Titre : Les Droits de l'homme / fondateur Henri Deloncle
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1899-01-16
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32759074m
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Description : 16 janvier 1899 16 janvier 1899
Description : 1899/01/16 (A2,N369). 1899/01/16 (A2,N369).
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k6817551m
Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, GR FOL-LC2-5700
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 02/05/2016
1899
DEUXIEME ANNÉE ~ I 369
18101 IS JANVIER 1
========--=--==-=======
LES DROITS DE L'HOMME
Ordre et Progrès par la Révolution trançaise
abonnements
. . 1 an 20 tr.; « mois, 10 tr.; 3 mois, S tr. so
PAhle • " —2x9
ruict n ALGERIE : < an 24 tr. • mois 13 tr. 3mois. ’ francs
UMMtl : mois, “ >r " * mois. 40
RÉDACTION ET ADMINISTRATION
142 — Rue Montmartre — 142
IB ABAOACES MB U0B CU u. LAGRANGE, CEF II C:
ECESOIR
Plus belle fille du
I de Tabarin. — Le
Lakmé.
le Fiammette.
orgette Le meunier,
iacre à l’heure. —
pari.
| Daine aux Camé-
Gillette. — Chéri!
haussons de danse.
Code.
Jeu de l’amour et
Heur des Wagons-
[— Véronique.
/h.
Cyrano de
Résultat des
- Le Roi de Rome.
1/2. —. Loreau es
lants.
oudre de Perlin-
e Mme AugoL , s
he.
lâche.
1/1. — Amour et
€.
blanche.
e Paris. — La Tur-
i, 8 h. 1/2. — La
JE VIVIENNE,8h. 1/2.
‘rue Chaptal (télé-
Manille. — La Berri-
moiselle Fin.
les Mathurins (télé-
2. — Le Prince des
ird des Capucines
Le Coup de Cyrano.
5 Odette Du lac.
J (téléphone21-22),
l’As de trète.
CONCERTS
)), 8 h. 1;
Pari-
ma Thibaud, S ux,
lion. MM. Reschal,
La Lofe Fuller. —
3 Saharet. — L'Enle-
let. Mlle Margyi —
as. — Les Lang. —
lées à 2 h. 1/2.
, 8 h. 1/2. — Tous
h — Folles Amours,
-concert,
izert.
I, 8 h. — spectacle-
e Bloch, Rosalba,
pl. Maader, Strit. —
L'Iusaisissa le.
L — Madame Mal-
nie. Mlles Angèle
rand championnat
| 32 lutterrs, — Le
soirs, à 8 h. 1/2,
Tous les
samedis.
117-8.),
8 h.
arraine decharley.
ampionnat mont-
Et fêtes, matinées
i les places. — Bals
27), 9 h. I/ 1
rois Mousmées. —
ébé. — La Garçon-
। Pigalle ( téléphoné
lyspa, Moy, Barde,
tins, revue. M. Le
M Martyrs. — Un
acte. — La Coursa
le. MM. Dranem,
ry. Mlles Claudia
te, May, etc.
Spectac'e-concert
ectacle-concert.
-concert,
pectacle-concert.
acert varié.
rue de la Pépinière,
L — Bloch, Frjol,
taix, Stoldy, Desty.
ande ai traction,
oulevard de Stras-
le varié. — Edmée
I Bloch. Heurtine
S-Elysées
le. — Piste circu-
vert tous les jour .
à minuit.
21-80), 8 h. 1/2. —
, et les Eléphauts
z. — Good Night,
esse. — Mercredis,
fêtes, matinée à
rd Rochechouart
J. — Attractions
lis, dimanches et
itation. — Ciném»
Ouvert tout le
nanches.
‘Esprit militaire
Dans une sorte de journal des con
versations de Napoléon à Sainte-Hé
lène par le général baron Gourgaud,
—journal que MM. deGrouchyet An-
toine Guillois ont retrouvé, et qu'ils
publient dans la Revue de Paris, — le
ci-devant empereur, parlant des hom
mes de la Révolution, arrive à Robes
pierre et dit :
« Robespierre aurait dû se faire
nommer dictateur, mais cela ne lui
était pas aussi facile qu’à un général.
Les soldats ne sont pas républicains :
accoutumés à obéir, ils sont contents
de voir les bourgeois soumis comme
eux. »
Ce que Napoléon disait des soldats,
évidemment sans vouloir distinguer
entre le soldat et l’officier, n’est plus
vrai de celui-là dans les pays comme
le nôtre où le soldat n’est plus
un professionnel, mais est toujours
vrai de l’officier, surtout des officiers
supérieurs et généraux, et définit très
bien un des aspects dangereux de ce
qu’on appelle l’esprit militaire.
Non pas, certes, qu’il ne puisse y
avoir des officiers se disant et se
croyant républicains ; peut-être même
avons-nous des généraux persuadés
qu’ils aiment la République, et qui,
bien mieux, seraient prêts à mettre
leur épée au service de la loi contre
un nouveau Saint-Arnaud; mais il
faut se l’avouer : le véritable esprit
militaire est radicalement incompa
tible avec l’esprit républicain, et c’est
pourquoi la République, ainsi que
l’écrivait hier Edouard Conte, doit
veiller à bien tenir l’autorité militaire
dans la dépendance du civil.
Le véritable esprit militaire, c’est
d’abord, en effet, au témoignage de
ses docteurs, l’esprit d’obéissance.
Or, l’esprit républicain, c’est
d’abord l’esprit de liberté. Première
antinomie. Puis, comme le déclarait,
voilà peu, un colonel de cuirassiers,
M. Bougon, l’esprit militaire, c’est
l’esprit de sacrifice, lequel, d’ailleurs,
n’est, à vrai dire, qu’un prolongement
ou une exaltation de l’esprit d’obéis
sance.
Or, l’esprit républicain, s'il ne dé
fend pas à l’individu de se sacrifier,
s’il peut même lui en faire un devoir
civique dans de certains cas, l’esprit
républicain veut que l’homme, s’ap
partenant, s’applique à développer
cette dignité d’autonomie, en prenne
une conscience de plus en plus fière,
en ait le culte, et c’est un idéal d’en-
tière émancipation intellectuelle et
morale qu’il oppose, en définitive,
aux théories de soumission, d’abdica
tion de soi.
Il y a du mysticisme dans l’esprit
militaire; mysticisme brutal, et l’es
prit républicain est tout laïque; au
trement dit, il ne souffre aucun
dogme, aucune idole : pas plus l’idole-
patrie que l’idole-Dieu.
Entendons-nous : ce n’est pas, ici,
la condamnation de l’idée de patrie,
ni même la condamnation de l’idee de
Lieu, mais c’est l'affirmation du droit
de critique universel, au nom de la
conscience, et je prétends que cette
affirmation fait partie de la doctrine
républicaine, et que le républicain le
plus patriote, s’il est vraiment répu
blicain, met au-dessus du drapeau la
liberté de penser, comme, déiste, il la
mettrait au-dessus de son dieu.
La liberté de penser ne peut être
Qu’illimitée; et voilà ce que l’esprit
militaire n’acceptera jamais. Il est né
cessairement intolérant. On aura beau,
d ailleurs, essayer de l’élargir et de le
moderniser : il a ses racines dans l’an-
fique idée du droit de la Force, on
ne l’en détacherait qu’en l’abattant.
Lt, sans doute, c’est ce qui arrivera,
mais dans quelques siècles; à moins
que la science, de progrès meurtriers
eh découverte tragique, magicienne
involontaire de paix, ne rende, avant
le désarmement des cœurs, la guerre
impossible par l’épouvante.
En attendant, et pour aujourd’hui,
ce qu’il faut demander, ce que la
"rance républicaine, veux-je dire, doit
demander c’est, d’une part, l’examen
ses projets de réforme qui ont pour
ut de nous faire une armée reelle-
eut nationale par son organisation,
r.cest, d’autre part, un réveil du
pouvoir civil devant le militaire, une
akon énergique du premier sur le se-
w pour ramener celui-ci au senti-
“ent de sa subordination nécessaire.
à l’absolu respect que nos principes
de liberté doivent exiger de l’épée.
