Titre : Les Droits de l'homme / fondateur Henri Deloncle
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1899-03-23
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32759074m
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Description : 23 mars 1899 23 mars 1899
Description : 1899/03/23 (A2,N434). 1899/03/23 (A2,N434).
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k6817617x
Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, GR FOL-LC2-5700
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 02/05/2016
1899
NEuntuE -"4
JEUDI 23 MARS 1839
LES DROITS D
AVEC LE SULTAN
Ordre
68 Proffrès par la Révolution française
RÉDACTION, ETADMINISTRATION
142 — Rue Montmartre — 142
us ANNONCES sur RBÇUES cnn n uuhu. cm n c
•, place de la Bourse, 6, et aux Bureaux du Jour nal
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les deux ouvriers
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Camarade Abdul-Hamid,
recommence ou plutôt çaeon-
e un peu partout, là-bas, dans
Ze’rouge empire. Vous avez envoyé
ü troupes en Albanie et en Macé-
Le parce que vous n’êtes pas sur
Loyalisme de vos sujets et vous
feparez pour le printemps, au mo-
Lntoùles amarantes et les aspho-
fleuriront aux pentes des mon-
taenes rudes, un massacre impartial
albanais, de Serbes, de Bulgares,
de Grecs et de Valaques. Vous avez
nacuere tué dans l’Yémen un nombre
assez honorable de rebelles arabes et
faitëgorger autour d’Alep la popu
lation de plusieurs villages musul-
nais qui n’admiraient pas intégrale-
nient l’ordre établi par Votre Hau-
tesse.
Mais il est un territoire de prédilec
tion que vous protégez avec une solli-
étude toute particulière. L’Arménie
demeure l’objet constant de vos soins
et pas un jour ne se passe que vous
l’y donniez cours à votre naturelle
bienveillance et à votre charité na
tive.
Et d’abord, vous avez décidé d’y
faire régner une famine perpétuelle et
endémique. Quand les maisons eurent
de brûlées, la plupart des hommes
tuës,selon diverses méthodes: pen-
daison, écartèlement, grillade, quand
a multitude lamentable des survi-
wantserrant sur les hauts plateaux
eût été décimée encore par le froid
et la misère, vous avez empêché de
reconstruire les bourgades détruites
a de semer les blés.
Mais les Kurdes, moins pacifiques
que les Arméniens, ne l’entendaient
pas ainsi. Ces braves gens, qui sont
quelque chose comme l’Etat-Major,
avaient coutume d’être nourris et en-
tretenus par le reste du peuple. A l‘é-
poque des grands massacres, ils s’en
étaient donné à cœur joie; ils avaient
pille, violé, dévasté de leur mieux.
Maintenant ils avaient faim et vou-
aient à nouveau faire travailler leurs
bëles de somme.
Vous y avez consenti. Les Kurdes
alors ont loue aux Arméniens les
charrueset autres instruments de tra-
“il qu’ils leur avaient volés quelques
mois, auparavant, et, comme par le
Passé, les Arméniens dociles ont la-
srea terre et semé le blé et l’orge.
7 38 theure de la récolte venue, leurs
a rs ont tout pris avec votre assen-
. " 1 "et sur votre conseil et dans le
M de Vau, soixante-dix
‘ * 11 attires humaines meurent de
" par votre ordre.
aon,me dit, mais je ne le veux pas
les 7 Ie vous avez rencontré sinon
MAXI Jiaires au moins presque des
somPlices dans les dominicains qui
a"r couvent à Vau. En 1895, pen-
- la plus belle période des tueries,
re de France, leur supérieur,
mîMerecueilli et sauve beaucoup de
iï tamment dans le quartier de
but i ’ • dominicains ne distri-
qise""Pain qu’à ceux des affamés
a ont préalablement convertis
3e"Toliçisme ; je veux espérer en-
aatmsaietemal renseigné et que
P religieuse d’un Drumont et
®iut loche fort ne rencontre pas d‘i-
3 dans les vilayets d’Ana-
t Iui est malheureusement cer-
nemres que dans 101110 l‘Asie-Mi-
inats IS avez supprimé les orphe-
testante verts par les missions pro-
tnglaise. aemandes, américaines ou
Sure, " et qu’en vertu de cette me-
laitconmillliers d’enfants sont en
la rai mns à la misère, au froid,
I La en” d a mort prochaine.
trauts tore, je crains que votre
Paresrdinaire n’ait «té réveillée
I Uss,cafplrei s des chrétiens charita-
I Vous avesques ou russes orthodoxes.
I epatrian pegué comme prétexte que
I dait den le arménien lui-même vous
I Lits pegtandé de fermer les orpheli-
I imenie? estants. Mais le patriarche
| Sllicitë nregorien aine avoir jamais
| barene "rie tell mesure. Reste le pa-
I "a voir nénien catholique, qui n’a
I senscatsCans ces affaires, les arme-
I tux et avant 1 ?» etant fort peu nom-
I ? Pendant d ailleurs à peine souf-
lî^cro^ J® 8 massacres. J’aime
I le votre reque vous avez menti et
K pre intelligence de tous
les méfaits vous a suggéré seule cette
persécution nouvelle.
A moins que M. Pobedonotsef, pro
curateur du saint synode, sombre fa
natique orthodoxe qui traque sauva
gement en Russie toutes les personnes
suspectes d’hérésie et d’indépendance,
ne vous ait fait savoir par l’ambas
sadeur du tsar à Constantinople que
l’extermination de quelques mécréants
par votre intermédiaire ne lui serait
pas désagréable? Quand vous avez
inauguré la méthode récente en fer
mant l’orphelinat allemand de Diar-
békir, on avait parlé d’y créer un
orphelinat russe.
Méfiez-vous, camarade, de M. Pobe
donotsef; il pourrait bien lui être venu
à l’esprit d’installer prochainement
des troupes russes en Arménie, quand
vous aurez d’abord fait place nette
des Arméniens eux-mêmes. Je ne
vois pas ce que vous gagnerez au
change.
Et puis, surtout, méfiez-vous de vos
instincts et ne lassez pas la fortune
par une continuelle insolence dans le
crime. Déjà vous avez perdu beau
coup par la mort de M. Félix Faure,
qui vous aimait et chamarrait sa poi
trine et celle des siens de vos décora
tions ensanglantées ; vous avez perdu
plus par le discrédit définitif de M. Ga
briel Hanotaux, et voici que lord Sa-
lisbury vous avertit doucement que
l’Europe ne tolérera pas les nouveaux
massacres que vous méditez.
Il n’est chien qui ne se musèle ou qui
ne s’abatte. N’aboyez plus et cessez
de mordre, camarade ; c’est la grâce
que je vous souhaite dans l’intérêt de
votre conservation.
PIERRE QUILLARD
sentiment, et il vient de mûrir un plan ma
chiavélique qu’il expliqua hier, ainsi qu’il
suit, à quelqu’un de ma connaissance :
— Je vais louer à deux pas du Champ de
Mar», un terrain vague, et là, durant les six
mois d’Exposition, je m’engage à faire pleu-
voir, avec mon invention, vingt-trois heures
par jour. L’Institut verra alors si ce sont des
• coïncidences. »
Et ce bougre de colonel est bien capable
de tenir sa promesse.
Voilà pourquoi — tout mal appelant un
remède — je conseille à la commission d’ad
mission de 1900, d’adopter le parapluie de
Mme Percha-Giverne.
M. Baudoin sera très vexé.
CASSIO.
L’INDEMMITE
PARLEMENTAIRE
LIRE DEMAIN
LAURENT TAILHADE
Le Service des Romans
Le ministre de la guerre vient de prier
la Société des gens de lettres de lui dres
ser une liste des maîtres du feuilleton
populaire sur laquelle il choisira trois
attachés aux bureaux de l'Etat-Major.
