Titre : Le Gaulois : littéraire et politique
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1882-12-05
Contributeur : Pène, Henri de (1830-1888). Directeur de publication
Contributeur : Tarbé des Sablons, Edmond Joseph Louis (1838-1900). Directeur de publication
Contributeur : Meyer, Arthur (1844-1924). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32779904b
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 05 décembre 1882 05 décembre 1882
Description : 1882/12/05 (Numéro 142). 1882/12/05 (Numéro 142).
Description : Collection numérique : Arts de la marionnette Collection numérique : Arts de la marionnette
Description : Collection numérique : Commun Patrimoine:... Collection numérique : Commun Patrimoine: bibliothèque numérique du réseau des médiathèques de Plaine Commune
Description : Collection numérique : Commune de Paris de 1871 Collection numérique : Commune de Paris de 1871
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k524449m
Source : Bibliothèque nationale de France
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 21/02/2008
PÀRïS S IL ë~ Centime. DÉPARTEME~S ET ~ARES: ~0 CENTIMSÊ
Mardi 5 Décerna 1882
S~iêtne Année Troisième Séné Numéro 142
Am~m~im J~E'TTES.
D~rec~Mr l'
Du GAULOIS et PARIS-JOURNAL
RÉDACTION
C. E:<~u'!cYmfdn)'.L)KUXH)LiUm;iiAMt.Si;:T
-ABONNEMENTS [~ J
Paris DepiirteiRetH-a s t I
Un mois. 5rr.'Un<;iOiii. 6fr\ v
Trois mois. i350i')'t'o!sn,rii; 16fr.
Sia niois. ~"r i:: t:nïa. 32 fr. h,,
Six mois. S7~i:):.uis. 32t'r.
Un an. 54 !'r.t.;)n. 84 fc.
Etranger
Troisntois(Uci"nj"~st!).it: i8fr.
H. DE FEINTE!
.~ed'~c<<'ttr <*yt CAf~y~
Du GAULOIS et PAMS-JOURNAL
ADMINISTRATION
C, iEomtevaftt ttcs tt~tien*, W
DED:X!
ABONNEMENTS, PET!TES ANNONCES
RENSEIGNEMENTS
9, boulevard des Italie'ns, 9
ANNONCES''
M:M. f:II. T~A&RAr\rG-E, Cta'RF & C:~
f:,r'LAfJt':Dl':J[.A)!f)mtS~(t G
E< à ~'A~mMtMtf;0)t ~tt JOM)'
ËTmm i885
A tout acheteur d'UN numéro du
ce numéro
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Jusqu'au 15 janvier prochain, donne
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H est bien entendu que nos abonnés,
sur IsuT simple demande et l'envoi de
leur bande d'aboonemfjnt, ont droit à la
même prime, aux mêmes conditions
que l'acheteur au numéro.
LA FOLLE
Le vieux baron des Ravots avait été
pendant quarante ans le roi des chas-
seurs de sa province. Mais, depuis cinq
à six années, une paralysie des jambes
le-clouait à son fauteuil, et il ne pou-
vait plus que tirer des pigeons de la fe-
nêtre de son salon où du haut de son
grand perron.
.Le reste du temps il lisait.
~C'était un homme de commerce aima-
ble chez qui était resté beaucoup de l'es-
prit\lettré du dernier siècle. Il adorait
les contes, les petits contes polissons,
et aussi les histoires vraies arrivées
dans son entourage. Dès qu'un ami en-
trait chez lui, il demandait:
–Eh bien, qupi de nouveau?
Et il savait interroger à la façon d'un
juged'instruction.
Par tes jours de soleil il faisait rouler
devant la. portion grand fauteuil pareil
à un'lit. Un domestique, derrière son
dos, tenait les fusils, les chargeait et les
passait A son maître; un autre valet, ça
ché dans un massif, lâchait un pigeon
de temps-en temps, à des intervalles
irréguliers, pour que le baron ne fut pas
prévenu et demeurât en éveil.
Et du matin au soir il tirait lesoiseaux
rapides, se désolantquand il s'était laissé
surprendre, et riant aux larmes quand !&
bête tombait d'aplomb ou faisait quelque
culbute inattendue et drôte. Il se tour-
nait alors vers le garçon qui chargeait
les armes, et il demandait, en suffoquant
déganté:
–Y est il, celui-là, Joseph; as-tu vu
comme il est descendu? 9
Et Joseph répondait invariablement
Oh t monsieur le baron ne les man-
quepas.
A l'automne~ au moment des chasses,
il invitait, comme à l'ancien temps, ses
amis, et il aimait entendre au loin les
détonations. Il les comptait, heureux
quand eties se précipaaieat. Et, le soir,
il exigeait de chacun le récit Mêle de sa
journée.
Et on restait trois heures à table en
racolant, des coups de l'usi'.
Côta'efitdetra'tges et invraisembla-
bles aventures, où se complaisait l'hu-
meur hâbleuse des chasseurs. Qùeiques-
unes avaient fait dateet revenaient ré-
gulièrement. L'histoire d'un lapin que
le petit vicomte de Bourril avait manqué
dans son vestibule les faisait se tordre
chaque année de la même façon. Toutes
les cinq minutes un nouvel orateur pro-
nonçait
J'entends < Birr t birr i t et une
compagnie magnifique me part à dix
pas. J'ajuste ptf 1 pif j'en vois tomber
une pluie, une vraie pluie. Il y en avait
sept 1
Et tous, étonnés, mais réciproquement
crédules, s'extasiaient.
Mais il existait dans la "maison une
vieille coutume, appelée le conte da la
Bécasse B.
Au momeat du passage de cette reine
des gibiers, la même cérémonie recom-
mençait à chaque dîner.
Comme ils adoraient l'incomparable
oiseau, on en mangeait tous les seirs
un paLr convive mais on avait soin de
laisser dans un plat toutes les têtes.
Alors le baron, ofnciant comme un
évêque, se faisait apporter sur une as-
siette un peu de graisse, oignait avec
soin les têtes précieuses en les tenant
par le bout de la mince aiguille qui leur
sert de bec. Une chandelle allumée était
posée près de lui, et tout le monde se
taisait, dans l'anxiété de l'attente.
Puis il saisissait un des crânes ainsi
préparés, le fixait sur une épingle, pi-
quait l'épingle sur un bouchon, mainte-
nait le tout en équilibre au moyen de
petits bâtons croisés comme des balan-
ciers, et plantait déticatement cet appa-
reil sur un goulot de bouteille en ma-
nière de tourniquet.
Tous les convives comptaient ensem-
ble, d'une voix forte
Une, deux, trois.
Et le baron, d'un coup de doigt, fai-
sait vivement pivoter ce oujou.
Celui des invités que désignait, en
s'arrêtant, le long bec pointu devenait
maître de toutes les têtes, régal exquis
qui faisait loucher ses voisins.
Il les prenait une à une et les faisait
griller sur la chandelle. La graisse cré-
pitait, la peau rissolée fdmait, et l'élu
du hasard croquait le crâne suiSé en
le tenant par le nez et en poussant des
exclamations de plaisir.
Et chaque fois les dîneurs, levant
leurs verres, buvaient à sa santé.
Puis, quand il avait achevé le der-
nier, il devait, sur l'ordre du baron,
conter une histoire pour indemniser les
déshérités.
Et voici ce que raconta M. Mathieu
d'Endolin.
Tenez, ces bécasses me rappellent
une bien sinistre anecdote de la
guerre.
Vous connaissez ma propriété dans le
faubourg de Cormenil. Je l'habitais au
moment de l'arrivée des Prussiens.
J'avais alors pour voisine une espèce
de folle, dont l'esprit s'était égaré sous
les coups du malheur. Jadis, à l'âge de
vingt-cinq ans, elle avait perdu, en un
seul mois, son père, son mari et son en-
fant nouveau-né.
Quand la mort est entrée une fois
dans une maison, elle y revient presque
toujours immédiatement, comme si elle
connaissait la porte.
La pauvre jeune femme, foudroyée
par le chagrin, prit le lit, délira pen-
dant six semaines. Puis, une sorte de
lassitude calme succédant a celte crise
viotente, elle resta sans mouvement,
mangeant à peine, remuant seulement
les yeux. Chaque fois qu'on voulait ia
fair lever, elle criait comme si on l'eût
tuée. On la taissa donc toujours cou-
chée, ne la tirant de ses draps q'ue pour
l~s soins de sa toilette et pour retourner
ses matelas.
