Titre : Les Droits de l'homme / fondateur Henri Deloncle
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1898-08-09
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32759074m
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Description : 09 août 1898 09 août 1898
Description : 1898/08/09 (A1,N212). 1898/08/09 (A1,N212).
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k6817397x
Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, GR FOL-LC2-5700
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 02/05/2016
PREMIÈRE ANNÉE. — F 212
MARDI 9 AOUT 1898
LES DROITS
PARIS
T an.. ----
6 mois .. • ooust
3 mois
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JRSES A CAEN
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ABONNEMENTS
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FRANCE ET ALGÉRIE
an ...
mois
mois,
24
13
7
ÉTRANGER et union postale
1 an ...
6 mois.
3 mois.
35
18
10
TRIBUNE
LE SYNDICAT
DES MORTS
S PRONOSTICS
•ein uvnt, — Danube
M. Cauri
e isté derrière Railleur
également une v ctoire
uc n’a rien de bien
de sa condition.
Ni BE.
r. Cazabat après sa brillante
rintemps vient de se faire battre
dans le prix Monarque par
illeur et Dax ; Le Samaritain n'a
illant dans le prix Azur où il
lerrière Quilda. Hawandiel que
re avait envoyé en Angleterre i
parlé plus haut de Bar le Duc,
Royal Oak.
recevant dix livres de Maestro
e une course a Longchamp sur
battait Adamia; son compagnon
tel a mal couru dans le pris
r suite d'un accident survenu
urse, mais il est actuellement
e et se trouvera certainement
et REVIGNY.
ci-te d'Encouragement. — Mile de
in. Valseur et Rosario sont en-
i épreuves précédentes. Marcel
troisième à Maisons derrière
atel, il avait précédemment
Prix de Compiègne sur 2,900
l est en pleine forme : il vient
x épreuves successivement, en
1 battait Gratin et Inshallah:
e vient de mal courir; Roi Jean
à Vincennes, derrière Antithése
er. Veston et Capodimonte ont
uru.
p Saint MLDARD.
min de fer de l'Ouest : Anal
HIRE.
jny. — BASSAM, CABOU /LOT.
DONOVAN.
EMINS DE FER
ris de nos chemins ont, cette
d'importance; ces grandes
is une avance marquée sur
cote et attendent que les
leur permettent d'aller plus |
raité de 1,095 à 1,095, le Lyon
). le Midi de 1,150 à 1,455, le
। à 2,165, l'Orléans de 1,800
sont encore satisfaisantes,
lus aussi brillantes que cel
semestre. Pour la semaine
le 16 et le 22 juillet, la vingt
aine de 1 exercice, elles don:
value de 944,000 francs, Iu
nt total au 22 juillet de
31,244,000 francs.
ns 3 0/0 de nos grandes com
jours très demandées.
Les algériennes et les com-
aires n’ont pas varié,
étrangers très fermes ne 50
s de leurs cours de samedi,
les Autrichiens à 775: 2
5, les Méridionaux italien’
□es chemins espagnols; k
ht à 93, le Nord de l’Espagne
se à 110.
S INDUSTRIELLES
a reprise assez vive du 5u
ment, avait fléchi, on le r.
Lui lieu de 3,703. La Pan "
avancée de 1,420 à 12
implement ferme à 2512
rausit dépasse actuelleme.
millions et demi et le no.
en route qui est de 588 C,
le époque de l'année Ca
rer que la progression
se retrouve à h fr. Le Jt
monté à 1. francs ; sa * •
st demandée à 300. On.sa,
elles sont les propo’ln.
éricain qui voudrait .5
eprise des travaux ; *.* .
75,000 bons à lots qui 1
lie, propriété de l’ancien.
les convertirait en c
portant 15 francs d’inte.
esdans les délais de la Ce
M. Paul Stapfer osa révéler que le
recteur Couat avait souffert les pires
angoisses morales, parce qu’il s’était
cru obligé au silence par ses fonc-
tions officielles; M. Léon Bourgeois a
frappe M. Paul Stapfer pour avoir dit
une vérité qui offusque Tartuffe.
Mais, les lèvres décloses par la mort
libératrice, le recteur Couat a parlé,
et la lettre presque testamentaire pu
bliée par M. Trarieux, la lettre déses-
perée et indignée a atteint directe
ment les faux démocrates qui se tai
sent ou se font, avec le ministre de
l'instruction publique, les complices
et les valets de M. Godefroy Cavai
gnac
Voici maintenant qu’au seuil d’une
autre tombe, des paroles graves ont
rte prononcées; et que les derniers
actes, les dernières pensées de M. Fé
lix Pécaut, ancien directeur de l’Ecole
normale d’institutrices de Fontenay-
aux-Roses, ancien membre du conseil
supérieur de l’instruction publique,
ancien inspecteur general, apparais-
sent comme une protestation magnifi
que contre les hontes présentes joyeu
sement acceptées par M. Léon Bour
geois, ce pauvre homme.
M. Félix Pécaut ? un intellectuel
encore, quelqu’un dans le genre de ce
Grimaux que les bandes à Marinoni
ont insulté à Nantes, de ce Paul
Meyer qui sait les langues romaines
et prétend encore enseigner aux géné
raux la phototypie et l’art de faire des
faux, de ce Louis Havet si familier
avec la critique des textes qu’il distin
gue couramment une phrase d’Ester-
hazy d’une phrase de Dreyfus? Un
intellectuel, si l’on veut, mais avant
tout et surtout un admirable éduca
teur d’âmes, un de ces hommes qui
sont pour qui les approche une cons
cience vivante.
Une règle de conduite absolue diri
gea sa vie, la sincérité envers soi-
mème. Quand il crut avoir trouvé une
vérité, il y conforma sa pensée et ses
actes, souvent au prix de terribles lut-
tes intérieures. Elevé dans le protes-
tantisme, nourri de fortes études théo-
logiques, pasteur, il fit la critique de
sa foi, et quand il en fut venu à esti
mer, par la lecture des textes et la
méditation intime, qu’il ne pouvait
plus croire ni à l’autorité de la Bible,
ni à la divinité, ni à la sainteté du
Christ, il écrivit antérieurement à Re
nan, le Christ et la Conscience (1859)
et se sépara des églises réformées.
Dès lors — il avait un peu plus de
trente ans — maladif, de corps débile
et condamné, semblait-il, à une mort
prochaine, il se retira dans son petit
village du Béarn, seul avec sa pensée,
à la manière d’un sage antique, d’un
stoïcien qui joue avec une résignation
hautaine le rôle où il fut destiné dans
le drame harmonieux des choses.
Vint la guerre, l’effroyable défaite
savamment préparée par les généraux
de l’Etat-Major impérial dont nul ne
pouvait discuter les infaillibles vertus,
à moins de passer pour un fou dange
reux et malfaisant. M. Félix Pécaut
sortit de sa retraite et collabora à la
seule œuvre à peu prés honorable,
aussi est-elle en passe de péricliter,
qu’ait accomplie la troisième Répu-
blique : l’organisation de renseigne
ment laïque. Il fut nommé d’abord
inspecteur hors cadres de l’enseigne-
ment primaire, puis, en 1880, direc-
leur de l’école normale supérieure
‘institutrices de Fontenay.
Là, pendant seize ans, par là seule
ersuasion de l’exemple, sans imposer
l’autre dogme ni d’autre règle morale
lue celle de la sincérité envers soi-
nème qu’il pratiquait si loyalement,
J forma des disciples fidèles et dignes
de lui, et chacune des âmes fragiles
qui lui furent confiées se développa
selon sa propre nature, en dehors de
toute autorité brutale qui en eût violé
l’autonomie.
Depuis deux ans, il avait résigné ses
fonctions de Fontenay et demeurait
inspecteur général et membre du con
seil supérieur. Quelques jours avant
de mourir, il a fait écrire par les siens
et insister auprès du ministre pour que
celui-ci acceptât sa démission. Ce par-
fait honnête homme n’avait pas sur
l’affaire Dreyfus le même sentiment
que M. Léon Bourgeois et il voulait,
affranchi de tout scrupule hierarchi-
que, manifester sa pensée*
Ordre et progrès par la Révolution Française
DLPOTLEG,
REDACTION ET ADMINISTRATION
142 — Rue Montmartre — 142
Les annonces sont reçues chez MM. Lagrange, Cerf et C’e
6. Place de la Bourse, 6. et aux Bureaux du Jour nal
LES MANUSCArTS NON INSÉRÉS NE SONT PAS RENDUS
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M. Buisson, qui a organisé l’ensei
gnement primaire et que l’hostilité
sauvage du parti clérical a poursuivi
jusque dans sa chaire de professeur
en Sorbonne, a dit devant la tombe
ouverte, en son nom personnel, « pas
au nom du ministre », les suprêmes
tristesses de son ami. M. Félix Pécaut
croyait que réparer une erreur n’est
pas une honte, au contraire, il croyait
que la pire des hontes serait de pren
dre son parti d’une iniquité,«même in
volontairement commise ; » il croyait
que la France emportée vers le plus
terrible des malheurs, quelque chose
de plus désastreux que les batailles
perdues, l’oblitération définitive de la
conscience et de l’idée de justice, et il
disait, il faisait dire à ceux qui dé
tiennent momentanément le pouvoir
de nuire: a II est facile d’obtenir qu'au-
jourd'hui la conscience publique se
taise et s’apaise, de guerre lasse.
