Titre : Les Droits de l'homme / fondateur Henri Deloncle
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1898-07-08
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32759074m
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Description : 08 juillet 1898 08 juillet 1898
Description : 1898/07/08 (A1,N181). 1898/07/08 (A1,N181).
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k6817369m
Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, GR FOL-LC2-5700
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 02/05/2016
Le Numéro : CINQ O entime s
VENDREDI 8 JUILLET I8H
PREMIÈRE ANNÉE. ~ T 181
LES
Ordre et progrès par la Révolution Française
PARIS
6 mois
3 mois
20 .
10
5 50
ABONNEMENTS
FRANCE ET ALGÉRIE 1
6
3
an ..
mois
mois
24
13
7
ÉTRANGER et union postale
1 an ..
6 mois
3 mois.
35
18
1O
REDACTION ET ADMINISTRATION
142 — Rue Montmartre
142
Les annonces sont reçues chez IH. Lagrange, OH et C u
LES MANUSCRITS NOM INSÉRÉS NE SONT PAS RENDUS
TÉLÉPHONE N’ 101.87
les mêmes chances de
i novation, mais avec un
t a partir du 1er octobre
r les titres de 500 francs
titre» de 100 francs, et a
1901 a 13 franc» pour les
u à 2 fr. 60 pour les titres
‘accepteront pas cette
ontant au pair de leurs
èmes d'obligations.
ux qui voudront recevoir
ligations ou cinquièmes
a en faire la demande et
1 au plus tard le 25 juillet
t desdits titres au pair,
a «lu coupon en cours et
impôts, sera tenu a leur
5 qui sont indiquées par
le 1er août 1898. A partir
et avis, les porteurs n’au-
ntérét et ne profiteront
Depuis le 1er juillet, les bureaux
des DROITS DE L’HOMME
sont transférés rue JtÆont”
martre, 1413.
Cette nouvelle installation a été
nécessitée par la réorganisation
de nos services de “ Dernière
Heure " qui vont se trouver consi
dérablement agrandis.
L’aventure de Cavité, la destruc
tion de la flotte des Philippines nous
a offert, il y a quelques semaines, le
tableau d’un abandon stratégique et
moral où se retrouvent plus d’un
trait semblable. A Cavité non plus,
UNE GRAVE AFFAIRE
i rages.
pas réclainé le montant
lus tard le 25 juillet 1893,
unie ayant accepté les ré-
-dessus et prendront part
mbre 1898, ainsi qu’aux
ils auront simplement a
pour le» faire estampiller
feuilles de coupons.
S DE CE SOIR
Le Dernier Madrigal. —
Dire annuelle.
- La Diva en tournée.
S Wagons-Lits.
inuelle.
uns lyriques), 8 h. 1/2.—
- Relâche.
s annuelle.
Bande à 1ifi.
I h. 1/2. — Le Papa
de
re annuelle.
ladiator.
Clôture annuelle.
loupée.
ILIQUE, S h. 1/2.
loture annuelle.
ches de Corneville
— Histoire de gifles.
Il dure annuelle.
ET CONCERTS
La Bulle d’amour.
nille, la diseuse anglo-
nskaya. — Polaire et
Marco, les Agoust.
3, rue Pigalle (téléphona
Deval, Fursy, Montoya,
. — Cyrano de Tarascon.
e 265-27). — Ohé! Ohé!
Mongel (Mlle Debriège).
anuelle.
unuelle.
elle.
pions à pénétrer dans
an. s, ils v irent avec
seulement les jeunes
ni, niais de: membres
iblicistes, des profes-
iles hommes de tortes
lis. Ils se ris-
semestrielle, la
3 mois; et, re
J ‘Unes Anus lt
ils. donnèrent à leur
i organe qui avait été
t dont le titre est 3
dans son
t, est en même temps
Don et celui d’une
le Droit, qui parait
id avec un louable
de la justice, qu’elle
force militaire dan*
tionales. C'est d’un
car rien n’est plus
la Révolution fran-
port entrepris pour
i guerre et la tyran-
cette généreuse ten-
e triomphe pacifique
des quatre premiers
nte petite revue ré-
s ”, oh ! bien jeunes
nom frais, (Avril, el
prait pas manquer a
directeur, M Henry
numéro place la Re-
ge de notre grand
ne apprécie, cImme
M. Judet. Cette jeu
inesse.
ICE LAUZEL
nulle défense efficace.
l’entrée
Les Droits de B Homme commencent
aujourd’hui la publication d’un nou-
vea u r< ma n-feuilleton
LÀ CONQUETE DE ME
une des œuvres les plus saisissantes
de la grande romancière italienne
MATHILDE SERAO
Nos lecteurs trouveront dans ces
pages, avec une physionomie des
mœurs mondaines et parlementaires
de l’Italie, une analyse d’amour d’un
grand charme et d’un puissant in-
Quel autre nom pourrions-nous ap-
pliquer avec plus de justesse à cette
politique de l’Espagne qui la pousse
aux suprêmes catastrophes par un
aveuglement volontaire?
Pendant quarante-deux jours l’ami
ral Cervera demeure plongé dans une
mortelle inaction, au fond de la baie
de Santiago; il vit isolé du monde,
ayant rompu toutes ses relations ex-
terieures, dans un huis clos formida-
bles; on a comparé sa position à celle
avec
eaux dans
les profondeurs d’une bouteille colos-
sale hermétiquement fermée par la
flotle J • l’amiral Sampson.
Cen’était vrai qu’à moitié, mais la
fermeture plus grave que l’épave du
Mcrrimaccl que les cuirassés de Samp-
son, c’est dans l’état d’esprit de Cer-
vera qu’il la faut chercher. Que fait-il
la dans cette immobilité effrayante,
dans cette prison intellectuelle et mo-
raie qu’il s’est construite à lui-même?
Que peut-il attendre dans ce profond
sepulcre de son dogme où il ressasse
les superstitions de sa patrie, invo
quant Dieu et les saints qui ont dit de
toute éternité qu’ils ne viendraient en
aide qu’aux hommes capables de se
sauver eux-mêmes par la science et
Tout change et se renouvelle autour
de lui, Santiago est déjà cerné du côté
de la terre, les Américains du général
Shafter ont débarqué avec leurs
grosses pièces d’artillerie, ils ont donné
I i mai u aux troupes de Garcia; au de-
hors, du côté de la mer, Sampson a
rassemblé toutes les ressources d’une
industrie prodigieuse et d’une activité
infai igable.
Et Cervera est toujours là, immo-
bile
ou ignorance des change-
ments opérés sur la terreet sur la mer,
immobile avec les croiseurs les plus ra
pides que la mécanique ait inventés!
A quoi sert donc la mobilité mécani-
que?Et quel est cet amiral de pierre,
statue dressée sur le tombeau de sa
Hotte et de sa patrie? Puis, quand tout
est perdu, il se réveille sous l’aiguillon
de l'instinct farouche; il vase précipi
ter aveuglément à son désastre. L'ob-
serval ion la plus attentive n’a pas en
core découvert, dans cet acte de dé-
sespoir, un éclair de l’intelligence hu
maine.
Les vaisseaux espagnols sortent en
plein jour, un à un, se dirigent sur
l'arc de fer et de feu que l’amiral
Sampson a tendu autour de la rade,
se font mitrailler et incendier, se re
tirent dans un désordre affreux,
s'échouent sur les côtes, sans avoir
même, dans leur perte, la satisfaction
d’une illustre vengeance.
La ruine de la Hotte espagnole n’a
rien coûté à la marine américaine. On
n’a jamais vu une plus étonnante ca
tastrophe, tant de belles et vaillantes
vies humaines livrées sans marchan
dage comme sans revanche! De quoi
nom qualifier ce drame si ce n’est pas
du nom de suicide?
de la rade de Manille, des forte-
resses fantômes qui dressent leurs
silhouettes désarmées, des canons qui
ne partent pas, des obus qui ne brû
lent point, toutes les vaines appa
rences, le masque monstrueux de la
guerre; mais, sous le masque, le vide;
une armure, mais point de guerrier!
Quand on en est à cet état de dé
tresse, préparé par les fautes accumu
lées d’une politique séculaire, et que
l’on oppose aux revendications de l’in
dépendance de Cuba et aux proposi
tions de négociations des Etats-Unis
avant la guerre l’orgueil d’une fin de
non recevoir inexorable, nous sommes
obligés de déclarer que ce monument
d’infatuation sublime n’a point de
base, qu’il ne porte que sur le néant
et ne se justifie pas.
