Titre : Les Droits de l'homme / fondateur Henri Deloncle
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1899-01-15
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32759074m
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Description : 15 janvier 1899 15 janvier 1899
Description : 1899/01/15 (A2,N368). 1899/01/15 (A2,N368).
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k68175506
Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, GR FOL-LC2-5700
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 02/05/2016
A
DIMANCHE 5 JANVIER 1899 T
1/A.
Cyrano de
Résultat des
— Le Roi de Rome.
1/2. — Loreau est
mants.
Poudre de Perlin-
le Mme Angot.
he.
lâche.
h. — Folies-Revue.
| planche.
e Paris. — La Tur-
Je, 8 h. 1/2. — La
RIE VIVIENNE, 8 h. 1/2.
rue Chaptal (télé-
Manille. — La Berri-
moiselle Fifi.
les Mathurins (télé-
L — Le Prince des
lard des Capucines
[ Le Coup de Cyrano,
le Odette Dulac.
le (téléphone 21-22),
L’As de trèfle.
Nitouche.
CONCERTS
0), 8 h. 1/2. — Pari-
nna Thibaud, Suz
illon. MM. Reschal,
1 La Cote Fuller. —
s Saharet. — L'Enle-
let. Mlle Margyl —
ns. — Les Lang. —
nées à 2 h. 1/2.
I, 8 h. 1/2. — TOUS
k — Folles Amours*
-concert.
naert.
I), 8 h. — spectacig-
nc Bloch, Rosalba,
val, Maader, Strit. —
- L’Insaisissable, f
(2. — Madame Mal-
line. Mlles Angèle
[Grand championnat
f, 32 lutteurs, — Le
k soirs, à 8 h. 1/2,
— Tous les samedis.
ne 417-8), 8h.=
Marraine de Charley.
hampionnat mont*
[et fêtes, matinées
es les places. — Bals
5-27), 9 h. 1/2 — Le
Trois Mousmées. —
Bébé. -- La Garçon-
e Pigalle (téléphone
Hyspa, Moy, Barde*
otins, revue. M. Le
les Martyrs. — Un
| acte. — La Cour St
■le. MM. Dranem*
(ary. Mlles Claudia
atte, May, etc.
- Spectac e-concert
pectacle-concert.
1 e-concert.
Spectacle-concert.
oncert varié.
1 rue de la Pépinière,
rt. — Bloch, Fréjol,
uaix, Stoldy, Desty.
rande attraction.
boulevard de Stras-
icle varié. — Bdmée
h Bloch. Heurtine
ps-Elysées. — Seul
ge. — Piste circu-
avert tous les jour
à minuit.
, 2.1-8L), 8 h. 1/2. —
e et les Eléphants
mz. — Good Night,
ressé. — Mercredis,
fêtes, matinée à
ard Rochechouart
1/2. — Attractions
i lis, dimanches et
igitation. — Cinéma:
L Ouvert tous les
limauches.
L — Les Ducarre. —
Ile Grizolle. — Marie
icardo et ses chiens,
“roba. — Seegrist et
ms. — Dimanches,
à 1 b. 1/2.
nnement du tsar. —
dagascr, — Panto
rchestre de Dames
au Pôle Nord. — Lu
Jours, à 2 heures et
ferences. — Le so* r »
Nous eoBMnençoM “3. 2-5- r-
bica tion d’un nouveau feuilleton i .
LES AVENTURIERS
Ce roman «t'aventures, le plus po-
polaire du plus celebre roma ncier eh
langu e portugaise, eepe " —P2%
nassi onnera certainement nos lecteurs
etnos lectrices par l’énergique oppo-
sition des caractères, le dramatique
et l’imprévu des péripéties et des épi
sodes, et le pittoresque des tableaux au
milieu desquels se déroule une action
des plus pathétiques qui ne laisse pas
languir l’intérêt un seul instant
Le roman LES AVENTURIERS
a été traduit spécialement pour les
Droits de l’Homme par notre, collabo
râleur L. XAVIER RE BICABD.
Pour l’Action
Le gouvernement aurait-il fini par
comprendre quel rôle de dupe il jouait
en favorisant par sa faiblesse et son
inaction les menées de tous les enne
mis de la République ? La dernière
séance de la Chambre nous permet de
Yespérer. Mais qu’il était temps ! Cette
séance devait être décisive. C’en était
fait de la liberté, si le ministère, cé
dant encore à la peur, avait laissé dis- '
créditer la Chambre criminelle, der
nière sauvegarde de la justice. Il a
suffi au président du Conseil d’un
quart d’heure d’intelligence et d’éner
gie pour sauver la situation.
L’on s’étonne, cependant, qu’il ait
s’apercevoir qu’il agissait contre ses
propres intérêts, contre sa propre
ambition, qui est de gouverner. On
ne peut expliquer que par la plus
rare inconscience l’attitude qu'avaient
gardée jusqu’alors, en face d'un péril
qui les menaçait plus que personne, la
Chambre, le gouvernement, M. Félix
Faure et tous les pouvoirs de la
République.
N’était-il pas évident qu’en perdant
la République, ils se perdaient eux-
mêmes? Avaient-ils la naïveté de croire
qu’ils auraient bénéficié d’un complot
réactionnaire, d’un coup d’Etat mili
taire, s’il avait réussi? Ou bien s’aveu
glaient-ils au point de ne pas voir un
danger qui éclatait aux yeux des
moins avisés? M. Méline ou M. Félix
Faure, pour ne prendre que deux
exemples, s’imaginaient-ils, l’un qu’il
resterait président du conseil des mi
nistres, l'autre président de la Répu-
blique, si la reaction triomphait?
Il est bien certain, au contraire —
le plus vulgaire bon sens le démontre
— que si un roi, un empereur, un dic
tateur quelconque s’emparait du pou
voir, son premier soin serait de dé
barquer Félix Faure et ses ministres.
Expliquez-moi donc, je vous prie,
pourquoi ces gens-là se sont associés,
avec un entêtement prodigieux, à ce ux
gui ne désiraient qu’une chose : les
jeter par terre, le plus tôt possible?
Expliquez-moi comment il se fait que
«s hommes qui doivent tout à la Re-
Publique, qui ne subsistent que par
«le et qui tiennent à leur place, agis-
sent comme les pires ennemis de la
République, fassent tout ce qu’il est
necessaire pour hâter sa chute? Expli-
97-moi enfin ce qui s’est passé jus-
9ici dans ces étranges caboches de
pigeants et comment se peut conce-
voir un tel degré de stupidité?
a aut-il renoncer à faire comprendre
Sa» . Faure, par exemple, qu’en
pendant la République, c’est lui-
peme qu’il défendrait, et que nous
avons sauvé, malgré nous, en sau-
yant celle-ci ? Je dis malgré nous, car
® n est un personnage qui nous re-
Pugne, c’est bien lui. Quoi qu’il en
20t, il devrait nous baiser les mains.
Or, c ’est à Zurlinden qu’il s’allie J Le
tuvre homme! Après tout, peut-être
mal : « La France veut un roi ;
pourquoi ne serait-ce pas moi, aussi
pan qu’un autre? » Auquel cas, M.
TX Faure serait encore plus sot que
dous ne le supposions.
AM. Cavaignac, quel intérêt l’in-
naedagir comme il agit? N‘avait-il
partout à gagner au maintien de la
.Publique qui l’avait élevé aux plus
diceses situations, en depit de sa me-
tonrite? N avait-i pas, au contraire*
wïim Toquer avec un changement de
pre .On le dit très ambitieux. A
* forte raùwn, sa conduite nous
ist
RÉDACTION ET
deconcerte-t-elle. Ontfen peutattri- y TDDCC DAEO
buer les mobiles qu’a la plus rare inin-I LiDIL. i INEIO3
tlligence.obora -------pr
repaire que le régime actuel, bien à
tort d’ailleurs, avait comblé d’hon-
neurs? Quepouvait-il espérer en tra
hissant la République? Il n'est pas
douteux qu’un autre gouvernement se
fut delivre d'un individu aussi sus-
pect et aussi, dangereux..Lui aussi
n’avait qu’à perdre en s’alliant aux
adorateurs du sabre, aux traîtres et
aux bandits qui rêvent de s’emparer
delà France.
- La sottise seule explique ces incon
séquences et ces contradictions. C'est
à des imbéciles que nous avons à
faire ; et c’est à croire qu’une provi
dence bien inspirée n’a fait naître
l’affaire Dreyfus que pour leur donner,
l’occasion de se désigner eux-mêmes
et nous permettre de nous en débar
rasser.