Tremblons que ce malheur ne nous
arrive : Celui-là seul serait irrépa
rable. »
Vaines paroles ; les infamies succé
daient aux infamies. M. Godefroy Ca-
vaignac alléguait dans son discours
des documents absurdes : M. Félix Pé
caut envoya sa souscription à l’affi
chage en réponse au discours du mi
nistre, dès que sa démission l’eut
rendu libre. Quand il apprit l’arresta
tion du lieutenant-colonel Georges
Picquart, de grosses larmes roulèrent
de ses yeux. Et, jusqu’à la mort, « il
dicta, dit M. Buisson, des lettres dé
chirantes à ceux qu'il a cru capables
d’écarter un suprême avertissement ».
J’imagine que M. Léon Bourgeois
dut être de ceux-là. Indulgent, quoi
que perspicace, M. Félix Pécaut lui
attribuait peut-être, à défaut d’hé
roïsme, la sorte d’intelligence qu’il
faut pour ne pas s’engager à fond
dans une mauvaise affaire. Il se trom
pait: le ministre de l’instruction pu
blique est un Tartuffe de seconde
qualité, incapable de combinaisons à
échéances lointaines. Il pense et il
s’agit, selon son intérêt, non pas même
du jour, mais de l’heure et de la mi
nute, avec une telle inconscience que
de la propre main qui suspendait M.
Paul Stapfer de son décanat, il rédi
geait une dépêche pour la famille de
M. Pécaut — les deux fils, l’un méde
cin, l’autre professeur, luttent ouver
tement pour la vérité et pour la
justice — et se permettait de témoi
gner «le profond regret personnel que
lui cause la mort de ce grand homme
de bien ».
Vivant, il l’eut révoqué ; mort, il lui
inflige hypocritement l’hommage de
son estime déshonorée.
Les mensonges ministériels valent
peu. Leur bruit ne couvre pas les voix
inquiétantes qui viennent d’outre
tombe. Vous pourrez chasser les fonc
tionnaires coupables d’être des hom
mes libres, emprisonner tous les mem
bres du syndicat depuis Emile Zola et
Anatole France jusqu’à Georges Cle
menceau et Jean Jaurès, bâillonner
nos bouches, briser nos plumes. Et
après ? Que ferez vous contre l’autre
syndicat? Par quelle mesure adminis
trative et militaire ordonnerez-vous
aux morts de respecter la loi du silence
que vous imposez aux vivants?
PIERRE QUILLARD.
Les DROITS DE L'HOMME publie -
rent demain l'article de
JEAN AJALBERT
POUR LA PATRIE
L'exemple du Gaulois enrôlant, à ses
frais, une troupe de policiers chargés de
la surveillance spéciale des instituteurs et
institutrices du département de la Seine,
va être suivi par tous les patriotes.
L'Eclair vient de faire savoir à M. Co-
chefert, directeur de la Sûreté générale,
qu'il pourvoira à l'entretien d'une es
couade de douze agents secrets, qui sur
veilleront et dénonceront les agissements
des membres de l'enseignement supérieur :
Z’Echo de Paris va équiper une troupe de
vingt mouchards, délégués plus particu
lier em-.nt Ci la surveillance des maires;
le Petit Journal annonce qu'il se charge
de l'organisation d'une brigade d'agents
recrutés parmi les domestiques, qui feront
des rapports sur les fréquentations de
leurs maîtres ; enfin, l’Intransigeant étu
die la formation d'une compagnie d'agents
des mœurs, qui recueilleront despetitspa-
piers sur les amours des dreyfusards.
Toutes ces organisations patriotiques
seront rattachées à un comité central
dont le siège sera à la Libre Parole.
M. Drumont, à qui les fonctions délicates
qu'il a occupées à la Préfecture, avec
Stamyr et Marchai, ont donné une com
pétence spéciale en ces matières, classera
chaque matin les rapports et les trans
mettra directement aux ministres char ¬
gés de sévir. M. Drumont, a déjà déclaré
ne vouloir d'autre rémunération que la
petite commission qu'il pourra tirer des
dreyfusards disposés à s'amender.
Cette vaste Ligue des agents secrets
du patriotisme déjouera certainement les
manœuvres du Syndicat de la trahison.
Elle aura l'avantage de permettre l'épu
ration du pays sans bruit, sans esclandre,
sans scandales inutiles. Un beau jour un
homme disparaîtra et l'on constatera
simplement qu'il est un traître de moins;
un beau matin M. Drumont fera un nou
veau dépôt à la Banque et les amis, cli-
gnant de l'œil et se poussant du coude,
affirmeront que la chrétienté vient de
rentrer dans ses biens volés.
LE PIC.
POLITIQUE
POUSSIÈRE DE COUPS D’ÉTAT
On nous dit que la question Dreyfus-
Zola n’est pas toute la politique : c’en
est au moins une grande et terrible
partie.
Même, c’est quelque chose de plus que
la politique, que toute la politique par
lementaire, ministérielle et prefectorale,
s’il est vrai que nous y avons vu engagés
les principes les plus essentiels de la so
ciété civile et de la Révolution française,
la liberté de la presse et la liberté des
consciences.
Or, qui en peut douter ? Qui nous con
testera que, depuis dix mois, a été menée
contre les droits de la critique une cam
pagne inouïe de violence, de menaces et
de folies ?
Jamais rien de tel ne s’était passé en
France. Les démarches les plus extrava
gantes, les accusations les plus pernicieu
ses, publiées à des millions d’exemplai
res, colportées et criées dans les rues, dis
tribuées dans la masse du peuple pour
l’affoler contre des hommes qui ne fai
saient rien d’autre que de rechercher la
vérité et demander le respect de la loi,
l’évocation de l’on ne sait quelle puissance
étrangère qui nous eût interdit de
faire la justice chez nous et de reviser
nos procès comme nous l’entendions,
puis l’honneur de notre armée outragée,
des perspectives de démission des chefs,
des menaces de sédition ou de grève
militaire, pire que la sédition même, ce
n’est là qu’un fragment de l’affreux
tableau que quelques personnes avaient
imaginé de nous présenter soir et matin!
Nous demandions tranquillement la
justice : on nous menaçait des gendar
mes, on criait qu’on allait nous faire
empoigner! Des gens dévoués et mo
destes, qui jamais n'avaient occupé le
monde de leurs personnes, des profes
seurs, des savants, des médecins, on di
sait qu’on allait les englober tous dans
une accusation formidable de trahison
envers la patrie et la République, et on
annonçait qu’on les déporterait au bout
du monde pour purger le sol national de
l'infection de leur présence !
En deux mots, toutes les folies déli
rantes, voilà le spectacle qu’on a donné
au monde depuis dix mois et les moyens
insensés qu’on a journellement employés
pour nous empêcher de demander la ré
paration d’une erreur judiciaire!
Les ministres de la République se sont
faits, par abdication intime de leur con
science et par oubli de tous les principes
de gouvernement, les flatteurs de cette
mascarade; ils chassaient les professeurs
de leurs chaires, ôtaient aux écrivains
leurs décorations, ils opprimaient et per
sécutaient tout ce qu'ils pouvaient per
sécuter et opprimer dans le nombre des
hommes qui ne consentaient pas à s’in
cliner devant les ténèbres.
On nous jetait aux yeux cette pous
sière de coups d’Etat pour nous empê
cher de regarder et de chercher la lu
mière.
Le ministère Brisson est venu, et il a
commencé par nous rendre l’espérance.
Le ministre de la guerre a déclaré du
haut de la tribune, aux applaudissements
unanimes de la Chambre, que l’honneur
de l’armée n’avait pas besoin d’être pro
tégé par une pareille fantasmagorie et que
« nous étions libres de traiter nos affaires
chez nous comme nous l’entendons. »
Nous vivons, depuis lors, sur cette pa
role. On en revendique ici la sanction
pleine et entière. Traiter les affaires de
France, comme nous l’entendons, comme
la France l’a toujours entendu, c’est les
traiter par la justice et par la clarté. Si
nous sommes réellement libres, s il y a
un gouvernement, une République cons
tituée, la procédure de 1894 ne devrait
pas exister un jour de plus !
