Titre : Le Gaulois : littéraire et politique
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1894-11-28
Contributeur : Pène, Henri de (1830-1888). Directeur de publication
Contributeur : Tarbé des Sablons, Edmond Joseph Louis (1838-1900). Directeur de publication
Contributeur : Meyer, Arthur (1844-1924). Directeur de publication
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Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 28 novembre 1894 28 novembre 1894
Description : 1894/11/28 (Numéro 5361). 1894/11/28 (Numéro 5361).
Description : Collection numérique : Arts de la marionnette Collection numérique : Arts de la marionnette
Description : Collection numérique : Commun Patrimoine:... Collection numérique : Commun Patrimoine: bibliothèque numérique du réseau des médiathèques de Plaine Commune
Description : Collection numérique : Commune de Paris de 1871 Collection numérique : Commune de Paris de 1871
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k5289417
Source : Bibliothèque nationale de France
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 29/02/2008
MERCREDI 38 NOVEMBRE 1894
PARIS I.S CENTIMES ijEPÀRTÈNnET~TS ET GARES ~<~ CEKTTMM
38'Année 3' Série N* 536!
ARTHUR MEYER
.DM-SC~Mf
RÉDACTION
3, rue Drouot
< 6Aï~° dea boulevards Montmartre et dea !ta!ient§
ABONNEMENTS.;
P&ris Départements
T'nmo!s. 6fr Un mois. 6)r.
Tloismois. 13SO Trois mois. 16 fr.
Six.muis. ZTfr. Stxmois. 3Z&.
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Etranger
Trcis mois (Union postale~ 18 &.
ARTHUR MEYER
D<'f~e«w
ADMINISTRATION
RENSEJGNEME~TS
ABONNSMENTS, PETITES ANNONCE~
3,ruoDrouot,3 2
(Ang!e des bonievard" ~onUBartr': et des H~Uea~'
ANNONCES
MM:. CH. LA&HA'NGE, CERF &
6, PLA.Ct! DE LA UCURSE. 6 ·
B
MLS!HMÏMN
< A chaque jour suffit sa peine y, dit un
vieux proverbe. Si cela continue, nous
.pourrons lui donner comme pendant un
autre aphorisme de création récente, et
dire « A chaque jour suffit son scan-
dale ?, et encore n'est-il pas tout à tait
juste, car parfois il faut doubler la dose,
et l'écœurement public, au lieu de se con-
centrer sur une seule infamie quotidien-
ne, se trouve partagée entre deux ou trois
révélations.
Celle d'aujourd'hui est tout à fait sur-
prenante. Tout le monde sait que le jour-
nal de M. Portalis s'était fait une spécia-
lité de donner sur certaines personnes
des détails ignorés du gros public.
Un beau jour il attrapait deux ou trois
malheureux, les déshabillait et prouvait,
ou avait l'air de prouver,qu'ils étaient les
derniers des misérables.
On prétend que cette opération avait
pour but d'extraire aux victimes quelques
billets de mille francs. Les unes, fortes de
.leur conscience, regimbaientoubien atten-
daient patiemment la fin de l'averse. Elles
avaient raison.
La presse est certainement une arme
très puissante pour le bien comme pour
le mal. Elle peut moraliser, elle peut aussi
démoraliser, et, à l'heure actuelle, en
France, elle contient tout un comparti-
ment d'industriels qu'on dirait payes par
je M sais qui pour démoraliser, les uns
parla plume, les autres par le crayon
notre malheureuse société.
Mais cependant elle est presque aussi
impuissante à transformer en succès litté-
raire persistant, par la réclame, une mau-
vaise pièce ou un mauvais livre, qu'a dés
honorer par des attaques injustes un hon-
nête homme.
Bien plus, quelques-uns de nos confrè-
res sont arrives & transformer le gril sur
lequel ils retournent leurs victimes en
une sorte de piédestal. Une réputation ne
serait pas complète si elle n'était pas at-
taquée par certaines feuilles.
En ma qualité de vieux routier du
journalisme, je suis souvent consulté par
des gens qui arrivent bouleversés, tenant
à la main un journal qui les a diffames.
Que faire? demandent-ils. Exiger
une rectiûcation? Envoyer des témoins ? P
Intenter un procès?
Je leur réponds toujours en les cal-
mant. « Ne dites rien. Restez tranquilles.
Le dédain et le silence, voilà les armes
véritables. Demain, on les prendra peut-
être pour un aveu. Après-demain, ils
passeront pour un signe de force et d'in-
différençe. Même, s'il vous plaît de vous
amuser, remerciez le calomniateur. Ecri-
vez-lui qu'il a oublié quelques-uns de vos
méfaits et dressez-en une liste plus com-
plète que la sienne. Vous aurez les rieurs
oe votre côté, et, en France, avoir les
rieurs de son côté, c'est être le plus fort,
puisque, si tout le monde ne sait pas rai-
sonner, tout le monde sait rire. ))
Très peu de gens, d'ailleurs, suivent ce
conseil. La plupart se font une bile bien
inutile et comblent ainsi de joie l'adver-
saire qui les tourmente.
Pour en venir au journal qui nous oc-
cupe, on se demandait où il pouvait se
procurer les détails vrais ou taux qu'il
tonnait sur ses plastrons.
On le sait aujourd'hui. Il allait les
chercher à la préfecture de police. L'a-
venture est particulièrement forte.
Car nous arrivons à cette combinaison,
.un peu boueuse, d'entretenir comme con-
tribuables des individus qui collection-
nent les moyens de nous travestir en scé-
lérats et les vendent à la presse. C'est
réellement très curieux.
Mille fois plus curieux, cependant, est
le procès qui se déroule en ce moment-ci
devant la cour d'assises de Toulouse.
Là, depuis une dizaine d'années, les
radicaux sont les maîtres de la municipa-
lité. Ils pensent que le sufîrage universel
est une pure blague, et je suis bien de
leur avis. Mais mon adhésion ne va pas
jusqu'à approuver les moyens, pourtant
spirituels, dont ils se sont servis pour
s emparer de cette blague et la transfor-
mer en instrument de règne.
Ces moyens étaientcependant fort sim-
ples. Ils ont consisté à inventer des élec-
teurs. Les municipaux maintenaient sur
les listes électorales les noms de citoyens
morts. Ils y inscrivaient, en outre, des
noms de citoyens supposés qui n'exis-
taient que dans leur imagination.
Ils faisaient voter à leur guise cette
troupe d'ombres pour laquelle ils émar-
geaient et, avec ce système-là, leurs can-
didats étaient toujours nommés.
Le directeur des verreries de Carmaux
ayant'été battu, contre toute vraisem-
blance, eut l'idée de prendre sur la liste
électorale trente noms et de faire vérifier
si leurs porteurs existaient réellement.
Il en trouva dix qui ne correspondaient
à aucune réalité vivante. Alors, on agran-
dit cette investigation, et on découvrit
que, dans cette patrie du chant, il y avait
trois mille citoyens qui votaient toujours
avec la municipalité, par l'excellente rai-
son qu'ils étaient, les uns bien tranquilles
dans leur tombeau, et les autres bien do-
ciles dans leur existence imaginaire. Et
voilà pourquoi cinq bonshommes passent
en ce moment en cour d'assises.
Ce qu'il y a de véritablement édifiant
dans cette histoire, c'est qu'elle prouve
que depuis dix ans aucune élection n'a
été sincère à Toulouse, à l'exception de
celles qui reposent sur le sunrage res-
treint, où le contrôle naît de lui-même.
Quant aux autres élus, pas nn n'est élu.
Maintenant, ce qu'on vient de décou-
vrir à Toulouse, on le découvrirait pro-
bablement un peu partout, si on voulait
s'en donner la peine, et on arriverait
ainsi à démontrer que la majorité répu-
blicaine qui noua gouverne est, selon
toute vraisemblance, le fruit d'une falsi-
neation des urnes.
0ht pauvre Empire' où sont tes fa-
meuses soupières électorales dontles gou-
-vernants d'aujourd'hui faisaient tant de
brait jadis? '1
D'ailleurs, c'était forcé. Sous un ré-
j~me qui falsine tout, à une epo~e où il
est presque aussi impossible de trouver du.
jus de raisin dans le vin que de la régula-
rité dansTes Snances ou de l'honnêteté
dans le gouvernement, pourquoi cette
précieuse denrée qui s'appelle* la volonté
nationale échapperait-elle à la manie fal-
sificatrice ? Pourquoi ne mouillerait-on
pas les urnes? Pourquoi, je me le de-
mande, alors que c'est si facile et si fruc-
tueux ? `?
Les gens qui ont l'esprit chagrin se de-
manderont peut-être combien de temps
nous pourrons vivre encore sous le ré-
gime delà ûction et du mensonge et du
scandale à jet continu, et si bientôt cette
pellicule, cette croûte perpétuellement
amincie et journellement perforée sur la-
quelle nous posons nos pieds et qui nous
sépare d'un abîme de boue, ne sera pas
trop fragile pour continuer à nous por-
ter.
Mais les gens a l'esprit chagrin sont des
raseurs. Personne ne les écoute. Et com-
me ils dégringoleront avec les autres dans
laliquéiactioniinale, ils n'auront peut-
être que la consolation de crier aux ca-
marades en disparaissant avec eux «Tas
d'imbéciles t je vous l'avais bien dit M.
J. COHKËLV
Ce qui se passe
GAULOiS-GUtDE
AMiOM~d'/tMt
Visite au musée Grevin.
ËCHOS DE PARIS
La duchesse de Leuchtenberg, qui était
restée à Paris par suite d'une indisposi-
tion qui lui interdisait le voyage qu'elle
avait projeté à Saint-Pétersbourg, est ac-
tuellement en voie de guérison.
S. A. S. la duchesse attend l'arrivée
de son mari, le duc de Leuchtpnberg,
pour se rendre à Nice ou à Cannes afin
d'y passer l'hiver.