Il y a longtemps que, devant les fours
invariables des plus belles inventions du
haut commandement, les patriotes récla
maient la réorganisation du service des
feuilletons de la défense nationale. La
stupidité exagérée de la dernière his
toire sur Muhrenheim,a enfin persuadé le
gouvernement de la nécessité de confier
à des spécialistes V invention et le lance
ment des contes militaires.
C'est l'imbécillité de ce stupide Roche-
fort qui a encouragé nos grands chefs à
persévérer dans leur outrecuidance et
leur entêtement. Ce crétin croyait si sin
cèrement à toutes les ânerses, que le
deuxième bureau est arrivé à la convic
tion de l'inutilité d'approfondir aucune
invention et qu'il nous a successive
ment servi la féerie de la Dame voilée,
celle du Syndicat, celle du capitaine
Dro, celle de Speranza, celle du faux
Henry, et celle du témoin Savi-
gnaud! Comment, d'ailleurs, l'Etat-Major
ne se serait-il pas perdu, dans la fré
quentation d'un idiot qui pousse le ra
mollissement à croire qu’on peint la tour
Eiffel en jaune pour lui faire l'honneur
de navoiser Paris à ses couleurs ?
M. de Freycinet veut que la rédaction
des romans patriotiques de l'Etat-Major
soit désormais confiée à des spécialistes
du feuilleton qui leur donneront la sin
cérité et l'apparence de la réalité. Tout
le succès des dreyfusards vient de ce que
les contes du deuxième bureau ne se sont
jamais élevés au-dessus de la conception
des cancres de l’Intransigeant et des mol
lusques de la Patrie : désormais sortiront
île la rue Saint Dominique des histoires
fortement conçues et puissamment char
pentées, de ces feuilletons convaincants et
persuasifs qui poussent les lecteurs du
Petit Journal au vol, au viol, au suicide
et à P assassinat. Ça clouera le bec à Rei-
nachl
LE PXG.
Choses et Gens
LE ML ET LE REMÈDE
Une dame que je suppose animée des
meilleurs sentiments vient de soumettre à la
commission de l’Exposition de 1900 une idée
au moins bizarre : Celle qui consisterait à
couvrir le Champ de Mars d’un gigantesque
parapluie dont elle est l’inventeur.
le est l’inventeur.
La commission, si je ne m’abuse, a rejet,’
le parapluie de Mme Percha-Giverne. Elle a
tort et je vais lui dire pourquoi.
L’Histoire est absolument authentique.
il y a de cela quelques mois, un ancien of
ficier, le colonel Baudoin, présenta u~ —5
moire à l’Institut. Le colonel se disait
sure de faire pleuvoir à volonté, au gré des
cultivateurs, et ce au moyen de fluides parti
culiers, lancés par des ballons spéciaux, sur
les nuages errants. Des essais furent faits,
concluants. L’Institut, malgré le succès des
expériences, prétendit que ce succès n était
dû qu’a des coïncidences.
Le colonel Baudoin en conçut un Yif res-
résenta un Mé-
en me-
M. le député Tourgnol aurait vite fait
de réunir sur sa proposition les si
gnatures de plusieurs centaines de ses
collègues : il propose d’élever de
9,000 à 15,000 francs l’indemnité que
la générosité nationale alloue aux re
présentants du peuple. L’indemnité
actuelle est sensiblement réduite de
ce qu’elle était sous les régimes dé
chus; elle assure mal l’existence à
Paris des députés sans fortune qui
arrivent de leurs départements et elle
est vraiment peu en rapport avec les
besoins courants de l’existence aujour-
d’hui comme avec les dépenses spé
ciales qui accompagnent d’ordinaire
l’exercice du mandat de député.
Il est vrai qu’un certain nombre de
ces dépenses ne peuvent être approu
vées, ni en bonne économie, ni en bonne
politique. Nous ne parlons pas des
frais exagérés qui sont faits de plus en
plus pour les élections : il en est une
partie, absolument condamnable, qui
sert à acheter des voix, d’une manière
directe ou indirecte, et qui devrait
valoir à tous ceux qui y ont recours
une invalidation éclatante. Nous par
lons d© ‘exagération des dépenses
pour affiches, par exemple, et pour
porteurs de bulletins. Ces frais-là
pourraient être facilement modérés
par la loi, si on le voulait bien et si on
avait quelque souci de l’égalité de
chances devant le scrutin populaire.
Pendant toute la durée de leur man
dat les députés ont pris aussi la per
nicieuse habitude de continuer des
dépenses qui ne sont autre chose que
des dépenses électorales, et de mau
vais aloi. Surtout ceux des départe
ments se ruinent en cotisations de
toutes sortes, en souscriptions à des
œuvres plus ou moins intéressantes,
dont un certain nombre ne sont qu’un
prétexte à mendicité, et cette mendi
cité est d’autant plus fâcheuse qu’elle
est exercée, aux dépens des pauvres,
par des gens et par des sociétés qui
devraient développer leur propre ini
tiative et se soutenir de leurs sacri
fices personnels; alors leurs œuvres
seraient méritoires.
Ces habitudes, qui ont pris mille
formes diverses, ne sont a ne des
causes de démoralisation dans la dé
mocratie, d’affaiblissement des mœurs
civiques et de servage électoral. Les
députés sans fortune ont encore plus
de mal à lutter contre leurs riches
concurrents, pendant leur existence à
Paris, qu’ils n’en ont eu pendant la
bataille dans leur village et leur can
ton ; ils ont remporté la victoire dans
un jour d’élan civique et ils se sont
vus ensuite maintes fois minés, en
leur absence, par de prétendues géné
rosités, sans cesse renouvelées contre
lesquelles ils ne se soutiendraient pas
même en y mettant leurs 15,000 francs.
il y a un moyen bien plus sûr d’af
fermir et de relever la condition du
député dans la République, sans aug
menter les charges du budget : c’est
de fortifier par une bonne loi électo
rale, par un mode plus honorable de
scrutin, l’indépendance politique et
morale des représentants du peuple.
M. Tourgnol et ses collègues pensent
qu’avec une indemnité plus large, ils
garantiront mieux les mandataires du
pays contre les sollicitations équivo
ques, les honteux marchandages, dont
les ennemis de la République ont af
fecté de faire grand bruit, mais qui
n’en ont pas moins été très démon
trés en certaines occasions. Rien n’est
plus douteux que le succès de la bonne
intention de M. Tourgnol en ce sens. Le
goût de lucre est insatiable ; plus il est
satisfait plus il devient avide. Il n’^
pas rare de voir les pauvres beaucoup
plus désintéressés que les riches.
Ceux qui n’ont jamais eu d’argent en
font souvent beaucoup moins d’estime
que ceux qui en ont eu à profusion,
et ils donnent le peu qu’ils ont avec
une générosité aveugle. Ils ne savent
pas la puissance de l’argent et, en
ayant toujours médiocrement usé, ils
n’y tiennent pas. Insensibles aux sé
ductions, moins peut-être par vertu
réelle que par indifférence et médio
crité de besoins, on les voit devenir
d’autant plus âpres au gain qu’ils ont
commencé à gagner, et d’autant plus
facilement achetables que déjà ils ont
plus d’argent.
L’intégrité des représentants du
peuple est dans leur caractère et non
pas dans leur condition; les grands
biens particuliers d’un administrateur
public n’ont jamais été la garantie de
sa gestion intègre et jamais les gros
appointements n’ont été une assurance
contre la dilapidation des deniers pu
blics.