Et, dans cette absence de moyens,
quand on repousse tout moy en-terme,
déclarant qu’on veut vaincre ou mou
rir, il apparaît en évidence que le se
cond terme de l’alternative est seul
possible, et qu’en effet, il n’y a qu’à
mourir, à s’ensevelir dans les draps
d’or de l’histoire des aïeux !
Pour que rien ne manquât à cette
image du suicide et qu’elle fût portée
à la plus exacte ressemblance de la
réalité même, on a vu dans le désordre
de Santiago les Espagnols se tirant les
uns sur les autres, les forteresses de
la rade bombardant les croiseurs de
Cervera;— non point volontairement,
il est vrai, comme dans ces guerres
civiles des capitales qui, depuis Jéru
salem, se sont toujours égorgées de
leurs propres mains dans leurs dé
faites; mais par une inadvertance,
c’est-à-dire par un manque de savoir
qui est ici la caractéristique de l’ad
versité!
Cette catastrophe se présente avec
tous les traits les plus frappants de
l'histoire de l’Espagne, et c’est bien en
cela que la tragédie atteint à son com
ble, car elle apparaît comme la logi
que fatale des choses et la leçon iné
luctable de l’histoire.
Sont-ce les funérailles de l’Espagne
elle-même que l’Europe va célébrer,
— le suicide de l’Espagne accablée de
sa gloire, indissolublement attachée à
un passé qu’elle adore, à des rêves
qui forment sa conscience et son culte,
et, devenue incapable de transforma
tion, préférant renoncer à vivre que
de vivre d’une autre manière?
Elle a mis son honneur à vivre su-
perbement dansle huis clos,nioinsenfer-
mée dans ses montagnes et dans les ro
chers de ses rivages que dans les
préjugés abruptes de ses mœurs et de
son génie sanguinaire. Cette grande
âme d’un peuple artiste, il n’en est pas
de plus parfaitement ignorante en Eu
rope : 90 pour 100 d’illétrés, 12 mil
lions ne sachant ni lire ni écrire sur
17 millions d’habitants. Une armée de
caste et de noblesse : 19,000 officiers
et 260 généraux pour 200,000 hommes.
L’état de siège, les pronunciamientos,
les conseils de guerre, l’éclat des céré
monies, la splendeur des panaches, et,
sur le tout, un sombre mystère sacra
mentel pesant sur l’âme d’un peuple
comme les voûtes de l’Escurial, monu
ment de victoire, mais tombeau d’une
nation, telle est l’Espagne. Les aver
tissements lui ont été prodigues : elle
ne les a pas entendus, elle ne pouvait
pas les entendre, parce que la poli
tique a scellé sur sa tete les dalles d’un
huis clos perpétuel.
Mais Jésus lui-même, que vous ado
rez, ne vous défend pas de ressusci
ter; on dit qu’il aimait à tirer les morts
du tombeau. L’Espagne rénovera toute
sa constitution intérieure, ses lois, son
esprit, ses mœurs, ou elle achèvera de
mourir dans les ténèbres ; on ne s’oc
cupera plus de l’Espagne dans le
monde, elle sera une chose inerte et
qui ne compte pas, un splendide lam
beau de terre que visiteront les riches
voyageurs. Tous ceux qui l’imiteront
partageront sa destinée. Tous ceux
qui mettront leur foi dans les proto
coles, dans les symboles, dans les ta
bernacles, dans les arches saintes, qui
n’appelleront pas à eux la vie, les lu
mières et la nature aux I rainformations
fécondes, tous ceux-là s’achemineront
les uns après les autres vers la mort
volontaire, et ces grands suicidés se
ront rangés à la suite dans le cime
tière des nations.
HECTOR DEPASSE
Hier, avant le dîner, comme M. Henri
Brisson allait regarder l'heure à un ma
gnifique chronomètre qu'il porte généra
lement sur soi, il s'aperçut, à son grand
effroi, que ce précieux objet avait dis
paru.
Un domestique, qu'il sonna immédiate
ment, remarqua, dès son entrée, la dispa
rition d'une précieuse miniature du pre
mier empire pendue à côté de la ch 'mi
nce et, poursuivant leurs investigations,
le ministre et le domestique constatèrent
encore l’absence d'un couteau à papier
incrusté d'or, d'une statuette en ivoire
d'un grand prix, d'un vide-poche en
agate et d'un presse papier en nacre. La
valeur de tous ces objets, le chronomètre
compris, est estimée à plus de dix mille
francs.
Il résulte de la première enquête du
commissaire de poH'c que personne
n'avait pénétré de toute l'après-midi dans
le cabinet de M. Brisson que MM. Dru-
mont et Morinaud qui avaient pris pré
texte des affaires de l'Algérie pour abor
der le ministre. M. Brisson se rappelle
fort bien que M. Drumont lui a fait un
discours qui l'a endormi en moins de dix
minutes. Que s'est-il passé pendant, ce
sommeil? C'est ce que l'enquête établira.
Mais,dès à présent, M I. Drumont et Mo
rinaud ont été priés de se tenir à la dispo-
Stock, que, dans la chambre de délibéra-
tions ou a « communique certains docu
ments ».
10° La même affirmation se trouve dans
le numéro de Y Echo de Paris du 16 no
vembre 1897.
« EN CHAMBRE DU CONSEIL, les sept
honorables officiers appelés à juger un
frère d’armes, mis en présence de docu
ments qu’il était impossible de commu
niquer tant à la défense qu’au public,
out jugé à l’unanimité que Dreyfus était
coupable.
» Les membres du conseil ont jugé sur
pièces, sur procès verbaux de témoigna-
ges reçus sous serment.
» Ce sont des pièces entières, des témoi-
gnages écrits, non suspects, qui furent
soumis, en secret, au Conseil de guerre.»»
I P Enfin, un document officiel recon
naît l’existence d’un dossier secret. On
peut lire, en effet, dans le rapport du
commandant Ravary sur l’affaire Ester-
duite sera faible, parce qu’elle sera — non
celle d'une reine — celle d’une mère.
Tant pis si ses intérêts dynastiques sont à
l’encontre de ceux de la nation. Elle sa
crifiera ces derniers. Elle est mère. On ne
peut pas exiger d'elle autre chose. Et, tout
de même, la royauté étant marquée de mort
en Espagne, ses efforts seront vains. Il vau
drait donc mieux la détrôner tout de suite.
Et que l’une s’en aille après Santiago,
comme l’autre s’en est allée après Sedan !
EDOUARD CONTE.
ministre de la justice, au sujet de la d.
mande de Mme Dreyfus, en annuJston du
jugement de 1894, a amens celle-ci à écrire
à M.le garde des sceaux pour lui annoncer
le prochain dépôt d’un mémoire justificatif
à l'appui de sa requête.»
ECHOS
silion de la justic
LE PIC.
AUJOURD’HUI
DES PREUVES
J’ai dit hier la mauvaise foi de nos
adversaires, qui réclament la preuve et,
dans le même temps, nous interdisent
de la faire, sous le spécieux prétexte que
rien ne doit être répété de ce qui s’est dit
et passé dans la salle de délibérations du
conseil de guerre par lequel le capitaine
Dreyfus fut condamné. J’ai ajouté qu’ils
se trompaient cependant s’ils s’imagi-
liaient que la preuve de la communica
tion de pièces secrètes peut être faite à
l’aide du seul témoignage des juges
légers de ce procès historique. J'ai in
diqué des témoins nombreux qui attes
teraient à la barre savoir de source cer
taine qu'un envoyé de l’Etat-Major
apporta un dossier, dont l’accusé ni son
avocat n’eurent connaissance. J’ai conclu
que la preuve, qui n’est pas faite, est
facile à faire et que M. Sarrien, garde des
sceaux, n’a qu’à vouloir pour que la vé
rité éclate.
Aujourd’hui je veux compléter, avec un
excellent article du Siècle, ce j’ai dit
hier.
Si le ministère cherche loyalement la
lumière, voici donc des faits qui l’aide
ront à la trouver.