Il en est de l’esprit militaire d’obéis
sance comme de l’esprit religieux d’o
béissance : il est à double face, ou
plutôt il a son revers, qui est l’esprit
de domination. Et Napoléon en don
nait une raison dans le mot cité au
début de cet article, sur le contente
ment naturel qu'éprouvent des hommes
accoutumés à . obéir quand ils voient
tout le monde soumis comme eux, et
Surtout, faut-il ajouter, quand ils se
voient esclaves, les maîtres de ce tout
le monde; mais la raison capitale,
c’est que l’esprit d’obéissance et de
sacrifice a son fanatisme, que c’est
même le plus fanatique des esprits, et
qu’il rêve naturellement de façonner
la société entière à l’image de la classe,
sacerdotale ou militaire, dont il se
sent l’âme.
Une terrible assurance de sa préten
due supériorité, un orgueil effrayant
le rend factieux dès que le principe de
liberté, aux mains de ses représen
tants, s’abandonne ; dès que le pou
voir civil semble oublier ses devoirs
envers soi-même, envers la société
dont sa mission principale est de
maintenir la suprématie sur le reli
gieux et le militaire; dès que l’Eglise
ou la Caserne peut se dire : ils dou
tent de leur principe, ou ils ont peur.
LÉOPOLD LACOUR.
Quelle conclusion faut-il déduire de l'aven
ture ? — D'abord et surtout que Dreyfus a
écrit le bordereau. Ensuite qu'il est sage de
recommander aux membres de la Cour ■ une
extrême réserve ». Lebret, citoyen antidrey-
fusard, mais garde des sceaux nationaliste,
leur a enjoint d'être circonspects. Je crois
qu’il serait prudent de garder les conseillers
en cellule, an secret, après chaque séance.
Au moment psychologique, et pour les lais
ser procéder aux interrogatoires indiscrets
qu’ils ont la hardiesse d'adresser à du Paty,
le jovial gendarme Erqué les extrairait, la
lèvre retroussée d’une moue de mépris, des
oubliettes. Et pour que ces fossiles turpides
ne puissent dîner en ville, le greffier, qui a
rédigé les jérémiades du Quesnay lâché par
Dupuy, leur passerait au travers du grillage
leur ration d'eau de- Saint-Galmier, et les
sandwiches au caviar, au bout d’une paire de
pincettes préalablement antiseptisées.
Louis VAUXCELLES.
Un arbitrage entre TAngleterre et la Belgique
FRANGE
LIRE DEMAIN
PIERRE BERTRAND
ET
MARCEL HUART
LA DERNIERE MANŒUVRE
Nous disions hier, dans notre der
nière heure, que les antirevisionnistes
vont tenter un suprême effort pour en
traver la marche de la vérité, et empê
cher le triomphe de la justice.
Nous annoncions les démissions pro
bables de deux personnalités de la haute
magistrature, qui ont été l’objet d’une
sollicitude de tous les instants de la part
des chefs nationalistes, antisémites, mi
litaristes et réactionnaires.
Le Siècle analyse ce matin un article
édifiant paru le 15 décembre dernier
dans le Journal de Druxelle», et où il
était parlé « des dispositions d’esprit qui
» régnent à la chambre civile et à la
» chambre criminelle >» ; on y racon
tait aussi que « le président Quesnay
» de Beaurepaire, qui est un homme
» d’action et qui n’a pas peur, ouvrirait
• le feu contre la chambre criminelle. »
On sait que la fusée a raté. Il était donc
de toute nécessité de préparer, comme
dirait Esterhazy, un nouveau et formi
dable pétard.
Ce formidable pétard est la double dé
mission que nous avons annoncée hier.
Les noms, nous ne pouvons les indi
quer, du moins pour l’instant.
Certaines personnes ont cependant
voulu voir une indication précise dans
le rapprochement entre notre note d’hier
et cet autre passage de la lettre publiée
par le Journal de Bruxelles : « Il faut
n excepter du mépris qui entoure les
» membres de la chambre criminelle
» quelques magistrats de carrière comme
„ MM. Sevestre t Sallantin et Roullier,
» qui se sont d'ailleurs prononcés de
», toutes leurs forces, mais en vain, contre
„ Dreyfus et contre Picquart ».
Nous pouvons affirmer qu’il ne s’agit
pas de M. Roullier.
Victuailles
L’affaire Dreyfus semble entrer dans une
phase qui intéressera les liquoristes et les négo
ciants en comestibles. Après le grog qui a
motivé l’engagement de Q. de Beaurepaire au
Casino de Paris, comme dit si drôlement
Bradamante; après les petits pains de M. Pa-
léologue, et l’eau de Saint-Galmier qui a fait
frémir Godefroy, voici venir l’incident Potel et
Chabot-Berry. Il est particulièrement exquis.
Vous connaissez les faits. Un chasseur de
chez le célèbre marchand de bonnes choses
a rencontré (où?) M. Berry. Après les com
pliments d’usage — le marmiton, félicitant le
député primé de sa mine réjouie, le compara
aux courges les plus obèses de la devanture
de son patron — Jacquot Tournebroche con
fia en tremblant, à l’homme public, ce se
cret d’Etat : la veille, à dîner chez M. Thé-
venet (on venait justement de servir la tourte
auxquenelles de Beaurepaire),M.Trarieux,pro
digieusement ivre, embrassa par trois fois les
conseillers Bard et Atthalin! — Tout guilleret
de la confidence reçue, le poussah fit hisser sa
chaise à porteurs jusqu’au journal la Croix.
Il communiqua la nouvelle au Père Bailly qui
en avala son scapulaire. (A ce propos, si je
vous disais confidentiellement, a l’instar du
tisser sa
gâte-sauce, que l’abbé Poulain, second vi
caire à Sainte-Clotilde, qui signe Le Parisien,
et l’abbé Loutil, qui opère à Sainte-Clotilde,
et signe Pierre-TErmite, en cette feuille aimée
du sociologue, durent être ravis d’ouïr cette
anecdote savoureuse.) M. Trarieux a beau
démentir en souriant le récit, né de la colla
boration naturelle d’un député, d’un larbin et
d’un moine, il n’eu a pas moins été photo
graphié par Lauth, donnant l’accolade aux
deux conseillers.
Lorsque M. Dupuy, du haut de la
tribune, dit à la Chambre et au pays :
a Finissons-en ! », il ressemble beau
coup à M. Méline qui, du haut du
même sommet, s’écriait, en 1898 : a II
faut en finir! »
Après une année entière écoulée,
c’est à peine si l’expression de M. Du
puy a quelque chose de plus impéra
tif et de plus impatient que celle de
M. Méline.
a Finissons-en », en deux mots ou :
« Il faut en finir », en quatre, produi
sent absolument le même effet, et l’on
peut dire, sans manquer à la gravité
d’un tel sujet, que c’est bonnet blanc
et blanc bonnet.
Les mois succèdent aux mois, les
incidents aux incidents, les interpella
tions aux interpellations ; les Chambres
mêmes se succèdent avec les ministè
res; et toujours nous entendons ces
paroles sinistres : « Il faut en finir» et
« Finissons-en » : preuve irrécusable
qu’on n’en finit pas ! : •
Aux interpellateurs qui lui deman
daient : « Que reste-t-il dans ce pays? »
M. le président du conseil a répondu :
« II reste la loi et la liberté ! » La Cham
bre a salué cette fièro parole de ses
applaudissements unanimes. Mais il
est par malheur trop certain que c’est
là du bruit et du vent. Bruit et vent,
les paroles ! Bruit et vent, les bravos !
Depuis plus de seize mois nous de
mandons qu’on rétablisse sur leur
base « la liberté et la loi », — ce qui
est une seule et même chose, — et,
malgré tous les efforts des plus coura
geux citoyens, nous n’avons pu encore
l’obtenir !
Comment M. Dupuy peut-il nous
dire que « la loi et la liberté » nous
restent, quand au mois de décem
bre 189A elles ont été méconnues et
violées, et quand, depuis le mois de
septembre 1897, les objurgations les
plus pressantes ont commencé à s’éle
ver, sans que nous soyons encore
parvenus à obtenir justice au milieu
du mois de janvier 1899 ?
Le président du conseil qui, le pre
mier, montra la volonté de rétablir le
droit public des Français, M. Henri
Brisson, fut presque aussitôt précipité
du pouvoir par la ligue de toutes les
réactions, et cependant un prétendu
pouvoir militaire continue de tenir la
justice en échec, sur plusieurs points
essentiels !