Une vieille bonne restait près d'elle,
la faisant boire de temps en temps ou
mâcher un peu de viande froide. Qte
s~ passait-il dans cette âme désespérée ?
On ne le sut jamais; car elle ne parla
plus. Songeait-elle aux morts? Rêvas-
sait-elle tristement, sans souvenirs
précis? Ou bien sa pensée anéantie res-
tait-elle immobile comme de l'eau sans
courant? '1
Pendant quinze années, elle demeura
ainsi fermée et inerte.
La guerre vint; et, dans les pramiers
jours de décembre, les Prussiens péné-
trèrent à Cormenil.
Je ma rappelle cela comme d'hier. Il
gelait à fendre les pierres; et j'étais
étendu moi-même dans un fauteuil, im-
mobilisé par la goutte, quand j'entendis
le battement lourd et rythmé de leurs
pas. De ma fenêtre, je les vis passer.
Ils déniaient interminablement, tous
pareils, avec ce mouvement de pantins
qui leur est particulier. Puis les chefs
distribuèrent leurs hommes aux habi-
tants. J'en eus dix-sept. La voisine, la
folle, en avait douze, dont un comman-
dant, vrai soudard, violent et bourru.
Pendant les premiers jours tout se
passa normalement. On avait dit à l'of-
ncier d'à côté que la dame était malade;
et il ne s'en inquiéta guère. Mais bien-
tôt cette femme qu'on ne voyait jamais
l'irrita. Il s'informa de la maladie; on
répondit que son hôtesse était couchée
depuis quinze ans par suite d'un violent
chagrin. Il n'en crut rien-sans doute, et
s'imagina que la pauvre insensée ne
quittait pas son lit par nerté, pour ne
pas voir des Prussiens, et ne leur point
parler, et ne les point frôler.
Il exigea qu'elle le reçût on le nt en-
trer dans sa chambre. 11 demanda, d'un
ton brusque
Je vous prierai, matame, de fous
lever et de tescentre pour qu'on fous
foie.
Elle tourna vers lui ses yeux vagues,
ses yeux vides, et ne répondit pas.
Il reprit
Che ne tolérerai bas d'insolence.
Si fous ne fous levez bas de ponne fo-
lonté, che trouferai pien un moyen de
fous faire bromener toute seule.
Elle ne nt pas un geste, toujours im-
mobile comme si elfe ne l'eût pas vu.
Il rageait, prenant ce silence calme
pour une marque de mépris suprême.
Et il ajouta
Si vous n'êtes pas tescentue te-
main, brenez garte
Puis il sortit.
Le lendemain, la vieille bonne, éper-
due, la voulut habiller; mais la folle
se mit à hurler en se débattant. L'offi-
cier monta bien vite; et la servante, se
jetant à ses genoux, cria
Elle ne veut pas, monsieur, elle
ne veut pas. Pardonnez-lui'; elle est si
malheureuse.
Le soldat restait embarrassé, n'osant.
malgré sa colère, la faire tirer du lit
par ses hommes. Mais soudain il se mit
à rire et donna des ordres en allemand.
Et bientôt on vit sortir un détache-
ment qui soutenait un matelas comme
on porte un blessé. Dans ce lit qu'on
n'avait point défait, la. folie, toujours si-
lencieuse. restait tranquilie, indifférente
aux événements tant qu'on la laissait
couchée. Un homme par derrière por-
tait un paquet de vêtements féminins.
Et Fofncier prononça en se frottant
les mains
Nous ferrons pien si vous ne poufez
bas vous hapiller toute seule et faire
une bétite bromenate. w
Puis on vit s'éloigner le cortège dans
la direction de la forêt d'Imauville.
Deux heures plus tard les soldats re-
vinrent tout seuls.
On ne revit pas la folle. Qu'en avaient-
ils fait? Où l'avaient-ils portée? On ne
le sut jamais.
La neige tombait maintenant jour et
nuit, ensevelissant la plaine et les bois
sous un linceul de mousse glacée. Les
loups venaient hurlerjusqu'ànos portes.
La pensée de cette femme perdue me
hantait et je jls plusieurs démarches
auprès de l'autorité prussienne, afin
d'obtenir des renseignements. Je faillis
être fusillé.
Le printemps revint. L'armée d'occu-
pation 8'étoigna. La maison de ma voi'
sine restait fermée l'herbe drue pous-
sait dans les allées. La vieille benne
était morte pendant l'hiver. Personne
ne s'occupait p~us de cette aventure
moi seul y songeais sans cesse.
Qu'avaient ils fait de cette femme?
S'était elle enfuie à travers les bois? `?
L'avait-on recueillie quelque part, et
gardée dans un hôpital sans pouvoir ob-
tenir d'elle aucun renseignement. Rien
ne venait alléger mes doutes; mais, peu
à peu, le temps apaisa le souci de mon
cœur.
Or, à l'automne suivant, les bécasses
passèrent en masse; et, comme ma goutte
me laissait un peu de répit, je me traî-
nai jusqu'à la forêt. J'avais déjà tué qua-
tre ou cinq oiseaux à long bec, quand
j'en abattis un qui disparut dans un fossé
plein de branches. Je fus obligé d'y des-
cendre pour ramasser ma bête. Je la
trouvai tombée auprès d'une tête de
mort. Et brusquement le souvenir de
la folle m'arriva dans la poitrine comme
un coup de poing. Bien d'autres avaient
expiré dans ces bois, peut-être en cette
année sinistre; mais, je ne sais pourquoi,
j'étais sûr, sûr, vous dis-je, que c'était
la tête de cette misérable maniaque.
Et soudain je compris, je devinai
tout. Ils l'avaient abandonnée sur ce
matelas* dans la forêt froide et déserte;
et, Sdèle à son idée ûxe elle s'étai laissée
mourir sous l'épais et léger duvet des
neiges et sans remuer le bras ou la
jambs.
Puis les loups l'avaient dévjrée.
Et les oiseaux avaient fait leur nid
avec la laine de son lit déchiré.
J'ai gardé ce triste ossement. Et je
fais des vœ~x pour que nos 6.1s ne voient
plus jamais de guerre.
OUY DE MAUPASSANT.
Nos Echos
AUJOURD'HUt
A 6 heures, dinar au Grand-Hôtel, admission
jusqu'à 6 heures et demie.
Pendant la. durée du d!ner, i'orehestre d9
M. DesgrMges jouera, dans 1& nouveUamusique.
MEMO
Potage'
Ta.piooa. au consommé
Hors-d'œuvre
Filet de maquereau vénitienne
Pommes de terre à I'ang)aise
C&te de bœuf à la Savarin
Salmis de canard sauvage aux champignons
Dtndonnea.u au cresson
Salade
Haricots panachés maître d'hôtel
Gâteau Saint-Honoré
Glace parfait an café
Desserts
Le Mion des damée est ouvert aux voyageurs.
Piano, tabioa de jeux.– D!mer à la carte M: res-
taurant.- Le jour et le soir, séances et lepons de
billard, par M. GibeUn. Café Divan.
Le programma du dînor-oonoer;. (Voir à 1~
< p~ge.)
Musée Grevm, 10, bouievmrd MontsaarS.re.
De onze heura" du matin à onza heure* du soir.
Français!, 8 h. f.e Ro: s'ct~tM~e.
Opéra-Comique, 7 3/4.–Les Noce: <~eF[~cM'o.
Nations, 7 3/4. Premièra représentation des
Carbonari.
i.E MONDE ET LA VtLLE
Ce n'est ni M. PaiHard-Dacléré ni M.
Fournier de Ba.court qui prend la suc-
cession de M. Delaroche-Vernet.
Le nou veau ;hef du cabinet et du se-
crétariat des araires étrangères, est M.
le capitaine Barry, ?ïeï?eM de M.Duclere,
déjà secrétaire particulier dn président
du. conseil.
Neveu vient du latin ~e~os, et de ~e-
.po< vient népotisme.
Parisiens, préparez vos verres fumés.
C'est demain qu'a lieu le passage de
Vénus devant le Soleil.
On va. faire queue aux télescopes du
pont Neuf et de la place de la Con-
corde.
L'heure et les phases du phénomène
sont ainsi ûxées par l'Observatoire
Contact extérieur 2 h. 8 m. 36 s.
soir;
Contact intérieur 2 h. 29 m. 12 s.
soir.
Ces astronomes sont d'un léger 1
On sait que les Dominicains de Paris
avaient élu prieur le R. P. Didon.
