Titre : Les Droits de l'homme / fondateur Henri Deloncle
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1899-04-16
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32759074m
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Description : 16 avril 1899 16 avril 1899
Description : 1899/04/16 (A2,N457). 1899/04/16 (A2,N457).
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k68176405
Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, GR FOL-LC2-5700
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 02/05/2016
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DIMANCHE 16 AVRIL (899
ecnangeouremio?Or
de spite les Grands Magasins
9 Montmartre.
LES DROITS DE L’HOMME
Ordre et Progréo peur la Révolution trançaioe
AB ORNEMENTS
paus : 1 an, 20 fr.; 6 mois, 40 fr.; 3 mois, 5 fr. M
-«CE n ALGtmE: 1 an, 24 * mois, 13 3 mois, 7 franes
"PAANGER: a an, 35 fr., S mois, 18 ,r,i 3 mois, 10 franes
REDACTION ET ADMINISTRATION
142 — Rue Montmartre — 142
us ANNONCES soit REÇUES au n. LAGRANGE, au n C
% place de la Bourse, 6, et aux Bureaux du Journal
LM MANUSCRITS NON INSÉaÉs NK SONT FA* nmpus
TÉLÉPHONE W» 101.81
Le gérant : BOVINEAT
t composé en comm.)
ouvriers syndiques dite
PRIE PAUL DUPONT
e du Croissant, Paris ‘
Dépositions de MM. Grenier, Curé, Junck, Lauth
PEPOTLEG
N220‘2%
1803
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ARIS. Téléphone 4I6.QS,
esclin. - 1- Tancarville
rahma (Collier); 3. Baladin î
ncolurc. Le troisième à cinq ton.
hevilly, Salcéde, tombé.
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mi longueur. Le troisième à trois
ario. Fénelon 11 Daguet, Manon
Cèlestial, Francis, tombé. ’
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AFFAIRE FREYSTATTER : DECISION MINVISTERIELLE
prochainement, les Droits de l'Homme
eonmenceront la publication d’un nou-
veau roman :
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NTELLECTUELS
PAR
HENRY BERTHERAY
Livre audacieux et puissant, tout
grouillant de vie et de passion, vibrant
de réalité, et où s’agitent une multi
tude de personnages que chacun voudra
reconnaître.
IVTELLECTUELS
N’est pas un pamphlet, c’est une œuvre
impartiale, œuvre de vérité et d’audace,
mais aussi toute de générosité et de
dévouement à la grandeur de l'Idée.
UNE RAPIDE
| TRIPLE EVENT DE
S BAKER
PAYER D’AVANCE
ommission sur le gain
L J*
EVENTS ONT TOUJOURS ÉTÉ
b LES MEILLEURS
p avec laquelle j’indique cha-
I GAGNANTS, par mes accoin-
Leurs centres d’entraînement
! les galops secrets que je
U - GAGNER GR08
résultat de chaque jour
(vant d’engager votre argent
ur des chevaux dont vous ue
a valeur exacte, essayez tout «a
! GEIGNEMENTS SECRETS; j«
us satisfaire en tous points,
ue vous n'avez pas besoi
s capital, puisque
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lité quant * Ia
M. Yves Guyot n’est pas socialiste ;
HYves Guyot n’est pas anarchiste ;
mais il n’est pas nationaliste, milita-
liste, antisémite ; il n’est pas même
protectionniste — et, enfin, il est de
cette bande de traîtres qui veulent ab-
solument que l’auteur du bordereau
ne soit pas Dreyfus, mais Esterhazy.
Cette affiliation au Syndicat de tra-
hison nous le rend, naturellement,
sympathique.
Si Dérouléde, au lieu d’aller cou-
cher en prison, était allé veiller à
l'Elysée avec Roget, après l’enterre-
ment de Félix Faure, il est probable
que M. Yves Guyot ne dirigerait plus
le Siècle, et il se pourrait que, lui et
iwi, — avec des centaines d’autres,
- nous fussions en Angleterre ou en
Gelgique, réfugiés ou proscrits. Cette
deeaccroit ma sympathie.
Aussi ai-je ouvert très sympathique-
ment le volume qu’il vient de publier
sous ce titre : f Evolution politique et
soçinle de Espagne.
Et, tout de suite, j’ai vu que ma
sympathie serait récompensée.
" E Espagne est le type le plus
complet de la civilisation sacerdotale
et militaire qui essaye de résister à la
lisation scientifique et productive,
bs événements récents nous montrent
′ cette conception l’a conduite. Il
lest pas inutile d’en exposer les cau-
*8 et les résultats à un moment où
bandes d’antisémites et de natio-
allstes veulent modeler la France de
"aire sur l’Espagne de Loyola. »
ses le dernier paragraphe de la pré-
“Fe et l’ouvrage, en effet, d’un bout
autre, est une démonstration de ce
"e peut faire d’un peuple l’Eglise ap-
Puvée sur l’Armée.
8 aurait plus d’un rapprochement
alre entre le beau livre de Georges
yonte: Espagne, et le volume de
sarives Guyot. Non pas qu’ils se res-
est ent. Le livre de Georges Lecomte
, une peinture en même temps
isane etude : c’est l’œuvre d’un litte-
de wr rtiste qui pense. Le volume
s :" ‘ ves Guyot est seulement d’un
pc° ü » u e et d’un politique. Mais,
qd Une de Lecomte n’étant pas
ar e Espagne vue par les yeux, et
vue. ment décrite, étant une Espagne
r a ; t “ussi par un cerveau, on pour-
tore." etacher du livre des pages
(a) Sur l’influence meurtrière du
une "I is me dans ce pays où il fut
enp sion d’épouvante, où, suivant
vie: Nietzche, il dit « non » à la
Wir ces pages confirmeraient ce
seul” ouve d’ailleurs trop bien, à soi
walsouvrage de M Guyot.
Milita).." Yves Guyot s’occupe du
Catho me en Espagne autant que du
que a. me; des généraux autant
iit de zmoines. Et c’est le grand inte-
Dent N ? travail, commencé au mo-
1 a guerre apparut inévitable
entre les Etats-Unis et notre préten
due « sœur latine ».
On se rappelle qu’à ce moment nos
excellents nationalistes, qui ont effec
tivement l’âme espagnole, ou bien pré
disaient la défaite des Américains, ou
bien demandaient contre eux l’inter
vention du Saint-Michel patron de
notre flotte. M. Yves Guyot répondit
tranquillement :
1°«Les Etats-Unis seront forcément
vainqueurs. Pour eux, c’est une ques
tion de temps et d’argent. »
2° « Il n’y a, ni en France, ni en Es
pagne de race latine. Les Français et
les Espagnols n’ont point de type
commun. Ce n’est donc point un lien
de parenté qui peut déterminer notre
conduite dans les conjonctures ac
tuelles ».
Quant au reproche d’âpreté adressé
aux Américains et à l’éloge tradition
nel de la générosité espagnole, voici
ce qu’il en disait :
L'Espagnol est aussi âpre que l’Améri
cain; seulement il n’a jamais réussi dans
ses affaires, tandis que le second prospère.
