Titre : L'Écho d'Alger : journal républicain du matin
Éditeur : [s.n.] (Alger)
Date d'édition : 1937-11-30
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb327596899
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Format : Nombre total de vues : 67558 Nombre total de vues : 67558
Description : 30 novembre 1937 30 novembre 1937
Description : 1937/11/30 (A26,N9978). 1937/11/30 (A26,N9978).
Description : Collection numérique : Bibliothèque Francophone... Collection numérique : Bibliothèque Francophone Numérique
Description : Collection numérique : Zone géographique :... Collection numérique : Zone géographique : Afrique du Nord et Moyen-Orient
Description : Collection numérique : Thème : Les droits de... Collection numérique : Thème : Les droits de l'homme
Description : Collection numérique : Littérature Collection numérique : Littérature
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k75859771
Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JOD-10396
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 18/11/2013
26' ANNÉE - N6 9978
MARDI 30 NOVEMBRE 1937
L' ECHO D'ALGER
Télégrammes : ÉCHO ALGER
40 CENTIMES
Chôyon Postaux : 19-25
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20, rue de la Liberté, 20
TéL : 13-80, 73-81 et 73-82
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Tél. hw. 4445 et 0 3-U
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La Conférence anglo-française
LE DÉBUT DES ENTRETIENS
CONSACRE LA SOLIDARITÉ
DES DEUX GOUVERNEMENTS
Le tour du monde entrepris
souligne l'identité de vues
MM. Chautemps, Delbos, Chamberlain et Eden
sont aujourd'hui les hôtes du roi George
Londres, 29 novembre. — Par une
belle matinée, trois voitures ont ame-
né les ministres français et leurs col-
laborateurs à Downing-Street et les
conversations anglo-françaises ont com-
mencé ponctuellement à 11 heures. A
13 heures les membres de la conféren
ce ont déjeuné avec M. Chamberlain
sans quitter l'immeuble et les conver-
sations se sont poursuivies pour ainsi
dire sans discontinuer jusqu'à la fin de
l'après-midi.
Du côté français la délégation com-
prend MM. Chautemps, Delbos, Corbin,
Léger, Massigli et de Margerie qui as-
sure les fonctions d'interprète ; du cô-
té anglais MM. Chamberlain, Eden, sir
Robert Vansittart, lord Halifax, sir
Orme Sargeaut, sous-secrétaire d'Etat
adjoint aux Affaires étrangères; Straug,
chef de la section Europe centrale.
Au déjeuner, assistaient en outre,
eir John Simon lord Hailsham, sir
Thomas Inskip.
Le déjeuner qui devait avoir lieu à
l'ambassade de France demain a été
supprimé en raison de l'invitation
adressée par le roi George VI à MM
Chautemps, Delbos, Chamberlain et
Eden à déjeuner avec lui ce jour-là.
Il y aura probablement quelques autres
convives, mais la liste n'en est pas en-
core publiée.
Ce déjeuner a été l'occasion de nou-
velles conversations et s'est accom-
pagné d'une seconde conférence qui a
pris fin vers 18 heures.
« Nous sommes en parfait
accord » déclare
M. Camille Chautemps
Recevant les journalistes à l'ambas-
sade de France à l'issue des entretiens
de Downing-Street, M. Camille Chau-
temps leur a fait ce soir les déclara-
tions suivantes :
--'te- «a puis que me féliciter de la
cordialité de l'accueil que nous avons
reçu du gouvernement britannique.
» Mais la conférence n'est pas ter-
minée et, pour rester correct, je doia
me montrer réservé.
» Nos entretiens commencés ce ma-
tin à 11 heures se sont prolongés jus-
qu'à 19 heures. Vous le voyez, noua
avons été particulièrement studieux,
mais notre seule récréation fut la ré-
ception que le premier ministre nous
avait réservée dans ses appartements
privés avec une parfaite bonne grâce
» Nous avons, dans les entretiens,
abordé tous les sujets. Ce n'est pas un
tour d'horizon auquel nous nous som-
mes livrés, c'est un véritable tour du
monde que nous avons accompli et par-
tout nous avons rencontré les Anglais.
» Je ne vous livrerai pas le détail
de la discussion, mais j'ai la grande
joie de vous dire que, sur tous les su-
jets, nous sommes en parfait accord
avec nos collègues britanniques.
» Nous nous rejouissons infiniment
— nous en étions du reste sûrs d'avan-
ce — d'avoir constaté la pleine solida-
rité des deux gouvernements et nous
sommes de plus en plus convaincus
qu'elle est un élément essentiel de )a
paix du monde et de notre sécurité.
» La conférence qui s'achèvera de-
main atteste de la parfaite harmonie
et de la concordance de nos vues. »
(Lire la suite en troisième page)
DE RETOUR A BUCAREST
M. Titulesco invite
les Roumains à s'unir
devant la guerre imminente
Bucarest, 29 novembre. — M. Titu-
lesco est arrivé à Bucarest après un
séjour de seize mois à l'étranger.
L'ancien ministre des Affaires-étran-
gères a déclaré : « La guerre frappe
à nos portes. J'invite tous les Roumains
à s'unir devant le péril qui menace la
nation. > -
Mlle Deutsch de la Marthe
a succombé hier matin
Paris, 29 novembre. — Mlle Suzanne
Deutsch de la Meurthe est décédée ce
matin. Elle a succombé à une crise
cardiaque aiguë.
Avéc Mlle Deutsch de la Meurthe,
l'aviation perd une mécène généreuse,
fondatrice de la célèbre coupe de vi-
tesse qui porte son nom.
Mlle Deutsch de la Meurthe était
présidente du club Roland Garros. El-
le dirigeait également la section fémi-
n:ne de l'Aéro-Club.
LA POLITIQUE
Choc en retour
Paris, 29 novembre. — Nous di-
sions, l'autre jour, à propos de la que-
relle socialiste-communiste sur l'unité,
que les partis ne se jouent pas impu-
nément entre eux de mauvais tours.
