Titre : Les Droits de l'homme / fondateur Henri Deloncle
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1899-08-07
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32759074m
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Description : 07 août 1899 07 août 1899
Description : 1899/08/07 (A2,N568). 1899/08/07 (A2,N568).
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k68177519
Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, GR FOL-LC2-5700
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 02/05/2016
LES DROITS DE L’HOMMI
ABOINEMEITS
RÉDACTION ET ADMINISTRATION
142 — Rue Montmartre — 142
LA CAT ASTROPHE DE JUVISY
*===================================================================================== .
17 morts.-76 blessés.- Notre enquête
LE PROCÈS DE RENNES
Les DROITS DE L’HOMME ont
pris toutes leurs dispositions pour
que leurs lecteurs soient les pre
miers et les plus sûrement informés
de tous les incidents du procès de
Rennes.
Le compte rendu des débats nous
sera transmis télégraphiquement par
notre distingué collaborateur
M E JACQUES
Les impressions d’audience seront
traduites par notre éminente colla
boratrice
BRADAMANTE
dont l’émotion si communicative et
si poignante donnera la sensation
réelle des péripéties du procès.
Enfin notre directeur, Roger
DANGLAI, suivra lui-
même les débats et rédigera de
Rennes ses articles dans lesquels
seront résumées les étapes du pro
cès.
Marina ADER est chargé
de F « Autour de l’audience ».
Lire en seconde édition :
La Cloche
dans laquelle nos lecteurs trouve
ront tout ce que l’heure nous aura
empêché de faire paraître dans les
DROITS DE L’HOMME.
Les abonnée et dépositaires qui vou
draient recevoir LA CLOCHE sont
priés de nous en aviser immédiate-
ment.
L'Opinion
de l'Europe
Un pamphlétaire, jadis célèbre et
maintenant fourbu, vient de faire à
ses lecteurs un aveu assez naïf : il
leur montre dans quel triste état se
. trouvait encore il y a peu de temps,
une grande partie de l’opinion en
France, et, d’autre part, l’état de
clarté intellectuelle et de vigueur où il
a trouvé l’opinion des étrangers à
deux pas de la frontière.
Ici tout est ténèbres, préjugés, su-,
perstition, parti-pris. De . l’autre côté
du ruisseau, les yeux sont ouverts, les
esprits en éveil; on discute librement
sur les grandes affaires de notre
époque.
Quel est donc ce pays d’obscuran
tisme? C’est la France! Et qui nous
fait cet exposé de situation, si curieux
et si propre à nous faire réfléchir?
C’est M. Henri Rochefort !
Il était, dit-il, de l’autre côté d’un
ruisseau qui sépare notre pays de la
Suisse ; dès qu’il avait franchi d’une
enjambée le petit pont, et qu’il était
rentré en France, il ne rencontrait au-
Itour de lui que des expressions et des
signes d’une croyance absolue dans
a culpabilité de Dreyfus. Mais, re-
tournait-il de l’autre côté de l’eau, il
croyait entrer dans un autre monde,
il ne voyait dirigés sur lui « que des
regards chargés de la plus évidente
hostilité», et il n’était abordé que
par des gens convaincus de l’inno
cence de Dreyfus, et qui le conside- ,
raient lui-même comme une sorte de
malfaiteur public.
C’est M. Rochefort qui traduit ainsi
ses impressions de voyage, nous n’y
ajoutons rien, mais nous tirons de là
des observations qui peuvent servir
à l'enseignement du public, en lui
montrant quel singulier et inquiétant
isolement s’est fait autour de notre
pays en si peu d’années.
Le rédacteur de V intransigeant
explique ce phénomène à sa façon, il
calomnie ses hôtes et leur charmant
pays où il passe d’agréables vacances,
et l’on reconnaît là le mouvement na
turel de son grand cœur. Comme il
n’est jamais à court d’arguments ba
roques, il raconte que les Suisses
sont aveuglés par l’esprit théologique
et leurs rancunes contre Napoléon I er .
Napoléon I er et la théologie n’ont
rien à faire là-dedans. L’Helvétie a
toujours eu des sentiments de sympa
thie pour la France, et qui donc pour
rait oublier que nos soldats malheu-
reux ont trouvé chez elle un asile aux
jours de l’Année Terrible?
Si le voyageur français passait la
frontière, à n’importe quel autre point
du territoire, au Nord ou à l’Est, il ob
serverait le même phénomène. Il ver-
railavco surpiisc qu’il pontro dans
un autre monde, et que l’isolement
s’est fait tout du long de cette terre de
France que l’on se plaisait à croire en
communication morale avec tout l’uni-
vers.
Nous en connaissons plus d’un de
nos concitoyens, qui a été frappé de
ce singulier contraste, non pas au vil
lage de Hermance, mais au bord de la
Lys ou de l’Escaut, en Luxembourg,
en Hollande, en Suède, en Norvège,
et partout où l’on porte ses pas, on
découvre combien la France est deve
nue isolée dans le monde.
Qui ne se souvient, parmi les hom
mes qui ont connu l’époque du second
empire, avec quel chagrin et quelle
inquiétude on remarquait, à certains
jours, l’isolement de la France impé
riale? Il semblait que le crime du
Deux-Décembre avait élevé autour de
notre pays une sorte de muraille de
la Chine. Les impressions du dehors
ne nous arrivaient plus, nous ne con
naissions plus l’Europe et les grandes
choses qui s’y préparaient. Les infor
mations sincères, les avertissements
ne nous arrivaient que tronqués et 1
falsifiés. L’éclipse de la liberté en
France avait attristé et troublé tous
les amis de la liberté sur le continent.
On a dit bien souvent que tout hom
me qui pense a deux patries, la sienne
et la France. A l’époque dont nous
parlons, toutes les consciences vivan
tes en Europe ne retrouvaient plus
cette seconde patrie.
Dans cet état d’ignorance et d’isole
ment où nous étions se préparaient
les périls d’an prochain avenir. Lors
que M. Rouher signalait les points
noirs qu’il apercevait enfin à l’horizon,
c’était déjà l’orage tout entier qui
était près de fondre sur nous.
Ce qui vient de se produire depuis
dix-huit mois, en pleine République,
nous rappelle, d’une manière éton
nante, cette situation que l’on aurait
crue une production naturelle et ex
clusive de la dictature. Des journa
listes qui se prétendent les mieux in
formés ont à peine quitté Paris depuis
quelques heures, sont à peine sortis de
l’enceinte étroite de leurs préjugés, de
leurs passions et de leurs haines, et
déjà ils se croient à des milliers de
lieues de leur patrie, ils ne savent plus
où ils sont, ils ne reconnaissent rien
dans le monde qui les entoure, et
cette surprise n’est pas même pour eux
une lumière, et ils ne trouvent dans
cette constatation tragique de l’isole
ment de leur pays qu’une matière à
quelques quolibets !
On a beau dire et beau faire, et vou
loir se replier sur soi-même, dans un
sentiment de patriotisme farouche,
fût-il même juste dans son principe.
La France ne peut pas vivre long
temps ; elle s’expose à tous les périls
et à toutes les erreurs. Comment est-il
nécessaire de rappeler encore aujour
d’hui cette vérité? Voilà trois quarts
de siècle que Lamennais écrivait :«Le
mouvement de l’intelligence s’accroît
indéfiniment, en se communiquant de
l’un à l’autre peuple, et la diversité
des points de vue, appelant l’examen
et la comparaison, abrège la durée
des erreurs inévitables... » Et c’est
encore lui qui disait : « Hormis quel
ques traîneurs que la nuit a surpris
dans le passé, personne aujourd’hui
qui ne voie clairement que toutes les
fractions du genre humain gravitent
vers une grande unité, qui se consti
tuera, tôt ou tard, parce qu’elle est le
terme de ses efforts et l’accomplisse
ment de ses destinées terrestres. »
MARTIAL.
