Titre : Les Droits de l'homme / fondateur Henri Deloncle
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1899-01-12
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32759074m
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Description : 12 janvier 1899 12 janvier 1899
Description : 1899/01/12 (A2,N365). 1899/01/12 (A2,N365).
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k6817547q
Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, GR FOL-LC2-5700
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 02/05/2016
DEUXIEME AuuEE - r w»
JCVM 12 JANVIER 1833 <
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le feu qui a, ce-
pavillon en bois
[mètres.
Ire évacués sans
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ésordres
ano Régis à Alger
ix troubles.
s avons publiée
a raconté l'alter-
entre Massimi-
pec, rédacteur au
d'Alger, les faits
ant en face de M.
en ces termes :
i un coup d’épée.
Une correction i
luite. «
1 parole, M. Max
[s’avança vers M.
h avant pour le
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commissariat de
et le prisonnier
xil du Casino que
Talhouidec et le
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[atteignit au front
I Le croyant mort,
fuite pendant que
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issement.
nue la responsabi-
Me. La coupe, qui
ng français coule,
aussi que M. De-
ournal VAntijuif,
ibaude, l’ancienne
[ant la représen-
ia et la souffleta
de sa part. Mme
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50
50
50
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112 50
LES DROITS DE L'HOMME
CANGER:
TRIBUNE
US H PAROLES
Deux hommes ont parié hier à la
France et au monde : M.Quesnayde
Beaurepaire, reporter à l’Echo de Pa
ris, et Alfred Dreyfus, forçat.
Tous deux, l’un par goût pour la
maculature et la copie bien payée,
l’autre par nécessité, ont eu recours à
l’intermédiaire de la presse et donné à
leur pensée un tour romanesque ou
précis, selon leur âme et leur situa**
tion. Ils ont dit, prolixe et bref, leur
mot sur l’Affaire; et comme il advient
souvent, Alfred Dreyfus, debutant
dans des circonstances difficiles, s’est
montré tout de suite supérieur à M.
de Beaurepaire qui depuis bientôt
trente-trois ans — il publia en 1866
son premier livre de pornographie,
Histoires du vieux temps — s’est ac
quis tant de titres incontestables au
renom d’écrivain diffus et bafouil-
leur.
Rien n'est plus bas et plus ridicule
que les racontars d’officerecueillispar
cet ancien président de la Cour civile
qui avait coutume d’écouter auxportes
et, tel Arthur Meyer à son entrée dans
le demi-monde, d’interroger les do
mestiques sur les faits et propos de
leurs maîtres.
Il avait su que les juges de la Cour
criminelle ne se contentaient pas de la
parole d’honneur des généraux, ni des
affirmations de Godefroy Cavaignac,
et que, pendant quinze jours, le lieu
tenant-colonel Picquart avait pu op
poser aux mensonges des grands em
panachés son témoignage véridique.
Collaborateur d’abord voilé et béné
vole des journaux intéressés à perpé
tuer la honteuse suprématie de
l’Etat-Major sur la vérité, il résolut
de prononcer des phrases retentis
santes et d’infirmer, par la vertu de
ses sottises, l’arrêt prochain qui va
libérer toutes les consciences et res
taurer, après des luttes tragiques, la
justice violée et le droit aboli.
Comme il ignorait ou feignait d’igno
rer l’œuvre réelle de ses collègues et
qu'il lui était impossible de renseigner
k public sur l’enquête en elle-même,
il assuma volontiers le rôle de mou
chard et prépara un rapport de po
lice sur le dosage en alcool et la tem
pérature des grogs mis à la disposi
tion des témoins fatigués et souffrants
de la grippe.
Que Mercier ait commis une forfai
ture, qu’Henry ait fabriqué des faux
et se soit coupé la gorge, qu’Esterhazy
soit l’auteur du bordereau, il n’en
avait cure. Aussi bien ce sont là de
menus événements qui contribuent à
peine à établir la vérité. Mais l’opi
nion des municipaux de service sur
ce qui se passe derrière la porte close
de la chambre où siègent les conseil
lers à la cour criminelle, leur mau
vaise humeur contre des hommes qui
écoutent attentivement un témoin,
fut-il prisonnier, voilà qui ét a it à son
gré d’une extrême importance.
Du jour où il apprit qu’un garde
républicain, invité à préparer un grog
pour Picquart, s’était écrié avec indi
gnation : Ah! on n’en fait pas autant
pour nos généraux 1 Nos généraux, ce
b est rien ! il n’y en a que pour leur
ncquart! Préparer un grog? j’aime-
rais mieux lui donner un vomitif ! »
“beauté rude et la franchise gros-
sere de cette apostrophe, grâce à lui
—storique, le frappa aussitôt, et, par
"I raisonnement d’une puissante lo-
gique qu’envierait M. Ferdinand Bru-
netiere lui-même, il en déduisit que
Dreyfus était coupable.
Dès lors il se prépara à sauver son
pays. Il ne s’agissait plus que de né-
Sorier au meilleur prix le placement
“i l interview. Après quelques hèsi-
“ions, sollicité par le Petit Journal,!^
—ore Parole, le Gaulois et Vlntransi-
^nt de son vieil ami Rochefort, M.
Auesnay de Beaurepaire se décida
POur l'Echo de Paris, feuille à soldats.
Mais à peine avait-il publié sa lettre
mepte au président Mazeau, ornée de
commentaires absurdes, la réponse
venue de l’Ile du Diable.
a voix de Dreyfus, bâillonné de-
Ps quatre ans, s’est fait entendre à
nvers l’espace. Nous n’attendions
8 sans angoisse les premières paro-
" directes du mort vivant, enfin
suscité. Après tant de jours de
agure et de silence, tant d’heures
ste uses sous le lourd soleil, dans la
hide hallucinante, le malheureux
i t
?
-
RÉDACTION ET^ ADMINISTRATION
142 — Rue Montmartre — 142
avait-il gardé intact le souvenir du
dernier cri d’innocence jeté par lui
avant la parade infâme? Comment
interrogé par le magistrat de Cayenne :
ressaisirait-il la mémoire des syllabes
anciennes, leur sens, l’intonation
d’autrefois?
- Le communiqué officiel suffit à dé
truire la légende des aveux. La raison
de l’homme innocenta résisté à toutes
les épreuves de la douleur morale et
physique, à toutes les souffrances
infligées par les tortionnaires depuis
Du Paty de Clam jusqu’à Lebon.
Et la parole d’Alfred Dreyfus, forçat,
dans sa concision loyale, prévaut
aujourd’hui sur la parole de M. Ques-
nay de Beaurepaire, magistrat préva
ricateur en rupture de vérité.
PIERRE QUILLARD
URE DEMAIN
PIERRE BERTRAND
AU FATS DE LA
FRANCE AUX FRANÇAIS
Excellentes les nouvelles qui nous arri
vent d'Algérie et c'est pour tous une vraie
bénédiction qu'el senor Edoardo Dru-
montos ait été éludiputato d’Argel.
Hier, Enrico Marseti ayant rencontré,
près du port, Ludovico Tatri lui a tiré à
bout portant trois coups de revolver.
Presque à la même minute, au quartier
drs Mauresques, Paolo Rossi aborda
Pietro Angelico et le larda de coups de
poignard. Quelques incidents se sont
aussi produits à la Kasbah : Cristoforo
Repurgi et Marco Angelico ont assommé
à coups de matraques Giorgio Mara-
breta ; Rinaldo Morpurgos a, d’un coup
de ciseau à froid, ouvert le ventre à Cris-
tobal Papadopoulo. Il en est résulté une
petite échauffourée où une fille Fat ma
eut les yeux crevés et où le jeune Ninas
Asparcara fut décapité d'un coup de
sabre. En ville, dans l'après-midi, une
bande de portefaix maltais a écartelé
trois femmes qui descendaient d’un
tramway et quelques Espagnols ont mis
le feu à trois magasins de nouveautés et
à un dépôt de produits chimiques.