Le grand orateur chrétien n'ayant
pas accepté, il vient d'élire à sa place, le
R. P. Bourgeois, actuellement prieur
des Dominicains de Nancy.
C'en est fait 1 Les Toileries ne sont
plus une propriété nationale. Ce qu'il en
reste appartient, par voie d'adjudica-
tion, à M. Achille Picart. Ce démolisseur
neaé, à qui l'on doit le déblayage de
l'Exposition universelle Ce 1878, a payé
ces nobles débrisCCM~ //Y!MCS.
Trente-deux mille francs! Osouve~
nirs t
Danshuit mois, la pioche etia. brouette
devront avoir achevé l'œuvre du pé-
trole.
Mais auparavant l'adjudicataire se
propose d'inviter les sénateurs, les dé-
putés, le conseil municipal et la presse
à visiter une dernière fois ce qui fut le
palais des Tuileries.
Eh bien, et le pauv' peup' aristo 1
N. B. JoSrin demande si l'habit
noir sera de rigueur.
Il est de mode, au cercle de la Presse,
de célébrer, dans un banquet fraternel,
les distinctions accordées àses membres.
L'année dernière, on y a joyeusement
arrosé les croix d'ofâcier de la Légion
d'honneur de MM. Détaille, de Neu-nlle
et Vibart..
Hier on a fêté, le verre en main, la
nomination de M. Falguiëre comme
membre de l'Institut.
La table était présidée par M. Auguste
Vitu, président du comité du Cercle,
dont l'éminent sculpteur fait partie
avec MM. Dauzon, le comte Lepic, le
comte de La Chapelle, Adolphe Belot,
Salvayre, Emile Blavet, le sénateur Cam-
paran, Gabriel Morris, Pedro GrMiha.rd,
A. Périvier, Sicre du Breilh, J. Billault
et Louis Envault.
Parmi les convives quarante envi-
ron nguraient, outre las membres du
comité, les peintres Bonnat, Duez, Jules
Garnier, de Dramard, Debat-Ponsan,
Boulanger, Ferrier, Richet, etc. les
sculpteurs Barrias, Marqueste, Idrac,
Franceschi, etc.; les musiciens Joncieres,
Serpette, Broustet et Arban, le ténor
Salomon, etc.
Menu délicat. Vins exquis. Fête char-
mante, empreiate de la plus franche cor-
dialité.
La coïncidence de ce banquet avec le
dîner mensuel des T~o&ey~ avait privé
bon nombre d'artistes membres du cer-
cle de venir boire aux palmes du nou-
vel académicien. Ils sesontdédommagés
en lui faisant parvenir, au dessert, une
adresse de félicitations.
On ne s'est séparé que longtemps
après minuit.
Le citoyen Pierre Alype, député de
l'Inde, a paru hier à la tribune de la
Chambre.
Ses trois mois de prison et ses l,ë00
francs d'amende n'étaient pas avec lui.
L'honorable victime de la cour d'assi-
ses de la Seine a débuté par ce coup
droit à l'adresse de messieurs I~sjurés:
< Je sais que, chaque fois qu'il est
question d~- justice d! on est sûr d'être entendu »
Une voix. Très bien
Je ne suis pas sorcier, mais je parie
que cette voix MM~Me est celle de l'émi-
nent Gatineau.
Demain, à Ferrières, la grandecha.sse
que nous avons annoncée.
On n'a déjà que trop parlé de l'inci-
dent du pétard de Monte-Carlo, qui aura
fait, en somme, beaucoup plus de bruit
à Paris que dans la principauté de Mo-
naco, où il n'a pas troublé le train de
vie ordinaire des touristes réunis dans
ces beaux lieux.
Un Italien a été arrêté à la suite de
cet incident. D'après les lettres que nous
recevons, cette arrestation doit être le
résultat d'une méprise, ou plutôt d'une
dénonciation trop facilement accueillie.
Le chevalier d'Ambrosio, des princes
de Marzano, habite Monaco depuis trois
ans, et il y est connu sous les meilleurs
auspices. Il compte dans sa famille plu-
sieurs députés au Parlement italien.
C'est un tireur distingué qui, naguère,
à Milan, au concours international de
tir, était le champion de la ville de
Naples. Il gagna la médaille d'or de
première classe et cinq autres prix.
Que n'a. t-on pas dit sur les 2V<~6's
E/MMMs, depuis que les délégués britan-
niques sont dans nos murs ?
Et que d'erreurs commises t Que de
bourdes t On a dû bien rire de l'autre
côté du détroit
Il était pourtant.si facile de se donner
un-semblant de cotmpétence à bon mar-
ché. On n'avait qu'à prendre à la Librai-
rie-Nouvelle le si beau, si complet et si
amusant ouvrage de M. le comte de Pa-
ris La s~Ms~oM ~es oMW!e?"s en .4M~g-
~"ye. où l'organisation, le rôle et le mé-
canisme des TVa~e's Unions est si re-
marquablement étudié.
Le premier muguet de la saison a fait
son apparition.
Chez Vaillant-Rouzaud, bien entendu,
le grand fleuriste du boulevard des Ca-
pucines. La première de la fleur élé-
gante et délicate par excellence ne
pouvait avoir lieu sur une autre scène
que celle de ce théâtre privilégié.
MOUVELLES A <-A MAIN
Philosophie courante
La petite nlle commence par habiller
sa~poupée, et, quand elle l'a soigneuse-
ment parée, respectueusement elle la
salue :t Bonjour, madame i Ainsi se
créent les monarchies.
Excepté quand la petite-nlle désha-
bille sa poupée et la casse.
Qu'en pense M. Gambetta ?
Pour n'en pas perdre l'habitude.
Quel est le comble de l'aptitude
physique pour un procureur de la Ré-
publique ? q
9
Avoir les yeux en amendes 1
UN DOMtNO
Fo!~ a; troisième p~ ~<~
MOMM desçaise.
PAUL FÉVAL
Mon appel a été entendu.
J'avoue que je suis profendément tou-
ché de l'accueil qu'on m'a fait partout.
Certes, je m'y attendais un peu. Les
hommes de lettres qui ont beaucoup de
talent ont aussi beaucoup de coeur.
Lss noms les plus éclatants de la lit-
térature contemporaine, les premiers
journalistes d'aujourd'hui, vont se trou-
ver réunis dans cette grande oeuvre.
Tous ont bien voulu accepter de faire
partie du comité qui se forme pour or-
ganiser une représentation extraordi-
naire, magninque, au bénéfice de Paul-
Féval.
Deux adhésions me manquent encore.
Malgré tous mes eSorts, malgré une
journée dépensée, je n'ai pu joindre les
deux hommes de lettres célèbres dont je
parle.
Ce soir, la liste sera complète; demain
le C~M~oïs publiera les noms des hommes
éminents qui m'ont fait l'honneur de me
répondre: Oui. Qu'ils mepermettent de
les remercier dès aujourd'hui. Et avec
eux tous nos confrères, tous, qui, sans
exception, depuis M. Henri Rochefort,
directeur de l'j~~sMs~ea~, jusqu'à M.
Cornély, directeur du C~ro~ (je cite
exprès les deux extrêmes de la politi-
que) ont bien voulu nous donoer leur
aide puissante.
Une œuvre purement littéraire, placée
bien au-dessus des divisions politiques,
va donc réussir. La politique passe les
Lettres restent. Un illustre romancier
ruiné va se retrouver heureux et paisi-
ble parce qu'en France on rencontre
toujours de grands cœurs pour accom-
plir une grande œuvre.
Merci aussi à tous les artistes qui, de-
puis le plus cé)èbre jusqu'au plus hum-
ble/se sont mis à notre disposition. Je
le disais hier j'étais sûr d'eux à l'a-
vance. Aujourd'hui je ne veux encore
citer personne il me faudrait citer tout
le monde.
Grâce à leur concours, on pourra orga-
niser une représentation telle, que ja-
mais, peut-être, il n'y en aura eu de pa-
reille. A demain donc tous les dé-
tails.
ALBERT DELPIT
L'ALMANACH PROPHETIQUE
DE RTJ&GrIERI
L'adjudication des matériaux des Tuileries a
eu lieu hier. La. démolition a commence aus-
sitôt.
Parmi les trouvailles de la première heure,
l'une des plus curieuses est un feuillet del'Alma-
nach prophétique que Ruggieri écrivait au jour
le jour sur un parchemin, heureusement incom-
bustibtt.
Ce feuillet, par une étrange coïncidence, por-
tait la date anticipée du 4 décembre 1S82.