PASSAGE A TABAC
Les agents
Sont de brav’gens.
Cétait à la Bourse, à midi.
Des clameurs dans l’air alourdi
Montaient, nous déchirant Sw <
On se bousculait, on hurlait:
Un peuple noir, suant et laid
Gueulait autour de la corbeille.
Pourquoi donc, me dit un bourgeois
Ces gens donnent-ils de la voix!
Quelle est la terrible querelle
Qui met ces hommes en émoi.
Pourquoi sont-ils, dites le moi
Si prompts à monter d l'échelle ?
— Ah I lui dis-je honnête passant.
Vous vous trompes de cent pour cent.
Ces gens-là sont amis intimes
Et les gros mots qu’ils se diront.
Jamais, jamais ne les feront
Monter qu'à l’échelle des primes.
Bien plus imposés qu'imposants,
Ce sont des hommes très puissants,
^ar une emomalie étrange
Eux qu'on entend toujours clamant
Même chose au même moment,
On les appelle agents de change.
Pourquoi de change ? On ne sait pas
Comme ceux qui font les cent pas
Agents de ville, pauvres (ligues,
Ceux-ci parfois ont le besoin
D'intervenir à coups de poing
Dans nos querelles politiques.
Quand il plaît au gouvernement
Ceux-là cognent éperdument,
Gais et contente le cœur d l'aise.
Pour complaire au Père du Lac
Ceux-ci font passer d tabac,
Plus malins, la rente française I
GAUSY.
Trop d’ imaff ina tion
Les feuilles antisémites — dont la ma-
jeure partie sont dirigées par des juifs —
ont essayé de faire du bruit autour de la
réception de M. de Munster, ambassadeur
d’Allemagne, par M. Waldeck-Rousseau.
Cette réception s’explique le plus natu
rellement du monde. Le président du con
seil a été chargé par decret de l’intérim
des affaires étrangères pendant l’absence
de M. Delcassé. Le décret à même paru à
l’Officiel et il eût suffi de prendre la peine
de le lire pour s'éviter des commentaires
déplacés et'inutiles.
Car je suppose que les nationalistes ne
vont pas encore jusqu’à interdire au mi
nistre des affaires étrangères de recevoir
les ambassadeurs.
TÉMOIGNAGES SATISFAISANTS
Les journaux de la presse immonde con
tinuent à injurier patriotiquement l'homme
d’Etat qui s’est rendu à Saint-Pétersbourg
pour négocier avec les ministres du souve
rain ami et allié.
Les dépêches de Russie tiennent fort heu
reusement un langage plus intéressant pour
des cœurs français que celui de nos orga
nes nationalistes ':
L’opinion publique russe, télégraphie-t-on,
considère la visite de M. Del cassé comme très
opportune; c’est un nouveau témoignage maté
riel de l’inébranlable maintien de l’étroite ami-
tic constituant la base fondamentale de l’alliance
de la Russie et de la France.
Cet avis est également partagé par les sphè
res officielles russes.
La plupart des journaux souhaitent une
cordiale bienvenue à M. Delcassé et une pleine,
réussite pour les projets politiques qui ont
motivé son voyage.
Les Novotti font un vif éloge des talent» diplo
matique» de M. Delcassé, et il y a lieu d’espérer
que ses entretiens avec le comte Mouraview
affirmeront encore davantage Palliance franco
russe, dont les effets se sont déjà si avanta
geusement affirmés pour les deux alliés.
Après ces témoignages satisfaisants, il
est bien permis, n‘est-ce pas, de laisser à
leur besogne patriotique de diffamation ceux
de nos journaux qui font profession d'aimer
la France plus que les autres.
Le £8 mai dernier, la veille de l’ouver
ture des débats du procès en révision de-
vant les Chambres réunies, sans que l’on
sût encore quelle serait la décision des
hauts juges, j’écrivais ceci à cette même
place:
La Justice pour tous, la justice intégrale,
définitive, décisive, voilà ce que nous atten
dons de ces mémorables audiences qui s’ou
vrent demain.
Depuis, la Justice est venue. Qui ne se
souvient de ces magnifiques audiences, du
rapport de M. Ballot-Beaupré, du réquisi-
toire de M. Manau, de la plaidoirie de M®
Mornard, enfin de cet arrêt vengeur, si im.
patiemment attendu ?
Au-dessus des imbéciles clameurs de
haine, la loi se dressait en souveraine maî
tresse, loi réparatrice des iniquités, loi
indifférente aux calomnies comme aux me
naces.
L’arrêt de la Cour de cassation nous a
renvoyé à Rennes. Nous y voici. ,
Demain va commencer cette émotion
nante solennité judiciaire, telle que jamais
peut-être on n’en vit de semblable.
Le capitaine Alfred Dreyfus, injustement
chassé de l’armée en 189., expédié au ba
gne, reparaît devant d’autres juges, avec
un uniforme orné de nouveau de ses trois
Salons d’or, mais le corps brisé sous les
pouvantabies souffrances, et physiques et
morales, que ce martyr a dû subir.
Et c’est là l’angoissante question qui se
K ose : ces trois galons, les sept officiers de
ennes les lui arracheront-ils encore? Ce
corps anéanti, vont-ils l’expédier encore
sous le soleil terrifiant de la Guyane?
Pour nous, la réponse ne saurait être
douteuse. L’homme que la Cour de cassa
tion a renvoyé devant ses pairs, couvert et
protégé par une présomption légale d’in
nocence, cet homme sera acquitte, à l’una-
ni mi té.
Il le sera, parce qu’aucune charge, aucun
semblant de charge ne subsiste contre lui.
Pour s’en rendre compte, qu’on relise l’en
quête de Quesnay; l’effeten est infaillible,
et j’en sais beaucoup qui, hésitants encore,
ont senti entrer en eux la 'conviction de
l’innocence de Dreyfus, en apercevant
quels misérables arguments vont chercher
ses détracteurs les plus passionnés. Quant à
Mercier c'est l’homme qui parlera demain
— comme le barbier rasera gratis — et les
m dreyfusards» l’attendent avec une certaine
curiosité.
Dreyfus sera donc acquitté, parce que
ses juges, apercevant la vérité, tiendront à
honneur de la rendre éclatante pour tous.
Mais une préoccupation patriotique nous
étreint. Ce verdict, librement rendu par
ces arbitres souverains, nos adversaires
voudront-ils l’accepter ? Sera-t-il possible,
après les sanctions nécessaires, d’entrevoir
enfin l’apaisement effectué entre tous les
bons français ?
Nous devons l’espérer — sans le trop
croire pour certains énergumènes. Mais il
faut surtout que l’armée s’incline. Cette
armée que, dès notre jeunesse nous avons
appris à aimer et à respecter dans son rôle
d’éducation d’un peuple libre» cette armée
nationale où vont sans exception tous les
enfants de France, il faut qu’elle se désoli
darise du mensonge, du faux, de la calom
nie et de l’erreur. Il faut que cesse cet an
tagonisme sacrilège, dans le pays de la
Révolution, entre le Droit et la Force.
Demain verra sans doute se faire cette
union ; et, de ce procès historique de Ren
nes, ce n’est pas seulement Dreyfus qui
doit en revenir réhabilité, c’est la France
qui doit en sortir réconciliée ! 4
Maître JACQUES.
CS agents de Change
et la baisse de la rente
La Petite République pose les questions
suivantes :
1 L’enquête a-t-elle révélé les noms de ceux
qui, pour faire dégringoler les cours, lancè
rent la nouvelle fausse de la démission des
généraux Hervé et Jamont?