Et pourquoi ? Parce que l’Américain croit
surtout que la plus grande des conquêtes
c’est le progrès de l’utilisation des agents
naturels, tandis que l’Espagnol a continué
à croire que la seule manière honorable
et fructueuse de s’enrichir est d’exploiter
les vaincus ou les plus faibles. — Cette po
litique de ses conquistadores, de Fernand
Cortès et de Pizarre, il n’a cessé de la pra
tiquer dans toutes les colonies qu’il a per
dues; c’est elle qu’il pratique encore aux
Philippines et a Cuba; c’est pour elle qu’il
a versé tant de sang et commis tant d’atro
cités; c’est pour elle qu’il fait actuellement
la guerre.
Et M. Yves Guyot, d’article en ar
ticle, arrivait en somme à raconter,
de ce point de vue, toute l’histoire
de l’abominable et misérable Espa
gne : expulsion des juifs et des Maures,
Inquisition, conquêtes, etc., etc., jus
qu’aux prodigieuses catastrophes de
l’an dernier, auxquelles a survécu
l’arrogance des généraux de pronun-
ciamientos, prêts à se venger de leurs
défaites et capitulations sur leur chère
patrie.
Généraux dont plusieurs auraient
dû être fusillés et qui se proclament
irresponsables; généraux dont cer
tains des nôtres ont l’âme, que cer
tains des nôtres admirent et envient,
dont ils essaient d’importer chez nous
le mépris des lois en attendant de les
égaler — de les surpasser — par des
Sedans qui les maintiendraient, du
reste, dans une certaine tradition
française.
Il n’y a pas à dire : la République
a été un moment en péril, le soir où
Dérouléde le Fou saisit la bride du
cheval de Roget. Un drame rapide se
joua dans l’âme du soldat dont la face
livide exprima le trouble de cons
cience; la peur l’emporta, non certes
le respect de la loi, car, si M. Roget
avait eu ce respect, il eût fait arrêter
immédiatement l’insensé qui lui hur
lait : «A l’Elysée! » Convié à jouer
les Espartero et les Prim, Roget ne
s’en trouva pas la taille, mais, qui
sait? Un autre, quelque jour, pour
rait avoir plus d'estomac, — si la Ré
publique restait aux mains des lâches
qui nous ont fait et qui nous font des
généraux d’Espagne.
Il est temps de courber les plumes
d’Autruche sous le joug de la Loi.
Il est temps de briser les Etats-Ma
jors de coup d’Etat et de guerre ci
vile, — encore timides mais qui s’en
hardiraient.
Il est temps de livrer à la justice les
galonnés du faux, du mensonge, du
parjure, la Haute Passementerie com
plice du Hulan; et d’apprendre à
« l’honneur de l’Armée », par des
châtiments proportionnés aux crimes,
que la France de la Révolution n’est
pas morte, et que, même, elle entend
vivre, se développer; qu’elle en a
assez des prétentions et des menaces
du Sabre ; qu’il lui suffit de vouloir
pour ne rien craindre — et pour être,
de ses généraux, modestement servie.
Au bagne ceux qui le méritent.
L’oreille fendue aux coupables moin
dres; et le plus respectueux silence
par toute la Haute Passementerie !
LÉOPOLD LACOUR.
Des Ombres!.. Des Larves!
Avez-vous va des ombres, des larves,
des vampires, des oiseaux de nuit, din-
saississables et fuyantes bêtes des ténè
bres, ramper par le brouillard vers quel
que louche et noire besogne?
Avez-vous vu, le soir, des hommes au
dos rond, au collet relevé, au chapeau
sur les yeux, se glisser, se traîner par
les rues noires, épiant l'arrivée des agents
et le flanc collé aux murs des maisons?
Avez-vous vu, en de mystérieux collo
ques de vespasiennes, des êtres aux
fausses barbes, aux fausses lunettes et
aux fausses voix, échanger de suspects
bouts de papier, les gratter et les sur
charger à la lueur des réverbères et puis
se faufiler par de tortueuses ruelles vers
quelque secrète officine? •
Avez-vous vu des êtres de vision et de
rêve, des êtres de vent et de fumée, des
gens dont nul n'a jamais pu connaître ni
le nom, ni l’âge, ni la taille, ni la figure,
ni le sexe, errer, louvoyer, rôder, se fau
filer la veille des matins où paraissaient
des mensonges, des calomnies, des faux,
surtout des faux ?
Vous n’avez jamais su qui étaient ces
spectres, où allaient ces fantômes, où
couraient ces apparitions. Vous vous êtes
demandé quels étaient ces revenants, ces
feux-follets • r* • *** ‘ •
Eh bien ! ces gens dont nul n'a jamais
connu ni le nom, ni l’âge, ni la taille, ni
la figure, ni le sexe, qui rôdent, louvoyent
et se faufilent, par les ruelles tortueuses
et les vespasiennes mystérieuses en échan
geant des papiers qu’ils grattent et sur
chargent aux lueurs jaunes des réverbè
res, ce sont les commis-rédacteurs de
l'Eclair, les employés de Sabatier-la-
Gourde, ombres, larves, fantômes, que
nul n'a vus, que nul ne connaît, irréels,
insaisissables comme la nuit, l’obscurité,
le brouillard, les ténèbres, la honte, le
m9 i9onge, le crime ..
LE PIC.
ARRETEZ-LE!
Pourquoi la situation de la Répu
blique française est-elle si profondé
ment faussée ?
Pourquoi sommes-nous depuis si
longtemps à nous débattre dans le
vide?
Et pendant ce temps-là, les autres
nations, les Anglais, les Allemands,
les Américains font chaque jour des
progrès qui se marquent en traits po
sitifs sur la carte du globe !
La réponse est bien simple : tout ce
temps est perdu (à une époque de
l'histoire du monde où le temps est
d’un prix immense), tout ce temps est
perdu, parce que la réparation de
justice a dû être entreprise par les
particuliers, au lieu d’être faite par
les pouvoirs publics.
Tout ce temps est perdu, parce que
cette réparation de justice, au lieu
d’être l’accomplissement régulier du
premier devoir de l’Etat lui-même, a
été l’œuvre de volontés particulières en
révolte contre l’ignorance, la sottise
et l’abdication de tous les pouvoirs
ensemble !
Pour obtenir justice, dans cette Ré
publique parlementaire et démocrati
que, il a fallu monter à l’assaut du
pouvoir, et il a fallu faire entendre,
même avec une exagération affectée,
qu’on était de taille à tenir l’Etat en
échec.
Ainsi l’acte de justice nécessaire a
été la conquête de l'individualisme et
de l’anarchie, tandis qu’il aurait dû
être la manifestation normale du pou
voir républicain, remplissant la pre
mière de ses fonctions politiques et
sociales (
Voilà pourquoi toute la situation est
renversée ! Voilà pourquoi un si long
temps perdu dans une suite de crises
inutiles et stupides!
Il a fallu que Zola écrivit sa lettre
à Félix Faure ; il a fallu que Picquart
prit la détermination de libérer son
âme, et on l’a jeté en prison, où il est
depuis le 1A juillet dernier!
Il a fallu qu’après tant d’années,
tant de luttes, le capitaine Freystatter
revînt de Madagascar à Paris, pour
se libérer, lui aussi, du poids qui l’ac-
cable.
