Titre : Les Droits de l'homme / fondateur Henri Deloncle
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1899-10-10
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32759074m
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Description : 10 octobre 1899 10 octobre 1899
Description : 1899/10/10 (A2,N632). 1899/10/10 (A2,N632).
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k6817813z
Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, GR FOL-LC2-5700
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 02/05/2016
. DEUXIEHE ANNEE, - r 632
■UDI 10 OCTOBRE
LES DROITS DE L’HOMME
Ordre
et Progrès par la Révolution fr anc aise
ABONNEMENTS
mm t I an, 20 fr.; • mois, 40 fr.; 3 mois, 8 fr. 80
ETRA NGER : ] an, 35 fr.; • mois, «8 fr,; 8 mois, 40 francs
RÉDACTION ET ADMINISTRATION
142
Rue Montmartre
142
US AANOSCES son mets UH n ucmu aun
• place de la Bourse, e, et aux Bureaux du .
“* MANUSCRITS NON INsénÉs NE SoNT Pas °8
TÊLÉPUOVE N loi
La Reprise du Travail au Creuset
LES
HOSTILITES IMMINENTES AU TRANSVAAL
L’arbitrage
et ses résultats
La réunion des représentants des
muvriers du Creusot et des représen-
Ania do la Campagnio, sous la prôsi-
lence de M. Waldeck-Roussean, a dé
montré, avec un succès éclatant :
1° Que l’on peut résoudre en deux
heures, par un entretien loyal, entre
hommes raisonnables, des difficultés
qui, depuis trois semaines, tenaient en
suspens une vaste et complexe organi
sation de travail.
Une population ouvrière de dix mille
personnes était en présence ou de
la famine et des dernières extrémi
tés de la lutte, ou de l’abdication
le leurs droits. Les hauts fourneaux
l’éteignaient, et la vie industrielle
‘éteignait avec eux, dans un riche et
puissant organisme qui est comme l’un
ies centres nerveux les plus éner-
piques du système économique de
oute la France.
Uue inspiration de sagesse s'impose.
Du se réunit autour d’un tapis vert,
on examine cps difficultés si terribles ;
de loin, c’était une montagne, un vais
seau de haut bord : de près, ce ne sont
que des bâtons flottants. Eu une
séance on est d’accord, les hauts four
neaux se rallument, la respiration et
la vie reprennent dans ce grand corps
q* s’éteignait.
Voilà un premier résultat.
2° Il est démontré que l’arbitrage
n'est pas une institution vaine, comme
quelques-uns le prétendaient.
Le succès de l’arbitrage dépend sur
tout des conditions dans lesquelles
l’arbitrage s’exerce, de la lucidité d’es
prit de l’arbitre et de son autorité mo
rale. Le succès de M. Waldeck-Rous-
seau a été complet et rapide : nous ne
le disons pas pour le louer, nous cons
tatons les phénomènes de la vie écono
mique et politique d’une nation.
M. Waldeck-Rousseau n’avait pas
seulement son autorité personnelle, il
avait l’autorité de ses fonctions et de ce
lieu éminent où l’arhitre était placé et
d’où il parlait aux parties en présence.
Et nous pouvons rappeler ce que nous
avons dit avant-hier, à l’heure où les
délégués se réunissaient : c’est une
grande qualité de la politique, de faire
avec simplicité, et sans émbarras, des
choses hardies, quand il le faut. Et
c’est alors qu’elles réussissent.
Notre loi sur l’arbitrage pourra être
améliorée. L’institution de l’arbitrage
est encore dans l’enfance : elle est
appelée à un immense avenir. Elle sera
la loi des temps nouveaux. L’arbitrage
du chef du gouvernement est un fait
exceptionnel et transitoire.
Nous rappelons en passant ce que
nous avons déjà dit ici et ce que nous
nous sommes permis de dire dans
une des séances du Conseil supé
rieur du travril ; nous voudrions
voir ce Conseil supérieur, vraiment
digne de son nom et revêtu de la
haute autorité qui semble lui être
destinée dans ce temps d’évolution so-
ciale, prendre peu à peu la figure
d’une grande institution d’arbitrage
économique. Cela regarde principale
ment M. Millerand.
3* Il a été démontré que la Compa
gnie ou le patron se fait représenter,
comme il est nécessaire, par des avo
cats, des ingénieurs, des hommes de
loi et de science. De même les ouvriers
et les syndicats ouvriers doivent pou-
voir se faire représenter, soit en cas de
grève, soit en temps ordinaire, par des
hommes expérimentés et instruits
qu’ils désigneront librement
La loi sur les syndicats, qui a besoin
d’amendements, comme l’a dit M. Wal
deck-Rousseau, mettra.jepense,ce point
hors de doute. Il est vraiment curieux
que les grands patrons qui ont sous la
main une légion de secrétaires, des
avocats, des notaires, des ingénieurs,
des chimistes, toutes les ressources de
la loi et de la science, jettent les hauts
cris parce que les syndicats ouvriers
veulent avoir un secrétaire appointé
qui se consacre à leurs interets !
4 II a été décidé que tous les deux
mois les délégués élus des ateliers con-
èreront sur les questions de travail
ivec les représentants de la Compa-
gnie ou avec la Direction elle-même.
Ce quatrième point est d’une impor
tance vraiment capitale. Il ne m’est
pas interdit de rappeler que, depuis de
longues années, et principalement de
puis les grèves du Nord et depuis la
convention d’Arras, en 1891, je me
suis fait personnellement le cham
pion de cette idée, l’une des plus
fécondes qui puissent être introduites
dans la pratique industrielle.
Elle sort aujourd’hui parfaitement
définie et consacrée de la conférence
du 7 octobre : elle iera le tour de
la France et du monde. Dans toutes les
grandes industries, patrons etouvriers
voudront avoir des conférences pério
diques, régulières, sur les questions
de leur travail. Les uns et les autres se
féliciteront de cette méthode. Si elle
est bien suivie, elle rendra les grèves
extrêmemont rares : les grèves seront
prévenues avant d’éclater.
Tels sont les 4 résultats d’ordre gé
néral que nous devons à la conférence
du 7 octobre. Je laisse de côté les solu
tions particulières qui ont été données
aux faits particuliers de la grève.
Et maintenant, il faut laisser dire et
clabauder : on peut se remettre au tra
vail. Quelques-uns crieront au Socia
lisme, à l’anarchie! Au contraire, c’est
l’ordre et la paix, et c’est aussi la nou
velle organisation du monde qui cha
que jour se dessine et s’éclaire ! La so
ciété économique et républicaine suit
son évolution naturelle, nécessaire.
Ceux qui marcheront avec elle vivront,
et ceux qui ne marcheront pas avec
elle ne vivront pas, voilà tout ! Mais la
France vivra et la démocratie vivra !
Et l’avenir, l’immense avenir appar
tiendra aux plus sages et aux enfants
des plus sages !
HECTOR LEPASSE.
P. S. — Le travail pouvait être re
pris ce matin. Les ouvriers étaient
prêts. La Direction n’a pas été prête.
La Direction a été certainement ce ma
tin, lundi, au dessous de sa fonction.
H. D.
Entre autres aphorismes, le général Met
zinger écrit celui-ci : « ... Tout se lient, la
décadence militaire est immédiatement
suivie de toutes les autres politique, oom-
merciale, ar istiqücel littéraire ».
Ce n’est pas vrai, mon général !
Car, s'il était vrai que la« décadence mi
litaire » entraîne tout ce que vous dites, il
y a longtemps que la France ne serait plus
la France, grâce à la « décadence militaire »
dans laquelle nous ont plongé les généraux
et les officiers faussaires, parjures, tortion
naires, faux témoins, prévaricateurs, vo-
leurs ou assassins, comme Mercier père et
fils, Boisdetire, Roget, Gonse, Billot, Pel-
lieux, Luth, du Paly, Gribelin, Voulet,
Chanoine et autres du même acabit.
Quand M. Metzinger parle, c’est pour dire
des insolences. Quand il écrit, c’est pour
débiter des insanités. M. Metzinger fera
bien mieux, à l'avenir, de se taire et de
laisser son porte-piume dans son tiroir.
Marins ADER
TARTUFE, VA !
Un certain M. de Blaviel, vicaire géné
ral de son métier, a le toupet d’écrire ce
qni suit dans le journal du « Pain de
Saint-Antoine » : « Certes, et nous le
disions dernièrement, nous sommes bien
loin de blâmer les efforts pour améliorer
le sort des ouvriers. Mais nous ne nous
lasserons pas de le répéter • avec quelle
prudence il faut agir; avec quel soin il
faut éviter de parler aux ouvriers de leurs
souffrances, de la misère de leur situation;
avec quel zèle il faut travailler à leur
faire comprendre que le bonheur de
T homme ne se trouve pas ici-bas! »
J’aime mieux ne pas commenter cette
escobarderie. Je me laisserais entraîner
à traiter M. le vicaire général de misé
rable.