Encore un témoignage de la haute sym-
pathie du nouvel empereur de Russie
pour la France.
Le général de Boisdenre, chef de l'am-
bassade extraordinaire envoyée par le
gouvernement français à Saint-Péters-
bourg pour assister aux funérailles de
l'empereur Alexandre III, a reçu, com-
me les priaces étrangers, le grand-cor-
don de l'ordre de Saint-André.
Comme nous l'avons annoncé, le géné-
ral Frey est toujours désigné pour com-
mander la Brigade des troupes de marine
du corps expéditionnaire de Madagas-
car.
C'est, d'ailleurs, o'Ma reprendre campagne, les généraux do
brigade Voyron, Reste, Dodds et Pernot,
qui servent actuellement dans la métro-
pole, étant rentrés aprds lui de leurs mis-
sions coloniales.
Si cette nomination se confirme,
comme l'inspection de l'arme compte déjà
à Paris trois divisionnaires, le général
Dodds remplacera le général Frey à la
tête de la troisième brigade de marine, à
Rochefort.
Une dépêche de Rome annonce que Sa
Sainteté a reçu, hier, M. Ferdinand Bon-
netière. directeur de la .R<~M6 ~M DeM.r-
Mondes et membre de l'Académie fran-
çaise.
Cette audience accordée à M.Brune-
tière prend un relief particulier par le re-
fus que Sa Sainteté a fait, ces jours-ci, de
recevoir M. Emiie Zola.
Le concours pour l'édification de l'Ex-
position de 1900 sera clos le 12 décembre,
et, détail curieux, le dépôt des projets
cessera en même temps que se fermera
le registre d'inscription pour ce concours,
de sorte que certains concurrents s'ins-
criront en déposant leurs plans et des-
sins.
Trois jours seront pris pour la prépara-
tion de l'exposition des travaux, qui aura
lieu, au palais de l'Industrie~ sans doute
à partir du 16 décembre.
Il y a, a l'heure actuelle, 660 concur-
rents inscrits.
Disons, à propos de l'Exposition, que
M. Picard, commissaire général, jugeant
avec raison que les locaux de la rue de
Varenne sont par trop exigus, a visité les
anciens locaux de l'Exposition de 1889 au
Champ de Mars. Ceux-ci sont en assez
mauvais état, mais, comme on y dispose
de beaucoup de place, il est probable que
M. Picard y transportera ses din'érents
services.
A propos de M. Victor Duruy, dont les
obsèques ont lieu, aujourd'hui, à Ville-
neuve-Saint-Georges, on nous raconte une
piquante anecdote qui met en scène l'é-
minent historien et M. V. Sardou.
C'était à l'époque où M. Duruy ensei-
gnait l'histoire au lycée Henri-IV, dont le
jeune Sardou suivait les cours.
Un jour, ayant demandé aujeune hom-
me quels étaient les départements de
l'Egypte sous le règne de Sésostris, le
colloque suivant s'établit entre le profes-
seur et l'élève
Je n'en sais rien, fit celui-ci.
–Et pourtant c'était dans la leçon
d'aujourd'hui? `1
–Oui, mais j'ai ~ugé que je pouvais
me dispenser de ce détail particulier.
–Cependant, je suis seul juge en la
matière, observa le proiesseur. 0
Oh répliqua rélève, je crois avoir
qualité de l'etre, moi aussi, puisque c'est
moi qui apprends.
M. Duruy, insensible à la verve spiri-
tuelle de l'élève, lui colla "une mauvaise
note. Mais il n'en avait pas été de même
du jeune Bibesco aujourd'hui prince
Bibesco qui, très amusé de l'aventure,
oQrit des friandises à son camarade Sar-
dou. Et celui-ci de les croquer à belles
dents. M. Victor Duruy s'en aperçoit et
pose dare-dare une nouvelle question aa
jeune Sardou qui, la bouche pleine, ne
peut proférer un mot et se fait mettre
hors d8 la classe pour paresse et indisci-
pline.
Mais ce n'est pas fini. Trente ans après,
l'élève de M. Duruy, devenu académicien,
reçoit la visite de M. Camille Doucet, qui
lui dit:
Vons savez que Duray pose sa can-
didature à l'Académie. Noua comptons
sur votre voix.
Pour l'empêcher d'y entrer ? Volon-
tiers, car c'est à mon tour maintenant de
omettre à la porte.
Et comme M. Camille Doucet après
avoir entendu l'anecdote, restait interlo-
qué
Mais vous ne voyez pas que je m'a-
muse? reprit Sardou. Je voterai pour
mon éminent professeur d'autant plus vo-
~tiers que c'est lui qui m'a élevé au
grade d'ofacier de la Légion d'honneur.
On s'occupe, au ministère delà rue
Royale, d'une réforme qui intéresse vive-
ment tous les officiers de marine celle
du tour d'embarquement, et qui a soulevé.
depuis plus de dix ans, de nombreuses
poîémiques et d'aussi nombreuses propo-
sitions.
Il est une de celles-ci qui est, croyons-
nous, adoptée en principe, comme parais-
sant la plus équitable; elle consiste à re-
noncer à la liste d'embarquement par port
pour établir une liste générale ainsi
qu'une sorte de roulement entre les des-
tinataires. Il y aurait un tour d'embar-
quement pour les côtes de France, d'Al-
gérie et de Tunisie, et un autre pour les
stations lointaines. Aucun officier ne
pourrait être inscrit deux fois de suite sur
l'une de ces listes.
Une dépêche de Belgrade annonce que
le roi Milan viendra passer l'hiver à
Paris.
La mise à la scène, par M. Paul Len-
glé, de Jacques Oudet, ramené l'attention
sur celui que Charles Nodier qualifiait de
Jacques Oudet fut le chef des philadel-
phes, cette célèbre Société secrète qui or-
ganisa, entr'auires, la conspiration Ma-
let.
C'est sous sa direction qu'avait été
conçu, en 1805, le complot de l'~M~Mce,
qui devait aboutir a l'enlèvement de Na-
poléon traversant le Jura pour se rendre
en Italie. Cent quatre-vingts « alliés », en
embuscade sur la route, entre Tassenië-
res et Colonne, attendaient, sous les or-
dres du jeune Buguet.le passage de l'Em-
pereur. quand ils apprirent qu'au relais
précédent, celui-ci avait ordonné a ses
postillons de rebrousser chemin.
Nul n'a jamais su quels furent les mo-
tifs de ce contre-ordre.
Le colonel Oudet, que M. Paul Lenglé
tire si subitement des Champs-Elysées,
on il reposait en paix, mourut à Wagram
dans de mystérieuses circonstances.
La. promotion de Saint-Cyr (1875-1877)
qui vit pour la dernière fois ce qu'on ap-
pelait jadis le « vieux, bahut" avant ses
agrandissements et qui, pour perpétuer
le souvenir de la célèbre cour Wagram,
prit le nom de De~me~c ~c H~raw, se
réunira, ie 9 décembre, en un banquet au
Cercle militaire.
Le ministre de l'instruction publique
et des beaux-arts est allé, hier,a deux
heures, au musée du Louvre pour se ren-
dre compte de ~M des modifications ap-
portées récemment dans les différentes
conservations;
De cette visite, il ne ressort qu'un
point, mais il est essentiel, c'est que nous
allons enfin être dotés des catalogues en
préparation qu'on nous promettait depuis
de longues années sans noust ~s donner
jamais. Le ministre a insisté pour leur
publication-dans le plus bref délai, et in-
sistance de ministre est un ordre.
On annonce pour samedi prochain, au
Casino de Paris, la première représenta-
tion d'une pantomime inédite de M.Char-
les Aubert, musique de M. Louis Ganne.
Ce soir, grande iëte de nuit.
PARADOXES ET VEMT~S
En toutes choses, une femme se préoccupe
pIasdel'impresstoM qu'olte produtt que de
celle qu'ello reçoit. -Henri Luab~,N,&Y.
HenriLucENAY.
Les vaincus disent que le droit prime la
force, et les vainqueurs que la force prime le
droit. Ils ont également raison les premiers
en théorie, les seconds dans la rëatite.
A. TOU!(\[ER.
Un nouveau prodige vient de se révéler
sous la forme d'un jeune élève de collège
de province, qui résout les plus difficiles
problèmes de mathématiques et qui, a
raison de ses aptitudes prodigieuses, a
été inscrit d'office sur le registre des
élèves de l'Ecole normale. C)
Ce jeune homme s'appelle M. Paul Ver-
nier.
De pareils phénomemes dans l'ordre
scientiûque ne se rencontrent que de loin
en loin.
Le plus étonnant aura été M. Joseph
Bertrand, aujourd'hui secrétaire perpé-
tuel à l'Académie des sciences.
A onze ans, M. Bertrand a résolu les
problèmes de mathématiques proposés à
l'examen de l'Ecole polytechnique.
Si'sa copie avait pu être classée, il au-
rait été reçu premier. C'est, du reste,
cetto même place de premier qu'il a con-
quise, six ans après, quand il lui fut per-
mis de concourir.
Aujourd'hui, le premier mathématicien
français de la jeune génération est,
à ce qu'on nous affirme, M. Poin-
ca.ré, frère du ministre. Il n'a de ri-
vaux que deux mathématiciens dans le
monde entier, Fun à Londres, l'autre à
Berlin. Ces trois augures de l'algèbre sont
à peu près seuls à comprendre les « col-
les )) qu'ils se posent entre eux. M. Poin-
caré, lui aussi, a été d'une précocité re-
marquable.
Rendu visite, hier, au « Salon du ~)M~-
tta~)'.
Notre confrère ~e ./OM~Mû~. en effet,
dans l'un des pins beaux salons de ses
appartements, a réuni un certain nombre
de tableaux, de grandeur moyenne, si-
gnés par des peintres déjà connus ou qui
le seront demain.
