Titre : Journal officiel de la République française. Débats parlementaires. Sénat : compte rendu in-extenso
Éditeur : Journal officiel (Paris)
Date d'édition : 1893-02-27
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb34363182v
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Format : Nombre total de vues : 90598 Nombre total de vues : 90598
Description : 27 février 1893 27 février 1893
Description : 1893/02/27. 1893/02/27.
Description : Collection numérique : Bibliothèque Diplomatique... Collection numérique : Bibliothèque Diplomatique Numérique
Description : Collection numérique : Ministères des Affaires... Collection numérique : Ministères des Affaires étrangères
Description : Collection numérique : Traités, accords et... Collection numérique : Traités, accords et conventions
Description : Collection numérique : Histoire diplomatique :... Collection numérique : Histoire diplomatique : IIIe République (1870-1914)
Description : Collection numérique : Histoire diplomatique :... Collection numérique : Histoire diplomatique : d'une guerre à l'autre (1914-1945)
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k63406589
Source : Bibliothèque du Sénat, 2012-23800
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 16/01/2013
1 f.fi
Ml o tCtel du 28 Février 1893 SÈiNAT - SÉANCE DU 27 FÉVRIER Session ordinaire de 1893 209
SÉNAT
Session ordinaire de 1893.
RENDU in EXTENSO. - 22e SÉANCE
lundi 27 fëvrier.
JI SOMMAIRE
l'O~s'Verbal 101
fauteuil. prêsident, en pre-
Discussion du projet de loi. ado Ç té par la Cham"
*emem Sèpu^sj tendR^t'6<à autoriser la dépar-
Caisse n^u Lot à dépar-
hot à contracter un emprunt à la
desemins vicinaux. - Adoption.
é?utés ten H a° n 1' adopté par la Cham-
„ à autoriser la ville
de Nantes (Loire-Inférieur) à changer l'affec-
tation e Ouds d'oinprunt. - Adoption.
ParteniJfPiités^ îi,f adopté par la Cham-
parternentPdutès, tendant à autoriser le dé-
prunt à 1 e la Nièvre A contracter un em-
do ti 18 caisse des chemins vicinaux. -
bI'SOU~sio ,
bre des déu projet de loi adopté par la Cham-
EarCAutCteniï,.adopt6 par la cham-
P'Ullt1n'stère à contracter un em-
Prullt à 1 u Pinistère A contracter un em-
Adopti caisse des chemins vicinaux. -
iv iscussion ,<
du projet de loi, adopté par la
des ddéputés, tendant à autoriser le
6ar tA e t de 1, dèche à contracter un
0800 fr. à la caisse des che-
charhi du
JéPàrtemJes dépufi, de loi, adopté par la
tndant à autoriser le
S111 de 253 e 1 Hérault à contracter un em-
Drunt lit A,ldOO fP la caisse des chemins
épôt, al" - Adoption caisse des chemins
de
Uèpùt r, ar M. Edoua rd Millaud, d'un rapport
Sfsdépuufet de^ÎHlla?d, d'un Chambre
rses ifs' aVant Pour objet de concéder
a te 0 r objet de concéder
Da ni ^ie dJiu ! nes de Chemin de fer à la com-
err U chemin a fer de Paris à Orléans.
le génô a, L(îi.zillon' ministre de
lllsi Ininlstr nom de M, le président du con-
seil , ^inktU 6 de Vinû n our, de M. le mi"
HUf V adOpté nances et sien, d'un projet de
&i- le Æar la Chambre des députés, con-
^classS,^e des députés con-
C> V8W- -ÏÏW»' îortiûca-
j^J, paj Rellvoi à la commission de
bémt lèpir il i0 général LOizillon, au nom de
Dort ant inisi rIB (les finances, de deux projets
go 10I. s, ,, Ptés Par la Chambre des députés,
Oro gation de surtaxes:
"ibre des députés,
^(Bouches-du-
It e 2e à l" iYonne ) -
«re cRU^eénûssion! T d intérêt local.
r6 le d'in érêt local.
