Titre : Les Droits de l'homme / fondateur Henri Deloncle
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1898-10-10
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32759074m
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Description : 10 octobre 1898 10 octobre 1898
Description : 1898/10/10 (A1,N273). 1898/10/10 (A1,N273).
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k6817456b
Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, GR FOL-LC2-5700
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 02/05/2016
EE ECHBE
DONOVAN.
ONOSTICS
Gorenfht et Fea
i. — Littlo Monargae et
ket.
— Valseur
Prix du Conseil muni-
i corderons nos । réfé-
rget et à Hawandieh
Lou lun et D
inement sévère depuis
e trouvant ici admira,
poids, nous désigne.
Idole et Saint
S DE CE SOIR
Adrienne Lecouvreur.
e ! — Colinette.
1. Aîne.
Représentations espa-
ia Guerrero et de M. Fer-
loza. — La Nina Boba.
. — Place aux femmes!
Les Chaussons de danse.
— T.e Jeu de l’amour et
ontrôleur des Wagons-
h. 1,2. — Rolande. — Le
— Rembrandt.
a Bande à Fifi.
Les Quatrs
L’Hercule Farnèse.
itoué. — Rigobert.
JBLIQUE (représentations
- Le Barbier de Séville.
h. — Les Aventures de
. — La Loîe Ful 1er. —
Miss Saharet. — L’Enlè-
ballet. Mlle Margyl —
matinées à 2 h. 1/2.
8, rue Pigalle (téléphons
. Deval, Fur-y, Montoya,
o.— Cyrano de Tarascon.
56-70'. 8 h. 1/2. — Félicia
id, Giéter. — Ville-Dora.
ce! — Le Nouveau vieux
tacle-concert
AUJOURD’IUI
Ouver-
Une
he urei
10
10%
”C
rée)
ompte
1 Sud
) Est..
Lyon
Orléans
Midi...
Ouest..
J00
ne
105
553
1.16
107
58h
398
99
1,09
109
00
852
86
92
1.2
75
50
35
55 ..
6. 1 8
23 70
96 05
96 60
26
30
105
.'.31
1.16
107
398
109
00
352
86
50
50
5)
20
6‘ 1/8
96 05
96 60
26 d
5..8
K 8
290
1925
1845
1150
7.2
186
127
622
16
11
80
151.
108
289
1 1845
3686
115°
50
50
198 50
350
16
55 .
£26 .
-10
1-6
o ;
16
11
79
623
198
123
[0
50
50
78 •
game page • LA
( DEPOT LEGAL
P REMIÈRE »«ÉE. — M’173 % Le Numéro : CINQ centimes * | n“IZ ing 10 OCTOBRE I89S
‘ ■ r 1 ' ' J , -=====
LES DROITS DE L’HOMME
Ordre et progrès par la Révolution Française
ABONNEMENTS
PARIS
1 an
6 mois
3 mois
I FRANCE ET ALGÉRIE
20 -11 an 24 •
10 » : 6 mo S 13 •
5 50 | 3 mois 7 •
ÉTRANGER et union postale
1 an 35 •
G mois 18 •
3 mois. 10 »
RÉDACTION ET ADMINISTRATION :
142 — Rue Montmartre — 142
Les annonces sont reçues chez MM. Lagrange, Cerf et C”
6. Plsee de la Bourse, 6. et aux Bureaux du Journet
LES MANUSCRITS NON INSÉRÉS NE SONT PAS RENDUS
TÉLÉPHONE N* 101.87
HJ CARTOUCHES
DE ZURLINDEN
Voici trois semaines bientôt que
chôment les terrassiers du Champ de
Mars et que les chantiers de l’Exposi
tion sont déserts, — trois semaines de
résignation admirable, de sacrifices
et de privations, d’énergique opiniâ
treté, d’invincible résistance et de
dignité farouche et fière... La grève
aujourd’hui s’est étendue à toutes les
corporations du bâtiment que la coa
lition égoïste et lâche des capitaux
tente vainement d’affamer et que vai-
nement aussi l’on essayerait de faire
capituler. Plus de soixante mille tra
vailleurs ont jeté bas l’outil du ser
vage quotidien, refusant de se laisser
phi' longtemps exploiter, obéissant à
un magnifique élan de solidarité ou
vrière, alors que des camarades ré-
clament une augmentation de salaire
légitime et qu’il s’agit de les aider à
obtenir gain de cause. Paris veut se
parer pour la foire mondiale de 1900,
et personne ne veut plus consentir à
faire la toilette de la grande ville, de
vant que satisfaction pleine et entière
n’ait été accordée à ces héros de la
faim qui volontairement s’exposent
aux pires détresses pour la défense
de leurs droits î
Or, voici la solution que rêve d’ap
porter a cette crise douloureuse le
gouverneur militaire de Paris, M. le
général Zurlinden.
Toutes les troupes de la garnison
sont et demeurent consignées depuis
près de dix jours dans leurs quartiers
respectifs. Dans toutes les casernes de
la capitale, pas une permission n’a
rte accordée aux petits soldats de
campagne, venus du fond de la Bre-
tagne et de la Normandie. Et des pi
quets d’infanterie sillonnent la ville-
lumière aux abords des chantiers, aux
issues des fortifications, aux alen
tours des bastions, devant les galeries
lu Métropolitain abandonnées, dans
tous les coins de banlieue où naguère
peinaient les ruches laborieuses parmi
1 ■ poussière des moellons et les relents
de sueur humaine. Des renfort 3 vont
arriver encore : il viendra des soldats
de Senlis, de Compïègne, de Beau-
vais, de La Père, d’Amiens et d’ail
leurs...
Les troupiers ne sont pas contents.
Si la consigne est de se taire sans
murmurer, elle ne défend point de re
gretter les lianes délicieuses par les
boulevards élégants devant les vitrines
luxueuses des magasins éblouissants,
elle n’interdit pas non plus de songer
d la bonne amie, à la payse qu’un
heureux hasard fit rencontrer dans
quelque square public en songeant, la
cigarette aux lèvres, aux choses, aux
gens et aux bétes du village natal dont
le ciel étoilé ne se retrouve point sous
la calotte du firmament parisien. Elle
est dure, la consigne, et s’aggrave
encore du sentiment des permissions
perdues et de ce vague danger de col-
lis on dans la rue dont, tout bas, l’on
''entretient à l’oreille comme d’une
guerre civile toute proche. Ils n’enten-
dent rien a ce problème social si com-
plexe et si grave, les petits soldats de
campagne, et les grévistes leur appa-
raissent volontiers comme des pertur
bateur- de la paix publique, comme
des malfaiteurs redoutables, pro mi- à
un châtiment exemplaire. N‘est-ce
p iuià cause de ces gens-là que l’on
est consigné, sans qu’on sache pour-
Les hommes ont reçu chacun vingt
cartouches, de vraies cartouches Le-
bel, de celles qu’on expérimenta jadis
de sanglante et tragique manière con-
tredes poitrines françaises, à Four-
nues. Ces paquets de cartouches ne
\ 'aient sortir des magasin" qu'en
" ' Circonstances graves, en présence
“evenements exceptionnels; ces mu-
nitions en sont sorties. M. le général
urlinden a pris sur lui d’alimenter
par elle- la culasse des fusils nouveau
modèle...
11 est des gens, des misérables qui
vent ouvertement de saignée popu-
“re, dssacres en bloc. Fusiller quelques
-aines, voire quelques milliers de
s Vistes, et répondre à ceux qui de-
andent du pain par des balles de
r.pmb, quélle solution efficace î Ce
ait nettoyer du coup la situation,
Ms des ruisseaux de sang, il est vrai,
eastsonne fait point d’omele te sans
1 des œufs, n’est-ce pas ? ô theo-
riciens féroces des « répressions né
cessaires »! Que l’on ne frémisse point
d’indignation en lisant ceci, c’est la
théorie qu’ouvertement l’on n’ose point
afficher, mais que l’on chuchote entre
amis, dans un cabinet bien clos, en
songeant à l’Etat-Major qu’on « vili
pende », à l’armée qu’on « outrage »,
à l’Exposition dont le succès financier,
— le seul qui importe, —parait d’ores
et déjà compromis. Et puis, ces gré
vistes qui bénévolement emboîtent le
pas aux meneurs » — car il est des
meneurs, la presse immonde l’affirme,
— valent-ils vraiment qu’on se soucie
de leur peau, et ne sont-ils point chair
à canon ?
Elle affirme bien plus encore, la
presse immonde : elle imprime que
derrière les meneurs de la grève il y a
le Syndicat de l’ile du Diable, et que
celui-ci paie ceux-là pour entraver
l’œuvre de l’Exposition, pour compro
mettre le crédit de la France à l’étran
ger... C’est tellement odieux et inepte
que cela ne vaut même point la peine
d’etre démenti; mais il suffit «pièces
abominables perfidies soient éditées
pour justifier, aux yeux de ceux-là
même qui n’attendent qu’une occasion
de coucher le peuple de Paris en joue,
les plus sanglantes représailles...