Rochefort et Libaros
L’indignation est grande dans le camp
réactionnaire. Les cercleux, lev book
makers, les marchands de tuyaux et
autres gens du monde, parmi lesquels
Rochefort brille au premier rang, consi
dèrent comme un affront que M. Loubet
ne se soit pas rendu hier aux courses
de Longchamps.
Notez que le président de la Républi
que, absent de Paris toute la semaine
dernière n’a pas été invité à assister au
grand prix d’Automne par le comité de
la Société d'E couragement. Notez en
core qu’il n’est nullement de tradition
constante que le chef de l'Etat assiste à
cette solennité hippique. M. Carnot n'y
est pas allé plus d’une fois ou deux,
Quant au fastueux Félix Faure,si sports-
man pourtant, ü n'y fut pas l’an der
nier.
N’importe, Rochefort et les gens de
l’OEillet blanc tenaient à rencontrer M.
Loubet au pesage. Il leur fallait M. Lou
bet. Ces gens du monde ont une façon
si courtoise de recevoir leurs invités
qu’ils ont mille fois raison de se fâcher
lorsqu’on leur brûle la politesse.
Il est vrai que la journée d’hier a été
particulièrement mémorable. Le grand
prix a été gagné par Libaros, dont le
propriétaire — vertu singulière qui doit
plaire au directeur de V Intransigeant —
est à la fois député réactionnaire, juif
converti et archimillionnaire.
Rochefort aime beaucoup les républi
cains de la nuance de M. Achille Fould.
Voilà pourquoi M. Loubet est impar
donnable, à ses yeux, de n’être pas allé
à Longchamps où tous les gogos sont
décavés par le mutuel, ce qui, on le s it,
est un spectacle éminemment morali
sant.
L. MARCELLIN.
ENCORE METZINGER
Le général Metzinger abuse. Cet incorri
gible bivard ne perd pas une occasion de
prononcer un discours, et quand il ne peut
pas parler, il éerit.
Il y avait hier, à Marseille, une fête mi-
litaire quelconq e. Or il ne peut pas y
avoir à Marseille, de bonne fête militaire
sans le général Metzinger. Donc on l’avait
invité. Retenu à Besançon, le général Met-
zinger n'a pu se rendre à cette invitation,
à son grand regret, d'ailleurs, car il perdait
ainsi une magnilique occasion de place un
de ces discours andepublicains dont il
est coutumier. Mais il s'est rattrapé en
écrivant anc lettre dans le mime strle.
SABRE ET GOUPILLON
M. de Cassagnac traverserait-il une
crise de pessimisme? Voici, en effet, ce
qu’on trouve dans son journal, sous sa
signature :
« Rien ne bat plus dans la poitrine de
notre pays ; nul tressaillement ne l’agite,
aucune révolte de la conscience humaine
ne la fait bondir.
C'est une veulerie lâche, misérable, en
tout et pour tout, événements du dehors
et choses du dedans.
L’indifférence et la résignation se dis
putent l’esprit public.
Le haut clergé de France est aussi
aplati que le reste du pays
l’abaissement des caractères est général,
universel.
Il n’y a que le haut clergé de résigné à
tout : l’armée tombe en une égale déca
dence. »
Que voilà donc un aveu dénué d’arti
fice! Emanant de M. de Cassagnac, on
n’en pourra contester la valeur et, pour
personne, il ne sera douteux maintenant
que « le haut clergé de France est aplati,
résigné à tout et que l’armée, elle aussi,
est tombée en décadence ! »
Voilà qui fera plaisir à la Ligue de la
Patrie française qui, jamais encore n’aura
lu sur le clergé et l’armée de jugements
aussi sévères que ceux du leader roya
liste.
UN PREMIER ROLE
La passion du théâtre sévit dans l’aris
tocratie anglo-saxonne.
Ne voilà-t-il pas qu’on annonce les
prochains débuts, comme acteur, au
théâtre de Madison-Square, du Comte de
Yarmouth, fils du marquis de Hertford,
c’est-à dire d’un grand seigneur des pius
authentiques !
Devenu ambitieux, il veut mériter la
gloire de sir Henry Irving et se prépare
au rude métier d’acteur.
Après tout, jouer son rôle sur les plan
ches au lieu de le jouer dans le monde,
pourquoi pas !
C OMBAT D'ANIMAUX
Les courses de taureaux de Deuil, avant
même que se fut produit le grave acci-
dentdhier, avaient provoqué les protes
tations de onze mille personnes. Les
protestations ne se compteront plus, au
jourd’hui, car les afficionados les plus
passionnés eux-mêmes ne pourront
manquer se de joindre à M. Ulrich pour
demander que l’horrible scène qu’ont vit)
hier, ne se renouvelle pas.
A ce propos, sait-on que les combats de
taureaux étaient fort goûtés, autrefois, i
des Parisiens? Ils étaient fréquents,
d’ailleurs et, en 1760, nos ancêtres se
rendaient en foule au faubourg Saint-
Germain où les attirait ce programme ;
Ce spectacle se donne au public en
champ clos, les mêmes jours que le con
cert spirituel du château des Tuileries,
c’est-à-dire aux grandes fêtes de l'année;
On y voit des an maux quadrupèdes
demesticues ou sauvages, se battre les
un* contre les autres ou contre des do
gues élevés à cet usage et qui mettent à
mort des taureaux, des lions, des loups,
des tigres et des ours.
Ce combat se termine ordinairement
Par le divertissement d’un âne appelé
‘eccata, qui lutte contre des chiens, et
par un globe d’artifice, dans lequel des
dogues vont se jeter, en prenant dans
leurs gueules des fusées avec une singu
lière activité.
Ajoutons que le spectacle des combats
d’animaux fut transféré plus tard à la
Villette. De là vient, paraît-il le nom de
barrière du combat donné à une des
portes de la ville.
AL EXANDRE
« Alexandre », voilà un nom qui a
toujours été illustre. Dans l’antiquité,
comme de nos jours, son prestige n’a ja
mais dépassé celui qu’obtient en ce mo
ment le « GreatTailor Alexandre » pour
ses vêtements sur mesure, à 69 fr.
27, faubourg Montmartre, r étage.
UNE MANŒUVRE
Les feuilles antisémites ont été fortement
indisposées par la rapidité avec laquelle a
été rendue la sentence arbitrale deM. Wal-
deck-Rousseau et par la satisfaction qu’en
ont témoigné les gréviste-.
Il n’y aura pas de grabuge ; c'est ce qui
les vexe.
Ces journaux s’efforcent, histoire de pas
ser leur mauvaise humeur, de faire croire
aux ouvriers qu’ils ont éte trompés et que
la sentence est favorable aux patrons.
Tel n’est pas 1 avis de M. de Cassagnac.Le
directeur de l’Autoritéexprime en ces termes
son mécontentement :
L'acceptation de cet arb.trage partial lacht
et haineux est aussi la déchéance et l'abdication
du patronat.
Le directeur du Creusot pourra s'en repentir
cruellement.
Puisque M. de Cassagnac tient la sentence
de M. Waldeck - Rousseau pour partiale,
lâche et haineuse, les ouvriers peuvent
être tranquilles : leur cause n'a pas été
trahie par l'arbitre.
A la Mémoire
10 eolonel Klobb
MM. François Coppée et Jules Lemaî
tre ayant « appris par la voie des jour
naux » que Mme Klobb, veuve de la vic
time du capitaine Voulet, avait l’inten
tion de faire célébrer le 18, un service
religieux à la mémoire de son mari, lui
ont écrit aussitôt pour lui offrir au uom
de la Ligue de la Patrie Française, de
faire les frais de cette cérémonie.
Nos deux immortels pensent « que ce
lui sera une consolation de voir tous les
amis de l'armée s’associer à son deuil >.
Les amis de l'armée.., de laquelle ?
De celle qui assassine lâchement, traî
treusement, sans provocations et sans
excuse, ou de celle qui reste fidèle au
devoir jusqu'au suprême sacrifice ?