Rien cependant n'eût troublé l'ordre,
si la police ne fût intervenue mal à pro
pos. Le gouverneur, qui se croit tout per
mis, jugea bon Renvoyer une douzaine
d? agents séparer deux bandes de Grecs
et de Bédouins qui s'exterminaient dans
un bazar au pillage. Les Algériens, qui
n'ont pas la docilité moutonnière des
Parisiens avachis, reçurent fort mal les
policiers et, après en avoir démoli quel
ques-uns,ramenèrent les autres au poste,
à coups de triques. Cette exécution
calma un peu les esprits qui déjà com
mençaient à s'échauffer et dans la
soirée on n'a plus eu à enregistrer
qu'une tentative d'assassinat au bureau
de la douane, l'explosion d'une bombe à
la banque d’ Algérie, une rixe à coups de
couteaux dans la rue Bab-el-Azoun et le
lancement dans la mer d'un omnibus
plein de voyageurs.
Quant aux vols avec effraction, enva
hissements nocturnes de maisons habitées,
enlèvement de caisses et de coffres-forts,
défonce me nts de boutiques et pillages de
magasins, la police n'en ayant pas fait le
relevé on n'en connaît encore le nombre;
on sait seulement qu'aucun de ces événe
ments n'a troublé la tranquillité publi
que. Quant aux Arabes, bien qu'ils soient
maintenant fort pourvus d* armes et de
munitions, on ne les a vus manifester au
cun signe d impatience et l on peut affir
mer qu'ils n'ont encore assassiné et pille
que des Juifs : ils se sont bornés à se faire
la main.
Ce qu'on raconte des desordres, émeu
tes et révolutions, qu'a provoqués en Al
gérie el senor Edoardo Drumontos, dspu-
tato d'Argel, est donc pure calomnie :
tout prospère dans la paix au pays de la
France aux Français,
LE DÉSARROI PHILOSOPHIQUE
ET RELIGIEUX
L’un des principaux interprétas de la
pensée catholique, M. George Fonsegrive,
directeur de la Quinzaine, écrit les lignes
suivantes au cours d’une étude sur la Crise
du libéraiûme :
.. • Le monde est en travail d’une doctrine
nouvelle de la raison, d’une doctrine philo
sophique du droit. Et cela ne veut pas dire
ue cette doctrine, pour être nouvelle,
oive nécessairement contredire en ses ré
sultats derniers lès enseignements anciens
et traditionnels; cela veut simplement dire
qu’elle devra tenir compte de toutes les
réflexions de la pensée moderne, de toutes
les acquisitions delà science, de tous tes ré
sultats de la critique, de tous les enseigne-
mente de l’histoire. Nous nous trouvons à
cette heure dans un état provisoire et iné
vitablement anarchique. Nulle doctrine in
tégrale ne pourrait par la force s’imposer à
l’assentiment social sans risquer de sou
lever les guerres civiles et on n‘a pas le droit
sous un prétexte d’ordre et de paix de
n’aboutir qu’au désordre et à la guerre. »
Ce dernier alinéa renferme implicite
ment la condamnation de l’antisémitisme.
Or on sait (d’après les extraits que j’ai
donnés récemment dans ce journal) que
l’un des principaux rédacteurs de l'Asso
ciation catholique, M. La Tour-Du-Pin-
Chambly, a essayé d'établir une justifica
tion doctrinale de l’antisémitisme, justifi
cation dont j’ai démontré, du reste, l’ab
surdité. Voilà donc une première contra
diction de principe entre deux notoires et
fervents catholiques.
En voici une autre : il est impossible de
ne pas apercevoir dans le fragment — cité
plus haut — de l’étude de M. Fonsegrive,
une manifestation évidente et inattendue
d'une sorte de libéralisme religieux.
« Exigeons l’obéissance commune aux
indispensables lois, dit encore M. Fonse
grive, respectons les autorités et la division
du travail, respectons dans les choses lais
sées libres par la loi les manifestations de
la pensée d’autrui, sachons inspirer et au
besoin imposer le respect de notrepensée.»
Voilà du libéralisme.
Or, l’étude consacrée par l’auteur à la
crise du libéralisme est un procès catégo
rique de tous les libéralismes, y compris le
libéralisme religieux, explicitement.
Donc : 1® Divergence de vue absolue — et
sur une question très grave — entre deux
catholiques notoires et influents.
2® Contradiction manifeste d’un catho
lique avec ses propres pensées.
Nous comprenons que M. Fonsegrive
déclare: «Nous nous trouvons dans un état
inévitablement anarchique. -
Mais c’est de l’église et de ses défenseurs
qu’il convient surtout de le proclamer.
HENRI PAGAN.
• ------
FRANCE...
MISTRAL B T L’ « AFFAIRE »
Le bon poète Mistral, invité p r ses amis
à adhérer à la Ligue de la Patrie française^
a répondu par une lettre curieuse, dont
voici les dernières lignes *.
« Mais comme rien n’est inutile, pas
même les épreuves, j’espère bien que du
péril que nous côtoyons aujourd’hui sur
gira l’émancipation de ces forces provin
ciales qui surent, en des temps plus tristes
que les nôtres, secouer avec Jeanne d'Arc
l’invasion anglo-saxonne et avec les Pro
vençaux, celle de Charles-Quint. »
Les ligueurs comprendront-ils la malice
et l’agreable moquerie de l’auteur de Mi-
reio?
Mistral, retiré dans sa solitude, à Mail-
lane, ne connaît des événements actuels
que les mensonges ou les erreurs qu’il a
recueillis de la bouche des Barres, des Car
rère, des Maurras et des Mariéton. Il se
méfie de cet entourage, et n’ose se pronon
cer nettement. Nous, qui connaissons cet
excellent homme et qui ne cherchons pas à
ses côtés une réclame tartarinesque, nous
pouvons affirmer que Mistral se trompe de
très bonne foi, et qu’il est trompé.
g.
Eh! bien, nous avons eu hier 187
voix pour une idée générale de droit
et de politique républicaine; 187 voix
dans cet émiettement, dans cette con
fusion, dans une assemblée qui a voté
d’enthousiasme l’affichage de pièces
scandaleusement fausses! Et dans un.
moment où la France ressemble à un
champ rempli de feuilles mortes agi
tées par les vents furieux !
Je n’espérais pas tant : le matin en
core, à l’un de nos amis qui m’inter
rogeait, je ne promettais pas plus de
150à 160 voix. Nous sommes comblés!
Les voix qui ont un prix et un
poids, ce sont les 187 voix de M. Henri
Brisson. Les autres forment un gros
compte numérique, mais elles ne
comptent pas. Elles ne représentent
pas un effort politique et moral pour
le bien, pour le mieux, pour le redres
sement de la République et de la pa
trie. Elles représentent simplement le
statu quo, la conservation morne de
ce qui est, dans le triste gâchis où
nous sommes.
Les 187 voix sont une manifestation
d’initiative et de volonté, et c’est pré
cisément ce dont la République et la
France ont le plus besoin. Les autres
ne sont que la manifestation de la
force d’inertie, de la torpeur triste et
morbide, qui continue à demeurer au
milieu des ruines et sur un terrain qui
s’effondre.
Les 187 sont des voix d’affirma
tion, d’activité, de réveil, et les autres,
des voix de passivité, de négation et
de mort.
Voilà pourquoi celles-ci peuvent
former un gros compte, mais elles ne
comptent pas.
Il était bien certain pour nous que
la majorité de la Chambre ne repla
cerait'pas aujourd’hui M. Brisson au
fauteuil de la présidence, puisque
c’eût été placer dans ce fauteuil la
politique révisionniste. Et la Chambre
ne veut point paraître s’associer à la
révision.
La politique de révision va très
loin. Et cette assemblée ne veut pas
aller très loin, au contraire.
On aurait pu accomplir un acte de
justice éclatant, qui aurait relevé très
haut la France républicaine au-dessus
de ses misères, un acte de justice qui
aurait été fécond en toute une suite de
profits et de gains moraux et qui
aurait apparu comme la splendeur de
la conscience d’un grand peuple !