Lui aussi, comme Picquart, veut
dire la vérité, toute la vérité qu’il sait
et qu’il connaît.
Arrêtez-le donc!
Pourquoi M. le ministre de la Ma
rine ne fait-il pas arrêter le capitaine
Freystatter, soldat indicipliné et re
belle, qui renonce à porter plus loin
son secret meurtrier, qui l’arrache de
sa poitrine comme un glaive et le jette
aux pieds de la Cour suprême? Mais
il faut l’envoyer méditer dans quel
que cabanon, comme Picquart, sur ce
que vous appelez le devoir militaire
et le secret professionnel !
Vous avez tout confondu, le devoir,
le crime, la loi, le courage, la lâcheté,
la garantie des individus, la fonc
tion de l’Etat, l’ordre, l’anarchie;
vous avez fait de toutes les notions
morales et politiques de notre pays le
plus horrible mêli-mêlo où se "soit
jamais enfoncé un grand peuple.
Cependant la vérité est devenue ir
résistible; elle remplit de sa clarté
toute notre atmosphère ; et, au milieu
de cette illumination du Vrai, la France
reste là, piteuse et lugubre, assise sur
son petit tas de boue et de pourriture
où le monde la contemple.
HECTOR DEPASSE
Voilà maintenant le ministère des
colonies qui communique directement
à un journal de son choix « les rap
ports officiels mensuels » du comman
dant des îles du Salut! A-t-on jamais
vu plus impudente violation de toute
règle ? Plus insolent outrage au droit
sacré de la défense? Dreyfus est réduit
à ses seules forces, et quelles forces !
Dans son isolement, dans sa séques
tration arbitraire, exposé à mille em
bûches, accablé de mille maux, il
écrira, il parlera, et on livrera ici ses
écrits et ses paroles aux disputes
d’une presse ennemie ! Et c’est vous,
Monsieur Guillain, qui faites cela?
Nous reparlerons demain de ce rap
port de M. Deniel. A-t-on jamais vu
tomber plus bas le gouvernement
d’une République démoralisée?
H. D.
UNE LETTRE DE M. PAINLEVE
M. Painlevé, maître de conférences à
l’École normale supérieure, a adressé au
Rédacteur en chef du Figaro la lettre sui
vante :
Paris, le 13 avril 1899.
Monsieur le Rédacteur en chef,
J'ai attendu la publication de la dernière
déposition de M. le général Gonse pour voir
s’il y serait fait allusion à la pièce du dossier
secret me concernant. Cette déposition étant
tarminée, je crois devoir compléter, sur un
point, le texte de ma déposition telle qu’elle
a paru dans l’enquête imprimée. A ce texte
manque une phrase, à savoir la question qui
m’a été posée tout d’abord, question à laquelle
toute ma déposition n’est qu'une réponse et
sans laquelle elle perd sa signification. Cette
question a été supprimée dans la publication
officielle de l’enquête (contrairement à ce qui
a été fait pour les autres témoignages), parce
qu'elle se rapporte à un document du dossier
seeret.
Voici quel était le sens de la question :
■ Il existe, au dossier, une pièce qui vous
concerne. Il résulte de cette pièce que, d’a-
res une conversation recueillie de votre
ouche par le M. général Gonse, conversation
que vous auriez eue avec M. J. Hadamard, cou
sin de Dreyfus, certains membres de la fa
mille Dreyfus seraient très enclins à admettre
la culpabilité de Dreyfus. •
Je rappelle que la conversation de M. J. Ha-
damard, que j ai reproduite devant M. le gé
néral Gonse, commence par ces mots : > Drey
fus est innocent • et se termine par ces mots :
« C’est un fait que j’affirme quand j'affirme
que sa culpabilité ne repose sur rien. •
Il mest impossible, à ce sujet, de ne pas me
poser plusieurs questions.
Pourquoi, m’ayant fait venir pour repro
duire devant lui ma conversation avec M. J.
Hadamard, M. le général Gonse a-t-il rédigé
cette conversation après mon départ, sans
m’avoir soumis cette rédaction, sans avoir pris
de notes, sans m’avoir laissé supposer d'au
cune façon son intention de garder une trace
écrite de cette conversation ?
Pourquoi cette note, portant sur un détail
si ridiculement insignifiant, a-t-elle été mise
au dossier secret ? - -
Si mes paroles n’y sont pas travesties, com
ment cette pièce peut-elle entrer dans le fais
ceau des preuves qui entraînent la culpabilité de
Dreyfus^
Comment M. le général Roget, ayant eu celte
pièce en main, a-t-il pu substituer à M. J. Ha-
damard, cousin par alliance de Dreyfus, M. Ha-
damard, beaa-pere de Dreyfus? Comment a-t-il
pu transformer la conversation qu’a eue avec
moi M. J. Hadamard en un propos que m’au
rait tenu le beau-père de Dreyfus et signifiant
qu’il aurait payé les dettes de son gendre ?
A ces questions, je ne trouve pas de réponse.
La meilleure réponse serait, peut-être, la pu
blication de la pièce du dossier secret qui me
concerne. Si secrète que soit cette pièce, je ne
pense pas que sa divulgation compromette la
défense nationale.
Je vous prie d’agréer, monsieur le Rédac
teur en chef, l’assurance de mes sentiments
les plus distingués.
Paul Painlevé,
Maître de conférences à l'Ecole normale
supérieure, 99, rue de Rennes.
L’AVEU DE FELIX !
Le 26 mars dernier, M. Gabriel Monod
publiait une lettre du docteur Gibert, de
laquelle il résultait que Félix Faure con
naissait la communication des pièces se
crètes dès le mois de janvier 95, et en avait
parlé à Gibert en février.
Le 27 mars au matin, M. Le Gall envoyait
par l’agence Havas une note ambiguë, qui
tendait à donner un démenti à M. Gabriel
Monod.
Le soir du même jour, le fils de Gabriel
Monod, Edyuard Monod, publiait ici une
lettre où se trouvait ce passage :
» Le docteur Gibert fut cité comme té
moin an procès Zola, et devait déposer pré
cisément sur sa conversation avec Félix
Faure. Dès que celui-ci le sut, il fit prier le
docteur Gibert de n'en rien faire en disant :
« Si vous répétez ce que je vous ai dit, je
donnerai ma parole que ce n’est pas vrai. »
M. Gabriel Monod confirma en tous points
ce témoignage, et cita par deux fois le nom
de M. Siegfried, indiquant que c’était lui
qui avait été l’intermédiaire entre Félix
Faure et le docteur Gibert, et qu’il pourrait
aussi apporter de son côté une confirma
tion.
Mais M. Siegfried resta muet, et toute la
presse nationaliste s’indigna de la mauvaise
foi de MM. Monod.
Or voici ce qui s'est passé :
M. Siegfried a reçu la visite de M. Le Gall,
et MÊME celle de Mademoiselle Lucie
FAURE, qui sont venus, au nom des relations
passées qu'il avait eues avec le Président
Faure, et de celle qu’il a encore avec sa
famille, le supplier de ne rien dire!
Voilà l’aveu — l'aveu écrasant — enfin
échappé aux intimes mêmes de Félix Faure !