bè t, a? M général Loizillon, ministre de
UtPre ministre des tra-
députés de loi, adopté par la
^sii»n ^ayant a pour objet de
l'Ëst ià î es comn?aaswLîvl-® des chemins de fer
Corde :
JUli!?n; l racîrf0rde,Iient Ho6 ce- Troyes à Saint-
Co eInent d ement de Saint-Julien; rac-
eorde t'Qt Il aint"^ ulien ; rac-
Troyes r roi ReaYOi *la
Dépôt, par M. Le Monnier, des rapports sur huit
fts. çolî!8' Moptésoa
peoj~' ets d 6 lois aa optés par la Chambre des
iî^J ÇS^tîSASSïgÏÏ?:4-
de Loudun (Vienne) :
;, è,l'o t e NoYon (Olse);
te a- ., °^e-Beauv0isln (Sa-
, à l'
^Si^Ïu^ Châteaudun (Eure-et-
le ,à l'oct
tl'octroi d0 Neutchàteau (Vosges) ;
Le\frles), OctroI de Cannes f Vosges) ;
dep » nes, tend 1 Hyeres (Var)'
soln -de-L à hautoriser la' ville de Ba-
et rtft lon de 290.000 fr emPrunter une
S^5 deP1at°de M* Monsservin
et de plusieurs de ses con les me_
sures à pre llle POUr maintenir aux laines
- , T P,
françaises des diverses régions toute facilité
d'admission aux fournitures du ministère de
la guerre, et de celle de M. Lesueur et plu-
sieurs de ses collègues : MM. Monsservin, Be-
nazet, Lesueur, le général Loizillon, ministre
de la guerre. - Adoption de l'ordre du jour
motivé de M. Lesueur et plusieurs de ses
collègues.
Règlement de l'ordre du jour.
Fixation de la prochaine séance à demain
mardi.
PRÉSIDENCE DE M. JULES FERRY
La séance est ouverte à trois heures cinq
minutes.
M. Dusolier, l'un des secrétaires, donne
lecture du procès-verbal de la séance du
24 février.
M. Ollivier. Je demande la parole sur le
procès-verbal.
M. le président. Vous avez la parole.
M. Ollivier. Messieurs, j'ai été porté par
erreur comme étant en congé à la séance
de vendredi.
J'ai abrégé mon congé pour venir prendre
part au scrutin pour l'élection de M. le pré-
sident et j'ai déposé moi-même un bulletin
blanc dans l'urne au moment du vote sur le
troisième douzième provisoire.
Je demande que la rectification soit faite
au Journal officiel.
M. le président. La rectification sera
faite au Journal officiel.
Personne ne demande plus la parole sur
le procès-verbal?.
Le procès-verbal est adopté.
ALLOCUTION DE M. JULES FERRY, PRÉSIDENT,
EN PRENANT PLACE AU FAUTEUIL
M. le président. Messieurs et chers col-
lègues, j'essayerais en vain de dissimuler
sous des formules étudiées les sentiments
dont mon âme est pleine. Ce sont ceux
d'une fierté que vous jugerez légitime, puis-
qu'elle me vient de vous et d'une grati-
tude infinie. L'honneur que vous faites à
celui que vous appelez à votre tête est des
plus grands qui soient au monde.
Je ne me targue pas de l'avoir mérité.
En me choisissant parmi tant d'hommes si
dignes d'occuper cette haute charge, le Sé-
nat a voulu faire avant toutes choses un
acte de haute et paternelle bienveillance.
Il a mis un terme à une longue épreuve ;
il a décidé que l'ostracisme, cet enfant ir-
rité de la Cité antique, n'aurait pas de place
dans notre démocratie libérale et tolérante.
(Très bien! et applaudissements.)
La tâche que votre confiance m'impose
m'apparaît plus élevée encore quand je
songe à tous ceux dont les talents, l'élo-
quence et le caractère ont brillé à cette
place. Et parmi ceux-ci, je veux saluer à
mon tour, au nom du Sénat reconnaissant,
le sage qui, pendant douze ann&ss consécu-
tives et non des moins orageuses de notre
histoire parlementaire, a dirigé les travaux
de cette Assemblée. (Applaudissements.)