C'est une exposition permanente que
tous les Parisiens voudront visiter: :it y
a là une tentative artistique qui fait hon-
neor à notre excellent confrère ~JbMr-
MaJ.
Le percement de la partie de la rue
Danton entre la place Saint-André-des-
Arts et la rue Serpente va modiner l'aa-
pect de ce coin du vieux Paris.
C'est d'abord l'hôtel Mignon, au n° 2 de
la rue du même nom. Ce bâtiment fut
élevé en 1343 par J. Mignon, maître des
comptes à Paris, qui y établit un collège.
Henri 111 le donna~ en 1584, aux religieux*
de Grand-Mont, le collège prit alors le
MM de Grand-Mont. Supprime en 1769,
il fut occupé par l'imprimeur du Parle-
ment, Simon. C'est encore actuellement
une imprimerie. Un des plus célèbres
membres de la Convention, Robert Lin-
dot, a demeuré dans cette maison.
La partie de la rue Serpente qui va dis-
paraître était, avant 1852, la rue du Bat-
toir-Saint-André. Tronchet y demeurait
en 1784.
Dans la ru9 des Poitevins, qui sera
également éventrée, est l'ancien hôtel de
Thou, qu'habitèrent les célèbres magis-
trats de ce no m.
Il fut occupé jusqu'en 1854 par la. fa-
mille Panckouke, qui y avait installé le
~o~: Mme Panckouke,il y a une douzaine d'an-
nées, l'hôtel, transiormé, devint l'hôtel
des Sociétés savantes; il est en bordure
sur la rue Danton prolongée.
Li rue Suger, autrefois rue du Cime-
tière-Saint-André-des-Arts, doit son nom
actuel au célèbre abbé de Saint-Denis,
qui. fut ministre des rois Louis VI et
Louis VII, qui y naquit en 1083. Le nu-
méro 3, qui doit être démoli, était autre-
fois !e collège de Boissi. fondé par Et.
Vidé pour des écoliers pauvres, en 1338.
En 1764, il fut réuni à l'Université, et les
bâtiments devinrent propriété particu-
lière.
Croiriez-vous qu'il y ait encore en
France des communes jouissant d'immu-
nités douanières? Rien n'est cependant
plus rigoureusement exact.
Sur la frontière des Pyrénées, à l'ex-
trémité du col de Saint-Jean-Pied-de-
Port, existent deux villages, les Aldudes
et Urepel, dont les habitants sont exemp-
tés des droits de douane.
Cette immunité pour les objets d'ali-
mentation et les bois qu'ils importent
d'Espagne, remonte à l'année 1856; c'est
l'époque à laquelle le traité de Bayonne
attribua à la France ces deux localités,
alors réunies.
En 1861, les Aidudiens et leurs voisina
furent autorisés à retirer en franchise des
entrepôts de Bayonne et de Bordeaux les
denrées coloniales et les sucres nécessai-
res a la consommation.
1/ESPRIT D'AUTREFOIS
Un amateur avait commandé à Lantara,
pour sa galerie, un tableau dans lequel
devait, se trouver une église. Notre pay-
sagiste ne sachant pas dessiaer les figu-
res, s'était bien garde d'en mettre. L'a-
mateur, auquel il présenta son tableau
après ravoir termine, fut émerveille de la
vente du site, de latraicheur du coloris
et de la simplicité de la touche, mais, n'y
voyant pas de figures
–Monsieur L'Ultara, dit-il, vous avez
oublié les figures dans votre tableau ? '?
Monsieur, répondit, le peintre en
montrant l'église, e)les sont a la messe.
Eh bien! répliqua l'amateur, j'achè-
terai le tableau quand el)es en sortiront.
A travers les livres
Le nouveau volume du baron Imbert
de Saint-A.mand, /<'retrouve le succès de la série des ~ew/~es
de Fc/M~c~ et des .Z'ë ~es ï'M~e-
WM. Dentu met en vente, aujourd'hui, la
cinquième édition.
NOUVELLES A LA MA)N
Dans un journal que nous ne nomme-
rons pas, journal riche, mais administré
selon les règles d'une sage prévoyance, et
où l'on s'interdit très judicieusement les
dépenses inutiles, savez-vous comment on
a surnomme l'administrateur ? '1
Le secrétaire de la réduction
Une iemme se présente au contrôle des
contributions nour protester contre l'ap-
plica.tion de l'impôt des portes et fenê-
tres.
–Monsieur, ce ne soTit pa.sdesi'enu-
tres, nuis des jours de souffrance.
Ah madame répond l'homme du
fisc, qui, sans doute, cultive les Muses,
est-ce que ce ne sont pus surtout ces
jours-la qui comptent dans la vie?
UN DOM'NW
LE EANOE LA RME
A MADAGASCAR
C'était hier le premier jour de l'an à
Madagascar, mais il est fort probable que,
en raison des circonstances présentes, on
ne se sera p:is beaucoup diverti a Tana-
narive. D'ordinaire, ce jour-là cessent
toutes les affaires, et pendant un mois on
n'a d'autres soucis que de s'amuser en
l'honneur du F~occna,ou fctedu Bain
de la Reine, qui ouvre l'année malgache.
On s'y prépare, du reste, de longue
date, aussi bien dans les provinces qu'à
Tananarive. Depuis huit jours, il est dé-
fendu de tuer des boeufs cependant, il
est toujours permis d'en acheter pour
faire des cadeaux aux gouverneurs et aux
grands de la Cour. Les populations ne se
nourrissent plus que de volailles et de
gibier. Au marché du zoma (vendredi),
qui attire environ 20,000 personnes de
cinquante lieues à la ronde, on a acheté
environ 7,000 bœuis engraisses pour la
circonsta.nce. C>
Dans l'enceinte du JMo~tt/Mï~t~a~a
(grand palais de la Reine), cinquante
bœufs sont distribués, par ordre de la
Reine, aux grands oiRciers et gardes du
palais. Un certain nombre de ces ani-
maux sont lâchés à travers la place d'An-
dohalo et les ru~ de la ville, au milieu de
la foule qui se bouscule et cherche à s'en
emparer; cette coutume rappelle les
Asept heures du soir, les ~a~a/ta~
(Européens), les grands dignitaires (~e-
7!t6e) se réunissent dans la grande salle
du palais d'argent.
Au fond, comme en un sanctuaire, ap-
paraît la Reine sur son trône doré, élevé
sur âne estrade.
Habillée de rouge, le front ceint d'une
toaronne d'or et de corail, surmontée du
cche), la Reine est drapée dans le lamba
national. Derrière la Reine sont rangés
les princesses et princes de la famille
royale.
Le premier ministre est debout à côté
du trône, dans un costume de fantaisie
orné de brandebourgs et d'aiguillettes
d'or qui pent ressembler à nn costume de
général.
Auprès des représentants dea puiasaa-
ces européennes, les grands dignitaires
les honneurs les membres de la no-
blesse, les officters, les juges, les chefs
des villages sont groupés par castes et as-
sis à terre..
Seul, le résident général de France a
droit à une chaise.
Chaque chef de caste ou grand-ofûcier
s'avance à aon tour et, selon son rang hié-
rarchique, prononce son discours (kaba-
ry) devant la Reine et se retire en remet-
tant une pièce d'or ou d'argent (hasina) à
un dignitaire qui se tient à côté.
Le premier ministre, commandant en
chef de Madagascar, prend la parole au
nom de l'armée et, en style ûeuri, il ré-
sume la situation politique et proteste de
la fidélité des n cent milte hommes )), c'est
l'expression consacrée. Le /ta&ar'/ dure
longtemps, car les Malgaches aiment au-
tant à écouter qu'à parler.
Pendant ce temps, un officier du palais
a préparé du riz au miel, du bœuide l'an-
née précédente conservé dans de la graisse,
et distribue aux assistants ces mets tra-
ditionnnels.
Chacun prend une bouchée de sa~&a~-
M~& bre du voyageur) et la mange en mémoire
de l'antique hospitalité. Des princesses
vêtues de rouge présentent ensuite à la
Reine un bassin d'argent rempli d'eau, où
trempent des feuillages sacrés, cueillis
dans la ville sainte d'Ambohimanga, qui
garde les tombeaux des ancêtres. Tandis
que les chœurs exécutent des hymnes, la
Reine bénit l'eau et, passant derrière un
rideau rouge que tendent devant elle les
princesses, elle change de toilette et repa-
raît un quart d'heure après environ, vê-
tue à l'européenne, d'une robe à traîne, le
front ceint d'un gracieux diadème con-
stellé de pierreries.
La Reine alors traverse la salle, accom-
pagnée des princesses et du premier mi-
nistre, aspergeant l'assistance à droite et
à gauche avec une sorte de goupillon' en
or. Chacun porte la main a son front en
s'écriant: « 'Z'ara~t~/ Vivez cent ans!))
Arrivant à la porte nord, où les troupes
massées présentent les armes, la Reine
bénit les quatre points cardinaux.
Des cris de joie éclatent; les musiques
jouent l'air de la Reine, et la voix du ca-
non se mêle à l'allégresse commune.
Telle est la fête du /~K~roaMa!.
Détail curieux: les enfants, souvent
fiancés dès leur jeune âge, sont réunis,
pendant cette nuit de fête, souvent dans
le même berceau, ce qui ne les empêche
pas, plus tard de rompre ces nançailtes
dans lesquelles l'intérêt des familles a
plus de part que l'inclination.
Les personnes en deuil ne font pas de
visites, mais se rendent à leurs caveaux
de famille et changent de ~a~ax les ca-
davres do leurs parents.
.Les communications télégraphiques
étant intcrrompuesavec Madagascar nous
ne savons pas si la Reine a pu prendre
son bain annuel. Peut-être aura-t-elle été
obligée de remettre la cérémonie au mois
de novembre 1895.