Tout ce point de vue de M. Tourgnol
est parfaitement faux, et, pour l’hon-
neur de la démocratie, on se réjouit
de le trouver faux.
Il faut reconnaître, d’autre part,que
le temps est bien mal choisi pour
augmenter l’indemnité des députés,
quand ils ne parviennent plus à mettre
un budget en équilibre ; quand ils ne
réalisent pas les réformes budgétaires
depuis si longtemps promises à la na
tion ; et quand, de toutes les maniè
res, ils se montrent si inférieurs à la
tâche économique et politique que la
démocratie leur a confiée. La justice
dessaisie, les pouvoirs confondus les
uns avec les autres, les droits des ci
toyens mal défendus, les libertés peu
protégées, dix-huit mois dépensés fol
lement et en pure perte pour obtenir
la révision d’un procès illégal, partout
l’arbitraire et le désordre : voilà vrai
ment une maison bien ordonnée, pour
augmenter les appointements des ser
viteurs de la maison !
Eh bien ! soit, nous consentons vo
lontiers à augmenter l’indemnité des
députés, mais à une condition, c’est
qu’on en diminue le nombre. La moi
tié moins de députés, et que leur in
demnité soit portée au double : 18,000
francs, 3,000 francs de plus que ne le
demande M.Tourgnol. Labesognesera
mieux faito, la maison mieux tenue,
les représentants du peuple mieux
payés, et nous n’aurons pas d’accrois
sement de dépenses.
Une bonne règle, en tout ordre de
service privé ou public, est celle-ci :
peu d’employés, tous bien payés, et
chacun se donnant entier à sa tâche,
la division du travail étant faite selon
l’aptitude des hommes et la nature
des choses.
HECTOR DEPASSE.
Sur les huit membres sortants, six sont de
fougueux antizolistes.
De sorte que les sociétaires qui font partie
de ce groupe veulent à tout prix, pour ne pas
perdre leur majorité, empêcher à la liste zo-
iste d’être élue.
La réunion préliminaire, qui aura lieu
vendredi soir, à neuf heures, à l’hôtel de la
cité Rougemont, promet d’être mouvementée.
Les candidats présentés par les zolistes
sont : MM. Paul Hervieu, Daniel Riche,
Charles Chincholle. Jacques Normand, Lu
cien Paté, Joseph Montet, Paul Robiquet,
Edouard Franck et Edouard Estaunié.
L’élection faite, le comité, au complet, se
réunira lundi prochain, à deux heures, pour
élire le président de la Société, en remplace
ment de M. Henry Houssaye.
CHERCHEZ ZOLA !
Est-ce que le petit jeu de l’été dernier va
recommencer?
Le journal la Suisse affirme, paraît-il, que
M. Emile Zola est actuellement l’hôte de la
fédérale.
On l’aurait vu dernièrement à Huttwyl.
L’an dernier, on l’avait vu en même temps
dans une vingtaine de pays, en Danemark, en
Belgique, en Hollande, en Suisse, en Suède, à
Medan, et même rue de Bruxelles.
Maintenant, il se trouve à la fois en Suisse
et en Angleterre.
Quel homme I
GIL.
Un Sonnet pour Louis Deloncle
Sous les cieux étoilés que barraient les cordages,
il disait en marchint les maîtres bien aimés,
Et les poèmes chers au vent des soirs semés,
Remplissaient mon esprit de formes et d'images.
Son grave enseignement se bornait aux poètes.
Il disait . a Aimez-les. lis sont des phares clairs
Qui jettent dans l'esprit de splendides éclairs.
Elevez-vous par eux, mon ami, vers les faites! »
Je m’élevais par lui’ des yeux bleus sous son front
Semblaient d ux lacs d'azur dormint au pied d un mont.
Le timbre de sa voix était mâle n as tendre.
Il savait l’assouplir à des mètres divers,
Et sous le charme exquis du ciel pur et des vers.
Je restais près de lui des heures pour l'entendre.
Ch. Le DANTEC.
CHRONIQUE
DROODMOA R-CHA RENTON
C’est le nom d’une station anglaise où se
trouve une maison de retraite spécialement
affectée aux désiquilibrés de la magie et du
symbolisme. Là se retrouvent, vers la fin de
leur carrière, bouddhistes, gnostiques, rose-
croix, sûrs et mages
terre.
h » Angle-
Ces malades sont, pour la plupart, à peu
près inoffensifs ; ils le seraient tout à fait s’ils
ne passaient une grande partie de leur temps
à essayer de se convertir les uns les autres et
à s’infliger, réciproquement, l’exposé de leur
esthétique ou de leur philosophie. Ils occupent
le reste de leurs loisirs le plus pacifiquement
du monde, à faire de la musique, à joucr aux
dés, aux cartes, au billard, ou encore et sur
tout à peindre ; ils ont même formé parmi
eux une troupe d’acteurs et un orchestre.
Et l’asile de Broodmoar est toujours -
dûment fréquenté...
*
* ♦
ENCORE L'ÉMINENT JOURNALISTE
assi-
Les articles de l’éminent journaliste abon
dent toujours en traits aussi heureux que
hardis :
La Chambre donne en ce moment un bien
singulier spectacle au pays en élevant le pié
tinement sur place à la hauteur d'un principe.
Qui ne reconnaît à cette belle langue fran
çaise l’éminent écrivain Gaston Pollonnais,
non-seulement directeur, mais rédacteur en
chef du Soir ?
CHAINES DOREES
MM. Déroulede et Marcel Habert ne s’en
nuient pas à la Conciergerie.
Ils reçoivent, chaque après-midi, leurs amis
et connaissances, dans les propres cellules
réservées aux entrevues entre avocats et accu-
SCS,
Là, on fume, on cause familièrement, on
discute politique.
Nous ne voyons rien à dire à ce traitement
exceptionnel réservé à ces deux messieurs,
qui sont bien plutôt faits pour l’hôpital que
pour la prison.
Mais il nous est bien permis de rapprocher
cet accueil gracieux et empressé de celui
infligé au colonel Picquart, à la Santé : celui-
là, quand ses amis lui rendent visite, on ne
peut le voir qu’à travers les doubles grillages
reglementaires.. ,
GENS DE LETTRES
Dimanche prochain aura lieu l’élection par
tiers du comité de la Société des gens de'
lettres.
On s’attend à une lutte sérieuse pour cette
élection entre les amis et les adversaires de
Zola, les zolistes et les antizolistes.
CONSOLATION AUX ÉPICIERS
L’épicerie est triste. Dans les magasins de
denrées coloniales où, près des pains de
sucre, s’alignent les tonneaux de harengs
saurs et de mélasse, les patrons, l’âme
en deuil, semblent absorbés par des pensers
lugubres, les commis, vêtus de blanc, traî
nent nonchalamment leurs savates sur les
dalles : ils pèsent sans enthousiasme le café
ou les bonbons fins; leurs mains lasses tran
chent sans entrain le disque énorme des
gruyères ; et il semble que les clients, ve
nant aux achats, soient une procession
d’amis accourant, à l’occasion d’un malheur,
pour présenter leurs condoléances.
Que se passe-t-il donc ? L’alimentation
subirait-elle une crise ? ou bien redoute-t-on
une nouvelle grève ?
Vous ne devinez pas.
Un soldat de fortune, réduit à passer la
frontière pour éviter des démêlés avec la
justice de son pays d’adoption, a insulté
gravement la corporation en opposant, dans
une lettre désormais fameuse, lame du con
dottiere à l’âme de l’épicier.
Les épiciers ont senti l’outrage. Ils sup
portent impatiemment la défaveur dont on a
essayé de frapper leur métier. D’ailleurs,
s’ils connaissent mal les nobles qualités du
condottiere, ils ignorent également quelle
tare peut, aux yeux des gens du monde, avi
lir leur profession.