Est-ce que le colonel Picquart n’est
pas toujours en prison, attendant des
juges qu’on ne lui désigne pas? Est-
ce qu’il n’a pas été arraché à la jus
tice civile et enfermé préventivement
à la prison militaire, contre toutes les
lois et coutumes en honneur dans les
pays libres ? Est-ce que le capitaine
Dreyfus n’est pas toujours sur son
rocher attendant la claire manifesta
tion de la justice de son pays? Est-
ce que le juge suprême n’est pas
sans cesse arrêté et entravé par les
plus audacieuses machinations? Est-ce
que les citoyens qui ont été dépouillés
de leurs fonctions et de leurs hon
neurs, pour avoir plaidé la cause du
juste, ne sont pas toujours sous le
coup des iniquités dont ils ont été
frappés? Est-ce qu’un procès, dont
l’illégalité a éclaté furieusement, n’est
pas encore et toujours maintenu dans
ses effets et conséquences, malgré la
clameur des événements et des hom
mes?
S’il en est ainsi, ne dites donc pas
que « la liberté et la loi nous restent »,
car il s’agit précisément de les réta
blir, de les remettre en honneur de
vant le pays, et c’est tout ce que
nous demandons!
HECTOR DEPASSE.
On n’a pas assez fait attention au précé
dent que l’Angleterre vient de créer. Le
gouvernement belge ayant expulsé, le 2
août 1896, M. Ben Tillet, sujet anglais, dont
les théories socialistes lui paraissaient
dangereuses pour la sécurité de l’État.
l’Angleterre avait adressé, à Bruxelles, par
la voie diplomatique, une demande de
75,000 francs de dommages-intérêts. La
Belgique proposa de soumettre le fond
même du débat et la question de droit
qu’il soulève au jugement d’un juriste émi
nent, dont la haute compétence serait re
connue par les deux gouvernements. Le
gouvernement anglais, ayapt accepté, le
choix de l’arbitre retomba sur Me Desjar
dins, avocat général à la Cour de cassation
de Paris, membre de l’Institut.
L'exemple donné par l’Angleterre mérite
d'être retenu et nous ne doutons pas qu'il
ne se renouvelle à l’occasion. Dans le cas
actuel, l’arbitre a conclu contre elle. Le
gouvernement britannique est débouté de
sa demande, mais ce n'est certes pas cela
qui pèsera dans l’esprit des hommes d’Etat
anglais, décidés à l’avance à s’incliner
devant les arrêts de la raison et de la jus
tice.
aux lauréats représentent chacune la valeur
de 1,260 francs et, gravées par Daniel Du-
Euis, portent une allégorie de deux figures :
i République et la Ville de Paris, et au re
vers le nom du titulaire.
L’autre prix consiste également, croyons-
nous, en une exonération partielle des droits
de voirie.
H MÈNE R
Le mariage de Mme Patti est définitive-
ment annoncé pour le mercredi 25 janvier, s
l’église catholique de Brecon, dont dépend le
château de Craig-y-nos. Le mariage sera cé-
lébré par le docteur Mostyn, évêque de Me-
navio, et la mariée sera conduite a l'autel pat
sir George Faudel Phillips, ex-lord maire de'
Londres.
Le château de Craig-y-nos, propriété de
Mme A. Patti, est une demeure princière,
une des plus belles de l’Angleterre. La diva y
mène un train de reine, ce que lui permet
d'ailleurs sa fortune qui est évaluée à environ
trente millions.
GIL.
DREYFUS ET LEBRUN-RENAULT
voyez que nous sommes bien près de nous
entendre.
» Jusqu’à ce moment-là, je combattrai la
révision, sans hésitation ni scrupules. On a
confessé la cuisinière de Labori. Quesnay
de Beaurepaire a fraternisé avec son lam
piste; allais-je faire le délicat et risquer,
*en demeurant muet, de passer pour
un sot ? Jamais ! Et j’ai servi mon maître
d'hôtel. Si j'échoue à l'office, je réussirai à
la cave, à la cuisine ou ailleurs. Nous ne
sommes point dégoûtés dans le parti’: Arthur
Meyer serait-il arrivé à la haute situation
qu’il occupe dans la presse, s’il avait hésité
à prendre pour cheval de bataille le bidet de
Blanche d'Antigny ? C’est un exemple. Au
besoin, je laverai la vaisselle et viderai les
eaux grasses. »
Le tonneau se tut. Un pas lourd descen
dait l'escalier.
« Voici mon sommelier, reprit Georges
Berry. Peut-être ne voudra-t-il rien dire.
Mais je ne perdrai pas courage ; et demain
j’opposerai aux démentis de Trarieux, si les
gens de Potel et Chabot refusent de parler, le
témoignage décisif des aides-marmitons de
Rey et de Charvin. »
G. TIMMORY.
prière à nos abonnés 4e nous en
bres-poste.
ECHOS
LE « SOLEIL •
Notre éminent confrère, M. Hervé de Ké-
rohant, devient directeur politique du Soleil,
et le fils du regretté Edouard Hervé, M. Phi
lippe Hervé, est désormais associé à la vie du
journal.
Nous ne pouvons que saluer courtoisement
notre ennemi politique, M. Hervé de Kéro-
hant.
A une époque où des Drumont et des Ro
chefort ont sali la presse de leur présence, il
est toujours agréable de trouver en face de
soi un adversaire loyal dont les arguments
ne sont pas des injures, un ennemi dont les
articles ne soient pas des infamies.
LE HULAN
On nous annonce pour demain lundi l’ap
parition d’un journal « nationaliste et pa
triote » intitulé Le Hulan, et qui contiendra
des articles de :
Esterhazy, Jules Guérin, Drumont, Beau-
Nénesse, Rochefort, A. Humbert, Jules Le-
maitre, Gyp, ctc.
C'est un ex-ami de Norton qui, paraît-il, a
écrit le feuilleton : le Nègre tricolore.
Les manuscrits non falsifiés ne sont pas
insérés et le (2 e ) bureau de rédaction serait
situé rue Saint- Dominique.
Si la lecture de ce journal au moins bizarre
ermet de savoir ce que pensent les nationa-
steS, on ne regrettera pas ses dix centimes.
URBAIN GOHIER ET LE . SIÈCLE :
On sait que la duchesse d’Uzès s’étant
trouvée injuriée par le fait que le Siècle la
représentait photographiquement à côté d’Ar
thur Meyer (l’injure est grave en effet) pour
suit notre confrère et lui demande 50,000 fr.
de dommages-intérêts.
M. Vervoort, de son côté, et pour la même
raison, demande 100,000 fr. Il s'est trouvé
offensé par une fable de La Fontaine.
Notre confrère, Urbain Gohier, de VAurore
pour se moquer agréablement des deux fu
mistes, intente lui aussi un procès au Siècle
qui le représente avec Judet.
Comme l’injure est encore plus grave,
Gohier demande 200,000 fr.
On dit que M. Félix Faure va demander
1,000,000.
LES ALTESSES EN VOYAGE
Cueilli dans la Libre Parole.
(De notre correspondant particulier)
Marseille, U janvier, 8 h. du soir.
Max Régis est parti aujourd’hui pour Monaco
par le train express, à sept heures et demie
du matin.
Il va s’entretenir avec Rochefort, et arrêter
définitivement avec lui la date de son voyage
prochain en Algérie.
Liégeois.
L’Altesse italienne et S M. Boubouroche II
ont eu une longue conférence devant la table
de trente et quarante.
On dit que Rochefort a gagné.
Heureux au jeu... !
HEUREUX PAYS
On écrit au Cotentin :
Dans le courant de l’année 1898, on n’a eu
à enregistrer, dans la commune d’Eculleville,
ni naissance, ni mariage, ni décès. •
Les registres de l’état-civil sont restés im
maculés.
Les femmes aussi, probablement.
LES CONCOURS DE MAISONS
Nous avons dit, il y a quelques mois, que le
conseil municipal avait résolu d'organiser
des concours de façades de maisons. L’idée
était heureuse et propre à inciter aux embel
lissements de la capitale.
Le jury de ce concours est aujourd’hui
formé.
C'est à M. Bouvard qu’en a été offerte la
présidence.
Ce jury se compose de neuf membres, y
compris le président, qui sont M. Sauger,
architecte-voyer en chef adjoint de la Ville de
Paris ; deux architectes désignés par les con
currents et cinq conseillers municipaux : MM.
Lamouroux, Louis Mill, Blachette, Thuillier
et Lebreton, un pharmacien, un avocat, etc.
Il visitera les maisons proposées pour la
prime et qui sont au nombre de cinquante-
deux, réparties dans douze arrondissements,
notamment dans les huitième, neuvième, sei
zième et dix-septième.