Bloc "Notes Parisien
LES DOSSiERS DES JOURNALISTES
A /a P;'e/cc<«re de ~o/ce
Notre éminent coUaborateur, M. J. Cornély,
s'occupe plus haut du cas Auger-De Ciercq,
qui nous a été révéié hier-par te./bi~t~ M.
Auger, ancien chet de la brigade des jeux à la
préfecture de po)ice, avait livré au sieur De
Ciercq, afin que celui-ci s'en servit le cas
échéant, les dossiers de certains journalis-
tes des plus honorab!es.
Ce n'est un secret pour personne chaque
membre de !a presse, depuis le directeur ou le
rédacteur en chef d'un grand journa) jusqu'au
plus modeste reporter des faits divers, possède
à la préfecture de police son dossier propre,
grossi quotidiennement, soit par des rapports,
soit par des « coupures provenant du « bu-
reau de la presse ?.
Nous savions, en effet, depuis tongtemps
qu'il existe au boulevard du Paiais un immense
« bureau d'ordre divise en salles des dos-
siers, placé sous la haute direction du chef du
premier bureau du cabinet du préfet.
Ces salles, au nombre de dix-sept, sont si-
tuées au quatrième étage de la préfecture de
police; on y parvient par un esca)ier,dont!a
porte, dissimulée dans le mur, s'ouvre en face
du bureau du chef.
Gravissons, si vous !e voulez, cet escalier de
mélodrame. Nous pénétrons dans ies saHes des
dossiers. Le plus grand ordre règne partout.
Letongdesmurs, étages du parquet aup)a-
fond, sont des cartcnniers reposant chacun
dans des casiers ad hoc. Les cartonniers oor-
tent un numéro d'ordre et une étiquette alpha-
bétique.
Que de cartonniers. que de dossiers, dans
ces dix-sept saites On nous a affirme qu'il y
en a près de quatre cent mitie Mais nous
nous en tiendrons à ceux concernant tesjour-
nalistes. !fs atteignent déjà un chiffre fort res-
pectable. Au surplus, le dossier de te! ou tel
journaliste connu est si vojumineux qu'i) tient
parfois jusqu'à vingt-cinq casiers
Pourtant les recherches sont très faciles,
grâce à un système de fiches –)equet,emp!ové
au service anthropométrique, est fort aporê-
cie.
Il y a autant de fiches que de dossiers. EHes
sont classées, par lettres alphabétiques, et, au-
dessous du nom, un numéro d'ordre qui est
reproduit sur le cartonnier correspondant. Mais
comme il existe beaucoup de personnes qui
portent le même nom, t'adresse est souvent né-
cessaire.
Voici de queXe façon est tibettés la fiche
< composée
M. JEAN-FRANÇOIS X.
<<< Eugène Z. (pseudonyme habituel)
rue Saint-Georges, 117, Paris.
43JÏ26
&e 9 Capter 3/.
Si l'on veut rechercher Je dossier de M. Jean-
François X. on se rend salle a et, au casier
37, on trouve le cartonnier 4.2,! 26.
M faut cinquante secondes pourmener a bien
cette opération, qui, de premier abord, paraît
devoir être fort longue. Le dossier de M. Jean-
François X. comporte-t-i! plusieurs canon-
niers Alors chacun d'eux porte le même nu-
méro d'ordre: ~.2,126.
Reste à savoir maintenant comment sont
formés ces dossiers
!ts sont <; nourris~ par différents services,
dont tes principaux sont ceux du contrôle gé-
nera), de la brigade des recherches et des
< coupures
Le « bureau des coupures reçoit en double
expédition tous les journaux de Paris, qui sont
lus consciencieusement par des employés dont
c'est la seule mission. Ces employée marquent
au crayon rouge les arttctes à découper, qui,
le soir même, sont «versés~ au dossier de leur
auteur.
Aueuae difficulté ne se produit lorsque tes
H. L.
artictes sont signes, voire d'une initiée Ott
d'un pseudonyme connu; à ce sujet, la prêtée..
ture de potice' tient à jour un dictionnaire des
plus complets. Mais il n'en est pas de munx
quand t'un des artictës à classer est anonyme.
C'est alors que la brigade des recherches in-
tervient. Ses inspecteurs ~onwtf savoir quet
en est l'auteur, cela par tous les moyens. De
Ctercq n'a-t-it pas fait partie, d? ta brigade Au-
ger ?
.A un titre quelconque, un inspecteur de la
préfecture trouve toujours moyen de pénêtref
soit dans !a rédaction, soit à t'administration,
soit à ta composition d'un journal que )'on a
intérêt à surveiner.
Puisiiya)es inspecteurs qui se faufitent
dans les cerctes de journalistes. dans les cafés
où ceux-ci se réunissent d'habitude. Ils affec-
tent t'aiture d'artistes ou de bons commerçants
inorfensifs venant prendre tranquitte-ment )eur
demi-tasse dès que teurs travaux sont termi-
nes.
On ne se méfie pas de ces individus quiécou*
tent tou: ce qui se dit et ne partent jamais. Ht
l'on serait bien étonne de lire dans un dossier
des notes sur une conversation banale tenua
entre camarades.
Les enquêtes faites chez tes concierges cons-
tituent, en général, le fonds des dossiers. Kn.
quêtes d'une exactitude douteuse, est-it besoin
de te dire, car les inspecteurs, désireux de ga-'
gner leur argent, recueittent tous tes potins,
tous les racontars qui leur parviennent aux
oreittes; au besoin, ils corsent encore ces « pa-
potages ».
Le dépouillement du dossier d'un journaliste
de marque serait fort curieux a opérer.
On y verrait que ce journaliste sort tous tes
matins à dix heures, qu'tt se rend te));; rue, têt
numéro, qu'il s'entretient avec telle oersonne, 1,
qu'il déjeune à te! testaurant.à coté de têt ou
te) personnage politique.
Quet intérêt ces racontars p:uvent-i)s
avoir r'
Voilà donc comment on constitue tes dos-
siers à la préfecture de notice notes tron-
quées, propos matveittant's. rapports inexacts
et souvent faux data première iigne à la der-
nière, etc., etc.
Dans ces conditions, quelle foi peut-on ajou-
ter, le cas échéant, à ces pièces qui, dans !eur
ensembie, sont le produit de l'imagination et
de ta calomnie ?
TO'JT.PARtS
fa Pri~pp~p ~p Ri~arp~
m nUibu~u uu Di~MdUji
D'APRES LES LETTRES OE SON fOAR)
Lu femme de l'cx-chancelier de 1 em-
pire allemand est 'norte. hier matin. a
Varzin, après deux mois de maladie.
On sait que doux (ils sont issus du m.t-
riage les camtes Herbort'pt Louis de
Bismarck, et une nllc, Jeanne, mariée an
comte deRanj,xau.
Le 11 avril't.ernier. ta princesse de Bis-
marck célébrait dans une stricte inti-
.mite, n Fricdrischruhe, le 7< anniver-
saire de sa naissance: on se souvient
encore des télégrammes ai!'cctueux qui
lui furent adresses par l'Empereur et. les
membres de la famille impériale. M. de
Bismarck disait ce jour-la: ((Depuis qua-
rante-sept ans qu'elle vit a mes côtes, ma.
femme a été mon bon génie. »
A
En 184.4, M. de Bismarck venait d'assis-
ter au mariage de sa sœur avec M.
d'Arnim et se trouvait, malgré ses occu-.
pations de régisseur des biens paternels
de Schœnh'iusen et ses visées politiques
aa Landtag de Saxe, tout ~t coup triste et
seul. Le 33 novembre 1845, son père mou-
rut, et sa perte laissa également un
vide douloureux dans son cœur.
K Que le diable m'emporte écrivait-U,
le 9 avril 1845, :t sa sœur, il faut ab-
solument que je me marie Je me scna
si solitaire, si abandonné, et si disposé à
être amoureux ))
M. de Bismarck devint bientôt le point
de mire de toutes les jeunes tilles et jeu-
nes femmes du pays. Il venait alors d'en-
trer dans la vie politique comme députe
du cercle de Jerichow, au Landtag pro-
vincial de Mersebourg, en Saxe.
Heureux de vivre, comme il l'était, il
faisait de fréquentes visites aux cli.Ueaux
avoisinants. Aucune jeune iille ne sut
captiver ce cœur qui se montrait déjà de
fer.
Loin de la, M. de Bismarck, avait coutu-
me de se gaudirdes avances qui iuiénuent
faites, dans les lettres qu'il écrivait a sa
sœur Malwine.
J'ai fait connaissance, ëcrit-it en 184G, (tH
MHe von R. li y a des moments ou elle R3t
belle comme une imago m~is oite ne tardera
pas ù. perdre son teint, qui deviendra, tout
rouge.
Je suis reste amoureux d'elle pendant vingt.
quatre heures!
Ni les thés dansants, ni les thés « es-
thétiques », ni les cotillons qu'il laissa.
tranquillement passer, ne vinrent a bout
de lui.
Cela devait changer. En 1844, au ma~
riage de son ami Maurice de Blancken.
bourg avec Mlle deThadden Triglafl', il
avait remarqué une demoiselle d'honneur
dont (da noble et captivante apparition
t l'attirad'une façon extraordinaire ".Ainsi
s'exprime un de ses biographes, M. Adol-
!pheKohut, de Berlin.
C'était Mlle Jeanne (Johanna) de Putt-
kamer, née le 11 avril 1834 et nllc un'que
du chevalier Henri-Ernest-Jacob de Putt-
kamer auf Viartlum et de Mme née de
GlasenapaufReinfeId.
Pendant l'été de 1846, M. de B'ismarck fit.
en compagnie des parents et de la jeune
fille, un voyage dans le Harx, et, a son
retour, sa résolution était prise il écrivit
à M. et Mme de Puttkamer et demanda.
la main de leur fille. Ceux-ci ne furent
pas outre mesure nattés de la demande.