HECTOR DEPASSE
Châteaux de Connétables
M. le maire de Nantes et M. le maire de
Clisson sont glorifiés par les journaux du
syndicat de l’injustice et de l’illégalité.
— Honneur à ces deux maires’ bravent
avec ensemble les feuilles de Drumont, de
Rochefort et de Millevoye. Ils savent se
conduire en vrais paladins d’Esterhazy !
M. le maire de Nantes et M. le maire de
Clisson peuvent être fiers de ces homma-
ges. Ils les ont mérités.
L’un a, parait-il, signifié à M. Grimaux
d'avoir à quitter la ville qu’il administre.
L’autre a fait mieux : il lui a interdit l’accès
du territoire de la commune qu’il repré
sente.
Nous regrettons vivement que la Patrie
de M. Millevoye qui n’est évidemment pas
la Patrie de tous les Français, n’ait pas
daigné nous faire connaître le texte de la
« signification » de M. le maire de Nantes.
Il eût été du plus haut intérêt de savoir
pour quels motifs, et en vertu de quelles
lois, un maire peut expulser un citoyen.
Cette lacune, heureusement, est en quel
que sorte comblée par la lettre que le
maire de Clisson, M. Branger-Perraud, a
adressée au secrétaire du Congrès pour
l’avancement des sciences.
Cette lettre — véritable arrêté d’interdic
tion — est ainsi conçue :
Je nie fais un devoir de vous répondre que
la ville de Clisson est heureuse de recevoir
tous ceux qui veulent la visiter; mais celui
qui a l’honneur de la représenter ne se dé
rangera pas pour recevoir un Yves Guyot ou
un Grimaux.
Et je puis tous assurer <]tian dreyfusard n’en
trera pas dans les Garennes et ne franchira pas
la poterne pour pénétrer dans le château du Con-
nêtable. De son temps les félons étaient pendus
haut et court. La sévérité des lois s’est adoucie,
mais la noblesse du cœur est restée la même chez
les CUssonnais.
La noblesse de cœur des Clissonnais est,
en effet, incontestable. On la mesure à cette
lettre.
Nous ne nous attarderons pas cependant
à protester contre la bêtise, le sectarisme
étroit et l’odieux du procédé de M. le inaire
de Clisson.
Cet homme est d’un autre âge. Il professe
pour la science le même mépris que les
chevaliers d’antan, maîtres et seigneurs de
ses aïeux. Je regrette le temps où l’église
brûlait Jeanne d’Arc. Je déplore de ne point
pouvoir infliger à M. Grimaux et à M. Yves
Guyot le traitement qu’on infligeait jadis
aux Etienne Dolet.
Quand le fanatisme en arrive là, il n’y a
plus de colère à avoir contre ceux qu’il
aveugle; il n’y a qu'à les plaindre.
M. le inaire de Clisson est, du reste, bien
mal tombé de fermer la poterne du château
du Connétable à MM. Yves Guyot et Gri
maux, ces vendus et ces traîtres.
Si le féodal sir Branger-Perraud connais
sait un peu mieux son bistre, il saurait, en
effet, que le plus fameux des conétables ac
cepta le titre de lieutenant-général de l’em
pereur d’Allemagne, trahit François Ier en
Italie, et mérita au passage de la Sechiales
reproches indignés de Bayard mourant.
Châteaux de connétables, serions-nous
donc en droit de lui répondre : « Foyers de
trahisons et cavernes de brigands, où Es-
terhazy seul a une place. »
H. Dr.
ÉCHOS
d’éfalon pour la frappe qui sera représenté
aujourd'hui à l’éminent artiste.
Il est probable qu’on pourra commencer
cette frappe au mois d’octobre.
LA TUNIQUE D'ARGENTEU IL
Toujours elle! A force de la montrer au
peuple, on va finir par l’user.
Elle, c'est la Tunique de Jésus, la véritable,
et cette seule véritable tunique, il y a cin
quante paroisses qui la possèdent... Mais celle
qui fait le plus de bruit, c est évidemment
celle d’Argenteuil.
A cette occasion un petit pèlerinage a été
organisé...
J’ignore si le marquis de Rochefort tenait
le dais... mais j'ai tout lieu de 1c penser.
Amen!
*
* *
VN FAUSSAIRE
Ceci est un fait-divers rétrospectif :
M. Blancard vient de présenter à l’Acadé
mie des sciences morales et politiques un
travail graphique d’où il résulte que la révi
sion du procès du roi Philippe le Bel, con
vaincu par l’histoire de faux-monnayage,
n’est vraiment pas une révision à faire.
Philippe le Bel était, à n’en point douter,
un escroc distingué.
Nous le signalons au préfet de police.
NOTULES
Depuis le 1 er juin, l'Administration
des Droits de l’Homme délivre
des abonnements spéciaux de villégia
turé, valables pour un mois, au prix de
deux francs.
L'A MIRA I. ET L A PR ESSE
Savez-vous pourquoi, depuis deux jours, la
Presse parisienne ne souffle plus mot des
hauts faits et gestes de l’amiral Lockroy.
Si les journalistes chargés de suivre cette
promenade maritime sont muets comme des
carpes, cela tient à ce que M. Lockroy les a
jugés trop bavards.
Il n’y avait pas moyen de leur cacher le
lamentable état de la flotte.
Alors, tant qu’il y a eu des pétards, des
banquets, des fleurs et des discours, on a bien
voulu que les journaux parlassent.
Mais aujourd’hui qu’on peut se rendre
compte que les bateaux ne vont plus... les
journalistes... il n’en faut pas non plus.
Ce n’est pourtant pas eux, ô Mossicu l’Ami
ral, qui empêchent vos vaisseaux de mar
cher...
**•
M. BUISSON
Un universitaire qui n’a pas froid aux yeux,
comme presque tous les universitaires d’ail-
leurs, commença sa carrière comme élève à
l’École normale supérieure, la termina admi
nistrativement par ses fonctions de directeur
de l’enseignement primaire au ministère de
l’instruction publique. Il fut le général des
instituteurs de France et cette armée silen
cieuse lui est dévouée et marche derrière lui
au premier signal. Il fut juste et humain. On
pourrait citer plusieurs parlementaires qu il
envoya promener quand, pour satisfaire des
raucunes électorales, ils venaient lui deman
der quelque infamie consistant en un déplace
ment ou une disgrâce d’instituteur. Buisson
fut en outre, l’apôtre glorieux de l’œuvre de
laïcisation... les écoles de France lui doivent
le grand progrès accompli pendant ces der
nières années... Buisson a appris aux éduca
teurs de nos fils à n’instruire qu’avec la cons
cience, le Droit et la Loi. C est un homme
devant la loyauté duquel nous devons nous
incliner .. Les hommes qui, comme lui, n'hé
sitent pas à dire la vérité, qui comprennent
que c’est guérir la maladie de la patrie que
de lui dévoiler son mal, ces hommes-lii sont
rares. Nous en avons un... aimons le.
* *
LA NOUVELLE MONNAIE
Décidément, on tient à ce que notre mon
naie soit flambante pour l’Exposition.
Après les sous, les décimes, les pièces de
cinquante centimes, de un franc, de deux
francs et de cinq francs, voici que l’on tra
vaille au louis, au beau louis d’or, espérance
des pauvres bougres, chimère des bohèmes...
M. Chaplain n’avait pas été satisfait des
premiers essais de son louis, qui n’en est
plus un. et il avait voulu retoucher son avers
pour lui donner plus de relief et de couleur,
le revers demeurant tel qu'il l'avait primiti-
vement gravé.
C’est donc le louis d'or destiné à servir
ÉCOLE DU SOIR
(Cours de morale à Lutage de V Etat-Major).
Mille plumes et encore plus de clameurs se
sont élevées contre moi et m’ont fait éprouver
que la vérité est comme les enfants qu'on ne
met point au monde sans douleurs.
(D’ALEMBERT, t. IV, p. 2 18.)
»
À *
UN PORT RAIT DE ROBESPIER RE
Le musée de Carnavalet vient de recevoir
un très curieux portrait de Robespierre que
préférait à tous les autres Robespierre lui-
même, car il le gardait précieusement dans
sa chambre à coucher, rue Saint-Honoré,
chez les Duplay.
Derrière le cadre se trouve cet intéressant
autographe :
« Ce portrait était dans la chambre de Ro
bespierre, qui l’a donné au docteur Suber-
bielle, et celui-ci en me le donnant m’a dit :
a Je vous fais cadeau d’une relique précieuse
» que j'ai toujours conservée religieusement ;
» elle doit vous appartenir maintenant.
» David d'Angers. »
ROSIÈRES
Les rosières font des petits...