2 A-t-on officiellement établi l’entente qui
s’est produite entre certains détenteurs de
rente en vue d’affoler l’opinion et d'amener
une panique ?
- Sait-on quel fut le rôle joué par les congré
gations dans cette affaire?
3* Quelle est la part de responsabilité des
agents de change ? .
Nous avons démontré que ceux-ci, en assis
tant impassibles à la manœuvre, alors qu'il
leur était facile de démentir les fausses nou
velles, se sont rendus complices des noirs
flibustiers.
S’il en est ainsi, quelle mesure compte-t-on
prendre contre la compagnie réactionnaire
des agents do change?
Les laissera-t-on impunément ' poursuivre
contre le gouvernement de la République leur
besogne d’hostilité sournoise?
Nous espérons bien qu’on trouvera le
moyen de les empêcher de nuire.
En attendant, les nationalistes aux abois
tentent ce matin une dernière manœuvre
pour essayer de jeter la suspicion sur l’un des
témoins principaux. Tous les journaux fidèles
au général Mercier et à sa bande attaquent le
MŒURS CHEVALERESQUES
On se rappelle comment M. de Pellieux
essaya de donner à la légende de la dame
voilée un semblant de réalité. Il fit surveil
ler par sa police une jeune femme qu’il
savait avoir eu jadis d’amicales relations
avec le colonel Picquart. Cette dame, Mme
M., s'émut d'une surveillance qui pouvait
attirer l’attention de son mari et renouveler
des dissentiments dont elle avait eu beau
coup à souffrir. Elle alla trouver le général
de Pellieux, fit appel à sa loyauté, à son
honneur ; une heure après le gentilhomme
soldat dénonçait au mari cette démarche,
en ayant soin, paralt-il, d'en dénaturer le
caractère.
Les mêmes sentiments chevaleresques
animeraient, s’il faut en croire les rensei
gnements qui nous ont été donnés, M. le
colonel Latour d’Affaure, qui commande à
Antibes. Cet officier aurait, paraît-il, dénoncé
à son mari une femme qui s’était confiée à
lui. L’avenir d’une famille a été brisé par
cette... indiscrétion. Si les faits qu’on nous
a rapportés- sont exacts, il est à souhaiter,
Cour l’honneur même de l’armée, que M.
atour d’Affaure trouve un enquêteur moins
indulgent que M. le général Duchesne.
Un deuil cruel vient de frapper notre
directeur M. Roger Danglar.
Au moment où il se rendait à Rennes
pour assister aux débats du procès qui
s’ouvre demain, une douloureuse nou
velle l’a rappelé à Paris où son père ve
nait de mourir subitement.
Nous adressons à notre directeur, dans
cette triste circonstance» l’assurance de
nos condoléances émues et de notre bien
vive sympathie.
LA PETITE GUERRE
Catastrophe de
Donc, c’est demain que vont commencer à
Rennes les débats de ce procès Dreyfus qui
prendra certainement le premier rang dans la
catégorie des causes célèbres. J’ai idée qu’on
ne s‘y embêtera pas, comme dit l’autre.
Nous allons en effet entendre toute une
série de dépositions qui ne manqueront pas
de stupéfier les admirateurs de I Etat-Major.
Quand tous ces remparts de • l’honneur
du 2% bureau » ont déposé devant la Cour de
cassation, ils ont récité avec beaucoup de
faconde, d’aplomb, de sûreté une leçon plus
ou moins bien faite et plus ou moins correc-
tement apprise. Le malheur est que tous ces
beaux péroreurs demeuraient muets comme
des carpes, ou bègues comme Brid’Oison,
dès qu’on leur posait une question à laquelle
ils ne s’attendaient pas.
C’est pour cette raison d’ailleurs que les
antirevisionnistes dirigèrent leur fameuse cam
pagne contre la chambre criminelle en répan
dant la légende des • questions insidieuses».
On a vu ce qu’étaient ces questions « insi-
dieuses». En réalité, la Cour de cassation a
complaisamment laissé tous ces fameux dis
coureurs raconter tout ce qu’ils ont voulu.
Mais, au procès de Rennes, il n’en sera pas
de même. Vous devez bien vous imaginer,
par exemple, que Me Labori ne manquera pas
de demander quelques renseignements à cer
tains témoins, au capitaine Lebrun-Renault
par exemple, au général Roget, au capitaine
Cuignet, au lieutenant-colonel Du Paty de
Clam dont les déclarations sont plutôt con
tradictoires.
Ah I non ! on ne s’embêtera pas, à Rennes.
Tout d’abord, nous allonsavoir ta grrrande
déposition du général Mercier, en lequel le
chœur patriotouillard dirigé par le trio
Quesnay-Judet-Déroulède a placé tout son
espoir.
il paraît que, cette fois, l’homme au flair
d’artileur va tout dire. Tout, vous entendez
bien?... Tout... Enfin!
Nous autres, nous pensons, avec quelque
vraisemblance, que si le général Mercier
avait réellement quelque chose à dire, il y a
longtemps qu’il l’aurait dit, d’abord pour
légitimer la condamnation de Dreyfus, en
suite pour arrêter la campagne entreprise en
faveur de ce dernier, enfin pour empêcher
la Cour de cassation d’ordonner la révision
de son procès,
il paraît cependant qu’il n.’avait pas dit tout
ce qu’il savait, et que ce tout, il va le dire au
jourd’hui. " -
Et; je ne sais pourquoi, je pense malgré
moi au mot célèbre du général de Pellieux
lorsque, au procès Zola, acculé, sentant le
terrain lui échapper, jugeant la partie perdue,
il se décida à brûler les vaisseaux de l’Etat-
Major et après un énergique: * Allons-y : »
à « sortir » le fameux faux Henry.
Y aurait-il encore quelque faux en réserve
que va nous révéler le général Mercier ?
Ce dernier rempart des faussaires, — Mer
cier la dernière cartouche — est parti hier
soir pour Rennes. Et le Journal annonce que
le général de Négrier l’a accompagné à la
gare.
Le général de Négrier lui aurait-il apporté
un dernier tuyau ?
colonel Picquart avee un ensemble trop re-
marquable pour ne pas avoir été concerté.
L'Intransigeant établit un parallèle entre
du Patv de Clam et lui, et trouve qu’on l'eu
montré plein de mansuétude pour l’homme
du Syndicat, tandis qu’on a accablé le mal
heureux ami de Mlle Pays et d’Esterhazy. y
est clair, en effet, qu’avoir été mis près d'ut»
an en prison préventive, simplement pour
avoir dit que le faux Herry était un faur,
c’est là bénéficier d’un traitement de faveur!
Dans le Matin, le sympatique Hulan Ester,
hazy fait des déclarations sensationn elles
pour démontrer que le « Petit Bleu • qui a
fait naître les soupçons sur son compte n’est
pas autre chose qu’une mystification, une
manoeuvre du syndicat, que sais-je? C’est là
une vieille histoire que nous connaissons. La
seule chose à retenir des déclarations du
Hulan, c’est la nouvelle menace que voici :
Le général Gonse, qui traite mes allégations
de romans et qui finira par me forcer, bien
malgré moi, à lui montrer que ce ne sont
int des romans, a bien dit dédaigneusement,
utre jour, que j'avais pu, une ou deux fois,
apporter à Sandherr des renseignements. Mais
je m'arrête.
On le. voit, le chantage continue.
Les aveux de Rochefort continuent égale-
ment.
En déployant r/ntransi^eant en tête du-
quel s’étale comme d’habitude une manchette
sensationnelle, on pouvait lire ce matin :
L'INTRANSIGEANT
Rédacteur en chef : HENRI ROCHEFORT
CRIMINEL DI DROIT COMMUN
'Pour une fois, nous sommes du même
avis!
