les savants du globe, , qui travaillaient
1 dans des laboratoires piteux et qui de-
I vaient souvent consacrer à leurs recher-
1 - ehes une%>art de leurs misérables ap-
1 pointements.
I Moins bien payés encore que leurs de-
1 vanciers, les savants contemporains ne
1 Peuvent vivre - qu'en gaspillant leur
I temps en cours, en conférences, en pe-
I tits travaux inutiles : j'en connais qui,
I surmenés, vieillis avant l'âge, ne peu-
I vent consacrer au laboratoire que leurs
I heures perdues ! Et, pendant ce temps-là,
I fîe joyeux spéculateurs gagnent des mil-
! H ers de francs en quelques heures.
1 C'est une honte pour , la France, qui
1 se targue, à juste titre, de ne céder le
1 Sceptre de l'intelligence à aucune autre
1 dation
1 Et notez que T beaucoup de savants ne
1 se plaindraient même pas, s'ils avaient
1 ' rîu moins un outillage égal à celui de
; 1 ^urs concurrents étrangers.
*1 J'admets volontiers que les carrières
1 orales attirent trop de gens. L'offre
dépasse démesurément la demande ; il
est par suite inévitable qu'il y ait beau-
coup de sacrifiés. On a le droit, et même
le devoir, de dire à ceux qui n'apportent
pas des talents exceptionnels que le mal
est sans remède.
Mais, dans un pays de haute culture,
on ne peut tenir un pareil langage lors-
qu'il s'agit d'intelligences supérieures.
Les savants et les artistes dont le mérite
est reconnu ont des droits qu'aucun
grand pays civilisé ne saurait mécon-
naître. Or, on les méconnaît cynique-
ment.
J.-H. Rosny ainé
de l'Académie Goncourt
UNE EXPLORATION TRAGIQUE
L'abîmé naturel
le plus profond
du monde
Nous avons tous, en son temps, suivi
avec admiration l'expédition qui tenta
d'escalader dans l'Himalaya la montagne
la plus haute du monde, et cette admira-
tion était justifiée. C'est un beau senti-
ment, une noble curiosité qui poussent les
hommes à connaître toutes les parties de
notre globe, les pôles glacés, les déserts
brûlants ou les pics restés encore inacces-
sibles.
Mais il semble que l'on n'ait pas assez
parlé de l'audacieux exploit de quelques
savants qui viennent d'explorer sous terre
l'abîme le plus profond que l'on connaisse
à ce jour.
Cet abîme se trouve en Istrie, à une tren-
taine de kilomètres au sud de Trieste, près
de Raspo, en Cicceria, et a reçu de ses ex-
plorateurs le nom d'abîme Bertarelli. Des
« spéléologues » italiens ont passé deux ans
à l'explorer et sont arrivés à. leurs fins
après plusieurs expéditions dont la derniè-
re fut marquée par de tragiques événe-
ments-
Un savant français, spécialiste des caver-
nes, M. A. Martel, qui, autrefois, avait
participé aux premières explorations de ce
gouffre .naturel, vient, tout récemment de
publier le récit de cette audacieuse explo-
ration et de faire connaître les résultats
acquis grâce au courage de 'ses confrères
italiens. ,
Une première tentative
Ceux-ci, en 1924, s'engagèrent dans l'ori-
fice de l'abîme, une caverne descendant en
pente dont la bouche s'ouvre sur une col-
line à 625 mètres d'altitude.
Arrivés à l'extrémité de cette grotte, à
une profondeur de 50 mètres sous terre en-
viron, ils trouvèrent six puits verticaux
étroits, creusés par les eaux dans le cal"
caire. Un seul de ces puits, mesurait à pic
130 mètres..^ .
. Avec des cordes, ils descendirent jus-
qu'au fond et tombèrent dans une "longue
galerie où coulait un ruisseau. Ils arrivè-
rent ainsi à 345 mètres de profondeur.
Mais ils furent bientôt arrêtés ; la galerie
était fermée ,par des éboulis qu'ils ne pu-
rent franchir. Ils remontèrent et sortirent
de l'abîme après y être restés trente-trois
heures.
Au cours de l'été 1925, au moment où les
eaux sont basses, une nouvelle expédition
. s'engageait dans la grotte et suivait le che-
min parcouru précédemment. Elle fut as-
sez heureuse pour * trouver la galerie
désobstruée, les éboulis qui avaient arrêté
les premiers explorateurs ayant été empor-
tés pendant' l'hiver par quelque crue sou-
terraine.