Mais c’est ce que Pou veut empê
cher. Il s’agit de. faire une révision
stérile. Il importé de neutraliser, au
tant que possible, cet acte de loyauté
nationale et ce triomphe du droit. Et
c’est à quoi la majorité de la Cham-
bre s’applique avec un zèle admi
rable.
Puisqu’on a été obligé d’en passer,
malgré tout, par cette révision d’un
procès particulier, par cet acte de
justice individuel, que les événements
ont imposé encore plus que les efforts
de quelques hommes courageux, on
veut au moins rendre cet acte aussi
petit et aussi humble qu’on en sera
capable.
On dépouillera la France et la Ré
publique, on les dépouillera de cette
gloire de justice et de ce lustre de ré
paration morale qu’elles auraient pu
recueillir.
La Chambre et les pouvoirs de
l’Etat font tout ce qui dépend d’eux
pour ne point y participer, ils disent
qu’ils n’y sont pour rien, que cela
s’est fait sans eux, en dehors d’eux;
ah! qu’on écarte de leurs lèvres ce
calice d’amertume ! Ils n’ont pas vu
que c’était la coupe de la vie féconde
qui leur était présentée et qu’ils pou
vaient s’y rajeunir. N’importe, on a
fait cela sans eux et malgré eux, on
fera bien d’autres choses de la même
manière.
HECTOR DEPASSE.
COPPÉE ET LES MÉCANICIENS
Le nommé Marc Lefort
Etait mécanicien sur la ligne du Nord.
François COPPÉL.
Les administrateurs, le trésorier, le se
crétaire général, le vice-président, et le
président de la Fédération des mécaniciens
et chauffeurs ont écrit à M. François Cop-
pee pour le féliciter de « sa généreuse ini-.
trative >. Qu’en pensent les mécaniciens et
les chauffeurs ? On ne sait. Il se peut qu’un
certain nombre d’entre eux soit empoi
sonné par la prose d’un Judet ou d’un
Drumont ; il se pout que «M braves gens,
sur les conseils de la « presse immonde »,
considèrent Esterhazy comme un patriote,
Henry comme un héros, du Paty, Pellieux,
Boisdeffre, Mercier, Billot et tutti quanti
comme d’honnêtes gens ; mais un jour vien
dra où les équivoques, les mensonges et
les âneries, dont on les a nourris, seront
dévoilés, et nous verrons alors la con
fiance que les Coppée inspirèrent à ceux
qu’ils auront dupés.
fin attendant, voici M. Guieysse, député,
ancien ministre, membre d'honneur de la
Fédération des mécaniciens, qui adresse sa
démission.
« Je ne pais admettre, dit-il, que mon
nom figure à côté de certains signataires
de la Ligue dite « la Patrie française » qui
ont manifesté leur singulier respect envers
la justice et l’armée en donnant leur ap-
probation au faux Henry et à la proscrip
tion sanglante de certaines catégories de
citoyens. »
Quant à M. Coppée, il compare les Bru-
netière et les Lemaître « aux bataillons en
sabot de 92 ».
Mais les mécaniciens feront bien de se
souvenir que Fauteur de la Grive des for-
gtrons avait déjà fait, dans ce poème, l'apo-
logie d'un traître.
i ÉCHOS
Comme son âme de secrétaire était recon
naissante, il fut le premier à charger son an
cien patron lors du procès de Panama.
- Cette belle âme de secrétaire appartient à
M. Grosican, juge au tribunal de Versailles.
C’est ce M. Grosjean qui oublie ses. devoirs
de juge avec autant de facilité qu’il oublia les
appointements qu’il avait reçus comme se
crétaire.
a**
ALLONS DONC/ VOUS CROYEZ!.^
Lu dans un fait divers d’un journal de pro
vince que nous ne nommerons pas :
• La veuve Rousseau, aubergiste, a été hier
étranglée par son gendre un nommé V... lis
ne vivaient pas, paraît-il, en bonne intelli
gence... •
• Le paraît-il, est extraordinaire.
GIL
SON HONNEUR ET
SA CONSIDÉRATION
Voici ce qu’on a osé écrire dans l’assi-
gnation que la veuve Henry a adressée à
M. Joseph Reinach ;
Attendu que..., etc..,
Sont évidemment de nature d porter at
teinte à l’honneur et à la considération du
colonel Henry..., etc.
— - -
SCRUPULES
BALLOT-BEAUPRÉ
Le successeur de Q. de Beaurepaire, à la
présidence de la chambre civile de la Cour
de cassation.
Né en 1836 à la Réunion. Avocat, docteur
en droit, il entra dans la magistrature en 1862
à Montbrison. Depuis lors il siégea à Mar
seille, Toulon, Bastia, Nancy et Paris. Le
nouveau président est officier de la Légion
d’honneur.
M. Ballot-Beaupré ressemble à un évêque,
ce qui ne l’empêche, d’ailleurs, point d’etre
un jurisconsulte remarquable.
A un vice qui, parait-il, n’est pas rédhibi
toire, ce vice c’est le whist.
QUESNAY ACADÉMICIEN
Il paraîtrait que M. Quesnay de Beaure
paire ne s’est amusé à collectionner ses men
songes de connivence avec un général, que
pour pouvoir entrer à l’Académie française
avec les béquilles des vingt-trois académiciens
de la Patrie française.
Il paraîtrait qu il remplacerait Hervé.
Sérieusement, les journaux de l’Etat-Major
lancent cette ébouriffante nouvelle.
LA» PATRIE FRANÇAISE »
La troisième liste d’adhésion est piteuse.
Deux cents noms s’y balladent péniblement.
Et encore il y a-t-il parmi eux des noms qui
ont déjà paru dans les listes précédentes, ne
serait-ce que ceux d’Edouard Détaillé, peintre,
et de Pétrus Durel, homme de lettres.
Ajoutons que cet homme de lettres est un
voyageur en rubans.
SON SECRÉTAIRE
Il fut le secrétaire de Baïhaut, de Baïhaut-
l’épave, de Baïhaut, le bouc émissaire de
Pa nam a.
Baïhaut s’était intéressé à lui, et Pavait
poussé dans la magistrature.
Pour l’auteur de l'Enfermé.
... Blême, les yeux soulignés d’un cerne vio
lâtre, la cigarette collée à la lèvre inférieure,
un foulard rouge négligemment roulé autour
du cou, le torse bombé sous le maillot de
cycliste, les cheveux poissés sous la casquette,
le jeune homme parla en ces termes : « Je ne
suis pas mécontent de ma journée de diman
che, au Père-Lachaise. J’ai beaucoup cogné,
beaucoup braillé et beaucoup bu. J’ai demis
le poignet et défoncé le chapeau d’un honnête
vieillard qui criait: Vive la justice!... Un offi
cier de paix m’a cligné de l’œil amicalement
pendant que je travaillais, et l’agent 163 s’est
interrompu de piétiner un citoyen pour m’of
frir une prise. Voilà, j’ose le dire, une après-
midi qui compte dans la vie d’un souteneur.
Pourtant, il est une chose qui m’inquiète.
J'ai demandé aux trois amis (deux bouchers
de la Villette et un collègue à moi de l’ave
nue de Clichy), qui m’ont aidé à porter la
couronne jaune de M. Rochefort : et nul n’a
u me donner l’explication que je cherche,
ai prié Julie de se renseigner auprès des
personnes qu’elle accueille le soir, — des
personnes très bien, des négociants de pro
vince, un colonel hebdomadaire et un sena-
teur bimensuel. Il faut absolument que je
sois fixé. Je suis blanquisté, c’est évident, et
même jeune-blanquiste, puisque M. Roche
fort m’a fait remettre quarante sous pour
continuer à l’être. D’ailleurs, il y a trois mois
et demi que je suis jeune-blanquiste. Pour
ma belle conduite au champ de bataille de
l’avenue de Wagram et au meeting Guyenet,
M. Dérou lede m‘a envoyé ad jour de T’an One
casquette d’honneur, avec un aigle brodé et
mes initiales en or sur la visière. Fort bien.
Mais cela ne suffit pas d’être jeune-blan-
quiste. Une mélancolie m’envahit. Je hurle à
tue-tête : Vive Blanqui... et je ne sais pas qui
était cet homme. » 3
Louis VAUXCELLES.