M. Le Royer a quitté volontairement cette
présidence, qu'il avait en quelque sorte fa-
çonnée à son image, modelée sur cet idéal
de loyauté, de bonté et de justice, qui est
la lumière et le guide de sa vie. (Nouveaux
applaudissements. )
Il a marqué la fonction d'une trop forte
empreinte pour que ses exemples y soient
jamais oubliés.
Au milieu des orages des Congrès, dans
ces labeurs de la haute Cour comme dans
la direction des débats ordinaires de l'As-
semblée, on l'a toujours vu égal à lui-
même, se mettant sans effort à la hauteur
des plus grands devoirs, interposant dans
les circonstances les plus difficiles une au-
torité d'une nature particulière faite de
bonne grâce et de fermeté, et qui a sa
source dans la haute probité de l'esprit et
la droiture souveraine de la conscience,
(Applaudissements répétés.)
Et l'impartialité absolue dont il demeure
l'éclatant modèle n'est point, chez ce maî-
tre vénéré, chez ce républicain impecca-
ble, le fruit du scepticisme de l'esprit ou de
l'indifférence du cœur. Avant d être l'ar-
bitre du camp, M. Le Royer avait été des
plus ardents à la bataille, des plus tenaces
dans le combat.
Nous l'avons vu dans les premières et dif-
ficiles épreuves de notre évolution républi-
caine, à la tête de cette petite phalange qui
barrait obstinément la route au retour du
passé et aucun des témoins de ces heures
rudes et glorieuses — j'en vois ici beau-
coup autour de moi — n a oublié cette élo-
quence chaleureuse et sobre où tressaillait
en accents sincères et puissants l'amour
profond du droit et de la liberté. (Vifs al)-
plaudissements.)
Celui qui recueille aujourd'hui ce noble
et lourd héritage a pris aussi sa large part
des mêlées brûlantes de la politique. Sa vie
publique n'a été qu'un long combat. Vous
ne l'avez cependant pas jugé incapable de
ce rôle élevé d'arbitre qui semblait peu fait
pour lui.
Vous avez pensé que l'adversité ne porte
pas les mêmes fruits dans toutes les
mes; que si les unes en sortent aigries et
révoltées, d'autres s'y retrempent 0 et s'y
instruisent à la clarté des jour3 d'épreuve.
(Applaudissements répétés.) L'expérience des
hommes et des choses est une grande école
d'équité.
La vie parlementaire serait odieuse si
l'on n'y apprenait pas à se respecter et à
s'estimer les uns et les autres. N'est-ce pas
là précisément l'état d'esprit de cette grande
Assemblée, ce qui donne à vos débats tant
de noblesse, ce qui assure ici aux relations
personnelles tant de charme et de dignité '!
Et se peut-il imaginer une plus admi-
rable école de respect mutuel que ce Sénat
illustré par tant de grands noms et dans
lequel se rencontrent, comme par l'effet
d'une secrète attraction, les orateurs et les
hommes d'Etat qui ont porté le plus haut,
dans l'opposition comme dans le Gouverne-
ment, l'honneur de cette tribune, pour le
plus grand renom de la patrie française?
(Applaudissements. )
Messieurs, il y a dix-huit ans, presque
jour pour jour, que nous avons fondé dans
ce pays, impatient de se reposer sous un
gouvernement définitif, la République par-
lementaire. Dans une démocratie comme
la nôtre, la tentative était hardie, on peut
dire que dans le monde entier, elle n'avait
pas de précédent.
Notre République parlementaire avait
contre elle certaines traditions et cette ha-
bitude invétérée de l'esprit français, qui
tend à confondre le meilleur avec le plus
simple, comme si dans tous les ordres de
phénomènes, la complexité n'était pas l'at-
tribut des organismes supérieurs, comme
si le despotisme n'était pas à la fois le plus
simple et le pire des gouvernements. ( Très
bien! très bien!)