Quand j’avance un fait, je le prouve : autre
fois il n’y avait qu’une rosière, celle de Nan
terre: aujourd’hui, il y en a partout; partir de
un, pour arriver à cent, cela s'appelle-t-il,
oui ou non, faire des petits?
Hier, c'est en plein Paris, à Passy, que
Mossicu le Maire a couronné Mlle Gabrielle-
Lucie Pottier, rosière.
Le prix accordé en la circonstance et dé
cerné hier pour la deuxieme fois, a été fondé
par M. Debolle, ancien négociant, à la mé
moire de sa femme défunte. Il consiste en une
somme de 600 francs, dont 550 francs placés
à la Caisse d'épargne jusqu'à la majorité ou
jusqu’au mariage de la titulaire et 50 francs
versés comptant à la jeune fille reconnue la
plus méritante, habitant le quartier depuis
huit ans et âgée de dix huit à vingt et un ans.
Après avoir reçu les félicitations du pré
sident, la rosière s’est rendue au cimetière de
Passy pour y déposer une couronne sur la
tombe de Mme Debolle.
***
LA PUREE
La Opinion, journal de la province de Cata-
logne (Espagne, assure que les employés de
la ville de Tarragone ont demandé l’autorisa
tion de déposer sur chaque pupitre un tronc
avec l’inscription: «On sollicite des aumô
nes. » La requête se base sur ce fait que,
depuis neuf mois, les malheureux n ont plus
touché d’appointements...
LES GENS PR ESSÉS
Mon marchand de vin, qui est un homme
pressé, m’a adresse hier la lettre suivante :
« Monsieur,
» J’ai l'avantage de vous envoyer par cour
rier de ce jour, sous le numéro 1428, une
barrique (payable à quatre-vingt-dix jours»
d’excellent Mâcon... sidération distinguée... »
GIL.
RAMOLLOT ANTISÉMITE. — Le colonel Ra-
mollot n’est pas devenu général. Mais il est
devenu plus ramollot et — naturellement ! —
antisémite. Cette belle organisation cérébrale,
depuis le chef-d’œuvre de Leroy, a subi un
accident bien fâcheux, mais heureusement peu
commun. Par suite d’une liquéfaction com
plète de la matière grise, le colonel Ramollot
ne peut plus prononcer que des mots com
mençant par un c, singularité qui donne à
ses entretiens familiers comme à ses haran
gues un tour fâcheusement obscur. On nous
écrit de la ville de N... que, furieux de l’affi-
chage de la réponse à Cavaignac, le colonel
Ramollot a réuni hier matin le régiment dans
la cour de la caserne et a adressé aux troupes
une admonestation vigoureuse autant que
laconique. Notre correspondant a réussi a
sténographier ce morceau d'éloquence dont
voici le texte monolitteral :
• Commandants, capitaines, caporaux, can-
tiniers, chut ! Colonel communique colère.
Calvinistes cauteleux, circoncis cossus. Cra
pules conjurées criaillent, clabaudent comme
cochons, circonviennent chrétiens catholi-
ques. concevez! Crétins, canailles, coquins
coalisés complotent contre Clam. Conspira-
tion, connu ! Colonel condamne complot
communard contre cabinet Cavaignac. Cavai-
gnac colosse, calé comme Condé-Cesar !
Contagion contamine cette cité. Connais cou
pables; commettent crime capital. Certifie
crénom ! calmerai clameurs. Couperai con
criminels convaincus; capturerai complices,
chasserai colonies, colloquerai Cayenne ; col
lerai cachots, chaînes, carcans ; crêperai chi
gnons, crosserai croupions, crèverai culasses !
Conclus : Carrant eonsules, comme clamait
Cicéron. Comprenez charabia, crongnieu-
nieu ! ». — SAINT-MALC.
Lire à la deuxieme page :
La Chronique, par L.-Xavier de
Ricard.
L’ACTE NÉCESSAIRE
L'Ami des vieille s Femmes
Dans un article dialogué, d'ailleurs idiot,
mais toujours assez bon pour les lecteurs
de la Libre Parole, cette pauvre Gyp halète
en trois charabiesques colonnes a souffler
dans le panache de Martial Judct, rentier
en 1870-71, lieutenant en 1876, calomniateur
et faussaire en 18J8, et qui aura sans doute
en 1900 troque contre le bonnet vert le beau
képi doré des jours de parade.
Sous la plume de Gyp, un serrurier —
est-ce celui qui crochette pour le Hulan
l’armoire de fer de l’Etat-Major — s’écrie
en parlant de 1 hyène du Petit Journal :
« L’est très bath !... Ct un grand blond...
bien d’aplomb d’ssus ses quilles... et qu'aurait
aussi vite fait d vous descendre un type avec
ses mains que d’vous 1’ déboulonner dans son
canard... •
Le dernier béguin de Gyp, ce «type très
bath» pendant que les ouvriers tombaient
sous les balles prussiennes, chauffait ses
«quilles» dans une prudente retraite et
mettait dans ses poches «ces mains» énor
mes qui ne songeaient guère, je vous le
jure, à «descendre» les Bavarois.
Souffleté du mépris de tous les hommes
de cœur, une consolation reste à Martial
Judet : l'enthousiasme de Mme Gyp de
Martel pour son torse de « beau blond »
Cela ne saurait nous étonner l’ « Ame de
la Patrie » a toujours été l'ami des vieilles
femmes, comtesses et msme... princesse !
P. U
Quelques partisans de la révision du
procès Dreyfus, tout en rendant hom
mage à la vaillance d’Emile Zola, décla
rent qu’ils regrettent l’intervention vio
lente et révolutionnaire du grand écri
vain. Ils estiment qu’elle fut fâcheuse et
de nature à retarder la réparation de
l'iniquité commise en 1891, car le fameux
J'accuse,en découvrant toutes les respon
sabilités, les erreurs et les crimes, exas
péra les résistances, transporta l'affaire
du domaine juridique, d'où elle n’eût
pas dû sortir, dans le domaine de la po
litique où luttent mille intérêts et pas
sions contraires.
Il eut été préférable, pensent-ils, d'agir
avec prudence et modération, d'amener
l’Etat-Major lui-même à vouloir et à faire
la révision, sans que personne en souf
frit. Telle fut la tactique du sage Scheu-
rer-Kestner qui s’efforça de convaincre
le gouvernement, en évitant toute indis-
cretion, tout scandale.
Ainsi raisonnent quelques-uns, et je
me hâte de dire qu’à aucun point de
vue je ne partage leur avis. L’acte de
Zola, au moment où il s’est produit,
était un acte nécessaire, un acte aussi
sage qu'héroïque. Zola fut révolution
naire parce qu’il fallait l’être, parce
que, déjà, le gouvernement, l’Etat-Major,
toutes les puissances coalisées avaient
manifesté leur ferme résolution de s’op
poser à toute vérité et à toute justice. Il
ne restait plus qu’à en appeler à l’opi
nion publique, à la conscience des hon
nêtes gens, et qu’à monter bravement,
ouvertement, avec toutes nos armes, à
l’assaut du mennge, formidable for
teresse où se tenaient toutes les forces «le
la réaction.
Il ne s’agissait plus seulement de ré
parer une erreur judiciaire, d'arracher
un innocent au bagne, mais de défendre
la République, l’œuvre de la Révolution.
La cause de Dreyfus se trouvait intime
ment liée à celle de la liberté. On ne
pouvait plus les séparer. Dreyfusard
devenait synonyme de républicain.
Ce que sentit admirablement Emile
Zola. Il élargit le débat, comme il conve
nait. Le premier, il pénétra la situation,
découvrit les causes profondes du mal et
les dénonça. Grâce à lui, l’affaire Dreyfus,
banale à première vue, n’offrant aux es
prits superficiels que la gravité d’une
erreur juridique ordinaire, apparut sou
dain comme l’ulcère qui révèle la décom
position du sang dans tout l’organisme.
Loin de nuire à la révision du procès de
1891, l’intervention violente du grand
écrivain la rendit inévitable. C’est ce que
je prétends démontrer.
Reportons-nous, d’abord, à l’heure
d’angoisse où parut la lettre au président
de la République. Tout, un instant avant,
semblait fini. Esterhazy venait d être
acquitté, à l’unanimité, par un conseil de
guerre. Les défenseurs de Dreyfus, ap
pelés à fournir leurs preuves devant ce
conseil, n’avaient apporté que des affir
mations timides, mêlées de réticences.
Leur attitude avait produit une impres
sion fâcheuse. Esterhazy était acclamé
par la foule. L’iniquité triomphait inso
lemment. La vérité, refoulée au fond «lu
puits.semblait ne plus devoir reparaître.