En cetuy jour, après cent ans
Et deux fois cent, viendra un temps
Etant triste page d'histoire
luste dans le jour que j'écris,
Qu'en une audience de cris
Seront vendus, vaille que vaille,
Moëllons, tuiles, pierres de taille,
Colonnes, fûts et chapiteaux
D'iceluy le roy des châteaux,
Pour ce que ligue populaire,
Grondant ains que flots en colère,
Par permission du bon Dieu,
L'aura, las t réduict par le feu.
Adoncques ces pierres chéries
Qui eurent nom les 7'M<7~/
Ne seront, en cet avenir,
Néant que poudre et souvenir.
Et lors, pour surcroît de tristesse,
Se verra, regnant dans Lutèce,
Non un vray roy, fils de vrays roys,
Bourbon, Orléans ne Valois,
Mais bien un vieillard granitique
Chief de l'Etat démocratique,
Portant couronne, en ses vieils jours,
D'un bonnet grec de vieil velours,
Qui laira, par indifférence,
Périr tant beau renom de France
Ce pendant qu'un autre, plus fin,
Avec manières de Dauphin,
Contre iceluy formant cabale,
Sera perforé d'une balle
D'un pistolet non vieil, mais neuf,
.Qui. au lieu d'un coup, tire neuf 1
Et clameront, dans le royaume,
Dessoubs un palais portant dôme
Maints médecins et advocats
Qui feront moult bruit et fracas,
Avec tournoys d'impertinences,
Et gâtant armée et finances,
Flotte, commerce, et cœtera,
Tant que un chacun pâtira ) 1
Sauf, pour la gaieté publique,
Qu'on verra un nommé Sandrique,
A Vervins élu député;
Lequel faict sera réputé
Autant joyeulx et méritoire
Qu'un traité que verra l'histoire
Lequel les astres m'ont déduict
Pour mil cinq cent nonante-huict.
Mais le François ne aura cure
De nulle tant triste aventure
Vu qu'un événement plein d'heur
Du dict jour promet la splendeur,
Pour ce qu'on verra un A~
Non céleste, mais de la terre,
Que d'aulcuns chansonniers d'esprit
Pour sir Bertram auront écrit,
A 6n que le peuple s'y rue,
Qui aura nom une A'fM<
Et où tout sera un jouet
Pour leur satyrique fouet ) 1
Mais le faict le plus mirifique
Miraculeux et magnifique,
Sera que, des pays de l'Est,
Viendra une dame de Pesth,
Depuis les bords hongrois tirée,
Pour estre vue et admirée,
Ayant, en sa principauté,
Reçu le prix de la beauté
Laquelle chose sera neuve,
Et d'où je tire cette preuve
(Devant le loingtain horizon y
Où jà sur le royal blason
Dorment les fleurs de lis flétries,
Sous la mousse des Tuileries)
Qu'il n'est rien qu'une majesté
Pérenne, et que c'est la Beauté.
Pour copie conforme
· PAUL FERRIER
LE REFUS OU BUDGET
C'est une façon de parler. Nous savons
parfaitement que le budget sera voté
quand même et malgré les énormités
qu'il renferme. C' était bon sous le ma-
réchal, de menacer le gouvernement
de refuser le budget.
Il n'est pas au pouvoir des députés de
la minorité conservatrice d'empêcher
que le budget ne soit voté. Mais, il est
de leur devoir strict de ne pas le voter.
C'est aujourd'hui qu'ils doivent arrê-
ter, dans une délibération commune,
la ligne de conduite qu'il leur convient
d'adopter.
M. Durfort de Civrac a été chargé de
rédiger une formule de protestation dont
il va soumettre les termes à ses collè-
gues.
A notre avis, ils doivent refaser le
budget qu'on leur présente.
On ne s'associe pas, pour le plaisir de
le faire, à in acte qui entraîne une res-
ponsabilité considérable.
Voter le budget notoirement en dé-
ficit que présente le ministre des R-
nances de la République, c'est s'en
rendre complice.
La droite doit protester hautement, y
clairement, contre les procédés nnan-
ciers de la République, qui sont un me-.
"lange de gaspillages et de leurres.
Tant qu'on a pu, on a dissimulé la si-
tuation au pays. Les ministresdes nnan-
ces se sont succédé au cours de l'année
1882, et chacun a cherché plus ou moins
à masquer la vérité, qui devait éclater
entre les mains maladroites de M. Ti-,
rard. 0
Le déficit n'est pas d'hier. Voilà six,
ans, si ce n'est davantage, que nos bud-,
gets ne sauvent les apparences qu'au
moyen d'expédients grâce auxquels on,
a pu tromper la France sur sa situation.
véritable.
Aujourd'hui que le voile est déchire,,
ce serait une faiblesse coupable, de la.
part des représentants de la minorité~ Li
conservatrice de toute nuance, s'ils ne
repoussaient pas toute solidarité avec K
les auteurs d'une situation dont ils ont
d'autant mieux le droit de se laver
les mains, qu'ils sont exclus systémati
.quement de toutes les commissions de
nuances.
C'est la République qui ruine la
France. Laissez les républicains se dé-
brouiller entre eux~'en attendant que
vous puissiez faire davantage.
H. DE PÈNE
PETITE BO URSEOU SOtR
50/0. 11507,10,02,05.
ttalien. 9002.
Turc. 1210.15.
BanqueottomaM. 75750,75937,7581"
Lotsturos. 55,5550.
Egypte. 35563,35750, 356 5ti.;
Extérieur nouveau. 637/16.
Phénix espagnol. 475.
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Derniers cours. Consolidés anglais,
1011/4 Egypte, 6 0/0, 70 1/32 parité
353 40. Espagnol 4 0/0, 63 34.parit6.6340
Italien, 8815/16 parité, 89 7a. Turc, 11 90
parité, 12 Banque ottomane, 20 Oa"
parité 756 Rio-Tinto, 24 1/4 parité"
611 6(h
I-
nE
L'MMMM SËNËMLE"
AFFALE BONTOUX tï FEOER
Les i'y~MM~M.r, qui, avecl'aSairePeIt-
zer, ont déjà débordé de leur rubrique
sur les colonnes voisines vont prendre
encore un peu plus de place, pendant
trois jours, avec le procès de l'tT~o~
~
Aujourd'hui, demain et après-demain
le procès correctionnel intenté à MM.
Bontoux et Féder se déroulera devant
la huitième chambre que préside un
.magistrat distingué et impartial entre
tous, M. Bagnens.
MM. Bontoux et Feder sont préveBus
d'avoir enfreint
1' Une loi faite en 1803 contre les ac-
capareurs de blé;
2° Une loi faite en 1867 et réglemen-
tant' le fonctionnement des sociétés
nnancières.
La loi de 1803 punit les spéculateurs
qui, par des manœuvres coupables, ten-
dent à faire hausser ou baisser le cours
des marchandises, lequel doit résulter
seulement de l'oSre et de la demande~
Par extension, cette loi faite contre les
accapareurs de blé a été quelquefois
appliquée à des agioteurs de Bourse, v
des accapareurs de titres.
MM. Bontoux et Feder sont accusés
d'avoir, par des manœuvres, altéré le
cours normal des titres de l'C/M~n ~n~-
rale.
Entre beaucoup de délits, la loi de 18G7
prévoit ceux d'achat, par une société n- q
nanciëre, de ses propres titres, dans un
but de spéculation, de publication de
bilans faux, et de promesse de dividen-
des fictifs.
Ces trois délits sont reprochés à MM.
Bontoux et Feder, qui s'en défendent.
S'ils ne parviennent pas à prouver leur
innoeence, ils peuvent être frappés d'un °
an d'emprisonnement au moins.
Les deux accusés sont décorés de la
Légion d'honneur. M. Bontoux ea~ ofa-
cier, M. Feder est chevalier.
M. BONTOUX
M. Bontoux est un ~omme de petite
taille, maigre, nerveux. Il se meut pa.r
saccadesbrusr~es, le cou tendu, l'œi!
nxe devap.t lui. La tenue est assez négli-
gée.
M. Bontoux est moins un homme pra-
tique qu'un homme d'invention. On lui
reconnaît une grande qualité de concep-
tion et moins d'habiletédans l'exécution
de ses plans.