LAVARDAC.
17 MORTS
76 BLESSÉS
NOTR E ENQU ÊTE
L'accident. — Les secoure. — Scènes
déchirantes. — Liste des blessés. -
Les morts reconnus.—A la Morgue-
Dans Iss hôpitaux. — Notre enquête.
Une épouvantable catastrophe s'est pro-
duite hier soir en gare de J uvisy, au mo
ment où l’orage était dans sa plus grande
violence.
A cette époque de l’année, la Compagnie
d'Orléans orgalse un certain nombre de
trains supplémentaires, directs et à marche
rapide, dits trains de bains de mer.
Deux de ces trains portant les numéros
99 bis et 99, partent chaque soir à cinq mi
nutée d’intervalle, le premier à neuf heures
trente-cinq et le second à neuf heures que
rante.
La marche du train 29 est réglée de façon
à ce que, au passage à Juvisy, c’est-à-dire
à une heure de Paris, les deux trains aient
entre eux une intervalle de dix minute»,
qu’ils doivent conserver pendant tout leur
parcours.
U CATASTROPHE
Le 29 bis partait hier soir à son heure
habituelle. Le 99 suivait. Le premier Pa
sait à Juvisy vers 10 h. 5. Là, d’après ‘
diras des employés de la gare et ceux ça
premier train, la voie fut bloquée, le tral
ne pouvant passer en raison de la tempe
épouvantable qui se déchaînait sur le Gar"
‘ Que se passa-t-il alors? ,
Le sémaphore bloquait-il on bien, naxa
pu fonctionner sous la trombe, ne bloque,
il pas la voie? On ne sait encore. j
Toujours est-il que le train 9?, passan"”
gare de Juvisy où venait de sarreler
train 99 bis, le prit en queue de convoi •
le télescopa. ...
La deuxième locomotive enfonça le "
gon et les ‘quatre dernières voitures “ I
se rejeta obliquement sur la droite.
Le choc fut épouvanable. .3
Un immense cri de douleur monta Y 1
coup des voitures brisées, dont 1 enen»
trement était horrible à voir. m.
- Sous la pluie diluvienne, à la lueur i
gurante des éclairs, on ne voyait 9e 1
amas indescriptible de débris, de wase I
de colis éventrés, d’où s’échappaient i
cris et des supplications et d’ou Shs I
saient des membres sanglants descady I
convulsés. |
US SECOURS ... |
Comme toujours, en pareil cas, travers I
vivants affolés se sauvaient * 3
champs, en poussant des cris. t et, aidé E
Le personnel de la gare accon’’ u visy os • 1
des pompiers et des habitant,. . sinistro 0
commença à la lueur des |
déblaiement. abonaphiait à M 9
En même temps, on ,aenmediatement I
gare de Paris, qui env» H
un train de SeCOl" arsuivait à Juvisy, 2 I
e sauvetage Se. "dechirantes : dix-sept 1
milieu de SC ““furent retirés de 1 ama |
cadayresmutilaeposes dans une saile de 9
de décombres •
la gare nr autre salle, une ambulant* |
Dans.“ganisee où, sous la direction d |
avait “the Juvisy, des internes venus d l
méde “inserent les blessés. ... 1
Paris entre eux plus gravement atteink fl
aol rester à Juvisy ou ils sont soigné» y
• itatter, commandant
| Yraxseus,"Painlevé,
J went Le do«.ier se
" M. Carrière, commissair
I mon‘s,al“Yande randition
H ..cos de MM. Chamois
H huisGes du gouverneme
M dossiers secre
9 mon la citation d’un ce
• “"sias relatif» aux aveux
w témg communication des
K aera probablement quat
I d commandant Carrier
K des détails sur la marche "
1 “ant que les témoins de
K ““ispo-itiondu conseil.
J lALe colonel Jouaustord
4 de tous les témoins relatifs
I “e peyrolles, Guérin, et
8 toiles autres témoins quitt
t le conseil se retire égalen
I cs reprise cinq mm u tes al
| Esterhasy défi
| M Carrière demande 4
| outre aux débats en cel
8 wnt malades ou empêcha
I 2. iro à nouveau tour St
I 589 témoins défaillants. 111
I Documen,
Le greffer Ccupoisdont
| Voici l’ordre qui a été 2
du conseil de guerre de H]
! Le général commandag
I d'VlSrret de la Cour ■
date du 3 juin courant, q|
' pitaine Dreyfus devant le ■
| de Rennes ; . ■
। Vu Particle 10 du code H
tairo qui prescrit de mod
bon du conseil de guerreg
de l’accusé ; ■
Ordonne que le consee
Rennes pour le jugement
pitaine Dreyfus sera coH
nière suivante : ■
MM- lc colonel Jouau
génie, président; le 1H
Brongniart, directeur; (
président actuel ; le comn
juge ; le commandant Prog
bre actuel; lo commanda
capitaine Parfait, juge, ‘
capitaine Beauvais, juge, B
Vu les paragra hes 3 et
ticle, aux termes desque
faire parait de nature a CE
débats, il peut être dé-ig
. grade un ou deux juges •
bout pommés pour la mi
très supplémentaires dip
le colonel Jourdy, appart
tillerie; le lieutenant-colo
tenant au lu® d'artillerig
Boucher, appartenant à M
truction; le commandant
nant au 10® d’artillerie; B
ronnet, appartenant au B
capitaine Cuignot, d 10°
Au quartier général, ci
On voit, par là, qu'à Pi
plémentaires, deux juges
ment se trouvent, avec.R
dent, désignés pour fain
de guerre: ce sont MM.D
Lancrau, de Bréon et B
sont du 7 e d’artillerie. B
Impressions 4
Durant la suspension,
s’engagent. B
Dreyfus a quitté l’aup
saccadé et automatique.D
flétrie et ses cheveux tor
avoir admirablement S
leurs. B
.Mme Dreyfus, par un B
nuc compréhensible, n‘s
bats. B
Le colonel Jouaust a
ceux qui ont assisté au B
il rappelle à s’y mépreng
Ramel ; mais il parle un B
que M. Carrière. B
Le colonel Picquart, en
son maintien imposant
peut lui manifester sa sa
sent qu'il s’en faudrait C
salle croule en applauc
ques, il est d’ailleurs in
ner salle plus tranqui
mieux d sposés : Mes La
admirables de vaillanceB
fort entourés et félicic
reprise enfin. B
Le conseil décide de pa
bats sans se préoccupe
témoins à charge et an
excuses sont valables. B
Le conseil constate se
hazya été touché diplo .
citation à lui adressée. D
Le président donne ai
l’acte d’accusation.
M. Coupois procède
meux rapport du con
cheville. On en connaît
loppements, mais on
veau plaisir à les enten
Pendant cette lecture
mobile à sa place, le 1
gauche, les yeux fixés!
conseil de guerre. Il ne
mouvement; près de H
taine de gendarmerie, 1
L’interrog
Cette lecture termin
commence: ]
, M. 1® colonel Jouai
. vez-vous. Vous avez |
trahison. Je rappelle J
dispositions de l’article
Ous êtes accusé d’avoi
•ance étrangère les do
lettre*? bordereau. Av
Le sergent apparitet
dereau à Dreyfus. 1
Dreyfus (d’une voix I
PPertepourmel
soneeent. (Iei des «
"I de F accusé).
M. le président anal
ments du bordereau
Treyfus affirme ne l’a
Niscussion -‘engage sut
Président et l’accusé. 1
-ouverture l 0 colonel J
•vez p u connai’re to:
posxerture, le commar
“ À cette époque, I
as Suffisamment ”, I
ygyus. La couvertur.