Sous terre à 430 mètres
Trouvant l'espace libre devant eux, les
explorateurs parcoururent plus de 200 mè-
tres' en pente et descendirent ainsi à 430
mètres, le point le plu s bas atteint à ce
jour dans les abîmes naturels. Ils furent
arrêtés à cet endroit par un bassin qui
terminait la galerie et dont les eaux se
perdaient par\i,es fissures inaccessibles.
Mais, au moment où ils procédaient à
leurs études, un formidable orage s'abat-
tait sur la région. Les eaux grossirent, et
les ruisseaux souterrains devinrent des tor-
rents roulant des pierres, bloquant les puits
et les gâteries.
Deux aides furent emportés et périrent.
Des opérateurs restés dans la grotte supé-
rieure, arrachés à leur poste par la cata-
racte, durent pendant trois heures s'accro-
cher aux rocs et aux cordages-
Enfin huit explorateurs qui se trou-
vaient au fond furent assaillis par l'eau et
les pierres qui s'engouffraient dans la ga-
lerie. Ils ne furent sauvés que par miracle,
et ce ne fut qu'au bout de deux jours, lors-
que vint la décrue, qu'on put les extraire
vivants.
Ils avaient vu la mort de près ; deux de
leurs compagnons étaient restés dans les
profondeurs obscures, mais ils avaient dé-
chiffré une part de l'énigme que recelait
ce formidable abîme. Ils apportaient une
ample provision de documents sur la cir-
culation souterraine des eaux, sur les êtres
qui vivent dons ces régions mystérieuses,
sur la formation géologique de ces puits
et de ces galeries.
Leur audace avait sa récompense !
PH. L.
— Je ne prendrai pas la parole pendant
la discussion des projets financiers...
- Oh ! vous ! vous ne pouvez rien faire
comme tout le monde !
Où commence
l'inflation ?
Un estimable négociant, qui veut bien me
vendre d'excellents chapeaux, m'honore de
cette confidence : ^
(c Voici, m'écrit-il, comment je prévois
le mécanisme de ce que j'appelle amo-rtis-
sernent :
« Dans chaque arrondissement, qua-
rante citoyens, officier de l'armée, officier
de paix, directeur de journal, quelques ou-
m"ieTS,'- quelques employés, enfin quelques-
uns des commerçants et industriels. à la
tête d'une affaire menée par eux brillam-
ment (sans qu'il ïoU fcàt état de leurs dis-
tinctions honorifiques) réuniront les pre-
miers fonds :,tl'u7te caisse, ce qui entrai-
nera la masse.
| « Chaque fois qu'un million de francs
\ aura été réuni, un achat de rente sur
! l'Etal sera fait avec les billets de banque,
en présence de cinq délégués.
1 (c Le dimanche matin, le maire conviera
par affiche les citoyens de l'arrondisse-
ment ; une fête sera organisée à la mairie
et les numéros des titres de rente seront
brûlés en présence des assistants ; des
constats par huissier seront établis, pour
que soient communiqués au ministère des
finances, et supprimés au Grand Livre,
tous les numéros des titres détruits.
« Voilà la seule manière de faire des
amortissements à la française... »
■ A la française ? A coup sûr. On recon-
naît ici la manière, le désintéressement et le
dévouement au bien public, dont le peuple
de France nous a déjà donné de multiples
exemples. Si l'on osait se permettre une cri-
tique en pareille matière, peut-être se pren-
drait-on à souhaiter que ce bel élan, qui
entraîne les communes, les quartiers, les
corporations ou les particuliers à verser au
Trésor des contributions bénévoles, fût
mieux réglé, plus discipliné. Ce sera au
gouvernement à dire comment il se propose
d'utiliser tant de bonnes volontés qui offrent
leur concours. En attendant, il nous semble
apercevoir dans la belle proposition de notre
voisin une méprise fréquente. Ne semble-
t-il pas admettre, comme un fait reconnu,
que les titres et les billets sont chez nous
en excès, et que la meilleure façon d'« amor-
tir 7», c'est de « détruire » ?
C'est exactement comme si l'on disait que
l 'on va porter sur le boulevard un million de
chapeaux et que l'on va y mettre le feu pour
faire marcher le commerce de la chapellerie.
Nous demeurons convaincus que, même s'il
s'agit de billets de banque, il y en a tout
juste en circulation la quantité nécessaire !
aux besoins des échanges. Pas plus. Au !
risque d'émouvoir quelques économistes clas- j
siques, qui ne veulent pas être rassurés, ré- |
pétons obstinément que l'inflation serait sans
doute un fléau, mais que nous ne la connais-
sons pas encore. La thésaurisation, dont on
ne soupçonne pas l'importance, et l'heureuse
inaptitude du Français à l'usage du chèque,
suffiraient chez nous à rendre inoffensif un
excès de coupures, mais il n'y a pas excès.
