Titre : Le Gaulois : littéraire et politique
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1927-06-06
Contributeur : Pène, Henri de (1830-1888). Directeur de publication
Contributeur : Tarbé des Sablons, Edmond Joseph Louis (1838-1900). Directeur de publication
Contributeur : Meyer, Arthur (1844-1924). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32779904b
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 06 juin 1927 06 juin 1927
Description : 1927/06/06 (Numéro 18141). 1927/06/06 (Numéro 18141).
Description : Collection numérique : Arts de la marionnette Collection numérique : Arts de la marionnette
Description : Collection numérique : Commun Patrimoine:... Collection numérique : Commun Patrimoine: bibliothèque numérique du réseau des médiathèques de Plaine Commune
Description : Collection numérique : Commune de Paris de 1871 Collection numérique : Commune de Paris de 1871
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k540907d
Source : Bibliothèque nationale de France
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 31/03/2008
62- année. série. n° 18141 (5 h. du matin ) PARIS ET départements 25 CENTIMES (5 h. du matin)
LUNDI 6 JUIN
EO»OND.TARBE ET HENRY DE,PÊNE
Fondateurs
ARTHUR MEYER
Directeur (1879-1924)
ABONNEMENTS
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A PROPOS D'UN CENTENAIRE
Une amitié
de Carpeaux
Autour de Carpeaux, comme de tous
'les grands hommes, il ya une légende.
Les anecdotes ont foisonné à son pro-
pos, quelques-unes entachées d'erreur
jusqu'à l'indécence c'est l'honneur de
la courageuse femme qu'est Mme Clé-
ment-Carpeaux de ne pas hésiter à dé-
fendre au besoin les mémoires de son
illustre père et d'une mère dont la vie
justifia le vers fameux
'A l'austère devoir piensement fidèle
Non, Carpeaux ne fut pas toute sa vie
l'être fruste que l'on a dit. Dès l'ado*
lescence, au contraire, il s'.appliqua,
avec une ténacité finalement couronnée
par le succès, à se former et à s'ins-
truire. Ses amis l'y aidèrent, depuis
l'avocat Foucart, ce lettré.qui, de Valen-
ciennes, favorisa ses débuts, jusqu'aux
Goncourt, jusqu'à Sainte-Beuve auquel,
pour gage d'un attachement peut-être
nuancé de reconnaissance intellectuelle,
il offrit une épreuve du buste de la
princesse Matnilde. Les conversations
'dont il jouit grâce à eux comblèrent
insensiblement les lacunes de son édu-
cation première, et les lectures qu'il
s'imposa en suivant leurs conseils ache-
vèrent de lui donner une culture fort
honorable.
Parmi ces amis, le marquis de Pien-
hnes, qu'il connut dès le temps où il mo-
delait à Rome L'Enfant d la coquille,
c'est-à-dire vers 1858, est une attachante
figure trop demeurée dans l'ombre.
Chambellan de l'Impératrice, il intro-
duisit Carpeaux à la Cour et semble
s'être attaché à lui à la façon dont un
Caylus, autre grand seigneur, avait
goûté et favorisé Watteau dans le siècle
précédent. Est-ce lui qui s'entremit pour
que fût acheté et placé dans les apparte-
fmsnts des Tuileries l'exemplaire en mar-
bre d3 L'Enfant à la coquille ? C'est pro-
bable le billet relatif à cette négocia-
tion, dont j'ai retrouvé le brouillon dans
l'un des carnets de Carpeaux et où il
parlé du désir qu'il a de se livrer « tout
entier à la grande sculpture », ne peut
s'adresser qu'à ce protecteur zélé et
bien en cour. Il dut aussi être l'auteur,
iun peu plus tard, de la présentation de
d'artiste à Napoléon III et lui éviter
maint faux-pas sur le parquet glissant
de Compiègne ou des Tuileries. C'était
« l'homme généreux par excellence »,
au témoignage que m'apporte l'un de
iCeux qui le connurent intimement, M.
iVilledieu, architecte de la ville de
Caen.
Carpeaux fit de lui trois effigies un
Ibuste en marbre demeuré dans sa fa-
mille un crayon entré peu avant là
guerre au musée de Valenciennes, et un
portrait peint à l'huile que je possède.
On y voit un homme brun, lie nez bus-
qué, le visage coloré et encadré de
courts favoris, donnant la triple impres-
sion de l'énergie, de l'intelligence et de
ta bonté.
Durant l'été de 1866, le sculpteur déjà
Célèbre du pavillon de Flore fit un sé-
jour en Normandie chez le marquis de
[Piennes, qui habitait le château de Pé-
•riers à la saison des chasses. Ce fut
alors, peut-on croire, chargé du groupe
de l'Opéra qui devait être La Danse,
que .Carpeaux traça sur le papier les
griffons s'y rapportant, dont cinq feuil-
les, sont entrées au musée de Valencien-
>tnes. Les premiers montrent un génie
non point masculin, mais féminin »
de la Danse, planant au-dessus des bac-
chantes et un dernier croquis place,
comme aujourd'hui, ce génie parmi les
nymphes groupées, qu'il domine de la
tête.
« « Cinq feuilles de dessins tracés du-
Tant quatre discussions. écrivait Pien-
mes dans une lettre jointe à son envoi et
qui repose .aux archives du même mu-
isée dans lesquelles Carpeaux m'ex-
posait ses idées et ses projets. Ces quatre
;très longues discussions eurent lieu au
cours d'une semaine. Les dessins sont
surtovt précieux parce qu ils montrent
Ma sûreté de coup d'oeil avec laquelle
Carpeaux voyait l'objet don* il parlait,
et indiquait d'un trait de plume, sans la
moindre indécision, le contour et les ac-
cents du corps qu'il voyait se mouvoir.
» On ne retrouve cette puissance et
Cette sûreté d'observation que dans les
cartons de deux des plus grands maî-
tres.
» Carpeaux avait d'abord songé.à rsu-
r.ir ses danseuses par un génie qui les
inspirait en planant sur elles. Seule-
ment après quelques jours, il se décida
à faire conduire ce groupe par le génie
lui-même,
On imagine le salon du châtelain nor-
imand durant les soirées d'automne, la
doucie lueur des lampes à huile, les cri-
nolines des dames épanouies, telles des
corolles, sur les poufs capitonnés, et les
deux hommes en frac discutant un peu
il 1 écart avec animation. Po^r faire com-
prendre sa pensée, l'artiste emploie le
,moyen le meilleur et le plus rapide: il
multiplie les croquis jetés d'une main
Serveuse, si bien que l'enîrevision du
groupe prodigieux commence à flotter
dans l'atmosphère au-dessus de la fumée
des cigares.
Invité surtout pour lui permettre de se
avertir et de se reposer un peu entre
ses grands travaux, dans la journée Car-
Peaux est souvent en compagnie d'Eu-
gène de Piennes, fils du marquis, et d'un
•enfant du même âg* G. villedien Ce-
lui-ci conserve encore aujourd'hui un
souvenir anecdotique, mais vivant,- de
« notre .bon ami Carpeaux, qui nous
taisait tant rire, m'écrit-il, é' dont alors
nous ignorions la gloire.
» Il nous emmenait en promenade et
ntAis amusait beaucoup. Il avait toujours
un grand pardessus, et dans ses poches
de l'argile que lui préparait Maurice
Scheurer, le contre-maître de la brique-
terie du marquis de Piennes. Puis, le
samedi, jour de marché, il nous emme-
nait voir les Criancheises (habitantes de
Créances) maraîchères qui fournissaient
le marché de Périers et oien d'autres
de légumes. Alors, quand il voyait
une tête qui lui disait, il prenait dans
ses poches une poignée de terre glaise
et en deux coups de pouce fabriquait
une caricature de la bonne femme. Il
nous faisait aussi des chiens, des chats,
Vient 1870 ces fragiles pochades res-
tées à Périers ne résistèrent pas au pas-
sage d'une compagnie de mobiles de
l'Yonne, qui cantonna au château. Pen-
dant ce temps, demeuré à Paris, Car.
peaux avait connu les horreurs du siège
et entrevu celles de la Commune, avant
de partir pour l'Angleterre.
A son retour, en 1872, sa santé est en
ruine et, dernier document sur la pro-
fonde amitié qui l'unit à l'homme de
cœur dont nous esquissons la physio-
nomie, une lettre datée du 25 mai 1874
visent attester, peu après, le plus com-
plet désarroi chez le malheureux artiste
Mes nuits se passent à me tordre de
douleurs nerveuses. Mes journées sont
plus supportables, mais pleines de souf-
francs. Le travail est impossible dans
cet état, me voilà donc réduit à néant.