Les troupiers ne sont pas contents.
Depuis près de dix jours, ils demeu
rent consignés, énervés, surexcités,
furieux contre les grévistes, incapa
bles de désobéir aux ordres que, ma
chines à tuer, ils sont contraints
d’exécuter. Au commandement : feu !
les Lebel partiraient tout seuls.
M. Brisson a-t-il mesuré toute la
gravité des événements qui se prépa
rent ? a-t-il d’avance consenti à souil
ler la fin de sa carrière de républicain
austère d’une maculature de sang que
l’Histoire jamais ne saurait effacer?
a-t-il enfin médité de provoquer dans
les rues de Paris des cris de : « Vive
l’armée ! » à la façon de Gessler, fai
sant saluer son chapeau planté au
bout d’une pique dans la libre Helvé-
tie et sous la menace de fusillades re
nouvelées du crime de Décembre ?
Que le président ou conseil des 1111-
nistres y prenne garde : si les petits
soldats de Bretagne et de Normandie
brûlent les cartouches de Zurlinden,
c’en sera bientôt fait de nos dernières
libertés démocratiques, et M. Brisson
portera devant la postérité l'écrasant
fardeau d’une Révolution qu’il pouvait
eviter, et lui seul sera responsable de
la chute de la République !
POLITIQUE
Le Temps a très bien dit que le mys
tère, les cachoteries, les simagrées, les
machinations, poursuivis avec un
entêtement sans exemple, ont agacé
au plus haut point l’opinion publique.
Il n’a peut-être pas dit assez que le
refus de lumière et de justice pendant
plus de trois années consécutives, est
un fait exorbitant, incroyable, en de
hors de nos mœurs et de notre carac
tère, et, par-dessus le marché, un fait
essentiellement antirépublicain et des
tructeur de la République.
Que le colonel Picquart continue
d’être en prison et au secret, après
tant de persécutions abominables,
dont il a été la victime et où il aurait
pu laisser la vie, pour avoir voulu la
justice et la vérité, c’est un fait et une
suite de faits, où il est impossible de
reconnaître la République de France.
Et voilà bien la cause profonde de
notre angoisse et de l’indignation dont
nos âmes sont pleines! Ce n’est plus
la République. Nous l’avons assez dit
ici depuis trois mois. Ce n’est plus la
République : Alors, qu'est-ce donc ?
M. Brisson pense qu'il est le chef res
ponsable du gouvernement républi
cain : il ne l’est certainement pas. Il
est impossible qu’il le soit et que nous
voyions ces choses. Alors, sous quelle
loi vivons-nous et quels sont nos
maîtres ?
HECTOR DEPASSE
légitime. Le pape, dans son ignorance to
tale de la vie populaire, considère l’exis-
tence des classes, leurs luttes homicides,
leur transformation comme une chose éter
nelle.
Ce n’était pas assez de la croyance au
dogme religieux, il fallait, par surcroît, la
croyance au dogme économique. Le pape
ignore (comme tant d’hommes politiques)
que les classes disparaîtront nécessaire
ment et fatalement par l’effet des nouvelles
conditions de la vie industrielle et commer
ciale. Il ignore que la servitude et la misère,
cortège inévitable de l'existence des classes,
ne disparaîtront qu’avec elles.
Il nous offre encore cette charité chré
tienne qui n’est que le masque hypocrite de
l'exploitation de l'homme par son sembla
ble, cette charité odieusement commercia
lisée entre les mains de tous les entrepre
neurs de misère publique et particulière
ment dans celles plus crochues du clergé.
H. DAGAN.
SCÈNES A FAIRE
MARCEL H U ART.
Les DROITS WE A/AHOMANAZ publie
roui demain P’article de
PAll. BillMT
LE RECORD D’HA’OTALX
Quand I rbain Guider nous eut révélé
toutvequHanotatt.v avait touché en titres,
en crachats et en or pour laisser massa
crer les Arméniens, Hinotuux comprit
qu'il serait fort habile de rejeter un pareil
। forfait sur un excès dfimbécillité. Il s'é-
1 tudia donc à ressembler aux grands per-
= sonnages qui triomphent dans le monde
i par l'habitude qu'a prise le public de
mettre les turpitudes de l ur exist nce
I sur le compte de leur incurable crcti-
I nisme.
Il se modela d'abord sur Félix Faure,
' porta monocle et guêtres blanches, fré-
| qaenta le beau monde et s'afficha avec
Ggp. Mais il échoua dans cette tentative
et y renonça d finitiv ment quand, un
beau jour, Crozier lui eut déclaré que
Félix Faure aurait toujours l'air plus
crétin que lui.
Hanotaux pensa à copier Fochefort
mais Crozier lui fit encore observer qu’il
lui manquait pour jouer ce rôle une
femnix a léquate.
Hanotaux se rabattit sur Déroulède. Il
arbora une grande redingote, se composa
une tête d'ahuri, se fit siffler dans une
turlupinade à la façon de Hoche, se fit
hiu r dans une complainte à la façon de
Du Guesclin et, ne manqua pas un jour
d'aller sala ’r cinq ou six fois la statue de
Strasbourg. Mais l'impitoyable Crozier
lui signift 1 encore que Paul Déroulède
aurait toujours !air plus er fin que lui.
Alors Hanotaux se piqua d'honneur.
Comment ! un homme de son intelligence
et de son expérirne ne trouverait p ts
un moyen de passer dans le monde pour
un inconscient idiot! Il chercha et sou
dain pensa à Millevoye. Ce fut un trait
de lumière : c tte fois il était sauve. Sans
perdre une minute i> courut à une adresse
bien connue et, séance tenante, paya
27.1>00 fr. la photographie d'une lettre où
l'empereur d'Allemagne recommandait
Dreyfus à la bienveillance de Uunster.
( aind il revint avec son achat, Cro-
:i r, transporté, lui cria : « Cette fois ça
q 'si! Vous êtes encore plus crétin g ic
M'Ilev yc!»
*E PIC.
Le Cas de M. Judel
M. Henry Bérenger a consacré, dans la
Revue lileue, un article sévère à M. Ernest
Judet.
Celui-ci a répondu immédiatement par
une lettre dont nous relevons les princi
paux passages, ceux où le triste journaliste
essaye de se disculper des fautes et des
vilenies innombrables de sa vie.
« 1° Je n’ai jamais reproché à Zola d être
italien, dit-il, je l'accuse d'être sans patrie.»
M. Judet ment (c'est une habitude). On n’a
qn’a fanilleior la collection du Petit Journal
pour s'en convaincre.
« 2” J’ai établi que je n'avais pas lu les
faux Norton avant leur divulgation par
d’autres. Pour le faux Henry, l’imputation
de M. Bérenger est saugrenue. »
M. Judet ment. Il a été établi que M. Judet
a été non seulement le complice, mais
même le commanditaire du faussaire Nor
ton, comme il a été le complice et le
commanditaire d’Henry.
« 3° J’ai saisi le juge d'instruction du dif
férend provoqué par les lettres du colonel
Combes, ajoute M. Judet. ”
Mais il a été surabondamment prouvé
que le rédacteur en chef du Petit Journal
a été le complice d’un faussaire pour salir
le grand écrivain Emile Zola.
« A 0 Mon dossier universitaire n’a rien
qui m’embarrasse. »
Nous avons publié plusieurs fois dan» les
Droits de l'Homme les preuves du sans-
patriotisme de M. Judet. Il faut avoir le
courage de ses opinions. M. Judet ne la
pas. Il esquive le service militaire, mais il
se fait professeur de patriotisme.
Son dossier universitaire est tout ce qu’il
y a de plus louche :
Fruit sec de l’École normale, envoyé en
Corse, ramené à Château roux, il est chassé
brusquement de l'Université par un arrêté
ministériel en date du 7 décembre 1877.
Voilà ce que deviennent à la lumière des
faits, les réfutations caduques et les indi
gnations hypocrites de M. Judet.
M. Henry Bérenger a répondu dans la
Revu Bleue à M. Judet par une lettre dé
daigneuse. La voici ;
Mon chef directeur,
J’ai lu la réponse que M. Judet a faite a mon
article, et que vous voulez bien me commu
niquer.
Cette réponse ne détruit en rien les faits
que j’avais affirmés dans mon étude. Elle leur
donne simplement une explication ou des
excuses que M. Judet s’était jusqu’ici borné à
refuser, et que je suis heureux d’avoir pro
voquées.
Quant à la dédicace rappelée par M. Judet,
je me contente de lui repondre qu’elle est
antérieure à tous les événements actuels, et
qu'à ce moment je n’avais pas approfondi le
caractère de son entreprise. Ce sont ses arti
cles manifestement malveillants contre un
homme comme M. Buisson qui m’ont enfin
ouvert les veux. J’aurais préféré, vous le savez
bien, les garder fermés, ou plutôt ouverts aux
seules sérénités morales et intellectuelles.