Certes, on comprend fort bien que
les socialistes S.F.I.O. n'envisagent
pas de gaieté de cœur le noyautage
de leurs sections, le sabotage de leurs
fédérations, sections et fédérations qu'ils
ont eu tant de mal à reconstituer après
Tours. On comprend également qu'ils
soient troublés par le spectacle que
donne l'avidité des communistes au sein
de la C.G. T., proclamant, sans même
se donner la peine de dissimuler leurs
desseins : « Toutes les place et tout
de suite ! » et qu'ils soient inquiets
à l'idée que le sort réservé aux an-
ciens confédérés devienne le leur, au
lendemain de l'unité, qu'ils soient ré-
duits, délogés de partout, chassés de
leurs fiefs réputés inexpugnables, au
rôle de parents ruinés, d indésirables,
de gêneurs que l'on tolère encore un
peu au bout de la banquette, en at-
tendant d'être précipités par terre.
Tel est le tableau qu'ont brossé, à
la C.A.P., ceu:: que préoccupe l'ave-
nir du parti socialiste et qui ont cru
trouver, dans les rodomontaees de M.
Dimitrov, aussi bien que dans les atta-
ques dirigées contre leurs chefs par
l'extrême gauche, comme un avant-
goût de la sauce à laquelle ils pensent
qu'ils seront mangés, s'ils persistent à
vouloir « introduire le loup dans la
bergerie ». Mais il y a quelque chose
que personne n'a dit et qui vaut d'être
dit, c'est que, sans qu'il ait été ques-
ti.., au préalable, d'unité simple mais
simplement de rassemblemer.., les socia-
listes S. F.I. O. n'ont pas toujours fait
montre, à l'égard de partis ou d'hom-
mes avec qui ils s'étaient alliés, de pro-
cédés sans reproche.
Il est humain d. ne voir que le mal
que l'on vous fait et d'ignorer celui
que l'on fait soi-même.
Sur toute la période venant de 1924
au 6 février 1934, il y aurait beaucoup
à dire. On pourrait l'oublier ou l'inté-
grer dans l'histoire, ce qui revient au
même, si des événements récents ne
portaient en eux un enseignement que
les S.F.I.O. n'auraient pas dû mécon-
naître. Dans ce qui leur arrive aujour-
d'hui et qui est grave — car on va
probablement assister au recommence-
ment de ces l'ittes qui emplirent les
annales de la politique pendant les
dernières années — il y a bien quelque
chose qui ressemble à un choc en re-
tour.
FRANCISQUE LAURENT.
A LA DIXIÈME CHAMBRE
Au procès de La Rocque
reprise mouvementée
et souvent pathétique
M. Pozzo di Borgo, extrait de la Santé,
a longuement déposé avec passion
Le général Duseigneur a été entendu
Le colonel de La Rocque à l'audience, entre ses avocats
Paris, 29 novembre. — Bien avant
l'heure prévue pour l'ouverture de l'au-
dience particulière l'animation régnait
dans les couloirs du palais de justice
et plus spécialement aux abords de la
10e chambre.
La surveillance avait été partout
renforcée.
Extrait de la Santé, le duc Pozzo di
Borgo qu'escortaient le commissaire
aux délégations judiciaires Badin et
deux inspecteurs de la Sûreté, est arri-
vé au palais à midi, c'est-à-dire une
heure avant celle fixée pour l'ouver-
ture de l'audience.
Au moment de l'ouverture des débats,
il prend place à côté du commissaire
Badin. On note l'absence de MM. Léon
Daudet et Charles Maurras.
M. Pujo est présent et annonce que
M. Léon Daudet. viendra aujourd'hui
et fera une déclaration.
Me Zévaès. retenu comme avocat aux
assises s'excuse de pe pouvoir venir
s'asseoir sur le banc des prévenus.
Entouré d'avocats sympathisants, le
colonel de La Rocque a pris place de-
vant ses conseils.
Une lettre de M. Marchandeau
Le président François annonce que
M. Marchandeau, ancien ministre, qu'on
croyait entendre au sujet des propos
que lui avait prêtés M. Lémery au su-
jet de M. de La Rocque, ne viendra
pas.
Toutefois, dans une lettre, M. Mar-
chandeau proteste contre les paroles
rapportées par M. Lémery. Il déclare
qu'il n'a jamais dit à M. Lémery par-
lant de M. de La Rocque : « M. de La
Rocque comprend et je l'ai bien en
mains. a>
M. Lémery, debout au milieu de la
salle, demande à être entendu à nou-
veau.
L'intervention du défenseur
du colonel Guillaume
Il ne le sera pas tout de suite, car
voici que se lève Me Beineix, avocat
du colonel Guillaume. Me Beineix lit
des conclusions qui tendent à l'acquit-
tement de son client sous prétexte qu'il
a agi de bonne foi et dans l'intérêt pu-
blic. Subsidiairement. et si le tribunal
jugeait cet acquittement impossible, dès
maintenant M* Beineix demande qu'il
plaise à celui-ci de se déclarer incom-
pétent en vue du, renvoi de l'affaire
devant les assises.
Le tribunal se rpfire pour délibérer
sur ces conclusions qu'il liécide"de'ren-
voyer au fond. -
La défense, lors de la dernière au-
dience, avait fait état d'une lettre de
Mme Doumergue, veuve de l'ancien pré-
sident de la République, sévère pour
M. de La Rocque.
Me Creyssel, un des avocats de M.
de La Rocque, donne lecture d'une let-
tre de Mlle Françoise Doumergue, fille
de l'ancien chef d'Etat. Mlle Doumer-
gue proteste que son père a toujours
eu pour le P.S.F. et son chef la plus
vive sympathie. ,
M. Lémery maintient
sa précédente déposition
M. Lémerey s'avance ensuite à la
barre. Il déclare' que M. Marchandeau
à qui il avait soumis le témoignage
écrit qu'il avait adressé lors du procès
de Lyon, relativement à son propos
concernant M. de La Rocque, s'en est
montré satisfait.
— Il m'a dit : « Je croyais que vous
vouliez me faire dire que j'avais remis
de l'argent à de La Rocque ». Je lui al
répondu que comme il ne m'avait pas
dit cela, je ne pouvais le répéter, en-
suite M. Marchandeau essaya de le
dissuader de venir témoigner.
M. Lémery répète ce qu'il a dit. M.
Marjchandeau croit lui avoir dit : « La
Rocque est compréhensif de la situa-
tion.
M. Lémery. — Mais ma mémoire est
fidèle et je soutiens que les paroles de
M. Marchandeau sont bien celles que
j'ai rappelées.
M. Courmes, le colonel Langevin, an-
ciens camarades de M. de La Rocque
à Saint-Cyr, viennent affirmer que ja-
mais leur camarade n'a été considéré
comme un menteur, ainsi qu'on l'a
prétendu.