Que je suis donc malheureux, et com-
bien je souffre physiauement et mora-
lement Ne me laissez pas mon bien
c'her ami, je ne veux plus que vous. »
Suprême appel d'un homme irrémé-
diablement condamné. L'écriture de
cette lettre, torturée, est rresque illisi-
ble. Au ïevers, Carpeaux s'est repré-
senté, tel un Christ défâché de la croix,
enlevé de son lit de douleuz pour être
plongé dans une baignoire qu: ressemble
à un sépulcre.
Il mourut, on le sait, le 11 octobre
1875. La marquis de Pienne? devait lui
survivre trente-cinq ans, e' connaître
ainsi le rayonnement de pius en plus
lumineux d'une gloire qu'il .avait vu
naître. Disparu à son tour en 1910, il a
légué au musée de Valenciennas plu-
sieurs souvenirs du etand artiste, des-
sins et lettres. Quant à son buste, pres-
que inconnu du public dans le château
normand où il est resté, il garde du
moins les traits de ce bienfaisant ami de
Carpeaux qui fut, dans toute l'.accep-
tion d'un mot aujourd'hui mal compris,
un aristocrate.
André-M. de Poncheville
UNE VICTOIRE FRANÇAISE
En regardant, hier,
le match de tennis
Sur le terrain de la Faisanderie, une des
parties les plus émouvantes que connut le tennis
international se déroula hier. Durant presque
quatre heures d'horloge le champion américain
W. T. Tilden et le champion français Lacoste
s'affrontèrent.
Les gradins du court central se transforment
en remblais ferroviaires où, entre le terne humus
gris et marron des vêtements masculins, jail-
lissent joyeuses les toilettes des spectatrices;
bleuets fantaisistes, verts acides ou vert amande,
coquelicot des brunes aux regards sombres, et
des genêts, des boutons d'or. Le jaune s'impose
aujourd'hui. c'est la saison des boutons d'or.
pour en attester les dieux, un dirigeable jon-
quille évolue dans un ciel tantôt d'azur, tantôt
assombri, où le vent passe si frileusement que
ma voisine joue à pile ou face s'il pleuvra ou
s'il ne pleuvra pas.
Pour épuiser notre impatience la finale, du
simple dames prolonge ses phases monotones.
Que Miss Bouman, représentant la Hollande,
possède de grâces! Elle danse autour des :o
avec la souplesse d'une jeune chatte qu'une
pelote de fil récrée. Le bandeau parme qui lui
sert de diadème enserre plus de tactique effec-
tive que bien des fronts bossués de philosophes.
Son adversaire du Sud-Afrique, Miss Peacock,
frappe avec une honorable patience et une belle
vigueur, mais mille roueries élégantes la domi-
nent et nous applaudissons au triomphe de la
féminité intégrale en oubliant qu'elLe fut et
sera encore notre perdition.
Décidément, le style viril et agressif de Mlle
Lenglen ne fait pas école et ce prodige restera
un cas sans devenir un exemple.
Voici enfin les finalistes du championnat
simple hommes. Tilden, que ses admirateurs
nomment Big Bill tant il est long. On affirme
qu'il se voûte en attendant la balle pour mieux
surprendre l'adversaire, tel le serpent python.
Puis Lacoste, le jeune Français, obstiné et
méthodique, baptisé par ses camarades le Croco-
dile, car sa ténacité dans la lutte s'impose pro-
verbiale. Ces deux joueurs vont régler là couT-
toisement un vieux compte. Tour à tour ils se
vainquirent et Tilden, venant en plaine forme
visiter la vieille Europe, triompha, huit jours
passés, dans France-Amérique, de son rival.
Lacoste enfonce sa casquette légendaire et
gagne le premier set, car les jeunes femmes
sont pour lui et rien n'emporte vers la victoire
comme le sourire des déesses du jour. Mais
Tilden s'empare du second parce qu'il est vrai-
ment trop long dans tous les sens, que ses
jambes infinies lui confèrent le don d'ubiquité
et qu'il dispose d'un jeu terriblement varié et
effectif. Lacoste se reçoit mal sur une jambe
au début du troisième set, continue en boitant
de plus en plus bas pour terminer unijambiste;
mais même mué en échassier un crocodile reste
terriblement coriace et la bourrasque américaine
doit s'employer à fond pour s'assurer la troi-
sième manche. J
Jusqu'à présent personne ne joua éperdument f
sa chance, et dans un bel exercice de régularité
le tennis devint une épreuve de patience.
Après le repos Lacoste se déplace à nouveau
avec sa vivacité coutumière. Tête nue, il perd 1
les deux premiers jeux. Il reprend donc sa
casquette fétiche, que le public acclame, et gagne
le set en opposant à Tilden, mué en homme (
canon, une démonstration de tous les coups
possibles. Dieu seul' peut savoir combien en
connaît le Crocodile depuis qu'il exerce son
service jusque sur les fauteuils de sa chambre
à coucher.
Les champions sont à égalité. Le set final
commence dans un silence de drame antique.
Les Américains étonnés de cette terrible résis-
tance à leur favori, réputé le meilleur joueur
du monde, et les Français soudain confiants.
Big Bill a dû grandir encore depuis le commen-
cement du match, quand il smashe on suppose
qu'il va décrocher une étoile. Sur le devant
de son front une mèche se dresse, toupet de
bellicisme. Il se déchaîne, change de maillot et
de raquettes, fait de fréquentes pleines eaux
dans une bouteille de Vittel, se frictionne le
visage. Lacoste enfonce sa casquette de plus en
plus profond, reprend tout, et, méthodiquement
encadré de. 'drives obus, contre-attaque sans tr:ve.
Les joueurs égalisant constamment s'épuisent.
la balle de la partie s'éternise. Enfin Lacoste
gagne sur une double faute.
Il pleut. le match commencé à la quinzième
heure s'achève à la dix-neuvième. La foule
hurle, la victoire nationale, porte presque en
triomphe son champion et dans le crépuscule
d'été la route de Saint-Cloud fait concurrence
à l'avenue de l'Opéra tant les files d'automobiles
s'allongent interminables du. stade où nos cou-
montrent, à Paris où le soir descend.
Lucien Farnoux-Reynaud
De la Marine
à l'Aviation
La récente visite de la division navale
de l'amiral Pirot dans les eaux anglai-
ses n'a pas seulement été l'occasion
d'une manifestation de cordialité fran-
co-britannique dont l'opportunité n'est
pas contestable elle >i procuré à notre
amour-propre national une satisfaction
qui compense certaines amertumes
cette satisfaction, nous l'avons éprouvée
en lisant les réflexions qu'avait inspi-
rées aux spécialistes da questions mari-
times l'examen de nos nouvelles unités
navales. Ils ne nous ont ni dissimulé
leur surprise ni ménagé leurs éloges.
Pour la première fois depuis la guerre,
ils ont constaté que la France avait ac-
compli un effort sérieux, méthodique et
remarquable dans ses résultats en vue
de reconstituer et de moderniser sa ma-
rine de guerre. Notre flotte, sans doute,
ne saurait être comparée par la puis-
sance du tonnage, le nombre des bâti-
ments, aux forces navales dont dispo-
sent l'Angleterre, les Etats-Unis ou lie
Japon. Les accords de Washington nous
ont à cet égard relég.ié, à un rang infé-
rieur qui ne répond'plus à l'étendue des
côtes que nous avons progresser.
Dans la limite des droits qui nous ont
été accordés, dans celle aussi des res-
sources trop modestes dont nous dispo-
sons, nous avons accompli un vérita-
ble tour de force qui fait honneur à nos
constructeurs et dont nous devons sa-
voir beaucoup de gré à notre ministre
actuel de la marine. Il a su non seule-
ment convaincre les incrédules par igno-
rance et les sceptiques par indifférence
ils sont légion dans notre Parlement
de la nécessité vitale pour la France
de ne pas se laisser trop largement dis-
tancer par les autres puissances dans la
modernisation du matériel naval il a
su comprendre toute la gravité du pro-
blème qui s'impose à une nation dont
la sécurité dépend pour une grande part
de l'appoint militaire que lui apporte-
ra éventuellement son empire colo-
nial et de l'utilité, par conséquent, d'as-
surer la liberté de passage pour le trans-
port des troupes entre les colonies et la
métropole.
11 a compris enfin que le prestige de
notre pays au delà des mers ne pourrait
être maintenu que par la présence fré-
quente de notre pavillon sur les côtes
lointaines.
Notre flotte nouvelle est sans doute en-
core à l'état embryonn:aire nos croi-
seurs du dernier modèle sont jusqu'ici
peu nombreux, le nombre de nos des-
troyers et de nos sous-marins est encore
loin d'être suffisant Mais l'impulsion
est donnée, l'effort se développe, et ses
conséquences morales ne sont pas moins
appréciables que ses résultats matériels.
En effet, la perspective de croisières plus
nombreuses et plus intéressantes que par
le passé encourage le a goût du métier »
et provoque des engagements et des ré-
engagements auxquels on n'était plus
habitué depuis que des navires démodés
sommeillaient au font", des rades.