Les six médailles d’or oui seront distribuées
« Il ne faut pas que, l'arrêt rendu, der
» témoins surgissent qui pourraient aides
» à la recherche de la vérité et que l’on
» aurait refusé, tout au moins négligé d’en-
• tendre. Certaines confrontations pour-
» raient éclairer la justice mieux que ne le
» feraient des dépositions isolées. »
C’est dans le Gaulois que nous trouvons
cette opinion, font juste du reste, faite par
M. L. Desmoulins avec lequel nous n’avons
pas eu souvent l'occasion d’être d’accord.
Profitons des bonnes intentions qui pa
raissent l’animer actuellement et deman-
dons-lui donc si, au nombre des « confron
tations qui pourraient éclairer la justice
mieux que ne le feraient des dépositions
isolées », il ne croit pas que la plus utile
serait celle du capitaine Lebrun-Renault...
avec le capitaine Dreyfus ?
IA VIE ARTISTIQUE
CHRONIQUE
LA VOIX DU TONNERU
Je visitais les caves de la maison Potel et
Chabot et j’admirais l’alignement correct des
futailles pansues, disposées sur deux rangs
comme une cohorte de vieux soldats à la
parade, quand j'avisai, à côté d’uuc bar
rique de Marsala, un tonneau assez bizarre
ment affublé d’une jaquette et d'un gilet
croisé : c'était sans doute un épouvantail
qu’on avait placé là ; our effrayer les souris.
0 surprise ! Une voix sortit du tonneau :
< Je suis le député Georges Berry, fit le muid
que je distinguai alors de ses frères de
Xérès et de Bordeaux; vous ne vous atten
diez pas sans doute à me trouver ici ?
— Excusez-moi, lui dis-je : je n’en suis
pas surpris. Je sais que vous n’aimez pas la
lumière ; il est assez naturel que vous fré
quentiez dans les caves.
— Je ne vous comprends pas, répliqua
l’objet. Mais peu importe. Je viens ici pour
sauver la France !
Les pans belliqueux de la jaquette du
tonneau avaient frémi et sur sa bedaine les
breloques s’entre-choquaient avec un bruit
de ferraille guerrière.
Il reprit :
— Je n’avais plus rien à apprendre à l'of
fice. Je viens chercher à la cave les confi
dences du sommelier. C’est un homme fort
bien renseigné, paraît-il : un mot de lui suf
fira à empêcher la révision.
— Vous croyez donc toujours à la culpa
bilité de Dreyfus ? dis-je à la futaille.
Un mince filet de lumière filtra à travers le
soupirail : je vis alors la tête de Georges
Berry que l’ombre avait jusqu’alors envelop
pée : un sourire ironique élargissait sa
bouche et, après avoir creusé une étroite
fossette à la commissure des lèvres, s’en
allait se perdre dans la graisse de ses
joues.
— Mais je ne crois à rien, pauvre homme,
repartit l’honnête tonneau. Comment, diantre,
avez-vous pu me découvrir des convictions ?
Vous connaissez pourtant ma carrière poli
tique : je me suis fait nommer conseiller
municipal, puis député. Mon métier est de
représenter le peuple quel qu’il soit, et non
de professer une opinion. Voyez ces ton
neaux, mes frères ; ils reçoivent tour à tour,
avec une égale placidité, les crus les plus
differents : mais qu’ils contiennent du Cha
blis, du Bourgogne ou du Madère, ils n’en
demeurent pas moins des tonneaux.
» Dieu m’a fait à leur image ; j’ai reçu,
comme eux, des étiquettes différentes, et je
suis toujours resté le mandataire de mes
concitoyens. Je me suis présenté comme
monarchiste, comme rallié, comme républi
cain ; qu’est-ce qui vous autorise à me sup
poser d’autres désirs que celui d’être élu ?Je
serai demain, s’il le faut, nationaliste ou so
cialiste, révolutionnaire ou clérical, anar
chiste ou césarien, et député, — quand
même ! comme dit Déroulede. Je n’ai point
de parti-pris.
» Vous prétendez que je ne veux point de
la révision ?
» Je ne veux point maigrir, voilà tout,
H. W. MESDAG
M. Mesdag est un peintre hollandais don!
les envois assez réguliers à nos salons ont
depuis longtemps révélé au public de
France le talent âpre et fort.
Nulle contrée, mieux que la Hollande, n’a
été représentée par ses artistes nationaux
dans son caractère et dans sa beauté. Tout
de suite s’évoque le souvenir fameux de
Ruysdaël et d’Hobbéma : grands «artistes
ui interprétèrent avec noblesse les aspects
e leur pays, mais à la célébrité desquels
la mémoire trop simpliste des foules sacri
fie bien injustement d'autres peintres qui
rendirent avec autant de grandeur, et d'une
manière plus vivante, plus alerte, le mou
vement des ports, les courtes vagues des
bras de mer et des grands fleuves baignant
les vieux quais, clapotant contre les esta-
cades, et la féerie si changeante des capri
cieux ciels marins.
La tâche est donc malaisée pour les
artistes hollandais d'à présent qui veulent
représenter les canaux, les cités et l’at
mosphère de leur pays. Les villes, les ports,
les cours d’eau, si riches en motifs inté
ressants, leur rappellent sans cesse des ta-
blaux illustrés où la lumière et la cou
leur de la région, la vie pittoresque des
fleuves, le caractère des maisons et des
êtres sont traduits avec un charme incom
parable d’harmonie et de mouvementt
M. Mesdag a su éviter l’écueil des com-
paraisons et des souvenirs. Sachant avec
quelle maîtrise la vie si alerte des canaux,
les ciels incertains et fragiles (ou, d'un
côté, le soleil rayonne, éclaire les brèves
vagues grises, tandis que, de l’autre, les
nuages s'assombrissent et crèvent en
grains), les aspects vétustes et paisibles
des quais ont été rendus par les vieux
maîtres, Mesdag résolument s'est écarté de
ces spectacles intimes, mouvementés et
gracieux où l'existence maritime de son
pays apparaît si bien. Et il a regardé l’es
pace. l’étendue, la sévérité si grandiose de
la mer du Nord. Il a médité devant ces tra
giques aspects, en a senti la beauté grave
et quelquefois farouche.
Ciels désolés pesant lourdement sur les
Ilots noirs, course basse et sinistre des
nuages presque au ras des vagues grises
et le drame émouvant des barques qui se
risquent sous ce ciel et sur cette mer de
menaces. Mesdag est arrivé à rendre avec
grandeur ces grands spectacles. Il lei a
traités en artiste puissant et fort, mais
sans mélodrame, sans parti-pris d'atten
drissement et de terreur. C’est une œuvre
de vérité qui commande l'estime. Le risque
était redoutable, avec de tels motifs de dé
tresse et de sévérité, de sombrer dans l’ou-
trance tragique. Mesdag, toujours, reste
maître de son émotion et ne donne que
l'accent juste. Sa sincérité le protège contre
l’exagération.
Les œuvres exposées chez Durand-Ruel
sont assez nombreuses et significatives pour
bien faire connaître cet artiste original et
fort. Tout en s’abstenant de peindre des
aspects de villes et de canaux, c'est bien
son pays qu'il a représenté dans son carac
tère le plus grandiose et le plus tragique.
Tous ceux qui, dans la grise lumière des
saisons moroses ou par des jours de tem-
ête, ont vu les flots furieux et sombres de
a mer du Nord ont senti la terrible beauté
de ces ciels et de cette eau, retrouveront là
toutes leurs émotions.
M. Mesdag pense justement que ces mo
tifs de mer, variant à chaque heure, se suf
fisent à eux-mêmes. Il ne s’ingénie pas à
les compliquer. L'espace l’émeut et l’attire.