1® Dès le 16 septembre 1896, Y Eclair,
dont on sait les attaches étroites avec les
bureaux de la rue Saint-Dominique, ra
contait qu’une pièce secrète avait été
« Un soir que le lieutenant-colonel
Henry, de retour à Paris, était entré brus-
quement chez M. Picquart, il aperçut
Me Leblois assis auprès du bureau et
compulsant avec lui LE DOSSIER SE-
CRET. Une photographie portant ces
mots : u Cette canaille de D... » était sor-
tie du dossier et étalée sur le bureau. »
Sans compter les témoignages des jour
naux. cela fait donc onze témoins qui
affirment l'existence d’un dossier secret,
que ce dossier contint une ou plusieurs
pièces.
12° Mais il en est d’autres. Et d’abord
l’officier qui, du ministère de la guerre,
apporta au conseil ce dossier. Cet officier
est extrêmement facile à retrouver.
13° Ensuite M. Casimir-Perier.
14° Ensuite MM. X., Y. et Z. — les noms
seront donnés au moment venu, — de
vant qui M. Casimir-Perier s’est indigné
de cette illégalité.
15® Ensuite M. Félix Faure.
16® Ensuite M. W., à qui M. Félix
Faure a conseillé de renoncer à ses illu
sions sur l’innocence du capitaine Drey
fus, dont il pouvait, lui, affirmer la culpa-
hilit, ayant pria connaissance du dossier
secret.
Ensuite, d’autres encore que j’oublie
ou néglige volontairement.
Il me parait, d’ailleurs, qu’une telle
énumération est bien suffisante pour
convraincre ceux de nos adversaires qui
ne sont ni
preuves ne
bon voudra
Et, d’autre
aveugles ni sourds, que les
manqueront pas le jour où
sérieusement les chercher,
part, ils doivent bien s’être
rendu compte déjà que, tant que ces
preuves n’auront pas été cherchées, il y
aura une affaire Dreyfus, dussent en
périr de colère MM. Castelin, Judet et
Millevoye, dussent les ministères tomber
comme châteaux de cartes, dut la réac
tion tirer le sabre depuis un quart de
siècle au fourreau !
PIERRE BERTRAND.
Variation sur le même Thème
On lit ce matin dans le Transigeant, à
propos du décédé de Bournemouth.
Comme nous le «lisions plus haut, Cornélius
Herz emporte dans la tombe le secret de la té-
nébreuse affaire de Panama. Il est des gens —
et nous en connaissons dans le monde dreyfu-
sard — qui ont dû pousser hier un fort soupir
de soulagement.
Hum ! il serait prudent de ne pas parler
de corde dans la maiso d’un pendu.
Le Transigeant, de mémoire courte, ne se
rappelle donc plus que son plus bel orne
ment, le sieur de Rochefort, a touché des
mains du « roi des maîtres-chanteurs »,
comme il l'appelle, un coquet pot de vin de
CENT soixante MILLE FRANCS
Pas reconnaissant, le seigneur de Vas-
cagat!
Drumont, lui, est plus délicat.
Il a recommandé a son porte-coton Méry
«le ne pas trop éreinter le cadavre du dia-
betique de Bournemouth.
Le jésuite du Libre Mensonge a peu r qu’on
lui rappelle le marché conclu entre lui et le
banquier pour subventionner Morès, alors
a la côte. La haine du farouche antisé
mite s’est toujours amollie devant les écus
juifs.
Aussi Gaston Méry, obéissant, déclare-t-il
ce malin que Cornélius Herz fut un per
sonnage qui ne « manquait pas «te gran
deur »!
D.
R OCHEFORT ET LES ALLEMANDS
L'Itransigeant continue à mentir, pour
changer. On sait que Rochefort a reçu l'ar
gent allemand de la Bavaria et que, pour se
garder à carreau, il prétendit que cet argent
était le produit de la reproduction de ses
œuvres. Ce qu’il oublie de dire, c’est qu’à
une lettre, le détrompant, il répondit, en
reconnaissant son erreur et en renouvelant ses
reinercientents.
De plus, le « cher Monsieur Curti », qu'il
remerciait de l’envoi d’argent, est devenu
pour Rochefort, le « certain Curti ».
Pauvre Boubourochc... Et ce n’est pas fini!
* k
FAUSSE NOUVEf.LE
M. Millevoye, qui ne recule devant aucun
moyen pour satisfaire sa haine des Améri-
cains, annonçait hier que la Bottr^ avait
été coulée a dessein par les Américains
C'est une aimable infamic.
LE COMMANDANT DELONCLL
Le commandant de Li Bour
mort à son poste, était le frère
Deloncle. fondateur de» Droit,
Le commandant Louis Delo
Cahors le 18 décembre 1854. S
en 1870, il fut nomme aspirant
Ogte, qui est
de M Heni
de rilontuic.
de vaisseau
et, en cette qualité, prit part a l.i campagne
d’Indo-Chinc en 1873. Enseigne de vaisseau
en 1881, il fait la campagne de T unisie, de
vient officier d’ordonnance de l’amiral Bar
rera, puis est promu lieutenant de vaisseau en
1882. Il est nommé chevalier de la Légion
d'honneur en 1885, et professeur de maneu-
Dreyfus et Lebrun-Renault
Malgré les instances de l'amiral Barre
commandant Deloncle, charge de far
entra à la Compagnie Transatlantique,
était considéré, de l’avis même de M Pc
comme le meilleur officier
Les DROITS DE L'HOMME publie-
ront demain un article de
JEAN AJALBERT
communiquée aux juges. Il en citait
même le passage principal.
Aucun démenti ne vint.
M. Bernard Lazare, dans une bro
chure sensationnelle, reproduisit cette
affirmation.
Aucun démenti ne vint.
3° Le 17 septembre, M. Darlan, garde
des sceaux, fut interrogé sur la publica
tion de Y Eclair.
Il refusa de répondre.
4° Cette même information fut reprise
le IA janvier 1898 par le Siècle.
Aucun démenti ne vint encore.
5® Dans la séance de la Chambre du 2h
janvier, M. Jaurès sollicita des explica
tions.
MM. Méline et Billot refusèrent de ré
pondre.
Ce silence obstiné du gouvernement
n’est-ilpas déjà une indication précieuse ?
Mais voici des faits plus graves encore.
6° Me Salles, avocat au barreau de
Paris, a déclaré à Me Demange tenir de
l’un des juges du capitaine Dreyfus que
des pièces avaient été communiquées aux
conseil.
Me Salles fut empêché de parler par le
président Delegorgue, au cours du procès
Zola; mais M* Demange a affirmé le
fait.
Ce sont les deux premiers témoins.
7° Le général Mercier est le troisième.
Interrogé par M® Albert Clemenceau sur
la question de savoir si une pièce secrète
avait été communiquée, il refusa de ré
pondre.
8° M. Stock, éditeur, est le quatrième
témoin. Il a affirmé tenir, comme M® Sal
les, de l’indiscrétion d’un membre du
conseil de guerre que des pièces secrètes
ont été communiquées en dehors de l’ac
cusé et de son défenseur. Il a même offert
d’en énumérer quatre, mais le président
lui a fermé la bouche.
9® Un cinquième témoin, un officier, a
déclaréàun rédacteurdu Gaulois(numéro
du 3 novembre 1897) qu’il a su, toujours
par indiscrétion, comme M® Salles et M. i
LIBRES PROPOS
DEVINT UNE PHOTOGRAPHIE
Passant rue de la Paix, j’ai vu à une vitrine
le portrait du petit roi d'Espagne et celui de
sa mère, ensemble. La mère se penche sur
son fils qui se raidit autant qu’il le peut.
Il lui tarde d’etre homme. L’une trahit ses
inquiétudes, et l’autre crâne pour les malheurs
a venir. Ils sont à la montre parmi d’autres
! souverains qui ont fair de bons bourgeois
tranquilles, rassurés sur leurs affaires.
Je me suis arrêté. J'ai regarde cette mère
j et ce fils s’appuyant, s’arcboutant pour ainsi
dire l’un sur l’autre et semblant écouter le
retentissement des coups de canon qui se
tirent de l’autre coté de l’Atlantique. Chacun
de ces coups de canon ébranle leur trône.
Ce souverain est à la merci d’une défaite
- honteuse de même que ce boutiquier est à la
‘ merci d’un accident commercial. Ceux-ci
risquent l’exil comme celui-là la faillite.