Il nous reste à souhaiter que notre
aviation marque une étape aussi décisive
que celle accomplie nar notre marine.
Là aussi, nous disposons d'un person-
nel remarquable et dont l'héroïsme s'at-
teste dans des initiatives quotidiennes
ne semble-t-il pas toutefois que les pro-
grès de la construction soient inférieurs
a la hardiesse toujours prête de nos pi-
lotes ? Les raids américains ne sont-ils
pas à cet égard singulièrement instruc-
tifs et ne démontrent-ils pas que si la
vaillance est égale dans les deux écoles
d'aviation, l'appareil dans ses perfec-
tionnements est supérieur de l'autre
côté de l'Atlantique ?
Mais la leçon, sang doute, ne sera pas
perdue.
René Lara
LES ÉVÉNEMENTS DE CHINE
La situation de Tchang TsoLin
Les dépêches de Chine confirment que
les forces militaires du maréchal Tchang
Tso Lin ont grandement à souffrir de la
révolte paysanne qui a éclaté sur les terrai-
toires qu'elles occupent. L'avance des ar-
mées nationalistes en a été facilitée. Elles
se.sont emparées de la ville de Kaï-Foung
et les troupes du général chrétien Feng
Yu Hsiang, qui font cauçe commune avec
les extrémistes, ont pris Chen-Ghéou. effec-
tuant ainsi leur liaison avec leurs alliés.
Aussi à Hankéou, le conseil militaire
a-t-il fait publier une déclaration annon-
çant 'que le maréchal Tchang Tso Lin éva-
eue Pékin dans l'intention de concentrer
ses forces à.Tien-Tsin.
lïëtte nouvelle n'est toutefois pas confir-
mée. Un message de Pékin dit qu'il n'y a
eu aucun mouvement anormal de troupes
sur les lignes de chemins de fer et qu'on
n'a pas connaissance que les sudistes aient
traversé le fleuve Jaune.
Les autorités militaires de Pékin surveil-
lent particulièrement les mouvements du
Topan du Chang-Si. Yen Hsi Shan, qui, à
leur estime, tiendrait la clef de la situation
militaire daiis la Chine du nord. On se
souvient qu'il a été annoncé qu'il avait été
gagné par les agents de lMoscou. J.-H. C.
Les Échos
Le félibrige à Montpellier.
Hier, eu lieu dans l'annexe du
grand théâtre de Montpellier, sous la
présidence de Mme Frédéric Mistral, la
veuve du grand poète du capoulié et
des félibres majoraux, le consistoire féli-
bréen.
Mme Pierre Fontan d'Avignon, en lit-
térature Dono Romanetto, a été élue
reine du félibrige. Sa royauté durera
sept ans, comme une présidence de Ré-
publique.
Une audition des œuvres catalanes. a
etewlonnée dans l'enceinte de l'exposi-
tion devant une foule immense qu'é-
gayaient de pittoresques et nombreux
costumes locaux.
Enfin, la reine, suivie d'un nombreux
cortège de dames d'atours, accompa-
gnée de timbaliers et de tambourinaire
a été reçue solennellement à l'exposition.
Et le soleil éclairait cette fête toute
méridionale.
LE PRIX DES VIGNES DE FRANCE
QUEL SERA L'ELU ?
Quand, Fan dernier, Raoul Ponchon fut dé-
claré attributaire du prix des Vignes de France,
il n'y eut et il ne pouvait y avoir aucune
critique sur l'esprit qui avait 'déterminé un tel
choix. Mais, cette année, la question est un peu
plus controversée. Le jury qui, pour la deuxième
fois depuis la fondation du prix, doit se réunir
le 10 juin prochain, au cours d'un dîner amical,
aura à se prononcer entre des candidatures
dignes, par leurs qualités concurrentes, de la
meilleure attention;
C'est ainsi que MM. Morton-Fullerton Mau-
rice Brillant, André Hallays, Léon Lafage, P.-E.
Martel et Joseph de Pesquidoux brigueront les
suffrages, et l'on dit que MM. Robert de Flers,
Andre Hallays, Gérôme et Jean Tharaud, Marcel
Bouienger, René Benjamir Léon Daudet, pour-
raient tomber d'accord sur.Jq1îelque outsider.
Pour nous, qui n'avons en vue que l'utilité
sociale d'un grand talenf servi par la jeunesse
et par la sincérité, il ne nous semble pas que
M. Joseph de Pesquidoux, chantre virgilien de
notre glèbe, serait indigne de ces Vignes de
France qu'il sut défendre, les armes à la main.
G. S.
Nous nous sommes faits, hier, les inter-
prètes d'un certain nombre de lecteurs
qui, .ayant appris que l'autographe du
lameux ordre du jour de la Marne allait
être vendu aux enchères par M. Sacha
Guitry, en faveur de la maison de repos
dés « Gueules cassées », estimaient qu'il
appartenait plutôt à l'un des membres
de la glorieuse association de présenter
ie précieux document au public.
Nous recevons aujourd'hui de M. A.
Franck, directeur du théâtre Edouard
vil et membre du Comité d'organiation
« du gala de la Reconnaissance », la note
Sollicité de prêter son concours au Gala
de la Reconnaissance qui aura lieu ven-
diedi prochain, à l'hôtel Claridge en fa-
veur des Gueules cassées », c'est M. Sa-
cha Guitry qui a eu la très belle idée de
faire demander à M. le maréchal Joffre le
texte autographe signé par lui de l'ordre
du jour de la bataille de la Marne, et, bien
entendu, c'est M. Sacha Guitry, sur la de-
mande de NI. le colonel Picot, président
des « Gueules Cassées », qui mettra aux
enchères le précieux document.
Les autobus de nuit.
La S. T. C. R. P. a organisé tout un
service d'autobus de nuit dont le ré-
seau dessert à peu près tout Paris, et
qui sont évidemment très commodes et
très pratiques. Mais pourquoi en a-t-on
fixé le point initial à la place du Châ-
tolet ?
C'est peut-être, géographiquement,
l'endroit le plus central de notre grande
ville. Mais, en la circonstance, était-il
indiqué ? Ce service spécial est destiné
de toute évidence aux noctambules et
aux travailleurs de nuit qui, la plupart,
sont occupés dans les journaux et les
imprimeries. Or, pour ces deux clien-
tèles, le Châtelet est absolument excen-
trique.
Le lieu de départ logique serait la
place de la Bourse, à deux pas du bou-
levard et des ateliers des rues Montmar-
tre et du Sentier.
Que de voyageurs nocturnes, qui ne
prennent pas l'autobus parce qu'il faut
alter le chercher trop loin, agiraient
tout autrement s'il était plus près
Quant aux Halles, le déplacement du
point de départ n'empêcherait pas qu'el-
les soient convenablement desservies.
Le Coq
TEMPÉRATURE
Probabilités pour la journées du 6 juin
Région parisienne temps couvert avec quelques
pluies, devenant nuageux ou très nuageux avec
quelques éclairies et quelques averses. Vent
d'ouest modérée Température en. faible baisse.
J AUJOURD'HUI
'14 heures. Courses à Saint-Cloud, Com-
piègne et Vichy.
Lire en 2e page
LE PRIX DE DIANE
LOGIQUE
SOCIALISTE
Les politiciens de gauche, et notam-
ment les socialistes, qui condamnent en
principe le communisme mais qui en-
tendent bien dans la pratique lui appor-
ter leur collaboration, échafaudent pour
sa défense un raisonnement spécieux
que voici De deux choses l'une ou la
propagande communiste, qui s'exerce
dans l'usine, dans l'armée, dans nos co-
lonies, est efficace, ou elle ne l'est pas.
Si elle ne l'est pas, sourions et ne per-
dons pas notre temps à nous battre avec
des fantômes. Si elle est efficace, c'est
donc que les conditions faites à l'ou-
vrier dans l'usine, au soldat dans l'ar-
mée, à l'indigène dans les colonies sont
abominables, et votre devoir, à vous so-
ciété, c'est de vous réformer, de.faire
cesser les abus qui appellent la révolu-
tion, et non d'exercer la vindicte publi-
que contre qui dénonce les tares de
votre monde.
Aucune société n'est parfaite. Il y a
des abus partout et des erreurs peuvent
être commises par les hommes les
mieux intentionnés. Il faut réprimer les
abus et corriger les erreurs. « Si nous
perdions le sentiment de nos fautes, di-
sait un grand philosophe de l'antiquité,
nous serions indignes de vivre. »
Mais un écrivain cultivé comme M.