Quelle bassesse particulière rcprochc-t-on
à leur âme ? Ils cherchent en vain. Leur vie
est laborieuse et paisible ; ils se lèvent ma
tin, se couchent assez tard, travaillent toute
la journée, fêtes et dimanches. Ils ont certes,
plus de peine à gagner leur argent que la
plupart des fonctionnaires. Si leurs occupa
tions n’ornent point l’esprit, elles nel’abe-
tissent pas plus que la besogne imbécile des
bureaucrates ou que l’oisiveté élégante des
riches. Est-on moins intelligent après trente
ans de service chez Potin, qu’après avoir
passé le même laps de temps à surveiller le
maniement des armes ? D’ailleurs, les épi
ciers sont soldats à leurs heures ; ils mour
raient, s’il le fallait, sur le champ de ba
taille comme les généraux ; et cependant ils
ne se permettent point de traiter avec in
solence leurs concitoyens.
Ils n’exigent point qu’on les salue à six
pas ou qu’on leur rende des honneurs. Si les
moins scrupuleux d’entre eux vendent à faux
poids, ils n’estiment point que la filouterie
leur soit un titre au respect de tous les
Français. Les épiciers honnêtes commettent
des erreurs et les avouent : si leurs factures
sont inexactes, ils les rectifient ; il est sans
exemple qu’un de ces négociants ait menacé
de mener à la boucherie une cliente lui re
prochant la mauvaise qualité de sa mou
tarde.
Les épiciers ont fait leur examen de
conscience : ils ne se jugent pas inférieurs
aux autres hommes ; et c’est pourquoi ils
souffrent du mépris inique sous lequel on
essaye de les accabler ; ils cherchent les
moyens de se relever dans l’estime des gens
du monde.
Peut-être leur ennui sera-t-il bientôt sou
lagé. On prétend, en effet, que leur syndi
cat aurait découvert un expédient capable
de rehausser le prestige de la corporation.
Les épiciers porteront des pantalons aux
couleurs éclatantes. Ils se revêtiront de tu
niques à boutons de métal et de dolmans
copieusement chamarres d’er. Ils se coiffe
ront de chapeaux galonnés que surmonte
ront des plumets et des panaches. Ils traî
neront après eux de terribles et bruyantes
rapières. Et, ainsi affublés d’oripeaux éblouis
sants, marchant au milieu d’un cliquetis de
ferraille, universellement craints et vénérés,
ils pourront être impunément arrogants
brutaux, parjures, faussaires et assassins
ayant enfin droit au respect d’Esterhazy, de
Flamidien, de Jules Lemaître.
O. TIMMORT.
L’AFFAIRE DE MOHRENHEIM
Les esterhazystes continuent la campa
gne que nous avons dévoilée hier. Du reste,
c’est leur habitude ; chaque fois qu’ils font
un faux ou une canaillerie, il nous en
attribuent la paternité.
L'Intransigeant qui était resté muet jus
qu’à présent, se décide, voyant l’affaire
avortée, à manifester quelque indignation.
Le vieux marquis y consacre son article et
en profite pour injurier Jaurès qui n’a
d'ailleurs aucunement paru en toute cette
histoire.
Un peu plus loin, on peut lire l'entrefilet
suivant :
Nous avons eu sous les yeux une lettre
adressée par M. de Mohrenheim à l'un de ses
amis. Jamais l’indignation n’a inspiré une
page d’une éloquence aussi • humaine ». L’an
cien ambassadeur de Russie y dévoile claire
ment le plan des dreyfusards, qui est de tenter
de montrer à nos amis de Saint-Pétersbourg
l'impossibilité de créer une alliance durable
entre la Russie et la France, livrée à uno
bande d’insulteurs.
Pour M. de Mohrenheim, aucun doute : les
meneurs du scandale dreyfusard sont des
agents de l’étranger.
Nous serions curieux de savoir de quelle
fabrique de faux sort cette lettre, si toute
fois elle existe.
Il suffit cependant de comparer l’attitude
des différents journaux pour voir quels
ont été les éditeurs de cette histoire ridi
cule.
C'est le 15 mars que parut le roman du
Petit Bleu. Le lendemain même, M. Yves
Guyot, dans le Siècle, démontrait la faus
seté de cette histoire et la dénonçait comme
une manœuvre de l’Etat-Major.
Que faisaient pendant ce temps les jour
naux nationalistes?
Ils se taisaient et ce n’est qu’après avoir
gardé pendant six jours un silence circons
pect qu’ils se sont décidés à parler, pour
nous attribuer la responsabilité de l’his-
toire.
Lire à la deuxième page :
L'Exposition de 1900, par L.
Ravaille.
M. CASIMIR-PERIER
ET M. BRUNETIÈRE
M. Casimir-Perier a prononcé hier soir
quelques belles paroles qui vont sans nul
doute suffire à le classer parmi ceux que
M. Brunetière appelle les « ennemis de
l’âme française ».
Appelé à présider le banquet des anciens
élèves de l'École des sciences politiques, il
a osé féliciter ces jeunes gens a d'avoir l’es
prit de corps des corps qui ont de l’esprit»,
de « s’attacher beaucoup aux idées » et
« d’être rebelles à toute abdication intel
lectuelle ».
Ne voilà-t-il pas des doctrines bien sub
versives et des mots bien fâcheux!...
Quoi ! c'est un ancien président de la Ré
publique qui distingue « l’esprit de corps
des corps qui ont de l’esprit » de l'esprit
de corps des corps qui n’en ont pas ! Et
c’est en s'adressant à des intellectuels, à
des civils qu’il fait cette distinction!...
Jamais, évidemment, on n'assista à scan
dale plus grand.
Mais il y a mieux. M. Casimir-Perier se
permet de trouver qu’on doit « s'attacher
aux idées » et que l’intelligence, la con
science et la raison ne doivent jamais
«abdiquer».
Quelle abominable théorie 1 Et quels
détestables conseils !
M. Brunetière ne nous disait-il pas, l’au-
tre jour, que les idées ne sont rien et qu’il
y a de « l’ingratitude » à raisonner de
tout ?
Et M. Casimir-Perier ose n'être pas de cet
avis ! Et M. Casimir-Perier ose avoir un
autre idéal!
Décidément, cet homme mérite qu’on le
traite comme un simple révolutionnaire
ou comme un simple intellectuel, — en
* ennemi » de la patrie.
M. Casimir-Perier, du reste, ne s’en est
pas tenu là. Il a poussé la témérité jusqu’A
dire que « chaque génération doit apporter
sa part au progrès des mœurs publiques»,
que la jeunesse ne doit pas « laisser s'é
teindre cette flamme d’enthousiasme et de
foi où s’allument toutes les conceptions
nobles et fécondes », et il a conclu en de
mandant à ses auditeurs d'avoir « un peu
d’audace pour le bien » et de garder « cette
chaleur de cœur à laquelle on sent les
hommes qui s'oublient pour la cause qu'ils
servent ».
Que signifient ces réflexions? Ne sont-ce
pas des allusions ? Et, est-il tolérable qu’un
ancien président vienne parler ainsi de
« progrès des mœurs publiques », d’u en
thousiasme », de « conceptions nobles et
fécondes », de a bien », de « chaleur de
cœur », quand on retrouve tous les jours
les mêmes mots et les mêmes formules
sous la plume des • stipendiés du syndicat
de trahison ? »
M. Brunetière, en tout cas, ne peut pas
laisser passer ce discours sans faire enten
dre une énergique protestation.