Il n’y aurait qu’une circonstance
atténuante en leur faveur, malheureu
sement inadmissible. Ce serait un
aveuglement tel qu’ils n’auraient pas
vu le complot qui se trame ouverte
ment contre la République et dont M.
Cavaignac, avec une naïve audace, a
attesté l’existence, dans la dernière
séance de la Chambre, en déclarant
qu’il avait eu communication du rap
port du capitaine Erqu, lequel avait
été chargé par Zurlinden de mouchar-
der les magistrats de la Cour suprême.
Il est avéré aujourd’hui qu’une en
tente secrète existait entre le gouver
neur de Paris, M. Cavaignac et Ques.-
nay de Beaurepaire, dans le but de
disqualifier la Chambre criminelle et
de frapper d’inanité son enquête.
La manœuvre était par trop gros
sière; elle a échoué. Mais la Chambre
des députés persistera-t-elle dans les
bonnes intentions que son dernier vote
a paru indiquer? Ne nous pressons
pas trop de la complimenter ni de
chanter victoire. Avec une telle Cham-
dire à toutes les défections et à toutes
les lâchetés. Nous serions perdus, si
nous désarmions un seul instant. C’est,
au contraire, à une action plus vigou-
reuse que jamais qu’il nous faut pré
parer. Il est bien évident que les mal
faiteurs ne se laisseront pas étrangler
sans une résistance désespérée. Comme
l’écrivait Zola dans sa dernière lettre :
« A la veille même de l’acquittement
de Dreyfus, nous verrons encore quel
que tentative imbécile et monstrueuse.»
Ils sont les plus nombreux et les plus
forts ; ils sont l’armée ou plutôt les
grands chefs, le gouvernement mili
taire de Paris, le cléricalisme, les jour
naux à fort tirage, la foule ignorante
et abusée, toutes les puissances coa
lisées et organisées de la réaction. Et
vous voudriez qu’ils abandonnassent
bénévolement le champ de bataille à
la poignée d’hommes résolus que
nous sommes. N‘y comptez pas. Le
coup Quesnay nous a prouvé qu’ils
n’hériteront pas à recourir aux plus
abominables manœuvres. Celle-là n’a
pas réussi; ils en préparent d’au-
très, et, au besoin* c’est le coup d’Etat
qu’ils tenteront, à moins que* plus
criminellement encore, ils ne préfè
rent nous précipiter dans une guerre
étrangère, pour faire diversion aux
événements. C’est qu’ils savent que la
défaite serait pour eux la ruine et le
déshonneur. Et les gens ne se laissent
pas déshonorer ainsi, surtout lors
qu’ils sont le nombre et la force.
Je voudrais que, de notre côté, nous
commencions à nous organiser sérieu
sement, pour parer à toute éventua
lité. Il serait temps d’y songer. Je crois
qu’il serait possible de constituer dans
chaque arrondissement, dans chaque
quartier de Paris, un comité, une li-
gue d’action républicaine, prête à op
poser une résistance acharnée à toute
tentative criminelle. Cela, sans doute,
serait insuffisant contre des bataillons
disciplinés ; mais en nous voyant si
bien décidés à nous défendre, on hési
terait à nous attaquer.
PAUL BRULAT.
URB DEMAIN
LÉOPOLD LACOUR
AVIS A NOS ABONNES
Ceux de nos souscripteurs dont l'abon
nement expire le 15 sont priés de vouloir
bien le renouveler dès à présent* pour
éviier tout retard dans la réception du
journal.
Le meilleur mode de renouvellement
est l'envoi (fan mandat sur la poste, Cet
envoi doit être accompagné de luns des
derniéret baudet du journal»
consunvarien
La belle pièce de M.Pouvilion, le Roi de,
Rome. qu’on joue au Nouveau-Théâtre, m’a
amené à lire. Je volumineux ouvrage qu’un
historien fort érudit, M. Welschinger, a étrit
sur la vie, les espérances, les ambitions, les
tortures desprit, les $ inquictudes;les • vicis
situdes de ce jeune homme dont la destinée
est une des plus malheureuses qui se soient
vues. Il était né victime. Il a paye pour les
fautes de son père. Et la fatalité s’était plu
à lui donner une âme ardente afin qu’il
sentît plus douloureusement la misère mo
rale de sa condition.
M. Pouvillon est un optimiste. Il ne veut
pas croire à la fatalité. C’est dommage.
Car s’il y avait cru, tout au moins le temps
qu’il écrivait sa pièce, il aurait plané sur les
essais de révolte et d’évasion du jeune roi
de Rome une idée de châtiment inévitable
qui aurait tendu au-dessus de ces péripéties
dramatiques comme un ciel de grandeur. Un
dieu aurait présidé à ces ébats inutiles d'un
adolescent déjà blessé à mort. Et pour les
spectateurs qui ne voient pas plus loin que
le roi de Rome* l’idée expiatoire aurait
élargi leur pensée jusqu’en deçà el au delà
de sa naissance et de sa mort.
Ce fut une inconséquence de Napoléon, alors
qu’il incarnait le génie actif de la Révolu
tion* de ne pas maintenir dans ses conquêtes
le principe des nationalités que la Révolution
avait proclamé et qui faisait, en somme*
toute la 'philosophie 5 de sa politique exté
rieure. Que la Révolution devint conqué
rante, c’était bien. Elle ne pouvait pas ne
pas l’être. Les rois ennemis lui en faisaient
obligation. Et qyand on a lu le livre pas-
né de Jérôme Bonaparte: Napoléon et
ses détracteurs, on se persuade que Napo
léon, chaque fois qu’il déclarait la guerre, ne'
faisait guère que prévenir ses ennemie.
Plût au ciel qu’il eût été toujours fidèle à
cette conduite brutale! Il n’aurait pas cru
à l’amitié de l’empereur d’Autriche. Lui
u’on nous a peint comme n’attendant rien
es hommes hors de leur intérêt ou de
une
sionné de Jerome
3 , 2 s b 6 ■ si ’ ’ ■ ’ ’
DE L’HOMME
at
==ee
smmeimioisns
■
Joseph Reinach n’a enlintention d’attaquer." dir le Crt de
la veuve et l’enfant du colonel Henry* et, culitrement.
pece de «WH* puisque cest unecondition
precise, requise par la Toi de.1001, pour
constituerle fait de diffamation: • :
Alors c’est la Cour d’assisesoui devient in-
compétente* car c’est la qualité des heri-
tien, seuls protégés par la loi, et non Celle
du diffame qui fixe le cheis de tt juridic-
tion = an l’espèce le tribunal correction-
nel, puisque les héritiers Henry sont d*
simples particuliers.
Toutes ces considérations, qui ont déjà
été consacrées par le jugement -du tribunal
correctionnel dans l’affaire Zola, contre
Judet, nous croyons savoir que l'avocat
général Lombard les reprendra pour son
compte, à l’audience du 97 janvier pro
chain. Il compte demander à la Cour d’as-
sises de se déclarer incompétente.
L’arrêt qui interviendra pourra être atta
qué en cassation par toutes les parties-; de
telle sorte qne l'on peut dès,à présent* pré
voir et prédire que les débats si bruyam
ment annoncés se réduiront à une contro
verse de droit qui n’interessers que les
initiés* et où réciproquement les adver-
versaires, avocat général et défenseurs, se
bombarderont à coups de Barbier* de Fa-
breguettes et de Dalloz, sans souffler mot
de la grande affaire !
Maître JACQUES.
ÉCHOS
M. PÀLÊOLOGUE
de si près, et qui avaient en 1884 annoncé la
résence d’un M. Corbillard aux obsèques de
ambetta, ont signalé hier l’audition par la
Cour de cassation d’un M. Maurice, éminent
paUologue. *1
Et voila. C’est très simple. :
Le Pirée pour un homme. - .
leur vanité, il a la naïveté de se confier en:
la solidité d’un lien de famille que la poli
tique a noué et que la politique donc peut
défaire. Il prend au sérieux sa nouvelle fa-
mille. Et jusqu’au dernier moment il se cram-
ponne à l’espoir qu’un beau-pere ne voudra
pas la ruine de son gendre. Il ne se rendait
pas compte que pour l’empereur d’Autriche,
pour sa femme elle-même, il n’était et il ne
serait jamais qu'un aventurier, qu'un par
venu. Et plus de génie il aurait déployé, plus
ils auraient été fermes à le tenir pour un par
venu; car cette opinion méprisante, n’etait-
ce pas la seule ressource qu’eut leur amour-
propre de prendre une revanche sur sa
supériorité?