Léon Blum, qui s'ingénie à placer le
gouvernement dans ce mauvais dilemme,
sait bien que si le communisme a tou-
jours été latent dans le peuple depuis
qu'il y a un ordre social, s'il trouve un
auditoire si docile dans les masses, c'est
qu'il est dans la nature des hommes
d'être malheureux et de se révolter
contre la malheur. La. mauvaise foi des
tribuns populaires a toujours consisté à
aecuser les aristocrates, les riches ou les
bourgeois de porter la responsabilité de
ce malheur. L'inégalité des êtres, l'in-
juste répartition des fortunes, est une
conséquence des lois mêmes de la na-
ture sociale. Ces lois, il ne dépend pas
plus de nous de les modifier que celles
de la pesanteur ou de la gravitation. Si
nous voulons améliorer notre condition,
la sagesse est de nous y soumettre. Il y
a un armement de dépendances humai-
nes qui dépend lui-même du système
du monde.
Oui, la meilleure manière de lutter
contre le communisme, c'est de cher-
cher à améliorer les conditions d'exis-
tence pour le prolétariat, c'est de faire
tout le bien que nous avons vu les in-
dustriels du Nord, par exemple, accom-
plir autour d'eux. En acceptant eux-
mêmes « le service social », ils ont porté
un coup terrible à la révolution. Mais
M. Blum sait très bien qu'il y a des
malheurs, des souffrances que des
saints eux-mêmes n'éviteraient point
aux pauvres gens. Ce sont ces souffran-
ces-là, ce sont leurs propres passions qui
les portent à la sédition et à la révolte.
Chamberlin et son passager
ont traversé l'Atlantique
ILS VOLERAIENT VERS BERLIN
PAR M. GEORGES BRUNI
Et de deux.
A quinze jou.rs d'intervalle, deux
avions américains ontltraversé l'Atlan-
tique sans escale. A l'heure où parais-
sent ces. lignes nous ne savons pas où
le Miss-Columbia piloté par Clarence
Chamberlin et ayant nour passager M.
Levine, organisateur du raid, terminera
son vol magnifique, mais ce que nous
savons c'est que, parti à 11 heures (heure
française) de Roosevelt Field (New-
York), l'avion, ainsi que nous le disions
hier, gagna à petite allure et iL faible
altitude d'abord Halifax, dans la Nou-
velle-Ecosse, puis Terre-Nsuve. A 23
heures, samedi, soit 18 heures (heure
américaine), le Miss-Columbia survolait
1? cap Race (Est de Terre-Neuve) et s'en-
gageait au-dessus de l'Atlantique. Sa
vitesse moyenne avait été jusque-là, sans
douta à cause des vents debout ou de
flanc, de 150 kilomètres il heure tout
au plus.
De Terre-Neuve aux côtes d'Irlande
on compte 3,200 kilomètres. Nous ris-
quions donc de demeurer pendant de
longues heures sans nouvelles du Miss-
Columbia survolant de nuit l'Océan
Atlantique.
Premières nouvelles
En fait, le premier l'enseignement qui
nous parvint fut transmis par le paque-
bot Mauretania, de a Cunard Line. Par
sans fil, le Mayrelania ;:ou fit connaître
que Chamberlin l'avait survolé à 16 heu-
res hier, par 49°23 de latitude nord et
15°8 de longitude ouest. L'avion qui se
dirigeait vers l'est, se .trouvait donc à.
ce moment-là kilomètres à l'ouest
des îles Sorlingues. Ces îles sont situées
à 60 kilomètres à l'ouest de la presqu'île
anglaise de Cornouailles.
En raison de la déclaration faite par
Chambertin' avant son départ « Nous
déciderons, en arrivant près de l'Ecosse,
en quelle ville de l'Europe nous atter-
rirons. Si les vents nous favorisent et si
nous avons suffisamment d'essence,
nous irons jusqu'à Berlin. Si les vents
ne nous poussent pas vers Berlin, nous
nous orienterons vers le sud, vers Rome,
par exemple il n'était guère facile de
se faire une opinion sur la destination
de l'aviateur.
Selon un confident de Chamberlin,
celui-ci aurait également pensé à ga-
L'égoïsme, source du socialisme, la ja-
j lousie, source de la démocratie, il n'est,
point en notre pouvoir de les tarin. Et
le crime des Doriot, des Vaillant-Coutu-
rier, des Sadoul, c'est d'exploiter ces ta-'
talités et ces passions pour augmenter
la somme de désordre et de souffrances
qui pèsent sur le monde c'est 9e faire
des Français un peuple de fous, c'est-à-
dire de gens en révolte contre tout ce
qui est conforme aux lois de la nature
et à la prospérité des nations.
Curtius
Le Cabinet roumain
est constitué
II va procéder aux élections
Après l'échec des tentatives du général
Averesco et sa retraite définitive, le roi
Ferdinand de Roumanie avait chargé;
ainsi que nous l'avons annoncé dès hier
matin, M. Barbou Stirbey de former un
ministère.
Celui-ci s'est mis à l'oeuvre aussitôt et
est entré en pourparlers avec les représen-
tants de tous les partis. Il s'est efforcé de
constituer un gouvernement de concentra-
tion et d'union nationale et il a réussi.
On annonce, en effet, de Bucarest, que le
cabinet est ainsi constitué
M. Stirbey, président du conseil, minis-
fre de l'intérieur et ministre par intérim
des finances et des affaires étrangères;
M. Argetoiano, ministre des domaines et
par intérim de l'industrie M. Stelian Po-
pesco, ministre de la justice M. Lupu,
ministre de l'instruction publique et par
intérim de la santé publique M. Lape-
datu, ministre des cultes et par intérim
du travail général Anghelesco, ministre
de la guerre M. Dumitriu, ministre des
communications et par intérim des tra-
vaux publics 1\1. Capitanesahu, sous-ae-
crétaire d'Etat à l'intérieur.
MM. Barbou Stirbey et Stelian Popesco
ont prêté serment dès samedi soir devant
le roi Ferdinand les autres ont accompli
la même formalité hier matin et ont pris
immédiatement possession de leurs fonc-
tions.
Les portefeuilles vacants font encore
l'objet de pourparlers. On pense qu'ils se-
ront attribués au parti national paysan.
Le parti du peuple, dont le général Ave-
resco est le chef, et la fraction qui a pour
leader le professeur Jorga ne participent
pas au nouveau gouvernement.
Quelques-uns des ministres ont un passé
politique qu'il convient de signaler M..
Lupu est le chef de la fraction dissidente
du parti paysan M. Dumitriu a été rap-
porteur de la Constitution M. Lapedatu a a
été ministre dans le cabinet Jean Bra-
tiano M. Capitanesahu a été ministre des
finances dans le cabinet Take Jonesco.
Le cabinet actuel, qui est, comme le vou-
lait son chef, un gouvernement de concen-
tration, semble surtout avoir pour mission
de procéder des élections générales. La
dissolution des Chambres serait pronon-,
cée demain lundi et les collèges électoraux
seraient convoqués trente jours plus tard,
c'est-à-dire au début de juillet.
La transmission des pouvoirs s'est opé-
rée sans incident.
Ajoutons en terminant que le général
Averesco a annoncé son intention de se
retirer de la vie publique.
Denys Meuthan
gner, si possible, Constantinople. Nous
devons toutefois considérer que New-
York-Rome représente déjà un raid
sans escale de plus de 7,000 kilomètres,
et qu'il ne paraît, pas possible que le
Miss-Columbia ait assez d'essence pour
atteindre Constantinople, même en ad-
mettant ce qui est le cas que des
vents d'ouest facilitent beaucoup sa
tâche.
Quand le Mauretania croisa le Miss-
Columbia celui-ci décrivit un cercle
complet au-dessus du navire -et reprit ga
course vers l'est.
Le Mémphis, à bord duquel se trouve
Lindbergh, était à 15 kilomètres du Mau-
retania quand celui-ci, aussitôt après le
passage de l'avion, lança son radio-
gramme.
Le correspondant de V United Press,
qui accompagne Lindbergh dans son
voyage de retour, radiotélégraphie que
ce dernier se trouvait dans sa cabine
quand on lui fit part du message du
Maurclania. Il se borna à déclarer
II est maintenant sûr de réussir
dans sa tentative je sais que son appa-
reil est en parfait état, et je lui souhaite
d'aller atterrir le plus loin possible. »
Jusqu'à 20 h. 30, on demeura sans
autres nouvelles de Chamberlin.
L'avion passe à Piymouth
Un premier télégramme nous apprit
que le Miss-Columbia avait, à 20 h. 33,
survolé Land's End (Cornouailles), ex-
trémité sud-ouest de l'Angleterre. A
21 h. 15, l'avion survolait Plymouth, fi-
lant très vite et très haut dans la direc-
tion de l'est.
Vers Berlin
Il apparaissait désormais que Cham-
berlin avait décidé d'aller à Berlin. La
distance de Plymouth à Berlin est de
1,300 kilomètres.