L'expérience s'est faite; elle se poursuit,
et, sans dissimuler les difficultés qu'elle
soulève sur son chemin, qui oserait dire
qu'elle n'a pas réussi ? La République par-
lementaire s'est-elle montrée inférieure aux
grandes tâches d'un gouvernement?
L'ordre maintenu, sans efforts et sans
troubles, les finances rétablies, l'armée re-
faite et grandement fortifiée, la République
conquérant en Europe, à force de sagesse,
de puissantes et précieuses amitiés, peut-on
reconnaître à des signes plus certains un
Gouvernement vivant et durable? (ii-ès
bien ! très bicèi 1)
25
Ml o tCtel du 28 Février 1893 SÈiNAT - SÉANCE DU 27 FÉVRIER Session ordinaire de 1893 209
SÉNAT
Session ordinaire de 1893.
RENDU in EXTENSO. - 22e SÉANCE
lundi 27 fëvrier.
JI SOMMAIRE
l'O~s'Verbal 101
fauteuil. prêsident, en pre-
Discussion du projet de loi. ado Ç té par la Cham"
*emem Sèpu^sj tendR^t'6<à autoriser la dépar-
Caisse n^u Lot à dépar-
hot à contracter un emprunt à la
desemins vicinaux. - Adoption.
é?utés ten H a° n 1' adopté par la Cham-
„ à autoriser la ville
de Nantes (Loire-Inférieur) à changer l'affec-
tation e Ouds d'oinprunt. - Adoption.
ParteniJfPiités^ îi,f adopté par la Cham-
parternentPdutès, tendant à autoriser le dé-
prunt à 1 e la Nièvre A contracter un em-
do ti 18 caisse des chemins vicinaux. -
bI'SOU~sio ,
bre des déu projet de loi adopté par la Cham-
EarCAutCteniï,.adopt6 par la cham-
P'Ullt1n'stère à contracter un em-
Prullt à 1 u Pinistère A contracter un em-
Adopti caisse des chemins vicinaux. -
iv iscussion ,<
du projet de loi, adopté par la
des ddéputés, tendant à autoriser le
6ar tA e t de 1, dèche à contracter un
0800 fr. à la caisse des che-
charhi du
JéPàrtemJes dépufi, de loi, adopté par la
tndant à autoriser le
S111 de 253 e 1 Hérault à contracter un em-
Drunt lit A,ldOO fP la caisse des chemins
épôt, al" - Adoption caisse des chemins
de
Uèpùt r, ar M. Edoua rd Millaud, d'un rapport
Sfsdépuufet de^ÎHlla?d, d'un Chambre
rses ifs' aVant Pour objet de concéder
a te 0 r objet de concéder
Da ni ^ie dJiu ! nes de Chemin de fer à la com-
err U chemin a fer de Paris à Orléans.
le génô a, L(îi.zillon' ministre de
lllsi Ininlstr nom de M, le président du con-
seil , ^inktU 6 de Vinû n our, de M. le mi"
HUf V adOpté nances et sien, d'un projet de
&i- le Æar la Chambre des députés, con-
^classS,^e des députés con-
C> V8W- -ÏÏW»' îortiûca-
j^J, paj Rellvoi à la commission de
bémt lèpir il i0 général LOizillon, au nom de
Dort ant inisi rIB (les finances, de deux projets
go 10I. s, ,, Ptés Par la Chambre des députés,
Oro gation de surtaxes:
"ibre des députés,
^(Bouches-du-
It e 2e à l" iYonne ) -
«re cRU^eénûssion! T d intérêt local.
r6 le d'in érêt local.