Votre fidèle.
HENRY BÉRENGER.
M. Judet aura-t-il la pudeur de se taire?
H. Dg.
LES VINGT-HUIT JOURS DE LA GOURDE
POUR JEAN AJALBEET.
Au bureau de la compagnie, dans laquelle
Polin et La Gourde, dit Sabatier, font leurs
vingt-huit jours.
Le capitaine, qui est en train de signer les
pièces, s’interrompt brusquement dans son tra
vail et examine avec curiosité un titre de per
mission.
LE CAPITAINE (lisant) — « Permission de la
journée au soldat Sabatier ». Ah ! Par exem
ple, voici qui est un peu fort. Il a de l’aplomb
ce cabotin! Sergent-major, allez me chercher
la Gourde.
Le sergent-major fait demi-tour et disparait;
entre la Gourde.
Le CAPITAINE. — Ah! vous voici, mon gar
çon. J'ai à vous parler. C'est vous le réserviste
la Gourde ?
La GOURDE [fièrement). — Oui, mon capi
taine.
Le CAPITAINE. — Du reste, je vous recon
nais maintenant.
LA Gourde (même j^u). — Je suis très
connu.
Le Capitaine. — Je dois vous avoir vu
quelque part.
La Gourde — A quelque première sans
doute, mon capitaine.
Le Capitaine. —Probablement ou ailleurs,
à Trouville.
La Gourde. — Sur les planches?
Le CAPITANL. — Parbleu oui ! c'est cela,
sur les planches. Rien de plus naturel ruioquc
vous chantez au café-concert.
LA GOURDE (qui veut protester). — Mon ca-
pitaine...
Le CAPITAINE . Suffit. — Vous m’êtes re
commandé.
La Gourde (qui essaye encore de protester).
— Mon capitaine, je voulais vous dire...
Le CAPITAINE (l'interrompant). — Inutile
Généralement je commence par flanquer huit
jours de boîte aux hommes qu’on me recom
mande, pour leur montrer que je ne les perds
pas de vue. Cependant je ne vous ai pas puni :
vous auriez donné trop de distractions à la
salle de police !
La GOURDE (même jeu). — Mais, mon ca
pitaine...
Le CAPITAINE. — Taisez-vous donc! — Je
ne vous ai pas puni, mais je vais le faire. si
vous abusez à nouveau de mon indulgence.
Vous êtes un acteur distingué, d’accord.
La Gourde (même jeu). — Mon capit...
Le Capitaine. — Vous chantez bien, c'est
entendu.
La Gourde (même jeu). — Mon cap...
Li: Capitaine. — N ous êtes un bon comique
je ne dis pas le contraire. Mais vous n êtes
pas ici pour faire vos farces.
La Gourde [stupéfait). — Quelles farces,
mon capitaine?
Le Capitaine. — Ne faites pas l’innocent.
Vous savez bien qu'à la caserne il n’y a plus
de nom de guerre ; il ne faut pas vous croire
ici au café-concert ; vous vous appelez bien
La Gourde ?
La GOURDE. Mais... oui... mon capitaine.
Le CAPITAINE [furieux, lui montrant la per
mission). Eh bien, alors, comment osez-vous
encore essayer de vous taire appeler Saba
tier ?
G. TIMMORY.
que tous ceux qui ont au cœur quelque
fierté et quelque dignité se révolteront à la
pensée qu'à la veille du vingtième siecle,
Plus de cent ans après la Révolution, des
rançais aient pu venir dire au Pape :
« Nous sommes soumis à votre direction
politique ; c’est à vous que nous remettons
la direction politique de la France .’ »
Jamais, à aucune époque, pareil exemple
de servilisme no nous avait été donné.
Les rois de Frane eux-mêmes n eussent
pas souffert un semblable langage, et c'est
sous le gouvernement de M. Brisson, après
vingt-huit ans de République, qu’il nous
faut subir cet affront!...
Ah ! en sommes-nous donc tombés la !
N y aura-t-il pas personne pour rappeler au
respect de la France ces Français degénerés
fils d’esclaves assoiffés d'esclavage ?
Sous un autre régime, le pape eût été
mis en demeure de condamner lui-même
les paroles de M. Harmel. On lui aurait
fait sentir qu'un gouvernement libre ne
peut pas souffrir qu’un pouvoir etran
ger accepte d’intervenir dans la direction
de ses affaires politique». On lui aurait fait
comprendre qu’on avait le moyen d’exercer
des représailles contre lui, et on aurait
obtenu satisfaction.
Mais aujourd’hui ! ah! aujourd’hui, allez,
donc parler au pape comme Louis XIV ou
Napoléon lui parlaient !
Nous sommes de dix siècles en retard sur
nos aïeux. Rome est plus puissante en
France qu’elle ne le fut jamais.
C’est Félix Faure qui règne, mais c'est le
P. Dulac qui nous gouverne!
Et l'on parle de patriotisme! Et l'on parle
de nationalisme.'...
Beau patriotisme, vraiment ! Et combien
il faut être « nationaliste » pour vouloir
faire de la Fiance la vassale d’un Peeci et
des Français les fidèles serviteurs d un Pa-
rocchi !...
Ah! monseigneur, quel honneur!...
H. DRÉAN.
Antoine Calas, il cause familièrement avec
Lally-1 oliendal.... L’abbé Trublet, Freron,
Nonotte et Patouillet (la presse immonde du
dix-huitième) se montrent Voltaire du doigts
Sale juif! Sale Dreyfusard!...
Seul, la figure longue, le teint jaune comme
un coing, le regard taux, Godefroy Cavaignac
ià part) : Et dire que je suis encore plu» mort
que tous ces gens-là !
L. V.
ÉCHOS
LÂCHETÉ GOUVERYEMEVTALE
Le gouvernement a appris, un peu après
tout le monde, que le duc d'Orléans, le
mari de l'Autrichienne, le noceur requin
qué avec les millions de la Triplice, devait
faire bientôt une apparition en France.
Inutile de dire que nous ne croyons pas
un mot de cette nouvelle, Gamelle n’étant
plus eu ces temps de dêche ou la nécessité
d’extraire quelques louis de la poche de
ses nobles caudataires, triomphait de sa
couardise naturelle jusqu’à le jeter a d’inof.
fensives frasques. Mais le gouvernement,
lui, l’a mu et a pensé devoir prendre pour
celle éventualité quelques précautions élé
mentaires.
Il a commencé par rappeler aux com
mandants de gendarmerie l'article de loi
par lequel le duc d'Orléans est exile du
territoire français et leur enjoint de veiller
à l’application de cette loi avec le plus
grand soin. ("est parfait. Mais pourquoi
prescrire cela eu une circulaire cunfi ien-
tielle/
Quoi ! c'est en secret, com ne eu se ca
chant, que le ministère ordonne l’exécu-
tion de» lois! Il n'a même pas le vulgaire
courage de la légalité au grand jour! A
quel degré de couardise est il tombé qu'il
n'ose pa» crier ouvertement, publiquement
à tous les agents de l’autorité d’arrêter le
prétendant et de le fourrer au bloc, s’il ose
seulement montrer dans ce pays, qui a
vomi sa race, le bout de son nez mi-allc-
mand et mi-autrichien.
P.
Dialogue de quelques autres Morts
Le Pape et la Question sociale
Hier, en présence de l’abbé Gayraud et
de l’abbé Garnier. Léon XIII a formulé d’une
façon précise les idées qu’il professe sur
les grands problèmes sociaux contempo
rains.
Ces idées sont aussi vieilles que le ca
tholicisme. Qui donc a prétendu que le
pape était un esprit novateur ?
Ecoutez, ce qu'il pense du sort de la dé
mocratie :
— Si. dit-il, se tenant en garde contre de
fallacieuses et subversives théories, la démo
cratie accepte avec une religieuse résignation
et comme un fait nécessaire la diversité des
classes et des conditions; si la démocratie veut
être chrétienne, elle donnera à votre patrie
un avenir de bonheur.
Voilà donc la condamnation de tout effort,
de toute revendication, de toute révolte
Les dépêches de Rome nous ont apporté
hier soir le récit de diverses manifestations
auxquelles a donné lieu un pèlerinage
qu'un richissime industriel, M. Harmel, a
conduit auprès du pape.
Il v avait là l’abbé Gayraud, l’abbé Gar
nier,* toute la fine fleur du cléricalisme mi
litant.
M. Harmel a commencé par assurer le
pape que tous les catholiques de France
étaient soumis à sa direction politique. Le
pape a répondu que la seule démocratie
possible était la démocratie qui était sou
mise à la direction de l'Eglise. Là-dessus,
l’abbé Gayraud a déclaré que « la France
devait être le sergent de Dieu au milieu de»
peuples», et le cardinal Parocchi nous a
promis la résurrection de « la France
de Charlemagne, de Saint-Louis et de
Henri IV », — ce qui est une façon comme
une autre de nous annoncer la fin pro-
chaine de la Révolution.