Nous défions tout démenti. Si l’on ose
nous en opposer un, nous mettrons tous
les points sur les i.
De quel côté est la vérité ? de quel côté
la mauvaise foi et la lâcheté !
FAX.
I. FREYSTATTER ET I LOCKROY
Le conseil des ministres qui a eu lieu ce
matin s'est occupé de la réponse qu’il con
venait de faire au capitaine Freystatter qui.
on le sait, a écrit àM. le ministre de la ma
rine pour lui demander l’autorisation de
« libérer sa conscience ».
M. Lockroy, désireux de n'avoir à pren
dre aucune responsabilité eu cette affaire,
avait fait annoncer qu’il ne pouvait donner
cette autorisation à M. Freystatter qui, en
1894, dépendait du ministre de la guerre.
— Que M. Freystatter s’adresse donc à
M. de Freycinet, fit annoncer M. Lockroy,
très heureux de s’échapper ainsi par la
tangente.
M. de Freycinet, qui décidément n’est pas
plus audacieux que M. le ministre de la
Marine, n’a pas voulu repondre à cette in
vitation, et pour éviter à l’un et à l'autre
d’avoir à faire preuve d’initiative en ce
cas, c’est le Conseil des ministres qui a
tranché la question en décidant aujour
d’hui que M. le capitaine Freystatter serait
officiellement avisé d'avoir à s’adresser au
président de la Cour de cassation.
Qurnt à MM. Lockroy et de Freycinet, ils
s’en lavent les mains.
A. BLOSSEVILLE.
Esterhazy et Dru mont
Il faut lire la déposition de M. Grenier,
fils du général Grenier, qui avait comme
officier d’ordonnance le commandant Es
terhazy : il y a des choses édifiantes.
« Les relations {d’Esterhazy) avec Mores et
Drumont remontent au printemps 1899;
il y a donc discordance entre cette constata
tion et la déclaration de M. Drumont, faite
par lui dans les débats de l’affaire actuelle,
qu’il ne connaissait pas Esterhazy. »
Nous comprenons que Drumont ait
menti une fois de plus : son « âme d'épi
cier » n’est pas fière de s’être frottée à
« l’âme du condottiere ».
Le condottiere! Ah! le beau bandit.
M. Grenier énumère quelques-uns de ses
exploits. A
Cela tient du prodige ! Il ne faut pas dé
florer cette déposition. Nos lecteurs la li
ront in extenso dans ce journal.
Il convient, pourtant, de relever l’appré
ciation de Billot concernant Esterhazy. M.
Grenier s’était présenté ches le général
Billot pour faire une démarche en faveur
du Hulan :
« Vous vous êtes donc tous entendus pour
vous faire rouler par cette canaille, par ce
gredin, par ce bandit; d’abord, comment
est-il a Paris? Je vais mettre aux arrêts Gio-
vanninnelli,qui le laisse s’absenter irrégulière
ment pour venir m'embêter. C'est trop fort
que Giovanninnelli, Muntebello, — vous,
maintenant — vous vous accrochiez à ce vi
lain monsieur! »
Ce n'est certes pas l'avis de Drumont, qui
écrivait encore, il y a quinze jours :
« Esterhazy, après tout, a un bon fond. »
Nous savons un peu pourquoi le fameux
«sociologue* file doux avec le condottiere.
Drumont ! Esterhazy !
Ils se connaissaient depuis 1892! « Leurs
relations n’ont pas cessé depuis, avec la
rédaction de la Libre PAROLE. »
Et maintenant qu’on veuille se rappeler
que la Libre Parole a été le premier jour
nal qui a annoncé l’arrestation de Dreyfus.
Esterhazy! Drumont!
H. DAGAN.
Lire à la deuxième page :
Les Dépositions du commandant
Lauth., de M. Grenier, du com-
mandant Curé , du capitaine
Junck.
CONSEIL DES MINISTRES
Les ministres se sont réunis ce matin en
conseil, à l'Elysée, sous la présidence de
M. Loubet, President de la République.
Le prochain conseil aura lieu mercredi
matin 19 avril à l’Elysée.
MM. Peytrai et Leygues n’assistaient pas
à la réunion de ce matin.
Le gouvernement sera représenté aux
fêtes de Tunis par MM. Krantz, Guillain,
Legrand sous-secrétaire d'Etat à l’intérieur
et Mougeot sous-secrétaire d’Etat aux
postes et télégraphes.
Le ministre des colonies a fait signer des
décrets portant concession de terres au
Congo à MM. Gazengel, agriculteur à
N’Djolet (Congo), Durand, négociant à Li
breville (Congo), David, négociant à Paris,
Jacta et Decourcelles, négociants à Paris.
Le gouvernement sera représenté à la
conférence du désarmement de La Haye
par MM. Léon Bourgeois, ancien président
du conseil, ancien ministre des affaires
étrangères; Briant, ministre de France à la .
Haye, d’Estournelles, député, ministre plé
nipotentiaire de l rt classe.
A la délégation seront adjoints comme
conseillers techniques : le général Mounier,
du 8 e corps d’armée ; le contre-amiral Pe-
phau; M. Revault, professeur à la faculté
de droit de Paris, jurisconsulte du minis
tère des affaires étrangères.
M. Loubet a signé un décret nommant
memore du Comité consultatif des arts et
manufactures M. Alfred Richeu, membre de
l’Académie de médecine, en remplacement
de M. Marie, décédé.
Le garde des sceaux a fait signer un im
portant mouvement judiciaire.
A L'ILE DU DIABLE
Un rapport de M. Deniel
L’Eclair publie ce matin le texte d’un
rapport mensuel adressé par M. Deniel,
commandant supérieur des îles du Salut
au gouverneur de la Guyane.
Le rapport de M. Deniel comprend la
période du 26 octobre au 25 novembre 1898.
Il contient deux lettres de Dreyfus adres-
sées à M. Deniel :
Iles du Salut, 28 octobre 1893.
Mon commandant.
En réfléchissant à la lettre que j'ai écrite
hier à Mme Dreyfus, je tiens à en développer
la pensée, afin qu’il ne puisse subsister aucune
ambiguité dans le développement logique de
mes idées.
Vous m’avez fait connaître que je recevrai
dans deux mois la réponse à ma lettre du
1er octobre.
Dans cette lettre du 1* octobre, je faisais
appel à la loyauté de M. le général de Bois-
defire, pour lui demander de vouloir bien me
faire donner une réponse ferme et franche,
par conséquent définitive, 4 ma demande de
révision.
Dès lors, supprimant les intermédiaires et
n’ayant dans ma lettre à Mme Dreyfus, à faire
intervenir aucune question de personnes, j'ai
résumé la logique immédiate de la situation,
en lui faisant connaître que j'ai été informé
aue je recevrai une réponse définitive à ma
emande de révision. C’est la suppression pure
et simple des intermédiaires.
D'autre part, j'ai la conviction que la ré
ponse que me fera donner le général de Bois-
deffre sera ma réhabilitation. Toute la suite
de la lettre est basée sur cette considération.
Je crois donc avoir exprimé la suite logique
de ma pensée. s ....
Je vous demande de vouloir bien agrcer
l’expression de mes sentiments respectueux.