C'est un spéculatif, un rêveur, un re-
mueur d'idées, un fabricant de projets
grandioses. Quand, sous sa direction,
l'C~MMt ~e eut été amenée à cette
grande prospérité qui souleva contre
elle tant de jalousies, M. Bontoux
enraya ses amis par l'exposé de ses rê-
ves gigantesques. Il songea qu'il alla't
devenir uns sorte de Napoléon d~ la
finance devant qui tout devait p~ier. H
avait des millions dans sa caisse, il laissa `
entrevoir qu'il espérait y mettre des
milliards, avec lesquels il marcherait &
la concruête financière de toutes les pla-
ces de l'Europe~
Aussi, lorsque, après le Krach, il se
vit arrêté, Bontoux perdit littérale-
ment ses ~ens, comme s'il était tombé
d une buteur vertigineuse. En prison,
quan.i il lui aurait fallu tout son jeaBtg*
froid, un calme absolu, l'antièrem&î-
Mardi 5 Décerna 1882
S~iêtne Année Troisième Séné Numéro 142
Am~m~im J~E'TTES.
D~rec~Mr l'
Du GAULOIS et PARIS-JOURNAL
RÉDACTION
C. E:<~u'!cYmfd
-ABONNEMENTS [~ J
Paris DepiirteiRetH-a s t I
Un mois. 5rr.'Un<;iOiii. 6fr\ v
Trois mois. i350i')'t'o!sn,rii; 16fr.
Sia niois. ~"r i:: t:nïa. 32 fr. h,,
Six mois. S7~i:):.uis. 32t'r.
Un an. 54 !'r.t.;)n. 84 fc.
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Troisntois(Uci"nj"~st!).it: i8fr.
H. DE FEINTE!
.~ed'~c<<'ttr <*yt CAf~y~
Du GAULOIS et PAMS-JOURNAL
ADMINISTRATION
C, iEomtevaftt ttcs tt~tien*, W
DED:X!
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RENSEIGNEMENTS
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M:M. f:II. T~A&RAr\rG-E, Cta'RF & C:~
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H est bien entendu que nos abonnés,
sur IsuT simple demande et l'envoi de
leur bande d'aboonemfjnt, ont droit à la
même prime, aux mêmes conditions
que l'acheteur au numéro.
LA FOLLE
Le vieux baron des Ravots avait été
pendant quarante ans le roi des chas-
seurs de sa province. Mais, depuis cinq
à six années, une paralysie des jambes
le-clouait à son fauteuil, et il ne pou-
vait plus que tirer des pigeons de la fe-
nêtre de son salon où du haut de son
grand perron.
.Le reste du temps il lisait.
~C'était un homme de commerce aima-
ble chez qui était resté beaucoup de l'es-
prit\lettré du dernier siècle. Il adorait
les contes, les petits contes polissons,
et aussi les histoires vraies arrivées
dans son entourage. Dès qu'un ami en-
trait chez lui, il demandait:
–Eh bien, qupi de nouveau?
Et il savait interroger à la façon d'un
juged'instruction.
Par tes jours de soleil il faisait rouler
devant la. portion grand fauteuil pareil
à un'lit. Un domestique, derrière son
dos, tenait les fusils, les chargeait et les
passait A son maître; un autre valet, ça
ché dans un massif, lâchait un pigeon
de temps-en temps, à des intervalles
irréguliers, pour que le baron ne fut pas
prévenu et demeurât en éveil.
Et du matin au soir il tirait lesoiseaux
rapides, se désolantquand il s'était laissé
surprendre, et riant aux larmes quand !&
bête tombait d'aplomb ou faisait quelque
culbute inattendue et drôte. Il se tour-
nait alors vers le garçon qui chargeait
les armes, et il demandait, en suffoquant
déganté:
–Y est il, celui-là, Joseph; as-tu vu
comme il est descendu? 9
Et Joseph répondait invariablement
Oh t monsieur le baron ne les man-
quepas.
A l'automne~ au moment des chasses,
il invitait, comme à l'ancien temps, ses
amis, et il aimait entendre au loin les
détonations. Il les comptait, heureux
quand eties se précipaaieat. Et, le soir,
il exigeait de chacun le récit Mêle de sa
journée.
Et on restait trois heures à table en
racolant, des coups de l'usi'.
Côta'efitdetra'tges et invraisembla-
bles aventures, où se complaisait l'hu-
meur hâbleuse des chasseurs. Qùeiques-
unes avaient fait dateet revenaient ré-
gulièrement. L'histoire d'un lapin que
le petit vicomte de Bourril avait manqué
dans son vestibule les faisait se tordre
chaque année de la même façon. Toutes
les cinq minutes un nouvel orateur pro-
nonçait
J'entends < Birr t birr i t et une
compagnie magnifique me part à dix
pas. J'ajuste ptf 1 pif j'en vois tomber
une pluie, une vraie pluie. Il y en avait
sept 1
Et tous, étonnés, mais réciproquement
crédules, s'extasiaient.
Mais il existait dans la "maison une
vieille coutume, appelée le conte da la
Bécasse B.
Au momeat du passage de cette reine
des gibiers, la même cérémonie recom-
mençait à chaque dîner.
Comme ils adoraient l'incomparable
oiseau, on en mangeait tous les seirs
un paLr convive mais on avait soin de
laisser dans un plat toutes les têtes.
Alors le baron, ofnciant comme un
évêque, se faisait apporter sur une as-
siette un peu de graisse, oignait avec
soin les têtes précieuses en les tenant
par le bout de la mince aiguille qui leur
sert de bec. Une chandelle allumée était
posée près de lui, et tout le monde se
taisait, dans l'anxiété de l'attente.
Puis il saisissait un des crânes ainsi
préparés, le fixait sur une épingle, pi-
quait l'épingle sur un bouchon, mainte-
nait le tout en équilibre au moyen de
petits bâtons croisés comme des balan-
ciers, et plantait déticatement cet appa-
reil sur un goulot de bouteille en ma-
nière de tourniquet.
Tous les convives comptaient ensem-
ble, d'une voix forte
Une, deux, trois.
Et le baron, d'un coup de doigt, fai-
sait vivement pivoter ce oujou.
Celui des invités que désignait, en
s'arrêtant, le long bec pointu devenait
maître de toutes les têtes, régal exquis
qui faisait loucher ses voisins.
Il les prenait une à une et les faisait
griller sur la chandelle. La graisse cré-
pitait, la peau rissolée fdmait, et l'élu
du hasard croquait le crâne suiSé en
le tenant par le nez et en poussant des
exclamations de plaisir.
Et chaque fois les dîneurs, levant
leurs verres, buvaient à sa santé.
Puis, quand il avait achevé le der-
nier, il devait, sur l'ordre du baron,
conter une histoire pour indemniser les
déshérités.
Et voici ce que raconta M. Mathieu
d'Endolin.
Tenez, ces bécasses me rappellent
une bien sinistre anecdote de la
guerre.
Vous connaissez ma propriété dans le
faubourg de Cormenil. Je l'habitais au
moment de l'arrivée des Prussiens.
J'avais alors pour voisine une espèce
de folle, dont l'esprit s'était égaré sous
les coups du malheur. Jadis, à l'âge de
vingt-cinq ans, elle avait perdu, en un
seul mois, son père, son mari et son en-
fant nouveau-né.
Quand la mort est entrée une fois
dans une maison, elle y revient presque
toujours immédiatement, comme si elle
connaissait la porte.
La pauvre jeune femme, foudroyée
par le chagrin, prit le lit, délira pen-
dant six semaines. Puis, une sorte de
lassitude calme succédant a celte crise
viotente, elle resta sans mouvement,
mangeant à peine, remuant seulement
les yeux. Chaque fois qu'on voulait ia
fair lever, elle criait comme si on l'eût
tuée. On la taissa donc toujours cou-
chée, ne la tirant de ses draps q'ue pour
l~s soins de sa toilette et pour retourner
ses matelas.
Une vieille bonne restait près d'elle,
la faisant boire de temps en temps ou
mâcher un peu de viande froide. Qte
s~ passait-il dans cette âme désespérée ?
On ne le sut jamais; car elle ne parla
plus. Songeait-elle aux morts? Rêvas-
sait-elle tristement, sans souvenirs
précis? Ou bien sa pensée anéantie res-
tait-elle immobile comme de l'eau sans
courant? '1
Pendant quinze années, elle demeura
ainsi fermée et inerte.
La guerre vint; et, dans les pramiers
jours de décembre, les Prussiens péné-
trèrent à Cormenil.