Voici qui est par conséquent bien net,
bien catégorique.
Pour être bon catholique, il faut obéir au
pape non seulement en matière de dogme,
mais encore en matière politique.
Le pape n’est pas seulement le directeur
des consciences des fidèle» Il est aussi le
directeur des opinions des citoyens.
Nous ne savons pas ce que penseront de
cette doctrine les catholiques indépendants
qui, tout en voulant conserver les traditions
de leur cuite, n'entendent pas cependant
prendre conseil de leur curé dans tous les
actes de leur vie.
Mais nous savons bien que tous ces
hommes libres, que toutes ces consciences
droites* guetous ces esprits indépendants.
C' EST LA G LIGNE
L’ouvrier qui travaillait à l‘Opéra-Comiqu
a. carrément, lâche son chantier.
Il est parti en chantant, en chur, la t.arma*
gno!e.
La guigne, je vous dis!
M. Carré est allé pleure» chez le ministre
pour avoir un remplaçant.
***
GOCRPA t OT
Nous avons déjà annoncé que M Sabatier,
| directeur de ï Eclair ou pontifie Humbert-le-
i l orçat-royalis te, fai sait ses vingt-huit jours
Or, savez-vous comment l appellent ses
j compagnons d'armes ?
। — La Gourde de l’Escouade.
i Ce qui prouve, une fois de plus, que la
Vérité est en marche.
*
I.A PEPLE.
Voici des détails qui vont faire plaisir J
maintes femmes. Gageons que toutes se re-
connaîtront, même Aime Bob- Walter.
La femme la mieux faite du monde, ou,
pour être plus exact, le modèle le plus parfait
• — car on peut être très bien faite et répugner
[ à servir de modèle à d'indiscrets artistes —
! est une jeune dame de New York, du ni m de
Clara Betz.
Les proportions de Miss Clara Betz sont
celles du canon esthétique idéal. D’après les
autorités les plus competentes, la femme par
faite doit être conformée comme suit : Hau
teur, 5 pieds 4 pouces; buste, 91 centimètres
1 ‘2 : taille 6 centimètres 1/4; hanches, 94 cen-
timetres; cuisses, 83 centimètres: mollets,
37 centimètres; chevilles, 20 centimètre- 1/2;
mains, 11 centimètres 1 2; pieds, 16 centi
mètres 1/2. Le poids du corps ne doit pas
être sensiblement inférieur ni supérieur à
60 kilos.
On ne nous dit pas le poids exact de Miss
Betz, mai' on n'oublie pas de nous apprendre
que les artistes de New-York se di paient ses
ecrvicesa coups de banknotes. Or. Miss Betz
ne se dérangé pas pour moins de quarante
dollars par séance.
Nous en connaissons qui se dérangent pour
moins... n‘e st-ce pas?
ldi FiL> AhOPTIF DE CEilVERA
L’oNBRE DE MIRABEAU. — Avez vous lu la
stupéfiante conversation que mon arrière-
petite-nièce — hélas ! — fait tenir à plusieurs
de nos collègues? Ah ça ! les vivants vont
nous prendre pour des serins !
LE POÈTE DE LA CHUTE DES FEUILLES —
On a parfois des descendants dont on se pas-,
serait volontiers.
L aïeul DES Mot ion (capitaine au régiment
de Dauphin-Cavalerie, dans l’armée de Condc
— Pour moi, mon cher, je ne suis pas hon
teux des exploits de mon petit-fils : Il me res
semble trop pour que je le renie . Au fait,
Monsieur de Mirabeau, i qui donc vont vos
sympathies, dans cette bataille qu'ils se livrent,
la-bas, sur terre ?
Mirabeau (d’une roix puissante). — A Jau
rès !
L n silence... Des ombres approchent, se ren
dant à leurs plaisirs ou à leurs affaires...
Le roi te de la " CnuT£ DES FEUILLES ». — ।
Interviewons-les. Vous qui passez, quels sont I
vos personnages de prédilection, dans l’affaire ,
Dreyfus ?
Ni ron. — J ai toujours eu du goût pour les I
belles farces sanguinaires. Vous savez avec
quelle ivresse je poussais mon quadrige, dans
mes jardins de Rome, entre deux rangées de
torches vivantes, enduites de cire. On était
anti-aryen, dans ce temps là. lié bien, mon
vi ai disciple, c’esl le Hulan Esterhazy. 1 aire
envoyer au bagne un innocent pour le crime
u’on a commis, c’est néronien N est-ce pas,
e Rais?
Le MARCHAI ni. Rais । barbe-bleue inculte).
— J’aime mieux Drumont; il est peut-être
plus complet.
Violet-le Duc. — Vous êtes mélodrama
tiques, messeigneurs. Le plus sympathique de
la bande, — croyez-en Fauteur de \ Histoire
d’une Forteresse — e est Bertillon !
AUBRY L: BOUCHER. —Mon type à in !,c’e.'t
Pellieux.
ALCIIADE. — Jadis, je goûtais le d indysme .
de Barrés : mais il a bien baissé, ses in iuvai-
ses fréquentations l'ont perdu.
Thermie (dit le plus lâche des Grecs). —
Est ce pour mon Judet que vous dites ça:
Marc Aurèle (Comme se parlant à lui-
même). — Parmi les habitants de la cite Je
Jupiter, j’aime entre tous le soldat loyal et
probe, Picquart, dont Famé a l'harmonicuse
simplicité du héros stoïcien.
L'avocat PATHELIN. — Je ne suis pas comme
vous. J’aime mieux les malins que les vic-
limes. Je raffole de Feuilloley.
L’ombre du patriarche de l craey passe
dans le lointain. Appuyé sur le bras Je Marc
En orphelin de douze ans, ne de parents
espagnols, errait devant les débarca deres du
poi l de Curaçao au moment de l’arrivée dans
ce pays des marins de l'encadre de l'amiral
Cervera.
Il demanda à entrer dans la marine espa
gnole.
Les matelots lui firent un saisissant tableau
des dangers de cette carrière, suri ut au mo
ment ou l’escadre allait se rencontrer avec
la Hotte américaine.
L’enfant insista avec tant d’énergie qu’il fut
présenté à Cervera, qui l embarqua à bord du
Maria- Lcresa.
Au moment du désastre Je l’escadre, l’en-
fant fut miraculeusement sauvé. Il partagea la
captivité de son amiral et vient de revenir
avec lui en Espagne.
Adopté par Cervera, l’enfant vient d'être
placé, aux frais de l’amiral, dans une école
navale.
*
* «
L'ECOLE D U 80IR
(Cours de morale pour AL de Pellieux).
L'opinion de la justice d'un chef est la bas
de son crédit et des sentiments :s‘on lui
porte.
M VR1 CH AL M ARMON :.
Dan» un de ses récent' articles, Gastos
Pollonnais, le talentueux écrivain que Foa
saii. écrivait : ■■ Les murs ont des oreilles. r
Lui aussi.
VI VE LE l ion
C'est le comte Jean de Sabran-Ponteves qu
a poussé ce cri révolutionnaire à l'issue d'une
réunion royaliste tenue hier soir à la salle
Chay nés.
M de Sabran-Ponteves a manifeste en
compagnie de Mme Jingei, femme du prési
dent du Comité royaliste de la circonscrip
tion.
Tout le grattin du noble faubourg était là.
Le spectacle était touchant. On a crie aussi
« V ivc la comtesse ! » ma chère ; « Vive le.
commandant 1 » C’était troublant.
Un vent d'émeute a souille sur les blasons.
Ombres ch armantes de Mme de I ongueville,
de Mme de Chevreuse et des frondeuses d’an
tan, protégez les !
»
* k
UN E GRE Ir!
I ne grève nouvelle menace d éclater.
C est celle des machinistes de théâtre. La
raison est celle-ci :
Les machinistes ne veulent pas accepter,
même avec une augmentation de salaire, la
responsabilité que veut leur faire prendre le
préfet de police en vertu de sa nouvelle or-
donnance concernant les mesures de précau
tion en cas J incendie...
C'est lundi, 17 octobre, qu'aura lieu la ren-
trée officielle des cour» et tribunaux.
C’est ce jour-là que sera célébrée la ridicule
Messe Rouge, après quoi les cours se rendront
dans leurs chambres respectives.
A l’issue de la Messe Rouge, les ma istrats
de la Cour de cassation et c... de F AT%
DONOVAN.
ONOSTICS
Gorenfht et Fea
i. — Littlo Monargae et
ket.
— Valseur
Prix du Conseil muni-
i corderons nos । réfé-
rget et à Hawandieh
Lou lun et D
inement sévère depuis
e trouvant ici admira,
poids, nous désigne.
Idole et Saint
S DE CE SOIR
Adrienne Lecouvreur.
e ! — Colinette.
1. Aîne.
Représentations espa-
ia Guerrero et de M. Fer-
loza. — La Nina Boba.
. — Place aux femmes!
Les Chaussons de danse.