A. DEEYPUS,
Revenant sur la même question, Dreyfus
écrit* nouveau à M. Deniel :
Iles du Salut, 30 novembre 1893.
Mon commandant,
Vola m’avez fait avant-hier une sortie qui
m’est restée sur le cœur, et quoi qu’il puisse
S HAU
e : . 10 et 12
Lue de tout Paris
toutes nuances
ur . . . *
ire,valant 13 f. pour
3, valeur 48 f. pour
re (double col)
rancs, pour .
ement doublés.
28 r.
25 1.
14.
OEUXIEHE ANHéE.— H 451
DIMANCHE 16 AVRIL (899
ecnangeouremio?Or
de spite les Grands Magasins
9 Montmartre.
LES DROITS DE L’HOMME
Ordre et Progréo peur la Révolution trançaioe
AB ORNEMENTS
paus : 1 an, 20 fr.; 6 mois, 40 fr.; 3 mois, 5 fr. M
-«CE n ALGtmE: 1 an, 24 * mois, 13 3 mois, 7 franes
"PAANGER: a an, 35 fr., S mois, 18 ,r,i 3 mois, 10 franes
REDACTION ET ADMINISTRATION
142 — Rue Montmartre — 142
us ANNONCES soit REÇUES au n. LAGRANGE, au n C
% place de la Bourse, 6, et aux Bureaux du Journal
LM MANUSCRITS NON INSÉaÉs NK SONT FA* nmpus
TÉLÉPHONE W» 101.81
Le gérant : BOVINEAT
t composé en comm.)
ouvriers syndiques dite
PRIE PAUL DUPONT
e du Croissant, Paris ‘
Dépositions de MM. Grenier, Curé, Junck, Lauth
PEPOTLEG
N220‘2%
1803
/
ARIS. Téléphone 4I6.QS,
esclin. - 1- Tancarville
rahma (Collier); 3. Baladin î
ncolurc. Le troisième à cinq ton.
hevilly, Salcéde, tombé.
s (Collier); a."CaflvlTi:"ia:
mi longueur. Le troisième à trois
ario. Fénelon 11 Daguet, Manon
Cèlestial, Francis, tombé. ’
Ts DU PARI MUTUEL
AFFAIRE FREYSTATTER : DECISION MINVISTERIELLE
prochainement, les Droits de l'Homme
eonmenceront la publication d’un nou-
veau roman :
MS
IETAUr
Situât,
des
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Unité 1
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NTELLECTUELS
PAR
HENRY BERTHERAY
Livre audacieux et puissant, tout
grouillant de vie et de passion, vibrant
de réalité, et où s’agitent une multi
tude de personnages que chacun voudra
reconnaître.
IVTELLECTUELS
N’est pas un pamphlet, c’est une œuvre
impartiale, œuvre de vérité et d’audace,
mais aussi toute de générosité et de
dévouement à la grandeur de l'Idée.
UNE RAPIDE
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oli. _i d
les teneur de
lité quant * Ia
M. Yves Guyot n’est pas socialiste ;
HYves Guyot n’est pas anarchiste ;
mais il n’est pas nationaliste, milita-
liste, antisémite ; il n’est pas même
protectionniste — et, enfin, il est de
cette bande de traîtres qui veulent ab-
solument que l’auteur du bordereau
ne soit pas Dreyfus, mais Esterhazy.
Cette affiliation au Syndicat de tra-
hison nous le rend, naturellement,
sympathique.
Si Dérouléde, au lieu d’aller cou-
cher en prison, était allé veiller à
l'Elysée avec Roget, après l’enterre-
ment de Félix Faure, il est probable
que M. Yves Guyot ne dirigerait plus
le Siècle, et il se pourrait que, lui et
iwi, — avec des centaines d’autres,
- nous fussions en Angleterre ou en
Gelgique, réfugiés ou proscrits. Cette
deeaccroit ma sympathie.
Aussi ai-je ouvert très sympathique-
ment le volume qu’il vient de publier
sous ce titre : f Evolution politique et
soçinle de Espagne.
Et, tout de suite, j’ai vu que ma
sympathie serait récompensée.
" E Espagne est le type le plus
complet de la civilisation sacerdotale
et militaire qui essaye de résister à la
lisation scientifique et productive,
bs événements récents nous montrent
′ cette conception l’a conduite. Il
lest pas inutile d’en exposer les cau-
*8 et les résultats à un moment où
bandes d’antisémites et de natio-
allstes veulent modeler la France de
"aire sur l’Espagne de Loyola. »
ses le dernier paragraphe de la pré-
“Fe et l’ouvrage, en effet, d’un bout
autre, est une démonstration de ce
"e peut faire d’un peuple l’Eglise ap-
Puvée sur l’Armée.
8 aurait plus d’un rapprochement
alre entre le beau livre de Georges
yonte: Espagne, et le volume de
sarives Guyot. Non pas qu’ils se res-
est ent. Le livre de Georges Lecomte
, une peinture en même temps
isane etude : c’est l’œuvre d’un litte-
de wr rtiste qui pense. Le volume
s :" ‘ ves Guyot est seulement d’un
pc° ü » u e et d’un politique. Mais,
qd Une de Lecomte n’étant pas
ar e Espagne vue par les yeux, et
vue. ment décrite, étant une Espagne
r a ; t “ussi par un cerveau, on pour-
tore." etacher du livre des pages
(a) Sur l’influence meurtrière du
une "I is me dans ce pays où il fut
enp sion d’épouvante, où, suivant
vie: Nietzche, il dit « non » à la
Wir ces pages confirmeraient ce
seul” ouve d’ailleurs trop bien, à soi
walsouvrage de M Guyot.
Milita).." Yves Guyot s’occupe du
Catho me en Espagne autant que du
que a. me; des généraux autant
iit de zmoines. Et c’est le grand inte-
Dent N ? travail, commencé au mo-
1 a guerre apparut inévitable
entre les Etats-Unis et notre préten
due « sœur latine ».
On se rappelle qu’à ce moment nos
excellents nationalistes, qui ont effec
tivement l’âme espagnole, ou bien pré
disaient la défaite des Américains, ou
bien demandaient contre eux l’inter
vention du Saint-Michel patron de
notre flotte. M. Yves Guyot répondit
tranquillement :
1°«Les Etats-Unis seront forcément
vainqueurs. Pour eux, c’est une ques
tion de temps et d’argent. »
2° « Il n’y a, ni en France, ni en Es
pagne de race latine. Les Français et
les Espagnols n’ont point de type
commun. Ce n’est donc point un lien
de parenté qui peut déterminer notre
conduite dans les conjonctures ac
tuelles ».
Quant au reproche d’âpreté adressé
aux Américains et à l’éloge tradition
nel de la générosité espagnole, voici
ce qu’il en disait :
L'Espagnol est aussi âpre que l’Améri
cain; seulement il n’a jamais réussi dans
ses affaires, tandis que le second prospère.
Et pourquoi ? Parce que l’Américain croit
surtout que la plus grande des conquêtes
c’est le progrès de l’utilisation des agents
naturels, tandis que l’Espagnol a continué
à croire que la seule manière honorable
et fructueuse de s’enrichir est d’exploiter
les vaincus ou les plus faibles. — Cette po
litique de ses conquistadores, de Fernand
Cortès et de Pizarre, il n’a cessé de la pra
tiquer dans toutes les colonies qu’il a per
dues; c’est elle qu’il pratique encore aux
Philippines et a Cuba; c’est pour elle qu’il
a versé tant de sang et commis tant d’atro
cités; c’est pour elle qu’il fait actuellement
la guerre.