M. Pozzo di Borgo
aux prises avec un témoin
M. Chantreau, architecte diplôme,
déclare que le 21 mai, c'est-à-dire an-
térieurement à l'unique entrevue que
M. Pozzo di Borgo prétend avoir eue
avec M. Tardieu, il l'aurait entendu
dire à la table d'un hôtel de Château-
roux : « La Rocque a touché. M. Tar-
dieu me l'a dit ».
M. Chantreau. — Il a ajouté : « J'ai-
me mieux crever que de voir La Rocque
réussir..
Il a dit encore : « Ne vous en faites
pas, j'aurai sa peau. » M. Pozzo di
Borgo s'adressait au serveur et parais-
sait furieux.
M. Pozzo di Borgo se lève. Il compli-
mente le témoin sur ses facultés audi-
tives et déclare qu'il se souvient fort
bien avoir parlé au serveur en question
et lui avoir dit que M. Tardieu avait
affirmé que La Rocque avait touché
des fonds secrets, mais il n'a pas dit
que ces propos lui avaient été tenus, à
lui, car à cette époque il ne connais-
sait pas encore M. Tardieu.
M. Chopine
M. Chopine, ancien membre du P.S.F
et qui a mené contre M. de La Rocque
une campagne qui fit du bruit, vient
justifier cette campagne en affirmant
qu'il a quitté les Croix de feu lorsqu'il
a acquis la conviction que leur chef
préparait le lit du fascisme. Il dresse
contre son ancien chef un virulent ré-
quisitoire.
Me Creyssel, avocat de M. de La
Rocque. — Si vous teniez de La Rocque
pour un menteur et un poltron, pour-
quoi êtes-vous resté parmi les Croix
de feu ?
M. Chopine. — Parce qu'il y avait
autre chose que de La Rocque, les an-
ciens combattants.
La guerre de Chine
Les lignes chinoises
seraient enfoncées
sur la route de Nankin
Le gouvernement italien
reconnaît le Mantcheoukouo
L U.R.S.S. mobilise à la frontière mongole
Aux environs de Tien Tsing, les troupes japonaises s'apprêtent à se lancer
à l'attaque
Changhaï, 29 novembre. — Le porte-
pauole de l'armée japonaise a fait la
déclaration suivante à la presse :
« Les troupes japonaises se sont em-
parées de Ising, complétant ainsi l'oc-
cupation de toutes les rives du lac Tai-
hou dont elles contrôlent entièrement
les eaux. Par ailleurs, les troupes ja-
ponaises ont occupé Outdin, au sud-
ouest de Kiang-Yin et pris la ville de
Kiang-Yin dont les Chinois continuent
à défendre les forts.
» La ligne chinoise de résistance en-
tre Kiang-Yin et le lac Taihou est
complètement rompue. »
Les Nippons s'emparent
de Tchang-Tcheou
Changhaï, 29 novembre. — Le com-
muniqué officiel japonais annonce au-
jourd'hui que les troupes nippones se
sont emparées de Tchang-Tchéou, à
mi-chemin entre Changhaï et Nankin.
(Lire la suite en troisième page)
LE COMPLOT
CONTRE LA RÉPUBLIQUE
L'ENQUÊTE
N'A APPORTÉ HIER
AUCUN RÉSULTAT
TANGIBLE
Un jeune homme
dont l'identité
est tenue secrète
est arrêté à Paris
Paris, 29 novembre. — La Sûreté na-
tionale, après une courte pause pour
le repos dominical a repris son enquête
et les perquisitions.
Plusieurs opérations ont été effectuées
dans la matinée sans apporter de ré-
sultat tangible.
Ce matin, les inspecteurs ont conduit
rue des Saussaies un jeune homme chez
lequel ils avaient découvert trois fusils.
Les enquêteurs observent jusqu'à
présent la plus grande discrétion sur
l'identité de l'homme et le résultat de
son interrogatoire.
Par ailleurs, on découvre souvent
dans les rues, les terrains vagues et
les champs, des armes et des muni-
tions dont les possesseurs ont jugé bon
de se débarrasser. C'est ainsi qu'on a
trouvé des cartouches à Tours et à
Abancourt ; des fusils à Saint-Ger-
main, à Herblay; à Neuilly deux obus,
rue Léonard-de-Vinci ; une bombe près
du commissariat de police de Chau-
mont.
Une scierie dans laquelle
on avait perquisitionné
est la proie des flammes
Dieppe, 29 novembre. — Ce matin,
vers 3 heures, un incendie s'est déclaré
dans une usine de scierie mécanique à
Arques-la-Bataille dans laquelle une
perquisition avait été effectuée samedi
sans succès.
La malveillance paraît ne faire aucun
doute car il n'y avait aucun feu dans
l'usine qui était fermée depuis jeudi.
« Normandie »
arrive au Havre
avec 51 barils d'or
Le Havre, 29 novembre. — Le paque-
bot « Normandie » est arrivé cet après-
midi. Il a apporté pour la Banque de
France cinquante et un barils d'or re-
présentant une valeur- de cent cinquan-
te millions de francs.
Quatre ans après le drame
du Crédit marseillais de Bel-Abbès
Accusé de triple assassinat
Lalout comparaît aujourd'hui
devant la cour d'Orléansville
6
L'AFFAIRE AVAIT ÉTÉ RENVOYÉE PAR SUITE
DE LA DÉFAILLANCE DES PRINCIPAUX TÉMOINS
ET POUR PERMETTRE L'EXAMEN DES PROJECTILES
Lalout oel Abbés dans le box des accuses, lors de l'audience du 24 février 937
L'on se souvient des faits qui, le
23 février 1934, bouleversèrent la co-
quette ville de Sidi-bel-Abbès et pro-
duisirent une puissante émotion dans
l'Algérie entière : vers 18 h. 20, rue du
Sultan-Mohammed, proche de la place
Carnot, éclataient plusieurs coups de
feu provenant de la succursale de la
Société marseillaise de crédit. Des pas-
sants se précipitèrent à l'intérieur des
locaux et y trouvèrent les cadavres de
M. Lucien Schittenhelm, directeur, Emi-
lien Maussac, chef des titres, Grignard,
concierge, ætnsi qu'un ancien employé
de l'établissement, Lalout Belabbès ould
Abderrahmane, alors âgé de vint-six
ans, grièvement blessé d'une balle au
ventre.