— T.e Jeu de l’amour et
ontrôleur des Wagons-
h. 1,2. — Rolande. — Le
— Rembrandt.
a Bande à Fifi.
Les Quatrs
L’Hercule Farnèse.
itoué. — Rigobert.
JBLIQUE (représentations
- Le Barbier de Séville.
h. — Les Aventures de
. — La Loîe Ful 1er. —
Miss Saharet. — L’Enlè-
ballet. Mlle Margyl —
matinées à 2 h. 1/2.
8, rue Pigalle (téléphons
. Deval, Fur-y, Montoya,
o.— Cyrano de Tarascon.
56-70'. 8 h. 1/2. — Félicia
id, Giéter. — Ville-Dora.
ce! — Le Nouveau vieux
tacle-concert
AUJOURD’IUI
Ouver-
Une
he urei
10
10%
”C
rée)
ompte
1 Sud
) Est..
Lyon
Orléans
Midi...
Ouest..
J00
ne
105
553
1.16
107
58h
398
99
1,09
109
00
852
86
92
1.2
75
50
35
55 ..
6. 1 8
23 70
96 05
96 60
26
30
105
.'.31
1.16
107
398
109
00
352
86
50
50
5)
20
6‘ 1/8
96 05
96 60
26 d
5..8
K 8
290
1925
1845
1150
7.2
186
127
622
16
11
80
151.
108
289
1 1845
3686
115°
50
50
198 50
350
16
55 .
£26 .
-10
1-6
o ;
16
11
79
623
198
123
[0
50
50
78 •
game page • LA
( DEPOT LEGAL
P REMIÈRE »«ÉE. — M’173 % Le Numéro : CINQ centimes * | n“IZ ing 10 OCTOBRE I89S
‘ ■ r 1 ' ' J , -=====
LES DROITS DE L’HOMME
Ordre et progrès par la Révolution Française
ABONNEMENTS
PARIS
1 an
6 mois
3 mois
I FRANCE ET ALGÉRIE
20 -11 an 24 •
10 » : 6 mo S 13 •
5 50 | 3 mois 7 •
ÉTRANGER et union postale
1 an 35 •
G mois 18 •
3 mois. 10 »
RÉDACTION ET ADMINISTRATION :
142 — Rue Montmartre — 142
Les annonces sont reçues chez MM. Lagrange, Cerf et C”
6. Plsee de la Bourse, 6. et aux Bureaux du Journet
LES MANUSCRITS NON INSÉRÉS NE SONT PAS RENDUS
TÉLÉPHONE N* 101.87
HJ CARTOUCHES
DE ZURLINDEN
Voici trois semaines bientôt que
chôment les terrassiers du Champ de
Mars et que les chantiers de l’Exposi
tion sont déserts, — trois semaines de
résignation admirable, de sacrifices
et de privations, d’énergique opiniâ
treté, d’invincible résistance et de
dignité farouche et fière... La grève
aujourd’hui s’est étendue à toutes les
corporations du bâtiment que la coa
lition égoïste et lâche des capitaux
tente vainement d’affamer et que vai-
nement aussi l’on essayerait de faire
capituler. Plus de soixante mille tra
vailleurs ont jeté bas l’outil du ser
vage quotidien, refusant de se laisser
phi' longtemps exploiter, obéissant à
un magnifique élan de solidarité ou
vrière, alors que des camarades ré-
clament une augmentation de salaire
légitime et qu’il s’agit de les aider à
obtenir gain de cause. Paris veut se
parer pour la foire mondiale de 1900,
et personne ne veut plus consentir à
faire la toilette de la grande ville, de
vant que satisfaction pleine et entière
n’ait été accordée à ces héros de la
faim qui volontairement s’exposent
aux pires détresses pour la défense
de leurs droits î
Or, voici la solution que rêve d’ap
porter a cette crise douloureuse le
gouverneur militaire de Paris, M. le
général Zurlinden.
Toutes les troupes de la garnison
sont et demeurent consignées depuis
près de dix jours dans leurs quartiers
respectifs. Dans toutes les casernes de
la capitale, pas une permission n’a
rte accordée aux petits soldats de
campagne, venus du fond de la Bre-
tagne et de la Normandie. Et des pi
quets d’infanterie sillonnent la ville-
lumière aux abords des chantiers, aux
issues des fortifications, aux alen
tours des bastions, devant les galeries
lu Métropolitain abandonnées, dans
tous les coins de banlieue où naguère
peinaient les ruches laborieuses parmi
1 ■ poussière des moellons et les relents
de sueur humaine. Des renfort 3 vont
arriver encore : il viendra des soldats
de Senlis, de Compïègne, de Beau-
vais, de La Père, d’Amiens et d’ail
leurs...
Les troupiers ne sont pas contents.
Si la consigne est de se taire sans
murmurer, elle ne défend point de re
gretter les lianes délicieuses par les
boulevards élégants devant les vitrines
luxueuses des magasins éblouissants,
elle n’interdit pas non plus de songer
d la bonne amie, à la payse qu’un
heureux hasard fit rencontrer dans
quelque square public en songeant, la
cigarette aux lèvres, aux choses, aux
gens et aux bétes du village natal dont
le ciel étoilé ne se retrouve point sous
la calotte du firmament parisien. Elle
est dure, la consigne, et s’aggrave
encore du sentiment des permissions
perdues et de ce vague danger de col-
lis on dans la rue dont, tout bas, l’on
''entretient à l’oreille comme d’une
guerre civile toute proche. Ils n’enten-
dent rien a ce problème social si com-
plexe et si grave, les petits soldats de
campagne, et les grévistes leur appa-
raissent volontiers comme des pertur
bateur- de la paix publique, comme
des malfaiteurs redoutables, pro mi- à
un châtiment exemplaire. N‘est-ce
p iuià cause de ces gens-là que l’on
est consigné, sans qu’on sache pour-
Les hommes ont reçu chacun vingt
cartouches, de vraies cartouches Le-
bel, de celles qu’on expérimenta jadis
de sanglante et tragique manière con-
tredes poitrines françaises, à Four-
nues. Ces paquets de cartouches ne
\ 'aient sortir des magasin" qu'en
" ' Circonstances graves, en présence
“evenements exceptionnels; ces mu-
nitions en sont sorties. M. le général
urlinden a pris sur lui d’alimenter
par elle- la culasse des fusils nouveau
modèle...
11 est des gens, des misérables qui
vent ouvertement de saignée popu-
“re,
-aines, voire quelques milliers de
s Vistes, et répondre à ceux qui de-
andent du pain par des balles de
r.pmb, quélle solution efficace î Ce
ait nettoyer du coup la situation,
Ms des ruisseaux de sang, il est vrai,
eastsonne fait point d’omele te sans
1 des œufs, n’est-ce pas ? ô theo-
riciens féroces des « répressions né
cessaires »! Que l’on ne frémisse point
d’indignation en lisant ceci, c’est la
théorie qu’ouvertement l’on n’ose point
afficher, mais que l’on chuchote entre
amis, dans un cabinet bien clos, en
songeant à l’Etat-Major qu’on « vili
pende », à l’armée qu’on « outrage »,
à l’Exposition dont le succès financier,
— le seul qui importe, —parait d’ores
et déjà compromis. Et puis, ces gré
vistes qui bénévolement emboîtent le
pas aux meneurs » — car il est des
meneurs, la presse immonde l’affirme,
— valent-ils vraiment qu’on se soucie
de leur peau, et ne sont-ils point chair
à canon ?
Elle affirme bien plus encore, la
presse immonde : elle imprime que
derrière les meneurs de la grève il y a
le Syndicat de l’ile du Diable, et que
celui-ci paie ceux-là pour entraver
l’œuvre de l’Exposition, pour compro
mettre le crédit de la France à l’étran
ger... C’est tellement odieux et inepte
que cela ne vaut même point la peine
d’etre démenti; mais il suffit «pièces
abominables perfidies soient éditées
pour justifier, aux yeux de ceux-là
même qui n’attendent qu’une occasion
de coucher le peuple de Paris en joue,
les plus sanglantes représailles...
Les troupiers ne sont pas contents.
Depuis près de dix jours, ils demeu
rent consignés, énervés, surexcités,
furieux contre les grévistes, incapa
bles de désobéir aux ordres que, ma
chines à tuer, ils sont contraints
d’exécuter. Au commandement : feu !
les Lebel partiraient tout seuls.
M. Brisson a-t-il mesuré toute la
gravité des événements qui se prépa
rent ? a-t-il d’avance consenti à souil
ler la fin de sa carrière de républicain
austère d’une maculature de sang que
l’Histoire jamais ne saurait effacer?
a-t-il enfin médité de provoquer dans
les rues de Paris des cris de : « Vive
l’armée ! » à la façon de Gessler, fai
sant saluer son chapeau planté au
bout d’une pique dans la libre Helvé-
tie et sous la menace de fusillades re
nouvelées du crime de Décembre ?