Bien que n'ayant a se reprocheraucune vi-
laine action. M. de Bismarck, a cause de la.
brusquerie de ses manières et surtout da
sa façon intempestive d'exprimer ses opi.
nions, était vulgairement appelé par ses
amis et son entourage le xfou Bismarck a
(dhomme comme gendre n'avait rien da
particulièrement enchanteur pour M.da
Puttkamer.
« J'aurais reçu un coup de massue suf
la tête, je n'aurais pas été plusétonM
qu'en recevant cette lettre. »
Ainsi s'exprima plus tard ce dernier.
quand on lui parla du mariage de sa.
nlle. <(Mais que voulez-vous? Johanna
aimait Othon, et, vaincus par les suppli-
cations des jeunes gens, nous dûme& faire
bonne Ëgure à mauvais jeu. ~) Comme ré-
ponse, M. de Bismarck reçut donc une
invitation a se rendre en personna à J~eia-
feld.
Le28juiUet 1847, eat hett i~a~na~t
PARIS I.S CENTIMES ijEPÀRTÈNnET~TS ET GARES ~<~ CEKTTMM
38'Année 3' Série N* 536!
ARTHUR MEYER
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(Ang!e des bonievard" ~onUBartr': et des H~Uea~'
ANNONCES
MM:. CH. LA&HA'NGE, CERF &
6, PLA.Ct! DE LA UCURSE. 6 ·
B
MLS!HMÏMN
< A chaque jour suffit sa peine y, dit un
vieux proverbe. Si cela continue, nous
.pourrons lui donner comme pendant un
autre aphorisme de création récente, et
dire « A chaque jour suffit son scan-
dale ?, et encore n'est-il pas tout à tait
juste, car parfois il faut doubler la dose,
et l'écœurement public, au lieu de se con-
centrer sur une seule infamie quotidien-
ne, se trouve partagée entre deux ou trois
révélations.
Celle d'aujourd'hui est tout à fait sur-
prenante. Tout le monde sait que le jour-
nal de M. Portalis s'était fait une spécia-
lité de donner sur certaines personnes
des détails ignorés du gros public.
Un beau jour il attrapait deux ou trois
malheureux, les déshabillait et prouvait,
ou avait l'air de prouver,qu'ils étaient les
derniers des misérables.
On prétend que cette opération avait
pour but d'extraire aux victimes quelques
billets de mille francs. Les unes, fortes de
.leur conscience, regimbaientoubien atten-
daient patiemment la fin de l'averse. Elles
avaient raison.
La presse est certainement une arme
très puissante pour le bien comme pour
le mal. Elle peut moraliser, elle peut aussi
démoraliser, et, à l'heure actuelle, en
France, elle contient tout un comparti-
ment d'industriels qu'on dirait payes par
je M sais qui pour démoraliser, les uns
parla plume, les autres par le crayon
notre malheureuse société.
Mais cependant elle est presque aussi
impuissante à transformer en succès litté-
raire persistant, par la réclame, une mau-
vaise pièce ou un mauvais livre, qu'a dés
honorer par des attaques injustes un hon-
nête homme.
Bien plus, quelques-uns de nos confrè-
res sont arrives & transformer le gril sur
lequel ils retournent leurs victimes en
une sorte de piédestal. Une réputation ne
serait pas complète si elle n'était pas at-
taquée par certaines feuilles.
En ma qualité de vieux routier du
journalisme, je suis souvent consulté par
des gens qui arrivent bouleversés, tenant
à la main un journal qui les a diffames.
Que faire? demandent-ils. Exiger
une rectiûcation? Envoyer des témoins ? P
Intenter un procès?
Je leur réponds toujours en les cal-
mant. « Ne dites rien. Restez tranquilles.
Le dédain et le silence, voilà les armes
véritables. Demain, on les prendra peut-
être pour un aveu. Après-demain, ils
passeront pour un signe de force et d'in-
différençe. Même, s'il vous plaît de vous
amuser, remerciez le calomniateur. Ecri-
vez-lui qu'il a oublié quelques-uns de vos
méfaits et dressez-en une liste plus com-
plète que la sienne. Vous aurez les rieurs
oe votre côté, et, en France, avoir les
rieurs de son côté, c'est être le plus fort,
puisque, si tout le monde ne sait pas rai-
sonner, tout le monde sait rire. ))
Très peu de gens, d'ailleurs, suivent ce
conseil. La plupart se font une bile bien
inutile et comblent ainsi de joie l'adver-
saire qui les tourmente.
Pour en venir au journal qui nous oc-
cupe, on se demandait où il pouvait se
procurer les détails vrais ou taux qu'il
tonnait sur ses plastrons.
On le sait aujourd'hui. Il allait les
chercher à la préfecture de police. L'a-
venture est particulièrement forte.
Car nous arrivons à cette combinaison,
.un peu boueuse, d'entretenir comme con-
tribuables des individus qui collection-
nent les moyens de nous travestir en scé-
lérats et les vendent à la presse. C'est
réellement très curieux.
Mille fois plus curieux, cependant, est
le procès qui se déroule en ce moment-ci
devant la cour d'assises de Toulouse.
Là, depuis une dizaine d'années, les
radicaux sont les maîtres de la municipa-
lité. Ils pensent que le sufîrage universel
est une pure blague, et je suis bien de
leur avis. Mais mon adhésion ne va pas
jusqu'à approuver les moyens, pourtant
spirituels, dont ils se sont servis pour
s emparer de cette blague et la transfor-
mer en instrument de règne.
Ces moyens étaientcependant fort sim-
ples. Ils ont consisté à inventer des élec-
teurs. Les municipaux maintenaient sur
les listes électorales les noms de citoyens
morts. Ils y inscrivaient, en outre, des
noms de citoyens supposés qui n'exis-
taient que dans leur imagination.
Ils faisaient voter à leur guise cette
troupe d'ombres pour laquelle ils émar-
geaient et, avec ce système-là, leurs can-
didats étaient toujours nommés.
Le directeur des verreries de Carmaux
ayant'été battu, contre toute vraisem-
blance, eut l'idée de prendre sur la liste
électorale trente noms et de faire vérifier
si leurs porteurs existaient réellement.
Il en trouva dix qui ne correspondaient
à aucune réalité vivante. Alors, on agran-
dit cette investigation, et on découvrit
que, dans cette patrie du chant, il y avait
trois mille citoyens qui votaient toujours
avec la municipalité, par l'excellente rai-
son qu'ils étaient, les uns bien tranquilles
dans leur tombeau, et les autres bien do-
ciles dans leur existence imaginaire. Et
voilà pourquoi cinq bonshommes passent
en ce moment en cour d'assises.
Ce qu'il y a de véritablement édifiant
dans cette histoire, c'est qu'elle prouve
que depuis dix ans aucune élection n'a
été sincère à Toulouse, à l'exception de
celles qui reposent sur le sunrage res-
treint, où le contrôle naît de lui-même.
Quant aux autres élus, pas nn n'est élu.
Maintenant, ce qu'on vient de décou-
vrir à Toulouse, on le découvrirait pro-
bablement un peu partout, si on voulait
s'en donner la peine, et on arriverait
ainsi à démontrer que la majorité répu-
blicaine qui noua gouverne est, selon
toute vraisemblance, le fruit d'une falsi-
neation des urnes.
0ht pauvre Empire' où sont tes fa-
meuses soupières électorales dontles gou-
-vernants d'aujourd'hui faisaient tant de
brait jadis? '1
D'ailleurs, c'était forcé. Sous un ré-
j~me qui falsine tout, à une epo~e où il
est presque aussi impossible de trouver du.
jus de raisin dans le vin que de la régula-
rité dansTes Snances ou de l'honnêteté
dans le gouvernement, pourquoi cette
précieuse denrée qui s'appelle* la volonté
nationale échapperait-elle à la manie fal-
sificatrice ? Pourquoi ne mouillerait-on
pas les urnes? Pourquoi, je me le de-
mande, alors que c'est si facile et si fruc-
tueux ? `?
Les gens qui ont l'esprit chagrin se de-
manderont peut-être combien de temps
nous pourrons vivre encore sous le ré-
gime delà ûction et du mensonge et du
scandale à jet continu, et si bientôt cette
pellicule, cette croûte perpétuellement
amincie et journellement perforée sur la-
quelle nous posons nos pieds et qui nous
sépare d'un abîme de boue, ne sera pas
trop fragile pour continuer à nous por-
ter.
Mais les gens a l'esprit chagrin sont des
raseurs. Personne ne les écoute. Et com-
me ils dégringoleront avec les autres dans
laliquéiactioniinale, ils n'auront peut-
être que la consolation de crier aux ca-
marades en disparaissant avec eux «Tas
d'imbéciles t je vous l'avais bien dit M.
J. COHKËLV
Ce qui se passe
GAULOiS-GUtDE
AMiOM~d'/tMt
Visite au musée Grevin.
ËCHOS DE PARIS
La duchesse de Leuchtenberg, qui était
restée à Paris par suite d'une indisposi-
tion qui lui interdisait le voyage qu'elle
avait projeté à Saint-Pétersbourg, est ac-
tuellement en voie de guérison.
S. A. S. la duchesse attend l'arrivée
de son mari, le duc de Leuchtpnberg,
pour se rendre à Nice ou à Cannes afin
d'y passer l'hiver.
Encore un témoignage de la haute sym-
pathie du nouvel empereur de Russie
pour la France.
Le général de Boisdenre, chef de l'am-
bassade extraordinaire envoyée par le
gouvernement français à Saint-Péters-
bourg pour assister aux funérailles de
l'empereur Alexandre III, a reçu, com-
me les priaces étrangers, le grand-cor-
don de l'ordre de Saint-André.
Comme nous l'avons annoncé, le géné-
ral Frey est toujours désigné pour com-
mander la Brigade des troupes de marine
du corps expéditionnaire de Madagas-
car.