Après instruction de M. le juge Sut-
ter et de M. le procureur de la Répu-
blique Dupuis, Lalout fut inculpé, le
25 février, de tentative de vol qualifié
et de triple homicide volontaire.
L'accusation est basée sur ce que,
dès le premier coup de feu, une de-
moiselle Henriètte Martinez, qui se
trouvait en compagnie de son fiancé
dans la loge du concierge Grignard, se
précipita en criant : « Au secours ! »
à la porte des bureaux de l'agence et
affirma n'en avoir vu sortir personne
ni pendant ni après le drame.
L'accusation fait également état des
premières constatations, au cours des-
quelles les magistrats enquêteurs trou-
vèrent près du cadavre de M. Schit-
tenhelm un pistolet automatique M.A.B.
et à la droite de Lalout un pistolet
automatique Herstal F.N., tous deux du
calibre de 6 mm. 35, ayant tiré et con-
tenant encore des cartouches de même
marque. Dix cartouches semblables fu-
rent trouvées dans une poche intérieu-
re de la veste de Lalout.
Lalout n'a cessé de protester de son
innocence. Il a déclaré que le soir du
drame il se trouvait devant la Société
Marseillaise attendant un ami, quand
il entendit les coups de feu. Il se pré-
cipita dans l'établissement où il vit
le corps du directeur étendu à terre
et deux Individus masqués et vêtus de
gris. C'est à ce moment qu'il reçut la
balle qui l'a grièvement blessé.
L'audience du 24 février 1937
C'est en cet état que l'affaire est
venue une première fois le 24 février
dernier, devant les juges de la cour cri-
minelle d'Orléansville; la suspicion lé-
gitime ayant été préalablement rete-
nue à l'égard de la cour de Sidi-bel-
Abbès devant laquelle les débats se se-
raient sans cela déroulés.
Elle n'y a d'ailleurs occupé qu'une
seule audience.
En effet certains témoins sont dé-
faillants, notamment Mlle Martinez et
son ex-fiancé le légionnaire Kromaner,
à la déposition desquels la défense at-
tache une grande importance.
D'autre part, le professeur Giraud
de la faculté d'Alger, chargé d'exper-
tiser les balles tirées, celles restées dans
les armes, celles trouvées dans la poche
de l'accusé et celle extraite du corps
de Lalout, a déclaré n'avoir pu iden-
tifier cette dernière.
Et l'on comprend cependant l'inté-
rêt d'une telle mesure.-. L'expertise 'de
M. le professeur Giraud sur les quatre
balles extraites des corps des trois vic-
times, a démontré que ces balles
avaient été tirées par le revolver F.N.
que l'accusation attribue à Lalout. SJ
cette balle extraite du corps de l'ac-
cusé était elle aussi sortie de ce revol-
ver, ce serait la proclamation de l'in-
nocence de Lalout.
Enfin la défense a insisté pour ob-
tenir que certains témoins soient en-
tendus afin d'établir l'importance de
la fortune d'une des victimes, le con-
cierge Grignard et les conditions dans
lesquelles une partie de son avoir au-
rait disparu quelques heures avant le
drame.
Sur chacun de ces trois points, dee
conclusions sont déposées auxquelles la
cour, composée des magistrats seule-
ment, fait droit par trois arrêts dis-
tincts aux termes desquels :
F. HUGUES.
(Lire la suite en troisième page)
A ALGER
M. Albert Sarraut
présidera en avril
le congrès des A. C.
- nord-africains
Paris, 29 novembre. — Répondant à
l'invitation qui lui a été faite aujour-
d'hui par les délégués de l'Afrique du
Nord au Conseil national des anciens
combattants, MM. Battesti et Canne-
bot n. qui lui ont été présentés par les
députés d'Alger MM. Fiori, Guastavino
et Régis, le président Albert Sarraut,
ministre d'Etat, chargé de la coordina-
tion des affaires nord-africaines, a ac-
cepté de se rendre en Algérie en avril
prochain pour y présider le Congrès de
l'Interfédération nord-africaine des an-
ciens combattants et victimes de la
guerre.
La délégation a remis en outre au
ministre d'Etat une motion de linter-
fédération votée au Conseil national et
relative à la situation générale en Afri-
que du Nord. MM. Battesti et Canne-
botin ont particulièrement insisté sur
les mesures destinées à venir en aide
aux indigènes et l'ancien président du
Conseil a promis d'examiner avec la plus
large bienveillance cette intervention
généreuse et humainé de l'Interfédéra-
tion en faveur des musulmans français.
LcC guerre d'Espagne
Franco va déclencher
sa grande offensive
vers le 10 décembre
1.000 avions, 1.500 pièces d'artillerie
sont concentrés sur un seul front
Les pourparlers d'armistice
pourraient aboutir d'ici là
Des miliciens retranchés dans un sentier s'opposent à une action locale
des troupes nationalistes
Hendaye, 29 novembre. — La nou-
velle parvient que les forces nationa-
listes ont l'intention de lancer, le 10
décembre, la grande offensive trois fois
ajournée. Malgré la saison, le com-
mandement en attend les plus grands
résultats. Les fronts principaux ont été
renforcés par l'arrivée de 50.000 à 75.003
hommes de troupes fraîches et bien
entraînées rendus disponibles par la
conquête des provinces du nord. Le
général Franco a, dit-on, plus de 1.000
avions à sa disposition et 1.500 pièces
d'artillerie seraient concentrées sur un
des fronts.
Tout est prêt depuis déjà quelques
semaines et si l'ordre d'attaque n'a pas
été donné c'est que, malgré les dé-
mentis, des négociations avaient lieu
entre nationaux et gouvernementaux.
Les rouges auraient, en effet, pris
l'initiative de faire savoir au général
Franco qu'ils étaient prêts, sous certai-
nes conditions, de conclure l'armistice.
La seule réponse qu'ils reçurent lut
qu'avant toute discussion ils devaient
remettre en mains neutres les 7.000.000
de livres sterling (1 milliard de francs)
de la réserve d'or espagnole saisie par
le gouvernement dès le début de la
guerre civile.