. Le journal que je tenais à la main annon-
. çait l’arrivée de l’ex-impératrice Eugénie à
Paris. La femme de Napoléon le Petit avait
ceci de commun avec la veuve d’Al
phonse XII qu’elle était mere d’un fils pas
majeur encore, et dont la succession au
trône paternel était bien incertaine. Le sen-
• liment maternel l’emportant sur tout au
monde, cette femme maudite sacrifia des
milliers de vies humaines à l’avenir de son
fils. En même temps que mere, elle était, il
est vrai, vaniteuse, ignorante et sotte, ce
que n’est pas, dit-on, la régente d’Espagne.
Mais qui sait si l’amour exclusif de la mère
pour son fils unique et adoré ne fera pas
couler du sang en Espagne comme il en a
fait couler en France?
Seule la régente aurait pu tenir un lan
gage conciliateur qu’elle ne peut pas tenir,
à cause de l’enfant qui, homme bientôt,
doit résumer en lui toute la fierté espagnole.
Elle s’opiniâtrera dans une guerre dont l’issue
n’est pas douteuse, parce que l’enfant doit
hériter et bénéficier de l’opiniâtreté qu’elle
aura montrée. Elle ne se prononcera pas
contre l’opinion publique, représentée dans
ces circonstances parles plus violents, parce
। qu'elle est soucieuse de conserver pour son
I fils cette opinion publique exaspérée. Elle
। ménagera, caressera cette opinion, et sa con-
Les stipendiés de l'Etat-Major, sentant le
terrain s'enfoncer sous eux s’accrochent
désespérément à ce dernier mensonge im
bécile, que nous avons tant de fois réfuté:
les prétendus aveux du capitaine Dreyfus»
M. Lebrun-Renault.
Hier, un de nos confrères du Siècle,
M. Charles Raffard, a vu le commandant
Forzinetti qui lui a répété les différentes
conversations qu’il a eues avec le capitaine
Lebrun-Renault, et qui donnent aux allé
gations de la presse esterhazyste le plus
énergique démenti.
J’ai rencontré l'été dernier M. Lebrun-Re
nault, à déclaré le commandant Forzinetti a
notre confrère.
— on prétend, lui dis-je, que Dreyfus vous
aurait fait des aveux a l'Ecole militaire, au
moment de la parade ?
— DES AVEUX, repondit-il, AUCUN !
Il ajouta que cet affaire lui avait valubien des
ennuis parce que,a la suite des potins recuillis
par les journaux.il avait été mandé au mini»
tére de la guerre et puis a la présidence de
la République, et que la IL AVAIT DÉCLARÉ
N’AvOI REÇU AUCUN AVEC.
Puis le commandant Forzinetti a fait à
notre confrère le récit de l'incident qui
s’est passé lors du premier procès Zola,
incident au cours duquel le comman
dant Forzinetti rappela au capitaine Lebrun-
Renault qu’il lui avait affirmé que jamais
Dreyfus ne lui avait fait d’aveu; le comman
dant Forzinetti demanda en vain au capi
taine Lebrun-Renault comment il était
revenu depuis sur ces premières déclara
tions,
I — Mais que pensez-vous, mon commandant,
demandons-nous, de ce rapport, dont il est
tant question ? Qu’est-ce que ce rapport qui,
dit-on, contiendrait des aveux ?
Et le commandant Forzinetti nous répond |
d’une voix grave, sérieuse, comme émue :
— Il n’y avait aucune trace d’aveux dans le
dossier de Dreyfus, ni en 1895, ni en 1835 ni en
1896; si le dossier contient aujourd’hui des
aveux, c'est que le rapport qui en constate
rait la prétendue existence y aurait été intro
duit en novembre 1897, pour obéir à un ordre,
ou par faibleesse, ou pour toute autre raison
qui ne s'explique pas.
— De sorte que, demandons-nous en hési-
tant un peu, s’il y avait au dossier, mainte
nant, un rapport du capitaine Lebrun-Renault
mentionnant des aveux faits par Dreyfus ?...
— C'est qu’il aurait été fait après coup! dit
nettement le commandant Forzinetti.
L’ancien directeur de la prison du Cher-
che-Midi ajoute que, quant à lui, il a été
convaincu de l’innocence de Dreyfus, et par
l'attitude du condamné, et par ses conver
sations avec Me Demange.
Notre confrère, avant de le quitter, a re
cueilli encore du commandant Forzinetti
cette précieuse déclaration qui prouve que
MATÉRIELLEMENT le capitaine Dreyfus n‘a pu
causer à son gardien Lebrun-Renault.
Mon prisonnier a été remis par mon agent
principal aux mains de deux gendarmes,
qui en ont eux-mêmes donné décharge
en signant sur le registre d’écrou, et qui out
remis le prisonnier à l’officier qui l’attendait
à l’Ecole Militaire. M. Bourguignon, je crois,
lequel leur en a donne un acquit a eux : cela
ne se fait pas autrement.
— Mais alors... M. Lebrun-Renault ?...
— Le capitaine Lebrun-Renault avait mission
d’escorter la voiture, pas autre chose. Il a vu
le prisonnier monter dans la voiture, les deux
gendarmes monter avec lui, la porte se fer
mer, il a disposé ses hommes comme il l’a
jugé utile pour prévenir toute évasion, tout
enlèvement, tout échange, et il a escorté la
voiture, comme il en avait l’ordre, c’est tout.
— Croyez-moi, conclut le commandant Forzi
netti, ce n’est pas en route non plus que
M. Lebrun-Renault a pu recueillir des aveux
de la part de Dreyfus!
RbT.S DE PARIS
M Daval, propriétaire à Montmartre, qui.
sur un terrain qu’il possede au versant nord
de la butte Montmartre, vient de dénommer
deux rues. l une Cyrano Je Bergerac Je la
rue Caulaincourt
1 rancœur
Lire à la deuxième pas
Dana le Midi, par L.-
Ricard ;
La Catastrophe du t
tique ‘ la Bourgogne ”.
Marcadct.
GIL.
CHRONIQUE
L’AFFAIRE DREYFUS
L’Agence nationale communique la note
suivante :
« On nous annonce que la note publiée
par le Petit Temps. sur les intentions du
L’AMBASSADE DE MENÉLICK
Quand les Parisiens s’en vont, les princes
arrivent. L’an dernier, il nous a été donné
de contempler ie casque blanc et la figure
olivâtre de ce bon M Siam. Cette année
débarquent, dans la capitale, quatre princes
abyssins envoyés par Ménélick pour saluer
le négus de la République française et lui
remettre de riches présents : M. I dix Faure,
conformément aux règles du Protocole, ren
dra le salut et gardera les présents; il grati
fiera l'ambassade d’un petit discours aimable
I et de quelques vases de Sevrés. Il ne faudra
plus que deux ou trois diners pour sceller
irrévocablement le pacte d’amitié qui unira
désormais notre pays et l’Abyssinie.
C'est très simple la । olitique. Cette pre
mière partie de la mission remplie par les
nobles envoyés de Ménélick, leur tâche ne
finira pas là : ils doivent en effet, par ordre
du négus, faut visiter et tout voir. Je doute
qu’ils y réussissent. Ce brave Ménélick, dans
son abyssine candeur, s'imagine sans doute
qu’il suffit de venir à Paris en ambassadeur
pour le connaître ! Il ignore évidemment le
cérémonial savant dont use la République
française pour abêtir plus sûrement ses
hôtes.
Si les honnêtes princes abyssins, qui
nous honorent actuellement de leur présence,
conservent à ce sujet quelques illusion-, il»
ne larderont pas a les perdre.
Peut-étre, en leur lointain pays, ont-ils
rêvé d'un Paris grandiose qu’enrichissait de
mille beautés leur imagination orientale;
d’une ville lumière! Pauvres gens ' Quand
ils verront nos becs de gaz! Peut-être aussi
se sont-ils imaginé que dans notre capitale
ils jouiraient des plaisirs ineffables promis
aux élus de tous les paradis : ils quitteront
vite les vaines espérances.
Aux caprices de ses hôtes de distinction,
notre démocratie formaliste oppose les iné
luctables rigueurs de l’étiquette : c’est une
manière de leur faire comprendre qu'ils sont
en pays de liberté.
Les princes étrangers sont assaillis des
leur arrivée par la troupe des fonctionnai
res : autour d’eux des généraux sont cousus
d’or, des amiraux étincelants et de rutilants
attachés d’ambassades se courbent courtoi
sement en accents circonflexes.