Il s'est engagé à sauver r«àme fran
çaise». Il nous a dit que les ennemis de
cette âme étaient ceux qui avaient eu la
faiblesse de croire, comme M. Casimir-Pe-
NEuntuE -"4
JEUDI 23 MARS 1839
LES DROITS D
AVEC LE SULTAN
Ordre
68 Proffrès par la Révolution française
RÉDACTION, ETADMINISTRATION
142 — Rue Montmartre — 142
us ANNONCES sur RBÇUES cnn n uuhu. cm n c
•, place de la Bourse, 6, et aux Bureaux du Jour nal
un MANUScarn non ESÉnÉs NE sont PAS amous
TÉLÉPHONE IV e 1O1.BI
les deux ouvriers
première cause du
ces deux ouvriers
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du joariv.d.
Camarade Abdul-Hamid,
recommence ou plutôt çaeon-
e un peu partout, là-bas, dans
Ze’rouge empire. Vous avez envoyé
ü troupes en Albanie et en Macé-
Le parce que vous n’êtes pas sur
Loyalisme de vos sujets et vous
feparez pour le printemps, au mo-
Lntoùles amarantes et les aspho-
fleuriront aux pentes des mon-
taenes rudes, un massacre impartial
albanais, de Serbes, de Bulgares,
de Grecs et de Valaques. Vous avez
nacuere tué dans l’Yémen un nombre
assez honorable de rebelles arabes et
faitëgorger autour d’Alep la popu
lation de plusieurs villages musul-
nais qui n’admiraient pas intégrale-
nient l’ordre établi par Votre Hau-
tesse.
Mais il est un territoire de prédilec
tion que vous protégez avec une solli-
étude toute particulière. L’Arménie
demeure l’objet constant de vos soins
et pas un jour ne se passe que vous
l’y donniez cours à votre naturelle
bienveillance et à votre charité na
tive.
Et d’abord, vous avez décidé d’y
faire régner une famine perpétuelle et
endémique. Quand les maisons eurent
de brûlées, la plupart des hommes
tuës,selon diverses méthodes: pen-
daison, écartèlement, grillade, quand
a multitude lamentable des survi-
wantserrant sur les hauts plateaux
eût été décimée encore par le froid
et la misère, vous avez empêché de
reconstruire les bourgades détruites
a de semer les blés.
Mais les Kurdes, moins pacifiques
que les Arméniens, ne l’entendaient
pas ainsi. Ces braves gens, qui sont
quelque chose comme l’Etat-Major,
avaient coutume d’être nourris et en-
tretenus par le reste du peuple. A l‘é-
poque des grands massacres, ils s’en
étaient donné à cœur joie; ils avaient
pille, violé, dévasté de leur mieux.
Maintenant ils avaient faim et vou-
aient à nouveau faire travailler leurs
bëles de somme.
Vous y avez consenti. Les Kurdes
alors ont loue aux Arméniens les
charrueset autres instruments de tra-
“il qu’ils leur avaient volés quelques
mois, auparavant, et, comme par le
Passé, les Arméniens dociles ont la-
srea terre et semé le blé et l’orge.
7 38 theure de la récolte venue, leurs
a rs ont tout pris avec votre assen-
. " 1 "et sur votre conseil et dans le
M de Vau, soixante-dix
‘ * 11 attires humaines meurent de
" par votre ordre.
aon,me dit, mais je ne le veux pas
les 7 Ie vous avez rencontré sinon
MAXI Jiaires au moins presque des
somPlices dans les dominicains qui
a"r couvent à Vau. En 1895, pen-
- la plus belle période des tueries,
re de France, leur supérieur,
mîMerecueilli et sauve beaucoup de
iï tamment dans le quartier de
but i ’ • dominicains ne distri-
qise""Pain qu’à ceux des affamés
a ont préalablement convertis
3e"Toliçisme ; je veux espérer en-
aatmsaietemal renseigné et que
P religieuse d’un Drumont et
®iut loche fort ne rencontre pas d‘i-
3 dans les vilayets d’Ana-
t Iui est malheureusement cer-
nemres que dans 101110 l‘Asie-Mi-
inats IS avez supprimé les orphe-
testante verts par les missions pro-
tnglaise. aemandes, américaines ou
Sure, " et qu’en vertu de cette me-
laitconmillliers d’enfants sont en
la rai mns à la misère, au froid,
I La en” d a mort prochaine.
trauts tore, je crains que votre
Paresrdinaire n’ait «té réveillée
I Uss,cafplrei s des chrétiens charita-
I Vous avesques ou russes orthodoxes.
I epatrian pegué comme prétexte que
I dait den le arménien lui-même vous
I Lits pegtandé de fermer les orpheli-
I imenie? estants. Mais le patriarche
| Sllicitë nregorien aine avoir jamais
| barene "rie tell mesure. Reste le pa-
I "a voir nénien catholique, qui n’a
I senscatsCans ces affaires, les arme-
I tux et avant 1 ?» etant fort peu nom-
I ? Pendant d ailleurs à peine souf-
lî^cro^ J® 8 massacres. J’aime
I le votre reque vous avez menti et
K pre intelligence de tous
les méfaits vous a suggéré seule cette
persécution nouvelle.
A moins que M. Pobedonotsef, pro
curateur du saint synode, sombre fa
natique orthodoxe qui traque sauva
gement en Russie toutes les personnes
suspectes d’hérésie et d’indépendance,
ne vous ait fait savoir par l’ambas
sadeur du tsar à Constantinople que
l’extermination de quelques mécréants
par votre intermédiaire ne lui serait
pas désagréable? Quand vous avez
inauguré la méthode récente en fer
mant l’orphelinat allemand de Diar-
békir, on avait parlé d’y créer un
orphelinat russe.
Méfiez-vous, camarade, de M. Pobe
donotsef; il pourrait bien lui être venu
à l’esprit d’installer prochainement
des troupes russes en Arménie, quand
vous aurez d’abord fait place nette
des Arméniens eux-mêmes. Je ne
vois pas ce que vous gagnerez au
change.
Et puis, surtout, méfiez-vous de vos
instincts et ne lassez pas la fortune
par une continuelle insolence dans le
crime. Déjà vous avez perdu beau
coup par la mort de M. Félix Faure,
qui vous aimait et chamarrait sa poi
trine et celle des siens de vos décora
tions ensanglantées ; vous avez perdu
plus par le discrédit définitif de M. Ga
briel Hanotaux, et voici que lord Sa-
lisbury vous avertit doucement que
l’Europe ne tolérera pas les nouveaux
massacres que vous méditez.
Il n’est chien qui ne se musèle ou qui
ne s’abatte. N’aboyez plus et cessez
de mordre, camarade ; c’est la grâce
que je vous souhaite dans l’intérêt de
votre conservation.
PIERRE QUILLARD
sentiment, et il vient de mûrir un plan ma
chiavélique qu’il expliqua hier, ainsi qu’il
suit, à quelqu’un de ma connaissance :
— Je vais louer à deux pas du Champ de
Mar», un terrain vague, et là, durant les six
mois d’Exposition, je m’engage à faire pleu-
voir, avec mon invention, vingt-trois heures
par jour. L’Institut verra alors si ce sont des
• coïncidences. »
Et ce bougre de colonel est bien capable
de tenir sa promesse.
Voilà pourquoi — tout mal appelant un
remède — je conseille à la commission d’ad
mission de 1900, d’adopter le parapluie de
Mme Percha-Giverne.
M. Baudoin sera très vexé.
CASSIO.
L’INDEMMITE
PARLEMENTAIRE
LIRE DEMAIN
LAURENT TAILHADE
Le Service des Romans
Le ministre de la guerre vient de prier
la Société des gens de lettres de lui dres
ser une liste des maîtres du feuilleton
populaire sur laquelle il choisira trois
attachés aux bureaux de l'Etat-Major.