C'est à peine s’il y ajoute parfois l'anecdote
d’—. vol de goélands ou de quelques voiles
se silhouettant sur l’étendue. Sans jamais
d’un vol
se lasser ni nous paraître monotone, il
nous dit, en grandes pages saisissantes, le
galop éperdu des îlots et des nuages. Ses
titres nous renseignent mieux que tous
commentaires sur sa vision et ses motifs
préférés : la Mer du Nord, Et c'est, sous
un ciel sévère, la mer tragique, le roule-
ment des houles venues du large, les va-
gués qui se creusent, se versent lourde
ment et s'étalent. La Tempête, et c'est une
longue file de bateaux noir peureusement
tirés sur le sable comme de frêles oiseaux
parce que mon ventre est sympathique au
suffrage universel. Tel est mon seul pro-
ramme politique. Quant à Dreyfus... ?
ai dit, il est vrai, qu’ < innocent ou coupa
ble il devait rester au bagne » ? C’était exac
tement exprimer l’idée que je me forme de
la justice. Elle n’a guère soulevé d'objections
dans l’arrondissement : quand mes électeurs
penseront autrement, je déclarerai avecJa
même énergie qu’« innocent ou coupable,
Dreyfus doit quitter le bagne ! » Il n’y a que | l’heure propice,
deux mots à changer dans la formule. Vous l r “4._ .
qui s’abritent de l'ouragan, et contre les
carènes sombres les vagues rageuses se
précipitent. La Nuit, Dans les brisants, la
Rentrée des Barques. •
Schéréningue, la plage voisine de la Haye,
si sévère dans sa simplicité et sous un ciel
triste, a fourni à M. Mesdag la plupart des
motifs qu’il expose cher Durand-Ruel. Nul
ne pouvait mieux que lui seiztir 1* désolas
tion de cette côte nue, de ces grands as
pects de mer sombre, de ces files de ba;
teaux échoués sur le sable et attendant
M. Mesdag a peint aussi cette côte sout
DEUXIEME ANNÉE ~ I 369
18101 IS JANVIER 1
========--=--==-=======
LES DROITS DE L'HOMME
Ordre et Progrès par la Révolution trançaise
abonnements
. . 1 an 20 tr.; « mois, 10 tr.; 3 mois, S tr. so
PAhle • " —2x9
ruict n ALGERIE : < an 24 tr. • mois 13 tr. 3mois. ’ francs
UMMtl : mois, “ >r " * mois. 40
RÉDACTION ET ADMINISTRATION
142 — Rue Montmartre — 142
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Et fêtes, matinées
i les places. — Bals
27), 9 h. I/ 1
rois Mousmées. —
ébé. — La Garçon-
। Pigalle ( téléphoné
lyspa, Moy, Barde,
tins, revue. M. Le
M Martyrs. — Un
acte. — La Coursa
le. MM. Dranem,
ry. Mlles Claudia
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L — Bloch, Frjol,
taix, Stoldy, Desty.
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le varié. — Edmée
I Bloch. Heurtine
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le. — Piste circu-
vert tous les jour .
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21-80), 8 h. 1/2. —
, et les Eléphauts
z. — Good Night,
esse. — Mercredis,
fêtes, matinée à
rd Rochechouart
J. — Attractions
lis, dimanches et
itation. — Ciném»
Ouvert tout le
nanches.
‘Esprit militaire
Dans une sorte de journal des con
versations de Napoléon à Sainte-Hé
lène par le général baron Gourgaud,
—journal que MM. deGrouchyet An-
toine Guillois ont retrouvé, et qu'ils
publient dans la Revue de Paris, — le
ci-devant empereur, parlant des hom
mes de la Révolution, arrive à Robes
pierre et dit :
« Robespierre aurait dû se faire
nommer dictateur, mais cela ne lui
était pas aussi facile qu’à un général.
Les soldats ne sont pas républicains :
accoutumés à obéir, ils sont contents
de voir les bourgeois soumis comme
eux. »
Ce que Napoléon disait des soldats,
évidemment sans vouloir distinguer
entre le soldat et l’officier, n’est plus
vrai de celui-là dans les pays comme
le nôtre où le soldat n’est plus
un professionnel, mais est toujours
vrai de l’officier, surtout des officiers
supérieurs et généraux, et définit très
bien un des aspects dangereux de ce
qu’on appelle l’esprit militaire.
Non pas, certes, qu’il ne puisse y
avoir des officiers se disant et se
croyant républicains ; peut-être même
avons-nous des généraux persuadés
qu’ils aiment la République, et qui,
bien mieux, seraient prêts à mettre
leur épée au service de la loi contre
un nouveau Saint-Arnaud; mais il
faut se l’avouer : le véritable esprit
militaire est radicalement incompa
tible avec l’esprit républicain, et c’est
pourquoi la République, ainsi que
l’écrivait hier Edouard Conte, doit
veiller à bien tenir l’autorité militaire
dans la dépendance du civil.
Le véritable esprit militaire, c’est
d’abord, en effet, au témoignage de
ses docteurs, l’esprit d’obéissance.
Or, l’esprit républicain, c’est
d’abord l’esprit de liberté. Première
antinomie. Puis, comme le déclarait,
voilà peu, un colonel de cuirassiers,
M. Bougon, l’esprit militaire, c’est
l’esprit de sacrifice, lequel, d’ailleurs,
n’est, à vrai dire, qu’un prolongement
ou une exaltation de l’esprit d’obéis
sance.
Or, l’esprit républicain, s'il ne dé
fend pas à l’individu de se sacrifier,
s’il peut même lui en faire un devoir
civique dans de certains cas, l’esprit
républicain veut que l’homme, s’ap
partenant, s’applique à développer
cette dignité d’autonomie, en prenne
une conscience de plus en plus fière,
en ait le culte, et c’est un idéal d’en-
tière émancipation intellectuelle et
morale qu’il oppose, en définitive,
aux théories de soumission, d’abdica
tion de soi.
Il y a du mysticisme dans l’esprit
militaire; mysticisme brutal, et l’es
prit républicain est tout laïque; au
trement dit, il ne souffre aucun
dogme, aucune idole : pas plus l’idole-
patrie que l’idole-Dieu.
Entendons-nous : ce n’est pas, ici,
la condamnation de l’idée de patrie,
ni même la condamnation de l’idee de
Lieu, mais c’est l'affirmation du droit
de critique universel, au nom de la
conscience, et je prétends que cette
affirmation fait partie de la doctrine
républicaine, et que le républicain le
plus patriote, s’il est vraiment répu
blicain, met au-dessus du drapeau la
liberté de penser, comme, déiste, il la
mettrait au-dessus de son dieu.
La liberté de penser ne peut être
Qu’illimitée; et voilà ce que l’esprit
militaire n’acceptera jamais. Il est né
cessairement intolérant. On aura beau,
d ailleurs, essayer de l’élargir et de le
moderniser : il a ses racines dans l’an-
fique idée du droit de la Force, on
ne l’en détacherait qu’en l’abattant.
Lt, sans doute, c’est ce qui arrivera,
mais dans quelques siècles; à moins
que la science, de progrès meurtriers
eh découverte tragique, magicienne
involontaire de paix, ne rende, avant
le désarmement des cœurs, la guerre
impossible par l’épouvante.
En attendant, et pour aujourd’hui,
ce qu’il faut demander, ce que la
"rance républicaine, veux-je dire, doit
demander c’est, d’une part, l’examen
ses projets de réforme qui ont pour
ut de nous faire une armée reelle-
eut nationale par son organisation,
r.cest, d’autre part, un réveil du
pouvoir civil devant le militaire, une
akon énergique du premier sur le se-
w pour ramener celui-ci au senti-
“ent de sa subordination nécessaire.
à l’absolu respect que nos principes
de liberté doivent exiger de l’épée.
Il en est de l’esprit militaire d’obéis
sance comme de l’esprit religieux d’o
béissance : il est à double face, ou
plutôt il a son revers, qui est l’esprit
de domination. Et Napoléon en don
nait une raison dans le mot cité au
début de cet article, sur le contente
ment naturel qu'éprouvent des hommes
accoutumés à . obéir quand ils voient
tout le monde soumis comme eux, et
Surtout, faut-il ajouter, quand ils se
voient esclaves, les maîtres de ce tout
le monde; mais la raison capitale,
c’est que l’esprit d’obéissance et de
sacrifice a son fanatisme, que c’est
même le plus fanatique des esprits, et
qu’il rêve naturellement de façonner
la société entière à l’image de la classe,
sacerdotale ou militaire, dont il se
sent l’âme.
Une terrible assurance de sa préten
due supériorité, un orgueil effrayant
le rend factieux dès que le principe de
liberté, aux mains de ses représen
tants, s’abandonne ; dès que le pou
voir civil semble oublier ses devoirs
envers soi-même, envers la société
dont sa mission principale est de
maintenir la suprématie sur le reli
gieux et le militaire; dès que l’Eglise
ou la Caserne peut se dire : ils dou
tent de leur principe, ou ils ont peur.
LÉOPOLD LACOUR.