Les chefs gouvernementaux répondi-
rent par un refus, ce qui signifie pro-
bablement qu'ils n'ont plus cet or dont
la majeure partie est passée en Russie,
mais ils offrirent en échange d'aban-
donner aux nationalistes tout l'arme-
ment soviétique dont leurs troupes
sont maintenant presqu'exclusivement
équipées. Le général Franco n'aurait
pas pris en considération cette offre
et les chances de voir aboutir l'armisti-
ce seraient maintenant minimes. TNéan-
moins, le délai de douze jours jusqu'au
10 décembre assigné à l'offensive esti-
mée définitive, laisse encore penser
que les pourparlers ne sont pas défini-
tivement rompus.
Un bombardement aérien
fait 40 morts
Madrid, 29 novembre. — Les avions
insurgés ont bombardé à nouveau ce
matin la ville de Guadalajara, provo-
quant. plus de 40 morts.
(Lire la suite en troisième page)
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Le tour du monde entrepris
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sont aujourd'hui les hôtes du roi George
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belle matinée, trois voitures ont ame-
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laborateurs à Downing-Street et les
conversations anglo-françaises ont com-
mencé ponctuellement à 11 heures. A
13 heures les membres de la conféren
ce ont déjeuné avec M. Chamberlain
sans quitter l'immeuble et les conver-
sations se sont poursuivies pour ainsi
dire sans discontinuer jusqu'à la fin de
l'après-midi.
Du côté français la délégation com-
prend MM. Chautemps, Delbos, Corbin,
Léger, Massigli et de Margerie qui as-
sure les fonctions d'interprète ; du cô-
té anglais MM. Chamberlain, Eden, sir
Robert Vansittart, lord Halifax, sir
Orme Sargeaut, sous-secrétaire d'Etat
adjoint aux Affaires étrangères; Straug,
chef de la section Europe centrale.
Au déjeuner, assistaient en outre,
eir John Simon lord Hailsham, sir
Thomas Inskip.
Le déjeuner qui devait avoir lieu à
l'ambassade de France demain a été
supprimé en raison de l'invitation
adressée par le roi George VI à MM
Chautemps, Delbos, Chamberlain et
Eden à déjeuner avec lui ce jour-là.
Il y aura probablement quelques autres
convives, mais la liste n'en est pas en-
core publiée.
Ce déjeuner a été l'occasion de nou-
velles conversations et s'est accom-
pagné d'une seconde conférence qui a
pris fin vers 18 heures.
« Nous sommes en parfait
accord » déclare
M. Camille Chautemps
Recevant les journalistes à l'ambas-
sade de France à l'issue des entretiens
de Downing-Street, M. Camille Chau-
temps leur a fait ce soir les déclara-
tions suivantes :
--'te- «a puis que me féliciter de la
cordialité de l'accueil que nous avons
reçu du gouvernement britannique.
» Mais la conférence n'est pas ter-
minée et, pour rester correct, je doia
me montrer réservé.
» Nos entretiens commencés ce ma-
tin à 11 heures se sont prolongés jus-
qu'à 19 heures. Vous le voyez, noua
avons été particulièrement studieux,
mais notre seule récréation fut la ré-
ception que le premier ministre nous
avait réservée dans ses appartements
privés avec une parfaite bonne grâce
» Nous avons, dans les entretiens,
abordé tous les sujets. Ce n'est pas un
tour d'horizon auquel nous nous som-
mes livrés, c'est un véritable tour du
monde que nous avons accompli et par-
tout nous avons rencontré les Anglais.
» Je ne vous livrerai pas le détail
de la discussion, mais j'ai la grande
joie de vous dire que, sur tous les su-
jets, nous sommes en parfait accord
avec nos collègues britanniques.
» Nous nous rejouissons infiniment
— nous en étions du reste sûrs d'avan-
ce — d'avoir constaté la pleine solida-
rité des deux gouvernements et nous
sommes de plus en plus convaincus
qu'elle est un élément essentiel de )a
paix du monde et de notre sécurité.
» La conférence qui s'achèvera de-
main atteste de la parfaite harmonie
et de la concordance de nos vues. »
(Lire la suite en troisième page)
DE RETOUR A BUCAREST
M. Titulesco invite
les Roumains à s'unir
devant la guerre imminente
Bucarest, 29 novembre. — M. Titu-
lesco est arrivé à Bucarest après un
séjour de seize mois à l'étranger.
L'ancien ministre des Affaires-étran-
gères a déclaré : « La guerre frappe
à nos portes. J'invite tous les Roumains
à s'unir devant le péril qui menace la
nation. > -
Mlle Deutsch de la Marthe
a succombé hier matin
Paris, 29 novembre. — Mlle Suzanne
Deutsch de la Meurthe est décédée ce
matin. Elle a succombé à une crise
cardiaque aiguë.
Avéc Mlle Deutsch de la Meurthe,
l'aviation perd une mécène généreuse,
fondatrice de la célèbre coupe de vi-
tesse qui porte son nom.
Mlle Deutsch de la Meurthe était
présidente du club Roland Garros. El-
le dirigeait également la section fémi-
n:ne de l'Aéro-Club.
LA POLITIQUE
Choc en retour
Paris, 29 novembre. — Nous di-
sions, l'autre jour, à propos de la que-
relle socialiste-communiste sur l'unité,
que les partis ne se jouent pas impu-
nément entre eux de mauvais tours.
Certes, on comprend fort bien que
les socialistes S.F.I.O. n'envisagent
pas de gaieté de cœur le noyautage
de leurs sections, le sabotage de leurs
fédérations, sections et fédérations qu'ils
ont eu tant de mal à reconstituer après
Tours. On comprend également qu'ils
soient troublés par le spectacle que
donne l'avidité des communistes au sein
de la C.G. T., proclamant, sans même
se donner la peine de dissimuler leurs
desseins : « Toutes les place et tout
de suite ! » et qu'ils soient inquiets
à l'idée que le sort réservé aux an-
ciens confédérés devienne le leur, au
lendemain de l'unité, qu'ils soient ré-
duits, délogés de partout, chassés de
leurs fiefs réputés inexpugnables, au
rôle de parents ruinés, d indésirables,
de gêneurs que l'on tolère encore un
peu au bout de la banquette, en at-
tendant d'être précipités par terre.
Tel est le tableau qu'ont brossé, à
la C.A.P., ceu:: que préoccupe l'ave-
nir du parti socialiste et qui ont cru
trouver, dans les rodomontaees de M.