Si l’éclat des uniformes les aveugle, ils
sont assourdis par le bruil des musiques
militaires qui leur beuglent avec rage l'Hymne
de leur pays.
Les réceptions officielles terminées, ici
princes se croient désormais exempts de
VENDREDI 8 JUILLET I8H
PREMIÈRE ANNÉE. ~ T 181
LES
Ordre et progrès par la Révolution Française
PARIS
6 mois
3 mois
20 .
10
5 50
ABONNEMENTS
FRANCE ET ALGÉRIE 1
6
3
an ..
mois
mois
24
13
7
ÉTRANGER et union postale
1 an ..
6 mois
3 mois.
35
18
1O
REDACTION ET ADMINISTRATION
142 — Rue Montmartre
142
Les annonces sont reçues chez IH. Lagrange, OH et C u
LES MANUSCRITS NOM INSÉRÉS NE SONT PAS RENDUS
TÉLÉPHONE N’ 101.87
les mêmes chances de
i novation, mais avec un
t a partir du 1er octobre
r les titres de 500 francs
titre» de 100 francs, et a
1901 a 13 franc» pour les
u à 2 fr. 60 pour les titres
‘accepteront pas cette
ontant au pair de leurs
èmes d'obligations.
ux qui voudront recevoir
ligations ou cinquièmes
a en faire la demande et
1 au plus tard le 25 juillet
t desdits titres au pair,
a «lu coupon en cours et
impôts, sera tenu a leur
5 qui sont indiquées par
le 1er août 1898. A partir
et avis, les porteurs n’au-
ntérét et ne profiteront
Depuis le 1er juillet, les bureaux
des DROITS DE L’HOMME
sont transférés rue JtÆont”
martre, 1413.
Cette nouvelle installation a été
nécessitée par la réorganisation
de nos services de “ Dernière
Heure " qui vont se trouver consi
dérablement agrandis.
L’aventure de Cavité, la destruc
tion de la flotte des Philippines nous
a offert, il y a quelques semaines, le
tableau d’un abandon stratégique et
moral où se retrouvent plus d’un
trait semblable. A Cavité non plus,
UNE GRAVE AFFAIRE
i rages.
pas réclainé le montant
lus tard le 25 juillet 1893,
unie ayant accepté les ré-
-dessus et prendront part
mbre 1898, ainsi qu’aux
ils auront simplement a
pour le» faire estampiller
feuilles de coupons.
S DE CE SOIR
Le Dernier Madrigal. —
Dire annuelle.
- La Diva en tournée.
S Wagons-Lits.
inuelle.
uns lyriques), 8 h. 1/2.—
- Relâche.
s annuelle.
Bande à 1ifi.
I h. 1/2. — Le Papa
de
re annuelle.
ladiator.
Clôture annuelle.
loupée.
ILIQUE, S h. 1/2.
loture annuelle.
ches de Corneville
— Histoire de gifles.
Il dure annuelle.
ET CONCERTS
La Bulle d’amour.
nille, la diseuse anglo-
nskaya. — Polaire et
Marco, les Agoust.
3, rue Pigalle (téléphona
Deval, Fursy, Montoya,
. — Cyrano de Tarascon.
e 265-27). — Ohé! Ohé!
Mongel (Mlle Debriège).
anuelle.
unuelle.
elle.
pions à pénétrer dans
an. s, ils v irent avec
seulement les jeunes
ni, niais de: membres
iblicistes, des profes-
iles hommes de tortes
lis. Ils se ris-
semestrielle, la
3 mois; et, re
J ‘Unes Anus lt
ils. donnèrent à leur
i organe qui avait été
t dont le titre est 3
dans son
t, est en même temps
Don et celui d’une
le Droit, qui parait
id avec un louable
de la justice, qu’elle
force militaire dan*
tionales. C'est d’un
car rien n’est plus
la Révolution fran-
port entrepris pour
i guerre et la tyran-
cette généreuse ten-
e triomphe pacifique
des quatre premiers
nte petite revue ré-
s ”, oh ! bien jeunes
nom frais, (Avril, el
prait pas manquer a
directeur, M Henry
numéro place la Re-
ge de notre grand
ne apprécie, cImme
M. Judet. Cette jeu
inesse.
ICE LAUZEL
nulle défense efficace.
l’entrée
Les Droits de B Homme commencent
aujourd’hui la publication d’un nou-
vea u r< ma n-feuilleton
LÀ CONQUETE DE ME
une des œuvres les plus saisissantes
de la grande romancière italienne
MATHILDE SERAO
Nos lecteurs trouveront dans ces
pages, avec une physionomie des
mœurs mondaines et parlementaires
de l’Italie, une analyse d’amour d’un
grand charme et d’un puissant in-
Quel autre nom pourrions-nous ap-
pliquer avec plus de justesse à cette
politique de l’Espagne qui la pousse
aux suprêmes catastrophes par un
aveuglement volontaire?
Pendant quarante-deux jours l’ami
ral Cervera demeure plongé dans une
mortelle inaction, au fond de la baie
de Santiago; il vit isolé du monde,
ayant rompu toutes ses relations ex-
terieures, dans un huis clos formida-
bles; on a comparé sa position à celle
avec
eaux dans
les profondeurs d’une bouteille colos-
sale hermétiquement fermée par la
flotle J • l’amiral Sampson.
Cen’était vrai qu’à moitié, mais la
fermeture plus grave que l’épave du
Mcrrimaccl que les cuirassés de Samp-
son, c’est dans l’état d’esprit de Cer-
vera qu’il la faut chercher. Que fait-il
la dans cette immobilité effrayante,
dans cette prison intellectuelle et mo-
raie qu’il s’est construite à lui-même?
Que peut-il attendre dans ce profond
sepulcre de son dogme où il ressasse
les superstitions de sa patrie, invo
quant Dieu et les saints qui ont dit de
toute éternité qu’ils ne viendraient en
aide qu’aux hommes capables de se
sauver eux-mêmes par la science et
Tout change et se renouvelle autour
de lui, Santiago est déjà cerné du côté
de la terre, les Américains du général
Shafter ont débarqué avec leurs
grosses pièces d’artillerie, ils ont donné
I i mai u aux troupes de Garcia; au de-
hors, du côté de la mer, Sampson a
rassemblé toutes les ressources d’une
industrie prodigieuse et d’une activité
infai igable.
Et Cervera est toujours là, immo-
bile
ou ignorance des change-
ments opérés sur la terreet sur la mer,
immobile avec les croiseurs les plus ra
pides que la mécanique ait inventés!
A quoi sert donc la mobilité mécani-
que?Et quel est cet amiral de pierre,
statue dressée sur le tombeau de sa
Hotte et de sa patrie? Puis, quand tout
est perdu, il se réveille sous l’aiguillon
de l'instinct farouche; il vase précipi
ter aveuglément à son désastre. L'ob-
serval ion la plus attentive n’a pas en
core découvert, dans cet acte de dé-
sespoir, un éclair de l’intelligence hu
maine.
Les vaisseaux espagnols sortent en
plein jour, un à un, se dirigent sur
l'arc de fer et de feu que l’amiral
Sampson a tendu autour de la rade,
se font mitrailler et incendier, se re
tirent dans un désordre affreux,
s'échouent sur les côtes, sans avoir
même, dans leur perte, la satisfaction
d’une illustre vengeance.
La ruine de la Hotte espagnole n’a
rien coûté à la marine américaine. On
n’a jamais vu une plus étonnante ca
tastrophe, tant de belles et vaillantes
vies humaines livrées sans marchan
dage comme sans revanche! De quoi
nom qualifier ce drame si ce n’est pas
du nom de suicide?
de la rade de Manille, des forte-
resses fantômes qui dressent leurs
silhouettes désarmées, des canons qui
ne partent pas, des obus qui ne brû
lent point, toutes les vaines appa
rences, le masque monstrueux de la
guerre; mais, sous le masque, le vide;
une armure, mais point de guerrier!
Quand on en est à cet état de dé
tresse, préparé par les fautes accumu
lées d’une politique séculaire, et que
l’on oppose aux revendications de l’in
dépendance de Cuba et aux proposi
tions de négociations des Etats-Unis
avant la guerre l’orgueil d’une fin de
non recevoir inexorable, nous sommes
obligés de déclarer que ce monument
d’infatuation sublime n’a point de
base, qu’il ne porte que sur le néant
et ne se justifie pas.