Je ma rappelle cela comme d'hier. Il
gelait à fendre les pierres; et j'étais
étendu moi-même dans un fauteuil, im-
mobilisé par la goutte, quand j'entendis
le battement lourd et rythmé de leurs
pas. De ma fenêtre, je les vis passer.
Ils déniaient interminablement, tous
pareils, avec ce mouvement de pantins
qui leur est particulier. Puis les chefs
distribuèrent leurs hommes aux habi-
tants. J'en eus dix-sept. La voisine, la
folle, en avait douze, dont un comman-
dant, vrai soudard, violent et bourru.
Pendant les premiers jours tout se
passa normalement. On avait dit à l'of-
ncier d'à côté que la dame était malade;
et il ne s'en inquiéta guère. Mais bien-
tôt cette femme qu'on ne voyait jamais
l'irrita. Il s'informa de la maladie; on
répondit que son hôtesse était couchée
depuis quinze ans par suite d'un violent
chagrin. Il n'en crut rien-sans doute, et
s'imagina que la pauvre insensée ne
quittait pas son lit par nerté, pour ne
pas voir des Prussiens, et ne leur point
parler, et ne les point frôler.
Il exigea qu'elle le reçût on le nt en-
trer dans sa chambre. 11 demanda, d'un
ton brusque
Je vous prierai, matame, de fous
lever et de tescentre pour qu'on fous
foie.
Elle tourna vers lui ses yeux vagues,
ses yeux vides, et ne répondit pas.
Il reprit
Che ne tolérerai bas d'insolence.
Si fous ne fous levez bas de ponne fo-
lonté, che trouferai pien un moyen de
fous faire bromener toute seule.
Elle ne nt pas un geste, toujours im-
mobile comme si elfe ne l'eût pas vu.
Il rageait, prenant ce silence calme
pour une marque de mépris suprême.
Et il ajouta
Si vous n'êtes pas tescentue te-
main, brenez garte
Puis il sortit.
Le lendemain, la vieille bonne, éper-
due, la voulut habiller; mais la folle
se mit à hurler en se débattant. L'offi-
cier monta bien vite; et la servante, se
jetant à ses genoux, cria
Elle ne veut pas, monsieur, elle
ne veut pas. Pardonnez-lui'; elle est si
malheureuse.
Le soldat restait embarrassé, n'osant.
malgré sa colère, la faire tirer du lit
par ses hommes. Mais soudain il se mit
à rire et donna des ordres en allemand.
Et bientôt on vit sortir un détache-
ment qui soutenait un matelas comme
on porte un blessé. Dans ce lit qu'on
n'avait point défait, la. folie, toujours si-
lencieuse. restait tranquilie, indifférente
aux événements tant qu'on la laissait
couchée. Un homme par derrière por-
tait un paquet de vêtements féminins.
Et Fofncier prononça en se frottant
les mains
Nous ferrons pien si vous ne poufez
bas vous hapiller toute seule et faire
une bétite bromenate. w
Puis on vit s'éloigner le cortège dans
la direction de la forêt d'Imauville.
Deux heures plus tard les soldats re-
vinrent tout seuls.
On ne revit pas la folle. Qu'en avaient-
ils fait? Où l'avaient-ils portée? On ne
le sut jamais.
La neige tombait maintenant jour et
nuit, ensevelissant la plaine et les bois
sous un linceul de mousse glacée. Les
loups venaient hurlerjusqu'ànos portes.
La pensée de cette femme perdue me
hantait et je jls plusieurs démarches
auprès de l'autorité prussienne, afin
d'obtenir des renseignements. Je faillis
être fusillé.
Le printemps revint. L'armée d'occu-
pation 8'étoigna. La maison de ma voi'
sine restait fermée l'herbe drue pous-
sait dans les allées. La vieille benne
était morte pendant l'hiver. Personne
ne s'occupait p~us de cette aventure
moi seul y songeais sans cesse.
Qu'avaient ils fait de cette femme?
S'était elle enfuie à travers les bois? `?
L'avait-on recueillie quelque part, et
gardée dans un hôpital sans pouvoir ob-
tenir d'elle aucun renseignement. Rien
ne venait alléger mes doutes; mais, peu
à peu, le temps apaisa le souci de mon
cœur.
Or, à l'automne suivant, les bécasses
passèrent en masse; et, comme ma goutte
me laissait un peu de répit, je me traî-
nai jusqu'à la forêt. J'avais déjà tué qua-
tre ou cinq oiseaux à long bec, quand
j'en abattis un qui disparut dans un fossé
plein de branches. Je fus obligé d'y des-
cendre pour ramasser ma bête. Je la
trouvai tombée auprès d'une tête de
mort. Et brusquement le souvenir de
la folle m'arriva dans la poitrine comme
un coup de poing. Bien d'autres avaient
expiré dans ces bois, peut-être en cette
année sinistre; mais, je ne sais pourquoi,
j'étais sûr, sûr, vous dis-je, que c'était
la tête de cette misérable maniaque.
Et soudain je compris, je devinai
tout. Ils l'avaient abandonnée sur ce
matelas* dans la forêt froide et déserte;
et, Sdèle à son idée ûxe elle s'étai laissée
mourir sous l'épais et léger duvet des
neiges et sans remuer le bras ou la
jambs.
Puis les loups l'avaient dévjrée.
Et les oiseaux avaient fait leur nid
avec la laine de son lit déchiré.
J'ai gardé ce triste ossement. Et je
fais des vœ~x pour que nos 6.1s ne voient
plus jamais de guerre.
OUY DE MAUPASSANT.
Nos Echos
AUJOURD'HUt
A 6 heures, dinar au Grand-Hôtel, admission
jusqu'à 6 heures et demie.
Pendant la. durée du d!ner, i'orehestre d9
M. DesgrMges jouera, dans 1& nouveUa
MEMO
Potage'
Ta.piooa. au consommé
Hors-d'œuvre
Filet de maquereau vénitienne
Pommes de terre à I'ang)aise
C&te de bœuf à la Savarin
Salmis de canard sauvage aux champignons
Dtndonnea.u au cresson
Salade
Haricots panachés maître d'hôtel
Gâteau Saint-Honoré
Glace parfait an café
Desserts
Le Mion des damée est ouvert aux voyageurs.
Piano, tabioa de jeux.– D!mer à la carte M: res-
taurant.- Le jour et le soir, séances et lepons de
billard, par M. GibeUn. Café Divan.
Le programma du dînor-oonoer;. (Voir à 1~
< p~ge.)
Musée Grevm, 10, bouievmrd MontsaarS.re.
De onze heura" du matin à onza heure* du soir.
Français!, 8 h. f.e Ro: s'ct~tM~e.
Opéra-Comique, 7 3/4.–Les Noce: <~eF[~cM'o.
Nations, 7 3/4. Premièra représentation des
Carbonari.
i.E MONDE ET LA VtLLE
Ce n'est ni M. PaiHard-Dacléré ni M.
Fournier de Ba.court qui prend la suc-
cession de M. Delaroche-Vernet.
Le nou veau ;hef du cabinet et du se-
crétariat des araires étrangères, est M.
le capitaine Barry, ?ïeï?eM de M.Duclere,
déjà secrétaire particulier dn président
du. conseil.
Neveu vient du latin ~e~os, et de ~e-
.po< vient népotisme.
Parisiens, préparez vos verres fumés.
C'est demain qu'a lieu le passage de
Vénus devant le Soleil.
On va. faire queue aux télescopes du
pont Neuf et de la place de la Con-
corde.
L'heure et les phases du phénomène
sont ainsi ûxées par l'Observatoire
Contact extérieur 2 h. 8 m. 36 s.
soir;
Contact intérieur 2 h. 29 m. 12 s.
soir.
Ces astronomes sont d'un léger 1
On sait que les Dominicains de Paris
avaient élu prieur le R. P. Didon.
Le grand orateur chrétien n'ayant
pas accepté, il vient d'élire à sa place, le
R. P. Bourgeois, actuellement prieur
des Dominicains de Nancy.
C'en est fait 1 Les Toileries ne sont
plus une propriété nationale. Ce qu'il en
reste appartient, par voie d'adjudica-
tion, à M. Achille Picart. Ce démolisseur
neaé, à qui l'on doit le déblayage de
l'Exposition universelle Ce 1878, a payé
ces nobles débris
Trente-deux mille francs! Osouve~
nirs t
Danshuit mois, la pioche etia. brouette
devront avoir achevé l'œuvre du pé-
trole.
Mais auparavant l'adjudicataire se
propose d'inviter les sénateurs, les dé-
putés, le conseil municipal et la presse
à visiter une dernière fois ce qui fut le
palais des Tuileries.