A 9 h. 15, soit environ après 34 heu-
res de vol, le Miss-Columbia avait par-
couru 5,400 kilomètres, sa vitesse
moyenne était donc do 160 kilomètres
environ. En admettant que l'avion de
plus en plus allégé porte sa moyenne à
170 à l'heure, et que sa provision de car-
burant; qui n'était au départ que de 2,065
litres lui nermette d'atteindre la capi-
tale du Reich, Chamberlin arriverait à
Berlin vers 5 heurzs ce matin (heure
française). S'il s'arrête à Berlin, Cham-
berlin aura battu le record de distance
établi par Lindbergh d'environ 900 ki·
LUNDI 6 JUIN
EO»OND.TARBE ET HENRY DE,PÊNE
Fondateurs
ARTHUR MEYER
Directeur (1879-1924)
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A PROPOS D'UN CENTENAIRE
Une amitié
de Carpeaux
Autour de Carpeaux, comme de tous
'les grands hommes, il ya une légende.
Les anecdotes ont foisonné à son pro-
pos, quelques-unes entachées d'erreur
jusqu'à l'indécence c'est l'honneur de
la courageuse femme qu'est Mme Clé-
ment-Carpeaux de ne pas hésiter à dé-
fendre au besoin les mémoires de son
illustre père et d'une mère dont la vie
justifia le vers fameux
'A l'austère devoir piensement fidèle
Non, Carpeaux ne fut pas toute sa vie
l'être fruste que l'on a dit. Dès l'ado*
lescence, au contraire, il s'.appliqua,
avec une ténacité finalement couronnée
par le succès, à se former et à s'ins-
truire. Ses amis l'y aidèrent, depuis
l'avocat Foucart, ce lettré.qui, de Valen-
ciennes, favorisa ses débuts, jusqu'aux
Goncourt, jusqu'à Sainte-Beuve auquel,
pour gage d'un attachement peut-être
nuancé de reconnaissance intellectuelle,
il offrit une épreuve du buste de la
princesse Matnilde. Les conversations
'dont il jouit grâce à eux comblèrent
insensiblement les lacunes de son édu-
cation première, et les lectures qu'il
s'imposa en suivant leurs conseils ache-
vèrent de lui donner une culture fort
honorable.
Parmi ces amis, le marquis de Pien-
hnes, qu'il connut dès le temps où il mo-
delait à Rome L'Enfant d la coquille,
c'est-à-dire vers 1858, est une attachante
figure trop demeurée dans l'ombre.
Chambellan de l'Impératrice, il intro-
duisit Carpeaux à la Cour et semble
s'être attaché à lui à la façon dont un
Caylus, autre grand seigneur, avait
goûté et favorisé Watteau dans le siècle
précédent. Est-ce lui qui s'entremit pour
que fût acheté et placé dans les apparte-
fmsnts des Tuileries l'exemplaire en mar-
bre d3 L'Enfant à la coquille ? C'est pro-
bable le billet relatif à cette négocia-
tion, dont j'ai retrouvé le brouillon dans
l'un des carnets de Carpeaux et où il
parlé du désir qu'il a de se livrer « tout
entier à la grande sculpture », ne peut
s'adresser qu'à ce protecteur zélé et
bien en cour. Il dut aussi être l'auteur,
iun peu plus tard, de la présentation de
d'artiste à Napoléon III et lui éviter
maint faux-pas sur le parquet glissant
de Compiègne ou des Tuileries. C'était
« l'homme généreux par excellence »,
au témoignage que m'apporte l'un de
iCeux qui le connurent intimement, M.
iVilledieu, architecte de la ville de
Caen.
Carpeaux fit de lui trois effigies un
Ibuste en marbre demeuré dans sa fa-
mille un crayon entré peu avant là
guerre au musée de Valenciennes, et un
portrait peint à l'huile que je possède.
On y voit un homme brun, lie nez bus-
qué, le visage coloré et encadré de
courts favoris, donnant la triple impres-
sion de l'énergie, de l'intelligence et de
ta bonté.
Durant l'été de 1866, le sculpteur déjà
Célèbre du pavillon de Flore fit un sé-
jour en Normandie chez le marquis de
[Piennes, qui habitait le château de Pé-
•riers à la saison des chasses. Ce fut
alors, peut-on croire, chargé du groupe
de l'Opéra qui devait être La Danse,
que .Carpeaux traça sur le papier les
griffons s'y rapportant, dont cinq feuil-
les, sont entrées au musée de Valencien-
>tnes. Les premiers montrent un génie
non point masculin, mais féminin »
de la Danse, planant au-dessus des bac-
chantes et un dernier croquis place,
comme aujourd'hui, ce génie parmi les
nymphes groupées, qu'il domine de la
tête.
« « Cinq feuilles de dessins tracés du-
Tant quatre discussions. écrivait Pien-
mes dans une lettre jointe à son envoi et
qui repose .aux archives du même mu-
isée dans lesquelles Carpeaux m'ex-
posait ses idées et ses projets. Ces quatre
;très longues discussions eurent lieu au
cours d'une semaine. Les dessins sont
surtovt précieux parce qu ils montrent
Ma sûreté de coup d'oeil avec laquelle
Carpeaux voyait l'objet don* il parlait,
et indiquait d'un trait de plume, sans la
moindre indécision, le contour et les ac-
cents du corps qu'il voyait se mouvoir.
» On ne retrouve cette puissance et
Cette sûreté d'observation que dans les
cartons de deux des plus grands maî-
tres.
» Carpeaux avait d'abord songé.à rsu-
r.ir ses danseuses par un génie qui les
inspirait en planant sur elles. Seule-
ment après quelques jours, il se décida
à faire conduire ce groupe par le génie
lui-même,
On imagine le salon du châtelain nor-
imand durant les soirées d'automne, la
doucie lueur des lampes à huile, les cri-
nolines des dames épanouies, telles des
corolles, sur les poufs capitonnés, et les
deux hommes en frac discutant un peu
il 1 écart avec animation. Po^r faire com-
prendre sa pensée, l'artiste emploie le
,moyen le meilleur et le plus rapide: il
multiplie les croquis jetés d'une main
Serveuse, si bien que l'enîrevision du
groupe prodigieux commence à flotter
dans l'atmosphère au-dessus de la fumée
des cigares.
Invité surtout pour lui permettre de se
avertir et de se reposer un peu entre
ses grands travaux, dans la journée Car-
Peaux est souvent en compagnie d'Eu-
gène de Piennes, fils du marquis, et d'un
•enfant du même âg* G. villedien Ce-
lui-ci conserve encore aujourd'hui un
souvenir anecdotique, mais vivant,- de
« notre .bon ami Carpeaux, qui nous
taisait tant rire, m'écrit-il, é' dont alors
nous ignorions la gloire.
» Il nous emmenait en promenade et
ntAis amusait beaucoup. Il avait toujours
un grand pardessus, et dans ses poches
de l'argile que lui préparait Maurice
Scheurer, le contre-maître de la brique-
terie du marquis de Piennes. Puis, le
samedi, jour de marché, il nous emme-
nait voir les Criancheises (habitantes de
Créances) maraîchères qui fournissaient
le marché de Périers et oien d'autres
de légumes. Alors, quand il voyait
une tête qui lui disait, il prenait dans
ses poches une poignée de terre glaise
et en deux coups de pouce fabriquait
une caricature de la bonne femme. Il
nous faisait aussi des chiens, des chats,
Vient 1870 ces fragiles pochades res-
tées à Périers ne résistèrent pas au pas-
sage d'une compagnie de mobiles de
l'Yonne, qui cantonna au château. Pen-
dant ce temps, demeuré à Paris, Car.
peaux avait connu les horreurs du siège
et entrevu celles de la Commune, avant
de partir pour l'Angleterre.
A son retour, en 1872, sa santé est en
ruine et, dernier document sur la pro-
fonde amitié qui l'unit à l'homme de
cœur dont nous esquissons la physio-
nomie, une lettre datée du 25 mai 1874
visent attester, peu après, le plus com-
plet désarroi chez le malheureux artiste
Mes nuits se passent à me tordre de
douleurs nerveuses. Mes journées sont
plus supportables, mais pleines de souf-
francs. Le travail est impossible dans
cet état, me voilà donc réduit à néant.
Que je suis donc malheureux, et com-
bien je souffre physiauement et mora-
lement Ne me laissez pas mon bien
c'her ami, je ne veux plus que vous. »
Suprême appel d'un homme irrémé-
diablement condamné. L'écriture de
cette lettre, torturée, est rresque illisi-
ble. Au ïevers, Carpeaux s'est repré-
senté, tel un Christ défâché de la croix,
enlevé de son lit de douleuz pour être
plongé dans une baignoire qu: ressemble
à un sépulcre.