Et, dans cette absence de moyens,
quand on repousse tout moy en-terme,
déclarant qu’on veut vaincre ou mou
rir, il apparaît en évidence que le se
cond terme de l’alternative est seul
possible, et qu’en effet, il n’y a qu’à
mourir, à s’ensevelir dans les draps
d’or de l’histoire des aïeux !
Pour que rien ne manquât à cette
image du suicide et qu’elle fût portée
à la plus exacte ressemblance de la
réalité même, on a vu dans le désordre
de Santiago les Espagnols se tirant les
uns sur les autres, les forteresses de
la rade bombardant les croiseurs de
Cervera;— non point volontairement,
il est vrai, comme dans ces guerres
civiles des capitales qui, depuis Jéru
salem, se sont toujours égorgées de
leurs propres mains dans leurs dé
faites; mais par une inadvertance,
c’est-à-dire par un manque de savoir
qui est ici la caractéristique de l’ad
versité!
Cette catastrophe se présente avec
tous les traits les plus frappants de
l'histoire de l’Espagne, et c’est bien en
cela que la tragédie atteint à son com
ble, car elle apparaît comme la logi
que fatale des choses et la leçon iné
luctable de l’histoire.
Sont-ce les funérailles de l’Espagne
elle-même que l’Europe va célébrer,
— le suicide de l’Espagne accablée de
sa gloire, indissolublement attachée à
un passé qu’elle adore, à des rêves
qui forment sa conscience et son culte,
et, devenue incapable de transforma
tion, préférant renoncer à vivre que
de vivre d’une autre manière?
Elle a mis son honneur à vivre su-
perbement dansle huis clos,nioinsenfer-
mée dans ses montagnes et dans les ro
chers de ses rivages que dans les
préjugés abruptes de ses mœurs et de
son génie sanguinaire. Cette grande
âme d’un peuple artiste, il n’en est pas
de plus parfaitement ignorante en Eu
rope : 90 pour 100 d’illétrés, 12 mil
lions ne sachant ni lire ni écrire sur
17 millions d’habitants. Une armée de
caste et de noblesse : 19,000 officiers
et 260 généraux pour 200,000 hommes.
L’état de siège, les pronunciamientos,
les conseils de guerre, l’éclat des céré
monies, la splendeur des panaches, et,
sur le tout, un sombre mystère sacra
mentel pesant sur l’âme d’un peuple
comme les voûtes de l’Escurial, monu
ment de victoire, mais tombeau d’une
nation, telle est l’Espagne. Les aver
tissements lui ont été prodigues : elle
ne les a pas entendus, elle ne pouvait
pas les entendre, parce que la poli
tique a scellé sur sa tete les dalles d’un
huis clos perpétuel.
Mais Jésus lui-même, que vous ado
rez, ne vous défend pas de ressusci
ter; on dit qu’il aimait à tirer les morts
du tombeau. L’Espagne rénovera toute
sa constitution intérieure, ses lois, son
esprit, ses mœurs, ou elle achèvera de
mourir dans les ténèbres ; on ne s’oc
cupera plus de l’Espagne dans le
monde, elle sera une chose inerte et
qui ne compte pas, un splendide lam
beau de terre que visiteront les riches
voyageurs. Tous ceux qui l’imiteront
partageront sa destinée. Tous ceux
qui mettront leur foi dans les proto
coles, dans les symboles, dans les ta
bernacles, dans les arches saintes, qui
n’appelleront pas à eux la vie, les lu
mières et la nature aux I rainformations
fécondes, tous ceux-là s’achemineront
les uns après les autres vers la mort
volontaire, et ces grands suicidés se
ront rangés à la suite dans le cime
tière des nations.
HECTOR DEPASSE
Hier, avant le dîner, comme M. Henri
Brisson allait regarder l'heure à un ma
gnifique chronomètre qu'il porte généra
lement sur soi, il s'aperçut, à son grand
effroi, que ce précieux objet avait dis
paru.
Un domestique, qu'il sonna immédiate
ment, remarqua, dès son entrée, la dispa
rition d'une précieuse miniature du pre
mier empire pendue à côté de la ch 'mi
nce et, poursuivant leurs investigations,
le ministre et le domestique constatèrent
encore l’absence d'un couteau à papier
incrusté d'or, d'une statuette en ivoire
d'un grand prix, d'un vide-poche en
agate et d'un presse papier en nacre. La
valeur de tous ces objets, le chronomètre
compris, est estimée à plus de dix mille
francs.
Il résulte de la première enquête du
commissaire de poH'c que personne
n'avait pénétré de toute l'après-midi dans
le cabinet de M. Brisson que MM. Dru-
mont et Morinaud qui avaient pris pré
texte des affaires de l'Algérie pour abor
der le ministre. M. Brisson se rappelle
fort bien que M. Drumont lui a fait un
discours qui l'a endormi en moins de dix
minutes. Que s'est-il passé pendant, ce
sommeil? C'est ce que l'enquête établira.
Mais,dès à présent, M I. Drumont et Mo
rinaud ont été priés de se tenir à la dispo-
Stock, que, dans la chambre de délibéra-
tions ou a « communique certains docu
ments ».
10° La même affirmation se trouve dans
le numéro de Y Echo de Paris du 16 no
vembre 1897.
« EN CHAMBRE DU CONSEIL, les sept
honorables officiers appelés à juger un
frère d’armes, mis en présence de docu
ments qu’il était impossible de commu
niquer tant à la défense qu’au public,
out jugé à l’unanimité que Dreyfus était
coupable.
» Les membres du conseil ont jugé sur
pièces, sur procès verbaux de témoigna-
ges reçus sous serment.
» Ce sont des pièces entières, des témoi-
gnages écrits, non suspects, qui furent
soumis, en secret, au Conseil de guerre.»»
I P Enfin, un document officiel recon
naît l’existence d’un dossier secret. On
peut lire, en effet, dans le rapport du
commandant Ravary sur l’affaire Ester-
duite sera faible, parce qu’elle sera — non
celle d'une reine — celle d’une mère.
Tant pis si ses intérêts dynastiques sont à
l’encontre de ceux de la nation. Elle sa
crifiera ces derniers. Elle est mère. On ne
peut pas exiger d'elle autre chose. Et, tout
de même, la royauté étant marquée de mort
en Espagne, ses efforts seront vains. Il vau
drait donc mieux la détrôner tout de suite.
Et que l’une s’en aille après Santiago,
comme l’autre s’en est allée après Sedan !
EDOUARD CONTE.
ministre de la justice, au sujet de la d.
mande de Mme Dreyfus, en annuJston du
jugement de 1894, a amens celle-ci à écrire
à M.le garde des sceaux pour lui annoncer
le prochain dépôt d’un mémoire justificatif
à l'appui de sa requête.»
ECHOS
silion de la justic
LE PIC.
AUJOURD’HUI
DES PREUVES
J’ai dit hier la mauvaise foi de nos
adversaires, qui réclament la preuve et,
dans le même temps, nous interdisent
de la faire, sous le spécieux prétexte que
rien ne doit être répété de ce qui s’est dit
et passé dans la salle de délibérations du
conseil de guerre par lequel le capitaine
Dreyfus fut condamné. J’ai ajouté qu’ils
se trompaient cependant s’ils s’imagi-
liaient que la preuve de la communica
tion de pièces secrètes peut être faite à
l’aide du seul témoignage des juges
légers de ce procès historique. J'ai in
diqué des témoins nombreux qui attes
teraient à la barre savoir de source cer
taine qu'un envoyé de l’Etat-Major
apporta un dossier, dont l’accusé ni son
avocat n’eurent connaissance. J’ai conclu
que la preuve, qui n’est pas faite, est
facile à faire et que M. Sarrien, garde des
sceaux, n’a qu’à vouloir pour que la vé
rité éclate.
Aujourd’hui je veux compléter, avec un
excellent article du Siècle, ce j’ai dit
hier.
Si le ministère cherche loyalement la
lumière, voici donc des faits qui l’aide
ront à la trouver.
1® Dès le 16 septembre 1896, Y Eclair,
dont on sait les attaches étroites avec les
bureaux de la rue Saint-Dominique, ra
contait qu’une pièce secrète avait été
« Un soir que le lieutenant-colonel
Henry, de retour à Paris, était entré brus-
quement chez M. Picquart, il aperçut
Me Leblois assis auprès du bureau et
compulsant avec lui LE DOSSIER SE-
CRET. Une photographie portant ces
mots : u Cette canaille de D... » était sor-
tie du dossier et étalée sur le bureau. »
Sans compter les témoignages des jour
naux. cela fait donc onze témoins qui
affirment l'existence d’un dossier secret,
que ce dossier contint une ou plusieurs
pièces.