Dimitrov, aussi bien que dans les atta-
ques dirigées contre leurs chefs par
l'extrême gauche, comme un avant-
goût de la sauce à laquelle ils pensent
qu'ils seront mangés, s'ils persistent à
vouloir « introduire le loup dans la
bergerie ». Mais il y a quelque chose
que personne n'a dit et qui vaut d'être
dit, c'est que, sans qu'il ait été ques-
ti.., au préalable, d'unité simple mais
simplement de rassemblemer.., les socia-
listes S. F.I. O. n'ont pas toujours fait
montre, à l'égard de partis ou d'hom-
mes avec qui ils s'étaient alliés, de pro-
cédés sans reproche.
Il est humain d. ne voir que le mal
que l'on vous fait et d'ignorer celui
que l'on fait soi-même.
Sur toute la période venant de 1924
au 6 février 1934, il y aurait beaucoup
à dire. On pourrait l'oublier ou l'inté-
grer dans l'histoire, ce qui revient au
même, si des événements récents ne
portaient en eux un enseignement que
les S.F.I.O. n'auraient pas dû mécon-
naître. Dans ce qui leur arrive aujour-
d'hui et qui est grave — car on va
probablement assister au recommence-
ment de ces l'ittes qui emplirent les
annales de la politique pendant les
dernières années — il y a bien quelque
chose qui ressemble à un choc en re-
tour.
FRANCISQUE LAURENT.
A LA DIXIÈME CHAMBRE
Au procès de La Rocque
reprise mouvementée
et souvent pathétique
M. Pozzo di Borgo, extrait de la Santé,
a longuement déposé avec passion
Le général Duseigneur a été entendu
Le colonel de La Rocque à l'audience, entre ses avocats
Paris, 29 novembre. — Bien avant
l'heure prévue pour l'ouverture de l'au-
dience particulière l'animation régnait
dans les couloirs du palais de justice
et plus spécialement aux abords de la
10e chambre.
La surveillance avait été partout
renforcée.
Extrait de la Santé, le duc Pozzo di
Borgo qu'escortaient le commissaire
aux délégations judiciaires Badin et
deux inspecteurs de la Sûreté, est arri-
vé au palais à midi, c'est-à-dire une
heure avant celle fixée pour l'ouver-
ture de l'audience.
Au moment de l'ouverture des débats,
il prend place à côté du commissaire
Badin. On note l'absence de MM. Léon
Daudet et Charles Maurras.
M. Pujo est présent et annonce que
M. Léon Daudet. viendra aujourd'hui
et fera une déclaration.
Me Zévaès. retenu comme avocat aux
assises s'excuse de pe pouvoir venir
s'asseoir sur le banc des prévenus.
Entouré d'avocats sympathisants, le
colonel de La Rocque a pris place de-
vant ses conseils.
Une lettre de M. Marchandeau
Le président François annonce que
M. Marchandeau, ancien ministre, qu'on
croyait entendre au sujet des propos
que lui avait prêtés M. Lémery au su-
jet de M. de La Rocque, ne viendra
pas.
Toutefois, dans une lettre, M. Mar-
chandeau proteste contre les paroles
rapportées par M. Lémery. Il déclare
qu'il n'a jamais dit à M. Lémery par-
lant de M. de La Rocque : « M. de La
Rocque comprend et je l'ai bien en
mains. a>
M. Lémery, debout au milieu de la
salle, demande à être entendu à nou-
veau.
L'intervention du défenseur
du colonel Guillaume
Il ne le sera pas tout de suite, car
voici que se lève Me Beineix, avocat
du colonel Guillaume. Me Beineix lit
des conclusions qui tendent à l'acquit-
tement de son client sous prétexte qu'il
a agi de bonne foi et dans l'intérêt pu-
blic. Subsidiairement. et si le tribunal
jugeait cet acquittement impossible, dès
maintenant M* Beineix demande qu'il
plaise à celui-ci de se déclarer incom-
pétent en vue du, renvoi de l'affaire
devant les assises.
Le tribunal se rpfire pour délibérer
sur ces conclusions qu'il liécide"de'ren-
voyer au fond. -
La défense, lors de la dernière au-
dience, avait fait état d'une lettre de
Mme Doumergue, veuve de l'ancien pré-
sident de la République, sévère pour
M. de La Rocque.
Me Creyssel, un des avocats de M.
de La Rocque, donne lecture d'une let-
tre de Mlle Françoise Doumergue, fille
de l'ancien chef d'Etat. Mlle Doumer-
gue proteste que son père a toujours
eu pour le P.S.F. et son chef la plus
vive sympathie. ,
M. Lémery maintient
sa précédente déposition
M. Lémerey s'avance ensuite à la
barre. Il déclare' que M. Marchandeau
à qui il avait soumis le témoignage
écrit qu'il avait adressé lors du procès
de Lyon, relativement à son propos
concernant M. de La Rocque, s'en est
montré satisfait.
— Il m'a dit : « Je croyais que vous
vouliez me faire dire que j'avais remis
de l'argent à de La Rocque ». Je lui al
répondu que comme il ne m'avait pas
dit cela, je ne pouvais le répéter, en-
suite M. Marchandeau essaya de le
dissuader de venir témoigner.
M. Lémery répète ce qu'il a dit. M.
Marjchandeau croit lui avoir dit : « La
Rocque est compréhensif de la situa-
tion.
M. Lémery. — Mais ma mémoire est
fidèle et je soutiens que les paroles de
M. Marchandeau sont bien celles que
j'ai rappelées.
M. Courmes, le colonel Langevin, an-
ciens camarades de M. de La Rocque
à Saint-Cyr, viennent affirmer que ja-
mais leur camarade n'a été considéré
comme un menteur, ainsi qu'on l'a
prétendu.
M. Pozzo di Borgo
aux prises avec un témoin
M. Chantreau, architecte diplôme,
déclare que le 21 mai, c'est-à-dire an-
térieurement à l'unique entrevue que
M. Pozzo di Borgo prétend avoir eue
avec M. Tardieu, il l'aurait entendu
dire à la table d'un hôtel de Château-
roux : « La Rocque a touché. M. Tar-
dieu me l'a dit ».
M. Chantreau. — Il a ajouté : « J'ai-
me mieux crever que de voir La Rocque
réussir..
Il a dit encore : « Ne vous en faites
pas, j'aurai sa peau. » M. Pozzo di
Borgo s'adressait au serveur et parais-
sait furieux.