C'est, d'ailleurs, o'M
brigade Voyron, Reste, Dodds et Pernot,
qui servent actuellement dans la métro-
pole, étant rentrés aprds lui de leurs mis-
sions coloniales.
Si cette nomination se confirme,
comme l'inspection de l'arme compte déjà
à Paris trois divisionnaires, le général
Dodds remplacera le général Frey à la
tête de la troisième brigade de marine, à
Rochefort.
Une dépêche de Rome annonce que Sa
Sainteté a reçu, hier, M. Ferdinand Bon-
netière. directeur de la .R<~M6 ~M DeM.r-
Mondes et membre de l'Académie fran-
çaise.
Cette audience accordée à M.Brune-
tière prend un relief particulier par le re-
fus que Sa Sainteté a fait, ces jours-ci, de
recevoir M. Emiie Zola.
Le concours pour l'édification de l'Ex-
position de 1900 sera clos le 12 décembre,
et, détail curieux, le dépôt des projets
cessera en même temps que se fermera
le registre d'inscription pour ce concours,
de sorte que certains concurrents s'ins-
criront en déposant leurs plans et des-
sins.
Trois jours seront pris pour la prépara-
tion de l'exposition des travaux, qui aura
lieu, au palais de l'Industrie~ sans doute
à partir du 16 décembre.
Il y a, a l'heure actuelle, 660 concur-
rents inscrits.
Disons, à propos de l'Exposition, que
M. Picard, commissaire général, jugeant
avec raison que les locaux de la rue de
Varenne sont par trop exigus, a visité les
anciens locaux de l'Exposition de 1889 au
Champ de Mars. Ceux-ci sont en assez
mauvais état, mais, comme on y dispose
de beaucoup de place, il est probable que
M. Picard y transportera ses din'érents
services.
A propos de M. Victor Duruy, dont les
obsèques ont lieu, aujourd'hui, à Ville-
neuve-Saint-Georges, on nous raconte une
piquante anecdote qui met en scène l'é-
minent historien et M. V. Sardou.
C'était à l'époque où M. Duruy ensei-
gnait l'histoire au lycée Henri-IV, dont le
jeune Sardou suivait les cours.
Un jour, ayant demandé aujeune hom-
me quels étaient les départements de
l'Egypte sous le règne de Sésostris, le
colloque suivant s'établit entre le profes-
seur et l'élève
Je n'en sais rien, fit celui-ci.
–Et pourtant c'était dans la leçon
d'aujourd'hui? `1
–Oui, mais j'ai ~ugé que je pouvais
me dispenser de ce détail particulier.
–Cependant, je suis seul juge en la
matière, observa le proiesseur. 0
Oh répliqua rélève, je crois avoir
qualité de l'etre, moi aussi, puisque c'est
moi qui apprends.
M. Duruy, insensible à la verve spiri-
tuelle de l'élève, lui colla "une mauvaise
note. Mais il n'en avait pas été de même
du jeune Bibesco aujourd'hui prince
Bibesco qui, très amusé de l'aventure,
oQrit des friandises à son camarade Sar-
dou. Et celui-ci de les croquer à belles
dents. M. Victor Duruy s'en aperçoit et
pose dare-dare une nouvelle question aa
jeune Sardou qui, la bouche pleine, ne
peut proférer un mot et se fait mettre
hors d8 la classe pour paresse et indisci-
pline.
Mais ce n'est pas fini. Trente ans après,
l'élève de M. Duruy, devenu académicien,
reçoit la visite de M. Camille Doucet, qui
lui dit:
Vons savez que Duray pose sa can-
didature à l'Académie. Noua comptons
sur votre voix.
Pour l'empêcher d'y entrer ? Volon-
tiers, car c'est à mon tour maintenant de
omettre à la porte.
Et comme M. Camille Doucet après
avoir entendu l'anecdote, restait interlo-
qué
Mais vous ne voyez pas que je m'a-
muse? reprit Sardou. Je voterai pour
mon éminent professeur d'autant plus vo-
~tiers que c'est lui qui m'a élevé au
grade d'ofacier de la Légion d'honneur.
On s'occupe, au ministère delà rue
Royale, d'une réforme qui intéresse vive-
ment tous les officiers de marine celle
du tour d'embarquement, et qui a soulevé.
depuis plus de dix ans, de nombreuses
poîémiques et d'aussi nombreuses propo-
sitions.
Il est une de celles-ci qui est, croyons-
nous, adoptée en principe, comme parais-
sant la plus équitable; elle consiste à re-
noncer à la liste d'embarquement par port
pour établir une liste générale ainsi
qu'une sorte de roulement entre les des-
tinataires. Il y aurait un tour d'embar-
quement pour les côtes de France, d'Al-
gérie et de Tunisie, et un autre pour les
stations lointaines. Aucun officier ne
pourrait être inscrit deux fois de suite sur
l'une de ces listes.
Une dépêche de Belgrade annonce que
le roi Milan viendra passer l'hiver à
Paris.
La mise à la scène, par M. Paul Len-
glé, de Jacques Oudet, ramené l'attention
sur celui que Charles Nodier qualifiait de
Jacques Oudet fut le chef des philadel-
phes, cette célèbre Société secrète qui or-
ganisa, entr'auires, la conspiration Ma-
let.
C'est sous sa direction qu'avait été
conçu, en 1805, le complot de l'~M~Mce,
qui devait aboutir a l'enlèvement de Na-
poléon traversant le Jura pour se rendre
en Italie. Cent quatre-vingts « alliés », en
embuscade sur la route, entre Tassenië-
res et Colonne, attendaient, sous les or-
dres du jeune Buguet.le passage de l'Em-
pereur. quand ils apprirent qu'au relais
précédent, celui-ci avait ordonné a ses
postillons de rebrousser chemin.
Nul n'a jamais su quels furent les mo-
tifs de ce contre-ordre.
Le colonel Oudet, que M. Paul Lenglé
tire si subitement des Champs-Elysées,
on il reposait en paix, mourut à Wagram
dans de mystérieuses circonstances.
La. promotion de Saint-Cyr (1875-1877)
qui vit pour la dernière fois ce qu'on ap-
pelait jadis le « vieux, bahut" avant ses
agrandissements et qui, pour perpétuer
le souvenir de la célèbre cour Wagram,
prit le nom de De~me~c ~c H~raw, se
réunira, ie 9 décembre, en un banquet au
Cercle militaire.
Le ministre de l'instruction publique
et des beaux-arts est allé, hier,a deux
heures, au musée du Louvre pour se ren-
dre compte de ~M des modifications ap-
portées récemment dans les différentes
conservations;
De cette visite, il ne ressort qu'un
point, mais il est essentiel, c'est que nous
allons enfin être dotés des catalogues en
préparation qu'on nous promettait depuis
de longues années sans noust ~s donner
jamais. Le ministre a insisté pour leur
publication-dans le plus bref délai, et in-
sistance de ministre est un ordre.
On annonce pour samedi prochain, au
Casino de Paris, la première représenta-
tion d'une pantomime inédite de M.Char-
les Aubert, musique de M. Louis Ganne.
Ce soir, grande iëte de nuit.
PARADOXES ET VEMT~S
En toutes choses, une femme se préoccupe
pIasdel'impresstoM qu'olte produtt que de
celle qu'ello reçoit. -Henri Luab~,N,&Y.
HenriLucENAY.
Les vaincus disent que le droit prime la
force, et les vainqueurs que la force prime le
droit. Ils ont également raison les premiers
en théorie, les seconds dans la rëatite.
A. TOU!(\[ER.
Un nouveau prodige vient de se révéler
sous la forme d'un jeune élève de collège
de province, qui résout les plus difficiles
problèmes de mathématiques et qui, a
raison de ses aptitudes prodigieuses, a
été inscrit d'office sur le registre des
élèves de l'Ecole normale. C)
Ce jeune homme s'appelle M. Paul Ver-
nier.
De pareils phénomemes dans l'ordre
scientiûque ne se rencontrent que de loin
en loin.
Le plus étonnant aura été M. Joseph
Bertrand, aujourd'hui secrétaire perpé-
tuel à l'Académie des sciences.
A onze ans, M. Bertrand a résolu les
problèmes de mathématiques proposés à
l'examen de l'Ecole polytechnique.
Si'sa copie avait pu être classée, il au-
rait été reçu premier. C'est, du reste,
cetto même place de premier qu'il a con-
quise, six ans après, quand il lui fut per-
mis de concourir.
Aujourd'hui, le premier mathématicien
français de la jeune génération est,
à ce qu'on nous affirme, M. Poin-
ca.ré, frère du ministre. Il n'a de ri-
vaux que deux mathématiciens dans le
monde entier, Fun à Londres, l'autre à
Berlin. Ces trois augures de l'algèbre sont
à peu près seuls à comprendre les « col-
les )) qu'ils se posent entre eux. M. Poin-
caré, lui aussi, a été d'une précocité re-
marquable.
Rendu visite, hier, au « Salon du ~)M~-
tta~)'.
Notre confrère ~e ./OM~Mû~. en effet,
dans l'un des pins beaux salons de ses
appartements, a réuni un certain nombre
de tableaux, de grandeur moyenne, si-
gnés par des peintres déjà connus ou qui
le seront demain.
C'est une exposition permanente que
tous les Parisiens voudront visiter: :it y
a là une tentative artistique qui fait hon-
neor à notre excellent confrère ~JbMr-
MaJ.
Le percement de la partie de la rue
Danton entre la place Saint-André-des-
Arts et la rue Serpente va modiner l'aa-
pect de ce coin du vieux Paris.
C'est d'abord l'hôtel Mignon, au n° 2 de
la rue du même nom. Ce bâtiment fut
élevé en 1343 par J. Mignon, maître des
comptes à Paris, qui y établit un collège.
Henri 111 le donna~ en 1584, aux religieux*
de Grand-Mont, le collège prit alors le
MM de Grand-Mont. Supprime en 1769,
il fut occupé par l'imprimeur du Parle-
ment, Simon. C'est encore actuellement
une imprimerie. Un des plus célèbres
membres de la Convention, Robert Lin-
dot, a demeuré dans cette maison.