Les plus braves désespéraient, les plus
convaincus sentaient leur foi chanceler,
et les imposteurs pouvaient croire à leur
victoire definitive. Jamais peut-être, à
aucune époque de l’histoire, l’erreur
n’avait été favorisée par un tel concours
de circonstances. Nos adversaires occu-
MARDI 9 AOUT 1898
LES DROITS
PARIS
T an.. ----
6 mois .. • ooust
3 mois
un s'a fiai
Crtanl au
rtelle
rappe-
au poste Males
JRSES A CAEN
i ùi 1898
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ABONNEMENTS
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FRANCE ET ALGÉRIE
an ...
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ÉTRANGER et union postale
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35
18
10
TRIBUNE
LE SYNDICAT
DES MORTS
S PRONOSTICS
•ein uvnt, — Danube
M. Cauri
e isté derrière Railleur
également une v ctoire
uc n’a rien de bien
de sa condition.
Ni BE.
r. Cazabat après sa brillante
rintemps vient de se faire battre
dans le prix Monarque par
illeur et Dax ; Le Samaritain n'a
illant dans le prix Azur où il
lerrière Quilda. Hawandiel que
re avait envoyé en Angleterre i
parlé plus haut de Bar le Duc,
Royal Oak.
recevant dix livres de Maestro
e une course a Longchamp sur
battait Adamia; son compagnon
tel a mal couru dans le pris
r suite d'un accident survenu
urse, mais il est actuellement
e et se trouvera certainement
et REVIGNY.
ci-te d'Encouragement. — Mile de
in. Valseur et Rosario sont en-
i épreuves précédentes. Marcel
troisième à Maisons derrière
atel, il avait précédemment
Prix de Compiègne sur 2,900
l est en pleine forme : il vient
x épreuves successivement, en
1 battait Gratin et Inshallah:
e vient de mal courir; Roi Jean
à Vincennes, derrière Antithése
er. Veston et Capodimonte ont
uru.
p Saint MLDARD.
min de fer de l'Ouest : Anal
HIRE.
jny. — BASSAM, CABOU /LOT.
DONOVAN.
EMINS DE FER
ris de nos chemins ont, cette
d'importance; ces grandes
is une avance marquée sur
cote et attendent que les
leur permettent d'aller plus |
raité de 1,095 à 1,095, le Lyon
). le Midi de 1,150 à 1,455, le
। à 2,165, l'Orléans de 1,800
sont encore satisfaisantes,
lus aussi brillantes que cel
semestre. Pour la semaine
le 16 et le 22 juillet, la vingt
aine de 1 exercice, elles don:
value de 944,000 francs, Iu
nt total au 22 juillet de
31,244,000 francs.
ns 3 0/0 de nos grandes com
jours très demandées.
Les algériennes et les com-
aires n’ont pas varié,
étrangers très fermes ne 50
s de leurs cours de samedi,
les Autrichiens à 775: 2
5, les Méridionaux italien’
□es chemins espagnols; k
ht à 93, le Nord de l’Espagne
se à 110.
S INDUSTRIELLES
a reprise assez vive du 5u
ment, avait fléchi, on le r.
Lui lieu de 3,703. La Pan "
avancée de 1,420 à 12
implement ferme à 2512
rausit dépasse actuelleme.
millions et demi et le no.
en route qui est de 588 C,
le époque de l'année Ca
rer que la progression
se retrouve à h fr. Le Jt
monté à 1. francs ; sa * •
st demandée à 300. On.sa,
elles sont les propo’ln.
éricain qui voudrait .5
eprise des travaux ; *.* .
75,000 bons à lots qui 1
lie, propriété de l’ancien.
les convertirait en c
portant 15 francs d’inte.
esdans les délais de la Ce
M. Paul Stapfer osa révéler que le
recteur Couat avait souffert les pires
angoisses morales, parce qu’il s’était
cru obligé au silence par ses fonc-
tions officielles; M. Léon Bourgeois a
frappe M. Paul Stapfer pour avoir dit
une vérité qui offusque Tartuffe.
Mais, les lèvres décloses par la mort
libératrice, le recteur Couat a parlé,
et la lettre presque testamentaire pu
bliée par M. Trarieux, la lettre déses-
perée et indignée a atteint directe
ment les faux démocrates qui se tai
sent ou se font, avec le ministre de
l'instruction publique, les complices
et les valets de M. Godefroy Cavai
gnac
Voici maintenant qu’au seuil d’une
autre tombe, des paroles graves ont
rte prononcées; et que les derniers
actes, les dernières pensées de M. Fé
lix Pécaut, ancien directeur de l’Ecole
normale d’institutrices de Fontenay-
aux-Roses, ancien membre du conseil
supérieur de l’instruction publique,
ancien inspecteur general, apparais-
sent comme une protestation magnifi
que contre les hontes présentes joyeu
sement acceptées par M. Léon Bour
geois, ce pauvre homme.
M. Félix Pécaut ? un intellectuel
encore, quelqu’un dans le genre de ce
Grimaux que les bandes à Marinoni
ont insulté à Nantes, de ce Paul
Meyer qui sait les langues romaines
et prétend encore enseigner aux géné
raux la phototypie et l’art de faire des
faux, de ce Louis Havet si familier
avec la critique des textes qu’il distin
gue couramment une phrase d’Ester-
hazy d’une phrase de Dreyfus? Un
intellectuel, si l’on veut, mais avant
tout et surtout un admirable éduca
teur d’âmes, un de ces hommes qui
sont pour qui les approche une cons
cience vivante.
Une règle de conduite absolue diri
gea sa vie, la sincérité envers soi-
mème. Quand il crut avoir trouvé une
vérité, il y conforma sa pensée et ses
actes, souvent au prix de terribles lut-
tes intérieures. Elevé dans le protes-
tantisme, nourri de fortes études théo-
logiques, pasteur, il fit la critique de
sa foi, et quand il en fut venu à esti
mer, par la lecture des textes et la
méditation intime, qu’il ne pouvait
plus croire ni à l’autorité de la Bible,
ni à la divinité, ni à la sainteté du
Christ, il écrivit antérieurement à Re
nan, le Christ et la Conscience (1859)
et se sépara des églises réformées.
Dès lors — il avait un peu plus de
trente ans — maladif, de corps débile
et condamné, semblait-il, à une mort
prochaine, il se retira dans son petit
village du Béarn, seul avec sa pensée,
à la manière d’un sage antique, d’un
stoïcien qui joue avec une résignation
hautaine le rôle où il fut destiné dans
le drame harmonieux des choses.
Vint la guerre, l’effroyable défaite
savamment préparée par les généraux
de l’Etat-Major impérial dont nul ne
pouvait discuter les infaillibles vertus,
à moins de passer pour un fou dange
reux et malfaisant. M. Félix Pécaut
sortit de sa retraite et collabora à la
seule œuvre à peu prés honorable,
aussi est-elle en passe de péricliter,
qu’ait accomplie la troisième Répu-
blique : l’organisation de renseigne
ment laïque. Il fut nommé d’abord
inspecteur hors cadres de l’enseigne-
ment primaire, puis, en 1880, direc-
leur de l’école normale supérieure
‘institutrices de Fontenay.
Là, pendant seize ans, par là seule
ersuasion de l’exemple, sans imposer
l’autre dogme ni d’autre règle morale
lue celle de la sincérité envers soi-
nème qu’il pratiquait si loyalement,
J forma des disciples fidèles et dignes
de lui, et chacune des âmes fragiles
qui lui furent confiées se développa
selon sa propre nature, en dehors de
toute autorité brutale qui en eût violé
l’autonomie.
Depuis deux ans, il avait résigné ses
fonctions de Fontenay et demeurait
inspecteur général et membre du con
seil supérieur. Quelques jours avant
de mourir, il a fait écrire par les siens
et insister auprès du ministre pour que
celui-ci acceptât sa démission. Ce par-
fait honnête homme n’avait pas sur
l’affaire Dreyfus le même sentiment
que M. Léon Bourgeois et il voulait,
affranchi de tout scrupule hierarchi-
que, manifester sa pensée*
Ordre et progrès par la Révolution Française
DLPOTLEG,
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142 — Rue Montmartre — 142
Les annonces sont reçues chez MM. Lagrange, Cerf et C’e
6. Place de la Bourse, 6. et aux Bureaux du Jour nal
LES MANUSCArTS NON INSÉRÉS NE SONT PAS RENDUS
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M. Buisson, qui a organisé l’ensei
gnement primaire et que l’hostilité
sauvage du parti clérical a poursuivi
jusque dans sa chaire de professeur
en Sorbonne, a dit devant la tombe
ouverte, en son nom personnel, « pas
au nom du ministre », les suprêmes
tristesses de son ami. M. Félix Pécaut
croyait que réparer une erreur n’est
pas une honte, au contraire, il croyait
que la pire des hontes serait de pren
dre son parti d’une iniquité,«même in
volontairement commise ; » il croyait
que la France emportée vers le plus
terrible des malheurs, quelque chose
de plus désastreux que les batailles
perdues, l’oblitération définitive de la
conscience et de l’idée de justice, et il
disait, il faisait dire à ceux qui dé
tiennent momentanément le pouvoir
de nuire: a II est facile d’obtenir qu'au-
jourd'hui la conscience publique se
taise et s’apaise, de guerre lasse.