Il mourut, on le sait, le 11 octobre
1875. La marquis de Pienne? devait lui
survivre trente-cinq ans, e' connaître
ainsi le rayonnement de pius en plus
lumineux d'une gloire qu'il .avait vu
naître. Disparu à son tour en 1910, il a
légué au musée de Valenciennas plu-
sieurs souvenirs du etand artiste, des-
sins et lettres. Quant à son buste, pres-
que inconnu du public dans le château
normand où il est resté, il garde du
moins les traits de ce bienfaisant ami de
Carpeaux qui fut, dans toute l'.accep-
tion d'un mot aujourd'hui mal compris,
un aristocrate.
André-M. de Poncheville
UNE VICTOIRE FRANÇAISE
En regardant, hier,
le match de tennis
Sur le terrain de la Faisanderie, une des
parties les plus émouvantes que connut le tennis
international se déroula hier. Durant presque
quatre heures d'horloge le champion américain
W. T. Tilden et le champion français Lacoste
s'affrontèrent.
Les gradins du court central se transforment
en remblais ferroviaires où, entre le terne humus
gris et marron des vêtements masculins, jail-
lissent joyeuses les toilettes des spectatrices;
bleuets fantaisistes, verts acides ou vert amande,
coquelicot des brunes aux regards sombres, et
des genêts, des boutons d'or. Le jaune s'impose
aujourd'hui. c'est la saison des boutons d'or.
pour en attester les dieux, un dirigeable jon-
quille évolue dans un ciel tantôt d'azur, tantôt
assombri, où le vent passe si frileusement que
ma voisine joue à pile ou face s'il pleuvra ou
s'il ne pleuvra pas.
Pour épuiser notre impatience la finale, du
simple dames prolonge ses phases monotones.
Que Miss Bouman, représentant la Hollande,
possède de grâces! Elle danse autour des :o
avec la souplesse d'une jeune chatte qu'une
pelote de fil récrée. Le bandeau parme qui lui
sert de diadème enserre plus de tactique effec-
tive que bien des fronts bossués de philosophes.
Son adversaire du Sud-Afrique, Miss Peacock,
frappe avec une honorable patience et une belle
vigueur, mais mille roueries élégantes la domi-
nent et nous applaudissons au triomphe de la
féminité intégrale en oubliant qu'elLe fut et
sera encore notre perdition.
Décidément, le style viril et agressif de Mlle
Lenglen ne fait pas école et ce prodige restera
un cas sans devenir un exemple.
Voici enfin les finalistes du championnat
simple hommes. Tilden, que ses admirateurs
nomment Big Bill tant il est long. On affirme
qu'il se voûte en attendant la balle pour mieux
surprendre l'adversaire, tel le serpent python.
Puis Lacoste, le jeune Français, obstiné et
méthodique, baptisé par ses camarades le Croco-
dile, car sa ténacité dans la lutte s'impose pro-
verbiale. Ces deux joueurs vont régler là couT-
toisement un vieux compte. Tour à tour ils se
vainquirent et Tilden, venant en plaine forme
visiter la vieille Europe, triompha, huit jours
passés, dans France-Amérique, de son rival.
Lacoste enfonce sa casquette légendaire et
gagne le premier set, car les jeunes femmes
sont pour lui et rien n'emporte vers la victoire
comme le sourire des déesses du jour. Mais
Tilden s'empare du second parce qu'il est vrai-
ment trop long dans tous les sens, que ses
jambes infinies lui confèrent le don d'ubiquité
et qu'il dispose d'un jeu terriblement varié et
effectif. Lacoste se reçoit mal sur une jambe
au début du troisième set, continue en boitant
de plus en plus bas pour terminer unijambiste;
mais même mué en échassier un crocodile reste
terriblement coriace et la bourrasque américaine
doit s'employer à fond pour s'assurer la troi-
sième manche. J
Jusqu'à présent personne ne joua éperdument f
sa chance, et dans un bel exercice de régularité
le tennis devint une épreuve de patience.
Après le repos Lacoste se déplace à nouveau
avec sa vivacité coutumière. Tête nue, il perd 1
les deux premiers jeux. Il reprend donc sa
casquette fétiche, que le public acclame, et gagne
le set en opposant à Tilden, mué en homme (
canon, une démonstration de tous les coups
possibles. Dieu seul' peut savoir combien en
connaît le Crocodile depuis qu'il exerce son
service jusque sur les fauteuils de sa chambre
à coucher.
Les champions sont à égalité. Le set final
commence dans un silence de drame antique.
Les Américains étonnés de cette terrible résis-
tance à leur favori, réputé le meilleur joueur
du monde, et les Français soudain confiants.
Big Bill a dû grandir encore depuis le commen-
cement du match, quand il smashe on suppose
qu'il va décrocher une étoile. Sur le devant
de son front une mèche se dresse, toupet de
bellicisme. Il se déchaîne, change de maillot et
de raquettes, fait de fréquentes pleines eaux
dans une bouteille de Vittel, se frictionne le
visage. Lacoste enfonce sa casquette de plus en
plus profond, reprend tout, et, méthodiquement
encadré de. 'drives obus, contre-attaque sans tr:ve.
Les joueurs égalisant constamment s'épuisent.
la balle de la partie s'éternise. Enfin Lacoste
gagne sur une double faute.
Il pleut. le match commencé à la quinzième
heure s'achève à la dix-neuvième. La foule
hurle, la victoire nationale, porte presque en
triomphe son champion et dans le crépuscule
d'été la route de Saint-Cloud fait concurrence
à l'avenue de l'Opéra tant les files d'automobiles
s'allongent interminables du. stade où nos cou-
montrent, à Paris où le soir descend.
Lucien Farnoux-Reynaud
De la Marine
à l'Aviation
La récente visite de la division navale
de l'amiral Pirot dans les eaux anglai-
ses n'a pas seulement été l'occasion
d'une manifestation de cordialité fran-
co-britannique dont l'opportunité n'est
pas contestable elle >i procuré à notre
amour-propre national une satisfaction
qui compense certaines amertumes
cette satisfaction, nous l'avons éprouvée
en lisant les réflexions qu'avait inspi-
rées aux spécialistes da questions mari-
times l'examen de nos nouvelles unités
navales. Ils ne nous ont ni dissimulé
leur surprise ni ménagé leurs éloges.
Pour la première fois depuis la guerre,
ils ont constaté que la France avait ac-
compli un effort sérieux, méthodique et
remarquable dans ses résultats en vue
de reconstituer et de moderniser sa ma-
rine de guerre. Notre flotte, sans doute,
ne saurait être comparée par la puis-
sance du tonnage, le nombre des bâti-
ments, aux forces navales dont dispo-
sent l'Angleterre, les Etats-Unis ou lie
Japon. Les accords de Washington nous
ont à cet égard relég.ié, à un rang infé-
rieur qui ne répond'plus à l'étendue des
côtes que nous avons progresser.
Dans la limite des droits qui nous ont
été accordés, dans celle aussi des res-
sources trop modestes dont nous dispo-
sons, nous avons accompli un vérita-
ble tour de force qui fait honneur à nos
constructeurs et dont nous devons sa-
voir beaucoup de gré à notre ministre
actuel de la marine. Il a su non seule-
ment convaincre les incrédules par igno-
rance et les sceptiques par indifférence
ils sont légion dans notre Parlement
de la nécessité vitale pour la France
de ne pas se laisser trop largement dis-
tancer par les autres puissances dans la
modernisation du matériel naval il a
su comprendre toute la gravité du pro-
blème qui s'impose à une nation dont
la sécurité dépend pour une grande part
de l'appoint militaire que lui apporte-
ra éventuellement son empire colo-
nial et de l'utilité, par conséquent, d'as-
surer la liberté de passage pour le trans-
port des troupes entre les colonies et la
métropole.
11 a compris enfin que le prestige de
notre pays au delà des mers ne pourrait
être maintenu que par la présence fré-
quente de notre pavillon sur les côtes
lointaines.
Notre flotte nouvelle est sans doute en-
core à l'état embryonn:aire nos croi-
seurs du dernier modèle sont jusqu'ici
peu nombreux, le nombre de nos des-
troyers et de nos sous-marins est encore
loin d'être suffisant Mais l'impulsion
est donnée, l'effort se développe, et ses
conséquences morales ne sont pas moins
appréciables que ses résultats matériels.
En effet, la perspective de croisières plus
nombreuses et plus intéressantes que par
le passé encourage le a goût du métier »
et provoque des engagements et des ré-
engagements auxquels on n'était plus
habitué depuis que des navires démodés
sommeillaient au font", des rades.
Il nous reste à souhaiter que notre
aviation marque une étape aussi décisive
que celle accomplie nar notre marine.
Là aussi, nous disposons d'un person-
nel remarquable et dont l'héroïsme s'at-
teste dans des initiatives quotidiennes
ne semble-t-il pas toutefois que les pro-
grès de la construction soient inférieurs
a la hardiesse toujours prête de nos pi-
lotes ? Les raids américains ne sont-ils
pas à cet égard singulièrement instruc-
tifs et ne démontrent-ils pas que si la
vaillance est égale dans les deux écoles
d'aviation, l'appareil dans ses perfec-
tionnements est supérieur de l'autre
côté de l'Atlantique ?