Et ce fut la seconde inconséquence de
Napoléon. C’est une illusion de quiconque
est monté de très bas très haut à coups de
talent ou de génie de chercher à se faire ac
cepter jusqu’au fond du cœur par ceux que
la hiérarchie sociale avait placés d’abord
au-dessus. Napoléon dès qu’il cesse de
cravacher les rois, de les déposer* de les
jeter en prison* de tes fusiller, c’en est
fait «te lui. 11 ne restera leur maître qu’en
restant leur ennemi. En prenant pour
femme une archiduchesse d’Autriche au
lieu d’une brave fille quelconque de France*
Napoléon se démentait ; de meme qu’en ne
rendant pas, pour complaire au tsar Alexan
dre, l’indépendance à la Pologne libérée* il
rompait avec de principe même de la Révo-
lution.
Tout cela, c’est pour en venir à dire qu’un
régime politique quelconque doit se con-
naitre, savoir de quelles aspirations il est né, '
lesprit même de son origine, afin d’y con- i
former ses actes. Du jour où il se contredit
lui-même* il est perdu. On n’aperçoit de
loin qu'une victime* le roi de Rome* à raison
du socle sur lequel il est élevé. Mais qu’il y i
en a d’autres I Notre République* à nous,
c’est par opposition à l’Empire qu’elle a été
créée, n’est-il pas vrai? C’est donc pour i
qu’en elle te civil y tienne le militaire dans
une sage dépendance? Républicain donc '
qui se prononce pour la justice civile* réac- ;
tionnaire qui tient pour la justice militaire.
Il n’y a pas à sortir de là.
ÉDOUARD CONTE.
LE PROCES REINACH-HENRY
Dès le premier jour, nous avons estimé
que le procès; en Cour d'assises, intenté par
les conseils de Mme veuve Henry à M. Jo-
seph Reinach, ne pouvait pas tenir au point
de vue juridique. ',
Nous le regrettions également, persuadés
Sue de ces nouveaux débats il en sortirait
es éléments intéressants contre les parti
sans du mensonge et de l’injustice.
Mais la loi est là, et son texte ne nous
parait pas pouvoir prêter à l'équivoque.
Il est, en effet, une vérité reconnue de
tous les auteurs, c’est que la loi de 1881 a
supprimé la diffamation envers les morts.
Elle a voulu laisser les jugements de l’his-
toire se prononcer en toute sécurité et en
toute liberté.
Dans un seul cas, cependant* elle a fait
exception : lorsque la diffamation pos-
thume a pour but de causer un préjudice
aux héritiers vivants du diffamé. Cesainsi
que Judet fut condamné par la police cor-
rec tionnelle pour avoir outrage un mort*
le père d'Emile Zola, mais avec l'intention
avouée d'atteindre le puissant auteur de
« J’accuse! »
Dans Vespèce actuelle, il n'y a qu'a ap
pliquer ces principes. Tout Tabord, #
nu .
Hye
Picquart
aujourd'hui
2211 ■ :
ta ===========9=== “heran"
Las Officiers Francs-Maçuus
Q. DE Braungrame. — Ne Me insultez pas ?i
to nde ganarade ? ie me charge deks.
Le (maçon. —• Et ta auras raison, Lucie.
Q. M BEAUREPAIRE (aneç sa geste noble). —
k servent des grogs, je sers la France I (A .
’ ^T CBTTB LJGÜE . .
Vous savez qu’un énergumêne navré de ne
rien être». le petit Monteil, a fondé une ligue ’
dite • de la Défense nationale ».
Que diable est-elle donc devenue?
Comme toutes les entreprises de Monteil,
elle a dû rester en route.
D ailleurs quand on asseoit en groupement
sur des Millevoye, des Barrés et autres far
ceurs, tout dégringole.
Regulescas tn pdee.
CHOSE VUE
Hier à la Chambre criminelle de la Cour
de cassation, il était curieux de voir la phy
sionomie des juges lisant Y Officiel où étaient
relatés les débats de la veille à la Chambre.
Une expression singulière de mépris se
montrait après que chacun avait fini sa lec
ture.
A qui allait ce mépris?
A Millevoye... Non. On n‘a pas coutume
«te mépriser les morts.
A Quesnay, l’ambitieux déçu ?
Peut-être 1
LA WA DUN HOMME
Despréaux, auteur dramatique, né en 1747,
mort en 1820 et qui fut, sous l'Empire, direc
teur de lOpera et • professeur de grâces • au
Conservatoire et • répétiteur » des cérémo-
céremo-
nies de la Cour, rima la balançoire suivante :
L’homme dont la via entier*
Est de quatre-vingt-quinze ans, •
On •• souvient de la punition discipli-
naire rigoureuse qui frappa récemment
deux officiers et deux sous-officiers d’Avi-
gnon, — notamment le capitaine Pasquier,
officier du plus grand mérite* — pour
avoir ascfate au banquet de la loge ma
çonnique de cette région. M. de Freycinet*
ministre de la guerre* auprès de qui une
démarche fut faite par M. Michel, député,
et quelques-uns de ses collègues* promit
d’ordonner une enquête, excipant d’une
circulaire sybilline ou il r e connai s s ai t na-
guère aux officiers le droit d’appartenir à
la franc-maçonnerie, à la condition qu'ils
évitassent de fournir le moindre prétexte à
des polémiques de parti.
Où en est cette enquête? Nous l’ignorons.
Les officiers punis n'en ont pas moins subi
trente jours d’arrêts, cependant que quatre
jours d’arrêts seulement furent infligés
aux galonnés supérieurs coupables d’avoir
souscrit aux fameuses listes destinées à
glorifier le faussaire Henry ! Et les officiers
cléricaux fréquentant messes et vêpres
continuent de bénéficier de toutes tes fa
veurs de l’avancement* cependant que les
officiers républicains, francs-maçons* de
meurent frappés de disgrâce I
La Loge maçonnique le Lien des Peuples
et les Bienfaiteurs réunis, de Paris, réunie
dans sa dernière tenue solennelle* a cru
devoir protester contre cet acte d’arbitraire
un votant à l'unanimité l’ordre du jour
suivant, que nous nous empressons de pu
blier :
Considérant que malgré la circulaire concer
nant la liberté, pour les militaires, de faire
partie delà franc-maçonnerie, M. de Freycinet,
ministre de la guerre, a laisse subsister les pa
nifions disciplinaires infligées à certains offi
ciers et soldats faisant partie de cette asso
ciation ;
Qu’en sa qualité de ehef de l’armée, son pre
mier devoir était non pas de rappeler cette
circulaire, mais bien de faire cesser l’effet du
ces punitions infligées ata mipris d'ordres
donnés d’une façon formelle ;
Qu'en tolérant de pareils actes d’indisci
pline de la part des hauts galonnés, il encou-
rage Parbitraire le plus revoltant, arbitraire
qui est un audacieux défi à l’exercice du droit
absolu de penser, droit reconnu et proclamé
par la grande Révolution ;
Qu’en agissant ainsi, le ministre de la guerre
s'est rendu complice de ces actes et a montré
une faiblesse coupable qui ne peut que forti
fier l’esprit de cléricalisme déjà si ancré dans
le haut commandement, au grand dommage
du progrès'de l’idée d’émancipation ;
Que pareils actes, s’ils se multipliaient, Dons
mèneraient directement à la dictature mili
taire, à la tyrannie de l’armée prétorienne et
à la mine de la République ;
Considérant que ne pas sévir contre de pa
reils abus d’autorité qui constituent la plus
flagrante indiscipline, c’est abdiquer toute
autorité contre les Jésuites d’épée :
Blâme énergiquement le ministre de la
guerre et on appelle au pays républicain, sou
cieux de respecter ses gloricusea traditions de.
tolérance philosophique.
Nous n'ajouterons qu’un mot* pour feli-
citer la loge le Lien des Peuples et les
Bienfaiteurs réunis du cette courageuse
initiative et pour souhaiter que cette pro-
testation devienne générale dans le sein de
la franc-maconnerie française. Toutes les
loges, tous les francs-maçons doivent se
solidariser dans cette manifestation de
légitime indignation.
IARCEL HUARY.
VNM “2999 RU 1U 99 ““ &VS-.S.
Le GARCON.— Damé... On s’entend si bien
tous les deux. :al
: Q. de BEAUREPAIRE (méditànl). — Si je pou
vais maintenant foire jaser la cuisinière de 5
LowI
G. TIMMORY.
LES AVEUX BU HW.»»