Et M. Yves Guyot, d’article en ar
ticle, arrivait en somme à raconter,
de ce point de vue, toute l’histoire
de l’abominable et misérable Espa
gne : expulsion des juifs et des Maures,
Inquisition, conquêtes, etc., etc., jus
qu’aux prodigieuses catastrophes de
l’an dernier, auxquelles a survécu
l’arrogance des généraux de pronun-
ciamientos, prêts à se venger de leurs
défaites et capitulations sur leur chère
patrie.
Généraux dont plusieurs auraient
dû être fusillés et qui se proclament
irresponsables; généraux dont cer
tains des nôtres ont l’âme, que cer
tains des nôtres admirent et envient,
dont ils essaient d’importer chez nous
le mépris des lois en attendant de les
égaler — de les surpasser — par des
Sedans qui les maintiendraient, du
reste, dans une certaine tradition
française.
Il n’y a pas à dire : la République
a été un moment en péril, le soir où
Dérouléde le Fou saisit la bride du
cheval de Roget. Un drame rapide se
joua dans l’âme du soldat dont la face
livide exprima le trouble de cons
cience; la peur l’emporta, non certes
le respect de la loi, car, si M. Roget
avait eu ce respect, il eût fait arrêter
immédiatement l’insensé qui lui hur
lait : «A l’Elysée! » Convié à jouer
les Espartero et les Prim, Roget ne
s’en trouva pas la taille, mais, qui
sait? Un autre, quelque jour, pour
rait avoir plus d'estomac, — si la Ré
publique restait aux mains des lâches
qui nous ont fait et qui nous font des
généraux d’Espagne.
Il est temps de courber les plumes
d’Autruche sous le joug de la Loi.
Il est temps de briser les Etats-Ma
jors de coup d’Etat et de guerre ci
vile, — encore timides mais qui s’en
hardiraient.
Il est temps de livrer à la justice les
galonnés du faux, du mensonge, du
parjure, la Haute Passementerie com
plice du Hulan; et d’apprendre à
« l’honneur de l’Armée », par des
châtiments proportionnés aux crimes,
que la France de la Révolution n’est
pas morte, et que, même, elle entend
vivre, se développer; qu’elle en a
assez des prétentions et des menaces
du Sabre ; qu’il lui suffit de vouloir
pour ne rien craindre — et pour être,
de ses généraux, modestement servie.
Au bagne ceux qui le méritent.
L’oreille fendue aux coupables moin
dres; et le plus respectueux silence
par toute la Haute Passementerie !
LÉOPOLD LACOUR.
Des Ombres!.. Des Larves!
Avez-vous va des ombres, des larves,
des vampires, des oiseaux de nuit, din-
saississables et fuyantes bêtes des ténè
bres, ramper par le brouillard vers quel
que louche et noire besogne?
Avez-vous vu, le soir, des hommes au
dos rond, au collet relevé, au chapeau
sur les yeux, se glisser, se traîner par
les rues noires, épiant l'arrivée des agents
et le flanc collé aux murs des maisons?
Avez-vous vu, en de mystérieux collo
ques de vespasiennes, des êtres aux
fausses barbes, aux fausses lunettes et
aux fausses voix, échanger de suspects
bouts de papier, les gratter et les sur
charger à la lueur des réverbères et puis
se faufiler par de tortueuses ruelles vers
quelque secrète officine? •
Avez-vous vu des êtres de vision et de
rêve, des êtres de vent et de fumée, des
gens dont nul n'a jamais pu connaître ni
le nom, ni l’âge, ni la taille, ni la figure,
ni le sexe, errer, louvoyer, rôder, se fau
filer la veille des matins où paraissaient
des mensonges, des calomnies, des faux,
surtout des faux ?
Vous n’avez jamais su qui étaient ces
spectres, où allaient ces fantômes, où
couraient ces apparitions. Vous vous êtes
demandé quels étaient ces revenants, ces
feux-follets • r* • *** ‘ •
Eh bien ! ces gens dont nul n'a jamais
connu ni le nom, ni l’âge, ni la taille, ni
la figure, ni le sexe, qui rôdent, louvoyent
et se faufilent, par les ruelles tortueuses
et les vespasiennes mystérieuses en échan
geant des papiers qu’ils grattent et sur
chargent aux lueurs jaunes des réverbè
res, ce sont les commis-rédacteurs de
l'Eclair, les employés de Sabatier-la-
Gourde, ombres, larves, fantômes, que
nul n'a vus, que nul ne connaît, irréels,
insaisissables comme la nuit, l’obscurité,
le brouillard, les ténèbres, la honte, le
m9 i9onge, le crime ..
LE PIC.
ARRETEZ-LE!
Pourquoi la situation de la Répu
blique française est-elle si profondé
ment faussée ?
Pourquoi sommes-nous depuis si
longtemps à nous débattre dans le
vide?
Et pendant ce temps-là, les autres
nations, les Anglais, les Allemands,
les Américains font chaque jour des
progrès qui se marquent en traits po
sitifs sur la carte du globe !
La réponse est bien simple : tout ce
temps est perdu (à une époque de
l'histoire du monde où le temps est
d’un prix immense), tout ce temps est
perdu, parce que la réparation de
justice a dû être entreprise par les
particuliers, au lieu d’être faite par
les pouvoirs publics.
Tout ce temps est perdu, parce que
cette réparation de justice, au lieu
d’être l’accomplissement régulier du
premier devoir de l’Etat lui-même, a
été l’œuvre de volontés particulières en
révolte contre l’ignorance, la sottise
et l’abdication de tous les pouvoirs
ensemble !
Pour obtenir justice, dans cette Ré
publique parlementaire et démocrati
que, il a fallu monter à l’assaut du
pouvoir, et il a fallu faire entendre,
même avec une exagération affectée,
qu’on était de taille à tenir l’Etat en
échec.
Ainsi l’acte de justice nécessaire a
été la conquête de l'individualisme et
de l’anarchie, tandis qu’il aurait dû
être la manifestation normale du pou
voir républicain, remplissant la pre
mière de ses fonctions politiques et
sociales (
Voilà pourquoi toute la situation est
renversée ! Voilà pourquoi un si long
temps perdu dans une suite de crises
inutiles et stupides!
Il a fallu que Zola écrivit sa lettre
à Félix Faure ; il a fallu que Picquart
prit la détermination de libérer son
âme, et on l’a jeté en prison, où il est
depuis le 1A juillet dernier!
Il a fallu qu’après tant d’années,
tant de luttes, le capitaine Freystatter
revînt de Madagascar à Paris, pour
se libérer, lui aussi, du poids qui l’ac-
cable.
Lui aussi, comme Picquart, veut
dire la vérité, toute la vérité qu’il sait
et qu’il connaît.
Arrêtez-le donc!