Tremblons que ce malheur ne nous
arrive : Celui-là seul serait irrépa
rable. »
Vaines paroles ; les infamies succé
daient aux infamies. M. Godefroy Ca-
vaignac alléguait dans son discours
des documents absurdes : M. Félix Pé
caut envoya sa souscription à l’affi
chage en réponse au discours du mi
nistre, dès que sa démission l’eut
rendu libre. Quand il apprit l’arresta
tion du lieutenant-colonel Georges
Picquart, de grosses larmes roulèrent
de ses yeux. Et, jusqu’à la mort, « il
dicta, dit M. Buisson, des lettres dé
chirantes à ceux qu'il a cru capables
d’écarter un suprême avertissement ».
J’imagine que M. Léon Bourgeois
dut être de ceux-là. Indulgent, quoi
que perspicace, M. Félix Pécaut lui
attribuait peut-être, à défaut d’hé
roïsme, la sorte d’intelligence qu’il
faut pour ne pas s’engager à fond
dans une mauvaise affaire. Il se trom
pait: le ministre de l’instruction pu
blique est un Tartuffe de seconde
qualité, incapable de combinaisons à
échéances lointaines. Il pense et il
s’agit, selon son intérêt, non pas même
du jour, mais de l’heure et de la mi
nute, avec une telle inconscience que
de la propre main qui suspendait M.
Paul Stapfer de son décanat, il rédi
geait une dépêche pour la famille de
M. Pécaut — les deux fils, l’un méde
cin, l’autre professeur, luttent ouver
tement pour la vérité et pour la
justice — et se permettait de témoi
gner «le profond regret personnel que
lui cause la mort de ce grand homme
de bien ».
Vivant, il l’eut révoqué ; mort, il lui
inflige hypocritement l’hommage de
son estime déshonorée.
Les mensonges ministériels valent
peu. Leur bruit ne couvre pas les voix
inquiétantes qui viennent d’outre
tombe. Vous pourrez chasser les fonc
tionnaires coupables d’être des hom
mes libres, emprisonner tous les mem
bres du syndicat depuis Emile Zola et
Anatole France jusqu’à Georges Cle
menceau et Jean Jaurès, bâillonner
nos bouches, briser nos plumes. Et
après ? Que ferez vous contre l’autre
syndicat? Par quelle mesure adminis
trative et militaire ordonnerez-vous
aux morts de respecter la loi du silence
que vous imposez aux vivants?
PIERRE QUILLARD.
Les DROITS DE L'HOMME publie -
rent demain l'article de
JEAN AJALBERT
POUR LA PATRIE
L'exemple du Gaulois enrôlant, à ses
frais, une troupe de policiers chargés de
la surveillance spéciale des instituteurs et
institutrices du département de la Seine,
va être suivi par tous les patriotes.
L'Eclair vient de faire savoir à M. Co-
chefert, directeur de la Sûreté générale,
qu'il pourvoira à l'entretien d'une es
couade de douze agents secrets, qui sur
veilleront et dénonceront les agissements
des membres de l'enseignement supérieur :
Z’Echo de Paris va équiper une troupe de
vingt mouchards, délégués plus particu
lier em-.nt Ci la surveillance des maires;
le Petit Journal annonce qu'il se charge
de l'organisation d'une brigade d'agents
recrutés parmi les domestiques, qui feront
des rapports sur les fréquentations de
leurs maîtres ; enfin, l’Intransigeant étu
die la formation d'une compagnie d'agents
des mœurs, qui recueilleront despetitspa-
piers sur les amours des dreyfusards.
Toutes ces organisations patriotiques
seront rattachées à un comité central
dont le siège sera à la Libre Parole.
M. Drumont, à qui les fonctions délicates
qu'il a occupées à la Préfecture, avec
Stamyr et Marchai, ont donné une com
pétence spéciale en ces matières, classera
chaque matin les rapports et les trans
mettra directement aux ministres char ¬
gés de sévir. M. Drumont, a déjà déclaré
ne vouloir d'autre rémunération que la
petite commission qu'il pourra tirer des
dreyfusards disposés à s'amender.
Cette vaste Ligue des agents secrets
du patriotisme déjouera certainement les
manœuvres du Syndicat de la trahison.
Elle aura l'avantage de permettre l'épu
ration du pays sans bruit, sans esclandre,
sans scandales inutiles. Un beau jour un
homme disparaîtra et l'on constatera
simplement qu'il est un traître de moins;
un beau matin M. Drumont fera un nou
veau dépôt à la Banque et les amis, cli-
gnant de l'œil et se poussant du coude,
affirmeront que la chrétienté vient de
rentrer dans ses biens volés.
LE PIC.
POLITIQUE
POUSSIÈRE DE COUPS D’ÉTAT
On nous dit que la question Dreyfus-
Zola n’est pas toute la politique : c’en
est au moins une grande et terrible
partie.
Même, c’est quelque chose de plus que
la politique, que toute la politique par
lementaire, ministérielle et prefectorale,
s’il est vrai que nous y avons vu engagés
les principes les plus essentiels de la so
ciété civile et de la Révolution française,
la liberté de la presse et la liberté des
consciences.
Or, qui en peut douter ? Qui nous con
testera que, depuis dix mois, a été menée
contre les droits de la critique une cam
pagne inouïe de violence, de menaces et
de folies ?
Jamais rien de tel ne s’était passé en
France. Les démarches les plus extrava
gantes, les accusations les plus pernicieu
ses, publiées à des millions d’exemplai
res, colportées et criées dans les rues, dis
tribuées dans la masse du peuple pour
l’affoler contre des hommes qui ne fai
saient rien d’autre que de rechercher la
vérité et demander le respect de la loi,
l’évocation de l’on ne sait quelle puissance
étrangère qui nous eût interdit de
faire la justice chez nous et de reviser
nos procès comme nous l’entendions,
puis l’honneur de notre armée outragée,
des perspectives de démission des chefs,
des menaces de sédition ou de grève
militaire, pire que la sédition même, ce
n’est là qu’un fragment de l’affreux
tableau que quelques personnes avaient
imaginé de nous présenter soir et matin!
Nous demandions tranquillement la
justice : on nous menaçait des gendar
mes, on criait qu’on allait nous faire
empoigner! Des gens dévoués et mo
destes, qui jamais n'avaient occupé le
monde de leurs personnes, des profes
seurs, des savants, des médecins, on di
sait qu’on allait les englober tous dans
une accusation formidable de trahison
envers la patrie et la République, et on
annonçait qu’on les déporterait au bout
du monde pour purger le sol national de
l'infection de leur présence !
En deux mots, toutes les folies déli
rantes, voilà le spectacle qu’on a donné
au monde depuis dix mois et les moyens
insensés qu’on a journellement employés
pour nous empêcher de demander la ré
paration d’une erreur judiciaire!
Les ministres de la République se sont
faits, par abdication intime de leur con
science et par oubli de tous les principes
de gouvernement, les flatteurs de cette
mascarade; ils chassaient les professeurs
de leurs chaires, ôtaient aux écrivains
leurs décorations, ils opprimaient et per
sécutaient tout ce qu'ils pouvaient per
sécuter et opprimer dans le nombre des
hommes qui ne consentaient pas à s’in
cliner devant les ténèbres.
On nous jetait aux yeux cette pous
sière de coups d’Etat pour nous empê
cher de regarder et de chercher la lu
mière.
Le ministère Brisson est venu, et il a
commencé par nous rendre l’espérance.
Le ministre de la guerre a déclaré du
haut de la tribune, aux applaudissements
unanimes de la Chambre, que l’honneur
de l’armée n’avait pas besoin d’être pro
tégé par une pareille fantasmagorie et que
« nous étions libres de traiter nos affaires
chez nous comme nous l’entendons. »
Nous vivons, depuis lors, sur cette pa
role. On en revendique ici la sanction
pleine et entière. Traiter les affaires de
France, comme nous l’entendons, comme
la France l’a toujours entendu, c’est les
traiter par la justice et par la clarté. Si
nous sommes réellement libres, s il y a
un gouvernement, une République cons
tituée, la procédure de 1894 ne devrait
pas exister un jour de plus !
HECTOR DEPASSE
Châteaux de Connétables
M. le maire de Nantes et M. le maire de
Clisson sont glorifiés par les journaux du
syndicat de l’injustice et de l’illégalité.