Esterhaxy vient enfin d’avouer qu'il livrait
des documents à M. de Schwartzkoppen.
Sur ce point* par conséquent, les affir
mations répétées des accusateurs du Hulan
se trouvent confirmées par le Hulan lui-
même.
C’est une constatation qui a son prix et
qui doit singulièrement éclairer la religion
des esprits indécis.
Il est vrai que le ■ brave commandant »
invoque pour diminuer la portée de cet
aveu trois arguments qui lui paraissent
décisifs :
1* II n’était entré au service de M. de
Schwarrkoppen qu’à l’instigation du colo
nel Sandherr, l’ancien chef du bureau des
renseignements aujourd’hui décédé;
29 il ne livrait des documents à N. de
Schwarzkoppen que pour obtenir des ren- *
seignements intéressants;
30 il a collaboré ainsi à faire découvrir
la • trahison « de Dreyfus.
Le malheur est que le nomdEsterhazy ne
figure dans les archives de l’Etat-Major, ni
sur la liste des officiers chargés de mis
sion, ni sur la liste des agents;
Sans cela, du reste, le général Billot, le
général de Boisdeffre et le général Gonse
eussent, dès la découverte du « Petit Bleu »,
dent que le colonel Sandherr ne se serait
pas avisé de confier à un officier une mis-
sion aussi délicate sans en aviser ses
Chefs.
Et puis* comment admettre qu’on ait
livré des « documents » pour obtenir des
« renseignements »?
L’« amorçage » consiste à livrer des «do
cuments ■ pour obtenir «les « documents ».
Il ne consiste pas à donner des • pièces •
pour obtenir des paroles en l’air.
Quant à la participation d’Esterhazy à la
découverte du prétendu crime de Dreyfus*
il suffit de lire la lettre du général Zurlin-
den à M. Sarrien pour être édifié à cet
égard.
. Le général Zurlinden déclare* en effet,
que c’est le bordereau, et le bordereau seul*
qui a fait porter les soupçons sur le pri
sonnier «to nie du Diable.
... Les raisons qu’invoque Esterhazy pour
justifier ses relations avee M. de Schwartz-
koppen, tombent donc d'elles-mêmes.
Une seule chose reste : c’est l’aveu de ces
relations.
Au publie de juger.
H. DRÉ AN.
LA REVISION
Proces, voyages, accidents,
Au moins un quart de la vie.
C’est encore deux fois douas au. • •
Par jour deux heures d’études
Ou de travaux, font huit ans. ,333.35
Noirs chagrins* inquiétudes.
Pour le double font seize ans • % i 1 . • 7
Pour affaires qu’on projette,
Demi-heure* encore deux ans - 6 66 9* •
Cinq quarts d’heure de toilette.
Barbe et cotera, cinq ans 7 V • •
Par jour, pour manger et boire.
Deux heures font bien huit ans .2.2..
Cala porte le mémoire
Juste à quatre-vingt-quinze sas. 3.s.%
Au total, en cette affaire.
Par jourrhomme a sur terre
8
portière Q. de Beaurepaire, on a plus d’un
quart d’heure du bon tempe.
DÊMÊRAGBMEHT
M. Brisson, "honorable député de Paris,
quitte son petit appartement de la rue Maza
gran qu’il habitait depuis près de quarante
ans.
Il ne déserte toutefois pas Tarrondisse-
"Irwa Finsaller rue de Chabrol, près de la
rue Lafayette.
A TOI VAUGBLAS
Une phrase de M. Ch. Roger, qui donne
un croc-en-jambe à la grammaire :
• Enfin, une association de bons citoyens,
la Ligue de la « Patrie française », prouve par
ses copieuses listes d’adhérents que les «intel-
ectuels», les vrais, c'est-à-dire les hommes
intelligents— que la Ligue des bouts-coupés
de Traricus en montre autant I—sont du cot
de l’honnêteté et du bon sens contre la canail-
lerie et la mauvaise foi. •
Ab! cette Ligue 1 Si M. Roger en est, c'est
assurément qu'on n’exige pas l’orthographe.
ONE CARTE
Parmi les cartes de visite envoyées an co-
SCENES A FAIRE
RODE ET PLONEAU
Quelques jours avant la démission de Quesnay
de Beaurepaire. La salle où la chambre cn-
minelle de la Cour de cassation tient ses au
diences. Un garçon promène sur les meubles
m» plumeau indolent. Quesnay de Beauro-
Q. dk BEAUREPAIRE H mi-voix au garçon).—
Rien de nouveau ?
LE GARÇON (après avoir dépose son plumeau).
. Tm fouille les pardessus, j’ai écouté aux
portes. Rien. Mais tout de même, croyez-
vous que nous les tenions, monsieur le Prési
dent?
— J’ai fouillé
Q. de BEAUREPAIRE. — Nous sommes dans
Fintimité : appelle-moi Lucie.
Le GARÇON. — Monsieur le Président est
trop bon... -
Q. dk BEAUREPAIRE. — N’es-tu pas un an-
cien soldat comme moi ?
Le GARÇON. — J’ai été réformé, monsieur le
Président, mais c’est une raison de plus pour
défendre svec acharnement l’honneur de l'ar
mée, et je vous appellerai Lucie, pour ne pas
vous désobéir. (Une pause, puis s’enhardis
sant.) Eh I bien, Lucie* comment ça va-t-il ?
Q. de Beaurepaire. — Très bien! sans ton
secours, j’étais incapable d'écrire mon article.
Le Garçon. — Alors tu racontes l’histoire
du grog?
Q. de Beaurepaire. — Naturellement. Le
grog est un document de la plus haute impor-
ance! 5-,
Le Garçon (très fier). — Je l avais bien de
viné. Tu sais, Lucie, que je lis la Patrie tous
les jours : voilà un ’ journal qui vous rend
connaisseur en documents I
Q. de Beaurepaire. — Oui, c'est de la
bonne littérature. Mais donne-moi encore
quelques détails sur ce grog; il ne faut rien
n ég li ge r pour sauver la France ! — Combien
Picquart a-t-il pris de morceaux de sucre ?
Le Garçon. — Deux.
Q. de Beaurepaire (indigné). — Femme
lette ! — Et combien a-t-on versé de cuille
rées de cognac ?
LE Garçon. — Cinq.
(.Q.DE Beaurepaire (ptémejeu). — Ivrogne I
— On n’a rien mis d’autre dans le gr0R?
L’TnouET K B. MAZEAU
‘ Contrairement à ce qui avait été dit tout
d’abord, les deux magistrats, qui coopére
ront avec M. Maxsau au supplément d’en
quête demandé par la Chambre. seront les ‘
deux plus anciens membres de la chambre
civile* c’est-à-dire venant après ceux qui
ont siégé dans la commission consul-
tative.
MM. Voisin et Dareste ont accepté cette
mission.
met m ra PAS FAIT DAVEUX
Le capitaine Lebrun Renault a fait les con-
fidences à un journal du soir, qui publie
de lui une interview. Mais le capitaine
Lebrun-Renault est encore en activité de
service : ne fait-H donc plus partie de la
« Grande Muette »?
Quoi qu’il en soit, le capitaine Lebrun-
Renault a rapporté ainsi les paroles que
Dreyfus lui aurait dites :
Le ministre sait bien que je suis innocent ; .
Il sait aussi, puisqu’il me l’a fait dire par le
commandant du Paty de Oam, que si j'ai livré •
des documents, c’était pour en avoir de plus
importants. On reconnaîtra mon innocence
dans trois ans.
Or, voici ce que Dreyfus prétend avoir
dit : '
rai dit :
• Le ministre sait bien que je suis innocent :
il m’a envoyé du Paty de Clam pour me de
mander si je n’avais pas livré des documenta
pour en avoir d’autres, et j’ai répondu que je
n'avais jamais rien livré. •
Le démenti formel do Dreyfus prouve
que la mémoire du capitaine Lebrun-Re
nault l’a bien mal servi en cette circons
tance.
• LES DessOUs K LAFFAINE DnEVFUS •
Sous ce titre vient de paraître la seconde
brochure d’Esterhazy.
Selon Esterhazy, rien n’est plus simple à
résoudre que le problème dont la solution
cause au pays une si grande anxiété. Il
sait, lui* que Dreyfus est coupable, non
seulement de trahison, mais encore d'as
sassinat, de vol et de bien d’autres choses.