COïm W U VIE
LA FIENE POUR TOUS
Rendons trice» à Die» : h Ligee bien venue : "
Réunit marguilliers, escarpes, chands do vis r
El journaleux nourris de pâte sans lavai»; .1
La Vérité les scandalisait, toute nue.
’Î
Maintenant, la Patrie est sauve. Triomphants, i
Nous jaculons des vœux intéressés : Dieu donne
Quelques dents à Barrée; à Coppée, une bonnel
Que Gunsbourg à Loti fasse beaucoup d’enfants I
Nous sommes sans talent, sans honneur et sans sexe.
U bourgeois nous admire et déguste, perplexe.
Nos mélanges savants de fiel et de saindour. ,
Les Jésus sont bons pour les matrulles hagardes.
Prenons, tels les chameaux, des calus aux genoux I
— Quand il aura béai toutes les vieille» gardes,
Puis tous les Ramollots, Dieu finira par nous.
LAURENT TAILHADE.
SCENES A FAIRE
Le comte de Mun (vivement). — Que venez-
vous de dire ?
DESCHANEL. — Je viens de dire • pommade
hongroise ».
Lecomte DE MUN. — Imprudent !
DESCHANEL. —. Pourquoi ?
• Le comte de Mun. — Si vous -employez lee,
produits étrangers, craignez de vous alicnes
les nationalistes !
DESCHANEL. — Vous avez raison : je renonça
aux effets de moustache. Ah ! que la politique
coûte de sacrifices ! — Vous me permettez m
moins le patchouli ?
Le comte de Mun (avec effroi). — Pas da-
vantage. Ne prononcez jamais ce mot-là de
vant Lasies : il croirait que vous parlez hé»
breu!
DESCHANEL.— C’est un linguiste.—Et la peau
d’Espagne est-elle tolérée?
Le comte de Mun. — Par Drumont, oui,
mais mise en interdit par la Ligue des Pa
triotes.
DESCHANEL. — Comment faire ? Heureuse
ment, je viens d’acheter du lubin au Boa
Marché.
Le comte de Mun. — Malheureux, vous
allez vous brouiller avec Millevoye! Sachet
que le seul magasin national est le printemps.
DESCHANEL. — Je prends bonne note da
cette observation.
Le comte de Mun. — N’ai-je pas bien fait
de vous venir en aide ? Vous auriez commis
des bévues.
DESCHANEL. — Merci de me les éviter : vous
avez un flair de cuirassier.
Le comte de Mun. — Trop heureux de ren
dre service au candidat de notre choix : vous
êtes un de ces démocrates qu’aiment les mo
narchistes, un républicain modéré...
DESCHANEL. — A l'eau de rose !
Le comte de Mun. — Toujours homme du
monde! — Allons! vous serez élu : mais tâ
chez, au moins pendant cette session, d’ap
prendre le règlement de la Chambre !
DESCHANEL. — Soyez tranquille : je viens de
le faire rédiger à la mode du jour, par la ba-
“ LE CAMARADE »
« Alors, moi, le camarade, sûr et tolé
rant, moi qui mettais l'esprit de corps au-
dessus de tout... »
Ce simple passage des révélations da
M. Quesnay de Beaurepaire met en plein
jour l’étrange magistrat.
Ce président de chambre à la Cour su
prême, ravalé aux mœurs et au style du
bon camarade... M. Périvier, lui-même, en
est dégoûté et ce n'est pas peu dire.
J. ▼.
APPEL DÉSESPÉRÉ
IA TOILETTE DE DESCHANEL
Le cabinet de toilette de M. Paul Deschanel :
installation somptueuse, avec tout ce qui peut
être utile à une jolie femme.
Entre le comte do Mun.
Le Comte de Mun. — Vous m’excuserez,
cher ami, de vous relancer jusqu'ici ?
DESCHANEL. — Mais comment donc! Vous,
ne me dérangez nullement : j’étais en train de
me faire les yeux. Je continue et-je vous
écoute. . ...
Le Comte de Mun. — J’ai grand besoin de
vous parler : vous savez combien nous tenons
à votre réélection...
DESCHANEL (ému}. —Cher amil — Passez-moi
donc la vaseline. (Le comte de Mun la lui
donne.) Merci.
Le comte de Mun. — Je ne suis pas fâché
d’assister à votre toilette: je pourrai vous
donner quelques conseils utiles : quand on
est candidat, le moindre détail a son impor
tance.
DESCHANEL. — C’était ce que je disais hier
à ma manicure.
Le comte de Mun. — Vous pensez bien que
nous ne voulons pas de Brisson, cette vieille
barbe I
DESCHANEL (avec dédain). — Si seulement
elle était parfumée ! — Diable I ceci me rap
pelle que j’oublie de cirer ma moustache à la
! pommade hongroise.
La Ligue des Bonnets à Poil lance un ap
pel désespéré; les adhésions se font rares;
et comme les listes qu’elle fait publier dans
les journaux de l’Etat-Major sont de plus
en plus courtes, de moins en moins impor
tantes, elle explique qu'elle ne peut livrer
à 1a publicité qu’une partie des noms
u’elle reçoit. Désormais elle omettra de
aire connaître les noms des officiers qui
s’affilieront. Ce procédé est, en vérité, bien
commode.
Dans quelques jours, nous apprendrons
que des milliers de lieutenants, capitaines,
colonels ont demandé à être des Bonnets à
Poil.
M. François Coppée l’affirmera ; mais
nous ne seront pasobligésde le croire, pour
l’honneur de l'armée.
LA REVISION
US FACTUM K K BEAUNEPAINE
VEcho de Paris, redevenu l’écho de la
rue Saint-Dominique et des loges de pi
pelettes patriotiques, poursuit la publica
tion des factums de Q. de Beaurepaire.
M. de Beaurepaire demande « une nou-
veHe enquête, de nouveaux juges ». Mais,
chose étrange, il expose longuement, péni
blement, pour quels mobiles d’ordre psy
chologique éminemment subtils il négligea
de répondre plus explicitement à l’enquele
ouverte en décembre sur l’ordre du garde
des sceaux.
Celui-ci, d’ailleurs, n'a-t-il pas cru de
voir répondre, sous les espèces d’une in
terview, à un collaborateur de Norton-
Millevoye lui-même, et déclarer à celui-ci
qu’il ne connaissait point Q. de Beaurepaire,
dont il enregistre purement et simplement
la démission ? « Façon inhumaine de parler
de la démission d’un magistrat de mon
.grade! » dit le démissionnaire... Et c’est
pourquoi il s’adresse à un nouveau juge, à
l’opinion, n’ayant point manqué, dit-il, aux
convenances (!) ni mie en doute la bonne
foi de personne (!!).
Là dessus, nouvelle édition des ragots do
portière. M. de Beaurepaire reproche à
M. Lœw d’avoir désigné comme rapporteurs,
outre M. Bard, huitième conseiller de la
liste et d’avance hostile à l'arrêt du conseil
de guerre, des magistrats acquis à la cause
de Dreyfus. C’est accuser les conseillers do
partialité, par conséquent de suspicion,
voire de forfaiture. Q. de Beaurepaire, du
reste, n’y va point par quatre chemins :
Je demande, dit-il, si l’instruction à laquelle
M. Lœw a présidé n’a pas été conduite dans
le sens d’un bill d’innocence immédiat, et dans
le sens de la réhabilitation d’un des témoins,
le sieur Picquart. .
Alors que la chambre criminelle recueillait
les dépositions des anciens ministres de la
guerre, M. Lœw n’a-t-il pas manifesté, après
l’audition de ces témoins, et spécialement des
généraux, des sentiments d’hostilité et d’aver-
sion qui ont vivement blessé certains magis
trats présents?
Et les potins continuent. Ils tendent à
prouver l’hostilité de l’enquête de la Cour
criminelle contre l'élément militaire, contre
l’Etat-Major, comme aussi à dénoncer cer
tains conciliabules qui auraient eu lieu
entre le colonel Picquart ou les membres
et tes amis de la famille Dreyfus, duDo
JCVM 12 JANVIER 1833 <
ire
c mises en ma
le feu qui a, ce-
pavillon en bois
[mètres.