Que le président ou conseil des 1111-
nistres y prenne garde : si les petits
soldats de Bretagne et de Normandie
brûlent les cartouches de Zurlinden,
c’en sera bientôt fait de nos dernières
libertés démocratiques, et M. Brisson
portera devant la postérité l'écrasant
fardeau d’une Révolution qu’il pouvait
eviter, et lui seul sera responsable de
la chute de la République !
POLITIQUE
Le Temps a très bien dit que le mys
tère, les cachoteries, les simagrées, les
machinations, poursuivis avec un
entêtement sans exemple, ont agacé
au plus haut point l’opinion publique.
Il n’a peut-être pas dit assez que le
refus de lumière et de justice pendant
plus de trois années consécutives, est
un fait exorbitant, incroyable, en de
hors de nos mœurs et de notre carac
tère, et, par-dessus le marché, un fait
essentiellement antirépublicain et des
tructeur de la République.
Que le colonel Picquart continue
d’être en prison et au secret, après
tant de persécutions abominables,
dont il a été la victime et où il aurait
pu laisser la vie, pour avoir voulu la
justice et la vérité, c’est un fait et une
suite de faits, où il est impossible de
reconnaître la République de France.
Et voilà bien la cause profonde de
notre angoisse et de l’indignation dont
nos âmes sont pleines! Ce n’est plus
la République. Nous l’avons assez dit
ici depuis trois mois. Ce n’est plus la
République : Alors, qu'est-ce donc ?
M. Brisson pense qu'il est le chef res
ponsable du gouvernement républi
cain : il ne l’est certainement pas. Il
est impossible qu’il le soit et que nous
voyions ces choses. Alors, sous quelle
loi vivons-nous et quels sont nos
maîtres ?
HECTOR DEPASSE
légitime. Le pape, dans son ignorance to
tale de la vie populaire, considère l’exis-
tence des classes, leurs luttes homicides,
leur transformation comme une chose éter
nelle.
Ce n’était pas assez de la croyance au
dogme religieux, il fallait, par surcroît, la
croyance au dogme économique. Le pape
ignore (comme tant d’hommes politiques)
que les classes disparaîtront nécessaire
ment et fatalement par l’effet des nouvelles
conditions de la vie industrielle et commer
ciale. Il ignore que la servitude et la misère,
cortège inévitable de l'existence des classes,
ne disparaîtront qu’avec elles.
Il nous offre encore cette charité chré
tienne qui n’est que le masque hypocrite de
l'exploitation de l'homme par son sembla
ble, cette charité odieusement commercia
lisée entre les mains de tous les entrepre
neurs de misère publique et particulière
ment dans celles plus crochues du clergé.
H. DAGAN.
SCÈNES A FAIRE
MARCEL H U ART.
Les DROITS WE A/AHOMANAZ publie
roui demain P’article de
PAll. BillMT
LE RECORD D’HA’OTALX
Quand I rbain Guider nous eut révélé
toutvequHanotatt.v avait touché en titres,
en crachats et en or pour laisser massa
crer les Arméniens, Hinotuux comprit
qu'il serait fort habile de rejeter un pareil
। forfait sur un excès dfimbécillité. Il s'é-
1 tudia donc à ressembler aux grands per-
= sonnages qui triomphent dans le monde
i par l'habitude qu'a prise le public de
mettre les turpitudes de l ur exist nce
I sur le compte de leur incurable crcti-
I nisme.
Il se modela d'abord sur Félix Faure,
' porta monocle et guêtres blanches, fré-
| qaenta le beau monde et s'afficha avec
Ggp. Mais il échoua dans cette tentative
et y renonça d finitiv ment quand, un
beau jour, Crozier lui eut déclaré que
Félix Faure aurait toujours l'air plus
crétin que lui.
Hanotaux pensa à copier Fochefort
mais Crozier lui fit encore observer qu’il
lui manquait pour jouer ce rôle une
femnix a léquate.
Hanotaux se rabattit sur Déroulède. Il
arbora une grande redingote, se composa
une tête d'ahuri, se fit siffler dans une
turlupinade à la façon de Hoche, se fit
hiu r dans une complainte à la façon de
Du Guesclin et, ne manqua pas un jour
d'aller sala ’r cinq ou six fois la statue de
Strasbourg. Mais l'impitoyable Crozier
lui signift 1 encore que Paul Déroulède
aurait toujours !air plus er fin que lui.
Alors Hanotaux se piqua d'honneur.
Comment ! un homme de son intelligence
et de son expérirne ne trouverait p ts
un moyen de passer dans le monde pour
un inconscient idiot! Il chercha et sou
dain pensa à Millevoye. Ce fut un trait
de lumière : c tte fois il était sauve. Sans
perdre une minute i> courut à une adresse
bien connue et, séance tenante, paya
27.1>00 fr. la photographie d'une lettre où
l'empereur d'Allemagne recommandait
Dreyfus à la bienveillance de Uunster.
( aind il revint avec son achat, Cro-
:i r, transporté, lui cria : « Cette fois ça
q 'si! Vous êtes encore plus crétin g ic
M'Ilev yc!»
*E PIC.
Le Cas de M. Judel
M. Henry Bérenger a consacré, dans la
Revue lileue, un article sévère à M. Ernest
Judet.
Celui-ci a répondu immédiatement par
une lettre dont nous relevons les princi
paux passages, ceux où le triste journaliste
essaye de se disculper des fautes et des
vilenies innombrables de sa vie.
« 1° Je n’ai jamais reproché à Zola d être
italien, dit-il, je l'accuse d'être sans patrie.»
M. Judet ment (c'est une habitude). On n’a
qn’a fanilleior la collection du Petit Journal
pour s'en convaincre.
« 2” J’ai établi que je n'avais pas lu les
faux Norton avant leur divulgation par
d’autres. Pour le faux Henry, l’imputation
de M. Bérenger est saugrenue. »
M. Judet ment. Il a été établi que M. Judet
a été non seulement le complice, mais
même le commanditaire du faussaire Nor
ton, comme il a été le complice et le
commanditaire d’Henry.
« 3° J’ai saisi le juge d'instruction du dif
férend provoqué par les lettres du colonel
Combes, ajoute M. Judet. ”
Mais il a été surabondamment prouvé
que le rédacteur en chef du Petit Journal
a été le complice d’un faussaire pour salir
le grand écrivain Emile Zola.
« A 0 Mon dossier universitaire n’a rien
qui m’embarrasse. »
Nous avons publié plusieurs fois dan» les
Droits de l'Homme les preuves du sans-
patriotisme de M. Judet. Il faut avoir le
courage de ses opinions. M. Judet ne la
pas. Il esquive le service militaire, mais il
se fait professeur de patriotisme.
Son dossier universitaire est tout ce qu’il
y a de plus louche :
Fruit sec de l’École normale, envoyé en
Corse, ramené à Château roux, il est chassé
brusquement de l'Université par un arrêté
ministériel en date du 7 décembre 1877.
Voilà ce que deviennent à la lumière des
faits, les réfutations caduques et les indi
gnations hypocrites de M. Judet.
M. Henry Bérenger a répondu dans la
Revu Bleue à M. Judet par une lettre dé
daigneuse. La voici ;
Mon chef directeur,
J’ai lu la réponse que M. Judet a faite a mon
article, et que vous voulez bien me commu
niquer.
Cette réponse ne détruit en rien les faits
que j’avais affirmés dans mon étude. Elle leur
donne simplement une explication ou des
excuses que M. Judet s’était jusqu’ici borné à
refuser, et que je suis heureux d’avoir pro
voquées.
Quant à la dédicace rappelée par M. Judet,
je me contente de lui repondre qu’elle est
antérieure à tous les événements actuels, et
qu'à ce moment je n’avais pas approfondi le
caractère de son entreprise. Ce sont ses arti
cles manifestement malveillants contre un
homme comme M. Buisson qui m’ont enfin
ouvert les veux. J’aurais préféré, vous le savez
bien, les garder fermés, ou plutôt ouverts aux
seules sérénités morales et intellectuelles.
Votre fidèle.
HENRY BÉRENGER.
M. Judet aura-t-il la pudeur de se taire?
H. Dg.
LES VINGT-HUIT JOURS DE LA GOURDE
POUR JEAN AJALBEET.
Au bureau de la compagnie, dans laquelle
Polin et La Gourde, dit Sabatier, font leurs
vingt-huit jours.
Le capitaine, qui est en train de signer les
pièces, s’interrompt brusquement dans son tra
vail et examine avec curiosité un titre de per
mission.
LE CAPITAINE (lisant) — « Permission de la
journée au soldat Sabatier ». Ah ! Par exem
ple, voici qui est un peu fort. Il a de l’aplomb
ce cabotin! Sergent-major, allez me chercher
la Gourde.
Le sergent-major fait demi-tour et disparait;
entre la Gourde.
Le CAPITAINE. — Ah! vous voici, mon gar
çon. J'ai à vous parler. C'est vous le réserviste
la Gourde ?
La GOURDE [fièrement). — Oui, mon capi
taine.