M. Pozzo di Borgo se lève. Il compli-
mente le témoin sur ses facultés audi-
tives et déclare qu'il se souvient fort
bien avoir parlé au serveur en question
et lui avoir dit que M. Tardieu avait
affirmé que La Rocque avait touché
des fonds secrets, mais il n'a pas dit
que ces propos lui avaient été tenus, à
lui, car à cette époque il ne connais-
sait pas encore M. Tardieu.
M. Chopine
M. Chopine, ancien membre du P.S.F
et qui a mené contre M. de La Rocque
une campagne qui fit du bruit, vient
justifier cette campagne en affirmant
qu'il a quitté les Croix de feu lorsqu'il
a acquis la conviction que leur chef
préparait le lit du fascisme. Il dresse
contre son ancien chef un virulent ré-
quisitoire.
Me Creyssel, avocat de M. de La
Rocque. — Si vous teniez de La Rocque
pour un menteur et un poltron, pour-
quoi êtes-vous resté parmi les Croix
de feu ?
M. Chopine. — Parce qu'il y avait
autre chose que de La Rocque, les an-
ciens combattants.
La guerre de Chine
Les lignes chinoises
seraient enfoncées
sur la route de Nankin
Le gouvernement italien
reconnaît le Mantcheoukouo
L U.R.S.S. mobilise à la frontière mongole
Aux environs de Tien Tsing, les troupes japonaises s'apprêtent à se lancer
à l'attaque
Changhaï, 29 novembre. — Le porte-
pauole de l'armée japonaise a fait la
déclaration suivante à la presse :
« Les troupes japonaises se sont em-
parées de Ising, complétant ainsi l'oc-
cupation de toutes les rives du lac Tai-
hou dont elles contrôlent entièrement
les eaux. Par ailleurs, les troupes ja-
ponaises ont occupé Outdin, au sud-
ouest de Kiang-Yin et pris la ville de
Kiang-Yin dont les Chinois continuent
à défendre les forts.
» La ligne chinoise de résistance en-
tre Kiang-Yin et le lac Taihou est
complètement rompue. »
Les Nippons s'emparent
de Tchang-Tcheou
Changhaï, 29 novembre. — Le com-
muniqué officiel japonais annonce au-
jourd'hui que les troupes nippones se
sont emparées de Tchang-Tchéou, à
mi-chemin entre Changhaï et Nankin.
(Lire la suite en troisième page)
LE COMPLOT
CONTRE LA RÉPUBLIQUE
L'ENQUÊTE
N'A APPORTÉ HIER
AUCUN RÉSULTAT
TANGIBLE
Un jeune homme
dont l'identité
est tenue secrète
est arrêté à Paris
Paris, 29 novembre. — La Sûreté na-
tionale, après une courte pause pour
le repos dominical a repris son enquête
et les perquisitions.
Plusieurs opérations ont été effectuées
dans la matinée sans apporter de ré-
sultat tangible.
Ce matin, les inspecteurs ont conduit
rue des Saussaies un jeune homme chez
lequel ils avaient découvert trois fusils.
Les enquêteurs observent jusqu'à
présent la plus grande discrétion sur
l'identité de l'homme et le résultat de
son interrogatoire.
Par ailleurs, on découvre souvent
dans les rues, les terrains vagues et
les champs, des armes et des muni-
tions dont les possesseurs ont jugé bon
de se débarrasser. C'est ainsi qu'on a
trouvé des cartouches à Tours et à
Abancourt ; des fusils à Saint-Ger-
main, à Herblay; à Neuilly deux obus,
rue Léonard-de-Vinci ; une bombe près
du commissariat de police de Chau-
mont.
Une scierie dans laquelle
on avait perquisitionné
est la proie des flammes
Dieppe, 29 novembre. — Ce matin,
vers 3 heures, un incendie s'est déclaré
dans une usine de scierie mécanique à
Arques-la-Bataille dans laquelle une
perquisition avait été effectuée samedi
sans succès.
La malveillance paraît ne faire aucun
doute car il n'y avait aucun feu dans
l'usine qui était fermée depuis jeudi.
« Normandie »
arrive au Havre
avec 51 barils d'or
Le Havre, 29 novembre. — Le paque-
bot « Normandie » est arrivé cet après-
midi. Il a apporté pour la Banque de
France cinquante et un barils d'or re-
présentant une valeur- de cent cinquan-
te millions de francs.
Quatre ans après le drame
du Crédit marseillais de Bel-Abbès
Accusé de triple assassinat
Lalout comparaît aujourd'hui
devant la cour d'Orléansville
6
L'AFFAIRE AVAIT ÉTÉ RENVOYÉE PAR SUITE
DE LA DÉFAILLANCE DES PRINCIPAUX TÉMOINS
ET POUR PERMETTRE L'EXAMEN DES PROJECTILES
Lalout oel Abbés dans le box des accuses, lors de l'audience du 24 février 937
L'on se souvient des faits qui, le
23 février 1934, bouleversèrent la co-
quette ville de Sidi-bel-Abbès et pro-
duisirent une puissante émotion dans
l'Algérie entière : vers 18 h. 20, rue du
Sultan-Mohammed, proche de la place
Carnot, éclataient plusieurs coups de
feu provenant de la succursale de la
Société marseillaise de crédit. Des pas-
sants se précipitèrent à l'intérieur des
locaux et y trouvèrent les cadavres de
M. Lucien Schittenhelm, directeur, Emi-
lien Maussac, chef des titres, Grignard,
concierge, ætnsi qu'un ancien employé
de l'établissement, Lalout Belabbès ould
Abderrahmane, alors âgé de vint-six
ans, grièvement blessé d'une balle au
ventre.
Après instruction de M. le juge Sut-
ter et de M. le procureur de la Répu-
blique Dupuis, Lalout fut inculpé, le
25 février, de tentative de vol qualifié
et de triple homicide volontaire.
L'accusation est basée sur ce que,
dès le premier coup de feu, une de-
moiselle Henriètte Martinez, qui se
trouvait en compagnie de son fiancé
dans la loge du concierge Grignard, se
précipita en criant : « Au secours ! »
à la porte des bureaux de l'agence et
affirma n'en avoir vu sortir personne
ni pendant ni après le drame.