Ire évacués sans
ERIE
ésordres
ano Régis à Alger
ix troubles.
s avons publiée
a raconté l'alter-
entre Massimi-
pec, rédacteur au
d'Alger, les faits
ant en face de M.
en ces termes :
i un coup d’épée.
Une correction i
luite. «
1 parole, M. Max
[s’avança vers M.
h avant pour le
hors un revolver
n agresseur. Los
erposèrent.
k un coup partit
rdre de M. Max
e M. Talhouidec
commissariat de
et le prisonnier
xil du Casino que
Talhouidec et le
nes et des cou-
[atteignit au front
I Le croyant mort,
fuite pendant que
ée au commissa-
issement.
nue la responsabi-
Me. La coupe, qui
ng français coule,
aussi que M. De-
ournal VAntijuif,
ibaude, l’ancienne
[ant la représen-
ia et la souffleta
de sa part. Mme
plainte au pro-
mentent la mani-
ement, a etc très
ssistait, dissimulé
ais consulaire.
JJOURD’MUI
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50
50
50
50
25
228 50
112 50
LES DROITS DE L'HOMME
CANGER:
TRIBUNE
US H PAROLES
Deux hommes ont parié hier à la
France et au monde : M.Quesnayde
Beaurepaire, reporter à l’Echo de Pa
ris, et Alfred Dreyfus, forçat.
Tous deux, l’un par goût pour la
maculature et la copie bien payée,
l’autre par nécessité, ont eu recours à
l’intermédiaire de la presse et donné à
leur pensée un tour romanesque ou
précis, selon leur âme et leur situa**
tion. Ils ont dit, prolixe et bref, leur
mot sur l’Affaire; et comme il advient
souvent, Alfred Dreyfus, debutant
dans des circonstances difficiles, s’est
montré tout de suite supérieur à M.
de Beaurepaire qui depuis bientôt
trente-trois ans — il publia en 1866
son premier livre de pornographie,
Histoires du vieux temps — s’est ac
quis tant de titres incontestables au
renom d’écrivain diffus et bafouil-
leur.
Rien n'est plus bas et plus ridicule
que les racontars d’officerecueillispar
cet ancien président de la Cour civile
qui avait coutume d’écouter auxportes
et, tel Arthur Meyer à son entrée dans
le demi-monde, d’interroger les do
mestiques sur les faits et propos de
leurs maîtres.
Il avait su que les juges de la Cour
criminelle ne se contentaient pas de la
parole d’honneur des généraux, ni des
affirmations de Godefroy Cavaignac,
et que, pendant quinze jours, le lieu
tenant-colonel Picquart avait pu op
poser aux mensonges des grands em
panachés son témoignage véridique.
Collaborateur d’abord voilé et béné
vole des journaux intéressés à perpé
tuer la honteuse suprématie de
l’Etat-Major sur la vérité, il résolut
de prononcer des phrases retentis
santes et d’infirmer, par la vertu de
ses sottises, l’arrêt prochain qui va
libérer toutes les consciences et res
taurer, après des luttes tragiques, la
justice violée et le droit aboli.
Comme il ignorait ou feignait d’igno
rer l’œuvre réelle de ses collègues et
qu'il lui était impossible de renseigner
k public sur l’enquête en elle-même,
il assuma volontiers le rôle de mou
chard et prépara un rapport de po
lice sur le dosage en alcool et la tem
pérature des grogs mis à la disposi
tion des témoins fatigués et souffrants
de la grippe.
Que Mercier ait commis une forfai
ture, qu’Henry ait fabriqué des faux
et se soit coupé la gorge, qu’Esterhazy
soit l’auteur du bordereau, il n’en
avait cure. Aussi bien ce sont là de
menus événements qui contribuent à
peine à établir la vérité. Mais l’opi
nion des municipaux de service sur
ce qui se passe derrière la porte close
de la chambre où siègent les conseil
lers à la cour criminelle, leur mau
vaise humeur contre des hommes qui
écoutent attentivement un témoin,
fut-il prisonnier, voilà qui ét a it à son
gré d’une extrême importance.
Du jour où il apprit qu’un garde
républicain, invité à préparer un grog
pour Picquart, s’était écrié avec indi
gnation : Ah! on n’en fait pas autant
pour nos généraux 1 Nos généraux, ce
b est rien ! il n’y en a que pour leur
ncquart! Préparer un grog? j’aime-
rais mieux lui donner un vomitif ! »
“beauté rude et la franchise gros-
sere de cette apostrophe, grâce à lui
—storique, le frappa aussitôt, et, par
"I raisonnement d’une puissante lo-
gique qu’envierait M. Ferdinand Bru-
netiere lui-même, il en déduisit que
Dreyfus était coupable.
Dès lors il se prépara à sauver son
pays. Il ne s’agissait plus que de né-
Sorier au meilleur prix le placement
“i l interview. Après quelques hèsi-
“ions, sollicité par le Petit Journal,!^
—ore Parole, le Gaulois et Vlntransi-
^nt de son vieil ami Rochefort, M.
Auesnay de Beaurepaire se décida
POur l'Echo de Paris, feuille à soldats.
Mais à peine avait-il publié sa lettre
mepte au président Mazeau, ornée de
commentaires absurdes, la réponse
venue de l’Ile du Diable.
a voix de Dreyfus, bâillonné de-
Ps quatre ans, s’est fait entendre à
nvers l’espace. Nous n’attendions
8 sans angoisse les premières paro-
" directes du mort vivant, enfin
suscité. Après tant de jours de
agure et de silence, tant d’heures
ste uses sous le lourd soleil, dans la
hide hallucinante, le malheureux
i t
?
-
RÉDACTION ET^ ADMINISTRATION
142 — Rue Montmartre — 142
avait-il gardé intact le souvenir du
dernier cri d’innocence jeté par lui
avant la parade infâme? Comment
interrogé par le magistrat de Cayenne :
ressaisirait-il la mémoire des syllabes
anciennes, leur sens, l’intonation
d’autrefois?
- Le communiqué officiel suffit à dé
truire la légende des aveux. La raison
de l’homme innocenta résisté à toutes
les épreuves de la douleur morale et
physique, à toutes les souffrances
infligées par les tortionnaires depuis
Du Paty de Clam jusqu’à Lebon.
Et la parole d’Alfred Dreyfus, forçat,
dans sa concision loyale, prévaut
aujourd’hui sur la parole de M. Ques-
nay de Beaurepaire, magistrat préva
ricateur en rupture de vérité.
PIERRE QUILLARD
URE DEMAIN
PIERRE BERTRAND
AU FATS DE LA
FRANCE AUX FRANÇAIS
Excellentes les nouvelles qui nous arri
vent d'Algérie et c'est pour tous une vraie
bénédiction qu'el senor Edoardo Dru-
montos ait été éludiputato d’Argel.
Hier, Enrico Marseti ayant rencontré,
près du port, Ludovico Tatri lui a tiré à
bout portant trois coups de revolver.
Presque à la même minute, au quartier
drs Mauresques, Paolo Rossi aborda
Pietro Angelico et le larda de coups de
poignard. Quelques incidents se sont
aussi produits à la Kasbah : Cristoforo
Repurgi et Marco Angelico ont assommé
à coups de matraques Giorgio Mara-
breta ; Rinaldo Morpurgos a, d’un coup
de ciseau à froid, ouvert le ventre à Cris-
tobal Papadopoulo. Il en est résulté une
petite échauffourée où une fille Fat ma
eut les yeux crevés et où le jeune Ninas
Asparcara fut décapité d'un coup de
sabre. En ville, dans l'après-midi, une
bande de portefaix maltais a écartelé
trois femmes qui descendaient d’un
tramway et quelques Espagnols ont mis
le feu à trois magasins de nouveautés et
à un dépôt de produits chimiques.