On peut le demander à ces Mes
sieurs de la Patrie Française dont
I les journaux se sont montrés in
dulgents — presque jusqu’à l’apologie
— à l’endroit du capitaine Voulet. M. Ju-
det lui-même ne s’efforçait il pas il y
a trois jours de justifier l’assassinat de
Zinder ? Voulet, disait-on, avait à se
plaindre de ses chefs, le lieutenant-colo-
nel Klobb lui est apparu à Zinder, non
comme un chef, non comme un soldat
français, mais comme un homme qui ve
nait lui enlever de vive force le prix
de longs sacrifices. Il l’a traité en en
nemi. Et cette constatation faite, on sent
que nos étals-majoristes retiennent au
bout de leurs plumes une conclusion
qu’ils laissent deviner : « Il a bien fait. »
Le Figaro vient de publier des lettres
du capitaine Voulet au commandant
Grave qui prouvent que ce misérable
n’avait contre ses chefs aucun sujet de
plainte. Il s'est trouvé, après tant de cri
mes connus et dénoncés, en présence un
colonel Klobb, dans la situation du mal-
faiteur qu’un gendarme vient arrêter et
qui se défend par un assassinat de plus.
Voilà la vérité. Comporte-t-elle une ex
cuse et n’est-il pas scandaleux de voir
des journalistes français plaider pour un
tel crime les circonstances atténuantes?
Eh ! bien, c’est à ce amis de l’armée
qui défendent l'assassin de son mari
que va la sympathie de Mme Klobb.
Elle accepte avec une reconnaissance
émue l’ou re de MM. Coppée et Jules Le-
maitre...
| L'attitude de cette femme, si crudle-
ment frappée, à l'égard du Figaro.
s’expliquait par un sentiment de di
gnité. Aujourd’hui, sans vouloir juger la
conduite que son cœur lui inspire, nous
sommes obligés de constater avec tris-
tesse qu’entre deux témoignages de
sympathie, elle a choisi celui qui lui
vient des panégyristes de l'assassin de
son mari.
Jacques SERVAN.
Le Scandale de Deuil
Les amateurs de tauromachie qui s’étalent
rendus hier à Deuil dans l'espoir de voir
couler du sang de quadrupèdes ont été
déçus : En fait de victimes, il n’y a eu que
des hommes et des femmes.
Dès le début de la première course, une
catastrophe s’est produite, qui n’était pas
dans le programme : le taureau furirux à
peine léché, a franchi les barrières et d'un
bond prod eux s,est rué dans U foule. Fort
heureusement, on n'a relevé que quelques
blessés là où on s'attendait à compter de
nombreux morts.
La plaza
On ne s’explique guère comment les cour-
ses n’ont pas été interdites, pour insuffi
sance de protection du public. La plaza de
Deuil n est autre chose en eflet qu’une la
mentable baraque de planches, construite à
la diable, sans solidité, en pleins enamps.
Les arènes sont constituées par six tribu
nes de six cents places chacune édifiées
d’une façon plus que sommaire. Des plan-
ches sales el vermoulues servent de mon
tants, d'autres planches à peine rabotées
servent de siège. Sur trois estrades pom
peusement décorées des noms de « tribun •
présidentielle, tribune du toril et tribune
réservée, » on a tendu une toile malpropre
qui ne garantit même pas du soleil. Par
contre les sièges ne sont guère meilleurs.
Mais ce qui étonne le plus, c'e4 le peu
d élévation de la barrière et de la contre-
barrière qui séparent la piste du prome-
no r, placé devant les tribunes et ou va
s’entasser tout à l’heure le public debo it.II
n'est pas douteux que celte défectueuse ins
tallation implique gravement la re-ponsa-
bilité tant des orcan sateurs des «corridas»
que du maire de Deuil, qui les a autorisées
sans procéder à la moindre vérification.
La catastrophe
Nous ferons grâce à nos lecteurs de la
description du défilé qui précède les cour
ses. Il a, d’allleurs, été piteux et a démon
tré que les organisateurs ont décidément
fait le moins de frais possible. Quant au
public, il est en assez grande partie composé
de rastaquouères de tout teint, de filles de
toutesalcoves etde gigolos à demi crevés.
Les clés du toril jetées aux pseudoalguazils
et les picadores tenant l’arène, un fort
taureau noir est lâche. Son premier élan le
ette au milieu de l’arène, les cornes
Hissées, des cornes redoutables, effilées,
menaçantes et pas le moins du monde em-
boulées.
Les matadores promènent sous les yeux
de l’animal l’étoffe rouge après laquelle il
s'acharne. Puis un picador s’avance la lance
basse, mais un valet de toril fait un geste
de menace et le taureau effrayé fut demi-
tour et traverse larène en fuyant tandis
que des coups de sifflet éclatent. Un pica
dor, à l’aide d un voile rouge promené de
vant ses naseaux entrcine la bête affolée
vers la balustrade .levant la tribune prési-
dentielle. Dans son élan, le taureau rencon-
tre l'obstacle, la première barrière. D’un
bond il la franchit et se trouve dans le cou
loir où se réfugient les toreros. D’un effort
puissant, il se dresse sur ses pieds de der
rière, et d’un coup do reins, le voilà bon
dissant de nouveau. La barrière s’écroule
et le taureau se précipite dans la foule com
pacte.
Des hurlements, des plaintes retentis
sent. Des femmes affolées s’évanouissent.
Les dix mille speelateurs sont debout, ges
ticulent, jettent des mo.s incompréhensi-
èies dans la rumeur immense qui’ remplit
l arène. On montre le poing à la loge direc-
toriale en criant : Assassins ! Assassins.
Le tiureau est tombé dans un vide que
la terreur a fait instantanémen dovantlui.il
a passé pardessus le corps des gens sur
lesquels la barrière s'est rpliée. Il se rue
contre la loge présidentielle où b s organi
sateurs culent en criant.
Mais son muffie vient à peine à la hauteur
de la balustrade. Il tombe s ir ses pieds et
se rejelle dans la foule. C'est une trombe,
une avalanche. Il bondit et rebon lit. Au
tour de lui les êtres Joulent, Une femme est
prise, à un certain moment entre ses deux
cornes et la cloison, et on la voit s’accro-
cher à une corne, être secouée de haut en
bas et tomber e din. Le maréch de gendarmerie Coquet est renversé, son
uniforme est ouvert par un coup de corne,
sa baïonnette est tordue, mais il n'est pas
blessé.
La Mort du taureau.
Heureusement le taureau trou ve une issue
et e evant la toile des arènes il fuit dans
un champ de vigne où le poursuivent des
gendarmes. Le gendarme Bodot, de Maisons
Laffitte, tire les six coups de son revolver
sur le taureau qui a le muffie criblé de
blessures. Mais elles ne font qu'irriter sa
rage. Il fonce sur Bodot, le renverse et le
piétiné. Le brave Pandore a le sang-froid
de tirer sa baionnette en l’enfonce dans les
flancs de la bête qui expire enfin.
La corrida interdite
Durant co femps, le calme s'est rétabli
aux arènes, après qu’on a emporté les bies-
ses assez nombreux. Les orgahisaleurs veu
lent continuer leur petite fête, mais le sous-
préfet de Pontoise prend immédiatement
un arrêté interdisant les courses et, pour
couper court à toute infraciion, il fait oc
cuper Farène par cinquante gendarmes.
Mais les spectateurs crient et gesticulant.
Fiualement une immense affiche est appor- i
lée. Elle est ainsi conçue : « Le poble X
informe qu'en raison de raecident J ?.
rida est remi • à dimanche. Billets Ar
jourd hui seront valables. . Et la fonte es
eue enfin le promenoir et 1m trib mes
Que se passera-t-il dimanc e p oehainy
Les courses seront-elles int r Lies? Gest
probable, mais les organi ale urs se frot.
ront les mains tout de même, car ils m
rendront pas l'argent. "
M. MILLERANDAARGZVEELL
La petite ville d’Argenteuil était en liesse
hier, à 1 occaion de T inauguration du buste
de la République qui décore ia nouvelle
mairie.
M. Mitlerand, ministre du commerce,a
préside la cérémonie. Reçu à la aredAr-
genteull, par M. Labierre, nuire de la
localité, entouré des membres du conseil
municipal, le ministre a été conduit à la
mairie par MM. Poirson, p éfet de Seine et.
Oise ; Berl aux, Aimond, Périllier, députés
du département ; Gally, conseiller géné
ral, etc.
Le buste ayant été érigé, grâce au cos-
cours pécuniaire du groupe r dicd socia
liste de la vil e, cèst le président dudil
groupe, M. Lemoine-Rivière, qui a prononce
l’allocution d'usage. Il a cédé la parole à
M. Berteaux, qui a dit :
A genteuil a devanei Paris qui, dit-il, bientot
in ugurera le « Triomphe de la République*.
Autour de cette statue, tous les el ments de
la démocratie sont groupés et prêts à defendr
la République.