Le CAPITAINE. — Du reste, je vous recon
nais maintenant.
LA Gourde (même j^u). — Je suis très
connu.
Le Capitaine. — Je dois vous avoir vu
quelque part.
La Gourde — A quelque première sans
doute, mon capitaine.
Le Capitaine. —Probablement ou ailleurs,
à Trouville.
La Gourde. — Sur les planches?
Le CAPITANL. — Parbleu oui ! c'est cela,
sur les planches. Rien de plus naturel ruioquc
vous chantez au café-concert.
LA GOURDE (qui veut protester). — Mon ca-
pitaine...
Le CAPITAINE . Suffit. — Vous m’êtes re
commandé.
La Gourde (qui essaye encore de protester).
— Mon capitaine, je voulais vous dire...
Le CAPITAINE (l'interrompant). — Inutile
Généralement je commence par flanquer huit
jours de boîte aux hommes qu’on me recom
mande, pour leur montrer que je ne les perds
pas de vue. Cependant je ne vous ai pas puni :
vous auriez donné trop de distractions à la
salle de police !
La GOURDE (même jeu). — Mais, mon ca
pitaine...
Le CAPITAINE. — Taisez-vous donc! — Je
ne vous ai pas puni, mais je vais le faire. si
vous abusez à nouveau de mon indulgence.
Vous êtes un acteur distingué, d’accord.
La Gourde (même jeu). — Mon capit...
Le Capitaine. — Vous chantez bien, c'est
entendu.
La Gourde (même jeu). — Mon cap...
Li: Capitaine. — N ous êtes un bon comique
je ne dis pas le contraire. Mais vous n êtes
pas ici pour faire vos farces.
La Gourde [stupéfait). — Quelles farces,
mon capitaine?
Le Capitaine. — Ne faites pas l’innocent.
Vous savez bien qu'à la caserne il n’y a plus
de nom de guerre ; il ne faut pas vous croire
ici au café-concert ; vous vous appelez bien
La Gourde ?
La GOURDE. Mais... oui... mon capitaine.
Le CAPITAINE [furieux, lui montrant la per
mission). Eh bien, alors, comment osez-vous
encore essayer de vous taire appeler Saba
tier ?
G. TIMMORY.
que tous ceux qui ont au cœur quelque
fierté et quelque dignité se révolteront à la
pensée qu'à la veille du vingtième siecle,
Plus de cent ans après la Révolution, des
rançais aient pu venir dire au Pape :
« Nous sommes soumis à votre direction
politique ; c’est à vous que nous remettons
la direction politique de la France .’ »
Jamais, à aucune époque, pareil exemple
de servilisme no nous avait été donné.
Les rois de Frane eux-mêmes n eussent
pas souffert un semblable langage, et c'est
sous le gouvernement de M. Brisson, après
vingt-huit ans de République, qu’il nous
faut subir cet affront!...
Ah ! en sommes-nous donc tombés la !
N y aura-t-il pas personne pour rappeler au
respect de la France ces Français degénerés
fils d’esclaves assoiffés d'esclavage ?
Sous un autre régime, le pape eût été
mis en demeure de condamner lui-même
les paroles de M. Harmel. On lui aurait
fait sentir qu'un gouvernement libre ne
peut pas souffrir qu’un pouvoir etran
ger accepte d’intervenir dans la direction
de ses affaires politique». On lui aurait fait
comprendre qu’on avait le moyen d’exercer
des représailles contre lui, et on aurait
obtenu satisfaction.
Mais aujourd’hui ! ah! aujourd’hui, allez,
donc parler au pape comme Louis XIV ou
Napoléon lui parlaient !
Nous sommes de dix siècles en retard sur
nos aïeux. Rome est plus puissante en
France qu’elle ne le fut jamais.
C’est Félix Faure qui règne, mais c'est le
P. Dulac qui nous gouverne!
Et l'on parle de patriotisme! Et l'on parle
de nationalisme.'...
Beau patriotisme, vraiment ! Et combien
il faut être « nationaliste » pour vouloir
faire de la Fiance la vassale d’un Peeci et
des Français les fidèles serviteurs d un Pa-
rocchi !...
Ah! monseigneur, quel honneur!...
H. DRÉAN.
Antoine Calas, il cause familièrement avec
Lally-1 oliendal.... L’abbé Trublet, Freron,
Nonotte et Patouillet (la presse immonde du
dix-huitième) se montrent Voltaire du doigts
Sale juif! Sale Dreyfusard!...
Seul, la figure longue, le teint jaune comme
un coing, le regard taux, Godefroy Cavaignac
ià part) : Et dire que je suis encore plu» mort
que tous ces gens-là !
L. V.
ÉCHOS
LÂCHETÉ GOUVERYEMEVTALE
Le gouvernement a appris, un peu après
tout le monde, que le duc d'Orléans, le
mari de l'Autrichienne, le noceur requin
qué avec les millions de la Triplice, devait
faire bientôt une apparition en France.
Inutile de dire que nous ne croyons pas
un mot de cette nouvelle, Gamelle n’étant
plus eu ces temps de dêche ou la nécessité
d’extraire quelques louis de la poche de
ses nobles caudataires, triomphait de sa
couardise naturelle jusqu’à le jeter a d’inof.
fensives frasques. Mais le gouvernement,
lui, l’a mu et a pensé devoir prendre pour
celle éventualité quelques précautions élé
mentaires.
Il a commencé par rappeler aux com
mandants de gendarmerie l'article de loi
par lequel le duc d'Orléans est exile du
territoire français et leur enjoint de veiller
à l’application de cette loi avec le plus
grand soin. ("est parfait. Mais pourquoi
prescrire cela eu une circulaire cunfi ien-
tielle/
Quoi ! c'est en secret, com ne eu se ca
chant, que le ministère ordonne l’exécu-
tion de» lois! Il n'a même pas le vulgaire
courage de la légalité au grand jour! A
quel degré de couardise est il tombé qu'il
n'ose pa» crier ouvertement, publiquement
à tous les agents de l’autorité d’arrêter le
prétendant et de le fourrer au bloc, s’il ose
seulement montrer dans ce pays, qui a
vomi sa race, le bout de son nez mi-allc-
mand et mi-autrichien.
P.
Dialogue de quelques autres Morts
Le Pape et la Question sociale
Hier, en présence de l’abbé Gayraud et
de l’abbé Garnier. Léon XIII a formulé d’une
façon précise les idées qu’il professe sur
les grands problèmes sociaux contempo
rains.
Ces idées sont aussi vieilles que le ca
tholicisme. Qui donc a prétendu que le
pape était un esprit novateur ?
Ecoutez, ce qu'il pense du sort de la dé
mocratie :
— Si. dit-il, se tenant en garde contre de
fallacieuses et subversives théories, la démo
cratie accepte avec une religieuse résignation
et comme un fait nécessaire la diversité des
classes et des conditions; si la démocratie veut
être chrétienne, elle donnera à votre patrie
un avenir de bonheur.
Voilà donc la condamnation de tout effort,
de toute revendication, de toute révolte
Les dépêches de Rome nous ont apporté
hier soir le récit de diverses manifestations
auxquelles a donné lieu un pèlerinage
qu'un richissime industriel, M. Harmel, a
conduit auprès du pape.
Il v avait là l’abbé Gayraud, l’abbé Gar
nier,* toute la fine fleur du cléricalisme mi
litant.
M. Harmel a commencé par assurer le
pape que tous les catholiques de France
étaient soumis à sa direction politique. Le
pape a répondu que la seule démocratie
possible était la démocratie qui était sou
mise à la direction de l'Eglise. Là-dessus,
l’abbé Gayraud a déclaré que « la France
devait être le sergent de Dieu au milieu de»
peuples», et le cardinal Parocchi nous a
promis la résurrection de « la France
de Charlemagne, de Saint-Louis et de
Henri IV », — ce qui est une façon comme
une autre de nous annoncer la fin pro-
chaine de la Révolution.
Voici qui est par conséquent bien net,
bien catégorique.
Pour être bon catholique, il faut obéir au
pape non seulement en matière de dogme,
mais encore en matière politique.
Le pape n’est pas seulement le directeur
des consciences des fidèle» Il est aussi le
directeur des opinions des citoyens.
Nous ne savons pas ce que penseront de
cette doctrine les catholiques indépendants
qui, tout en voulant conserver les traditions
de leur cuite, n'entendent pas cependant
prendre conseil de leur curé dans tous les
actes de leur vie.
Mais nous savons bien que tous ces
hommes libres, que toutes ces consciences
droites* guetous ces esprits indépendants.
C' EST LA G LIGNE
L’ouvrier qui travaillait à l‘Opéra-Comiqu
a. carrément, lâche son chantier.
Il est parti en chantant, en chur, la t.arma*
gno!e.
La guigne, je vous dis!
M. Carré est allé pleure» chez le ministre
pour avoir un remplaçant.