Pourquoi M. le ministre de la Ma
rine ne fait-il pas arrêter le capitaine
Freystatter, soldat indicipliné et re
belle, qui renonce à porter plus loin
son secret meurtrier, qui l’arrache de
sa poitrine comme un glaive et le jette
aux pieds de la Cour suprême? Mais
il faut l’envoyer méditer dans quel
que cabanon, comme Picquart, sur ce
que vous appelez le devoir militaire
et le secret professionnel !
Vous avez tout confondu, le devoir,
le crime, la loi, le courage, la lâcheté,
la garantie des individus, la fonc
tion de l’Etat, l’ordre, l’anarchie;
vous avez fait de toutes les notions
morales et politiques de notre pays le
plus horrible mêli-mêlo où se "soit
jamais enfoncé un grand peuple.
Cependant la vérité est devenue ir
résistible; elle remplit de sa clarté
toute notre atmosphère ; et, au milieu
de cette illumination du Vrai, la France
reste là, piteuse et lugubre, assise sur
son petit tas de boue et de pourriture
où le monde la contemple.
HECTOR DEPASSE
Voilà maintenant le ministère des
colonies qui communique directement
à un journal de son choix « les rap
ports officiels mensuels » du comman
dant des îles du Salut! A-t-on jamais
vu plus impudente violation de toute
règle ? Plus insolent outrage au droit
sacré de la défense? Dreyfus est réduit
à ses seules forces, et quelles forces !
Dans son isolement, dans sa séques
tration arbitraire, exposé à mille em
bûches, accablé de mille maux, il
écrira, il parlera, et on livrera ici ses
écrits et ses paroles aux disputes
d’une presse ennemie ! Et c’est vous,
Monsieur Guillain, qui faites cela?
Nous reparlerons demain de ce rap
port de M. Deniel. A-t-on jamais vu
tomber plus bas le gouvernement
d’une République démoralisée?
H. D.
UNE LETTRE DE M. PAINLEVE
M. Painlevé, maître de conférences à
l’École normale supérieure, a adressé au
Rédacteur en chef du Figaro la lettre sui
vante :
Paris, le 13 avril 1899.
Monsieur le Rédacteur en chef,
J'ai attendu la publication de la dernière
déposition de M. le général Gonse pour voir
s’il y serait fait allusion à la pièce du dossier
secret me concernant. Cette déposition étant
tarminée, je crois devoir compléter, sur un
point, le texte de ma déposition telle qu’elle
a paru dans l’enquête imprimée. A ce texte
manque une phrase, à savoir la question qui
m’a été posée tout d’abord, question à laquelle
toute ma déposition n’est qu'une réponse et
sans laquelle elle perd sa signification. Cette
question a été supprimée dans la publication
officielle de l’enquête (contrairement à ce qui
a été fait pour les autres témoignages), parce
qu'elle se rapporte à un document du dossier
seeret.
Voici quel était le sens de la question :
■ Il existe, au dossier, une pièce qui vous
concerne. Il résulte de cette pièce que, d’a-
res une conversation recueillie de votre
ouche par le M. général Gonse, conversation
que vous auriez eue avec M. J. Hadamard, cou
sin de Dreyfus, certains membres de la fa
mille Dreyfus seraient très enclins à admettre
la culpabilité de Dreyfus. •
Je rappelle que la conversation de M. J. Ha-
damard, que j ai reproduite devant M. le gé
néral Gonse, commence par ces mots : > Drey
fus est innocent • et se termine par ces mots :
« C’est un fait que j’affirme quand j'affirme
que sa culpabilité ne repose sur rien. •
Il mest impossible, à ce sujet, de ne pas me
poser plusieurs questions.
Pourquoi, m’ayant fait venir pour repro
duire devant lui ma conversation avec M. J.
Hadamard, M. le général Gonse a-t-il rédigé
cette conversation après mon départ, sans
m’avoir soumis cette rédaction, sans avoir pris
de notes, sans m’avoir laissé supposer d'au
cune façon son intention de garder une trace
écrite de cette conversation ?
Pourquoi cette note, portant sur un détail
si ridiculement insignifiant, a-t-elle été mise
au dossier secret ? - -
Si mes paroles n’y sont pas travesties, com
ment cette pièce peut-elle entrer dans le fais
ceau des preuves qui entraînent la culpabilité de
Dreyfus^
Comment M. le général Roget, ayant eu celte
pièce en main, a-t-il pu substituer à M. J. Ha-
damard, cousin par alliance de Dreyfus, M. Ha-
damard, beaa-pere de Dreyfus? Comment a-t-il
pu transformer la conversation qu’a eue avec
moi M. J. Hadamard en un propos que m’au
rait tenu le beau-père de Dreyfus et signifiant
qu’il aurait payé les dettes de son gendre ?
A ces questions, je ne trouve pas de réponse.
La meilleure réponse serait, peut-être, la pu
blication de la pièce du dossier secret qui me
concerne. Si secrète que soit cette pièce, je ne
pense pas que sa divulgation compromette la
défense nationale.
Je vous prie d’agréer, monsieur le Rédac
teur en chef, l’assurance de mes sentiments
les plus distingués.
Paul Painlevé,
Maître de conférences à l'Ecole normale
supérieure, 99, rue de Rennes.
L’AVEU DE FELIX !
Le 26 mars dernier, M. Gabriel Monod
publiait une lettre du docteur Gibert, de
laquelle il résultait que Félix Faure con
naissait la communication des pièces se
crètes dès le mois de janvier 95, et en avait
parlé à Gibert en février.
Le 27 mars au matin, M. Le Gall envoyait
par l’agence Havas une note ambiguë, qui
tendait à donner un démenti à M. Gabriel
Monod.
Le soir du même jour, le fils de Gabriel
Monod, Edyuard Monod, publiait ici une
lettre où se trouvait ce passage :
» Le docteur Gibert fut cité comme té
moin an procès Zola, et devait déposer pré
cisément sur sa conversation avec Félix
Faure. Dès que celui-ci le sut, il fit prier le
docteur Gibert de n'en rien faire en disant :
« Si vous répétez ce que je vous ai dit, je
donnerai ma parole que ce n’est pas vrai. »
M. Gabriel Monod confirma en tous points
ce témoignage, et cita par deux fois le nom
de M. Siegfried, indiquant que c’était lui
qui avait été l’intermédiaire entre Félix
Faure et le docteur Gibert, et qu’il pourrait
aussi apporter de son côté une confirma
tion.
Mais M. Siegfried resta muet, et toute la
presse nationaliste s’indigna de la mauvaise
foi de MM. Monod.
Or voici ce qui s'est passé :
M. Siegfried a reçu la visite de M. Le Gall,
et MÊME celle de Mademoiselle Lucie
FAURE, qui sont venus, au nom des relations
passées qu'il avait eues avec le Président
Faure, et de celle qu’il a encore avec sa
famille, le supplier de ne rien dire!
Voilà l’aveu — l'aveu écrasant — enfin
échappé aux intimes mêmes de Félix Faure !
Nous défions tout démenti. Si l’on ose
nous en opposer un, nous mettrons tous
les points sur les i.
De quel côté est la vérité ? de quel côté
la mauvaise foi et la lâcheté !
FAX.