Puis M. Millerand a pris la pa oie :
Le moment, a-t-il dit, est bien choisi pou.
rapp 1er à tous ce que signifle et symbolise fi-
mage devant laquelle nous no is inclinons.
La République qui est là, ce net pas seule
ment celle qui triomphe et règne aujourd’hui
c'est celle qui, depuis plus de cent ans, s’est
offerte au monde entier comme le régime de
Favenir, comme le régime de solidarité, de jus
tice qui doit abriter l humanité to it entière.
Elle nous rappelle, cette figure, qu’unepre
mière fois la République se 4 intallee eu
France, pour donner non seuleme tà la France
mais au monde entier, cette charte immortelle
• les Droits de l’homme et du citoyen».
Elle rappelle, cette figure, qu apres lespen
péties que nous avons connues, que nos pères
ont vécues. U Répiblique est, une fo s de plus,
apparue sur celte terre, et que cette ois elle •
apporté dans le» plis de son drapeau le sufragt
un.versai, c’est à-dire qu'après la prem-rt
H< publique, qui avait désrété légalité des
hommes, elle a décrété l'égalité des citoyens.
Nous avons le droit de dire, nous républ
cains, qu’après vingt-neuf ans de Républioue,
le régime dont nous saluons ici la persnnalite
solennelle, ce régime a donné à la F aice, «
vingt-neuf ans plus de satisfaction et plus "
réalité qu'aucun régime antérieur.
Il me suffit de rappeler qu’en 1899, nous."
vons sous un régime qui a fondé — et C
peut-être son plus grand titre d’honneur — 1 •
cole gratuiteobligato re ét laïque pour tous M
citoyens; que la République a assuré à I"S
meme à ss pires aiversaires, la liberté « 11
plume et t • h parole. .
Geiie Republique, enfin, a donné aux travail
leur», aux faibles, aux humbles, cette loi w«
les syndicats professionnels dont s ni a"‘e"
hier, dans une sentence mémerible.afr?
une 10.s de plus, la valeur et l’autorité.
La cérémonie s’est terminée par la remise
d-s palmes académiques a MM. René car
nère, auteur du monument ; Batten, a Fp"
tecte; Masson , organisateur des leles.
au-re, la c oix de chevalier du Mer,
agricole a été décernee à M. Buisson, 5,
nograohe à la Chambre d s dépu és
Le ministre, les députés, le maire,
conseillers municipaux et les notabill
la ville, ont ensuite assisté à un bmqu
donné sur la place de la mairie, so"3
tenie fo: aine.
EAngleterrC il
Correspondance officielle
Londres, 9 octobre. —Voici, d’aprèsIE.
press de Blôcuifonlem, la correspondd"
officielle échangée récemment entre
Alfred Milner et le président SteiBm.
Ecrivant à sir Alfred Milner, le 27 sep-e.p.
bre, M. Steijn se plaint que le goUVera.,
ment britannique se soit écarie de , âu
sur laquelle les négociations avait u »
ouvertes. Le Transvaal avait accepta,
proposition e’enquèle mixle, sur Son,,
seil, et l’Etat liore a été grandemen .
sappointe de voir ses efforts ren ius " .
les. L’Etat libre était prêt à s‘employe,at
nouveau en faveur de la paix, maisran
arrêté par ce fait que, malgré ses ss
ces -le non intervention dans les »
intérieures du Transvaal le gouverne con
britannique poursuivait une Po11.
traire. . Napoit
En terminant, M. Steijn exprime le^
que, le gouvernement britannique n ,,
centrera pas de nouveM s troupes !•<
voudra bien definir de façon P ' 1 ind
mesuies dont il considère: adopion, men
nécessaire pour aboutir a un ar.a%
permanent. 1 letra
‘Le 2 octobre, dans une nouy le, ie de
M. Steijn dit qu il a jugé néce Ss et il
convoquer les Burgher- d FEtal librerran.
offre à nouveau de s employer à ne
650"kirred Milner, répondant, dat togna
dépêche de même date, *PrDNvoqu s J
que les Burghers aient e “pas sur *
dit que les mouvements de .RIher uat
frontiere du Natal sembient’nSus de 11
invasion immediste des posse
ns les colonnes de
ser,““mon attention sur
porter . qui vient dêti
Sabmyner son temps de se
term nues de discipline e
segvrEE-“FzsS&."N"X:TI,"N‘
Je t i cruelle, si elle n a [
jusle el aucun autre fait qi
née Psotre recit, et je vous
? I?re uue jai l’honneur d a
lettre” de la guerre pou
Explications avant de v
des nom-rail nous comm
7 «T l’intérêt de celui dont v
dans.ment pris la défense,
reuse liez agréer, Monsieur,
mesï meilleurs sentiments,
Voici !• texte de la lettre de
ninîstre de la guerre ,
Territiet, 7
4 le Ministre <
Mon général, j
u lis dans un journal, 4
. de Sabrayrolles vient
uns les compagnies de t
Jair pendant un conge de
AA72 en costume civil a u
> < u’ Æ se tenait a Albi, ’
I p sortie de cette rcur
aini
^’d'e^arpeLæ 0 ^’^
I’la sévérité me sembla I
qin avec l’acte qui 1 a moti
i est a la connaissance de
i,. aillons de discipiine ne I
recevoir dans leurs rangs q
rebelles à ‘autorité de leurs
ait être considerés comm
YOrrigibles. Est-ce donc qu
de traiter comme toi celui (
“aserne, sous l’impulsion
çanreux et s’associant a un
.. e de ses concitoyens, s
mis de traduire une opin
pas être celle de tout le mo
‘ A ce compte, quel chati
Jone mériter tous ces officie
la discipline, qui chaque joU
nue temps, ne craignent pa
enseurs des actes du SC
vous obligent à les rappeler
au respect de leurs devoirs
en ce qui me co cerne, de,
d’avoir la main plus rude m
sements que vous donnez (
mais ne faudrait-il pis crai
& l’injustice si, à côté de vo
diligence à leur égard on se
pitié pour un pauvre petit s
torts paraitraient singulie
graves que les leurs ?
Ce n’est pas par de pat
que la réconciliation nalio
vous avez si grandement ra
pourra s’établir. Comment <
soutenir la vérité et la JustI
santà la cause du capitaine
i aient-ils contenir un sentin
lion s'ils voyaient réserve
sévérités militaires ?
J’ai la confiance, mon gén
saurez comprendre mon ap
aucun esprit de fronde uk
le désir de faire rendre jusl
veux qu’on achemine peu
heure, vers ce lieu de supp
leBiribi dar.s le vocabulaire
Veuillez agréer, mon Gén
se de ma haute considérai
sentiments très dévoués.
Le Scandale
Ainsi que nous l’avions
Je Se ne-et-Oise a décidé
raison de l’accident d'avan
construction défectueuse de
rida projetée pour dima
Voilà qui est bien, mais ce
aurait dû commencer et, ne
les organisateurs se frotten
gardent la forte s imme et
la course augmente encor
puisqu’elle leur évite de not
Seulement il y a eu des b
cela pourra coûter cher au:
des courses, qui sont respoi
rement avec le maire de Let
LA HAUTE
L’interrogatoire deM. ]
déclaration
Linterrogatire de M. But
1 8 h. 5. Il était accompagr
seurs M” Ch. Boullay et Ne
tenger ayant maintenu sa
et de a présence d un seu
errogatoire, M- Normand sj
M. Bérenger, d’une voix 1
adressé à M. Buffet et lui a
— vous savez combien es
'ère que j’ai à remplir. Il ni
-uiierement pénible en so
“eur votre père pour leque
arfaile estime.
H 7 espère Monsieur le Pré
"t PrTTet, que vous me la d
Parfaitement, repartit
. Bérenger a dit alors à
ait une série de questior $
. BuTet a déclaré qu’il
ucune et qu’il faisait conn
y son refus dans une déci
mettait et qu’il le priait
e annexer au procès-ve:
B renger a cependant
’ ’res. posé des question
Sohs qui ne sont que le
toire du 18 septembre.
. Bifet a reconnu sur ।
vetérialité de son écritur
i;"ole le principal passage
"emi e par André Buffe
। ne répondrai pss à vd
a SP tard. Après toutes!
i s tous les mensonges r
"lo Je m’y refuse. b •
Pr malheur !‘accusatic
t 9 n est pas applicable ail
• reprochés, c e serait le |
— neuvelles calomnies et
songes. On dirait certain
norele pardon du gouv
je en drsude a été repenta 1
comme aussitôt rendu à 11
merencerai la lutte contre
ani. on chercherait à me
neeaant que je manque à i
ins, ne pourrais me (
in?. c ion restera secrète,
raicmie me direz-vous ? Je
grade plus pour qu’elle s
En me du gouvernement.