Donc, gardons bien tout notre papier,
nous n'en avons pas trop, et il n'y a aucune
raison pour que d'heureuses contingences ne
le « revalorisent » pas au mieux de nos es-
poirs. Tout ce que l'on peut alors appré-
hender c'est que le franc ne remonte trop
vite; mais vous verrez, on s'y fera.
Notre optimisme indéfectible deviendra
capable de concevoir qu'un jour venant notre
pièce de vingt sous pourra valoir encore cin-
quante centimes. La victoire nous doit
bien ça.
Gustave Téry
LE DRAME DE LA RUE DE CHAZELLES
Au cours d'une émouvante
confrontation, la concierge
affirme que M. Lancel
a tiré sans provocation
Une confrontation émouvante a eu lieu
hier, dans le cabinet de M. Bertaud, entre
le maroquinier Lancel et sa femme, en
présence de M* Paul-Boncour, qu'assistait
Me Gaston Strauss.
Le juge avait tenu, dans un nouvel, in-
terrogatoire, à demander à Lancel s'il per-
sistait à affirmer qu'il n'avait pas chargé
spécialement le revolver qu'il portait d'or-
dinaire sur lui. Lancel a maintenu que
son arma, un revolver à barillet d'un mo-
dèle ancien, était depuis longtemps char-
gée. ■
A une question de M. Bertaud, tentant
de savoir si M. Lancel a bien enfoncé d'un
coup d'épaule la porte de M. Marge, le
maroquinier, s'est efforcé de ne pas répon-
dre directement.
— J'ai bien donné un coup d'épaule,
dit-il, mais je ne crois pas avoir enfoncé
la porte, elle a dû être ouverte de l'inté.
rieur.
A ce moment, le jugie a' fait introduire
Mme Lancel, qui, depuis longtemps rendue
au Palais, tentait de se dérober à la curio-
sité du public dans un couloir du Parquet.
Mme Lancel manifestait la plus vive répu-
gnance à eie trouver en présence de 60n
mari.
En entrant dans le cabinet du juge, Mme
Lancel s'est mise à pleurer, et son mari
bientôt l'a imitée. Enfin Lancel, rompant
le silence, a murmuré au milieu de ses
larmes :
- Je dois reconnaître que, malgré toutes
tes fautes, tu as été une bonne mère.
Le juge a alors tenté de faire préciser
comment les époux Lancel se sont connus.
Mme Lancel avait tout d'abord déclaré
qu'elle était devenue la maîtresse de Lan-
cel au cours de son premier mariage, alors
qu'elle était remployée du maroquinier.
La confrontation a permis d'établir
qu'elle a connu Lancel et est devenue sa
maîtresse alors "qu'elle avait introduit son
instance en divorce contre, son premier
mari. • • ' • .
Le juge a en vain insisté pour obtenir
d'elle quelques renseignements sur la scène
du meurtre de M- Marge, auquel elle a
assisté. Mme Lancel a affirmé n'avoir rien
vu du drame.
— En entendant mon mari, a-t-elle dit,
je me suis précipitée dans le cabinet de
toilette pour m'y cacher. Il a brisé la vitre
et m'a découverte. Une courte altercation
a éclaté entre nous. Bientôt il m'a lâchée
pour se retourner \-ervs M. Marge. Aussitôt
j'ai refermé la porte du cabinet de toilette
et je n'en suis sortie qu'au bruit des déto-
nations. M. Marge s'aeaissai t. Je ne sais
pas ce qui s'est passé dams ce court instant
entre M. Marge et mon mari.
M. Bertaud a ensuite entendu Mme Ca-
muzat, concierge de l'immeuble de la rue
de Chazelles, sur laquelle ; les meilleurs
renseignements ont été recueillis et qui est
représentée comme une femme fort sérieuse
et très calme.
Elle a déclaré qu'elle ne connaissait pas
Mme Lancel sous son nom. M. Marge lui
avait déclaré que c'était une dame russe
qui lé poursuivait de ses assiduités,
j En ce qui concerne les circonstances du
! drame, Mme Camuzat a déclaré :
— J'ai vu le groupe passer dans le ves-
tibule. Nul n'a répondu à mon appel. J'ai
vu deux hommes donner de violents coups;
dans la porte, je ne sais si elle a cédé ou
si on l'a ouverte de l'intérieur.
« Lorsque j'ai vu cette scène, j'ai télé.
phoné à l'appartemènt de M. Marge, on ne
m'a pas répondu. Je suis allée aussitôt
vers l'appartement.