bè t, a? M général Loizillon, ministre de
UtPre ministre des tra-
députés de loi, adopté par la
^sii»n ^ayant a pour objet de
l'Ëst ià î es comn?aaswLîvl-® des chemins de fer
Corde :
JUli!?n; l racîrf0rde,Iient Ho6 ce- Troyes à Saint-
Co eInent d ement de Saint-Julien; rac-
eorde t'Qt Il aint"^ ulien ; rac-
Troyes r roi ReaYOi *la
Dépôt, par M. Le Monnier, des rapports sur huit
fts. çolî!8' Moptésoa
peoj~' ets d 6 lois aa optés par la Chambre des
iî^J ÇS^tîSASSïgÏÏ?:4-
de Loudun (Vienne) :
;, è,l'o t e NoYon (Olse);
te a- ., °^e-Beauv0isln (Sa-
, à l'
^Si^Ïu^ Châteaudun (Eure-et-
le ,à l'oct
tl'octroi d0 Neutchàteau (Vosges) ;
Le\frles), OctroI de Cannes f Vosges) ;
dep » nes
soln -de-L à hautoriser la' ville de Ba-
et rtft lon de 290.000 fr emPrunter une
S^5 deP1at°de M* Monsservin
et de plusieurs de ses con les me_
sures à pre llle POUr maintenir aux laines
- , T P,
françaises des diverses régions toute facilité
d'admission aux fournitures du ministère de
la guerre, et de celle de M. Lesueur et plu-
sieurs de ses collègues : MM. Monsservin, Be-
nazet, Lesueur, le général Loizillon, ministre
de la guerre. - Adoption de l'ordre du jour
motivé de M. Lesueur et plusieurs de ses
collègues.
Règlement de l'ordre du jour.
Fixation de la prochaine séance à demain
mardi.
PRÉSIDENCE DE M. JULES FERRY
La séance est ouverte à trois heures cinq
minutes.
M. Dusolier, l'un des secrétaires, donne
lecture du procès-verbal de la séance du
24 février.
M. Ollivier. Je demande la parole sur le
procès-verbal.
M. le président. Vous avez la parole.
M. Ollivier. Messieurs, j'ai été porté par
erreur comme étant en congé à la séance
de vendredi.
J'ai abrégé mon congé pour venir prendre
part au scrutin pour l'élection de M. le pré-
sident et j'ai déposé moi-même un bulletin
blanc dans l'urne au moment du vote sur le
troisième douzième provisoire.
Je demande que la rectification soit faite
au Journal officiel.
M. le président. La rectification sera
faite au Journal officiel.
Personne ne demande plus la parole sur
le procès-verbal?.
Le procès-verbal est adopté.
ALLOCUTION DE M. JULES FERRY, PRÉSIDENT,
EN PRENANT PLACE AU FAUTEUIL
M. le président. Messieurs et chers col-
lègues, j'essayerais en vain de dissimuler
sous des formules étudiées les sentiments
dont mon âme est pleine. Ce sont ceux
d'une fierté que vous jugerez légitime, puis-
qu'elle me vient de vous et d'une grati-
tude infinie. L'honneur que vous faites à
celui que vous appelez à votre tête est des
plus grands qui soient au monde.
Je ne me targue pas de l'avoir mérité.
En me choisissant parmi tant d'hommes si
dignes d'occuper cette haute charge, le Sé-
nat a voulu faire avant toutes choses un
acte de haute et paternelle bienveillance.
Il a mis un terme à une longue épreuve ;
il a décidé que l'ostracisme, cet enfant ir-
rité de la Cité antique, n'aurait pas de place
dans notre démocratie libérale et tolérante.
(Très bien! et applaudissements.)
La tâche que votre confiance m'impose
m'apparaît plus élevée encore quand je
songe à tous ceux dont les talents, l'élo-
quence et le caractère ont brillé à cette
place. Et parmi ceux-ci, je veux saluer à
mon tour, au nom du Sénat reconnaissant,
le sage qui, pendant douze ann&ss consécu-
tives et non des moins orageuses de notre
histoire parlementaire, a dirigé les travaux
de cette Assemblée. (Applaudissements.)
M. Le Royer a quitté volontairement cette
présidence, qu'il avait en quelque sorte fa-
çonnée à son image, modelée sur cet idéal
de loyauté, de bonté et de justice, qui est
la lumière et le guide de sa vie. (Nouveaux
applaudissements. )
Il a marqué la fonction d'une trop forte
empreinte pour que ses exemples y soient
jamais oubliés.