Eh bien, et le pauv' peup' aristo 1
N. B. JoSrin demande si l'habit
noir sera de rigueur.
Il est de mode, au cercle de la Presse,
de célébrer, dans un banquet fraternel,
les distinctions accordées àses membres.
L'année dernière, on y a joyeusement
arrosé les croix d'ofâcier de la Légion
d'honneur de MM. Détaille, de Neu-nlle
et Vibart..
Hier on a fêté, le verre en main, la
nomination de M. Falguiëre comme
membre de l'Institut.
La table était présidée par M. Auguste
Vitu, président du comité du Cercle,
dont l'éminent sculpteur fait partie
avec MM. Dauzon, le comte Lepic, le
comte de La Chapelle, Adolphe Belot,
Salvayre, Emile Blavet, le sénateur Cam-
paran, Gabriel Morris, Pedro GrMiha.rd,
A. Périvier, Sicre du Breilh, J. Billault
et Louis Envault.
Parmi les convives quarante envi-
ron nguraient, outre las membres du
comité, les peintres Bonnat, Duez, Jules
Garnier, de Dramard, Debat-Ponsan,
Boulanger, Ferrier, Richet, etc. les
sculpteurs Barrias, Marqueste, Idrac,
Franceschi, etc.; les musiciens Joncieres,
Serpette, Broustet et Arban, le ténor
Salomon, etc.
Menu délicat. Vins exquis. Fête char-
mante, empreiate de la plus franche cor-
dialité.
La coïncidence de ce banquet avec le
dîner mensuel des T~o&ey~ avait privé
bon nombre d'artistes membres du cer-
cle de venir boire aux palmes du nou-
vel académicien. Ils sesontdédommagés
en lui faisant parvenir, au dessert, une
adresse de félicitations.
On ne s'est séparé que longtemps
après minuit.
Le citoyen Pierre Alype, député de
l'Inde, a paru hier à la tribune de la
Chambre.
Ses trois mois de prison et ses l,ë00
francs d'amende n'étaient pas avec lui.
L'honorable victime de la cour d'assi-
ses de la Seine a débuté par ce coup
droit à l'adresse de messieurs I~sjurés:
< Je sais que, chaque fois qu'il est
question d~- justice d!
Une voix. Très bien
Je ne suis pas sorcier, mais je parie
que cette voix MM~Me est celle de l'émi-
nent Gatineau.
Demain, à Ferrières, la grandecha.sse
que nous avons annoncée.
On n'a déjà que trop parlé de l'inci-
dent du pétard de Monte-Carlo, qui aura
fait, en somme, beaucoup plus de bruit
à Paris que dans la principauté de Mo-
naco, où il n'a pas troublé le train de
vie ordinaire des touristes réunis dans
ces beaux lieux.
Un Italien a été arrêté à la suite de
cet incident. D'après les lettres que nous
recevons, cette arrestation doit être le
résultat d'une méprise, ou plutôt d'une
dénonciation trop facilement accueillie.
Le chevalier d'Ambrosio, des princes
de Marzano, habite Monaco depuis trois
ans, et il y est connu sous les meilleurs
auspices. Il compte dans sa famille plu-
sieurs députés au Parlement italien.
C'est un tireur distingué qui, naguère,
à Milan, au concours international de
tir, était le champion de la ville de
Naples. Il gagna la médaille d'or de
première classe et cinq autres prix.
Que n'a. t-on pas dit sur les 2V<~6's
E/MMMs, depuis que les délégués britan-
niques sont dans nos murs ?
Et que d'erreurs commises t Que de
bourdes t On a dû bien rire de l'autre
côté du détroit
Il était pourtant.si facile de se donner
un-semblant de cotmpétence à bon mar-
ché. On n'avait qu'à prendre à la Librai-
rie-Nouvelle le si beau, si complet et si
amusant ouvrage de M. le comte de Pa-
ris La s~Ms~oM ~es oMW!e?"s en .4M~g-
~"ye. où l'organisation, le rôle et le mé-
canisme des TVa~e's Unions est si re-
marquablement étudié.
Le premier muguet de la saison a fait
son apparition.
Chez Vaillant-Rouzaud, bien entendu,
le grand fleuriste du boulevard des Ca-
pucines. La première de la fleur élé-
gante et délicate par excellence ne
pouvait avoir lieu sur une autre scène
que celle de ce théâtre privilégié.
MOUVELLES A <-A MAIN
Philosophie courante
La petite nlle commence par habiller
sa~poupée, et, quand elle l'a soigneuse-
ment parée, respectueusement elle la
salue :t Bonjour, madame i Ainsi se
créent les monarchies.
Excepté quand la petite-nlle désha-
bille sa poupée et la casse.
Qu'en pense M. Gambetta ?
Pour n'en pas perdre l'habitude.
Quel est le comble de l'aptitude
physique pour un procureur de la Ré-
publique ? q
9
Avoir les yeux en amendes 1
UN DOMtNO
Fo!~ a; troisième p~ ~<~
MOMM des
PAUL FÉVAL
Mon appel a été entendu.
J'avoue que je suis profendément tou-
ché de l'accueil qu'on m'a fait partout.
Certes, je m'y attendais un peu. Les
hommes de lettres qui ont beaucoup de
talent ont aussi beaucoup de coeur.
Lss noms les plus éclatants de la lit-
térature contemporaine, les premiers
journalistes d'aujourd'hui, vont se trou-
ver réunis dans cette grande oeuvre.
Tous ont bien voulu accepter de faire
partie du comité qui se forme pour or-
ganiser une représentation extraordi-
naire, magninque, au bénéfice de Paul-
Féval.
Deux adhésions me manquent encore.
Malgré tous mes eSorts, malgré une
journée dépensée, je n'ai pu joindre les
deux hommes de lettres célèbres dont je
parle.
Ce soir, la liste sera complète; demain
le C~M~oïs publiera les noms des hommes
éminents qui m'ont fait l'honneur de me
répondre: Oui. Qu'ils mepermettent de
les remercier dès aujourd'hui. Et avec
eux tous nos confrères, tous, qui, sans
exception, depuis M. Henri Rochefort,
directeur de l'j~~sMs~ea~, jusqu'à M.
Cornély, directeur du C~ro~ (je cite
exprès les deux extrêmes de la politi-
que) ont bien voulu nous donoer leur
aide puissante.
Une œuvre purement littéraire, placée
bien au-dessus des divisions politiques,
va donc réussir. La politique passe les
Lettres restent. Un illustre romancier
ruiné va se retrouver heureux et paisi-
ble parce qu'en France on rencontre
toujours de grands cœurs pour accom-
plir une grande œuvre.
Merci aussi à tous les artistes qui, de-
puis le plus cé)èbre jusqu'au plus hum-
ble/se sont mis à notre disposition. Je
le disais hier j'étais sûr d'eux à l'a-
vance. Aujourd'hui je ne veux encore
citer personne il me faudrait citer tout
le monde.
Grâce à leur concours, on pourra orga-
niser une représentation telle, que ja-
mais, peut-être, il n'y en aura eu de pa-
reille. A demain donc tous les dé-
tails.
ALBERT DELPIT
L'ALMANACH PROPHETIQUE
DE RTJ&GrIERI
L'adjudication des matériaux des Tuileries a
eu lieu hier. La. démolition a commence aus-
sitôt.
Parmi les trouvailles de la première heure,
l'une des plus curieuses est un feuillet del'Alma-
nach prophétique que Ruggieri écrivait au jour
le jour sur un parchemin, heureusement incom-
bustibtt.
Ce feuillet, par une étrange coïncidence, por-
tait la date anticipée du 4 décembre 1S82.
En cetuy jour, après cent ans
Et deux fois cent, viendra un temps
Etant triste page d'histoire
luste dans le jour que j'écris,
Qu'en une audience de cris
Seront vendus, vaille que vaille,
Moëllons, tuiles, pierres de taille,
Colonnes, fûts et chapiteaux
D'iceluy le roy des châteaux,
Pour ce que ligue populaire,
Grondant ains que flots en colère,
Par permission du bon Dieu,
L'aura, las t réduict par le feu.
Adoncques ces pierres chéries
Qui eurent nom les 7'M<7~/
Ne seront, en cet avenir,
Néant que poudre et souvenir.