„ au troisième bure
opoglonel Jouaust, y
.Le président démont
JS aurait pu avoir des
tnene.idcations nux
ye he document dtl
noyaust est la note su
lin eest celle qu’a Co Pl
vh. dans une anticham
** • nenit se fal
ABOINEMEITS
RÉDACTION ET ADMINISTRATION
142 — Rue Montmartre — 142
LA CAT ASTROPHE DE JUVISY
*===================================================================================== .
17 morts.-76 blessés.- Notre enquête
LE PROCÈS DE RENNES
Les DROITS DE L’HOMME ont
pris toutes leurs dispositions pour
que leurs lecteurs soient les pre
miers et les plus sûrement informés
de tous les incidents du procès de
Rennes.
Le compte rendu des débats nous
sera transmis télégraphiquement par
notre distingué collaborateur
M E JACQUES
Les impressions d’audience seront
traduites par notre éminente colla
boratrice
BRADAMANTE
dont l’émotion si communicative et
si poignante donnera la sensation
réelle des péripéties du procès.
Enfin notre directeur, Roger
DANGLAI, suivra lui-
même les débats et rédigera de
Rennes ses articles dans lesquels
seront résumées les étapes du pro
cès.
Marina ADER est chargé
de F « Autour de l’audience ».
Lire en seconde édition :
La Cloche
dans laquelle nos lecteurs trouve
ront tout ce que l’heure nous aura
empêché de faire paraître dans les
DROITS DE L’HOMME.
Les abonnée et dépositaires qui vou
draient recevoir LA CLOCHE sont
priés de nous en aviser immédiate-
ment.
L'Opinion
de l'Europe
Un pamphlétaire, jadis célèbre et
maintenant fourbu, vient de faire à
ses lecteurs un aveu assez naïf : il
leur montre dans quel triste état se
. trouvait encore il y a peu de temps,
une grande partie de l’opinion en
France, et, d’autre part, l’état de
clarté intellectuelle et de vigueur où il
a trouvé l’opinion des étrangers à
deux pas de la frontière.
Ici tout est ténèbres, préjugés, su-,
perstition, parti-pris. De . l’autre côté
du ruisseau, les yeux sont ouverts, les
esprits en éveil; on discute librement
sur les grandes affaires de notre
époque.
Quel est donc ce pays d’obscuran
tisme? C’est la France! Et qui nous
fait cet exposé de situation, si curieux
et si propre à nous faire réfléchir?
C’est M. Henri Rochefort !
Il était, dit-il, de l’autre côté d’un
ruisseau qui sépare notre pays de la
Suisse ; dès qu’il avait franchi d’une
enjambée le petit pont, et qu’il était
rentré en France, il ne rencontrait au-
Itour de lui que des expressions et des
signes d’une croyance absolue dans
a culpabilité de Dreyfus. Mais, re-
tournait-il de l’autre côté de l’eau, il
croyait entrer dans un autre monde,
il ne voyait dirigés sur lui « que des
regards chargés de la plus évidente
hostilité», et il n’était abordé que
par des gens convaincus de l’inno
cence de Dreyfus, et qui le conside- ,
raient lui-même comme une sorte de
malfaiteur public.
C’est M. Rochefort qui traduit ainsi
ses impressions de voyage, nous n’y
ajoutons rien, mais nous tirons de là
des observations qui peuvent servir
à l'enseignement du public, en lui
montrant quel singulier et inquiétant
isolement s’est fait autour de notre
pays en si peu d’années.
Le rédacteur de V intransigeant
explique ce phénomène à sa façon, il
calomnie ses hôtes et leur charmant
pays où il passe d’agréables vacances,
et l’on reconnaît là le mouvement na
turel de son grand cœur. Comme il
n’est jamais à court d’arguments ba
roques, il raconte que les Suisses
sont aveuglés par l’esprit théologique
et leurs rancunes contre Napoléon I er .
Napoléon I er et la théologie n’ont
rien à faire là-dedans. L’Helvétie a
toujours eu des sentiments de sympa
thie pour la France, et qui donc pour
rait oublier que nos soldats malheu-
reux ont trouvé chez elle un asile aux
jours de l’Année Terrible?
Si le voyageur français passait la
frontière, à n’importe quel autre point
du territoire, au Nord ou à l’Est, il ob
serverait le même phénomène. Il ver-
railavco surpiisc qu’il pontro dans
un autre monde, et que l’isolement
s’est fait tout du long de cette terre de
France que l’on se plaisait à croire en
communication morale avec tout l’uni-
vers.
Nous en connaissons plus d’un de
nos concitoyens, qui a été frappé de
ce singulier contraste, non pas au vil
lage de Hermance, mais au bord de la
Lys ou de l’Escaut, en Luxembourg,
en Hollande, en Suède, en Norvège,
et partout où l’on porte ses pas, on
découvre combien la France est deve
nue isolée dans le monde.
Qui ne se souvient, parmi les hom
mes qui ont connu l’époque du second
empire, avec quel chagrin et quelle
inquiétude on remarquait, à certains
jours, l’isolement de la France impé
riale? Il semblait que le crime du
Deux-Décembre avait élevé autour de
notre pays une sorte de muraille de
la Chine. Les impressions du dehors
ne nous arrivaient plus, nous ne con
naissions plus l’Europe et les grandes
choses qui s’y préparaient. Les infor
mations sincères, les avertissements
ne nous arrivaient que tronqués et 1
falsifiés. L’éclipse de la liberté en
France avait attristé et troublé tous
les amis de la liberté sur le continent.
On a dit bien souvent que tout hom
me qui pense a deux patries, la sienne
et la France. A l’époque dont nous
parlons, toutes les consciences vivan
tes en Europe ne retrouvaient plus
cette seconde patrie.
Dans cet état d’ignorance et d’isole
ment où nous étions se préparaient
les périls d’an prochain avenir. Lors
que M. Rouher signalait les points
noirs qu’il apercevait enfin à l’horizon,
c’était déjà l’orage tout entier qui
était près de fondre sur nous.
Ce qui vient de se produire depuis
dix-huit mois, en pleine République,
nous rappelle, d’une manière éton
nante, cette situation que l’on aurait
crue une production naturelle et ex
clusive de la dictature. Des journa
listes qui se prétendent les mieux in
formés ont à peine quitté Paris depuis
quelques heures, sont à peine sortis de
l’enceinte étroite de leurs préjugés, de
leurs passions et de leurs haines, et
déjà ils se croient à des milliers de
lieues de leur patrie, ils ne savent plus
où ils sont, ils ne reconnaissent rien
dans le monde qui les entoure, et
cette surprise n’est pas même pour eux
une lumière, et ils ne trouvent dans
cette constatation tragique de l’isole
ment de leur pays qu’une matière à
quelques quolibets !
On a beau dire et beau faire, et vou
loir se replier sur soi-même, dans un
sentiment de patriotisme farouche,
fût-il même juste dans son principe.
La France ne peut pas vivre long
temps ; elle s’expose à tous les périls
et à toutes les erreurs. Comment est-il
nécessaire de rappeler encore aujour
d’hui cette vérité? Voilà trois quarts
de siècle que Lamennais écrivait :«Le
mouvement de l’intelligence s’accroît
indéfiniment, en se communiquant de
l’un à l’autre peuple, et la diversité
des points de vue, appelant l’examen
et la comparaison, abrège la durée
des erreurs inévitables... » Et c’est
encore lui qui disait : « Hormis quel
ques traîneurs que la nuit a surpris
dans le passé, personne aujourd’hui
qui ne voie clairement que toutes les
fractions du genre humain gravitent
vers une grande unité, qui se consti
tuera, tôt ou tard, parce qu’elle est le
terme de ses efforts et l’accomplisse
ment de ses destinées terrestres. »
MARTIAL.