Quelle conclusion faut-il déduire de l'aven
ture ? — D'abord et surtout que Dreyfus a
écrit le bordereau. Ensuite qu'il est sage de
recommander aux membres de la Cour ■ une
extrême réserve ». Lebret, citoyen antidrey-
fusard, mais garde des sceaux nationaliste,
leur a enjoint d'être circonspects. Je crois
qu’il serait prudent de garder les conseillers
en cellule, an secret, après chaque séance.
Au moment psychologique, et pour les lais
ser procéder aux interrogatoires indiscrets
qu’ils ont la hardiesse d'adresser à du Paty,
le jovial gendarme Erqué les extrairait, la
lèvre retroussée d’une moue de mépris, des
oubliettes. Et pour que ces fossiles turpides
ne puissent dîner en ville, le greffier, qui a
rédigé les jérémiades du Quesnay lâché par
Dupuy, leur passerait au travers du grillage
leur ration d'eau de- Saint-Galmier, et les
sandwiches au caviar, au bout d’une paire de
pincettes préalablement antiseptisées.
Louis VAUXCELLES.
Un arbitrage entre TAngleterre et la Belgique
FRANGE
LIRE DEMAIN
PIERRE BERTRAND
ET
MARCEL HUART
LA DERNIERE MANŒUVRE
Nous disions hier, dans notre der
nière heure, que les antirevisionnistes
vont tenter un suprême effort pour en
traver la marche de la vérité, et empê
cher le triomphe de la justice.
Nous annoncions les démissions pro
bables de deux personnalités de la haute
magistrature, qui ont été l’objet d’une
sollicitude de tous les instants de la part
des chefs nationalistes, antisémites, mi
litaristes et réactionnaires.
Le Siècle analyse ce matin un article
édifiant paru le 15 décembre dernier
dans le Journal de Druxelle», et où il
était parlé « des dispositions d’esprit qui
» régnent à la chambre civile et à la
» chambre criminelle >» ; on y racon
tait aussi que « le président Quesnay
» de Beaurepaire, qui est un homme
» d’action et qui n’a pas peur, ouvrirait
• le feu contre la chambre criminelle. »
On sait que la fusée a raté. Il était donc
de toute nécessité de préparer, comme
dirait Esterhazy, un nouveau et formi
dable pétard.
Ce formidable pétard est la double dé
mission que nous avons annoncée hier.
Les noms, nous ne pouvons les indi
quer, du moins pour l’instant.
Certaines personnes ont cependant
voulu voir une indication précise dans
le rapprochement entre notre note d’hier
et cet autre passage de la lettre publiée
par le Journal de Bruxelles : « Il faut
n excepter du mépris qui entoure les
» membres de la chambre criminelle
» quelques magistrats de carrière comme
„ MM. Sevestre t Sallantin et Roullier,
» qui se sont d'ailleurs prononcés de
», toutes leurs forces, mais en vain, contre
„ Dreyfus et contre Picquart ».
Nous pouvons affirmer qu’il ne s’agit
pas de M. Roullier.
Victuailles
L’affaire Dreyfus semble entrer dans une
phase qui intéressera les liquoristes et les négo
ciants en comestibles. Après le grog qui a
motivé l’engagement de Q. de Beaurepaire au
Casino de Paris, comme dit si drôlement
Bradamante; après les petits pains de M. Pa-
léologue, et l’eau de Saint-Galmier qui a fait
frémir Godefroy, voici venir l’incident Potel et
Chabot-Berry. Il est particulièrement exquis.
Vous connaissez les faits. Un chasseur de
chez le célèbre marchand de bonnes choses
a rencontré (où?) M. Berry. Après les com
pliments d’usage — le marmiton, félicitant le
député primé de sa mine réjouie, le compara
aux courges les plus obèses de la devanture
de son patron — Jacquot Tournebroche con
fia en tremblant, à l’homme public, ce se
cret d’Etat : la veille, à dîner chez M. Thé-
venet (on venait justement de servir la tourte
auxquenelles de Beaurepaire),M.Trarieux,pro
digieusement ivre, embrassa par trois fois les
conseillers Bard et Atthalin! — Tout guilleret
de la confidence reçue, le poussah fit hisser sa
chaise à porteurs jusqu’au journal la Croix.
Il communiqua la nouvelle au Père Bailly qui
en avala son scapulaire. (A ce propos, si je
vous disais confidentiellement, a l’instar du
tisser sa
gâte-sauce, que l’abbé Poulain, second vi
caire à Sainte-Clotilde, qui signe Le Parisien,
et l’abbé Loutil, qui opère à Sainte-Clotilde,
et signe Pierre-TErmite, en cette feuille aimée
du sociologue, durent être ravis d’ouïr cette
anecdote savoureuse.) M. Trarieux a beau
démentir en souriant le récit, né de la colla
boration naturelle d’un député, d’un larbin et
d’un moine, il n’eu a pas moins été photo
graphié par Lauth, donnant l’accolade aux
deux conseillers.
Lorsque M. Dupuy, du haut de la
tribune, dit à la Chambre et au pays :
a Finissons-en ! », il ressemble beau
coup à M. Méline qui, du haut du
même sommet, s’écriait, en 1898 : a II
faut en finir! »
Après une année entière écoulée,
c’est à peine si l’expression de M. Du
puy a quelque chose de plus impéra
tif et de plus impatient que celle de
M. Méline.
a Finissons-en », en deux mots ou :
« Il faut en finir », en quatre, produi
sent absolument le même effet, et l’on
peut dire, sans manquer à la gravité
d’un tel sujet, que c’est bonnet blanc
et blanc bonnet.
Les mois succèdent aux mois, les
incidents aux incidents, les interpella
tions aux interpellations ; les Chambres
mêmes se succèdent avec les ministè
res; et toujours nous entendons ces
paroles sinistres : « Il faut en finir» et
« Finissons-en » : preuve irrécusable
qu’on n’en finit pas ! : •
Aux interpellateurs qui lui deman
daient : « Que reste-t-il dans ce pays? »
M. le président du conseil a répondu :
« II reste la loi et la liberté ! » La Cham
bre a salué cette fièro parole de ses
applaudissements unanimes. Mais il
est par malheur trop certain que c’est
là du bruit et du vent. Bruit et vent,
les paroles ! Bruit et vent, les bravos !
Depuis plus de seize mois nous de
mandons qu’on rétablisse sur leur
base « la liberté et la loi », — ce qui
est une seule et même chose, — et,
malgré tous les efforts des plus coura
geux citoyens, nous n’avons pu encore
l’obtenir !
Comment M. Dupuy peut-il nous
dire que « la loi et la liberté » nous
restent, quand au mois de décem
bre 189A elles ont été méconnues et
violées, et quand, depuis le mois de
septembre 1897, les objurgations les
plus pressantes ont commencé à s’éle
ver, sans que nous soyons encore
parvenus à obtenir justice au milieu
du mois de janvier 1899 ?
Le président du conseil qui, le pre
mier, montra la volonté de rétablir le
droit public des Français, M. Henri
Brisson, fut presque aussitôt précipité
du pouvoir par la ligue de toutes les
réactions, et cependant un prétendu
pouvoir militaire continue de tenir la
justice en échec, sur plusieurs points
essentiels !
Est-ce que le colonel Picquart n’est
pas toujours en prison, attendant des
juges qu’on ne lui désigne pas? Est-
ce qu’il n’a pas été arraché à la jus
tice civile et enfermé préventivement
à la prison militaire, contre toutes les
lois et coutumes en honneur dans les
pays libres ? Est-ce que le capitaine
Dreyfus n’est pas toujours sur son
rocher attendant la claire manifesta
tion de la justice de son pays? Est-
ce que le juge suprême n’est pas
sans cesse arrêté et entravé par les
plus audacieuses machinations? Est-ce
que les citoyens qui ont été dépouillés
de leurs fonctions et de leurs hon
neurs, pour avoir plaidé la cause du
juste, ne sont pas toujours sous le
coup des iniquités dont ils ont été
frappés? Est-ce qu’un procès, dont
l’illégalité a éclaté furieusement, n’est
pas encore et toujours maintenu dans
ses effets et conséquences, malgré la
clameur des événements et des hom
mes?
S’il en est ainsi, ne dites donc pas
que « la liberté et la loi nous restent »,
car il s’agit précisément de les réta
blir, de les remettre en honneur de
vant le pays, et c’est tout ce que
nous demandons!
HECTOR DEPASSE.