I. FREYSTATTER ET I LOCKROY
Le conseil des ministres qui a eu lieu ce
matin s'est occupé de la réponse qu’il con
venait de faire au capitaine Freystatter qui.
on le sait, a écrit àM. le ministre de la ma
rine pour lui demander l’autorisation de
« libérer sa conscience ».
M. Lockroy, désireux de n'avoir à pren
dre aucune responsabilité eu cette affaire,
avait fait annoncer qu’il ne pouvait donner
cette autorisation à M. Freystatter qui, en
1894, dépendait du ministre de la guerre.
— Que M. Freystatter s’adresse donc à
M. de Freycinet, fit annoncer M. Lockroy,
très heureux de s’échapper ainsi par la
tangente.
M. de Freycinet, qui décidément n’est pas
plus audacieux que M. le ministre de la
Marine, n’a pas voulu repondre à cette in
vitation, et pour éviter à l’un et à l'autre
d’avoir à faire preuve d’initiative en ce
cas, c’est le Conseil des ministres qui a
tranché la question en décidant aujour
d’hui que M. le capitaine Freystatter serait
officiellement avisé d'avoir à s’adresser au
président de la Cour de cassation.
Qurnt à MM. Lockroy et de Freycinet, ils
s’en lavent les mains.
A. BLOSSEVILLE.
Esterhazy et Dru mont
Il faut lire la déposition de M. Grenier,
fils du général Grenier, qui avait comme
officier d’ordonnance le commandant Es
terhazy : il y a des choses édifiantes.
« Les relations {d’Esterhazy) avec Mores et
Drumont remontent au printemps 1899;
il y a donc discordance entre cette constata
tion et la déclaration de M. Drumont, faite
par lui dans les débats de l’affaire actuelle,
qu’il ne connaissait pas Esterhazy. »
Nous comprenons que Drumont ait
menti une fois de plus : son « âme d'épi
cier » n’est pas fière de s’être frottée à
« l’âme du condottiere ».
Le condottiere! Ah! le beau bandit.
M. Grenier énumère quelques-uns de ses
exploits. A
Cela tient du prodige ! Il ne faut pas dé
florer cette déposition. Nos lecteurs la li
ront in extenso dans ce journal.
Il convient, pourtant, de relever l’appré
ciation de Billot concernant Esterhazy. M.
Grenier s’était présenté ches le général
Billot pour faire une démarche en faveur
du Hulan :
« Vous vous êtes donc tous entendus pour
vous faire rouler par cette canaille, par ce
gredin, par ce bandit; d’abord, comment
est-il a Paris? Je vais mettre aux arrêts Gio-
vanninnelli,qui le laisse s’absenter irrégulière
ment pour venir m'embêter. C'est trop fort
que Giovanninnelli, Muntebello, — vous,
maintenant — vous vous accrochiez à ce vi
lain monsieur! »
Ce n'est certes pas l'avis de Drumont, qui
écrivait encore, il y a quinze jours :
« Esterhazy, après tout, a un bon fond. »
Nous savons un peu pourquoi le fameux
«sociologue* file doux avec le condottiere.
Drumont ! Esterhazy !
Ils se connaissaient depuis 1892! « Leurs
relations n’ont pas cessé depuis, avec la
rédaction de la Libre PAROLE. »
Et maintenant qu’on veuille se rappeler
que la Libre Parole a été le premier jour
nal qui a annoncé l’arrestation de Dreyfus.
Esterhazy! Drumont!
H. DAGAN.
Lire à la deuxième page :
Les Dépositions du commandant
Lauth., de M. Grenier, du com-
mandant Curé , du capitaine
Junck.
CONSEIL DES MINISTRES
Les ministres se sont réunis ce matin en
conseil, à l'Elysée, sous la présidence de
M. Loubet, President de la République.
Le prochain conseil aura lieu mercredi
matin 19 avril à l’Elysée.
MM. Peytrai et Leygues n’assistaient pas
à la réunion de ce matin.
Le gouvernement sera représenté aux
fêtes de Tunis par MM. Krantz, Guillain,
Legrand sous-secrétaire d'Etat à l’intérieur
et Mougeot sous-secrétaire d’Etat aux
postes et télégraphes.
Le ministre des colonies a fait signer des
décrets portant concession de terres au
Congo à MM. Gazengel, agriculteur à
N’Djolet (Congo), Durand, négociant à Li
breville (Congo), David, négociant à Paris,
Jacta et Decourcelles, négociants à Paris.
Le gouvernement sera représenté à la
conférence du désarmement de La Haye
par MM. Léon Bourgeois, ancien président
du conseil, ancien ministre des affaires
étrangères; Briant, ministre de France à la .
Haye, d’Estournelles, député, ministre plé
nipotentiaire de l rt classe.
A la délégation seront adjoints comme
conseillers techniques : le général Mounier,
du 8 e corps d’armée ; le contre-amiral Pe-
phau; M. Revault, professeur à la faculté
de droit de Paris, jurisconsulte du minis
tère des affaires étrangères.
M. Loubet a signé un décret nommant
memore du Comité consultatif des arts et
manufactures M. Alfred Richeu, membre de
l’Académie de médecine, en remplacement
de M. Marie, décédé.
Le garde des sceaux a fait signer un im
portant mouvement judiciaire.
A L'ILE DU DIABLE
Un rapport de M. Deniel
L’Eclair publie ce matin le texte d’un
rapport mensuel adressé par M. Deniel,
commandant supérieur des îles du Salut
au gouverneur de la Guyane.
Le rapport de M. Deniel comprend la
période du 26 octobre au 25 novembre 1898.
Il contient deux lettres de Dreyfus adres-
sées à M. Deniel :
Iles du Salut, 28 octobre 1893.
Mon commandant.
En réfléchissant à la lettre que j'ai écrite
hier à Mme Dreyfus, je tiens à en développer
la pensée, afin qu’il ne puisse subsister aucune
ambiguité dans le développement logique de
mes idées.
Vous m’avez fait connaître que je recevrai
dans deux mois la réponse à ma lettre du
1er octobre.
Dans cette lettre du 1* octobre, je faisais
appel à la loyauté de M. le général de Bois-
defire, pour lui demander de vouloir bien me
faire donner une réponse ferme et franche,
par conséquent définitive, 4 ma demande de
révision.
Dès lors, supprimant les intermédiaires et
n’ayant dans ma lettre à Mme Dreyfus, à faire
intervenir aucune question de personnes, j'ai
résumé la logique immédiate de la situation,
en lui faisant connaître que j'ai été informé
aue je recevrai une réponse définitive à ma
emande de révision. C’est la suppression pure
et simple des intermédiaires.
D'autre part, j'ai la conviction que la ré
ponse que me fera donner le général de Bois-
deffre sera ma réhabilitation. Toute la suite
de la lettre est basée sur cette considération.
Je crois donc avoir exprimé la suite logique
de ma pensée. s ....
Je vous demande de vouloir bien agrcer
l’expression de mes sentiments respectueux.
A. DEEYPUS,
Revenant sur la même question, Dreyfus
écrit* nouveau à M. Deniel :
Iles du Salut, 30 novembre 1893.
Mon commandant,
Vola m’avez fait avant-hier une sortie qui
m’est restée sur le cœur, et quoi qu’il puisse
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