Il y a longtemps que, devant les fours
invariables des plus belles inventions du
haut commandement, les patriotes récla
maient la réorganisation du service des
feuilletons de la défense nationale. La
stupidité exagérée de la dernière his
toire sur Muhrenheim,a enfin persuadé le
gouvernement de la nécessité de confier
à des spécialistes V invention et le lance
ment des contes militaires.
C'est l'imbécillité de ce stupide Roche-
fort qui a encouragé nos grands chefs à
persévérer dans leur outrecuidance et
leur entêtement. Ce crétin croyait si sin
cèrement à toutes les ânerses, que le
deuxième bureau est arrivé à la convic
tion de l'inutilité d'approfondir aucune
invention et qu'il nous a successive
ment servi la féerie de la Dame voilée,
celle du Syndicat, celle du capitaine
Dro, celle de Speranza, celle du faux
Henry, et celle du témoin Savi-
gnaud! Comment, d'ailleurs, l'Etat-Major
ne se serait-il pas perdu, dans la fré
quentation d'un idiot qui pousse le ra
mollissement à croire qu’on peint la tour
Eiffel en jaune pour lui faire l'honneur
de navoiser Paris à ses couleurs ?
M. de Freycinet veut que la rédaction
des romans patriotiques de l'Etat-Major
soit désormais confiée à des spécialistes
du feuilleton qui leur donneront la sin
cérité et l'apparence de la réalité. Tout
le succès des dreyfusards vient de ce que
les contes du deuxième bureau ne se sont
jamais élevés au-dessus de la conception
des cancres de l’Intransigeant et des mol
lusques de la Patrie : désormais sortiront
île la rue Saint Dominique des histoires
fortement conçues et puissamment char
pentées, de ces feuilletons convaincants et
persuasifs qui poussent les lecteurs du
Petit Journal au vol, au viol, au suicide
et à P assassinat. Ça clouera le bec à Rei-
nachl
LE PXG.
Choses et Gens
LE ML ET LE REMÈDE
Une dame que je suppose animée des
meilleurs sentiments vient de soumettre à la
commission de l’Exposition de 1900 une idée
au moins bizarre : Celle qui consisterait à
couvrir le Champ de Mars d’un gigantesque
parapluie dont elle est l’inventeur.
le est l’inventeur.
La commission, si je ne m’abuse, a rejet,’
le parapluie de Mme Percha-Giverne. Elle a
tort et je vais lui dire pourquoi.
L’Histoire est absolument authentique.
il y a de cela quelques mois, un ancien of
ficier, le colonel Baudoin, présenta u~ —5
moire à l’Institut. Le colonel se disait
sure de faire pleuvoir à volonté, au gré des
cultivateurs, et ce au moyen de fluides parti
culiers, lancés par des ballons spéciaux, sur
les nuages errants. Des essais furent faits,
concluants. L’Institut, malgré le succès des
expériences, prétendit que ce succès n était
dû qu’a des coïncidences.
Le colonel Baudoin en conçut un Yif res-
résenta un Mé-
en me-
M. le député Tourgnol aurait vite fait
de réunir sur sa proposition les si
gnatures de plusieurs centaines de ses
collègues : il propose d’élever de
9,000 à 15,000 francs l’indemnité que
la générosité nationale alloue aux re
présentants du peuple. L’indemnité
actuelle est sensiblement réduite de
ce qu’elle était sous les régimes dé
chus; elle assure mal l’existence à
Paris des députés sans fortune qui
arrivent de leurs départements et elle
est vraiment peu en rapport avec les
besoins courants de l’existence aujour-
d’hui comme avec les dépenses spé
ciales qui accompagnent d’ordinaire
l’exercice du mandat de député.
Il est vrai qu’un certain nombre de
ces dépenses ne peuvent être approu
vées, ni en bonne économie, ni en bonne
politique. Nous ne parlons pas des
frais exagérés qui sont faits de plus en
plus pour les élections : il en est une
partie, absolument condamnable, qui
sert à acheter des voix, d’une manière
directe ou indirecte, et qui devrait
valoir à tous ceux qui y ont recours
une invalidation éclatante. Nous par
lons d© ‘exagération des dépenses
pour affiches, par exemple, et pour
porteurs de bulletins. Ces frais-là
pourraient être facilement modérés
par la loi, si on le voulait bien et si on
avait quelque souci de l’égalité de
chances devant le scrutin populaire.
Pendant toute la durée de leur man
dat les députés ont pris aussi la per
nicieuse habitude de continuer des
dépenses qui ne sont autre chose que
des dépenses électorales, et de mau
vais aloi. Surtout ceux des départe
ments se ruinent en cotisations de
toutes sortes, en souscriptions à des
œuvres plus ou moins intéressantes,
dont un certain nombre ne sont qu’un
prétexte à mendicité, et cette mendi
cité est d’autant plus fâcheuse qu’elle
est exercée, aux dépens des pauvres,
par des gens et par des sociétés qui
devraient développer leur propre ini
tiative et se soutenir de leurs sacri
fices personnels; alors leurs œuvres
seraient méritoires.
Ces habitudes, qui ont pris mille
formes diverses, ne sont a ne des
causes de démoralisation dans la dé
mocratie, d’affaiblissement des mœurs
civiques et de servage électoral. Les
députés sans fortune ont encore plus
de mal à lutter contre leurs riches
concurrents, pendant leur existence à
Paris, qu’ils n’en ont eu pendant la
bataille dans leur village et leur can
ton ; ils ont remporté la victoire dans
un jour d’élan civique et ils se sont
vus ensuite maintes fois minés, en
leur absence, par de prétendues géné
rosités, sans cesse renouvelées contre
lesquelles ils ne se soutiendraient pas
même en y mettant leurs 15,000 francs.
il y a un moyen bien plus sûr d’af
fermir et de relever la condition du
député dans la République, sans aug
menter les charges du budget : c’est
de fortifier par une bonne loi électo
rale, par un mode plus honorable de
scrutin, l’indépendance politique et
morale des représentants du peuple.
M. Tourgnol et ses collègues pensent
qu’avec une indemnité plus large, ils
garantiront mieux les mandataires du
pays contre les sollicitations équivo
ques, les honteux marchandages, dont
les ennemis de la République ont af
fecté de faire grand bruit, mais qui
n’en ont pas moins été très démon
trés en certaines occasions. Rien n’est
plus douteux que le succès de la bonne
intention de M. Tourgnol en ce sens. Le
goût de lucre est insatiable ; plus il est
satisfait plus il devient avide. Il n’^
pas rare de voir les pauvres beaucoup
plus désintéressés que les riches.
Ceux qui n’ont jamais eu d’argent en
font souvent beaucoup moins d’estime
que ceux qui en ont eu à profusion,
et ils donnent le peu qu’ils ont avec
une générosité aveugle. Ils ne savent
pas la puissance de l’argent et, en
ayant toujours médiocrement usé, ils
n’y tiennent pas. Insensibles aux sé
ductions, moins peut-être par vertu
réelle que par indifférence et médio
crité de besoins, on les voit devenir
d’autant plus âpres au gain qu’ils ont
commencé à gagner, et d’autant plus
facilement achetables que déjà ils ont
plus d’argent.
L’intégrité des représentants du
peuple est dans leur caractère et non
pas dans leur condition; les grands
biens particuliers d’un administrateur
public n’ont jamais été la garantie de
sa gestion intègre et jamais les gros
appointements n’ont été une assurance
contre la dilapidation des deniers pu
blics.
Tout ce point de vue de M. Tourgnol
est parfaitement faux, et, pour l’hon-
neur de la démocratie, on se réjouit
de le trouver faux.