Il sait ce que tout le monde ignore* et cela*
parce qu’il a travaillé dans les bureaux do .
I’Etat Major on, du reste, iljparaît coriain
DIMANCHE 5 JANVIER 1899 T
1/A.
Cyrano de
Résultat des
— Le Roi de Rome.
1/2. — Loreau est
mants.
Poudre de Perlin-
le Mme Angot.
he.
lâche.
h. — Folies-Revue.
| planche.
e Paris. — La Tur-
Je, 8 h. 1/2. — La
RIE VIVIENNE, 8 h. 1/2.
rue Chaptal (télé-
Manille. — La Berri-
moiselle Fifi.
les Mathurins (télé-
L — Le Prince des
lard des Capucines
[ Le Coup de Cyrano,
le Odette Dulac.
le (téléphone 21-22),
L’As de trèfle.
Nitouche.
CONCERTS
0), 8 h. 1/2. — Pari-
nna Thibaud, Suz
illon. MM. Reschal,
1 La Cote Fuller. —
s Saharet. — L'Enle-
let. Mlle Margyl —
ns. — Les Lang. —
nées à 2 h. 1/2.
I, 8 h. 1/2. — TOUS
k — Folles Amours*
-concert.
naert.
I), 8 h. — spectacig-
nc Bloch, Rosalba,
val, Maader, Strit. —
- L’Insaisissable, f
(2. — Madame Mal-
line. Mlles Angèle
[Grand championnat
f, 32 lutteurs, — Le
k soirs, à 8 h. 1/2,
— Tous les samedis.
ne 417-8), 8h.=
Marraine de Charley.
hampionnat mont*
[et fêtes, matinées
es les places. — Bals
5-27), 9 h. 1/2 — Le
Trois Mousmées. —
Bébé. -- La Garçon-
e Pigalle (téléphone
Hyspa, Moy, Barde*
otins, revue. M. Le
les Martyrs. — Un
| acte. — La Cour St
■le. MM. Dranem*
(ary. Mlles Claudia
atte, May, etc.
- Spectac e-concert
pectacle-concert.
1 e-concert.
Spectacle-concert.
oncert varié.
1 rue de la Pépinière,
rt. — Bloch, Fréjol,
uaix, Stoldy, Desty.
rande attraction.
boulevard de Stras-
icle varié. — Bdmée
h Bloch. Heurtine
ps-Elysées. — Seul
ge. — Piste circu-
avert tous les jour
à minuit.
, 2.1-8L), 8 h. 1/2. —
e et les Eléphants
mz. — Good Night,
ressé. — Mercredis,
fêtes, matinée à
ard Rochechouart
1/2. — Attractions
i lis, dimanches et
igitation. — Cinéma:
L Ouvert tous les
limauches.
L — Les Ducarre. —
Ile Grizolle. — Marie
icardo et ses chiens,
“roba. — Seegrist et
ms. — Dimanches,
à 1 b. 1/2.
nnement du tsar. —
dagascr, — Panto
rchestre de Dames
au Pôle Nord. — Lu
Jours, à 2 heures et
ferences. — Le so* r »
Nous eoBMnençoM “3. 2-5- r-
bica tion d’un nouveau feuilleton i .
LES AVENTURIERS
Ce roman «t'aventures, le plus po-
polaire du plus celebre roma ncier eh
langu e portugaise, eepe " —P2%
nassi onnera certainement nos lecteurs
etnos lectrices par l’énergique oppo-
sition des caractères, le dramatique
et l’imprévu des péripéties et des épi
sodes, et le pittoresque des tableaux au
milieu desquels se déroule une action
des plus pathétiques qui ne laisse pas
languir l’intérêt un seul instant
Le roman LES AVENTURIERS
a été traduit spécialement pour les
Droits de l’Homme par notre, collabo
râleur L. XAVIER RE BICABD.
Pour l’Action
Le gouvernement aurait-il fini par
comprendre quel rôle de dupe il jouait
en favorisant par sa faiblesse et son
inaction les menées de tous les enne
mis de la République ? La dernière
séance de la Chambre nous permet de
Yespérer. Mais qu’il était temps ! Cette
séance devait être décisive. C’en était
fait de la liberté, si le ministère, cé
dant encore à la peur, avait laissé dis- '
créditer la Chambre criminelle, der
nière sauvegarde de la justice. Il a
suffi au président du Conseil d’un
quart d’heure d’intelligence et d’éner
gie pour sauver la situation.
L’on s’étonne, cependant, qu’il ait
s’apercevoir qu’il agissait contre ses
propres intérêts, contre sa propre
ambition, qui est de gouverner. On
ne peut expliquer que par la plus
rare inconscience l’attitude qu'avaient
gardée jusqu’alors, en face d'un péril
qui les menaçait plus que personne, la
Chambre, le gouvernement, M. Félix
Faure et tous les pouvoirs de la
République.
N’était-il pas évident qu’en perdant
la République, ils se perdaient eux-
mêmes? Avaient-ils la naïveté de croire
qu’ils auraient bénéficié d’un complot
réactionnaire, d’un coup d’Etat mili
taire, s’il avait réussi? Ou bien s’aveu
glaient-ils au point de ne pas voir un
danger qui éclatait aux yeux des
moins avisés? M. Méline ou M. Félix
Faure, pour ne prendre que deux
exemples, s’imaginaient-ils, l’un qu’il
resterait président du conseil des mi
nistres, l'autre président de la Répu-
blique, si la reaction triomphait?
Il est bien certain, au contraire —
le plus vulgaire bon sens le démontre
— que si un roi, un empereur, un dic
tateur quelconque s’emparait du pou
voir, son premier soin serait de dé
barquer Félix Faure et ses ministres.
Expliquez-moi donc, je vous prie,
pourquoi ces gens-là se sont associés,
avec un entêtement prodigieux, à ce ux
gui ne désiraient qu’une chose : les
jeter par terre, le plus tôt possible?
Expliquez-moi comment il se fait que
«s hommes qui doivent tout à la Re-
Publique, qui ne subsistent que par
«le et qui tiennent à leur place, agis-
sent comme les pires ennemis de la
République, fassent tout ce qu’il est
necessaire pour hâter sa chute? Expli-
97-moi enfin ce qui s’est passé jus-
9ici dans ces étranges caboches de
pigeants et comment se peut conce-
voir un tel degré de stupidité?
a aut-il renoncer à faire comprendre
Sa» . Faure, par exemple, qu’en
pendant la République, c’est lui-
peme qu’il défendrait, et que nous
avons sauvé, malgré nous, en sau-
yant celle-ci ? Je dis malgré nous, car
® n est un personnage qui nous re-
Pugne, c’est bien lui. Quoi qu’il en
20t, il devrait nous baiser les mains.
Or, c ’est à Zurlinden qu’il s’allie J Le
tuvre homme! Après tout, peut-être
mal : « La France veut un roi ;
pourquoi ne serait-ce pas moi, aussi
pan qu’un autre? » Auquel cas, M.
TX Faure serait encore plus sot que
dous ne le supposions.
AM. Cavaignac, quel intérêt l’in-
naedagir comme il agit? N‘avait-il
partout à gagner au maintien de la
.Publique qui l’avait élevé aux plus
diceses situations, en depit de sa me-
tonrite? N avait-i pas, au contraire*
wïim Toquer avec un changement de
pre .On le dit très ambitieux. A
* forte raùwn, sa conduite nous
ist
RÉDACTION ET
deconcerte-t-elle. Ontfen peutattri- y TDDCC DAEO
buer les mobiles qu’a la plus rare inin-I LiDIL. i INEIO3
tlligence.obora -------pr
repaire que le régime actuel, bien à
tort d’ailleurs, avait comblé d’hon-
neurs? Quepouvait-il espérer en tra
hissant la République? Il n'est pas
douteux qu’un autre gouvernement se
fut delivre d'un individu aussi sus-
pect et aussi, dangereux..Lui aussi
n’avait qu’à perdre en s’alliant aux
adorateurs du sabre, aux traîtres et
aux bandits qui rêvent de s’emparer
delà France.
- La sottise seule explique ces incon
séquences et ces contradictions. C'est
à des imbéciles que nous avons à
faire ; et c’est à croire qu’une provi
dence bien inspirée n’a fait naître
l’affaire Dreyfus que pour leur donner,
l’occasion de se désigner eux-mêmes
et nous permettre de nous en débar
rasser.