Rien cependant n'eût troublé l'ordre,
si la police ne fût intervenue mal à pro
pos. Le gouverneur, qui se croit tout per
mis, jugea bon Renvoyer une douzaine
d? agents séparer deux bandes de Grecs
et de Bédouins qui s'exterminaient dans
un bazar au pillage. Les Algériens, qui
n'ont pas la docilité moutonnière des
Parisiens avachis, reçurent fort mal les
policiers et, après en avoir démoli quel
ques-uns,ramenèrent les autres au poste,
à coups de triques. Cette exécution
calma un peu les esprits qui déjà com
mençaient à s'échauffer et dans la
soirée on n'a plus eu à enregistrer
qu'une tentative d'assassinat au bureau
de la douane, l'explosion d'une bombe à
la banque d’ Algérie, une rixe à coups de
couteaux dans la rue Bab-el-Azoun et le
lancement dans la mer d'un omnibus
plein de voyageurs.
Quant aux vols avec effraction, enva
hissements nocturnes de maisons habitées,
enlèvement de caisses et de coffres-forts,
défonce me nts de boutiques et pillages de
magasins, la police n'en ayant pas fait le
relevé on n'en connaît encore le nombre;
on sait seulement qu'aucun de ces événe
ments n'a troublé la tranquillité publi
que. Quant aux Arabes, bien qu'ils soient
maintenant fort pourvus d* armes et de
munitions, on ne les a vus manifester au
cun signe d impatience et l on peut affir
mer qu'ils n'ont encore assassiné et pille
que des Juifs : ils se sont bornés à se faire
la main.
Ce qu'on raconte des desordres, émeu
tes et révolutions, qu'a provoqués en Al
gérie el senor Edoardo Drumontos, dspu-
tato d'Argel, est donc pure calomnie :
tout prospère dans la paix au pays de la
France aux Français,
LE DÉSARROI PHILOSOPHIQUE
ET RELIGIEUX
L’un des principaux interprétas de la
pensée catholique, M. George Fonsegrive,
directeur de la Quinzaine, écrit les lignes
suivantes au cours d’une étude sur la Crise
du libéraiûme :
.. • Le monde est en travail d’une doctrine
nouvelle de la raison, d’une doctrine philo
sophique du droit. Et cela ne veut pas dire
ue cette doctrine, pour être nouvelle,
oive nécessairement contredire en ses ré
sultats derniers lès enseignements anciens
et traditionnels; cela veut simplement dire
qu’elle devra tenir compte de toutes les
réflexions de la pensée moderne, de toutes
les acquisitions delà science, de tous tes ré
sultats de la critique, de tous les enseigne-
mente de l’histoire. Nous nous trouvons à
cette heure dans un état provisoire et iné
vitablement anarchique. Nulle doctrine in
tégrale ne pourrait par la force s’imposer à
l’assentiment social sans risquer de sou
lever les guerres civiles et on n‘a pas le droit
sous un prétexte d’ordre et de paix de
n’aboutir qu’au désordre et à la guerre. »
Ce dernier alinéa renferme implicite
ment la condamnation de l’antisémitisme.
Or on sait (d’après les extraits que j’ai
donnés récemment dans ce journal) que
l’un des principaux rédacteurs de l'Asso
ciation catholique, M. La Tour-Du-Pin-
Chambly, a essayé d'établir une justifica
tion doctrinale de l’antisémitisme, justifi
cation dont j’ai démontré, du reste, l’ab
surdité. Voilà donc une première contra
diction de principe entre deux notoires et
fervents catholiques.
En voici une autre : il est impossible de
ne pas apercevoir dans le fragment — cité
plus haut — de l’étude de M. Fonsegrive,
une manifestation évidente et inattendue
d'une sorte de libéralisme religieux.
« Exigeons l’obéissance commune aux
indispensables lois, dit encore M. Fonse
grive, respectons les autorités et la division
du travail, respectons dans les choses lais
sées libres par la loi les manifestations de
la pensée d’autrui, sachons inspirer et au
besoin imposer le respect de notrepensée.»
Voilà du libéralisme.
Or, l’étude consacrée par l’auteur à la
crise du libéralisme est un procès catégo
rique de tous les libéralismes, y compris le
libéralisme religieux, explicitement.
Donc : 1® Divergence de vue absolue — et
sur une question très grave — entre deux
catholiques notoires et influents.
2® Contradiction manifeste d’un catho
lique avec ses propres pensées.
Nous comprenons que M. Fonsegrive
déclare: «Nous nous trouvons dans un état
inévitablement anarchique. -
Mais c’est de l’église et de ses défenseurs
qu’il convient surtout de le proclamer.
HENRI PAGAN.
• ------
FRANCE...
MISTRAL B T L’ « AFFAIRE »
Le bon poète Mistral, invité p r ses amis
à adhérer à la Ligue de la Patrie française^
a répondu par une lettre curieuse, dont
voici les dernières lignes *.
« Mais comme rien n’est inutile, pas
même les épreuves, j’espère bien que du
péril que nous côtoyons aujourd’hui sur
gira l’émancipation de ces forces provin
ciales qui surent, en des temps plus tristes
que les nôtres, secouer avec Jeanne d'Arc
l’invasion anglo-saxonne et avec les Pro
vençaux, celle de Charles-Quint. »
Les ligueurs comprendront-ils la malice
et l’agreable moquerie de l’auteur de Mi-
reio?
Mistral, retiré dans sa solitude, à Mail-
lane, ne connaît des événements actuels
que les mensonges ou les erreurs qu’il a
recueillis de la bouche des Barres, des Car
rère, des Maurras et des Mariéton. Il se
méfie de cet entourage, et n’ose se pronon
cer nettement. Nous, qui connaissons cet
excellent homme et qui ne cherchons pas à
ses côtés une réclame tartarinesque, nous
pouvons affirmer que Mistral se trompe de
très bonne foi, et qu’il est trompé.
g.
Eh! bien, nous avons eu hier 187
voix pour une idée générale de droit
et de politique républicaine; 187 voix
dans cet émiettement, dans cette con
fusion, dans une assemblée qui a voté
d’enthousiasme l’affichage de pièces
scandaleusement fausses! Et dans un.
moment où la France ressemble à un
champ rempli de feuilles mortes agi
tées par les vents furieux !
Je n’espérais pas tant : le matin en
core, à l’un de nos amis qui m’inter
rogeait, je ne promettais pas plus de
150à 160 voix. Nous sommes comblés!
Les voix qui ont un prix et un
poids, ce sont les 187 voix de M. Henri
Brisson. Les autres forment un gros
compte numérique, mais elles ne
comptent pas. Elles ne représentent
pas un effort politique et moral pour
le bien, pour le mieux, pour le redres
sement de la République et de la pa
trie. Elles représentent simplement le
statu quo, la conservation morne de
ce qui est, dans le triste gâchis où
nous sommes.
Les 187 voix sont une manifestation
d’initiative et de volonté, et c’est pré
cisément ce dont la République et la
France ont le plus besoin. Les autres
ne sont que la manifestation de la
force d’inertie, de la torpeur triste et
morbide, qui continue à demeurer au
milieu des ruines et sur un terrain qui
s’effondre.
Les 187 sont des voix d’affirma
tion, d’activité, de réveil, et les autres,
des voix de passivité, de négation et
de mort.
Voilà pourquoi celles-ci peuvent
former un gros compte, mais elles ne
comptent pas.
Il était bien certain pour nous que
la majorité de la Chambre ne repla
cerait'pas aujourd’hui M. Brisson au
fauteuil de la présidence, puisque
c’eût été placer dans ce fauteuil la
politique révisionniste. Et la Chambre
ne veut point paraître s’associer à la
révision.
La politique de révision va très
loin. Et cette assemblée ne veut pas
aller très loin, au contraire.
On aurait pu accomplir un acte de
justice éclatant, qui aurait relevé très
haut la France républicaine au-dessus
de ses misères, un acte de justice qui
aurait été fécond en toute une suite de
profits et de gains moraux et qui
aurait apparu comme la splendeur de
la conscience d’un grand peuple !