La partie de la rue Serpente qui va dis-
paraître était, avant 1852, la rue du Bat-
toir-Saint-André. Tronchet y demeurait
en 1784.
Dans la ru9 des Poitevins, qui sera
également éventrée, est l'ancien hôtel de
Thou, qu'habitèrent les célèbres magis-
trats de ce no m.
Il fut occupé jusqu'en 1854 par la. fa-
mille Panckouke, qui y avait installé le
~o~:
nées, l'hôtel, transiormé, devint l'hôtel
des Sociétés savantes; il est en bordure
sur la rue Danton prolongée.
Li rue Suger, autrefois rue du Cime-
tière-Saint-André-des-Arts, doit son nom
actuel au célèbre abbé de Saint-Denis,
qui. fut ministre des rois Louis VI et
Louis VII, qui y naquit en 1083. Le nu-
méro 3, qui doit être démoli, était autre-
fois !e collège de Boissi. fondé par Et.
Vidé pour des écoliers pauvres, en 1338.
En 1764, il fut réuni à l'Université, et les
bâtiments devinrent propriété particu-
lière.
Croiriez-vous qu'il y ait encore en
France des communes jouissant d'immu-
nités douanières? Rien n'est cependant
plus rigoureusement exact.
Sur la frontière des Pyrénées, à l'ex-
trémité du col de Saint-Jean-Pied-de-
Port, existent deux villages, les Aldudes
et Urepel, dont les habitants sont exemp-
tés des droits de douane.
Cette immunité pour les objets d'ali-
mentation et les bois qu'ils importent
d'Espagne, remonte à l'année 1856; c'est
l'époque à laquelle le traité de Bayonne
attribua à la France ces deux localités,
alors réunies.
En 1861, les Aidudiens et leurs voisina
furent autorisés à retirer en franchise des
entrepôts de Bayonne et de Bordeaux les
denrées coloniales et les sucres nécessai-
res a la consommation.
1/ESPRIT D'AUTREFOIS
Un amateur avait commandé à Lantara,
pour sa galerie, un tableau dans lequel
devait, se trouver une église. Notre pay-
sagiste ne sachant pas dessiaer les figu-
res, s'était bien garde d'en mettre. L'a-
mateur, auquel il présenta son tableau
après ravoir termine, fut émerveille de la
vente du site, de latraicheur du coloris
et de la simplicité de la touche, mais, n'y
voyant pas de figures
–Monsieur L'Ultara, dit-il, vous avez
oublié les figures dans votre tableau ? '?
Monsieur, répondit, le peintre en
montrant l'église, e)les sont a la messe.
Eh bien! répliqua l'amateur, j'achè-
terai le tableau quand el)es en sortiront.
A travers les livres
Le nouveau volume du baron Imbert
de Saint-A.mand, /<'
de Fc/M~c~ et des .Z'ë ~es ï'M~e-
WM. Dentu met en vente, aujourd'hui, la
cinquième édition.
NOUVELLES A LA MA)N
Dans un journal que nous ne nomme-
rons pas, journal riche, mais administré
selon les règles d'une sage prévoyance, et
où l'on s'interdit très judicieusement les
dépenses inutiles, savez-vous comment on
a surnomme l'administrateur ? '1
Le secrétaire de la réduction
Une iemme se présente au contrôle des
contributions nour protester contre l'ap-
plica.tion de l'impôt des portes et fenê-
tres.
–Monsieur, ce ne soTit pa.sdesi'enu-
tres, nuis des jours de souffrance.
Ah madame répond l'homme du
fisc, qui, sans doute, cultive les Muses,
est-ce que ce ne sont pus surtout ces
jours-la qui comptent dans la vie?
UN DOM'NW
LE EANOE LA RME
A MADAGASCAR
C'était hier le premier jour de l'an à
Madagascar, mais il est fort probable que,
en raison des circonstances présentes, on
ne se sera p:is beaucoup diverti a Tana-
narive. D'ordinaire, ce jour-là cessent
toutes les affaires, et pendant un mois on
n'a d'autres soucis que de s'amuser en
l'honneur du F~occna,ou fctedu Bain
de la Reine, qui ouvre l'année malgache.
On s'y prépare, du reste, de longue
date, aussi bien dans les provinces qu'à
Tananarive. Depuis huit jours, il est dé-
fendu de tuer des boeufs cependant, il
est toujours permis d'en acheter pour
faire des cadeaux aux gouverneurs et aux
grands de la Cour. Les populations ne se
nourrissent plus que de volailles et de
gibier. Au marché du zoma (vendredi),
qui attire environ 20,000 personnes de
cinquante lieues à la ronde, on a acheté
environ 7,000 bœuis engraisses pour la
circonsta.nce. C>
Dans l'enceinte du JMo~tt/Mï~t~a~a
(grand palais de la Reine), cinquante
bœufs sont distribués, par ordre de la
Reine, aux grands oiRciers et gardes du
palais. Un certain nombre de ces ani-
maux sont lâchés à travers la place d'An-
dohalo et les ru~ de la ville, au milieu de
la foule qui se bouscule et cherche à s'en
emparer; cette coutume rappelle les
Asept heures du soir, les ~a~a/ta~
(Européens), les grands dignitaires (~e-
7!t6e) se réunissent dans la grande salle
du palais d'argent.
Au fond, comme en un sanctuaire, ap-
paraît la Reine sur son trône doré, élevé
sur âne estrade.
Habillée de rouge, le front ceint d'une
toaronne d'or et de corail, surmontée du
c
national. Derrière la Reine sont rangés
les princesses et princes de la famille
royale.
Le premier ministre est debout à côté
du trône, dans un costume de fantaisie
orné de brandebourgs et d'aiguillettes
d'or qui pent ressembler à nn costume de
général.
Auprès des représentants dea puiasaa-
ces européennes, les grands dignitaires
les honneurs les membres de la no-
blesse, les officters, les juges, les chefs
des villages sont groupés par castes et as-
sis à terre..
Seul, le résident général de France a
droit à une chaise.
Chaque chef de caste ou grand-ofûcier
s'avance à aon tour et, selon son rang hié-
rarchique, prononce son discours (kaba-
ry) devant la Reine et se retire en remet-
tant une pièce d'or ou d'argent (hasina) à
un dignitaire qui se tient à côté.
Le premier ministre, commandant en
chef de Madagascar, prend la parole au
nom de l'armée et, en style ûeuri, il ré-
sume la situation politique et proteste de
la fidélité des n cent milte hommes )), c'est
l'expression consacrée. Le /ta&ar'/ dure
longtemps, car les Malgaches aiment au-
tant à écouter qu'à parler.
Pendant ce temps, un officier du palais
a préparé du riz au miel, du bœuide l'an-
née précédente conservé dans de la graisse,
et distribue aux assistants ces mets tra-
ditionnnels.
Chacun prend une bouchée de sa~&a~-
M~&
de l'antique hospitalité. Des princesses
vêtues de rouge présentent ensuite à la
Reine un bassin d'argent rempli d'eau, où
trempent des feuillages sacrés, cueillis
dans la ville sainte d'Ambohimanga, qui
garde les tombeaux des ancêtres. Tandis
que les chœurs exécutent des hymnes, la
Reine bénit l'eau et, passant derrière un
rideau rouge que tendent devant elle les
princesses, elle change de toilette et repa-
raît un quart d'heure après environ, vê-
tue à l'européenne, d'une robe à traîne, le
front ceint d'un gracieux diadème con-
stellé de pierreries.
La Reine alors traverse la salle, accom-
pagnée des princesses et du premier mi-
nistre, aspergeant l'assistance à droite et
à gauche avec une sorte de goupillon' en
or. Chacun porte la main a son front en
s'écriant: « 'Z'ara~t~/ Vivez cent ans!))
Arrivant à la porte nord, où les troupes
massées présentent les armes, la Reine
bénit les quatre points cardinaux.
Des cris de joie éclatent; les musiques
jouent l'air de la Reine, et la voix du ca-
non se mêle à l'allégresse commune.
Telle est la fête du /~K~roaMa!.
Détail curieux: les enfants, souvent
fiancés dès leur jeune âge, sont réunis,
pendant cette nuit de fête, souvent dans
le même berceau, ce qui ne les empêche
pas, plus tard de rompre ces nançailtes
dans lesquelles l'intérêt des familles a
plus de part que l'inclination.
Les personnes en deuil ne font pas de
visites, mais se rendent à leurs caveaux
de famille et changent de ~a~ax les ca-
davres do leurs parents.
.Les communications télégraphiques
étant intcrrompuesavec Madagascar nous
ne savons pas si la Reine a pu prendre
son bain annuel. Peut-être aura-t-elle été
obligée de remettre la cérémonie au mois
de novembre 1895.
Bloc "Notes Parisien
LES DOSSiERS DES JOURNALISTES
A /a P;'e/cc<«re de ~o/ce
Notre éminent coUaborateur, M. J. Cornély,
s'occupe plus haut du cas Auger-De Ciercq,
qui nous a été révéié hier-par te./bi~t~ M.
Auger, ancien chet de la brigade des jeux à la
préfecture de po)ice, avait livré au sieur De
Ciercq, afin que celui-ci s'en servit le cas
échéant, les dossiers de certains journalis-
tes des plus honorab!es.
Ce n'est un secret pour personne chaque
membre de !a presse, depuis le directeur ou le
rédacteur en chef d'un grand journa) jusqu'au
plus modeste reporter des faits divers, possède
à la préfecture de police son dossier propre,
grossi quotidiennement, soit par des rapports,
soit par des « coupures provenant du « bu-
reau de la presse ?.
Nous savions, en effet, depuis tongtemps
qu'il existe au boulevard du Paiais un immense
« bureau d'ordre divise en salles des dos-
siers, placé sous la haute direction du chef du
premier bureau du cabinet du préfet.