Il faut reconnaître, d’autre part,que
le temps est bien mal choisi pour
augmenter l’indemnité des députés,
quand ils ne parviennent plus à mettre
un budget en équilibre ; quand ils ne
réalisent pas les réformes budgétaires
depuis si longtemps promises à la na
tion ; et quand, de toutes les maniè
res, ils se montrent si inférieurs à la
tâche économique et politique que la
démocratie leur a confiée. La justice
dessaisie, les pouvoirs confondus les
uns avec les autres, les droits des ci
toyens mal défendus, les libertés peu
protégées, dix-huit mois dépensés fol
lement et en pure perte pour obtenir
la révision d’un procès illégal, partout
l’arbitraire et le désordre : voilà vrai
ment une maison bien ordonnée, pour
augmenter les appointements des ser
viteurs de la maison !
Eh bien ! soit, nous consentons vo
lontiers à augmenter l’indemnité des
députés, mais à une condition, c’est
qu’on en diminue le nombre. La moi
tié moins de députés, et que leur in
demnité soit portée au double : 18,000
francs, 3,000 francs de plus que ne le
demande M.Tourgnol. Labesognesera
mieux faito, la maison mieux tenue,
les représentants du peuple mieux
payés, et nous n’aurons pas d’accrois
sement de dépenses.
Une bonne règle, en tout ordre de
service privé ou public, est celle-ci :
peu d’employés, tous bien payés, et
chacun se donnant entier à sa tâche,
la division du travail étant faite selon
l’aptitude des hommes et la nature
des choses.
HECTOR DEPASSE.
Sur les huit membres sortants, six sont de
fougueux antizolistes.
De sorte que les sociétaires qui font partie
de ce groupe veulent à tout prix, pour ne pas
perdre leur majorité, empêcher à la liste zo-
iste d’être élue.
La réunion préliminaire, qui aura lieu
vendredi soir, à neuf heures, à l’hôtel de la
cité Rougemont, promet d’être mouvementée.
Les candidats présentés par les zolistes
sont : MM. Paul Hervieu, Daniel Riche,
Charles Chincholle. Jacques Normand, Lu
cien Paté, Joseph Montet, Paul Robiquet,
Edouard Franck et Edouard Estaunié.
L’élection faite, le comité, au complet, se
réunira lundi prochain, à deux heures, pour
élire le président de la Société, en remplace
ment de M. Henry Houssaye.
CHERCHEZ ZOLA !
Est-ce que le petit jeu de l’été dernier va
recommencer?
Le journal la Suisse affirme, paraît-il, que
M. Emile Zola est actuellement l’hôte de la
fédérale.
On l’aurait vu dernièrement à Huttwyl.
L’an dernier, on l’avait vu en même temps
dans une vingtaine de pays, en Danemark, en
Belgique, en Hollande, en Suisse, en Suède, à
Medan, et même rue de Bruxelles.
Maintenant, il se trouve à la fois en Suisse
et en Angleterre.
Quel homme I
GIL.
Un Sonnet pour Louis Deloncle
Sous les cieux étoilés que barraient les cordages,
il disait en marchint les maîtres bien aimés,
Et les poèmes chers au vent des soirs semés,
Remplissaient mon esprit de formes et d'images.
Son grave enseignement se bornait aux poètes.
Il disait . a Aimez-les. lis sont des phares clairs
Qui jettent dans l'esprit de splendides éclairs.
Elevez-vous par eux, mon ami, vers les faites! »
Je m’élevais par lui’ des yeux bleus sous son front
Semblaient d ux lacs d'azur dormint au pied d un mont.
Le timbre de sa voix était mâle n as tendre.
Il savait l’assouplir à des mètres divers,
Et sous le charme exquis du ciel pur et des vers.
Je restais près de lui des heures pour l'entendre.
Ch. Le DANTEC.
CHRONIQUE
DROODMOA R-CHA RENTON
C’est le nom d’une station anglaise où se
trouve une maison de retraite spécialement
affectée aux désiquilibrés de la magie et du
symbolisme. Là se retrouvent, vers la fin de
leur carrière, bouddhistes, gnostiques, rose-
croix, sûrs et mages
terre.
h » Angle-
Ces malades sont, pour la plupart, à peu
près inoffensifs ; ils le seraient tout à fait s’ils
ne passaient une grande partie de leur temps
à essayer de se convertir les uns les autres et
à s’infliger, réciproquement, l’exposé de leur
esthétique ou de leur philosophie. Ils occupent
le reste de leurs loisirs le plus pacifiquement
du monde, à faire de la musique, à joucr aux
dés, aux cartes, au billard, ou encore et sur
tout à peindre ; ils ont même formé parmi
eux une troupe d’acteurs et un orchestre.
Et l’asile de Broodmoar est toujours -
dûment fréquenté...
*
* ♦
ENCORE L'ÉMINENT JOURNALISTE
assi-
Les articles de l’éminent journaliste abon
dent toujours en traits aussi heureux que
hardis :
La Chambre donne en ce moment un bien
singulier spectacle au pays en élevant le pié
tinement sur place à la hauteur d'un principe.
Qui ne reconnaît à cette belle langue fran
çaise l’éminent écrivain Gaston Pollonnais,
non-seulement directeur, mais rédacteur en
chef du Soir ?
CHAINES DOREES
MM. Déroulede et Marcel Habert ne s’en
nuient pas à la Conciergerie.
Ils reçoivent, chaque après-midi, leurs amis
et connaissances, dans les propres cellules
réservées aux entrevues entre avocats et accu-
SCS,
Là, on fume, on cause familièrement, on
discute politique.
Nous ne voyons rien à dire à ce traitement
exceptionnel réservé à ces deux messieurs,
qui sont bien plutôt faits pour l’hôpital que
pour la prison.
Mais il nous est bien permis de rapprocher
cet accueil gracieux et empressé de celui
infligé au colonel Picquart, à la Santé : celui-
là, quand ses amis lui rendent visite, on ne
peut le voir qu’à travers les doubles grillages
reglementaires.. ,
GENS DE LETTRES
Dimanche prochain aura lieu l’élection par
tiers du comité de la Société des gens de'
lettres.
On s’attend à une lutte sérieuse pour cette
élection entre les amis et les adversaires de
Zola, les zolistes et les antizolistes.
CONSOLATION AUX ÉPICIERS
L’épicerie est triste. Dans les magasins de
denrées coloniales où, près des pains de
sucre, s’alignent les tonneaux de harengs
saurs et de mélasse, les patrons, l’âme
en deuil, semblent absorbés par des pensers
lugubres, les commis, vêtus de blanc, traî
nent nonchalamment leurs savates sur les
dalles : ils pèsent sans enthousiasme le café
ou les bonbons fins; leurs mains lasses tran
chent sans entrain le disque énorme des
gruyères ; et il semble que les clients, ve
nant aux achats, soient une procession
d’amis accourant, à l’occasion d’un malheur,
pour présenter leurs condoléances.
Que se passe-t-il donc ? L’alimentation
subirait-elle une crise ? ou bien redoute-t-on
une nouvelle grève ?
Vous ne devinez pas.
Un soldat de fortune, réduit à passer la
frontière pour éviter des démêlés avec la
justice de son pays d’adoption, a insulté
gravement la corporation en opposant, dans
une lettre désormais fameuse, lame du con
dottiere à l’âme de l’épicier.
Les épiciers ont senti l’outrage. Ils sup
portent impatiemment la défaveur dont on a
essayé de frapper leur métier. D’ailleurs,
s’ils connaissent mal les nobles qualités du
condottiere, ils ignorent également quelle
tare peut, aux yeux des gens du monde, avi
lir leur profession.