— Honneur à ces deux maires’ bravent
avec ensemble les feuilles de Drumont, de
Rochefort et de Millevoye. Ils savent se
conduire en vrais paladins d’Esterhazy !
M. le maire de Nantes et M. le maire de
Clisson peuvent être fiers de ces homma-
ges. Ils les ont mérités.
L’un a, parait-il, signifié à M. Grimaux
d'avoir à quitter la ville qu’il administre.
L’autre a fait mieux : il lui a interdit l’accès
du territoire de la commune qu’il repré
sente.
Nous regrettons vivement que la Patrie
de M. Millevoye qui n’est évidemment pas
la Patrie de tous les Français, n’ait pas
daigné nous faire connaître le texte de la
« signification » de M. le maire de Nantes.
Il eût été du plus haut intérêt de savoir
pour quels motifs, et en vertu de quelles
lois, un maire peut expulser un citoyen.
Cette lacune, heureusement, est en quel
que sorte comblée par la lettre que le
maire de Clisson, M. Branger-Perraud, a
adressée au secrétaire du Congrès pour
l’avancement des sciences.
Cette lettre — véritable arrêté d’interdic
tion — est ainsi conçue :
Je nie fais un devoir de vous répondre que
la ville de Clisson est heureuse de recevoir
tous ceux qui veulent la visiter; mais celui
qui a l’honneur de la représenter ne se dé
rangera pas pour recevoir un Yves Guyot ou
un Grimaux.
Et je puis tous assurer <]tian dreyfusard n’en
trera pas dans les Garennes et ne franchira pas
la poterne pour pénétrer dans le château du Con-
nêtable. De son temps les félons étaient pendus
haut et court. La sévérité des lois s’est adoucie,
mais la noblesse du cœur est restée la même chez
les CUssonnais.
La noblesse de cœur des Clissonnais est,
en effet, incontestable. On la mesure à cette
lettre.
Nous ne nous attarderons pas cependant
à protester contre la bêtise, le sectarisme
étroit et l’odieux du procédé de M. le inaire
de Clisson.
Cet homme est d’un autre âge. Il professe
pour la science le même mépris que les
chevaliers d’antan, maîtres et seigneurs de
ses aïeux. Je regrette le temps où l’église
brûlait Jeanne d’Arc. Je déplore de ne point
pouvoir infliger à M. Grimaux et à M. Yves
Guyot le traitement qu’on infligeait jadis
aux Etienne Dolet.
Quand le fanatisme en arrive là, il n’y a
plus de colère à avoir contre ceux qu’il
aveugle; il n’y a qu'à les plaindre.
M. le inaire de Clisson est, du reste, bien
mal tombé de fermer la poterne du château
du Connétable à MM. Yves Guyot et Gri
maux, ces vendus et ces traîtres.
Si le féodal sir Branger-Perraud connais
sait un peu mieux son bistre, il saurait, en
effet, que le plus fameux des conétables ac
cepta le titre de lieutenant-général de l’em
pereur d’Allemagne, trahit François Ier en
Italie, et mérita au passage de la Sechiales
reproches indignés de Bayard mourant.
Châteaux de connétables, serions-nous
donc en droit de lui répondre : « Foyers de
trahisons et cavernes de brigands, où Es-
terhazy seul a une place. »
H. Dr.
ÉCHOS
d’éfalon pour la frappe qui sera représenté
aujourd'hui à l’éminent artiste.
Il est probable qu’on pourra commencer
cette frappe au mois d’octobre.
LA TUNIQUE D'ARGENTEU IL
Toujours elle! A force de la montrer au
peuple, on va finir par l’user.
Elle, c'est la Tunique de Jésus, la véritable,
et cette seule véritable tunique, il y a cin
quante paroisses qui la possèdent... Mais celle
qui fait le plus de bruit, c est évidemment
celle d’Argenteuil.
A cette occasion un petit pèlerinage a été
organisé...
J’ignore si le marquis de Rochefort tenait
le dais... mais j'ai tout lieu de 1c penser.
Amen!
*
* *
VN FAUSSAIRE
Ceci est un fait-divers rétrospectif :
M. Blancard vient de présenter à l’Acadé
mie des sciences morales et politiques un
travail graphique d’où il résulte que la révi
sion du procès du roi Philippe le Bel, con
vaincu par l’histoire de faux-monnayage,
n’est vraiment pas une révision à faire.
Philippe le Bel était, à n’en point douter,
un escroc distingué.
Nous le signalons au préfet de police.
NOTULES
Depuis le 1 er juin, l'Administration
des Droits de l’Homme délivre
des abonnements spéciaux de villégia
turé, valables pour un mois, au prix de
deux francs.
L'A MIRA I. ET L A PR ESSE
Savez-vous pourquoi, depuis deux jours, la
Presse parisienne ne souffle plus mot des
hauts faits et gestes de l’amiral Lockroy.
Si les journalistes chargés de suivre cette
promenade maritime sont muets comme des
carpes, cela tient à ce que M. Lockroy les a
jugés trop bavards.
Il n’y avait pas moyen de leur cacher le
lamentable état de la flotte.
Alors, tant qu’il y a eu des pétards, des
banquets, des fleurs et des discours, on a bien
voulu que les journaux parlassent.
Mais aujourd’hui qu’on peut se rendre
compte que les bateaux ne vont plus... les
journalistes... il n’en faut pas non plus.
Ce n’est pourtant pas eux, ô Mossicu l’Ami
ral, qui empêchent vos vaisseaux de mar
cher...
**•
M. BUISSON
Un universitaire qui n’a pas froid aux yeux,
comme presque tous les universitaires d’ail-
leurs, commença sa carrière comme élève à
l’École normale supérieure, la termina admi
nistrativement par ses fonctions de directeur
de l’enseignement primaire au ministère de
l’instruction publique. Il fut le général des
instituteurs de France et cette armée silen
cieuse lui est dévouée et marche derrière lui
au premier signal. Il fut juste et humain. On
pourrait citer plusieurs parlementaires qu il
envoya promener quand, pour satisfaire des
raucunes électorales, ils venaient lui deman
der quelque infamie consistant en un déplace
ment ou une disgrâce d’instituteur. Buisson
fut en outre, l’apôtre glorieux de l’œuvre de
laïcisation... les écoles de France lui doivent
le grand progrès accompli pendant ces der
nières années... Buisson a appris aux éduca
teurs de nos fils à n’instruire qu’avec la cons
cience, le Droit et la Loi. C est un homme
devant la loyauté duquel nous devons nous
incliner .. Les hommes qui, comme lui, n'hé
sitent pas à dire la vérité, qui comprennent
que c’est guérir la maladie de la patrie que
de lui dévoiler son mal, ces hommes-lii sont
rares. Nous en avons un... aimons le.
* *
LA NOUVELLE MONNAIE
Décidément, on tient à ce que notre mon
naie soit flambante pour l’Exposition.
Après les sous, les décimes, les pièces de
cinquante centimes, de un franc, de deux
francs et de cinq francs, voici que l’on tra
vaille au louis, au beau louis d’or, espérance
des pauvres bougres, chimère des bohèmes...
M. Chaplain n’avait pas été satisfait des
premiers essais de son louis, qui n’en est
plus un. et il avait voulu retoucher son avers
pour lui donner plus de relief et de couleur,
le revers demeurant tel qu'il l'avait primiti-
vement gravé.
C’est donc le louis d'or destiné à servir
ÉCOLE DU SOIR
(Cours de morale à Lutage de V Etat-Major).
Mille plumes et encore plus de clameurs se
sont élevées contre moi et m’ont fait éprouver
que la vérité est comme les enfants qu'on ne
met point au monde sans douleurs.
(D’ALEMBERT, t. IV, p. 2 18.)
»
À *
UN PORT RAIT DE ROBESPIER RE
Le musée de Carnavalet vient de recevoir
un très curieux portrait de Robespierre que
préférait à tous les autres Robespierre lui-
même, car il le gardait précieusement dans
sa chambre à coucher, rue Saint-Honoré,
chez les Duplay.
Derrière le cadre se trouve cet intéressant
autographe :
« Ce portrait était dans la chambre de Ro
bespierre, qui l’a donné au docteur Suber-
bielle, et celui-ci en me le donnant m’a dit :
a Je vous fais cadeau d’une relique précieuse
» que j'ai toujours conservée religieusement ;
» elle doit vous appartenir maintenant.
» David d'Angers. »
ROSIÈRES
Les rosières font des petits...
Quand j’avance un fait, je le prouve : autre
fois il n’y avait qu’une rosière, celle de Nan
terre: aujourd’hui, il y en a partout; partir de
un, pour arriver à cent, cela s'appelle-t-il,
oui ou non, faire des petits?