Il n’y aurait qu’une circonstance
atténuante en leur faveur, malheureu
sement inadmissible. Ce serait un
aveuglement tel qu’ils n’auraient pas
vu le complot qui se trame ouverte
ment contre la République et dont M.
Cavaignac, avec une naïve audace, a
attesté l’existence, dans la dernière
séance de la Chambre, en déclarant
qu’il avait eu communication du rap
port du capitaine Erqu, lequel avait
été chargé par Zurlinden de mouchar-
der les magistrats de la Cour suprême.
Il est avéré aujourd’hui qu’une en
tente secrète existait entre le gouver
neur de Paris, M. Cavaignac et Ques.-
nay de Beaurepaire, dans le but de
disqualifier la Chambre criminelle et
de frapper d’inanité son enquête.
La manœuvre était par trop gros
sière; elle a échoué. Mais la Chambre
des députés persistera-t-elle dans les
bonnes intentions que son dernier vote
a paru indiquer? Ne nous pressons
pas trop de la complimenter ni de
chanter victoire. Avec une telle Cham-
dire à toutes les défections et à toutes
les lâchetés. Nous serions perdus, si
nous désarmions un seul instant. C’est,
au contraire, à une action plus vigou-
reuse que jamais qu’il nous faut pré
parer. Il est bien évident que les mal
faiteurs ne se laisseront pas étrangler
sans une résistance désespérée. Comme
l’écrivait Zola dans sa dernière lettre :
« A la veille même de l’acquittement
de Dreyfus, nous verrons encore quel
que tentative imbécile et monstrueuse.»
Ils sont les plus nombreux et les plus
forts ; ils sont l’armée ou plutôt les
grands chefs, le gouvernement mili
taire de Paris, le cléricalisme, les jour
naux à fort tirage, la foule ignorante
et abusée, toutes les puissances coa
lisées et organisées de la réaction. Et
vous voudriez qu’ils abandonnassent
bénévolement le champ de bataille à
la poignée d’hommes résolus que
nous sommes. N‘y comptez pas. Le
coup Quesnay nous a prouvé qu’ils
n’hériteront pas à recourir aux plus
abominables manœuvres. Celle-là n’a
pas réussi; ils en préparent d’au-
très, et, au besoin* c’est le coup d’Etat
qu’ils tenteront, à moins que* plus
criminellement encore, ils ne préfè
rent nous précipiter dans une guerre
étrangère, pour faire diversion aux
événements. C’est qu’ils savent que la
défaite serait pour eux la ruine et le
déshonneur. Et les gens ne se laissent
pas déshonorer ainsi, surtout lors
qu’ils sont le nombre et la force.
Je voudrais que, de notre côté, nous
commencions à nous organiser sérieu
sement, pour parer à toute éventua
lité. Il serait temps d’y songer. Je crois
qu’il serait possible de constituer dans
chaque arrondissement, dans chaque
quartier de Paris, un comité, une li-
gue d’action républicaine, prête à op
poser une résistance acharnée à toute
tentative criminelle. Cela, sans doute,
serait insuffisant contre des bataillons
disciplinés ; mais en nous voyant si
bien décidés à nous défendre, on hési
terait à nous attaquer.
PAUL BRULAT.
URB DEMAIN
LÉOPOLD LACOUR
AVIS A NOS ABONNES
Ceux de nos souscripteurs dont l'abon
nement expire le 15 sont priés de vouloir
bien le renouveler dès à présent* pour
éviier tout retard dans la réception du
journal.
Le meilleur mode de renouvellement
est l'envoi (fan mandat sur la poste, Cet
envoi doit être accompagné de luns des
derniéret baudet du journal»
consunvarien
La belle pièce de M.Pouvilion, le Roi de,
Rome. qu’on joue au Nouveau-Théâtre, m’a
amené à lire. Je volumineux ouvrage qu’un
historien fort érudit, M. Welschinger, a étrit
sur la vie, les espérances, les ambitions, les
tortures desprit, les $ inquictudes;les • vicis
situdes de ce jeune homme dont la destinée
est une des plus malheureuses qui se soient
vues. Il était né victime. Il a paye pour les
fautes de son père. Et la fatalité s’était plu
à lui donner une âme ardente afin qu’il
sentît plus douloureusement la misère mo
rale de sa condition.
M. Pouvillon est un optimiste. Il ne veut
pas croire à la fatalité. C’est dommage.
Car s’il y avait cru, tout au moins le temps
qu’il écrivait sa pièce, il aurait plané sur les
essais de révolte et d’évasion du jeune roi
de Rome une idée de châtiment inévitable
qui aurait tendu au-dessus de ces péripéties
dramatiques comme un ciel de grandeur. Un
dieu aurait présidé à ces ébats inutiles d'un
adolescent déjà blessé à mort. Et pour les
spectateurs qui ne voient pas plus loin que
le roi de Rome* l’idée expiatoire aurait
élargi leur pensée jusqu’en deçà el au delà
de sa naissance et de sa mort.
Ce fut une inconséquence de Napoléon, alors
qu’il incarnait le génie actif de la Révolu
tion* de ne pas maintenir dans ses conquêtes
le principe des nationalités que la Révolution
avait proclamé et qui faisait, en somme*
toute la 'philosophie 5 de sa politique exté
rieure. Que la Révolution devint conqué
rante, c’était bien. Elle ne pouvait pas ne
pas l’être. Les rois ennemis lui en faisaient
obligation. Et qyand on a lu le livre pas-
né de Jérôme Bonaparte: Napoléon et
ses détracteurs, on se persuade que Napo
léon, chaque fois qu’il déclarait la guerre, ne'
faisait guère que prévenir ses ennemie.
Plût au ciel qu’il eût été toujours fidèle à
cette conduite brutale! Il n’aurait pas cru
à l’amitié de l’empereur d’Autriche. Lui
u’on nous a peint comme n’attendant rien
es hommes hors de leur intérêt ou de
une
sionné de Jerome
3 , 2 s b 6 ■ si ’ ’ ■ ’ ’
DE L’HOMME
at
==ee
smmeimioisns
■
Joseph Reinach n’a enlintention d’attaquer." dir le Crt de
la veuve et l’enfant du colonel Henry* et, culitrement.
pece de «WH* puisque cest unecondition
precise, requise par la Toi de.1001, pour
constituerle fait de diffamation: • :
Alors c’est la Cour d’assisesoui devient in-
compétente* car c’est la qualité des heri-
tien, seuls protégés par la loi, et non Celle
du diffame qui fixe le cheis de tt juridic-
tion = an l’espèce le tribunal correction-
nel, puisque les héritiers Henry sont d*
simples particuliers.
Toutes ces considérations, qui ont déjà
été consacrées par le jugement -du tribunal
correctionnel dans l’affaire Zola, contre
Judet, nous croyons savoir que l'avocat
général Lombard les reprendra pour son
compte, à l’audience du 97 janvier pro
chain. Il compte demander à la Cour d’as-
sises de se déclarer incompétente.
L’arrêt qui interviendra pourra être atta
qué en cassation par toutes les parties-; de
telle sorte qne l'on peut dès,à présent* pré
voir et prédire que les débats si bruyam
ment annoncés se réduiront à une contro
verse de droit qui n’interessers que les
initiés* et où réciproquement les adver-
versaires, avocat général et défenseurs, se
bombarderont à coups de Barbier* de Fa-
breguettes et de Dalloz, sans souffler mot
de la grande affaire !
Maître JACQUES.
ÉCHOS
M. PÀLÊOLOGUE
de si près, et qui avaient en 1884 annoncé la
résence d’un M. Corbillard aux obsèques de
ambetta, ont signalé hier l’audition par la
Cour de cassation d’un M. Maurice, éminent
paUologue. *1
Et voila. C’est très simple. :
Le Pirée pour un homme. - .
leur vanité, il a la naïveté de se confier en:
la solidité d’un lien de famille que la poli
tique a noué et que la politique donc peut
défaire. Il prend au sérieux sa nouvelle fa-
mille. Et jusqu’au dernier moment il se cram-
ponne à l’espoir qu’un beau-pere ne voudra
pas la ruine de son gendre. Il ne se rendait
pas compte que pour l’empereur d’Autriche,
pour sa femme elle-même, il n’était et il ne
serait jamais qu'un aventurier, qu'un par
venu. Et plus de génie il aurait déployé, plus
ils auraient été fermes à le tenir pour un par
venu; car cette opinion méprisante, n’etait-
ce pas la seule ressource qu’eut leur amour-
propre de prendre une revanche sur sa
supériorité?