PASSAGE A TABAC
Les agents
Sont de brav’gens.
Cétait à la Bourse, à midi.
Des clameurs dans l’air alourdi
Montaient, nous déchirant Sw <
On se bousculait, on hurlait:
Un peuple noir, suant et laid
Gueulait autour de la corbeille.
Pourquoi donc, me dit un bourgeois
Ces gens donnent-ils de la voix!
Quelle est la terrible querelle
Qui met ces hommes en émoi.
Pourquoi sont-ils, dites le moi
Si prompts à monter d l'échelle ?
— Ah I lui dis-je honnête passant.
Vous vous trompes de cent pour cent.
Ces gens-là sont amis intimes
Et les gros mots qu’ils se diront.
Jamais, jamais ne les feront
Monter qu'à l’échelle des primes.
Bien plus imposés qu'imposants,
Ce sont des hommes très puissants,
^ar une emomalie étrange
Eux qu'on entend toujours clamant
Même chose au même moment,
On les appelle agents de change.
Pourquoi de change ? On ne sait pas
Comme ceux qui font les cent pas
Agents de ville, pauvres (ligues,
Ceux-ci parfois ont le besoin
D'intervenir à coups de poing
Dans nos querelles politiques.
Quand il plaît au gouvernement
Ceux-là cognent éperdument,
Gais et contente le cœur d l'aise.
Pour complaire au Père du Lac
Ceux-ci font passer d tabac,
Plus malins, la rente française I
GAUSY.
Trop d’ imaff ina tion
Les feuilles antisémites — dont la ma-
jeure partie sont dirigées par des juifs —
ont essayé de faire du bruit autour de la
réception de M. de Munster, ambassadeur
d’Allemagne, par M. Waldeck-Rousseau.
Cette réception s’explique le plus natu
rellement du monde. Le président du con
seil a été chargé par decret de l’intérim
des affaires étrangères pendant l’absence
de M. Delcassé. Le décret à même paru à
l’Officiel et il eût suffi de prendre la peine
de le lire pour s'éviter des commentaires
déplacés et'inutiles.
Car je suppose que les nationalistes ne
vont pas encore jusqu’à interdire au mi
nistre des affaires étrangères de recevoir
les ambassadeurs.
TÉMOIGNAGES SATISFAISANTS
Les journaux de la presse immonde con
tinuent à injurier patriotiquement l'homme
d’Etat qui s’est rendu à Saint-Pétersbourg
pour négocier avec les ministres du souve
rain ami et allié.
Les dépêches de Russie tiennent fort heu
reusement un langage plus intéressant pour
des cœurs français que celui de nos orga
nes nationalistes ':
L’opinion publique russe, télégraphie-t-on,
considère la visite de M. Del cassé comme très
opportune; c’est un nouveau témoignage maté
riel de l’inébranlable maintien de l’étroite ami-
tic constituant la base fondamentale de l’alliance
de la Russie et de la France.
Cet avis est également partagé par les sphè
res officielles russes.
La plupart des journaux souhaitent une
cordiale bienvenue à M. Delcassé et une pleine,
réussite pour les projets politiques qui ont
motivé son voyage.
Les Novotti font un vif éloge des talent» diplo
matique» de M. Delcassé, et il y a lieu d’espérer
que ses entretiens avec le comte Mouraview
affirmeront encore davantage Palliance franco
russe, dont les effets se sont déjà si avanta
geusement affirmés pour les deux alliés.
Après ces témoignages satisfaisants, il
est bien permis, n‘est-ce pas, de laisser à
leur besogne patriotique de diffamation ceux
de nos journaux qui font profession d'aimer
la France plus que les autres.
Le £8 mai dernier, la veille de l’ouver
ture des débats du procès en révision de-
vant les Chambres réunies, sans que l’on
sût encore quelle serait la décision des
hauts juges, j’écrivais ceci à cette même
place:
La Justice pour tous, la justice intégrale,
définitive, décisive, voilà ce que nous atten
dons de ces mémorables audiences qui s’ou
vrent demain.
Depuis, la Justice est venue. Qui ne se
souvient de ces magnifiques audiences, du
rapport de M. Ballot-Beaupré, du réquisi-
toire de M. Manau, de la plaidoirie de M®
Mornard, enfin de cet arrêt vengeur, si im.
patiemment attendu ?
Au-dessus des imbéciles clameurs de
haine, la loi se dressait en souveraine maî
tresse, loi réparatrice des iniquités, loi
indifférente aux calomnies comme aux me
naces.
L’arrêt de la Cour de cassation nous a
renvoyé à Rennes. Nous y voici. ,
Demain va commencer cette émotion
nante solennité judiciaire, telle que jamais
peut-être on n’en vit de semblable.
Le capitaine Alfred Dreyfus, injustement
chassé de l’armée en 189., expédié au ba
gne, reparaît devant d’autres juges, avec
un uniforme orné de nouveau de ses trois
Salons d’or, mais le corps brisé sous les
pouvantabies souffrances, et physiques et
morales, que ce martyr a dû subir.
Et c’est là l’angoissante question qui se
K ose : ces trois galons, les sept officiers de
ennes les lui arracheront-ils encore? Ce
corps anéanti, vont-ils l’expédier encore
sous le soleil terrifiant de la Guyane?
Pour nous, la réponse ne saurait être
douteuse. L’homme que la Cour de cassa
tion a renvoyé devant ses pairs, couvert et
protégé par une présomption légale d’in
nocence, cet homme sera acquitte, à l’una-
ni mi té.
Il le sera, parce qu’aucune charge, aucun
semblant de charge ne subsiste contre lui.
Pour s’en rendre compte, qu’on relise l’en
quête de Quesnay; l’effeten est infaillible,
et j’en sais beaucoup qui, hésitants encore,
ont senti entrer en eux la 'conviction de
l’innocence de Dreyfus, en apercevant
quels misérables arguments vont chercher
ses détracteurs les plus passionnés. Quant à
Mercier c'est l’homme qui parlera demain
— comme le barbier rasera gratis — et les
m dreyfusards» l’attendent avec une certaine
curiosité.
Dreyfus sera donc acquitté, parce que
ses juges, apercevant la vérité, tiendront à
honneur de la rendre éclatante pour tous.
Mais une préoccupation patriotique nous
étreint. Ce verdict, librement rendu par
ces arbitres souverains, nos adversaires
voudront-ils l’accepter ? Sera-t-il possible,
après les sanctions nécessaires, d’entrevoir
enfin l’apaisement effectué entre tous les
bons français ?
Nous devons l’espérer — sans le trop
croire pour certains énergumènes. Mais il
faut surtout que l’armée s’incline. Cette
armée que, dès notre jeunesse nous avons
appris à aimer et à respecter dans son rôle
d’éducation d’un peuple libre» cette armée
nationale où vont sans exception tous les
enfants de France, il faut qu’elle se désoli
darise du mensonge, du faux, de la calom
nie et de l’erreur. Il faut que cesse cet an
tagonisme sacrilège, dans le pays de la
Révolution, entre le Droit et la Force.
Demain verra sans doute se faire cette
union ; et, de ce procès historique de Ren
nes, ce n’est pas seulement Dreyfus qui
doit en revenir réhabilité, c’est la France
qui doit en sortir réconciliée ! 4
Maître JACQUES.
CS agents de Change
et la baisse de la rente
La Petite République pose les questions
suivantes :
1 L’enquête a-t-elle révélé les noms de ceux
qui, pour faire dégringoler les cours, lancè
rent la nouvelle fausse de la démission des
généraux Hervé et Jamont?
2 A-t-on officiellement établi l’entente qui
s’est produite entre certains détenteurs de
rente en vue d’affoler l’opinion et d'amener
une panique ?