« 1 voici la conclusion s
je venat me condamner
a y3You 8 en dire les rais
mon oas devez vous rappe
gismPere qui avait comb
feruns,“9.route son énergie,
—on do la Cour de i
■UDI 10 OCTOBRE
LES DROITS DE L’HOMME
Ordre
et Progrès par la Révolution fr anc aise
ABONNEMENTS
mm t I an, 20 fr.; • mois, 40 fr.; 3 mois, 8 fr. 80
ETRA NGER : ] an, 35 fr.; • mois, «8 fr,; 8 mois, 40 francs
RÉDACTION ET ADMINISTRATION
142
Rue Montmartre
142
US AANOSCES son mets UH n ucmu aun
• place de la Bourse, e, et aux Bureaux du .
“* MANUSCRITS NON INsénÉs NE SoNT Pas °8
TÊLÉPUOVE N loi
La Reprise du Travail au Creuset
LES
HOSTILITES IMMINENTES AU TRANSVAAL
L’arbitrage
et ses résultats
La réunion des représentants des
muvriers du Creusot et des représen-
Ania do la Campagnio, sous la prôsi-
lence de M. Waldeck-Roussean, a dé
montré, avec un succès éclatant :
1° Que l’on peut résoudre en deux
heures, par un entretien loyal, entre
hommes raisonnables, des difficultés
qui, depuis trois semaines, tenaient en
suspens une vaste et complexe organi
sation de travail.
Une population ouvrière de dix mille
personnes était en présence ou de
la famine et des dernières extrémi
tés de la lutte, ou de l’abdication
le leurs droits. Les hauts fourneaux
l’éteignaient, et la vie industrielle
‘éteignait avec eux, dans un riche et
puissant organisme qui est comme l’un
ies centres nerveux les plus éner-
piques du système économique de
oute la France.
Uue inspiration de sagesse s'impose.
Du se réunit autour d’un tapis vert,
on examine cps difficultés si terribles ;
de loin, c’était une montagne, un vais
seau de haut bord : de près, ce ne sont
que des bâtons flottants. Eu une
séance on est d’accord, les hauts four
neaux se rallument, la respiration et
la vie reprennent dans ce grand corps
q* s’éteignait.
Voilà un premier résultat.
2° Il est démontré que l’arbitrage
n'est pas une institution vaine, comme
quelques-uns le prétendaient.
Le succès de l’arbitrage dépend sur
tout des conditions dans lesquelles
l’arbitrage s’exerce, de la lucidité d’es
prit de l’arbitre et de son autorité mo
rale. Le succès de M. Waldeck-Rous-
seau a été complet et rapide : nous ne
le disons pas pour le louer, nous cons
tatons les phénomènes de la vie écono
mique et politique d’une nation.
M. Waldeck-Rousseau n’avait pas
seulement son autorité personnelle, il
avait l’autorité de ses fonctions et de ce
lieu éminent où l’arhitre était placé et
d’où il parlait aux parties en présence.
Et nous pouvons rappeler ce que nous
avons dit avant-hier, à l’heure où les
délégués se réunissaient : c’est une
grande qualité de la politique, de faire
avec simplicité, et sans émbarras, des
choses hardies, quand il le faut. Et
c’est alors qu’elles réussissent.
Notre loi sur l’arbitrage pourra être
améliorée. L’institution de l’arbitrage
est encore dans l’enfance : elle est
appelée à un immense avenir. Elle sera
la loi des temps nouveaux. L’arbitrage
du chef du gouvernement est un fait
exceptionnel et transitoire.
Nous rappelons en passant ce que
nous avons déjà dit ici et ce que nous
nous sommes permis de dire dans
une des séances du Conseil supé
rieur du travril ; nous voudrions
voir ce Conseil supérieur, vraiment
digne de son nom et revêtu de la
haute autorité qui semble lui être
destinée dans ce temps d’évolution so-
ciale, prendre peu à peu la figure
d’une grande institution d’arbitrage
économique. Cela regarde principale
ment M. Millerand.
3* Il a été démontré que la Compa
gnie ou le patron se fait représenter,
comme il est nécessaire, par des avo
cats, des ingénieurs, des hommes de
loi et de science. De même les ouvriers
et les syndicats ouvriers doivent pou-
voir se faire représenter, soit en cas de
grève, soit en temps ordinaire, par des
hommes expérimentés et instruits
qu’ils désigneront librement
La loi sur les syndicats, qui a besoin
d’amendements, comme l’a dit M. Wal
deck-Rousseau, mettra.jepense,ce point
hors de doute. Il est vraiment curieux
que les grands patrons qui ont sous la
main une légion de secrétaires, des
avocats, des notaires, des ingénieurs,
des chimistes, toutes les ressources de
la loi et de la science, jettent les hauts
cris parce que les syndicats ouvriers
veulent avoir un secrétaire appointé
qui se consacre à leurs interets !
4 II a été décidé que tous les deux
mois les délégués élus des ateliers con-
èreront sur les questions de travail
ivec les représentants de la Compa-
gnie ou avec la Direction elle-même.
Ce quatrième point est d’une impor
tance vraiment capitale. Il ne m’est
pas interdit de rappeler que, depuis de
longues années, et principalement de
puis les grèves du Nord et depuis la
convention d’Arras, en 1891, je me
suis fait personnellement le cham
pion de cette idée, l’une des plus
fécondes qui puissent être introduites
dans la pratique industrielle.
Elle sort aujourd’hui parfaitement
définie et consacrée de la conférence
du 7 octobre : elle iera le tour de
la France et du monde. Dans toutes les
grandes industries, patrons etouvriers
voudront avoir des conférences pério
diques, régulières, sur les questions
de leur travail. Les uns et les autres se
féliciteront de cette méthode. Si elle
est bien suivie, elle rendra les grèves
extrêmemont rares : les grèves seront
prévenues avant d’éclater.
Tels sont les 4 résultats d’ordre gé
néral que nous devons à la conférence
du 7 octobre. Je laisse de côté les solu
tions particulières qui ont été données
aux faits particuliers de la grève.
Et maintenant, il faut laisser dire et
clabauder : on peut se remettre au tra
vail. Quelques-uns crieront au Socia
lisme, à l’anarchie! Au contraire, c’est
l’ordre et la paix, et c’est aussi la nou
velle organisation du monde qui cha
que jour se dessine et s’éclaire ! La so
ciété économique et républicaine suit
son évolution naturelle, nécessaire.
Ceux qui marcheront avec elle vivront,
et ceux qui ne marcheront pas avec
elle ne vivront pas, voilà tout ! Mais la
France vivra et la démocratie vivra !
Et l’avenir, l’immense avenir appar
tiendra aux plus sages et aux enfants
des plus sages !
HECTOR LEPASSE.
P. S. — Le travail pouvait être re
pris ce matin. Les ouvriers étaient
prêts. La Direction n’a pas été prête.
La Direction a été certainement ce ma
tin, lundi, au dessous de sa fonction.
H. D.
Entre autres aphorismes, le général Met
zinger écrit celui-ci : « ... Tout se lient, la
décadence militaire est immédiatement
suivie de toutes les autres politique, oom-
merciale, ar istiqücel littéraire ».
Ce n’est pas vrai, mon général !
Car, s'il était vrai que la« décadence mi
litaire » entraîne tout ce que vous dites, il
y a longtemps que la France ne serait plus
la France, grâce à la « décadence militaire »
dans laquelle nous ont plongé les généraux
et les officiers faussaires, parjures, tortion
naires, faux témoins, prévaricateurs, vo-
leurs ou assassins, comme Mercier père et
fils, Boisdetire, Roget, Gonse, Billot, Pel-
lieux, Luth, du Paly, Gribelin, Voulet,
Chanoine et autres du même acabit.
Quand M. Metzinger parle, c’est pour dire
des insolences. Quand il écrit, c’est pour
débiter des insanités. M. Metzinger fera
bien mieux, à l'avenir, de se taire et de
laisser son porte-piume dans son tiroir.
Marins ADER
TARTUFE, VA !
Un certain M. de Blaviel, vicaire géné
ral de son métier, a le toupet d’écrire ce
qni suit dans le journal du « Pain de
Saint-Antoine » : « Certes, et nous le
disions dernièrement, nous sommes bien
loin de blâmer les efforts pour améliorer
le sort des ouvriers. Mais nous ne nous
lasserons pas de le répéter • avec quelle
prudence il faut agir; avec quel soin il
faut éviter de parler aux ouvriers de leurs
souffrances, de la misère de leur situation;
avec quel zèle il faut travailler à leur
faire comprendre que le bonheur de
T homme ne se trouve pas ici-bas! »
J’aime mieux ne pas commenter cette
escobarderie. Je me laisserais entraîner
à traiter M. le vicaire général de misé
rable.