Mais la leçon, sang doute, ne sera pas
perdue.
René Lara
LES ÉVÉNEMENTS DE CHINE
La situation de Tchang TsoLin
Les dépêches de Chine confirment que
les forces militaires du maréchal Tchang
Tso Lin ont grandement à souffrir de la
révolte paysanne qui a éclaté sur les terrai-
toires qu'elles occupent. L'avance des ar-
mées nationalistes en a été facilitée. Elles
se.sont emparées de la ville de Kaï-Foung
et les troupes du général chrétien Feng
Yu Hsiang, qui font cauçe commune avec
les extrémistes, ont pris Chen-Ghéou. effec-
tuant ainsi leur liaison avec leurs alliés.
Aussi à Hankéou, le conseil militaire
a-t-il fait publier une déclaration annon-
çant 'que le maréchal Tchang Tso Lin éva-
eue Pékin dans l'intention de concentrer
ses forces à.Tien-Tsin.
lïëtte nouvelle n'est toutefois pas confir-
mée. Un message de Pékin dit qu'il n'y a
eu aucun mouvement anormal de troupes
sur les lignes de chemins de fer et qu'on
n'a pas connaissance que les sudistes aient
traversé le fleuve Jaune.
Les autorités militaires de Pékin surveil-
lent particulièrement les mouvements du
Topan du Chang-Si. Yen Hsi Shan, qui, à
leur estime, tiendrait la clef de la situation
militaire daiis la Chine du nord. On se
souvient qu'il a été annoncé qu'il avait été
gagné par les agents de lMoscou. J.-H. C.
Les Échos
Le félibrige à Montpellier.
Hier, eu lieu dans l'annexe du
grand théâtre de Montpellier, sous la
présidence de Mme Frédéric Mistral, la
veuve du grand poète du capoulié et
des félibres majoraux, le consistoire féli-
bréen.
Mme Pierre Fontan d'Avignon, en lit-
térature Dono Romanetto, a été élue
reine du félibrige. Sa royauté durera
sept ans, comme une présidence de Ré-
publique.
Une audition des œuvres catalanes. a
etewlonnée dans l'enceinte de l'exposi-
tion devant une foule immense qu'é-
gayaient de pittoresques et nombreux
costumes locaux.
Enfin, la reine, suivie d'un nombreux
cortège de dames d'atours, accompa-
gnée de timbaliers et de tambourinaire
a été reçue solennellement à l'exposition.
Et le soleil éclairait cette fête toute
méridionale.
LE PRIX DES VIGNES DE FRANCE
QUEL SERA L'ELU ?
Quand, Fan dernier, Raoul Ponchon fut dé-
claré attributaire du prix des Vignes de France,
il n'y eut et il ne pouvait y avoir aucune
critique sur l'esprit qui avait 'déterminé un tel
choix. Mais, cette année, la question est un peu
plus controversée. Le jury qui, pour la deuxième
fois depuis la fondation du prix, doit se réunir
le 10 juin prochain, au cours d'un dîner amical,
aura à se prononcer entre des candidatures
dignes, par leurs qualités concurrentes, de la
meilleure attention;
C'est ainsi que MM. Morton-Fullerton Mau-
rice Brillant, André Hallays, Léon Lafage, P.-E.
Martel et Joseph de Pesquidoux brigueront les
suffrages, et l'on dit que MM. Robert de Flers,
Andre Hallays, Gérôme et Jean Tharaud, Marcel
Bouienger, René Benjamir Léon Daudet, pour-
raient tomber d'accord sur.Jq1îelque outsider.
Pour nous, qui n'avons en vue que l'utilité
sociale d'un grand talenf servi par la jeunesse
et par la sincérité, il ne nous semble pas que
M. Joseph de Pesquidoux, chantre virgilien de
notre glèbe, serait indigne de ces Vignes de
France qu'il sut défendre, les armes à la main.
G. S.
Nous nous sommes faits, hier, les inter-
prètes d'un certain nombre de lecteurs
qui, .ayant appris que l'autographe du
lameux ordre du jour de la Marne allait
être vendu aux enchères par M. Sacha
Guitry, en faveur de la maison de repos
dés « Gueules cassées », estimaient qu'il
appartenait plutôt à l'un des membres
de la glorieuse association de présenter
ie précieux document au public.
Nous recevons aujourd'hui de M. A.
Franck, directeur du théâtre Edouard
vil et membre du Comité d'organiation
« du gala de la Reconnaissance », la note
Sollicité de prêter son concours au Gala
de la Reconnaissance qui aura lieu ven-
diedi prochain, à l'hôtel Claridge en fa-
veur des Gueules cassées », c'est M. Sa-
cha Guitry qui a eu la très belle idée de
faire demander à M. le maréchal Joffre le
texte autographe signé par lui de l'ordre
du jour de la bataille de la Marne, et, bien
entendu, c'est M. Sacha Guitry, sur la de-
mande de NI. le colonel Picot, président
des « Gueules Cassées », qui mettra aux
enchères le précieux document.
Les autobus de nuit.
La S. T. C. R. P. a organisé tout un
service d'autobus de nuit dont le ré-
seau dessert à peu près tout Paris, et
qui sont évidemment très commodes et
très pratiques. Mais pourquoi en a-t-on
fixé le point initial à la place du Châ-
tolet ?
C'est peut-être, géographiquement,
l'endroit le plus central de notre grande
ville. Mais, en la circonstance, était-il
indiqué ? Ce service spécial est destiné
de toute évidence aux noctambules et
aux travailleurs de nuit qui, la plupart,
sont occupés dans les journaux et les
imprimeries. Or, pour ces deux clien-
tèles, le Châtelet est absolument excen-
trique.
Le lieu de départ logique serait la
place de la Bourse, à deux pas du bou-
levard et des ateliers des rues Montmar-
tre et du Sentier.
Que de voyageurs nocturnes, qui ne
prennent pas l'autobus parce qu'il faut
alter le chercher trop loin, agiraient
tout autrement s'il était plus près
Quant aux Halles, le déplacement du
point de départ n'empêcherait pas qu'el-
les soient convenablement desservies.
Le Coq
TEMPÉRATURE
Probabilités pour la journées du 6 juin
Région parisienne temps couvert avec quelques
pluies, devenant nuageux ou très nuageux avec
quelques éclairies et quelques averses. Vent
d'ouest modérée Température en. faible baisse.
J AUJOURD'HUI
'14 heures. Courses à Saint-Cloud, Com-
piègne et Vichy.
Lire en 2e page
LE PRIX DE DIANE
LOGIQUE
SOCIALISTE
Les politiciens de gauche, et notam-
ment les socialistes, qui condamnent en
principe le communisme mais qui en-
tendent bien dans la pratique lui appor-
ter leur collaboration, échafaudent pour
sa défense un raisonnement spécieux
que voici De deux choses l'une ou la
propagande communiste, qui s'exerce
dans l'usine, dans l'armée, dans nos co-
lonies, est efficace, ou elle ne l'est pas.
Si elle ne l'est pas, sourions et ne per-
dons pas notre temps à nous battre avec
des fantômes. Si elle est efficace, c'est
donc que les conditions faites à l'ou-
vrier dans l'usine, au soldat dans l'ar-
mée, à l'indigène dans les colonies sont
abominables, et votre devoir, à vous so-
ciété, c'est de vous réformer, de.faire
cesser les abus qui appellent la révolu-
tion, et non d'exercer la vindicte publi-
que contre qui dénonce les tares de
votre monde.
Aucune société n'est parfaite. Il y a
des abus partout et des erreurs peuvent
être commises par les hommes les
mieux intentionnés. Il faut réprimer les
abus et corriger les erreurs. « Si nous
perdions le sentiment de nos fautes, di-
sait un grand philosophe de l'antiquité,
nous serions indignes de vivre. »
Mais un écrivain cultivé comme M.
Léon Blum, qui s'ingénie à placer le
gouvernement dans ce mauvais dilemme,
sait bien que si le communisme a tou-
jours été latent dans le peuple depuis
qu'il y a un ordre social, s'il trouve un
auditoire si docile dans les masses, c'est
qu'il est dans la nature des hommes
d'être malheureux et de se révolter
contre la malheur. La. mauvaise foi des
tribuns populaires a toujours consisté à
aecuser les aristocrates, les riches ou les
bourgeois de porter la responsabilité de
ce malheur. L'inégalité des êtres, l'in-
juste répartition des fortunes, est une
conséquence des lois mêmes de la na-
ture sociale. Ces lois, il ne dépend pas
plus de nous de les modifier que celles
de la pesanteur ou de la gravitation. Si
nous voulons améliorer notre condition,
la sagesse est de nous y soumettre. Il y
a un armement de dépendances humai-
nes qui dépend lui-même du système
du monde.