« En arrivant, j'ai entendu un bruit de
carreaux : c'était la porte du cabinet de
toilette qui venait d'être brisée. M. Marge
était en train de s'habiller, il mettait son
pantalon. Mme Lancel était en robe claire,
très décolletée. Le lit, que, j'avais fait le
matin, 'était défait.
(Voir la suite en 3' page)
Le nouveau projet financier
C'est lundi vraisemblablement que M.
Paul Doumer fera connaître les modifica-
tions qu'il se propose d'apporter à la taxe
sur les paiements.
Le ministre des Finances, ainsi qu'il l'a
dit dans son discours de vendredi/ veut
établir une taxe qui frappera exclusive-
ment la production et le commerce de gros
et de demi-gros. , ;
En modifiant ainsi sa taxe sur les paie-
ments, M. Doumer en libère le commerce
de détail, c'est-à-dire environ 1.500.000 as-
sujettis sur 2 millions.
Par son projet primitif, M. Paul Dou-
mer avait fixé à 1.20 % le taux de la taxe
sur les paiements et il en attendait une re-
cette annuelle de 3.800 millions.
Du fait que le commerce de détail serait
exempt de la nouvelle taxe, le taux de 1,20
pour cent devra certainement être relevé.
Le deuxième projet de M. Doumer n'est
d'ailleurs pas définitivement arrêté. Il se
peut même que le ministre en modifie cer-
taines dispositions essentielles.
Car, si le gouvernement veut arriver il un
accord avec'"la majorité républicaine de la
Chambre, il faudra évidominent qu'il tien-
ne compte des désirs qu'ont manifestés les
groupes de gauche jr.. •
LE RAID ESPAGNE-ARGENTINE
L'aviateur Franco
a pris son vol
vers Pernambuco
Un radiotélégramme parvenu hier à, Ma..
drid annonce que l'aviateur Franco. açait
commencé hier matin à 5 heures, ses. pré*
paratifs de départ. pour la traversa
l'Océan., -
Le Plus-Ultra, a repris son vol (Je,
beira Do lnferqo. à 8, heures, se diçig^nl
sur Pernambuco. ;
A 1.2 ,h.' 40, le .croiseur Blaz de.Lég'rq. %a»
diographié à TéiJérH{e que le, Plu ï
poursuivait normalement son vbL"
'Enfin,' le- consulat d-'Ëspàgne a Perïi$B$?
bucô à été informé que l c Plus- Ull i-,a Màtk*
arrivé -à - 20, heures à, I.?ile Fernande' Noro»
nha et avait navigué dans de bonnes"Ctions. / , •
[L'île Fernando Noronha se trouve à 'ki-
lomètres ,de la côte américaine: Elle ' sert'
lieu de déportation aux forçats. C'est' "11"
simple petit rocher.] - • - .
Cette étape qu'a accomplie PaViateurîcmn
pagÍlOl comporte 2.650 kilomètres aii-des:^
sus de l'Atlantique.
Voir en deuxième page .*
t% ta recfjercîje d'uij i"i,e(l
par G. DE LA FOUCHARDIERf. , ~.:
LE DÉBAT FINANCIER A LA CHAMBRE
La discussion générale
est enfin close
M. Bokanowski a prononcé son discours
d'usage sur la " confiance "
[illisible]
M. BOKANOWSKI A LA TRIBUNE .
Après \}n après-midi bien rempli lai
Chambre en a fini hier avec la discussion^
générale.
En termes vigoureux, M. Nogaro vient
d'abord réclamer — une fois de ] lus —
une politique monétaire. On n'aura rien;
fait tant qu'on n'aura pas stabilisé et ft.,
valorisé le franc. Et l'orateur se proclama
convaincu que pareille opération est; pos*' '
sible. «
, Quant au conflit qui oppose M. Dodri-ter
à la commission/il doit être aisément ré-
solu. Au fond, il n'est guère d'impôt dir
rect qui ne retombe, par incidence, &ur
consommateur. La taxe à la : prodllctiÛr1
présente d'indéniables avantages, ■_à con-
dition qu'on n'en arrive pas à faire payer
à la fois l'impôt nouveau et l'impôt sùp*
primé...
M. de Tinguy du Poi-iët nous offre en»
suite un exposé de la pure doctrine' con-
servatrice. La main sur le cœur, il re-
pousse' tous les sacrifices demanda, ,âii
nom de la cc famille française n. Et quand,,
après une heure e* demie d'éloquence. lar-
moyante,' il eOlisent à céder la tribune, la
chambre, excédée, exige à .arancib- cris ',Iiik
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