Rochefort et Libaros
L’indignation est grande dans le camp
réactionnaire. Les cercleux, lev book
makers, les marchands de tuyaux et
autres gens du monde, parmi lesquels
Rochefort brille au premier rang, consi
dèrent comme un affront que M. Loubet
ne se soit pas rendu hier aux courses
de Longchamps.
Notez que le président de la Républi
que, absent de Paris toute la semaine
dernière n’a pas été invité à assister au
grand prix d’Automne par le comité de
la Société d'E couragement. Notez en
core qu’il n’est nullement de tradition
constante que le chef de l'Etat assiste à
cette solennité hippique. M. Carnot n'y
est pas allé plus d’une fois ou deux,
Quant au fastueux Félix Faure,si sports-
man pourtant, ü n'y fut pas l’an der
nier.
N’importe, Rochefort et les gens de
l’OEillet blanc tenaient à rencontrer M.
Loubet au pesage. Il leur fallait M. Lou
bet. Ces gens du monde ont une façon
si courtoise de recevoir leurs invités
qu’ils ont mille fois raison de se fâcher
lorsqu’on leur brûle la politesse.
Il est vrai que la journée d’hier a été
particulièrement mémorable. Le grand
prix a été gagné par Libaros, dont le
propriétaire — vertu singulière qui doit
plaire au directeur de V Intransigeant —
est à la fois député réactionnaire, juif
converti et archimillionnaire.
Rochefort aime beaucoup les républi
cains de la nuance de M. Achille Fould.
Voilà pourquoi M. Loubet est impar
donnable, à ses yeux, de n’être pas allé
à Longchamps où tous les gogos sont
décavés par le mutuel, ce qui, on le s it,
est un spectacle éminemment morali
sant.
L. MARCELLIN.
ENCORE METZINGER
Le général Metzinger abuse. Cet incorri
gible bivard ne perd pas une occasion de
prononcer un discours, et quand il ne peut
pas parler, il éerit.
Il y avait hier, à Marseille, une fête mi-
litaire quelconq e. Or il ne peut pas y
avoir à Marseille, de bonne fête militaire
sans le général Metzinger. Donc on l’avait
invité. Retenu à Besançon, le général Met-
zinger n'a pu se rendre à cette invitation,
à son grand regret, d'ailleurs, car il perdait
ainsi une magnilique occasion de place un
de ces discours andepublicains dont il
est coutumier. Mais il s'est rattrapé en
écrivant anc lettre dans le mime strle.
SABRE ET GOUPILLON
M. de Cassagnac traverserait-il une
crise de pessimisme? Voici, en effet, ce
qu’on trouve dans son journal, sous sa
signature :
« Rien ne bat plus dans la poitrine de
notre pays ; nul tressaillement ne l’agite,
aucune révolte de la conscience humaine
ne la fait bondir.
C'est une veulerie lâche, misérable, en
tout et pour tout, événements du dehors
et choses du dedans.
L’indifférence et la résignation se dis
putent l’esprit public.
Le haut clergé de France est aussi
aplati que le reste du pays
l’abaissement des caractères est général,
universel.
Il n’y a que le haut clergé de résigné à
tout : l’armée tombe en une égale déca
dence. »
Que voilà donc un aveu dénué d’arti
fice! Emanant de M. de Cassagnac, on
n’en pourra contester la valeur et, pour
personne, il ne sera douteux maintenant
que « le haut clergé de France est aplati,
résigné à tout et que l’armée, elle aussi,
est tombée en décadence ! »
Voilà qui fera plaisir à la Ligue de la
Patrie française qui, jamais encore n’aura
lu sur le clergé et l’armée de jugements
aussi sévères que ceux du leader roya
liste.
UN PREMIER ROLE
La passion du théâtre sévit dans l’aris
tocratie anglo-saxonne.
Ne voilà-t-il pas qu’on annonce les
prochains débuts, comme acteur, au
théâtre de Madison-Square, du Comte de
Yarmouth, fils du marquis de Hertford,
c’est-à dire d’un grand seigneur des pius
authentiques !
Devenu ambitieux, il veut mériter la
gloire de sir Henry Irving et se prépare
au rude métier d’acteur.
Après tout, jouer son rôle sur les plan
ches au lieu de le jouer dans le monde,
pourquoi pas !
C OMBAT D'ANIMAUX
Les courses de taureaux de Deuil, avant
même que se fut produit le grave acci-
dentdhier, avaient provoqué les protes
tations de onze mille personnes. Les
protestations ne se compteront plus, au
jourd’hui, car les afficionados les plus
passionnés eux-mêmes ne pourront
manquer se de joindre à M. Ulrich pour
demander que l’horrible scène qu’ont vit)
hier, ne se renouvelle pas.
A ce propos, sait-on que les combats de
taureaux étaient fort goûtés, autrefois, i
des Parisiens? Ils étaient fréquents,
d’ailleurs et, en 1760, nos ancêtres se
rendaient en foule au faubourg Saint-
Germain où les attirait ce programme ;
Ce spectacle se donne au public en
champ clos, les mêmes jours que le con
cert spirituel du château des Tuileries,
c’est-à-dire aux grandes fêtes de l'année;
On y voit des an maux quadrupèdes
demesticues ou sauvages, se battre les
un* contre les autres ou contre des do
gues élevés à cet usage et qui mettent à
mort des taureaux, des lions, des loups,
des tigres et des ours.
Ce combat se termine ordinairement
Par le divertissement d’un âne appelé
‘eccata, qui lutte contre des chiens, et
par un globe d’artifice, dans lequel des
dogues vont se jeter, en prenant dans
leurs gueules des fusées avec une singu
lière activité.
Ajoutons que le spectacle des combats
d’animaux fut transféré plus tard à la
Villette. De là vient, paraît-il le nom de
barrière du combat donné à une des
portes de la ville.
AL EXANDRE
« Alexandre », voilà un nom qui a
toujours été illustre. Dans l’antiquité,
comme de nos jours, son prestige n’a ja
mais dépassé celui qu’obtient en ce mo
ment le « GreatTailor Alexandre » pour
ses vêtements sur mesure, à 69 fr.
27, faubourg Montmartre, r étage.
UNE MANŒUVRE
Les feuilles antisémites ont été fortement
indisposées par la rapidité avec laquelle a
été rendue la sentence arbitrale deM. Wal-
deck-Rousseau et par la satisfaction qu’en
ont témoigné les gréviste-.
Il n’y aura pas de grabuge ; c'est ce qui
les vexe.
Ces journaux s’efforcent, histoire de pas
ser leur mauvaise humeur, de faire croire
aux ouvriers qu’ils ont éte trompés et que
la sentence est favorable aux patrons.
Tel n’est pas 1 avis de M. de Cassagnac.Le
directeur de l’Autoritéexprime en ces termes
son mécontentement :
L'acceptation de cet arb.trage partial lacht
et haineux est aussi la déchéance et l'abdication
du patronat.
Le directeur du Creusot pourra s'en repentir
cruellement.
Puisque M. de Cassagnac tient la sentence
de M. Waldeck - Rousseau pour partiale,
lâche et haineuse, les ouvriers peuvent
être tranquilles : leur cause n'a pas été
trahie par l'arbitre.
A la Mémoire
10 eolonel Klobb
MM. François Coppée et Jules Lemaî
tre ayant « appris par la voie des jour
naux » que Mme Klobb, veuve de la vic
time du capitaine Voulet, avait l’inten
tion de faire célébrer le 18, un service
religieux à la mémoire de son mari, lui
ont écrit aussitôt pour lui offrir au uom
de la Ligue de la Patrie Française, de
faire les frais de cette cérémonie.
Nos deux immortels pensent « que ce
lui sera une consolation de voir tous les
amis de l'armée s’associer à son deuil >.
Les amis de l'armée.., de laquelle ?
De celle qui assassine lâchement, traî
treusement, sans provocations et sans
excuse, ou de celle qui reste fidèle au
devoir jusqu'au suprême sacrifice ?