Au milieu des orages des Congrès, dans
ces labeurs de la haute Cour comme dans
la direction des débats ordinaires de l'As-
semblée, on l'a toujours vu égal à lui-
même, se mettant sans effort à la hauteur
des plus grands devoirs, interposant dans
les circonstances les plus difficiles une au-
torité d'une nature particulière faite de
bonne grâce et de fermeté, et qui a sa
source dans la haute probité de l'esprit et
la droiture souveraine de la conscience,
(Applaudissements répétés.)
Et l'impartialité absolue dont il demeure
l'éclatant modèle n'est point, chez ce maî-
tre vénéré, chez ce républicain impecca-
ble, le fruit du scepticisme de l'esprit ou de
l'indifférence du cœur. Avant d être l'ar-
bitre du camp, M. Le Royer avait été des
plus ardents à la bataille, des plus tenaces
dans le combat.
Nous l'avons vu dans les premières et dif-
ficiles épreuves de notre évolution républi-
caine, à la tête de cette petite phalange qui
barrait obstinément la route au retour du
passé et aucun des témoins de ces heures
rudes et glorieuses — j'en vois ici beau-
coup autour de moi — n a oublié cette élo-
quence chaleureuse et sobre où tressaillait
en accents sincères et puissants l'amour
profond du droit et de la liberté. (Vifs al)-
plaudissements.)
Celui qui recueille aujourd'hui ce noble
et lourd héritage a pris aussi sa large part
des mêlées brûlantes de la politique. Sa vie
publique n'a été qu'un long combat. Vous
ne l'avez cependant pas jugé incapable de
ce rôle élevé d'arbitre qui semblait peu fait
pour lui.
Vous avez pensé que l'adversité ne porte
pas les mêmes fruits dans toutes les
mes; que si les unes en sortent aigries et
révoltées, d'autres s'y retrempent 0 et s'y
instruisent à la clarté des jour3 d'épreuve.
(Applaudissements répétés.) L'expérience des
hommes et des choses est une grande école
d'équité.
La vie parlementaire serait odieuse si
l'on n'y apprenait pas à se respecter et à
s'estimer les uns et les autres. N'est-ce pas
là précisément l'état d'esprit de cette grande
Assemblée, ce qui donne à vos débats tant
de noblesse, ce qui assure ici aux relations
personnelles tant de charme et de dignité '!
Et se peut-il imaginer une plus admi-
rable école de respect mutuel que ce Sénat
illustré par tant de grands noms et dans
lequel se rencontrent, comme par l'effet
d'une secrète attraction, les orateurs et les
hommes d'Etat qui ont porté le plus haut,
dans l'opposition comme dans le Gouverne-
ment, l'honneur de cette tribune, pour le
plus grand renom de la patrie française?
(Applaudissements. )
Messieurs, il y a dix-huit ans, presque
jour pour jour, que nous avons fondé dans
ce pays, impatient de se reposer sous un
gouvernement définitif, la République par-
lementaire. Dans une démocratie comme
la nôtre, la tentative était hardie, on peut
dire que dans le monde entier, elle n'avait
pas de précédent.
Notre République parlementaire avait
contre elle certaines traditions et cette ha-
bitude invétérée de l'esprit français, qui
tend à confondre le meilleur avec le plus
simple, comme si dans tous les ordres de
phénomènes, la complexité n'était pas l'at-
tribut des organismes supérieurs, comme
si le despotisme n'était pas à la fois le plus
simple et le pire des gouvernements. ( Très
bien! très bien!)
L'expérience s'est faite; elle se poursuit,
et, sans dissimuler les difficultés qu'elle
soulève sur son chemin, qui oserait dire
qu'elle n'a pas réussi ? La République par-
lementaire s'est-elle montrée inférieure aux
grandes tâches d'un gouvernement?
L'ordre maintenu, sans efforts et sans
troubles, les finances rétablies, l'armée re-
faite et grandement fortifiée, la République
conquérant en Europe, à force de sagesse,
de puissantes et précieuses amitiés, peut-on
reconnaître à des signes plus certains un
Gouvernement vivant et durable? (ii-ès
bien ! très bicèi 1)
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