- Sait-on quel fut le rôle joué par les congré
gations dans cette affaire?
3* Quelle est la part de responsabilité des
agents de change ? .
Nous avons démontré que ceux-ci, en assis
tant impassibles à la manœuvre, alors qu'il
leur était facile de démentir les fausses nou
velles, se sont rendus complices des noirs
flibustiers.
S’il en est ainsi, quelle mesure compte-t-on
prendre contre la compagnie réactionnaire
des agents do change?
Les laissera-t-on impunément ' poursuivre
contre le gouvernement de la République leur
besogne d’hostilité sournoise?
Nous espérons bien qu’on trouvera le
moyen de les empêcher de nuire.
En attendant, les nationalistes aux abois
tentent ce matin une dernière manœuvre
pour essayer de jeter la suspicion sur l’un des
témoins principaux. Tous les journaux fidèles
au général Mercier et à sa bande attaquent le
MŒURS CHEVALERESQUES
On se rappelle comment M. de Pellieux
essaya de donner à la légende de la dame
voilée un semblant de réalité. Il fit surveil
ler par sa police une jeune femme qu’il
savait avoir eu jadis d’amicales relations
avec le colonel Picquart. Cette dame, Mme
M., s'émut d'une surveillance qui pouvait
attirer l’attention de son mari et renouveler
des dissentiments dont elle avait eu beau
coup à souffrir. Elle alla trouver le général
de Pellieux, fit appel à sa loyauté, à son
honneur ; une heure après le gentilhomme
soldat dénonçait au mari cette démarche,
en ayant soin, paralt-il, d'en dénaturer le
caractère.
Les mêmes sentiments chevaleresques
animeraient, s’il faut en croire les rensei
gnements qui nous ont été donnés, M. le
colonel Latour d’Affaure, qui commande à
Antibes. Cet officier aurait, paraît-il, dénoncé
à son mari une femme qui s’était confiée à
lui. L’avenir d’une famille a été brisé par
cette... indiscrétion. Si les faits qu’on nous
a rapportés- sont exacts, il est à souhaiter,
Cour l’honneur même de l’armée, que M.
atour d’Affaure trouve un enquêteur moins
indulgent que M. le général Duchesne.
Un deuil cruel vient de frapper notre
directeur M. Roger Danglar.
Au moment où il se rendait à Rennes
pour assister aux débats du procès qui
s’ouvre demain, une douloureuse nou
velle l’a rappelé à Paris où son père ve
nait de mourir subitement.
Nous adressons à notre directeur, dans
cette triste circonstance» l’assurance de
nos condoléances émues et de notre bien
vive sympathie.
LA PETITE GUERRE
Catastrophe de
Donc, c’est demain que vont commencer à
Rennes les débats de ce procès Dreyfus qui
prendra certainement le premier rang dans la
catégorie des causes célèbres. J’ai idée qu’on
ne s‘y embêtera pas, comme dit l’autre.
Nous allons en effet entendre toute une
série de dépositions qui ne manqueront pas
de stupéfier les admirateurs de I Etat-Major.
Quand tous ces remparts de • l’honneur
du 2% bureau » ont déposé devant la Cour de
cassation, ils ont récité avec beaucoup de
faconde, d’aplomb, de sûreté une leçon plus
ou moins bien faite et plus ou moins correc-
tement apprise. Le malheur est que tous ces
beaux péroreurs demeuraient muets comme
des carpes, ou bègues comme Brid’Oison,
dès qu’on leur posait une question à laquelle
ils ne s’attendaient pas.
C’est pour cette raison d’ailleurs que les
antirevisionnistes dirigèrent leur fameuse cam
pagne contre la chambre criminelle en répan
dant la légende des • questions insidieuses».
On a vu ce qu’étaient ces questions « insi-
dieuses». En réalité, la Cour de cassation a
complaisamment laissé tous ces fameux dis
coureurs raconter tout ce qu’ils ont voulu.
Mais, au procès de Rennes, il n’en sera pas
de même. Vous devez bien vous imaginer,
par exemple, que Me Labori ne manquera pas
de demander quelques renseignements à cer
tains témoins, au capitaine Lebrun-Renault
par exemple, au général Roget, au capitaine
Cuignet, au lieutenant-colonel Du Paty de
Clam dont les déclarations sont plutôt con
tradictoires.
Ah I non ! on ne s’embêtera pas, à Rennes.
Tout d’abord, nous allonsavoir ta grrrande
déposition du général Mercier, en lequel le
chœur patriotouillard dirigé par le trio
Quesnay-Judet-Déroulède a placé tout son
espoir.
il paraît que, cette fois, l’homme au flair
d’artileur va tout dire. Tout, vous entendez
bien?... Tout... Enfin!
Nous autres, nous pensons, avec quelque
vraisemblance, que si le général Mercier
avait réellement quelque chose à dire, il y a
longtemps qu’il l’aurait dit, d’abord pour
légitimer la condamnation de Dreyfus, en
suite pour arrêter la campagne entreprise en
faveur de ce dernier, enfin pour empêcher
la Cour de cassation d’ordonner la révision
de son procès,
il paraît cependant qu’il n.’avait pas dit tout
ce qu’il savait, et que ce tout, il va le dire au
jourd’hui. " -
Et; je ne sais pourquoi, je pense malgré
moi au mot célèbre du général de Pellieux
lorsque, au procès Zola, acculé, sentant le
terrain lui échapper, jugeant la partie perdue,
il se décida à brûler les vaisseaux de l’Etat-
Major et après un énergique: * Allons-y : »
à « sortir » le fameux faux Henry.
Y aurait-il encore quelque faux en réserve
que va nous révéler le général Mercier ?
Ce dernier rempart des faussaires, — Mer
cier la dernière cartouche — est parti hier
soir pour Rennes. Et le Journal annonce que
le général de Négrier l’a accompagné à la
gare.
Le général de Négrier lui aurait-il apporté
un dernier tuyau ?
colonel Picquart avee un ensemble trop re-
marquable pour ne pas avoir été concerté.
L'Intransigeant établit un parallèle entre
du Patv de Clam et lui, et trouve qu’on l'eu
montré plein de mansuétude pour l’homme
du Syndicat, tandis qu’on a accablé le mal
heureux ami de Mlle Pays et d’Esterhazy. y
est clair, en effet, qu’avoir été mis près d'ut»
an en prison préventive, simplement pour
avoir dit que le faux Herry était un faur,
c’est là bénéficier d’un traitement de faveur!
Dans le Matin, le sympatique Hulan Ester,
hazy fait des déclarations sensationn elles
pour démontrer que le « Petit Bleu • qui a
fait naître les soupçons sur son compte n’est
pas autre chose qu’une mystification, une
manoeuvre du syndicat, que sais-je? C’est là
une vieille histoire que nous connaissons. La
seule chose à retenir des déclarations du
Hulan, c’est la nouvelle menace que voici :
Le général Gonse, qui traite mes allégations
de romans et qui finira par me forcer, bien
malgré moi, à lui montrer que ce ne sont
int des romans, a bien dit dédaigneusement,
utre jour, que j'avais pu, une ou deux fois,
apporter à Sandherr des renseignements. Mais
je m'arrête.
On le. voit, le chantage continue.
Les aveux de Rochefort continuent égale-
ment.
En déployant r/ntransi^eant en tête du-
quel s’étale comme d’habitude une manchette
sensationnelle, on pouvait lire ce matin :
L'INTRANSIGEANT
Rédacteur en chef : HENRI ROCHEFORT
CRIMINEL DI DROIT COMMUN
'Pour une fois, nous sommes du même
avis!
LAVARDAC.