12° Mais il en est d’autres. Et d’abord
l’officier qui, du ministère de la guerre,
apporta au conseil ce dossier. Cet officier
est extrêmement facile à retrouver.
13° Ensuite M. Casimir-Perier.
14° Ensuite MM. X., Y. et Z. — les noms
seront donnés au moment venu, — de
vant qui M. Casimir-Perier s’est indigné
de cette illégalité.
15® Ensuite M. Félix Faure.
16® Ensuite M. W., à qui M. Félix
Faure a conseillé de renoncer à ses illu
sions sur l’innocence du capitaine Drey
fus, dont il pouvait, lui, affirmer la culpa-
hilit, ayant pria connaissance du dossier
secret.
Ensuite, d’autres encore que j’oublie
ou néglige volontairement.
Il me parait, d’ailleurs, qu’une telle
énumération est bien suffisante pour
convraincre ceux de nos adversaires qui
ne sont ni
preuves ne
bon voudra
Et, d’autre
aveugles ni sourds, que les
manqueront pas le jour où
sérieusement les chercher,
part, ils doivent bien s’être
rendu compte déjà que, tant que ces
preuves n’auront pas été cherchées, il y
aura une affaire Dreyfus, dussent en
périr de colère MM. Castelin, Judet et
Millevoye, dussent les ministères tomber
comme châteaux de cartes, dut la réac
tion tirer le sabre depuis un quart de
siècle au fourreau !
PIERRE BERTRAND.
Variation sur le même Thème
On lit ce matin dans le Transigeant, à
propos du décédé de Bournemouth.
Comme nous le «lisions plus haut, Cornélius
Herz emporte dans la tombe le secret de la té-
nébreuse affaire de Panama. Il est des gens —
et nous en connaissons dans le monde dreyfu-
sard — qui ont dû pousser hier un fort soupir
de soulagement.
Hum ! il serait prudent de ne pas parler
de corde dans la maiso d’un pendu.
Le Transigeant, de mémoire courte, ne se
rappelle donc plus que son plus bel orne
ment, le sieur de Rochefort, a touché des
mains du « roi des maîtres-chanteurs »,
comme il l'appelle, un coquet pot de vin de
CENT soixante MILLE FRANCS
Pas reconnaissant, le seigneur de Vas-
cagat!
Drumont, lui, est plus délicat.
Il a recommandé a son porte-coton Méry
«le ne pas trop éreinter le cadavre du dia-
betique de Bournemouth.
Le jésuite du Libre Mensonge a peu r qu’on
lui rappelle le marché conclu entre lui et le
banquier pour subventionner Morès, alors
a la côte. La haine du farouche antisé
mite s’est toujours amollie devant les écus
juifs.
Aussi Gaston Méry, obéissant, déclare-t-il
ce malin que Cornélius Herz fut un per
sonnage qui ne « manquait pas «te gran
deur »!
D.
R OCHEFORT ET LES ALLEMANDS
L'Itransigeant continue à mentir, pour
changer. On sait que Rochefort a reçu l'ar
gent allemand de la Bavaria et que, pour se
garder à carreau, il prétendit que cet argent
était le produit de la reproduction de ses
œuvres. Ce qu’il oublie de dire, c’est qu’à
une lettre, le détrompant, il répondit, en
reconnaissant son erreur et en renouvelant ses
reinercientents.
De plus, le « cher Monsieur Curti », qu'il
remerciait de l’envoi d’argent, est devenu
pour Rochefort, le « certain Curti ».
Pauvre Boubourochc... Et ce n’est pas fini!
* k
FAUSSE NOUVEf.LE
M. Millevoye, qui ne recule devant aucun
moyen pour satisfaire sa haine des Améri-
cains, annonçait hier que la Bottr^ avait
été coulée a dessein par les Américains
C'est une aimable infamic.
LE COMMANDANT DELONCLL
Le commandant de Li Bour
mort à son poste, était le frère
Deloncle. fondateur de» Droit,
Le commandant Louis Delo
Cahors le 18 décembre 1854. S
en 1870, il fut nomme aspirant
Ogte, qui est
de M Heni
de rilontuic.
de vaisseau
et, en cette qualité, prit part a l.i campagne
d’Indo-Chinc en 1873. Enseigne de vaisseau
en 1881, il fait la campagne de T unisie, de
vient officier d’ordonnance de l’amiral Bar
rera, puis est promu lieutenant de vaisseau en
1882. Il est nommé chevalier de la Légion
d'honneur en 1885, et professeur de maneu-
Dreyfus et Lebrun-Renault
Malgré les instances de l'amiral Barre
commandant Deloncle, charge de far
entra à la Compagnie Transatlantique,
était considéré, de l’avis même de M Pc
comme le meilleur officier
Les DROITS DE L'HOMME publie-
ront demain un article de
JEAN AJALBERT
communiquée aux juges. Il en citait
même le passage principal.
Aucun démenti ne vint.
M. Bernard Lazare, dans une bro
chure sensationnelle, reproduisit cette
affirmation.
Aucun démenti ne vint.
3° Le 17 septembre, M. Darlan, garde
des sceaux, fut interrogé sur la publica
tion de Y Eclair.
Il refusa de répondre.
4° Cette même information fut reprise
le IA janvier 1898 par le Siècle.
Aucun démenti ne vint encore.
5® Dans la séance de la Chambre du 2h
janvier, M. Jaurès sollicita des explica
tions.
MM. Méline et Billot refusèrent de ré
pondre.
Ce silence obstiné du gouvernement
n’est-ilpas déjà une indication précieuse ?
Mais voici des faits plus graves encore.
6° Me Salles, avocat au barreau de
Paris, a déclaré à Me Demange tenir de
l’un des juges du capitaine Dreyfus que
des pièces avaient été communiquées aux
conseil.
Me Salles fut empêché de parler par le
président Delegorgue, au cours du procès
Zola; mais M* Demange a affirmé le
fait.
Ce sont les deux premiers témoins.
7° Le général Mercier est le troisième.
Interrogé par M® Albert Clemenceau sur
la question de savoir si une pièce secrète
avait été communiquée, il refusa de ré
pondre.
8° M. Stock, éditeur, est le quatrième
témoin. Il a affirmé tenir, comme M® Sal
les, de l’indiscrétion d’un membre du
conseil de guerre que des pièces secrètes
ont été communiquées en dehors de l’ac
cusé et de son défenseur. Il a même offert
d’en énumérer quatre, mais le président
lui a fermé la bouche.
9® Un cinquième témoin, un officier, a
déclaréàun rédacteurdu Gaulois(numéro
du 3 novembre 1897) qu’il a su, toujours
par indiscrétion, comme M® Salles et M. i
LIBRES PROPOS
DEVINT UNE PHOTOGRAPHIE
Passant rue de la Paix, j’ai vu à une vitrine
le portrait du petit roi d'Espagne et celui de
sa mère, ensemble. La mère se penche sur
son fils qui se raidit autant qu’il le peut.
Il lui tarde d’etre homme. L’une trahit ses
inquiétudes, et l’autre crâne pour les malheurs
a venir. Ils sont à la montre parmi d’autres
! souverains qui ont fair de bons bourgeois
tranquilles, rassurés sur leurs affaires.
Je me suis arrêté. J'ai regarde cette mère
j et ce fils s’appuyant, s’arcboutant pour ainsi
dire l’un sur l’autre et semblant écouter le
retentissement des coups de canon qui se
tirent de l’autre coté de l’Atlantique. Chacun
de ces coups de canon ébranle leur trône.
Ce souverain est à la merci d’une défaite
- honteuse de même que ce boutiquier est à la
‘ merci d’un accident commercial. Ceux-ci
risquent l’exil comme celui-là la faillite.
. Le journal que je tenais à la main annon-
. çait l’arrivée de l’ex-impératrice Eugénie à
Paris. La femme de Napoléon le Petit avait
ceci de commun avec la veuve d’Al
phonse XII qu’elle était mere d’un fils pas
majeur encore, et dont la succession au
trône paternel était bien incertaine. Le sen-
• liment maternel l’emportant sur tout au
monde, cette femme maudite sacrifia des
milliers de vies humaines à l’avenir de son
fils. En même temps que mere, elle était, il
est vrai, vaniteuse, ignorante et sotte, ce
que n’est pas, dit-on, la régente d’Espagne.