Mais c’est ce que Pou veut empê
cher. Il s’agit de. faire une révision
stérile. Il importé de neutraliser, au
tant que possible, cet acte de loyauté
nationale et ce triomphe du droit. Et
c’est à quoi la majorité de la Cham-
bre s’applique avec un zèle admi
rable.
Puisqu’on a été obligé d’en passer,
malgré tout, par cette révision d’un
procès particulier, par cet acte de
justice individuel, que les événements
ont imposé encore plus que les efforts
de quelques hommes courageux, on
veut au moins rendre cet acte aussi
petit et aussi humble qu’on en sera
capable.
On dépouillera la France et la Ré
publique, on les dépouillera de cette
gloire de justice et de ce lustre de ré
paration morale qu’elles auraient pu
recueillir.
La Chambre et les pouvoirs de
l’Etat font tout ce qui dépend d’eux
pour ne point y participer, ils disent
qu’ils n’y sont pour rien, que cela
s’est fait sans eux, en dehors d’eux;
ah! qu’on écarte de leurs lèvres ce
calice d’amertume ! Ils n’ont pas vu
que c’était la coupe de la vie féconde
qui leur était présentée et qu’ils pou
vaient s’y rajeunir. N’importe, on a
fait cela sans eux et malgré eux, on
fera bien d’autres choses de la même
manière.
HECTOR DEPASSE.
COPPÉE ET LES MÉCANICIENS
Le nommé Marc Lefort
Etait mécanicien sur la ligne du Nord.
François COPPÉL.
Les administrateurs, le trésorier, le se
crétaire général, le vice-président, et le
président de la Fédération des mécaniciens
et chauffeurs ont écrit à M. François Cop-
pee pour le féliciter de « sa généreuse ini-.
trative >. Qu’en pensent les mécaniciens et
les chauffeurs ? On ne sait. Il se peut qu’un
certain nombre d’entre eux soit empoi
sonné par la prose d’un Judet ou d’un
Drumont ; il se pout que «M braves gens,
sur les conseils de la « presse immonde »,
considèrent Esterhazy comme un patriote,
Henry comme un héros, du Paty, Pellieux,
Boisdeffre, Mercier, Billot et tutti quanti
comme d’honnêtes gens ; mais un jour vien
dra où les équivoques, les mensonges et
les âneries, dont on les a nourris, seront
dévoilés, et nous verrons alors la con
fiance que les Coppée inspirèrent à ceux
qu’ils auront dupés.
fin attendant, voici M. Guieysse, député,
ancien ministre, membre d'honneur de la
Fédération des mécaniciens, qui adresse sa
démission.
« Je ne pais admettre, dit-il, que mon
nom figure à côté de certains signataires
de la Ligue dite « la Patrie française » qui
ont manifesté leur singulier respect envers
la justice et l’armée en donnant leur ap-
probation au faux Henry et à la proscrip
tion sanglante de certaines catégories de
citoyens. »
Quant à M. Coppée, il compare les Bru-
netière et les Lemaître « aux bataillons en
sabot de 92 ».
Mais les mécaniciens feront bien de se
souvenir que Fauteur de la Grive des for-
gtrons avait déjà fait, dans ce poème, l'apo-
logie d'un traître.
i ÉCHOS
Comme son âme de secrétaire était recon
naissante, il fut le premier à charger son an
cien patron lors du procès de Panama.
- Cette belle âme de secrétaire appartient à
M. Grosican, juge au tribunal de Versailles.
C’est ce M. Grosjean qui oublie ses. devoirs
de juge avec autant de facilité qu’il oublia les
appointements qu’il avait reçus comme se
crétaire.
a**
ALLONS DONC/ VOUS CROYEZ!.^
Lu dans un fait divers d’un journal de pro
vince que nous ne nommerons pas :
• La veuve Rousseau, aubergiste, a été hier
étranglée par son gendre un nommé V... lis
ne vivaient pas, paraît-il, en bonne intelli
gence... •
• Le paraît-il, est extraordinaire.
GIL
SON HONNEUR ET
SA CONSIDÉRATION
Voici ce qu’on a osé écrire dans l’assi-
gnation que la veuve Henry a adressée à
M. Joseph Reinach ;
Attendu que..., etc..,
Sont évidemment de nature d porter at
teinte à l’honneur et à la considération du
colonel Henry..., etc.
— - -
SCRUPULES
BALLOT-BEAUPRÉ
Le successeur de Q. de Beaurepaire, à la
présidence de la chambre civile de la Cour
de cassation.
Né en 1836 à la Réunion. Avocat, docteur
en droit, il entra dans la magistrature en 1862
à Montbrison. Depuis lors il siégea à Mar
seille, Toulon, Bastia, Nancy et Paris. Le
nouveau président est officier de la Légion
d’honneur.
M. Ballot-Beaupré ressemble à un évêque,
ce qui ne l’empêche, d’ailleurs, point d’etre
un jurisconsulte remarquable.
A un vice qui, parait-il, n’est pas rédhibi
toire, ce vice c’est le whist.
QUESNAY ACADÉMICIEN
Il paraîtrait que M. Quesnay de Beaure
paire ne s’est amusé à collectionner ses men
songes de connivence avec un général, que
pour pouvoir entrer à l’Académie française
avec les béquilles des vingt-trois académiciens
de la Patrie française.
Il paraîtrait qu il remplacerait Hervé.
Sérieusement, les journaux de l’Etat-Major
lancent cette ébouriffante nouvelle.
LA» PATRIE FRANÇAISE »
La troisième liste d’adhésion est piteuse.
Deux cents noms s’y balladent péniblement.
Et encore il y a-t-il parmi eux des noms qui
ont déjà paru dans les listes précédentes, ne
serait-ce que ceux d’Edouard Détaillé, peintre,
et de Pétrus Durel, homme de lettres.
Ajoutons que cet homme de lettres est un
voyageur en rubans.
SON SECRÉTAIRE
Il fut le secrétaire de Baïhaut, de Baïhaut-
l’épave, de Baïhaut, le bouc émissaire de
Pa nam a.
Baïhaut s’était intéressé à lui, et Pavait
poussé dans la magistrature.
Pour l’auteur de l'Enfermé.
... Blême, les yeux soulignés d’un cerne vio
lâtre, la cigarette collée à la lèvre inférieure,
un foulard rouge négligemment roulé autour
du cou, le torse bombé sous le maillot de
cycliste, les cheveux poissés sous la casquette,
le jeune homme parla en ces termes : « Je ne
suis pas mécontent de ma journée de diman
che, au Père-Lachaise. J’ai beaucoup cogné,
beaucoup braillé et beaucoup bu. J’ai demis
le poignet et défoncé le chapeau d’un honnête
vieillard qui criait: Vive la justice!... Un offi
cier de paix m’a cligné de l’œil amicalement
pendant que je travaillais, et l’agent 163 s’est
interrompu de piétiner un citoyen pour m’of
frir une prise. Voilà, j’ose le dire, une après-
midi qui compte dans la vie d’un souteneur.
Pourtant, il est une chose qui m’inquiète.
J'ai demandé aux trois amis (deux bouchers
de la Villette et un collègue à moi de l’ave
nue de Clichy), qui m’ont aidé à porter la
couronne jaune de M. Rochefort : et nul n’a
u me donner l’explication que je cherche,
ai prié Julie de se renseigner auprès des
personnes qu’elle accueille le soir, — des
personnes très bien, des négociants de pro
vince, un colonel hebdomadaire et un sena-
teur bimensuel. Il faut absolument que je
sois fixé. Je suis blanquisté, c’est évident, et
même jeune-blanquiste, puisque M. Roche
fort m’a fait remettre quarante sous pour
continuer à l’être. D’ailleurs, il y a trois mois
et demi que je suis jeune-blanquiste. Pour
ma belle conduite au champ de bataille de
l’avenue de Wagram et au meeting Guyenet,
M. Dérou lede m‘a envoyé ad jour de T’an One
casquette d’honneur, avec un aigle brodé et
mes initiales en or sur la visière. Fort bien.
Mais cela ne suffit pas d’être jeune-blan-
quiste. Une mélancolie m’envahit. Je hurle à
tue-tête : Vive Blanqui... et je ne sais pas qui
était cet homme. » 3
Louis VAUXCELLES.