17 MORTS
76 BLESSÉS
NOTR E ENQU ÊTE
L'accident. — Les secoure. — Scènes
déchirantes. — Liste des blessés. -
Les morts reconnus.—A la Morgue-
Dans Iss hôpitaux. — Notre enquête.
Une épouvantable catastrophe s'est pro-
duite hier soir en gare de J uvisy, au mo
ment où l’orage était dans sa plus grande
violence.
A cette époque de l’année, la Compagnie
d'Orléans orgalse un certain nombre de
trains supplémentaires, directs et à marche
rapide, dits trains de bains de mer.
Deux de ces trains portant les numéros
99 bis et 99, partent chaque soir à cinq mi
nutée d’intervalle, le premier à neuf heures
trente-cinq et le second à neuf heures que
rante.
La marche du train 29 est réglée de façon
à ce que, au passage à Juvisy, c’est-à-dire
à une heure de Paris, les deux trains aient
entre eux une intervalle de dix minute»,
qu’ils doivent conserver pendant tout leur
parcours.
U CATASTROPHE
Le 29 bis partait hier soir à son heure
habituelle. Le 99 suivait. Le premier Pa
sait à Juvisy vers 10 h. 5. Là, d’après ‘
diras des employés de la gare et ceux ça
premier train, la voie fut bloquée, le tral
ne pouvant passer en raison de la tempe
épouvantable qui se déchaînait sur le Gar"
‘ Que se passa-t-il alors? ,
Le sémaphore bloquait-il on bien, naxa
pu fonctionner sous la trombe, ne bloque,
il pas la voie? On ne sait encore. j
Toujours est-il que le train 9?, passan"”
gare de Juvisy où venait de sarreler
train 99 bis, le prit en queue de convoi •
le télescopa. ...
La deuxième locomotive enfonça le "
gon et les ‘quatre dernières voitures “ I
se rejeta obliquement sur la droite.
Le choc fut épouvanable. .3
Un immense cri de douleur monta Y 1
coup des voitures brisées, dont 1 enen»
trement était horrible à voir. m.
- Sous la pluie diluvienne, à la lueur i
gurante des éclairs, on ne voyait 9e 1
amas indescriptible de débris, de wase I
de colis éventrés, d’où s’échappaient i
cris et des supplications et d’ou Shs I
saient des membres sanglants descady I
convulsés. |
US SECOURS ... |
Comme toujours, en pareil cas, travers I
vivants affolés se sauvaient * 3
champs, en poussant des cris. t et, aidé E
Le personnel de la gare accon’’ u visy os • 1
des pompiers et des habitant,. . sinistro 0
commença à la lueur des |
déblaiement. abonaphiait à M 9
En même temps, on ,aenmediatement I
gare de Paris, qui env» H
un train de SeCOl" arsuivait à Juvisy, 2 I
e sauvetage Se. "dechirantes : dix-sept 1
milieu de SC ““furent retirés de 1 ama |
cadayresmutilaeposes dans une saile de 9
de décombres •
la gare nr autre salle, une ambulant* |
Dans.“ganisee où, sous la direction d |
avait “the Juvisy, des internes venus d l
méde “inserent les blessés. ... 1
Paris entre eux plus gravement atteink fl
aol rester à Juvisy ou ils sont soigné» y
• itatter, commandant
| Yraxseus,"Painlevé,
J went Le do«.ier se
" M. Carrière, commissair
I mon‘s,al“Yande randition
H ..cos de MM. Chamois
H huisGes du gouverneme
M dossiers secre
9 mon la citation d’un ce
• “"sias relatif» aux aveux
w témg communication des
K aera probablement quat
I d commandant Carrier
K des détails sur la marche "
1 “ant que les témoins de
K ““ispo-itiondu conseil.
J lALe colonel Jouaustord
4 de tous les témoins relatifs
I “e peyrolles, Guérin, et
8 toiles autres témoins quitt
t le conseil se retire égalen
I cs reprise cinq mm u tes al
| Esterhasy défi
| M Carrière demande 4
| outre aux débats en cel
8 wnt malades ou empêcha
I 2. iro à nouveau tour St
I 589 témoins défaillants. 111
I Documen,
Le greffer Ccupoisdont
| Voici l’ordre qui a été 2
du conseil de guerre de H]
! Le général commandag
I d'VlSrret de la Cour ■
date du 3 juin courant, q|
' pitaine Dreyfus devant le ■
| de Rennes ; . ■
। Vu Particle 10 du code H
tairo qui prescrit de mod
bon du conseil de guerreg
de l’accusé ; ■
Ordonne que le consee
Rennes pour le jugement
pitaine Dreyfus sera coH
nière suivante : ■
MM- lc colonel Jouau
génie, président; le 1H
Brongniart, directeur; (
président actuel ; le comn
juge ; le commandant Prog
bre actuel; lo commanda
capitaine Parfait, juge, ‘
capitaine Beauvais, juge, B
Vu les paragra hes 3 et
ticle, aux termes desque
faire parait de nature a CE
débats, il peut être dé-ig
. grade un ou deux juges •
bout pommés pour la mi
très supplémentaires dip
le colonel Jourdy, appart
tillerie; le lieutenant-colo
tenant au lu® d'artillerig
Boucher, appartenant à M
truction; le commandant
nant au 10® d’artillerie; B
ronnet, appartenant au B
capitaine Cuignot, d 10°
Au quartier général, ci
On voit, par là, qu'à Pi
plémentaires, deux juges
ment se trouvent, avec.R
dent, désignés pour fain
de guerre: ce sont MM.D
Lancrau, de Bréon et B
sont du 7 e d’artillerie. B
Impressions 4
Durant la suspension,
s’engagent. B
Dreyfus a quitté l’aup
saccadé et automatique.D
flétrie et ses cheveux tor
avoir admirablement S
leurs. B
.Mme Dreyfus, par un B
nuc compréhensible, n‘s
bats. B
Le colonel Jouaust a
ceux qui ont assisté au B
il rappelle à s’y mépreng
Ramel ; mais il parle un B
que M. Carrière. B
Le colonel Picquart, en
son maintien imposant
peut lui manifester sa sa
sent qu'il s’en faudrait C
salle croule en applauc
ques, il est d’ailleurs in
ner salle plus tranqui
mieux d sposés : Mes La
admirables de vaillanceB
fort entourés et félicic
reprise enfin. B
Le conseil décide de pa
bats sans se préoccupe
témoins à charge et an
excuses sont valables. B
Le conseil constate se
hazya été touché diplo .
citation à lui adressée. D
Le président donne ai
l’acte d’accusation.
M. Coupois procède
meux rapport du con
cheville. On en connaît
loppements, mais on
veau plaisir à les enten
Pendant cette lecture
mobile à sa place, le 1
gauche, les yeux fixés!
conseil de guerre. Il ne
mouvement; près de H
taine de gendarmerie, 1
L’interrog
Cette lecture termin
commence: ]
, M. 1® colonel Jouai
. vez-vous. Vous avez |
trahison. Je rappelle J
dispositions de l’article
Ous êtes accusé d’avoi
•ance étrangère les do
lettre*? bordereau. Av
Le sergent apparitet
dereau à Dreyfus. 1
Dreyfus (d’une voix I
PPertepourmel
soneeent. (Iei des «
"I de F accusé).
M. le président anal
ments du bordereau
Treyfus affirme ne l’a
Niscussion -‘engage sut
Président et l’accusé. 1
-ouverture l 0 colonel J
•vez p u connai’re to:
posxerture, le commar
“ À cette époque, I
as Suffisamment ”, I
ygyus. La couvertur.
„ au troisième bure
opoglonel Jouaust, y
.Le président démont
JS aurait pu avoir des
tnene.idcations nux
ye he document dtl
noyaust est la note su
lin eest celle qu’a Co Pl
vh. dans une anticham
** • nenit se fal
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