Oui, la meilleure manière de lutter
contre le communisme, c'est de cher-
cher à améliorer les conditions d'exis-
tence pour le prolétariat, c'est de faire
tout le bien que nous avons vu les in-
dustriels du Nord, par exemple, accom-
plir autour d'eux. En acceptant eux-
mêmes « le service social », ils ont porté
un coup terrible à la révolution. Mais
M. Blum sait très bien qu'il y a des
malheurs, des souffrances que des
saints eux-mêmes n'éviteraient point
aux pauvres gens. Ce sont ces souffran-
ces-là, ce sont leurs propres passions qui
les portent à la sédition et à la révolte.
Chamberlin et son passager
ont traversé l'Atlantique
ILS VOLERAIENT VERS BERLIN
PAR M. GEORGES BRUNI
Et de deux.
A quinze jou.rs d'intervalle, deux
avions américains ontltraversé l'Atlan-
tique sans escale. A l'heure où parais-
sent ces. lignes nous ne savons pas où
le Miss-Columbia piloté par Clarence
Chamberlin et ayant nour passager M.
Levine, organisateur du raid, terminera
son vol magnifique, mais ce que nous
savons c'est que, parti à 11 heures (heure
française) de Roosevelt Field (New-
York), l'avion, ainsi que nous le disions
hier, gagna à petite allure et iL faible
altitude d'abord Halifax, dans la Nou-
velle-Ecosse, puis Terre-Nsuve. A 23
heures, samedi, soit 18 heures (heure
américaine), le Miss-Columbia survolait
1? cap Race (Est de Terre-Neuve) et s'en-
gageait au-dessus de l'Atlantique. Sa
vitesse moyenne avait été jusque-là, sans
douta à cause des vents debout ou de
flanc, de 150 kilomètres il heure tout
au plus.
De Terre-Neuve aux côtes d'Irlande
on compte 3,200 kilomètres. Nous ris-
quions donc de demeurer pendant de
longues heures sans nouvelles du Miss-
Columbia survolant de nuit l'Océan
Atlantique.
Premières nouvelles
En fait, le premier l'enseignement qui
nous parvint fut transmis par le paque-
bot Mauretania, de a Cunard Line. Par
sans fil, le Mayrelania ;:ou fit connaître
que Chamberlin l'avait survolé à 16 heu-
res hier, par 49°23 de latitude nord et
15°8 de longitude ouest. L'avion qui se
dirigeait vers l'est, se .trouvait donc à.
ce moment-là kilomètres à l'ouest
des îles Sorlingues. Ces îles sont situées
à 60 kilomètres à l'ouest de la presqu'île
anglaise de Cornouailles.
En raison de la déclaration faite par
Chambertin' avant son départ « Nous
déciderons, en arrivant près de l'Ecosse,
en quelle ville de l'Europe nous atter-
rirons. Si les vents nous favorisent et si
nous avons suffisamment d'essence,
nous irons jusqu'à Berlin. Si les vents
ne nous poussent pas vers Berlin, nous
nous orienterons vers le sud, vers Rome,
par exemple il n'était guère facile de
se faire une opinion sur la destination
de l'aviateur.
Selon un confident de Chamberlin,
celui-ci aurait également pensé à ga-
L'égoïsme, source du socialisme, la ja-
j lousie, source de la démocratie, il n'est,
point en notre pouvoir de les tarin. Et
le crime des Doriot, des Vaillant-Coutu-
rier, des Sadoul, c'est d'exploiter ces ta-'
talités et ces passions pour augmenter
la somme de désordre et de souffrances
qui pèsent sur le monde c'est 9e faire
des Français un peuple de fous, c'est-à-
dire de gens en révolte contre tout ce
qui est conforme aux lois de la nature
et à la prospérité des nations.
Curtius
Le Cabinet roumain
est constitué
II va procéder aux élections
Après l'échec des tentatives du général
Averesco et sa retraite définitive, le roi
Ferdinand de Roumanie avait chargé;
ainsi que nous l'avons annoncé dès hier
matin, M. Barbou Stirbey de former un
ministère.
Celui-ci s'est mis à l'oeuvre aussitôt et
est entré en pourparlers avec les représen-
tants de tous les partis. Il s'est efforcé de
constituer un gouvernement de concentra-
tion et d'union nationale et il a réussi.
On annonce, en effet, de Bucarest, que le
cabinet est ainsi constitué
M. Stirbey, président du conseil, minis-
fre de l'intérieur et ministre par intérim
des finances et des affaires étrangères;
M. Argetoiano, ministre des domaines et
par intérim de l'industrie M. Stelian Po-
pesco, ministre de la justice M. Lupu,
ministre de l'instruction publique et par
intérim de la santé publique M. Lape-
datu, ministre des cultes et par intérim
du travail général Anghelesco, ministre
de la guerre M. Dumitriu, ministre des
communications et par intérim des tra-
vaux publics 1\1. Capitanesahu, sous-ae-
crétaire d'Etat à l'intérieur.
MM. Barbou Stirbey et Stelian Popesco
ont prêté serment dès samedi soir devant
le roi Ferdinand les autres ont accompli
la même formalité hier matin et ont pris
immédiatement possession de leurs fonc-
tions.
Les portefeuilles vacants font encore
l'objet de pourparlers. On pense qu'ils se-
ront attribués au parti national paysan.
Le parti du peuple, dont le général Ave-
resco est le chef, et la fraction qui a pour
leader le professeur Jorga ne participent
pas au nouveau gouvernement.
Quelques-uns des ministres ont un passé
politique qu'il convient de signaler M..
Lupu est le chef de la fraction dissidente
du parti paysan M. Dumitriu a été rap-
porteur de la Constitution M. Lapedatu a a
été ministre dans le cabinet Jean Bra-
tiano M. Capitanesahu a été ministre des
finances dans le cabinet Take Jonesco.
Le cabinet actuel, qui est, comme le vou-
lait son chef, un gouvernement de concen-
tration, semble surtout avoir pour mission
de procéder des élections générales. La
dissolution des Chambres serait pronon-,
cée demain lundi et les collèges électoraux
seraient convoqués trente jours plus tard,
c'est-à-dire au début de juillet.
La transmission des pouvoirs s'est opé-
rée sans incident.
Ajoutons en terminant que le général
Averesco a annoncé son intention de se
retirer de la vie publique.
Denys Meuthan
gner, si possible, Constantinople. Nous
devons toutefois considérer que New-
York-Rome représente déjà un raid
sans escale de plus de 7,000 kilomètres,
et qu'il ne paraît, pas possible que le
Miss-Columbia ait assez d'essence pour
atteindre Constantinople, même en ad-
mettant ce qui est le cas que des
vents d'ouest facilitent beaucoup sa
tâche.
Quand le Mauretania croisa le Miss-
Columbia celui-ci décrivit un cercle
complet au-dessus du navire -et reprit ga
course vers l'est.
Le Mémphis, à bord duquel se trouve
Lindbergh, était à 15 kilomètres du Mau-
retania quand celui-ci, aussitôt après le
passage de l'avion, lança son radio-
gramme.
Le correspondant de V United Press,
qui accompagne Lindbergh dans son
voyage de retour, radiotélégraphie que
ce dernier se trouvait dans sa cabine
quand on lui fit part du message du
Maurclania. Il se borna à déclarer
II est maintenant sûr de réussir
dans sa tentative je sais que son appa-
reil est en parfait état, et je lui souhaite
d'aller atterrir le plus loin possible. »
Jusqu'à 20 h. 30, on demeura sans
autres nouvelles de Chamberlin.
L'avion passe à Piymouth
Un premier télégramme nous apprit
que le Miss-Columbia avait, à 20 h. 33,
survolé Land's End (Cornouailles), ex-
trémité sud-ouest de l'Angleterre. A
21 h. 15, l'avion survolait Plymouth, fi-
lant très vite et très haut dans la direc-
tion de l'est.
Vers Berlin
Il apparaissait désormais que Cham-
berlin avait décidé d'aller à Berlin. La
distance de Plymouth à Berlin est de
1,300 kilomètres.
A 9 h. 15, soit environ après 34 heu-
res de vol, le Miss-Columbia avait par-
couru 5,400 kilomètres, sa vitesse
moyenne était donc do 160 kilomètres
environ. En admettant que l'avion de
plus en plus allégé porte sa moyenne à
170 à l'heure, et que sa provision de car-
burant; qui n'était au départ que de 2,065
litres lui nermette d'atteindre la capi-
tale du Reich, Chamberlin arriverait à
Berlin vers 5 heurzs ce matin (heure
française). S'il s'arrête à Berlin, Cham-
berlin aura battu le record de distance
établi par Lindbergh d'environ 900 ki·
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