COïm W U VIE
LA FIENE POUR TOUS
Rendons trice» à Die» : h Ligee bien venue : "
Réunit marguilliers, escarpes, chands do vis r
El journaleux nourris de pâte sans lavai»; .1
La Vérité les scandalisait, toute nue.
’Î
Maintenant, la Patrie est sauve. Triomphants, i
Nous jaculons des vœux intéressés : Dieu donne
Quelques dents à Barrée; à Coppée, une bonnel
Que Gunsbourg à Loti fasse beaucoup d’enfants I
Nous sommes sans talent, sans honneur et sans sexe.
U bourgeois nous admire et déguste, perplexe.
Nos mélanges savants de fiel et de saindour. ,
Les Jésus sont bons pour les matrulles hagardes.
Prenons, tels les chameaux, des calus aux genoux I
— Quand il aura béai toutes les vieille» gardes,
Puis tous les Ramollots, Dieu finira par nous.
LAURENT TAILHADE.
SCENES A FAIRE
Le comte de Mun (vivement). — Que venez-
vous de dire ?
DESCHANEL. — Je viens de dire • pommade
hongroise ».
Lecomte DE MUN. — Imprudent !
DESCHANEL. —. Pourquoi ?
• Le comte de Mun. — Si vous -employez lee,
produits étrangers, craignez de vous alicnes
les nationalistes !
DESCHANEL. — Vous avez raison : je renonça
aux effets de moustache. Ah ! que la politique
coûte de sacrifices ! — Vous me permettez m
moins le patchouli ?
Le comte de Mun (avec effroi). — Pas da-
vantage. Ne prononcez jamais ce mot-là de
vant Lasies : il croirait que vous parlez hé»
breu!
DESCHANEL.— C’est un linguiste.—Et la peau
d’Espagne est-elle tolérée?
Le comte de Mun. — Par Drumont, oui,
mais mise en interdit par la Ligue des Pa
triotes.
DESCHANEL. — Comment faire ? Heureuse
ment, je viens d’acheter du lubin au Boa
Marché.
Le comte de Mun. — Malheureux, vous
allez vous brouiller avec Millevoye! Sachet
que le seul magasin national est le printemps.
DESCHANEL. — Je prends bonne note da
cette observation.
Le comte de Mun. — N’ai-je pas bien fait
de vous venir en aide ? Vous auriez commis
des bévues.
DESCHANEL. — Merci de me les éviter : vous
avez un flair de cuirassier.
Le comte de Mun. — Trop heureux de ren
dre service au candidat de notre choix : vous
êtes un de ces démocrates qu’aiment les mo
narchistes, un républicain modéré...
DESCHANEL. — A l'eau de rose !
Le comte de Mun. — Toujours homme du
monde! — Allons! vous serez élu : mais tâ
chez, au moins pendant cette session, d’ap
prendre le règlement de la Chambre !
DESCHANEL. — Soyez tranquille : je viens de
le faire rédiger à la mode du jour, par la ba-
“ LE CAMARADE »
« Alors, moi, le camarade, sûr et tolé
rant, moi qui mettais l'esprit de corps au-
dessus de tout... »
Ce simple passage des révélations da
M. Quesnay de Beaurepaire met en plein
jour l’étrange magistrat.
Ce président de chambre à la Cour su
prême, ravalé aux mœurs et au style du
bon camarade... M. Périvier, lui-même, en
est dégoûté et ce n'est pas peu dire.
J. ▼.
APPEL DÉSESPÉRÉ
IA TOILETTE DE DESCHANEL
Le cabinet de toilette de M. Paul Deschanel :
installation somptueuse, avec tout ce qui peut
être utile à une jolie femme.
Entre le comte do Mun.
Le Comte de Mun. — Vous m’excuserez,
cher ami, de vous relancer jusqu'ici ?
DESCHANEL. — Mais comment donc! Vous,
ne me dérangez nullement : j’étais en train de
me faire les yeux. Je continue et-je vous
écoute. . ...
Le Comte de Mun. — J’ai grand besoin de
vous parler : vous savez combien nous tenons
à votre réélection...
DESCHANEL (ému}. —Cher amil — Passez-moi
donc la vaseline. (Le comte de Mun la lui
donne.) Merci.
Le comte de Mun. — Je ne suis pas fâché
d’assister à votre toilette: je pourrai vous
donner quelques conseils utiles : quand on
est candidat, le moindre détail a son impor
tance.
DESCHANEL. — C’était ce que je disais hier
à ma manicure.
Le comte de Mun. — Vous pensez bien que
nous ne voulons pas de Brisson, cette vieille
barbe I
DESCHANEL (avec dédain). — Si seulement
elle était parfumée ! — Diable I ceci me rap
pelle que j’oublie de cirer ma moustache à la
! pommade hongroise.
La Ligue des Bonnets à Poil lance un ap
pel désespéré; les adhésions se font rares;
et comme les listes qu’elle fait publier dans
les journaux de l’Etat-Major sont de plus
en plus courtes, de moins en moins impor
tantes, elle explique qu'elle ne peut livrer
à 1a publicité qu’une partie des noms
u’elle reçoit. Désormais elle omettra de
aire connaître les noms des officiers qui
s’affilieront. Ce procédé est, en vérité, bien
commode.
Dans quelques jours, nous apprendrons
que des milliers de lieutenants, capitaines,
colonels ont demandé à être des Bonnets à
Poil.
M. François Coppée l’affirmera ; mais
nous ne seront pasobligésde le croire, pour
l’honneur de l'armée.
LA REVISION
US FACTUM K K BEAUNEPAINE
VEcho de Paris, redevenu l’écho de la
rue Saint-Dominique et des loges de pi
pelettes patriotiques, poursuit la publica
tion des factums de Q. de Beaurepaire.
M. de Beaurepaire demande « une nou-
veHe enquête, de nouveaux juges ». Mais,
chose étrange, il expose longuement, péni
blement, pour quels mobiles d’ordre psy
chologique éminemment subtils il négligea
de répondre plus explicitement à l’enquele
ouverte en décembre sur l’ordre du garde
des sceaux.
Celui-ci, d’ailleurs, n'a-t-il pas cru de
voir répondre, sous les espèces d’une in
terview, à un collaborateur de Norton-
Millevoye lui-même, et déclarer à celui-ci
qu’il ne connaissait point Q. de Beaurepaire,
dont il enregistre purement et simplement
la démission ? « Façon inhumaine de parler
de la démission d’un magistrat de mon
.grade! » dit le démissionnaire... Et c’est
pourquoi il s’adresse à un nouveau juge, à
l’opinion, n’ayant point manqué, dit-il, aux
convenances (!) ni mie en doute la bonne
foi de personne (!!).
Là dessus, nouvelle édition des ragots do
portière. M. de Beaurepaire reproche à
M. Lœw d’avoir désigné comme rapporteurs,
outre M. Bard, huitième conseiller de la
liste et d’avance hostile à l'arrêt du conseil
de guerre, des magistrats acquis à la cause
de Dreyfus. C’est accuser les conseillers do
partialité, par conséquent de suspicion,
voire de forfaiture. Q. de Beaurepaire, du
reste, n’y va point par quatre chemins :
Je demande, dit-il, si l’instruction à laquelle
M. Lœw a présidé n’a pas été conduite dans
le sens d’un bill d’innocence immédiat, et dans
le sens de la réhabilitation d’un des témoins,
le sieur Picquart. .
Alors que la chambre criminelle recueillait
les dépositions des anciens ministres de la
guerre, M. Lœw n’a-t-il pas manifesté, après
l’audition de ces témoins, et spécialement des
généraux, des sentiments d’hostilité et d’aver-
sion qui ont vivement blessé certains magis
trats présents?
Et les potins continuent. Ils tendent à
prouver l’hostilité de l’enquête de la Cour
criminelle contre l'élément militaire, contre
l’Etat-Major, comme aussi à dénoncer cer
tains conciliabules qui auraient eu lieu
entre le colonel Picquart ou les membres
et tes amis de la famille Dreyfus, duDo
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