Et ce fut la seconde inconséquence de
Napoléon. C’est une illusion de quiconque
est monté de très bas très haut à coups de
talent ou de génie de chercher à se faire ac
cepter jusqu’au fond du cœur par ceux que
la hiérarchie sociale avait placés d’abord
au-dessus. Napoléon dès qu’il cesse de
cravacher les rois, de les déposer* de les
jeter en prison* de tes fusiller, c’en est
fait «te lui. 11 ne restera leur maître qu’en
restant leur ennemi. En prenant pour
femme une archiduchesse d’Autriche au
lieu d’une brave fille quelconque de France*
Napoléon se démentait ; de meme qu’en ne
rendant pas, pour complaire au tsar Alexan
dre, l’indépendance à la Pologne libérée* il
rompait avec de principe même de la Révo-
lution.
Tout cela, c’est pour en venir à dire qu’un
régime politique quelconque doit se con-
naitre, savoir de quelles aspirations il est né, '
lesprit même de son origine, afin d’y con- i
former ses actes. Du jour où il se contredit
lui-même* il est perdu. On n’aperçoit de
loin qu'une victime* le roi de Rome* à raison
du socle sur lequel il est élevé. Mais qu’il y i
en a d’autres I Notre République* à nous,
c’est par opposition à l’Empire qu’elle a été
créée, n’est-il pas vrai? C’est donc pour i
qu’en elle te civil y tienne le militaire dans
une sage dépendance? Républicain donc '
qui se prononce pour la justice civile* réac- ;
tionnaire qui tient pour la justice militaire.
Il n’y a pas à sortir de là.
ÉDOUARD CONTE.
LE PROCES REINACH-HENRY
Dès le premier jour, nous avons estimé
que le procès; en Cour d'assises, intenté par
les conseils de Mme veuve Henry à M. Jo-
seph Reinach, ne pouvait pas tenir au point
de vue juridique. ',
Nous le regrettions également, persuadés
Sue de ces nouveaux débats il en sortirait
es éléments intéressants contre les parti
sans du mensonge et de l’injustice.
Mais la loi est là, et son texte ne nous
parait pas pouvoir prêter à l'équivoque.
Il est, en effet, une vérité reconnue de
tous les auteurs, c’est que la loi de 1881 a
supprimé la diffamation envers les morts.
Elle a voulu laisser les jugements de l’his-
toire se prononcer en toute sécurité et en
toute liberté.
Dans un seul cas, cependant* elle a fait
exception : lorsque la diffamation pos-
thume a pour but de causer un préjudice
aux héritiers vivants du diffamé. Cesainsi
que Judet fut condamné par la police cor-
rec tionnelle pour avoir outrage un mort*
le père d'Emile Zola, mais avec l'intention
avouée d'atteindre le puissant auteur de
« J’accuse! »
Dans Vespèce actuelle, il n'y a qu'a ap
pliquer ces principes. Tout Tabord, #
nu .
Hye
Picquart
aujourd'hui
2211 ■ :
ta ===========9=== “heran"
Las Officiers Francs-Maçuus
Q. DE Braungrame. — Ne Me insultez pas ?i
to nde ganarade ? ie me charge deks.
Le (maçon. —• Et ta auras raison, Lucie.
Q. M BEAUREPAIRE (aneç sa geste noble). —
k servent des grogs, je sers la France I (A .
’ ^T CBTTB LJGÜE . .
Vous savez qu’un énergumêne navré de ne
rien être». le petit Monteil, a fondé une ligue ’
dite • de la Défense nationale ».
Que diable est-elle donc devenue?
Comme toutes les entreprises de Monteil,
elle a dû rester en route.
D ailleurs quand on asseoit en groupement
sur des Millevoye, des Barrés et autres far
ceurs, tout dégringole.
Regulescas tn pdee.
CHOSE VUE
Hier à la Chambre criminelle de la Cour
de cassation, il était curieux de voir la phy
sionomie des juges lisant Y Officiel où étaient
relatés les débats de la veille à la Chambre.
Une expression singulière de mépris se
montrait après que chacun avait fini sa lec
ture.
A qui allait ce mépris?
A Millevoye... Non. On n‘a pas coutume
«te mépriser les morts.
A Quesnay, l’ambitieux déçu ?
Peut-être 1
LA WA DUN HOMME
Despréaux, auteur dramatique, né en 1747,
mort en 1820 et qui fut, sous l'Empire, direc
teur de lOpera et • professeur de grâces • au
Conservatoire et • répétiteur » des cérémo-
céremo-
nies de la Cour, rima la balançoire suivante :
L’homme dont la via entier*
Est de quatre-vingt-quinze ans, •
On •• souvient de la punition discipli-
naire rigoureuse qui frappa récemment
deux officiers et deux sous-officiers d’Avi-
gnon, — notamment le capitaine Pasquier,
officier du plus grand mérite* — pour
avoir ascfate au banquet de la loge ma
çonnique de cette région. M. de Freycinet*
ministre de la guerre* auprès de qui une
démarche fut faite par M. Michel, député,
et quelques-uns de ses collègues* promit
d’ordonner une enquête, excipant d’une
circulaire sybilline ou il r e connai s s ai t na-
guère aux officiers le droit d’appartenir à
la franc-maçonnerie, à la condition qu'ils
évitassent de fournir le moindre prétexte à
des polémiques de parti.
Où en est cette enquête? Nous l’ignorons.
Les officiers punis n'en ont pas moins subi
trente jours d’arrêts, cependant que quatre
jours d’arrêts seulement furent infligés
aux galonnés supérieurs coupables d’avoir
souscrit aux fameuses listes destinées à
glorifier le faussaire Henry ! Et les officiers
cléricaux fréquentant messes et vêpres
continuent de bénéficier de toutes tes fa
veurs de l’avancement* cependant que les
officiers républicains, francs-maçons* de
meurent frappés de disgrâce I
La Loge maçonnique le Lien des Peuples
et les Bienfaiteurs réunis, de Paris, réunie
dans sa dernière tenue solennelle* a cru
devoir protester contre cet acte d’arbitraire
un votant à l'unanimité l’ordre du jour
suivant, que nous nous empressons de pu
blier :
Considérant que malgré la circulaire concer
nant la liberté, pour les militaires, de faire
partie delà franc-maçonnerie, M. de Freycinet,
ministre de la guerre, a laisse subsister les pa
nifions disciplinaires infligées à certains offi
ciers et soldats faisant partie de cette asso
ciation ;
Qu’en sa qualité de ehef de l’armée, son pre
mier devoir était non pas de rappeler cette
circulaire, mais bien de faire cesser l’effet du
ces punitions infligées ata mipris d'ordres
donnés d’une façon formelle ;
Qu'en tolérant de pareils actes d’indisci
pline de la part des hauts galonnés, il encou-
rage Parbitraire le plus revoltant, arbitraire
qui est un audacieux défi à l’exercice du droit
absolu de penser, droit reconnu et proclamé
par la grande Révolution ;
Qu’en agissant ainsi, le ministre de la guerre
s'est rendu complice de ces actes et a montré
une faiblesse coupable qui ne peut que forti
fier l’esprit de cléricalisme déjà si ancré dans
le haut commandement, au grand dommage
du progrès'de l’idée d’émancipation ;
Que pareils actes, s’ils se multipliaient, Dons
mèneraient directement à la dictature mili
taire, à la tyrannie de l’armée prétorienne et
à la mine de la République ;
Considérant que ne pas sévir contre de pa
reils abus d’autorité qui constituent la plus
flagrante indiscipline, c’est abdiquer toute
autorité contre les Jésuites d’épée :
Blâme énergiquement le ministre de la
guerre et on appelle au pays républicain, sou
cieux de respecter ses gloricusea traditions de.
tolérance philosophique.
Nous n'ajouterons qu’un mot* pour feli-
citer la loge le Lien des Peuples et les
Bienfaiteurs réunis du cette courageuse
initiative et pour souhaiter que cette pro-
testation devienne générale dans le sein de
la franc-maconnerie française. Toutes les
loges, tous les francs-maçons doivent se
solidariser dans cette manifestation de
légitime indignation.
IARCEL HUARY.
VNM “2999 RU 1U 99 ““ &VS-.S.
Le GARCON.— Damé... On s’entend si bien
tous les deux. :al
: Q. de BEAUREPAIRE (méditànl). — Si je pou
vais maintenant foire jaser la cuisinière de 5
LowI
G. TIMMORY.
LES AVEUX BU HW.»»