On n’a pas assez fait attention au précé
dent que l’Angleterre vient de créer. Le
gouvernement belge ayant expulsé, le 2
août 1896, M. Ben Tillet, sujet anglais, dont
les théories socialistes lui paraissaient
dangereuses pour la sécurité de l’État.
l’Angleterre avait adressé, à Bruxelles, par
la voie diplomatique, une demande de
75,000 francs de dommages-intérêts. La
Belgique proposa de soumettre le fond
même du débat et la question de droit
qu’il soulève au jugement d’un juriste émi
nent, dont la haute compétence serait re
connue par les deux gouvernements. Le
gouvernement anglais, ayapt accepté, le
choix de l’arbitre retomba sur Me Desjar
dins, avocat général à la Cour de cassation
de Paris, membre de l’Institut.
L'exemple donné par l’Angleterre mérite
d'être retenu et nous ne doutons pas qu'il
ne se renouvelle à l’occasion. Dans le cas
actuel, l’arbitre a conclu contre elle. Le
gouvernement britannique est débouté de
sa demande, mais ce n'est certes pas cela
qui pèsera dans l’esprit des hommes d’Etat
anglais, décidés à l’avance à s’incliner
devant les arrêts de la raison et de la jus
tice.
aux lauréats représentent chacune la valeur
de 1,260 francs et, gravées par Daniel Du-
Euis, portent une allégorie de deux figures :
i République et la Ville de Paris, et au re
vers le nom du titulaire.
L’autre prix consiste également, croyons-
nous, en une exonération partielle des droits
de voirie.
H MÈNE R
Le mariage de Mme Patti est définitive-
ment annoncé pour le mercredi 25 janvier, s
l’église catholique de Brecon, dont dépend le
château de Craig-y-nos. Le mariage sera cé-
lébré par le docteur Mostyn, évêque de Me-
navio, et la mariée sera conduite a l'autel pat
sir George Faudel Phillips, ex-lord maire de'
Londres.
Le château de Craig-y-nos, propriété de
Mme A. Patti, est une demeure princière,
une des plus belles de l’Angleterre. La diva y
mène un train de reine, ce que lui permet
d'ailleurs sa fortune qui est évaluée à environ
trente millions.
GIL.
DREYFUS ET LEBRUN-RENAULT
voyez que nous sommes bien près de nous
entendre.
» Jusqu’à ce moment-là, je combattrai la
révision, sans hésitation ni scrupules. On a
confessé la cuisinière de Labori. Quesnay
de Beaurepaire a fraternisé avec son lam
piste; allais-je faire le délicat et risquer,
*en demeurant muet, de passer pour
un sot ? Jamais ! Et j’ai servi mon maître
d'hôtel. Si j'échoue à l'office, je réussirai à
la cave, à la cuisine ou ailleurs. Nous ne
sommes point dégoûtés dans le parti’: Arthur
Meyer serait-il arrivé à la haute situation
qu’il occupe dans la presse, s’il avait hésité
à prendre pour cheval de bataille le bidet de
Blanche d'Antigny ? C’est un exemple. Au
besoin, je laverai la vaisselle et viderai les
eaux grasses. »
Le tonneau se tut. Un pas lourd descen
dait l'escalier.
« Voici mon sommelier, reprit Georges
Berry. Peut-être ne voudra-t-il rien dire.
Mais je ne perdrai pas courage ; et demain
j’opposerai aux démentis de Trarieux, si les
gens de Potel et Chabot refusent de parler, le
témoignage décisif des aides-marmitons de
Rey et de Charvin. »
G. TIMMORY.
prière à nos abonnés 4e nous en
bres-poste.
ECHOS
LE « SOLEIL •
Notre éminent confrère, M. Hervé de Ké-
rohant, devient directeur politique du Soleil,
et le fils du regretté Edouard Hervé, M. Phi
lippe Hervé, est désormais associé à la vie du
journal.
Nous ne pouvons que saluer courtoisement
notre ennemi politique, M. Hervé de Kéro-
hant.
A une époque où des Drumont et des Ro
chefort ont sali la presse de leur présence, il
est toujours agréable de trouver en face de
soi un adversaire loyal dont les arguments
ne sont pas des injures, un ennemi dont les
articles ne soient pas des infamies.
LE HULAN
On nous annonce pour demain lundi l’ap
parition d’un journal « nationaliste et pa
triote » intitulé Le Hulan, et qui contiendra
des articles de :
Esterhazy, Jules Guérin, Drumont, Beau-
Nénesse, Rochefort, A. Humbert, Jules Le-
maitre, Gyp, ctc.
C'est un ex-ami de Norton qui, paraît-il, a
écrit le feuilleton : le Nègre tricolore.
Les manuscrits non falsifiés ne sont pas
insérés et le (2 e ) bureau de rédaction serait
situé rue Saint- Dominique.
Si la lecture de ce journal au moins bizarre
ermet de savoir ce que pensent les nationa-
steS, on ne regrettera pas ses dix centimes.
URBAIN GOHIER ET LE . SIÈCLE :
On sait que la duchesse d’Uzès s’étant
trouvée injuriée par le fait que le Siècle la
représentait photographiquement à côté d’Ar
thur Meyer (l’injure est grave en effet) pour
suit notre confrère et lui demande 50,000 fr.
de dommages-intérêts.
M. Vervoort, de son côté, et pour la même
raison, demande 100,000 fr. Il s'est trouvé
offensé par une fable de La Fontaine.
Notre confrère, Urbain Gohier, de VAurore
pour se moquer agréablement des deux fu
mistes, intente lui aussi un procès au Siècle
qui le représente avec Judet.
Comme l’injure est encore plus grave,
Gohier demande 200,000 fr.
On dit que M. Félix Faure va demander
1,000,000.
LES ALTESSES EN VOYAGE
Cueilli dans la Libre Parole.
(De notre correspondant particulier)
Marseille, U janvier, 8 h. du soir.
Max Régis est parti aujourd’hui pour Monaco
par le train express, à sept heures et demie
du matin.
Il va s’entretenir avec Rochefort, et arrêter
définitivement avec lui la date de son voyage
prochain en Algérie.
Liégeois.
L’Altesse italienne et S M. Boubouroche II
ont eu une longue conférence devant la table
de trente et quarante.
On dit que Rochefort a gagné.
Heureux au jeu... !
HEUREUX PAYS
On écrit au Cotentin :
Dans le courant de l’année 1898, on n’a eu
à enregistrer, dans la commune d’Eculleville,
ni naissance, ni mariage, ni décès. •
Les registres de l’état-civil sont restés im
maculés.
Les femmes aussi, probablement.
LES CONCOURS DE MAISONS
Nous avons dit, il y a quelques mois, que le
conseil municipal avait résolu d'organiser
des concours de façades de maisons. L’idée
était heureuse et propre à inciter aux embel
lissements de la capitale.
Le jury de ce concours est aujourd’hui
formé.
C'est à M. Bouvard qu’en a été offerte la
présidence.
Ce jury se compose de neuf membres, y
compris le président, qui sont M. Sauger,
architecte-voyer en chef adjoint de la Ville de
Paris ; deux architectes désignés par les con
currents et cinq conseillers municipaux : MM.
Lamouroux, Louis Mill, Blachette, Thuillier
et Lebreton, un pharmacien, un avocat, etc.
Il visitera les maisons proposées pour la
prime et qui sont au nombre de cinquante-
deux, réparties dans douze arrondissements,
notamment dans les huitième, neuvième, sei
zième et dix-septième.
Les six médailles d’or oui seront distribuées
« Il ne faut pas que, l'arrêt rendu, der
» témoins surgissent qui pourraient aides
» à la recherche de la vérité et que l’on
» aurait refusé, tout au moins négligé d’en-
• tendre. Certaines confrontations pour-
» raient éclairer la justice mieux que ne le
» feraient des dépositions isolées. »
C’est dans le Gaulois que nous trouvons
cette opinion, font juste du reste, faite par
M. L. Desmoulins avec lequel nous n’avons
pas eu souvent l'occasion d’être d’accord.
Profitons des bonnes intentions qui pa
raissent l’animer actuellement et deman-
dons-lui donc si, au nombre des « confron
tations qui pourraient éclairer la justice
mieux que ne le feraient des dépositions
isolées », il ne croit pas que la plus utile
serait celle du capitaine Lebrun-Renault...
avec le capitaine Dreyfus ?
IA VIE ARTISTIQUE
CHRONIQUE
LA VOIX DU TONNERU
Je visitais les caves de la maison Potel et
Chabot et j’admirais l’alignement correct des
futailles pansues, disposées sur deux rangs
comme une cohorte de vieux soldats à la
parade, quand j'avisai, à côté d’uuc bar
rique de Marsala, un tonneau assez bizarre
ment affublé d’une jaquette et d'un gilet
croisé : c'était sans doute un épouvantail
qu’on avait placé là ; our effrayer les souris.