Hier, c'est en plein Paris, à Passy, que
Mossicu le Maire a couronné Mlle Gabrielle-
Lucie Pottier, rosière.
Le prix accordé en la circonstance et dé
cerné hier pour la deuxieme fois, a été fondé
par M. Debolle, ancien négociant, à la mé
moire de sa femme défunte. Il consiste en une
somme de 600 francs, dont 550 francs placés
à la Caisse d'épargne jusqu'à la majorité ou
jusqu’au mariage de la titulaire et 50 francs
versés comptant à la jeune fille reconnue la
plus méritante, habitant le quartier depuis
huit ans et âgée de dix huit à vingt et un ans.
Après avoir reçu les félicitations du pré
sident, la rosière s’est rendue au cimetière de
Passy pour y déposer une couronne sur la
tombe de Mme Debolle.
***
LA PUREE
La Opinion, journal de la province de Cata-
logne (Espagne, assure que les employés de
la ville de Tarragone ont demandé l’autorisa
tion de déposer sur chaque pupitre un tronc
avec l’inscription: «On sollicite des aumô
nes. » La requête se base sur ce fait que,
depuis neuf mois, les malheureux n ont plus
touché d’appointements...
LES GENS PR ESSÉS
Mon marchand de vin, qui est un homme
pressé, m’a adresse hier la lettre suivante :
« Monsieur,
» J’ai l'avantage de vous envoyer par cour
rier de ce jour, sous le numéro 1428, une
barrique (payable à quatre-vingt-dix jours»
d’excellent Mâcon... sidération distinguée... »
GIL.
RAMOLLOT ANTISÉMITE. — Le colonel Ra-
mollot n’est pas devenu général. Mais il est
devenu plus ramollot et — naturellement ! —
antisémite. Cette belle organisation cérébrale,
depuis le chef-d’œuvre de Leroy, a subi un
accident bien fâcheux, mais heureusement peu
commun. Par suite d’une liquéfaction com
plète de la matière grise, le colonel Ramollot
ne peut plus prononcer que des mots com
mençant par un c, singularité qui donne à
ses entretiens familiers comme à ses haran
gues un tour fâcheusement obscur. On nous
écrit de la ville de N... que, furieux de l’affi-
chage de la réponse à Cavaignac, le colonel
Ramollot a réuni hier matin le régiment dans
la cour de la caserne et a adressé aux troupes
une admonestation vigoureuse autant que
laconique. Notre correspondant a réussi a
sténographier ce morceau d'éloquence dont
voici le texte monolitteral :
• Commandants, capitaines, caporaux, can-
tiniers, chut ! Colonel communique colère.
Calvinistes cauteleux, circoncis cossus. Cra
pules conjurées criaillent, clabaudent comme
cochons, circonviennent chrétiens catholi-
ques. concevez! Crétins, canailles, coquins
coalisés complotent contre Clam. Conspira-
tion, connu ! Colonel condamne complot
communard contre cabinet Cavaignac. Cavai-
gnac colosse, calé comme Condé-Cesar !
Contagion contamine cette cité. Connais cou
pables; commettent crime capital. Certifie
crénom ! calmerai clameurs. Couperai con
criminels convaincus; capturerai complices,
chasserai colonies, colloquerai Cayenne ; col
lerai cachots, chaînes, carcans ; crêperai chi
gnons, crosserai croupions, crèverai culasses !
Conclus : Carrant eonsules, comme clamait
Cicéron. Comprenez charabia, crongnieu-
nieu ! ». — SAINT-MALC.
Lire à la deuxieme page :
La Chronique, par L.-Xavier de
Ricard.
L’ACTE NÉCESSAIRE
L'Ami des vieille s Femmes
Dans un article dialogué, d'ailleurs idiot,
mais toujours assez bon pour les lecteurs
de la Libre Parole, cette pauvre Gyp halète
en trois charabiesques colonnes a souffler
dans le panache de Martial Judct, rentier
en 1870-71, lieutenant en 1876, calomniateur
et faussaire en 18J8, et qui aura sans doute
en 1900 troque contre le bonnet vert le beau
képi doré des jours de parade.
Sous la plume de Gyp, un serrurier —
est-ce celui qui crochette pour le Hulan
l’armoire de fer de l’Etat-Major — s’écrie
en parlant de 1 hyène du Petit Journal :
« L’est très bath !... Ct un grand blond...
bien d’aplomb d’ssus ses quilles... et qu'aurait
aussi vite fait d vous descendre un type avec
ses mains que d’vous 1’ déboulonner dans son
canard... •
Le dernier béguin de Gyp, ce «type très
bath» pendant que les ouvriers tombaient
sous les balles prussiennes, chauffait ses
«quilles» dans une prudente retraite et
mettait dans ses poches «ces mains» énor
mes qui ne songeaient guère, je vous le
jure, à «descendre» les Bavarois.
Souffleté du mépris de tous les hommes
de cœur, une consolation reste à Martial
Judet : l'enthousiasme de Mme Gyp de
Martel pour son torse de « beau blond »
Cela ne saurait nous étonner l’ « Ame de
la Patrie » a toujours été l'ami des vieilles
femmes, comtesses et msme... princesse !
P. U
Quelques partisans de la révision du
procès Dreyfus, tout en rendant hom
mage à la vaillance d’Emile Zola, décla
rent qu’ils regrettent l’intervention vio
lente et révolutionnaire du grand écri
vain. Ils estiment qu’elle fut fâcheuse et
de nature à retarder la réparation de
l'iniquité commise en 1891, car le fameux
J'accuse,en découvrant toutes les respon
sabilités, les erreurs et les crimes, exas
péra les résistances, transporta l'affaire
du domaine juridique, d'où elle n’eût
pas dû sortir, dans le domaine de la po
litique où luttent mille intérêts et pas
sions contraires.
Il eut été préférable, pensent-ils, d'agir
avec prudence et modération, d'amener
l’Etat-Major lui-même à vouloir et à faire
la révision, sans que personne en souf
frit. Telle fut la tactique du sage Scheu-
rer-Kestner qui s’efforça de convaincre
le gouvernement, en évitant toute indis-
cretion, tout scandale.
Ainsi raisonnent quelques-uns, et je
me hâte de dire qu’à aucun point de
vue je ne partage leur avis. L’acte de
Zola, au moment où il s’est produit,
était un acte nécessaire, un acte aussi
sage qu'héroïque. Zola fut révolution
naire parce qu’il fallait l’être, parce
que, déjà, le gouvernement, l’Etat-Major,
toutes les puissances coalisées avaient
manifesté leur ferme résolution de s’op
poser à toute vérité et à toute justice. Il
ne restait plus qu’à en appeler à l’opi
nion publique, à la conscience des hon
nêtes gens, et qu’à monter bravement,
ouvertement, avec toutes nos armes, à
l’assaut du mennge, formidable for
teresse où se tenaient toutes les forces «le
la réaction.
Il ne s’agissait plus seulement de ré
parer une erreur judiciaire, d'arracher
un innocent au bagne, mais de défendre
la République, l’œuvre de la Révolution.
La cause de Dreyfus se trouvait intime
ment liée à celle de la liberté. On ne
pouvait plus les séparer. Dreyfusard
devenait synonyme de républicain.
Ce que sentit admirablement Emile
Zola. Il élargit le débat, comme il conve
nait. Le premier, il pénétra la situation,
découvrit les causes profondes du mal et
les dénonça. Grâce à lui, l’affaire Dreyfus,
banale à première vue, n’offrant aux es
prits superficiels que la gravité d’une
erreur juridique ordinaire, apparut sou
dain comme l’ulcère qui révèle la décom
position du sang dans tout l’organisme.
Loin de nuire à la révision du procès de
1891, l’intervention violente du grand
écrivain la rendit inévitable. C’est ce que
je prétends démontrer.
Reportons-nous, d’abord, à l’heure
d’angoisse où parut la lettre au président
de la République. Tout, un instant avant,
semblait fini. Esterhazy venait d être
acquitté, à l’unanimité, par un conseil de
guerre. Les défenseurs de Dreyfus, ap
pelés à fournir leurs preuves devant ce
conseil, n’avaient apporté que des affir
mations timides, mêlées de réticences.
Leur attitude avait produit une impres
sion fâcheuse. Esterhazy était acclamé
par la foule. L’iniquité triomphait inso
lemment. La vérité, refoulée au fond «lu
puits.semblait ne plus devoir reparaître.
Les plus braves désespéraient, les plus
convaincus sentaient leur foi chanceler,
et les imposteurs pouvaient croire à leur
victoire definitive. Jamais peut-être, à
aucune époque de l’histoire, l’erreur
n’avait été favorisée par un tel concours
de circonstances. Nos adversaires occu-
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