Esterhaxy vient enfin d’avouer qu'il livrait
des documents à M. de Schwartzkoppen.
Sur ce point* par conséquent, les affir
mations répétées des accusateurs du Hulan
se trouvent confirmées par le Hulan lui-
même.
C’est une constatation qui a son prix et
qui doit singulièrement éclairer la religion
des esprits indécis.
Il est vrai que le ■ brave commandant »
invoque pour diminuer la portée de cet
aveu trois arguments qui lui paraissent
décisifs :
1* II n’était entré au service de M. de
Schwarrkoppen qu’à l’instigation du colo
nel Sandherr, l’ancien chef du bureau des
renseignements aujourd’hui décédé;
29 il ne livrait des documents à N. de
Schwarzkoppen que pour obtenir des ren- *
seignements intéressants;
30 il a collaboré ainsi à faire découvrir
la • trahison « de Dreyfus.
Le malheur est que le nomdEsterhazy ne
figure dans les archives de l’Etat-Major, ni
sur la liste des officiers chargés de mis
sion, ni sur la liste des agents;
Sans cela, du reste, le général Billot, le
général de Boisdeffre et le général Gonse
eussent, dès la découverte du « Petit Bleu »,
dent que le colonel Sandherr ne se serait
pas avisé de confier à un officier une mis-
sion aussi délicate sans en aviser ses
Chefs.
Et puis* comment admettre qu’on ait
livré des « documents » pour obtenir des
« renseignements »?
L’« amorçage » consiste à livrer des «do
cuments ■ pour obtenir «les « documents ».
Il ne consiste pas à donner des • pièces •
pour obtenir des paroles en l’air.
Quant à la participation d’Esterhazy à la
découverte du prétendu crime de Dreyfus*
il suffit de lire la lettre du général Zurlin-
den à M. Sarrien pour être édifié à cet
égard.
. Le général Zurlinden déclare* en effet,
que c’est le bordereau, et le bordereau seul*
qui a fait porter les soupçons sur le pri
sonnier «to nie du Diable.
... Les raisons qu’invoque Esterhazy pour
justifier ses relations avee M. de Schwartz-
koppen, tombent donc d'elles-mêmes.
Une seule chose reste : c’est l’aveu de ces
relations.
Au publie de juger.
H. DRÉ AN.
LA REVISION
Proces, voyages, accidents,
Au moins un quart de la vie.
C’est encore deux fois douas au. • •
Par jour deux heures d’études
Ou de travaux, font huit ans. ,333.35
Noirs chagrins* inquiétudes.
Pour le double font seize ans • % i 1 . • 7
Pour affaires qu’on projette,
Demi-heure* encore deux ans - 6 66 9* •
Cinq quarts d’heure de toilette.
Barbe et cotera, cinq ans 7 V • •
Par jour, pour manger et boire.
Deux heures font bien huit ans .2.2..
Cala porte le mémoire
Juste à quatre-vingt-quinze sas. 3.s.%
Au total, en cette affaire.
Par jourrhomme a sur terre
8
portière Q. de Beaurepaire, on a plus d’un
quart d’heure du bon tempe.
DÊMÊRAGBMEHT
M. Brisson, "honorable député de Paris,
quitte son petit appartement de la rue Maza
gran qu’il habitait depuis près de quarante
ans.
Il ne déserte toutefois pas Tarrondisse-
"Irwa Finsaller rue de Chabrol, près de la
rue Lafayette.
A TOI VAUGBLAS
Une phrase de M. Ch. Roger, qui donne
un croc-en-jambe à la grammaire :
• Enfin, une association de bons citoyens,
la Ligue de la « Patrie française », prouve par
ses copieuses listes d’adhérents que les «intel-
ectuels», les vrais, c'est-à-dire les hommes
intelligents— que la Ligue des bouts-coupés
de Traricus en montre autant I—sont du cot
de l’honnêteté et du bon sens contre la canail-
lerie et la mauvaise foi. •
Ab! cette Ligue 1 Si M. Roger en est, c'est
assurément qu'on n’exige pas l’orthographe.
ONE CARTE
Parmi les cartes de visite envoyées an co-
SCENES A FAIRE
RODE ET PLONEAU
Quelques jours avant la démission de Quesnay
de Beaurepaire. La salle où la chambre cn-
minelle de la Cour de cassation tient ses au
diences. Un garçon promène sur les meubles
m» plumeau indolent. Quesnay de Beauro-
Q. dk BEAUREPAIRE H mi-voix au garçon).—
Rien de nouveau ?
LE GARÇON (après avoir dépose son plumeau).
. Tm fouille les pardessus, j’ai écouté aux
portes. Rien. Mais tout de même, croyez-
vous que nous les tenions, monsieur le Prési
dent?
— J’ai fouillé
Q. de BEAUREPAIRE. — Nous sommes dans
Fintimité : appelle-moi Lucie.
Le GARÇON. — Monsieur le Président est
trop bon... -
Q. dk BEAUREPAIRE. — N’es-tu pas un an-
cien soldat comme moi ?
Le GARÇON. — J’ai été réformé, monsieur le
Président, mais c’est une raison de plus pour
défendre svec acharnement l’honneur de l'ar
mée, et je vous appellerai Lucie, pour ne pas
vous désobéir. (Une pause, puis s’enhardis
sant.) Eh I bien, Lucie* comment ça va-t-il ?
Q. de Beaurepaire. — Très bien! sans ton
secours, j’étais incapable d'écrire mon article.
Le Garçon. — Alors tu racontes l’histoire
du grog?
Q. de Beaurepaire. — Naturellement. Le
grog est un document de la plus haute impor-
ance! 5-,
Le Garçon (très fier). — Je l avais bien de
viné. Tu sais, Lucie, que je lis la Patrie tous
les jours : voilà un ’ journal qui vous rend
connaisseur en documents I
Q. de Beaurepaire. — Oui, c'est de la
bonne littérature. Mais donne-moi encore
quelques détails sur ce grog; il ne faut rien
n ég li ge r pour sauver la France ! — Combien
Picquart a-t-il pris de morceaux de sucre ?
Le Garçon. — Deux.
Q. de Beaurepaire (indigné). — Femme
lette ! — Et combien a-t-on versé de cuille
rées de cognac ?
LE Garçon. — Cinq.
(.Q.DE Beaurepaire (ptémejeu). — Ivrogne I
— On n’a rien mis d’autre dans le gr0R?
L’TnouET K B. MAZEAU
‘ Contrairement à ce qui avait été dit tout
d’abord, les deux magistrats, qui coopére
ront avec M. Maxsau au supplément d’en
quête demandé par la Chambre. seront les ‘
deux plus anciens membres de la chambre
civile* c’est-à-dire venant après ceux qui
ont siégé dans la commission consul-
tative.
MM. Voisin et Dareste ont accepté cette
mission.
met m ra PAS FAIT DAVEUX
Le capitaine Lebrun Renault a fait les con-
fidences à un journal du soir, qui publie
de lui une interview. Mais le capitaine
Lebrun-Renault est encore en activité de
service : ne fait-H donc plus partie de la
« Grande Muette »?
Quoi qu’il en soit, le capitaine Lebrun-
Renault a rapporté ainsi les paroles que
Dreyfus lui aurait dites :
Le ministre sait bien que je suis innocent ; .
Il sait aussi, puisqu’il me l’a fait dire par le
commandant du Paty de Oam, que si j'ai livré •
des documents, c’était pour en avoir de plus
importants. On reconnaîtra mon innocence
dans trois ans.
Or, voici ce que Dreyfus prétend avoir
dit : '
rai dit :
• Le ministre sait bien que je suis innocent :
il m’a envoyé du Paty de Clam pour me de
mander si je n’avais pas livré des documenta
pour en avoir d’autres, et j’ai répondu que je
n'avais jamais rien livré. •
Le démenti formel do Dreyfus prouve
que la mémoire du capitaine Lebrun-Re
nault l’a bien mal servi en cette circons
tance.
• LES DessOUs K LAFFAINE DnEVFUS •
Sous ce titre vient de paraître la seconde
brochure d’Esterhazy.
Selon Esterhazy, rien n’est plus simple à
résoudre que le problème dont la solution
cause au pays une si grande anxiété. Il
sait, lui* que Dreyfus est coupable, non
seulement de trahison, mais encore d'as
sassinat, de vol et de bien d’autres choses.
Il sait ce que tout le monde ignore* et cela*
parce qu’il a travaillé dans les bureaux do .
I’Etat Major on, du reste, iljparaît coriain
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