Ces salles, au nombre de dix-sept, sont si-
tuées au quatrième étage de la préfecture de
police; on y parvient par un esca)ier,dont!a
porte, dissimulée dans le mur, s'ouvre en face
du bureau du chef.
Gravissons, si vous !e voulez, cet escalier de
mélodrame. Nous pénétrons dans ies saHes des
dossiers. Le plus grand ordre règne partout.
Letongdesmurs, étages du parquet aup)a-
fond, sont des cartcnniers reposant chacun
dans des casiers ad hoc. Les cartonniers oor-
tent un numéro d'ordre et une étiquette alpha-
bétique.
Que de cartonniers. que de dossiers, dans
ces dix-sept saites On nous a affirme qu'il y
en a près de quatre cent mitie Mais nous
nous en tiendrons à ceux concernant tesjour-
nalistes. !fs atteignent déjà un chiffre fort res-
pectable. Au surplus, le dossier de te! ou tel
journaliste connu est si vojumineux qu'i) tient
parfois jusqu'à vingt-cinq casiers
Pourtant les recherches sont très faciles,
grâce à un système de fiches –)equet,emp!ové
au service anthropométrique, est fort aporê-
cie.
Il y a autant de fiches que de dossiers. EHes
sont classées, par lettres alphabétiques, et, au-
dessous du nom, un numéro d'ordre qui est
reproduit sur le cartonnier correspondant. Mais
comme il existe beaucoup de personnes qui
portent le même nom, t'adresse est souvent né-
cessaire.
Voici de queXe façon est tibettés la fiche
< composée
M. JEAN-FRANÇOIS X.
<<< Eugène Z. (pseudonyme habituel)
rue Saint-Georges, 117, Paris.
43JÏ26
&e 9 Capter 3/.
Si l'on veut rechercher Je dossier de M. Jean-
François X. on se rend salle a et, au casier
37, on trouve le cartonnier 4.2,! 26.
M faut cinquante secondes pourmener a bien
cette opération, qui, de premier abord, paraît
devoir être fort longue. Le dossier de M. Jean-
François X. comporte-t-i! plusieurs canon-
niers Alors chacun d'eux porte le même nu-
méro d'ordre: ~.2,126.
Reste à savoir maintenant comment sont
formés ces dossiers
!ts sont <; nourris~ par différents services,
dont tes principaux sont ceux du contrôle gé-
nera), de la brigade des recherches et des
< coupures
Le « bureau des coupures reçoit en double
expédition tous les journaux de Paris, qui sont
lus consciencieusement par des employés dont
c'est la seule mission. Ces employée marquent
au crayon rouge les arttctes à découper, qui,
le soir même, sont «versés~ au dossier de leur
auteur.
Aueuae difficulté ne se produit lorsque tes
H. L.
artictes sont signes, voire d'une initiée Ott
d'un pseudonyme connu; à ce sujet, la prêtée..
ture de potice' tient à jour un dictionnaire des
plus complets. Mais il n'en est pas de munx
quand t'un des artictës à classer est anonyme.
C'est alors que la brigade des recherches in-
tervient. Ses inspecteurs ~onwtf savoir quet
en est l'auteur, cela par tous les moyens. De
Ctercq n'a-t-it pas fait partie, d? ta brigade Au-
ger ?
.A un titre quelconque, un inspecteur de la
préfecture trouve toujours moyen de pénêtref
soit dans !a rédaction, soit à t'administration,
soit à ta composition d'un journal que )'on a
intérêt à surveiner.
Puisiiya)es inspecteurs qui se faufitent
dans les cerctes de journalistes. dans les cafés
où ceux-ci se réunissent d'habitude. Ils affec-
tent t'aiture d'artistes ou de bons commerçants
inorfensifs venant prendre tranquitte-ment )eur
demi-tasse dès que teurs travaux sont termi-
nes.
On ne se méfie pas de ces individus quiécou*
tent tou: ce qui se dit et ne partent jamais. Ht
l'on serait bien étonne de lire dans un dossier
des notes sur une conversation banale tenua
entre camarades.
Les enquêtes faites chez tes concierges cons-
tituent, en général, le fonds des dossiers. Kn.
quêtes d'une exactitude douteuse, est-it besoin
de te dire, car les inspecteurs, désireux de ga-'
gner leur argent, recueittent tous tes potins,
tous les racontars qui leur parviennent aux
oreittes; au besoin, ils corsent encore ces « pa-
potages ».
Le dépouillement du dossier d'un journaliste
de marque serait fort curieux a opérer.
On y verrait que ce journaliste sort tous tes
matins à dix heures, qu'tt se rend te));; rue, têt
numéro, qu'il s'entretient avec telle oersonne, 1,
qu'il déjeune à te! testaurant.à coté de têt ou
te) personnage politique.
Quet intérêt ces racontars p:uvent-i)s
avoir r'
Voilà donc comment on constitue tes dos-
siers à la préfecture de notice notes tron-
quées, propos matveittant's. rapports inexacts
et souvent faux data première iigne à la der-
nière, etc., etc.
Dans ces conditions, quelle foi peut-on ajou-
ter, le cas échéant, à ces pièces qui, dans !eur
ensembie, sont le produit de l'imagination et
de ta calomnie ?
TO'JT.PARtS
fa Pri~pp~p ~p Ri~arp~
m nUibu~u uu Di~MdUji
D'APRES LES LETTRES OE SON fOAR)
Lu femme de l'cx-chancelier de 1 em-
pire allemand est 'norte. hier matin. a
Varzin, après deux mois de maladie.
On sait que doux (ils sont issus du m.t-
riage les camtes Herbort'pt Louis de
Bismarck, et une nllc, Jeanne, mariée an
comte deRanj,xau.
Le 11 avril't.ernier. ta princesse de Bis-
marck célébrait dans une stricte inti-
.mite, n Fricdrischruhe, le 7< anniver-
saire de sa naissance: on se souvient
encore des télégrammes ai!'cctueux qui
lui furent adresses par l'Empereur et. les
membres de la famille impériale. M. de
Bismarck disait ce jour-la: ((Depuis qua-
rante-sept ans qu'elle vit a mes côtes, ma.
femme a été mon bon génie. »
A
En 184.4, M. de Bismarck venait d'assis-
ter au mariage de sa sœur avec M.
d'Arnim et se trouvait, malgré ses occu-.
pations de régisseur des biens paternels
de Schœnh'iusen et ses visées politiques
aa Landtag de Saxe, tout ~t coup triste et
seul. Le 33 novembre 1845, son père mou-
rut, et sa perte laissa également un
vide douloureux dans son cœur.
K Que le diable m'emporte écrivait-U,
le 9 avril 1845, :t sa sœur, il faut ab-
solument que je me marie Je me scna
si solitaire, si abandonné, et si disposé à
être amoureux ))
M. de Bismarck devint bientôt le point
de mire de toutes les jeunes tilles et jeu-
nes femmes du pays. Il venait alors d'en-
trer dans la vie politique comme députe
du cercle de Jerichow, au Landtag pro-
vincial de Mersebourg, en Saxe.
Heureux de vivre, comme il l'était, il
faisait de fréquentes visites aux cli.Ueaux
avoisinants. Aucune jeune iille ne sut
captiver ce cœur qui se montrait déjà de
fer.
Loin de la, M. de Bismarck, avait coutu-
me de se gaudirdes avances qui iuiénuent
faites, dans les lettres qu'il écrivait a sa
sœur Malwine.
J'ai fait connaissance, ëcrit-it en 184G, (tH
MHe von R. li y a des moments ou elle R3t
belle comme une imago m~is oite ne tardera
pas ù. perdre son teint, qui deviendra, tout
rouge.
Je suis reste amoureux d'elle pendant vingt.
quatre heures!
Ni les thés dansants, ni les thés « es-
thétiques », ni les cotillons qu'il laissa.
tranquillement passer, ne vinrent a bout
de lui.
Cela devait changer. En 1844, au ma~
riage de son ami Maurice de Blancken.
bourg avec Mlle deThadden Triglafl', il
avait remarqué une demoiselle d'honneur
dont (da noble et captivante apparition
t l'attirad'une façon extraordinaire ".Ainsi
s'exprime un de ses biographes, M. Adol-
!pheKohut, de Berlin.
C'était Mlle Jeanne (Johanna) de Putt-
kamer, née le 11 avril 1834 et nllc un'que
du chevalier Henri-Ernest-Jacob de Putt-
kamer auf Viartlum et de Mme née de
GlasenapaufReinfeId.
Pendant l'été de 1846, M. de B'ismarck fit.
en compagnie des parents et de la jeune
fille, un voyage dans le Harx, et, a son
retour, sa résolution était prise il écrivit
à M. et Mme de Puttkamer et demanda.
la main de leur fille. Ceux-ci ne furent
pas outre mesure nattés de la demande.
Bien que n'ayant a se reprocheraucune vi-
laine action. M. de Bismarck, a cause de la.
brusquerie de ses manières et surtout da
sa façon intempestive d'exprimer ses opi.
nions, était vulgairement appelé par ses
amis et son entourage le xfou Bismarck a
(dhomme comme gendre n'avait rien da
particulièrement enchanteur pour M.da
Puttkamer.
« J'aurais reçu un coup de massue suf
la tête, je n'aurais pas été plusétonM
qu'en recevant cette lettre. »
Ainsi s'exprima plus tard ce dernier.
quand on lui parla du mariage de sa.
nlle. <(Mais que voulez-vous? Johanna
aimait Othon, et, vaincus par les suppli-
cations des jeunes gens, nous dûme& faire
bonne Ëgure à mauvais jeu. ~) Comme ré-
ponse, M. de Bismarck reçut donc une
invitation a se rendre en personna à J~eia-
feld.
Le28juiUet 1847, eat hett i~a~na~t
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