On peut le demander à ces Mes
sieurs de la Patrie Française dont
I les journaux se sont montrés in
dulgents — presque jusqu’à l’apologie
— à l’endroit du capitaine Voulet. M. Ju-
det lui-même ne s’efforçait il pas il y
a trois jours de justifier l’assassinat de
Zinder ? Voulet, disait-on, avait à se
plaindre de ses chefs, le lieutenant-colo-
nel Klobb lui est apparu à Zinder, non
comme un chef, non comme un soldat
français, mais comme un homme qui ve
nait lui enlever de vive force le prix
de longs sacrifices. Il l’a traité en en
nemi. Et cette constatation faite, on sent
que nos étals-majoristes retiennent au
bout de leurs plumes une conclusion
qu’ils laissent deviner : « Il a bien fait. »
Le Figaro vient de publier des lettres
du capitaine Voulet au commandant
Grave qui prouvent que ce misérable
n’avait contre ses chefs aucun sujet de
plainte. Il s'est trouvé, après tant de cri
mes connus et dénoncés, en présence un
colonel Klobb, dans la situation du mal-
faiteur qu’un gendarme vient arrêter et
qui se défend par un assassinat de plus.
Voilà la vérité. Comporte-t-elle une ex
cuse et n’est-il pas scandaleux de voir
des journalistes français plaider pour un
tel crime les circonstances atténuantes?
Eh ! bien, c’est à ce amis de l’armée
qui défendent l'assassin de son mari
que va la sympathie de Mme Klobb.
Elle accepte avec une reconnaissance
émue l’ou re de MM. Coppée et Jules Le-
maitre...
| L'attitude de cette femme, si crudle-
ment frappée, à l'égard du Figaro.
s’expliquait par un sentiment de di
gnité. Aujourd’hui, sans vouloir juger la
conduite que son cœur lui inspire, nous
sommes obligés de constater avec tris-
tesse qu’entre deux témoignages de
sympathie, elle a choisi celui qui lui
vient des panégyristes de l'assassin de
son mari.
Jacques SERVAN.
Le Scandale de Deuil
Les amateurs de tauromachie qui s’étalent
rendus hier à Deuil dans l'espoir de voir
couler du sang de quadrupèdes ont été
déçus : En fait de victimes, il n’y a eu que
des hommes et des femmes.
Dès le début de la première course, une
catastrophe s’est produite, qui n’était pas
dans le programme : le taureau furirux à
peine léché, a franchi les barrières et d'un
bond prod eux s,est rué dans U foule. Fort
heureusement, on n'a relevé que quelques
blessés là où on s'attendait à compter de
nombreux morts.
La plaza
On ne s’explique guère comment les cour-
ses n’ont pas été interdites, pour insuffi
sance de protection du public. La plaza de
Deuil n est autre chose en eflet qu’une la
mentable baraque de planches, construite à
la diable, sans solidité, en pleins enamps.
Les arènes sont constituées par six tribu
nes de six cents places chacune édifiées
d’une façon plus que sommaire. Des plan-
ches sales el vermoulues servent de mon
tants, d'autres planches à peine rabotées
servent de siège. Sur trois estrades pom
peusement décorées des noms de « tribun •
présidentielle, tribune du toril et tribune
réservée, » on a tendu une toile malpropre
qui ne garantit même pas du soleil. Par
contre les sièges ne sont guère meilleurs.
Mais ce qui étonne le plus, c'e4 le peu
d élévation de la barrière et de la contre-
barrière qui séparent la piste du prome-
no r, placé devant les tribunes et ou va
s’entasser tout à l’heure le public debo it.II
n'est pas douteux que celte défectueuse ins
tallation implique gravement la re-ponsa-
bilité tant des orcan sateurs des «corridas»
que du maire de Deuil, qui les a autorisées
sans procéder à la moindre vérification.
La catastrophe
Nous ferons grâce à nos lecteurs de la
description du défilé qui précède les cour
ses. Il a, d’allleurs, été piteux et a démon
tré que les organisateurs ont décidément
fait le moins de frais possible. Quant au
public, il est en assez grande partie composé
de rastaquouères de tout teint, de filles de
toutesalcoves etde gigolos à demi crevés.
Les clés du toril jetées aux pseudoalguazils
et les picadores tenant l’arène, un fort
taureau noir est lâche. Son premier élan le
ette au milieu de l’arène, les cornes
Hissées, des cornes redoutables, effilées,
menaçantes et pas le moins du monde em-
boulées.
Les matadores promènent sous les yeux
de l’animal l’étoffe rouge après laquelle il
s'acharne. Puis un picador s’avance la lance
basse, mais un valet de toril fait un geste
de menace et le taureau effrayé fut demi-
tour et traverse larène en fuyant tandis
que des coups de sifflet éclatent. Un pica
dor, à l’aide d un voile rouge promené de
vant ses naseaux entrcine la bête affolée
vers la balustrade .levant la tribune prési-
dentielle. Dans son élan, le taureau rencon-
tre l'obstacle, la première barrière. D’un
bond il la franchit et se trouve dans le cou
loir où se réfugient les toreros. D’un effort
puissant, il se dresse sur ses pieds de der
rière, et d’un coup do reins, le voilà bon
dissant de nouveau. La barrière s’écroule
et le taureau se précipite dans la foule com
pacte.
Des hurlements, des plaintes retentis
sent. Des femmes affolées s’évanouissent.
Les dix mille speelateurs sont debout, ges
ticulent, jettent des mo.s incompréhensi-
èies dans la rumeur immense qui’ remplit
l arène. On montre le poing à la loge direc-
toriale en criant : Assassins ! Assassins.
Le tiureau est tombé dans un vide que
la terreur a fait instantanémen dovantlui.il
a passé pardessus le corps des gens sur
lesquels la barrière s'est rpliée. Il se rue
contre la loge présidentielle où b s organi
sateurs
Mais son muffie vient à peine à la hauteur
de la balustrade. Il tombe s ir ses pieds et
se rejelle dans la foule. C'est une trombe,
une avalanche. Il bondit et rebon lit. Au
tour de lui les êtres Joulent, Une femme est
prise, à un certain moment entre ses deux
cornes et la cloison, et on la voit s’accro-
cher à une corne, être secouée de haut en
bas et tomber e din. Le maréch
uniforme est ouvert par un coup de corne,
sa baïonnette est tordue, mais il n'est pas
blessé.
La Mort du taureau.
Heureusement le taureau trou ve une issue
et e evant la toile des arènes il fuit dans
un champ de vigne où le poursuivent des
gendarmes. Le gendarme Bodot, de Maisons
Laffitte, tire les six coups de son revolver
sur le taureau qui a le muffie criblé de
blessures. Mais elles ne font qu'irriter sa
rage. Il fonce sur Bodot, le renverse et le
piétiné. Le brave Pandore a le sang-froid
de tirer sa baionnette en l’enfonce dans les
flancs de la bête qui expire enfin.
La corrida interdite
Durant co femps, le calme s'est rétabli
aux arènes, après qu’on a emporté les bies-
ses assez nombreux. Les orgahisaleurs veu
lent continuer leur petite fête, mais le sous-
préfet de Pontoise prend immédiatement
un arrêté interdisant les courses et, pour
couper court à toute infraciion, il fait oc
cuper Farène par cinquante gendarmes.
Mais les spectateurs crient et gesticulant.
Fiualement une immense affiche est appor- i
lée. Elle est ainsi conçue : « Le poble X
informe qu'en raison de raecident J ?.
rida est remi • à dimanche. Billets Ar
jourd hui seront valables. . Et la fonte es
eue enfin le promenoir et 1m trib mes
Que se passera-t-il dimanc e p oehainy
Les courses seront-elles int r Lies? Gest
probable, mais les organi ale urs se frot.
ront les mains tout de même, car ils m
rendront pas l'argent. "
M. MILLERANDAARGZVEELL
La petite ville d’Argenteuil était en liesse
hier, à 1 occaion de T inauguration du buste
de la République qui décore ia nouvelle
mairie.
M. Mitlerand, ministre du commerce,a
préside la cérémonie. Reçu à la aredAr-
genteull, par M. Labierre, nuire de la
localité, entouré des membres du conseil
municipal, le ministre a été conduit à la
mairie par MM. Poirson, p éfet de Seine et.
Oise ; Berl aux, Aimond, Périllier, députés
du département ; Gally, conseiller géné
ral, etc.
Le buste ayant été érigé, grâce au cos-
cours pécuniaire du groupe r dicd socia
liste de la vil e, cèst le président dudil
groupe, M. Lemoine-Rivière, qui a prononce
l’allocution d'usage. Il a cédé la parole à
M. Berteaux, qui a dit :
A genteuil a devanei Paris qui, dit-il, bientot
in ugurera le « Triomphe de la République*.
Autour de cette statue, tous les el ments de
la démocratie sont groupés et prêts à defendr
la République.
Puis M. Millerand a pris la pa oie :
Le moment, a-t-il dit, est bien choisi pou.
rapp 1er à tous ce que signifle et symbolise fi-
mage devant laquelle nous no is inclinons.