0 surprise ! Une voix sortit du tonneau :
< Je suis le député Georges Berry, fit le muid
que je distinguai alors de ses frères de
Xérès et de Bordeaux; vous ne vous atten
diez pas sans doute à me trouver ici ?
— Excusez-moi, lui dis-je : je n’en suis
pas surpris. Je sais que vous n’aimez pas la
lumière ; il est assez naturel que vous fré
quentiez dans les caves.
— Je ne vous comprends pas, répliqua
l’objet. Mais peu importe. Je viens ici pour
sauver la France !
Les pans belliqueux de la jaquette du
tonneau avaient frémi et sur sa bedaine les
breloques s’entre-choquaient avec un bruit
de ferraille guerrière.
Il reprit :
— Je n’avais plus rien à apprendre à l'of
fice. Je viens chercher à la cave les confi
dences du sommelier. C’est un homme fort
bien renseigné, paraît-il : un mot de lui suf
fira à empêcher la révision.
— Vous croyez donc toujours à la culpa
bilité de Dreyfus ? dis-je à la futaille.
Un mince filet de lumière filtra à travers le
soupirail : je vis alors la tête de Georges
Berry que l’ombre avait jusqu’alors envelop
pée : un sourire ironique élargissait sa
bouche et, après avoir creusé une étroite
fossette à la commissure des lèvres, s’en
allait se perdre dans la graisse de ses
joues.
— Mais je ne crois à rien, pauvre homme,
repartit l’honnête tonneau. Comment, diantre,
avez-vous pu me découvrir des convictions ?
Vous connaissez pourtant ma carrière poli
tique : je me suis fait nommer conseiller
municipal, puis député. Mon métier est de
représenter le peuple quel qu’il soit, et non
de professer une opinion. Voyez ces ton
neaux, mes frères ; ils reçoivent tour à tour,
avec une égale placidité, les crus les plus
differents : mais qu’ils contiennent du Cha
blis, du Bourgogne ou du Madère, ils n’en
demeurent pas moins des tonneaux.
» Dieu m’a fait à leur image ; j’ai reçu,
comme eux, des étiquettes différentes, et je
suis toujours resté le mandataire de mes
concitoyens. Je me suis présenté comme
monarchiste, comme rallié, comme républi
cain ; qu’est-ce qui vous autorise à me sup
poser d’autres désirs que celui d’être élu ?Je
serai demain, s’il le faut, nationaliste ou so
cialiste, révolutionnaire ou clérical, anar
chiste ou césarien, et député, — quand
même ! comme dit Déroulede. Je n’ai point
de parti-pris.
» Vous prétendez que je ne veux point de
la révision ?
» Je ne veux point maigrir, voilà tout,
H. W. MESDAG
M. Mesdag est un peintre hollandais don!
les envois assez réguliers à nos salons ont
depuis longtemps révélé au public de
France le talent âpre et fort.
Nulle contrée, mieux que la Hollande, n’a
été représentée par ses artistes nationaux
dans son caractère et dans sa beauté. Tout
de suite s’évoque le souvenir fameux de
Ruysdaël et d’Hobbéma : grands «artistes
ui interprétèrent avec noblesse les aspects
e leur pays, mais à la célébrité desquels
la mémoire trop simpliste des foules sacri
fie bien injustement d'autres peintres qui
rendirent avec autant de grandeur, et d'une
manière plus vivante, plus alerte, le mou
vement des ports, les courtes vagues des
bras de mer et des grands fleuves baignant
les vieux quais, clapotant contre les esta-
cades, et la féerie si changeante des capri
cieux ciels marins.
La tâche est donc malaisée pour les
artistes hollandais d'à présent qui veulent
représenter les canaux, les cités et l’at
mosphère de leur pays. Les villes, les ports,
les cours d’eau, si riches en motifs inté
ressants, leur rappellent sans cesse des ta-
blaux illustrés où la lumière et la cou
leur de la région, la vie pittoresque des
fleuves, le caractère des maisons et des
êtres sont traduits avec un charme incom
parable d’harmonie et de mouvementt
M. Mesdag a su éviter l’écueil des com-
paraisons et des souvenirs. Sachant avec
quelle maîtrise la vie si alerte des canaux,
les ciels incertains et fragiles (ou, d'un
côté, le soleil rayonne, éclaire les brèves
vagues grises, tandis que, de l’autre, les
nuages s'assombrissent et crèvent en
grains), les aspects vétustes et paisibles
des quais ont été rendus par les vieux
maîtres, Mesdag résolument s'est écarté de
ces spectacles intimes, mouvementés et
gracieux où l'existence maritime de son
pays apparaît si bien. Et il a regardé l’es
pace. l’étendue, la sévérité si grandiose de
la mer du Nord. Il a médité devant ces tra
giques aspects, en a senti la beauté grave
et quelquefois farouche.
Ciels désolés pesant lourdement sur les
Ilots noirs, course basse et sinistre des
nuages presque au ras des vagues grises
et le drame émouvant des barques qui se
risquent sous ce ciel et sur cette mer de
menaces. Mesdag est arrivé à rendre avec
grandeur ces grands spectacles. Il lei a
traités en artiste puissant et fort, mais
sans mélodrame, sans parti-pris d'atten
drissement et de terreur. C’est une œuvre
de vérité qui commande l'estime. Le risque
était redoutable, avec de tels motifs de dé
tresse et de sévérité, de sombrer dans l’ou-
trance tragique. Mesdag, toujours, reste
maître de son émotion et ne donne que
l'accent juste. Sa sincérité le protège contre
l’exagération.
Les œuvres exposées chez Durand-Ruel
sont assez nombreuses et significatives pour
bien faire connaître cet artiste original et
fort. Tout en s’abstenant de peindre des
aspects de villes et de canaux, c'est bien
son pays qu'il a représenté dans son carac
tère le plus grandiose et le plus tragique.
Tous ceux qui, dans la grise lumière des
saisons moroses ou par des jours de tem-
ête, ont vu les flots furieux et sombres de
a mer du Nord ont senti la terrible beauté
de ces ciels et de cette eau, retrouveront là
toutes leurs émotions.
M. Mesdag pense justement que ces mo
tifs de mer, variant à chaque heure, se suf
fisent à eux-mêmes. Il ne s’ingénie pas à
les compliquer. L'espace l’émeut et l’attire.
C'est à peine s’il y ajoute parfois l'anecdote
d’—. vol de goélands ou de quelques voiles
se silhouettant sur l’étendue. Sans jamais
d’un vol
se lasser ni nous paraître monotone, il
nous dit, en grandes pages saisissantes, le
galop éperdu des îlots et des nuages. Ses
titres nous renseignent mieux que tous
commentaires sur sa vision et ses motifs
préférés : la Mer du Nord, Et c'est, sous
un ciel sévère, la mer tragique, le roule-
ment des houles venues du large, les va-
gués qui se creusent, se versent lourde
ment et s'étalent. La Tempête, et c'est une
longue file de bateaux noir peureusement
tirés sur le sable comme de frêles oiseaux
parce que mon ventre est sympathique au
suffrage universel. Tel est mon seul pro-
ramme politique. Quant à Dreyfus... ?
ai dit, il est vrai, qu’ < innocent ou coupa
ble il devait rester au bagne » ? C’était exac
tement exprimer l’idée que je me forme de
la justice. Elle n’a guère soulevé d'objections
dans l’arrondissement : quand mes électeurs
penseront autrement, je déclarerai avecJa
même énergie qu’« innocent ou coupable,
Dreyfus doit quitter le bagne ! » Il n’y a que | l’heure propice,
deux mots à changer dans la formule. Vous l r “4._ .
qui s’abritent de l'ouragan, et contre les
carènes sombres les vagues rageuses se
précipitent. La Nuit, Dans les brisants, la
Rentrée des Barques. •
Schéréningue, la plage voisine de la Haye,
si sévère dans sa simplicité et sous un ciel
triste, a fourni à M. Mesdag la plupart des
motifs qu’il expose cher Durand-Ruel. Nul
ne pouvait mieux que lui seiztir 1* désolas
tion de cette côte nue, de ces grands as
pects de mer sombre, de ces files de ba;
teaux échoués sur le sable et attendant
M. Mesdag a peint aussi cette côte sout
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