L'accusation fait également état des
premières constatations, au cours des-
quelles les magistrats enquêteurs trou-
vèrent près du cadavre de M. Schit-
tenhelm un pistolet automatique M.A.B.
et à la droite de Lalout un pistolet
automatique Herstal F.N., tous deux du
calibre de 6 mm. 35, ayant tiré et con-
tenant encore des cartouches de même
marque. Dix cartouches semblables fu-
rent trouvées dans une poche intérieu-
re de la veste de Lalout.
Lalout n'a cessé de protester de son
innocence. Il a déclaré que le soir du
drame il se trouvait devant la Société
Marseillaise attendant un ami, quand
il entendit les coups de feu. Il se pré-
cipita dans l'établissement où il vit
le corps du directeur étendu à terre
et deux Individus masqués et vêtus de
gris. C'est à ce moment qu'il reçut la
balle qui l'a grièvement blessé.
L'audience du 24 février 1937
C'est en cet état que l'affaire est
venue une première fois le 24 février
dernier, devant les juges de la cour cri-
minelle d'Orléansville; la suspicion lé-
gitime ayant été préalablement rete-
nue à l'égard de la cour de Sidi-bel-
Abbès devant laquelle les débats se se-
raient sans cela déroulés.
Elle n'y a d'ailleurs occupé qu'une
seule audience.
En effet certains témoins sont dé-
faillants, notamment Mlle Martinez et
son ex-fiancé le légionnaire Kromaner,
à la déposition desquels la défense at-
tache une grande importance.
D'autre part, le professeur Giraud
de la faculté d'Alger, chargé d'exper-
tiser les balles tirées, celles restées dans
les armes, celles trouvées dans la poche
de l'accusé et celle extraite du corps
de Lalout, a déclaré n'avoir pu iden-
tifier cette dernière.
Et l'on comprend cependant l'inté-
rêt d'une telle mesure.-. L'expertise 'de
M. le professeur Giraud sur les quatre
balles extraites des corps des trois vic-
times, a démontré que ces balles
avaient été tirées par le revolver F.N.
que l'accusation attribue à Lalout. SJ
cette balle extraite du corps de l'ac-
cusé était elle aussi sortie de ce revol-
ver, ce serait la proclamation de l'in-
nocence de Lalout.
Enfin la défense a insisté pour ob-
tenir que certains témoins soient en-
tendus afin d'établir l'importance de
la fortune d'une des victimes, le con-
cierge Grignard et les conditions dans
lesquelles une partie de son avoir au-
rait disparu quelques heures avant le
drame.
Sur chacun de ces trois points, dee
conclusions sont déposées auxquelles la
cour, composée des magistrats seule-
ment, fait droit par trois arrêts dis-
tincts aux termes desquels :
F. HUGUES.
(Lire la suite en troisième page)
A ALGER
M. Albert Sarraut
présidera en avril
le congrès des A. C.
- nord-africains
Paris, 29 novembre. — Répondant à
l'invitation qui lui a été faite aujour-
d'hui par les délégués de l'Afrique du
Nord au Conseil national des anciens
combattants, MM. Battesti et Canne-
bot n. qui lui ont été présentés par les
députés d'Alger MM. Fiori, Guastavino
et Régis, le président Albert Sarraut,
ministre d'Etat, chargé de la coordina-
tion des affaires nord-africaines, a ac-
cepté de se rendre en Algérie en avril
prochain pour y présider le Congrès de
l'Interfédération nord-africaine des an-
ciens combattants et victimes de la
guerre.
La délégation a remis en outre au
ministre d'Etat une motion de linter-
fédération votée au Conseil national et
relative à la situation générale en Afri-
que du Nord. MM. Battesti et Canne-
botin ont particulièrement insisté sur
les mesures destinées à venir en aide
aux indigènes et l'ancien président du
Conseil a promis d'examiner avec la plus
large bienveillance cette intervention
généreuse et humainé de l'Interfédéra-
tion en faveur des musulmans français.
LcC guerre d'Espagne
Franco va déclencher
sa grande offensive
vers le 10 décembre
1.000 avions, 1.500 pièces d'artillerie
sont concentrés sur un seul front
Les pourparlers d'armistice
pourraient aboutir d'ici là
Des miliciens retranchés dans un sentier s'opposent à une action locale
des troupes nationalistes
Hendaye, 29 novembre. — La nou-
velle parvient que les forces nationa-
listes ont l'intention de lancer, le 10
décembre, la grande offensive trois fois
ajournée. Malgré la saison, le com-
mandement en attend les plus grands
résultats. Les fronts principaux ont été
renforcés par l'arrivée de 50.000 à 75.003
hommes de troupes fraîches et bien
entraînées rendus disponibles par la
conquête des provinces du nord. Le
général Franco a, dit-on, plus de 1.000
avions à sa disposition et 1.500 pièces
d'artillerie seraient concentrées sur un
des fronts.
Tout est prêt depuis déjà quelques
semaines et si l'ordre d'attaque n'a pas
été donné c'est que, malgré les dé-
mentis, des négociations avaient lieu
entre nationaux et gouvernementaux.
Les rouges auraient, en effet, pris
l'initiative de faire savoir au général
Franco qu'ils étaient prêts, sous certai-
nes conditions, de conclure l'armistice.
La seule réponse qu'ils reçurent lut
qu'avant toute discussion ils devaient
remettre en mains neutres les 7.000.000
de livres sterling (1 milliard de francs)
de la réserve d'or espagnole saisie par
le gouvernement dès le début de la
guerre civile.
Les chefs gouvernementaux répondi-
rent par un refus, ce qui signifie pro-
bablement qu'ils n'ont plus cet or dont
la majeure partie est passée en Russie,
mais ils offrirent en échange d'aban-
donner aux nationalistes tout l'arme-
ment soviétique dont leurs troupes
sont maintenant presqu'exclusivement
équipées. Le général Franco n'aurait
pas pris en considération cette offre
et les chances de voir aboutir l'armisti-
ce seraient maintenant minimes. TNéan-
moins, le délai de douze jours jusqu'au
10 décembre assigné à l'offensive esti-
mée définitive, laisse encore penser
que les pourparlers ne sont pas défini-
tivement rompus.
Un bombardement aérien
fait 40 morts
Madrid, 29 novembre. — Les avions
insurgés ont bombardé à nouveau ce
matin la ville de Guadalajara, provo-
quant. plus de 40 morts.
(Lire la suite en troisième page)
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