Quelle bassesse particulière rcprochc-t-on
à leur âme ? Ils cherchent en vain. Leur vie
est laborieuse et paisible ; ils se lèvent ma
tin, se couchent assez tard, travaillent toute
la journée, fêtes et dimanches. Ils ont certes,
plus de peine à gagner leur argent que la
plupart des fonctionnaires. Si leurs occupa
tions n’ornent point l’esprit, elles nel’abe-
tissent pas plus que la besogne imbécile des
bureaucrates ou que l’oisiveté élégante des
riches. Est-on moins intelligent après trente
ans de service chez Potin, qu’après avoir
passé le même laps de temps à surveiller le
maniement des armes ? D’ailleurs, les épi
ciers sont soldats à leurs heures ; ils mour
raient, s’il le fallait, sur le champ de ba
taille comme les généraux ; et cependant ils
ne se permettent point de traiter avec in
solence leurs concitoyens.
Ils n’exigent point qu’on les salue à six
pas ou qu’on leur rende des honneurs. Si les
moins scrupuleux d’entre eux vendent à faux
poids, ils n’estiment point que la filouterie
leur soit un titre au respect de tous les
Français. Les épiciers honnêtes commettent
des erreurs et les avouent : si leurs factures
sont inexactes, ils les rectifient ; il est sans
exemple qu’un de ces négociants ait menacé
de mener à la boucherie une cliente lui re
prochant la mauvaise qualité de sa mou
tarde.
Les épiciers ont fait leur examen de
conscience : ils ne se jugent pas inférieurs
aux autres hommes ; et c’est pourquoi ils
souffrent du mépris inique sous lequel on
essaye de les accabler ; ils cherchent les
moyens de se relever dans l’estime des gens
du monde.
Peut-être leur ennui sera-t-il bientôt sou
lagé. On prétend, en effet, que leur syndi
cat aurait découvert un expédient capable
de rehausser le prestige de la corporation.
Les épiciers porteront des pantalons aux
couleurs éclatantes. Ils se revêtiront de tu
niques à boutons de métal et de dolmans
copieusement chamarres d’er. Ils se coiffe
ront de chapeaux galonnés que surmonte
ront des plumets et des panaches. Ils traî
neront après eux de terribles et bruyantes
rapières. Et, ainsi affublés d’oripeaux éblouis
sants, marchant au milieu d’un cliquetis de
ferraille, universellement craints et vénérés,
ils pourront être impunément arrogants
brutaux, parjures, faussaires et assassins
ayant enfin droit au respect d’Esterhazy, de
Flamidien, de Jules Lemaître.
O. TIMMORT.
L’AFFAIRE DE MOHRENHEIM
Les esterhazystes continuent la campa
gne que nous avons dévoilée hier. Du reste,
c’est leur habitude ; chaque fois qu’ils font
un faux ou une canaillerie, il nous en
attribuent la paternité.
L'Intransigeant qui était resté muet jus
qu’à présent, se décide, voyant l’affaire
avortée, à manifester quelque indignation.
Le vieux marquis y consacre son article et
en profite pour injurier Jaurès qui n’a
d'ailleurs aucunement paru en toute cette
histoire.
Un peu plus loin, on peut lire l'entrefilet
suivant :
Nous avons eu sous les yeux une lettre
adressée par M. de Mohrenheim à l'un de ses
amis. Jamais l’indignation n’a inspiré une
page d’une éloquence aussi • humaine ». L’an
cien ambassadeur de Russie y dévoile claire
ment le plan des dreyfusards, qui est de tenter
de montrer à nos amis de Saint-Pétersbourg
l'impossibilité de créer une alliance durable
entre la Russie et la France, livrée à uno
bande d’insulteurs.
Pour M. de Mohrenheim, aucun doute : les
meneurs du scandale dreyfusard sont des
agents de l’étranger.
Nous serions curieux de savoir de quelle
fabrique de faux sort cette lettre, si toute
fois elle existe.
Il suffit cependant de comparer l’attitude
des différents journaux pour voir quels
ont été les éditeurs de cette histoire ridi
cule.
C'est le 15 mars que parut le roman du
Petit Bleu. Le lendemain même, M. Yves
Guyot, dans le Siècle, démontrait la faus
seté de cette histoire et la dénonçait comme
une manœuvre de l’Etat-Major.
Que faisaient pendant ce temps les jour
naux nationalistes?
Ils se taisaient et ce n’est qu’après avoir
gardé pendant six jours un silence circons
pect qu’ils se sont décidés à parler, pour
nous attribuer la responsabilité de l’his-
toire.
Lire à la deuxième page :
L'Exposition de 1900, par L.
Ravaille.
M. CASIMIR-PERIER
ET M. BRUNETIÈRE
M. Casimir-Perier a prononcé hier soir
quelques belles paroles qui vont sans nul
doute suffire à le classer parmi ceux que
M. Brunetière appelle les « ennemis de
l’âme française ».
Appelé à présider le banquet des anciens
élèves de l'École des sciences politiques, il
a osé féliciter ces jeunes gens a d'avoir l’es
prit de corps des corps qui ont de l’esprit»,
de « s’attacher beaucoup aux idées » et
« d’être rebelles à toute abdication intel
lectuelle ».
Ne voilà-t-il pas des doctrines bien sub
versives et des mots bien fâcheux!...
Quoi ! c'est un ancien président de la Ré
publique qui distingue « l’esprit de corps
des corps qui ont de l’esprit » de l'esprit
de corps des corps qui n’en ont pas ! Et
c’est en s'adressant à des intellectuels, à
des civils qu’il fait cette distinction!...
Jamais, évidemment, on n'assista à scan
dale plus grand.
Mais il y a mieux. M. Casimir-Perier se
permet de trouver qu’on doit « s'attacher
aux idées » et que l’intelligence, la con
science et la raison ne doivent jamais
«abdiquer».
Quelle abominable théorie 1 Et quels
détestables conseils !
M. Brunetière ne nous disait-il pas, l’au-
tre jour, que les idées ne sont rien et qu’il
y a de « l’ingratitude » à raisonner de
tout ?
Et M. Casimir-Perier ose n'être pas de cet
avis ! Et M. Casimir-Perier ose avoir un
autre idéal!
Décidément, cet homme mérite qu’on le
traite comme un simple révolutionnaire
ou comme un simple intellectuel, — en
* ennemi » de la patrie.
M. Casimir-Perier, du reste, ne s’en est
pas tenu là. Il a poussé la témérité jusqu’A
dire que « chaque génération doit apporter
sa part au progrès des mœurs publiques»,
que la jeunesse ne doit pas « laisser s'é
teindre cette flamme d’enthousiasme et de
foi où s’allument toutes les conceptions
nobles et fécondes », et il a conclu en de
mandant à ses auditeurs d'avoir « un peu
d’audace pour le bien » et de garder « cette
chaleur de cœur à laquelle on sent les
hommes qui s'oublient pour la cause qu'ils
servent ».
Que signifient ces réflexions? Ne sont-ce
pas des allusions ? Et, est-il tolérable qu’un
ancien président vienne parler ainsi de
« progrès des mœurs publiques », d’u en
thousiasme », de « conceptions nobles et
fécondes », de a bien », de « chaleur de
cœur », quand on retrouve tous les jours
les mêmes mots et les mêmes formules
sous la plume des • stipendiés du syndicat
de trahison ? »
M. Brunetière, en tout cas, ne peut pas
laisser passer ce discours sans faire enten
dre une énergique protestation.
Il s'est engagé à sauver r«àme fran
çaise». Il nous a dit que les ennemis de
cette âme étaient ceux qui avaient eu la
faiblesse de croire, comme M. Casimir-Pe-
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