***
GOCRPA t OT
Nous avons déjà annoncé que M Sabatier,
| directeur de ï Eclair ou pontifie Humbert-le-
i l orçat-royalis te, fai sait ses vingt-huit jours
Or, savez-vous comment l appellent ses
j compagnons d'armes ?
। — La Gourde de l’Escouade.
i Ce qui prouve, une fois de plus, que la
Vérité est en marche.
*
I.A PEPLE.
Voici des détails qui vont faire plaisir J
maintes femmes. Gageons que toutes se re-
connaîtront, même Aime Bob- Walter.
La femme la mieux faite du monde, ou,
pour être plus exact, le modèle le plus parfait
• — car on peut être très bien faite et répugner
[ à servir de modèle à d'indiscrets artistes —
! est une jeune dame de New York, du ni m de
Clara Betz.
Les proportions de Miss Clara Betz sont
celles du canon esthétique idéal. D’après les
autorités les plus competentes, la femme par
faite doit être conformée comme suit : Hau
teur, 5 pieds 4 pouces; buste, 91 centimètres
1 ‘2 : taille 6 centimètres 1/4; hanches, 94 cen-
timetres; cuisses, 83 centimètres: mollets,
37 centimètres; chevilles, 20 centimètre- 1/2;
mains, 11 centimètres 1 2; pieds, 16 centi
mètres 1/2. Le poids du corps ne doit pas
être sensiblement inférieur ni supérieur à
60 kilos.
On ne nous dit pas le poids exact de Miss
Betz, mai' on n'oublie pas de nous apprendre
que les artistes de New-York se di paient ses
ecrvicesa coups de banknotes. Or. Miss Betz
ne se dérangé pas pour moins de quarante
dollars par séance.
Nous en connaissons qui se dérangent pour
moins... n‘e st-ce pas?
ldi FiL> AhOPTIF DE CEilVERA
L’oNBRE DE MIRABEAU. — Avez vous lu la
stupéfiante conversation que mon arrière-
petite-nièce — hélas ! — fait tenir à plusieurs
de nos collègues? Ah ça ! les vivants vont
nous prendre pour des serins !
LE POÈTE DE LA CHUTE DES FEUILLES —
On a parfois des descendants dont on se pas-,
serait volontiers.
L aïeul DES Mot ion (capitaine au régiment
de Dauphin-Cavalerie, dans l’armée de Condc
— Pour moi, mon cher, je ne suis pas hon
teux des exploits de mon petit-fils : Il me res
semble trop pour que je le renie . Au fait,
Monsieur de Mirabeau, i qui donc vont vos
sympathies, dans cette bataille qu'ils se livrent,
la-bas, sur terre ?
Mirabeau (d’une roix puissante). — A Jau
rès !
L n silence... Des ombres approchent, se ren
dant à leurs plaisirs ou à leurs affaires...
Le roi te de la " CnuT£ DES FEUILLES ». — ।
Interviewons-les. Vous qui passez, quels sont I
vos personnages de prédilection, dans l’affaire ,
Dreyfus ?
Ni ron. — J ai toujours eu du goût pour les I
belles farces sanguinaires. Vous savez avec
quelle ivresse je poussais mon quadrige, dans
mes jardins de Rome, entre deux rangées de
torches vivantes, enduites de cire. On était
anti-aryen, dans ce temps là. lié bien, mon
vi ai disciple, c’esl le Hulan Esterhazy. 1 aire
envoyer au bagne un innocent pour le crime
u’on a commis, c’est néronien N est-ce pas,
e Rais?
Le MARCHAI ni. Rais । barbe-bleue inculte).
— J’aime mieux Drumont; il est peut-être
plus complet.
Violet-le Duc. — Vous êtes mélodrama
tiques, messeigneurs. Le plus sympathique de
la bande, — croyez-en Fauteur de \ Histoire
d’une Forteresse — e est Bertillon !
AUBRY L: BOUCHER. —Mon type à in !,c’e.'t
Pellieux.
ALCIIADE. — Jadis, je goûtais le d indysme .
de Barrés : mais il a bien baissé, ses in iuvai-
ses fréquentations l'ont perdu.
Thermie (dit le plus lâche des Grecs). —
Est ce pour mon Judet que vous dites ça:
Marc Aurèle (Comme se parlant à lui-
même). — Parmi les habitants de la cite Je
Jupiter, j’aime entre tous le soldat loyal et
probe, Picquart, dont Famé a l'harmonicuse
simplicité du héros stoïcien.
L'avocat PATHELIN. — Je ne suis pas comme
vous. J’aime mieux les malins que les vic-
limes. Je raffole de Feuilloley.
L’ombre du patriarche de l craey passe
dans le lointain. Appuyé sur le bras Je Marc
En orphelin de douze ans, ne de parents
espagnols, errait devant les débarca deres du
poi l de Curaçao au moment de l’arrivée dans
ce pays des marins de l'encadre de l'amiral
Cervera.
Il demanda à entrer dans la marine espa
gnole.
Les matelots lui firent un saisissant tableau
des dangers de cette carrière, suri ut au mo
ment ou l’escadre allait se rencontrer avec
la Hotte américaine.
L’enfant insista avec tant d’énergie qu’il fut
présenté à Cervera, qui l embarqua à bord du
Maria- Lcresa.
Au moment du désastre Je l’escadre, l’en-
fant fut miraculeusement sauvé. Il partagea la
captivité de son amiral et vient de revenir
avec lui en Espagne.
Adopté par Cervera, l’enfant vient d'être
placé, aux frais de l’amiral, dans une école
navale.
*
* «
L'ECOLE D U 80IR
(Cours de morale pour AL de Pellieux).
L'opinion de la justice d'un chef est la bas
de son crédit et des sentiments :s‘on lui
porte.
M VR1 CH AL M ARMON :.
Dan» un de ses récent' articles, Gastos
Pollonnais, le talentueux écrivain que Foa
saii. écrivait : ■■ Les murs ont des oreilles. r
Lui aussi.
VI VE LE l ion
C'est le comte Jean de Sabran-Ponteves qu
a poussé ce cri révolutionnaire à l'issue d'une
réunion royaliste tenue hier soir à la salle
Chay nés.
M de Sabran-Ponteves a manifeste en
compagnie de Mme Jingei, femme du prési
dent du Comité royaliste de la circonscrip
tion.
Tout le grattin du noble faubourg était là.
Le spectacle était touchant. On a crie aussi
« V ivc la comtesse ! » ma chère ; « Vive le.
commandant 1 » C’était troublant.
Un vent d'émeute a souille sur les blasons.
Ombres ch armantes de Mme de I ongueville,
de Mme de Chevreuse et des frondeuses d’an
tan, protégez les !
»
* k
UN E GRE Ir!
I ne grève nouvelle menace d éclater.
C est celle des machinistes de théâtre. La
raison est celle-ci :
Les machinistes ne veulent pas accepter,
même avec une augmentation de salaire, la
responsabilité que veut leur faire prendre le
préfet de police en vertu de sa nouvelle or-
donnance concernant les mesures de précau
tion en cas J incendie...
C'est lundi, 17 octobre, qu'aura lieu la ren-
trée officielle des cour» et tribunaux.
C’est ce jour-là que sera célébrée la ridicule
Messe Rouge, après quoi les cours se rendront
dans leurs chambres respectives.
A l’issue de la Messe Rouge, les ma istrats
de la Cour de cassation et c... de F AT%
Le taux de reconnaissance estimé pour ce document est de 86.66%.
En savoir plus sur l'OCR
En savoir plus sur l'OCR
Le texte affiché peut comporter un certain nombre d'erreurs. En effet, le mode texte de ce document a été généré de façon automatique par un programme de reconnaissance optique de caractères (OCR). Le taux de reconnaissance estimé pour ce document est de 86.66%.
-
-
Page
chiffre de pagination vue 1/4
- Recherche dans le document Recherche dans le document https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/search/ark:/12148/bpt6k6817456b/f1.image ×
Recherche dans le document
- Partage et envoi par courriel Partage et envoi par courriel https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/share/ark:/12148/bpt6k6817456b/f1.image
- Téléchargement / impression Téléchargement / impression https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/download/ark:/12148/bpt6k6817456b/f1.image
- Mise en scène Mise en scène ×
Mise en scène
Créer facilement :
- Marque-page Marque-page https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/bookmark/ark:/12148/bpt6k6817456b/f1.image ×
Gérer son espace personnel
Ajouter ce document
Ajouter/Voir ses marque-pages
Mes sélections ()Titre - Acheter une reproduction Acheter une reproduction https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/pa-ecommerce/ark:/12148/bpt6k6817456b
- Acheter le livre complet Acheter le livre complet https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/indisponible/achat/ark:/12148/bpt6k6817456b
- Signalement d'anomalie Signalement d'anomalie https://sindbadbnf.libanswers.com/widget_standalone.php?la_widget_id=7142
- Aide Aide https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/aide/ark:/12148/bpt6k6817456b/f1.image × Aide
Facebook
Twitter
Pinterest