Et lors, pour surcroît de tristesse,
Se verra, regnant dans Lutèce,
Non un vray roy, fils de vrays roys,
Bourbon, Orléans ne Valois,
Mais bien un vieillard granitique
Chief de l'Etat démocratique,
Portant couronne, en ses vieils jours,
D'un bonnet grec de vieil velours,
Qui laira, par indifférence,
Périr tant beau renom de France
Ce pendant qu'un autre, plus fin,
Avec manières de Dauphin,
Contre iceluy formant cabale,
Sera perforé d'une balle
D'un pistolet non vieil, mais neuf,
.Qui. au lieu d'un coup, tire neuf 1
Et clameront, dans le royaume,
Dessoubs un palais portant dôme
Maints médecins et advocats
Qui feront moult bruit et fracas,
Avec tournoys d'impertinences,
Et gâtant armée et finances,
Flotte, commerce, et cœtera,
Tant que un chacun pâtira ) 1
Sauf, pour la gaieté publique,
Qu'on verra un nommé Sandrique,
A Vervins élu député;
Lequel faict sera réputé
Autant joyeulx et méritoire
Qu'un traité que verra l'histoire
Lequel les astres m'ont déduict
Pour mil cinq cent nonante-huict.
Mais le François ne aura cure
De nulle tant triste aventure
Vu qu'un événement plein d'heur
Du dict jour promet la splendeur,
Pour ce qu'on verra un A~
Non céleste, mais de la terre,
Que d'aulcuns chansonniers d'esprit
Pour sir Bertram auront écrit,
A 6n que le peuple s'y rue,
Qui aura nom une A'fM<
Et où tout sera un jouet
Pour leur satyrique fouet ) 1
Mais le faict le plus mirifique
Miraculeux et magnifique,
Sera que, des pays de l'Est,
Viendra une dame de Pesth,
Depuis les bords hongrois tirée,
Pour estre vue et admirée,
Ayant, en sa principauté,
Reçu le prix de la beauté
Laquelle chose sera neuve,
Et d'où je tire cette preuve
(Devant le loingtain horizon y
Où jà sur le royal blason
Dorment les fleurs de lis flétries,
Sous la mousse des Tuileries)
Qu'il n'est rien qu'une majesté
Pérenne, et que c'est la Beauté.
Pour copie conforme
· PAUL FERRIER
LE REFUS OU BUDGET
C'est une façon de parler. Nous savons
parfaitement que le budget sera voté
quand même et malgré les énormités
qu'il renferme. C' était bon sous le ma-
réchal, de menacer le gouvernement
de refuser le budget.
Il n'est pas au pouvoir des députés de
la minorité conservatrice d'empêcher
que le budget ne soit voté. Mais, il est
de leur devoir strict de ne pas le voter.
C'est aujourd'hui qu'ils doivent arrê-
ter, dans une délibération commune,
la ligne de conduite qu'il leur convient
d'adopter.
M. Durfort de Civrac a été chargé de
rédiger une formule de protestation dont
il va soumettre les termes à ses collè-
gues.
A notre avis, ils doivent refaser le
budget qu'on leur présente.
On ne s'associe pas, pour le plaisir de
le faire, à in acte qui entraîne une res-
ponsabilité considérable.
Voter le budget notoirement en dé-
ficit que présente le ministre des R-
nances de la République, c'est s'en
rendre complice.
La droite doit protester hautement, y
clairement, contre les procédés nnan-
ciers de la République, qui sont un me-.
"lange de gaspillages et de leurres.
Tant qu'on a pu, on a dissimulé la si-
tuation au pays. Les ministresdes nnan-
ces se sont succédé au cours de l'année
1882, et chacun a cherché plus ou moins
à masquer la vérité, qui devait éclater
entre les mains maladroites de M. Ti-,
rard. 0
Le déficit n'est pas d'hier. Voilà six,
ans, si ce n'est davantage, que nos bud-,
gets ne sauvent les apparences qu'au
moyen d'expédients grâce auxquels on,
a pu tromper la France sur sa situation.
véritable.
Aujourd'hui que le voile est déchire,,
ce serait une faiblesse coupable, de la.
part des représentants de la minorité~ Li
conservatrice de toute nuance, s'ils ne
repoussaient pas toute solidarité avec K
les auteurs d'une situation dont ils ont
d'autant mieux le droit de se laver
les mains, qu'ils sont exclus systémati
.quement de toutes les commissions de
nuances.
C'est la République qui ruine la
France. Laissez les républicains se dé-
brouiller entre eux~'en attendant que
vous puissiez faire davantage.
H. DE PÈNE
PETITE BO URSEOU SOtR
50/0. 11507,10,02,05.
ttalien. 9002.
Turc. 1210.15.
BanqueottomaM. 75750,75937,7581"
Lotsturos. 55,5550.
Egypte. 35563,35750, 356 5ti.;
Extérieur nouveau. 637/16.
Phénix espagnol. 475.
BOM!SE DE MmES BU 4 DÉCEMBRE
Derniers cours. Consolidés anglais,
1011/4 Egypte, 6 0/0, 70 1/32 parité
353 40. Espagnol 4 0/0, 63 34.parit6.6340
Italien, 8815/16 parité, 89 7a. Turc, 11 90
parité, 12 Banque ottomane, 20 Oa"
parité 756 Rio-Tinto, 24 1/4 parité"
611 6(h
I-
nE
L'MMMM SËNËMLE"
AFFALE BONTOUX tï FEOER
Les i'y~MM~M.r, qui, avecl'aSairePeIt-
zer, ont déjà débordé de leur rubrique
sur les colonnes voisines vont prendre
encore un peu plus de place, pendant
trois jours, avec le procès de l'tT~o~
~
Aujourd'hui, demain et après-demain
le procès correctionnel intenté à MM.
Bontoux et Féder se déroulera devant
la huitième chambre que préside un
.magistrat distingué et impartial entre
tous, M. Bagnens.
MM. Bontoux et Feder sont préveBus
d'avoir enfreint
1' Une loi faite en 1803 contre les ac-
capareurs de blé;
2° Une loi faite en 1867 et réglemen-
tant' le fonctionnement des sociétés
nnancières.
La loi de 1803 punit les spéculateurs
qui, par des manœuvres coupables, ten-
dent à faire hausser ou baisser le cours
des marchandises, lequel doit résulter
seulement de l'oSre et de la demande~
Par extension, cette loi faite contre les
accapareurs de blé a été quelquefois
appliquée à des agioteurs de Bourse, v
des accapareurs de titres.
MM. Bontoux et Feder sont accusés
d'avoir, par des manœuvres, altéré le
cours normal des titres de l'C/M~n ~n~-
rale.
Entre beaucoup de délits, la loi de 18G7
prévoit ceux d'achat, par une société n- q
nanciëre, de ses propres titres, dans un
but de spéculation, de publication de
bilans faux, et de promesse de dividen-
des fictifs.
Ces trois délits sont reprochés à MM.
Bontoux et Feder, qui s'en défendent.
S'ils ne parviennent pas à prouver leur
innoeence, ils peuvent être frappés d'un °
an d'emprisonnement au moins.
Les deux accusés sont décorés de la
Légion d'honneur. M. Bontoux ea~ ofa-
cier, M. Feder est chevalier.
M. BONTOUX
M. Bontoux est un ~omme de petite
taille, maigre, nerveux. Il se meut pa.r
saccadesbrusr~es, le cou tendu, l'œi!
nxe devap.t lui. La tenue est assez négli-
gée.
M. Bontoux est moins un homme pra-
tique qu'un homme d'invention. On lui
reconnaît une grande qualité de concep-
tion et moins d'habiletédans l'exécution
de ses plans.
C'est un spéculatif, un rêveur, un re-
mueur d'idées, un fabricant de projets
grandioses. Quand, sous sa direction,
l'C~MMt ~e eut été amenée à cette
grande prospérité qui souleva contre
elle tant de jalousies, M. Bontoux
enraya ses amis par l'exposé de ses rê-
ves gigantesques. Il songea qu'il alla't
devenir uns sorte de Napoléon d~ la
finance devant qui tout devait p~ier. H
avait des millions dans sa caisse, il laissa `
entrevoir qu'il espérait y mettre des
milliards, avec lesquels il marcherait &
la concruête financière de toutes les pla-
ces de l'Europe~
Aussi, lorsque, après le Krach, il se
vit arrêté, Bontoux perdit littérale-
ment ses ~ens, comme s'il était tombé
d une buteur vertigineuse. En prison,
quan.i il lui aurait fallu tout son jeaBtg*
froid, un calme absolu, l'antièrem&î-
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