La République qui est là, ce net pas seule
ment celle qui triomphe et règne aujourd’hui
c'est celle qui, depuis plus de cent ans, s’est
offerte au monde entier comme le régime de
Favenir, comme le régime de solidarité, de jus
tice qui doit abriter l humanité to it entière.
Elle nous rappelle, cette figure, qu’unepre
mière fois la République se 4 intallee eu
France, pour donner non seuleme tà la France
mais au monde entier, cette charte immortelle
• les Droits de l’homme et du citoyen».
Elle rappelle, cette figure, qu apres lespen
péties que nous avons connues, que nos pères
ont vécues. U Répiblique est, une fo s de plus,
apparue sur celte terre, et que cette ois elle •
apporté dans le» plis de son drapeau le sufragt
un.versai, c’est à-dire qu'après la prem-rt
H< publique, qui avait désrété légalité des
hommes, elle a décrété l'égalité des citoyens.
Nous avons le droit de dire, nous républ
cains, qu’après vingt-neuf ans de Républioue,
le régime dont nous saluons ici la persnnalite
solennelle, ce régime a donné à la F aice, «
vingt-neuf ans plus de satisfaction et plus "
réalité qu'aucun régime antérieur.
Il me suffit de rappeler qu’en 1899, nous."
vons sous un régime qui a fondé — et C
peut-être son plus grand titre d’honneur — 1 •
cole gratuiteobligato re ét laïque pour tous M
citoyens; que la République a assuré à I"S
meme à ss pires aiversaires, la liberté « 11
plume et t • h parole. .
Geiie Republique, enfin, a donné aux travail
leur», aux faibles, aux humbles, cette loi w«
les syndicats professionnels dont s ni a"‘e"
hier, dans une sentence mémerible.afr?
une 10.s de plus, la valeur et l’autorité.
La cérémonie s’est terminée par la remise
d-s palmes académiques a MM. René car
nère, auteur du monument ; Batten, a Fp"
tecte; Masson , organisateur des leles.
au-re, la c oix de chevalier du Mer,
agricole a été décernee à M. Buisson, 5,
nograohe à la Chambre d s dépu és
Le ministre, les députés, le maire,
conseillers municipaux et les notabill
la ville, ont ensuite assisté à un bmqu
donné sur la place de la mairie, so"3
tenie fo: aine.
EAngleterrC il
Correspondance officielle
Londres, 9 octobre. —Voici, d’aprèsIE.
press de Blôcuifonlem, la correspondd"
officielle échangée récemment entre
Alfred Milner et le président SteiBm.
Ecrivant à sir Alfred Milner, le 27 sep-e.p.
bre, M. Steijn se plaint que le goUVera.,
ment britannique se soit écarie de , âu
sur laquelle les négociations avait u »
ouvertes. Le Transvaal avait accepta,
proposition e’enquèle mixle, sur Son,,
seil, et l’Etat liore a été grandemen .
sappointe de voir ses efforts ren ius " .
les. L’Etat libre était prêt à s‘employe,at
nouveau en faveur de la paix, maisran
arrêté par ce fait que, malgré ses ss
ces -le non intervention dans les »
intérieures du Transvaal le gouverne con
britannique poursuivait une Po11.
traire. . Napoit
En terminant, M. Steijn exprime le^
que, le gouvernement britannique n ,,
centrera pas de nouveM s troupes !•<
voudra bien definir de façon P ' 1 ind
mesuies dont il considère: adopion, men
nécessaire pour aboutir a un ar.a%
permanent. 1 letra
‘Le 2 octobre, dans une nouy le, ie de
M. Steijn dit qu il a jugé néce Ss et il
convoquer les Burgher- d FEtal librerran.
offre à nouveau de s employer à ne
650"kirred Milner, répondant, dat togna
dépêche de même date, *PrDNvoqu s J
que les Burghers aient e “pas sur *
dit que les mouvements de .RIher uat
frontiere du Natal sembient’nSus de 11
invasion immediste des posse
ns les colonnes de
ser,““mon attention sur
porter . qui vient dêti
Sabmyner son temps de se
term nues de discipline e
segvrEE-“FzsS&."N"X:TI,"N‘
Je t i cruelle, si elle n a [
jusle el aucun autre fait qi
née Psotre recit, et je vous
? I?re uue jai l’honneur d a
lettre” de la guerre pou
Explications avant de v
des nom-rail nous comm
7 «T l’intérêt de celui dont v
dans.ment pris la défense,
reuse liez agréer, Monsieur,
mesï meilleurs sentiments,
Voici !• texte de la lettre de
ninîstre de la guerre ,
Territiet, 7
4 le Ministre <
Mon général, j
u lis dans un journal, 4
. de Sabrayrolles vient
uns les compagnies de t
Jair pendant un conge de
AA72 en costume civil a u
> < u’ Æ se tenait a Albi, ’
I p sortie de cette rcur
aini
^’d'e^arpeLæ 0 ^’^
I’la sévérité me sembla I
qin avec l’acte qui 1 a moti
i est a la connaissance de
i,. aillons de discipiine ne I
recevoir dans leurs rangs q
rebelles à ‘autorité de leurs
ait être considerés comm
YOrrigibles. Est-ce donc qu
de traiter comme toi celui (
“aserne, sous l’impulsion
çanreux et s’associant a un
.. e de ses concitoyens, s
mis de traduire une opin
pas être celle de tout le mo
‘ A ce compte, quel chati
Jone mériter tous ces officie
la discipline, qui chaque joU
nue temps, ne craignent pa
enseurs des actes du SC
vous obligent à les rappeler
au respect de leurs devoirs
en ce qui me co cerne, de,
d’avoir la main plus rude m
sements que vous donnez (
mais ne faudrait-il pis crai
& l’injustice si, à côté de vo
diligence à leur égard on se
pitié pour un pauvre petit s
torts paraitraient singulie
graves que les leurs ?
Ce n’est pas par de pat
que la réconciliation nalio
vous avez si grandement ra
pourra s’établir. Comment <
soutenir la vérité et la JustI
santà la cause du capitaine
i aient-ils contenir un sentin
lion s'ils voyaient réserve
sévérités militaires ?
J’ai la confiance, mon gén
saurez comprendre mon ap
aucun esprit de fronde uk
le désir de faire rendre jusl
veux qu’on achemine peu
heure, vers ce lieu de supp
leBiribi dar.s le vocabulaire
Veuillez agréer, mon Gén
se de ma haute considérai
sentiments très dévoués.
Le Scandale
Ainsi que nous l’avions
Je Se ne-et-Oise a décidé
raison de l’accident d'avan
construction défectueuse de
rida projetée pour dima
Voilà qui est bien, mais ce
aurait dû commencer et, ne
les organisateurs se frotten
gardent la forte s imme et
la course augmente encor
puisqu’elle leur évite de not
Seulement il y a eu des b
cela pourra coûter cher au:
des courses, qui sont respoi
rement avec le maire de Let
LA HAUTE
L’interrogatoire deM. ]
déclaration
Linterrogatire de M. But
1 8 h. 5. Il était accompagr
seurs M” Ch. Boullay et Ne
tenger ayant maintenu sa
et de a présence d un seu
errogatoire, M- Normand sj
M. Bérenger, d’une voix 1
adressé à M. Buffet et lui a
— vous savez combien es
'ère que j’ai à remplir. Il ni
-uiierement pénible en so
“eur votre père pour leque
arfaile estime.
H 7 espère Monsieur le Pré
"t PrTTet, que vous me la d
Parfaitement, repartit
. Bérenger a dit alors à
ait une série de questior $
. BuTet a déclaré qu’il
ucune et qu’il faisait conn
y son refus dans une déci
mettait et qu’il le priait
e annexer au procès-ve:
B renger a cependant
’ ’res. posé des question
Sohs qui ne sont que le
toire du 18 septembre.
. Bifet a reconnu sur ।
vetérialité de son écritur
i;"ole le principal passage
"emi e par André Buffe
। ne répondrai pss à vd
a SP tard. Après toutes!
i s tous les mensonges r
"lo Je m’y refuse. b •
Pr malheur !‘accusatic
t 9 n est pas applicable ail
• reprochés, c e serait le |
— neuvelles calomnies et
songes. On dirait certain
norele pardon du gouv
je en drsude a été repenta 1
comme aussitôt rendu à 11
merencerai la lutte contre
ani. on chercherait à me
neeaant que je manque à i
ins, ne pourrais me (
in?. c ion restera secrète,
raicmie me direz-vous ? Je
grade plus pour qu’elle s
En me du gouvernement.
« 1 voici la conclusion s
je venat me condamner
a y3You 8 en dire les rais
mon oas devez vous rappe
gismPere qui avait comb
feruns,“9.route son énergie,
—on do la Cour de i
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