Mais qui sait si l’amour exclusif de la mère
pour son fils unique et adoré ne fera pas
couler du sang en Espagne comme il en a
fait couler en France?
Seule la régente aurait pu tenir un lan
gage conciliateur qu’elle ne peut pas tenir,
à cause de l’enfant qui, homme bientôt,
doit résumer en lui toute la fierté espagnole.
Elle s’opiniâtrera dans une guerre dont l’issue
n’est pas douteuse, parce que l’enfant doit
hériter et bénéficier de l’opiniâtreté qu’elle
aura montrée. Elle ne se prononcera pas
contre l’opinion publique, représentée dans
ces circonstances parles plus violents, parce
। qu'elle est soucieuse de conserver pour son
I fils cette opinion publique exaspérée. Elle
। ménagera, caressera cette opinion, et sa con-
Les stipendiés de l'Etat-Major, sentant le
terrain s'enfoncer sous eux s’accrochent
désespérément à ce dernier mensonge im
bécile, que nous avons tant de fois réfuté:
les prétendus aveux du capitaine Dreyfus»
M. Lebrun-Renault.
Hier, un de nos confrères du Siècle,
M. Charles Raffard, a vu le commandant
Forzinetti qui lui a répété les différentes
conversations qu’il a eues avec le capitaine
Lebrun-Renault, et qui donnent aux allé
gations de la presse esterhazyste le plus
énergique démenti.
J’ai rencontré l'été dernier M. Lebrun-Re
nault, à déclaré le commandant Forzinetti a
notre confrère.
— on prétend, lui dis-je, que Dreyfus vous
aurait fait des aveux a l'Ecole militaire, au
moment de la parade ?
— DES AVEUX, repondit-il, AUCUN !
Il ajouta que cet affaire lui avait valubien des
ennuis parce que,a la suite des potins recuillis
par les journaux.il avait été mandé au mini»
tére de la guerre et puis a la présidence de
la République, et que la IL AVAIT DÉCLARÉ
N’AvOI REÇU AUCUN AVEC.
Puis le commandant Forzinetti a fait à
notre confrère le récit de l'incident qui
s’est passé lors du premier procès Zola,
incident au cours duquel le comman
dant Forzinetti rappela au capitaine Lebrun-
Renault qu’il lui avait affirmé que jamais
Dreyfus ne lui avait fait d’aveu; le comman
dant Forzinetti demanda en vain au capi
taine Lebrun-Renault comment il était
revenu depuis sur ces premières déclara
tions,
I — Mais que pensez-vous, mon commandant,
demandons-nous, de ce rapport, dont il est
tant question ? Qu’est-ce que ce rapport qui,
dit-on, contiendrait des aveux ?
Et le commandant Forzinetti nous répond |
d’une voix grave, sérieuse, comme émue :
— Il n’y avait aucune trace d’aveux dans le
dossier de Dreyfus, ni en 1895, ni en 1835 ni en
1896; si le dossier contient aujourd’hui des
aveux, c'est que le rapport qui en constate
rait la prétendue existence y aurait été intro
duit en novembre 1897, pour obéir à un ordre,
ou par faibleesse, ou pour toute autre raison
qui ne s'explique pas.
— De sorte que, demandons-nous en hési-
tant un peu, s’il y avait au dossier, mainte
nant, un rapport du capitaine Lebrun-Renault
mentionnant des aveux faits par Dreyfus ?...
— C'est qu’il aurait été fait après coup! dit
nettement le commandant Forzinetti.
L’ancien directeur de la prison du Cher-
che-Midi ajoute que, quant à lui, il a été
convaincu de l’innocence de Dreyfus, et par
l'attitude du condamné, et par ses conver
sations avec Me Demange.
Notre confrère, avant de le quitter, a re
cueilli encore du commandant Forzinetti
cette précieuse déclaration qui prouve que
MATÉRIELLEMENT le capitaine Dreyfus n‘a pu
causer à son gardien Lebrun-Renault.
Mon prisonnier a été remis par mon agent
principal aux mains de deux gendarmes,
qui en ont eux-mêmes donné décharge
en signant sur le registre d’écrou, et qui out
remis le prisonnier à l’officier qui l’attendait
à l’Ecole Militaire. M. Bourguignon, je crois,
lequel leur en a donne un acquit a eux : cela
ne se fait pas autrement.
— Mais alors... M. Lebrun-Renault ?...
— Le capitaine Lebrun-Renault avait mission
d’escorter la voiture, pas autre chose. Il a vu
le prisonnier monter dans la voiture, les deux
gendarmes monter avec lui, la porte se fer
mer, il a disposé ses hommes comme il l’a
jugé utile pour prévenir toute évasion, tout
enlèvement, tout échange, et il a escorté la
voiture, comme il en avait l’ordre, c’est tout.
— Croyez-moi, conclut le commandant Forzi
netti, ce n’est pas en route non plus que
M. Lebrun-Renault a pu recueillir des aveux
de la part de Dreyfus!
RbT.S DE PARIS
M Daval, propriétaire à Montmartre, qui.
sur un terrain qu’il possede au versant nord
de la butte Montmartre, vient de dénommer
deux rues. l une Cyrano Je Bergerac Je la
rue Caulaincourt
1 rancœur
Lire à la deuxième pas
Dana le Midi, par L.-
Ricard ;
La Catastrophe du t
tique ‘ la Bourgogne ”.
Marcadct.
GIL.
CHRONIQUE
L’AFFAIRE DREYFUS
L’Agence nationale communique la note
suivante :
« On nous annonce que la note publiée
par le Petit Temps. sur les intentions du
L’AMBASSADE DE MENÉLICK
Quand les Parisiens s’en vont, les princes
arrivent. L’an dernier, il nous a été donné
de contempler ie casque blanc et la figure
olivâtre de ce bon M Siam. Cette année
débarquent, dans la capitale, quatre princes
abyssins envoyés par Ménélick pour saluer
le négus de la République française et lui
remettre de riches présents : M. I dix Faure,
conformément aux règles du Protocole, ren
dra le salut et gardera les présents; il grati
fiera l'ambassade d’un petit discours aimable
I et de quelques vases de Sevrés. Il ne faudra
plus que deux ou trois diners pour sceller
irrévocablement le pacte d’amitié qui unira
désormais notre pays et l’Abyssinie.
C'est très simple la । olitique. Cette pre
mière partie de la mission remplie par les
nobles envoyés de Ménélick, leur tâche ne
finira pas là : ils doivent en effet, par ordre
du négus, faut visiter et tout voir. Je doute
qu’ils y réussissent. Ce brave Ménélick, dans
son abyssine candeur, s'imagine sans doute
qu’il suffit de venir à Paris en ambassadeur
pour le connaître ! Il ignore évidemment le
cérémonial savant dont use la République
française pour abêtir plus sûrement ses
hôtes.
Si les honnêtes princes abyssins, qui
nous honorent actuellement de leur présence,
conservent à ce sujet quelques illusion-, il»
ne larderont pas a les perdre.
Peut-étre, en leur lointain pays, ont-ils
rêvé d'un Paris grandiose qu’enrichissait de
mille beautés leur imagination orientale;
d’une ville lumière! Pauvres gens ' Quand
ils verront nos becs de gaz! Peut-être aussi
se sont-ils imaginé que dans notre capitale
ils jouiraient des plaisirs ineffables promis
aux élus de tous les paradis : ils quitteront
vite les vaines espérances.
Aux caprices de ses hôtes de distinction,
notre démocratie formaliste oppose les iné
luctables rigueurs de l’étiquette : c’est une
manière de leur faire comprendre qu'ils sont
en pays de liberté.
Les princes étrangers sont assaillis des
leur arrivée par la troupe des fonctionnai
res : autour d’eux des généraux sont cousus
d’or, des amiraux étincelants et de rutilants
attachés d’ambassades se courbent courtoi
sement en accents circonflexes.
Si l’éclat des uniformes les aveugle, ils
sont assourdis par le bruil des musiques
militaires qui leur beuglent avec rage l'Hymne
de leur pays.
Les réceptions officielles terminées, ici
princes se croient désormais exempts de
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