Titre : Les Droits de l'homme / fondateur Henri Deloncle
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1898-07-03
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32759074m
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Description : 03 juillet 1898 03 juillet 1898
Description : 1898/07/03 (A1,N176). 1898/07/03 (A1,N176).
Droits : Consultable en ligne
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Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, GR FOL-LC2-5700
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 02/05/2016
PREMIÈRE ANNÉE. — »' Ht.
Ordre et progrès par la Révolution Française
ABONNEMENTS
PARIS
1 an 20 •
6 mois 10 ■
3 mois 5 50
FRANCE ET ALGÉRIE
1 au 24 •
6 mois 13 ■
3 mois 7 •
ÉTRANGER et union postale
1 an 35 •
6 mois 18 •
3 mois ...... 10 •
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des DROITS DE L’HOMME
sont transférés rue Mont-
martre, 148.
Cette nouvelle installation a été
nécessitée par la réorganisation
de nos services de " Dernière
Heure " qui vont se trouver consi
dérablement agrandis.
Les Droits de T Homme commence-
ront prochainement la publication
d’un nouveau roman-feuilleton
u । wm ii wi
une des œuvres les plus saisissantes
de la grande romancière italienne
MATHILDE SERAO
Nos lecteurs trouveront dans ces
pages, avec une physionomie des
mœurs mondaines et parlementaires
de l’Italie, une analyse d’amour d’un
grand charme et d’un puissant in
térêt.
TRIBUNE
Amours de Jeunes Filles
Le jury vient d'acquitter — et je l’en
approuve — un homme coupable en ap-
parence d’avoir séduit et enlevé une mi
neure, mais qui, en réalité, fut lui-même
séduit et enlevé par l’ardente jeune tille.
Celle-ci, d’ailleurs, l’a bravement dé
clare à l’audience; et l’avocat du prévenu
n‘a eu, pour ainsi dire, qu'à développer
ce témoignage en lisant des lettres de
passion ou c’est bien la Marguerite de
quinze uns qui envoûte et détourne son
Faust à rebours, quadragénaire et ma
rié.
Marguerite, heureusement, non rendue
mere, et dont la seule folie, si l’on veut
que c’en soit une, fut d’aimer éperdu
ment, de toute sa jeune chair, de tout
.son jeune cœur, un citoyen commençant
à mûrir.
Mais croyez-vous que ce soit tellement
rare, une très jeune fille s’éprenant d’un
homme de cet âge ?
Le cas de cette Pauline C..., — la presse
judiciaire, discrète, n’a donné que le pré
nom et l’initiale du nom, — vous parait-
il exceptionnel jusqu’à relever à demi de
la pathologie ?
Etant du peuple, elle n’a pas eu les
limidités, ou les hypocrisies d’une petite
bourgeoise : elle ne s’est pas résistée à
à elle-même et, se moquant de l’opinion
et des lois, ne voulant rien savoir que
son amour, elle a exigé de l'adoré qu’il
lût tout à elle— à elle sa vraie «femme»,
— au su de l’autre ; que, vivant avec
elle, comme elle et pour elle, il bravât
tout; et c’est là, jusqu’à un certain
point, ce qui fait l’extraordinaire de l’a
venture : car, pour la crise physiologi
que, ou plutôt sensualo-cérébrale, d’où
jaillit en Pauline C... la résolution de n’être
pas la maîtresse honteuse et furtive, mais
comme l’épouse au-dessus du Code, l’é
pouse de droit divin, en quelque sorte,
parce que naturel, — pour cette crise
d'un cœur et d’une pensée de jeune fille,
émus par un homme de quarante ans,
c’est chose assez fréquente dans tous les
mondes, si, d’ordinaire, et dans la bour
geoisie surtout, cela demeure le secret
mélancolique du cœur atteint; si, tout
à fait rarement dans cette bourgeoisie,
cela passe du rêve aux joies — ou aux
déceptions — du péché.
Mais voici un aveu, et d’une femme de
la plus haute Société : la comtesse
d’Agoult parle.en effet, dans ses Souve
nirs, d’un amour qu’elle eut, profond et
mystérieux, avant d’être mariée, pour
un homme de quarante-cinq ans. Elle en
avait dix-neuf.
C’était une belle, très belle jeune fille.
Et lui, non seulement il eût pu être le
père de celle qui l’aimait (et qu’il aimait
aussi), mais son visage était « maigri »,
son corps « miné » par la souffrance ; il
avait reçu à Nimes, dans une furieuse
émeute, une blessure grave, dont il souf
frait toujours et qui, même, l’obligeait à
se rendre chaque année aux eaux de
Gastein.
I Pour le nommer, c’était le comte et
général Auguste de Lagarde, une « per
sonnalité », comme nous dirions, du fau
bourg Saint-Germain.
> Il était adorable, malgré son âge et sa
pauvre santé ; adorable, du moins, aux
yeux de celle qui, plus tard, beaucoup
plus tard, eu ses Souvenirs de vieille re
vivant sa jeunesse, devait écrire ; « Avec
quelle amertume, dans le long cours de
mes ans, je me suis accusée et repentie
de n’avoir pas écouté la voix de mon
cœur.»
$C‘est le contraire, peut-être, qu’elle se
fût reproché si elle avait cédé à l’au-
tournai attrait — pour son printemps
magnifique — de cette grâce virile près
du déclin. Mais soyez sûrs que beaucoup
de femmes, en leur vieillesse, se sont
rappelé comme elle, en s’accusant d’avoir
manqué leur vie, un roman d’analogue
contraste ; et c’est donc que beaucoup de
jeunes filles ont éprouvé quelque chose
de pareil à ce que ressentit pour le
comte de Lagarde la future Mme
d’Agout.
Et pourquoi, précisément, l’aima-t-
elle ? Les Souvenirs le disent : parce qu’i
connaissait « le monde et la vie »; parce
que son « expérience était complète » et
à la fois « sans amertume »; parce que,
dans le plus noble sens, c’était « un
homme », et voilà le mot définitif.
Un homme! c’est-à-dire l’amant ou
l’époux frère, l’amant ou l’époux guide ;
le tendre aîné très sûr que cherche la
jeune tille avide de confiance...
Il n’y a pas si longtemps, — voulez-
vous prendre l’époque où Montesquieu,
avec un délicieux mélange de honte et de
fatuité, confessait: a à vingt-sept ans,
j’aimais encore»? — l’amour apparais
sait comme un des privilèges, et le plus
marquant, de la jeunesse. On ne le voyait,
du côté masculin, que sous les traits du
Cid aimant Chimene ou de l’Horace de
Molière déniaisant Agnès, cet Horace dont
elle dit au malheureux Arnolphe :
Horace, avec deut mots. ca fait bien plus que vous.
Bref, on ne considérait que ce que Scho-
penhaüer devait nommer un jour le Gé
nie de l’Espèce. Et c’est un peu, sans
doute que, même au dernier siècle,
l’homme était mûr beaucoup plus tôt
qu’aujourd’hui. L’homme et la femme !
Car si, pour un homme, c’était paradoxal
d’aimer «encore» à vingt-sept ans, quelle
femme eût avoué, passé vingt-cinq, ou
qu’elle était aimée ou quelle aimait? La
nouvelle de Balzac : La femme de trente
ans eût stupéfié les gens vers 1750.
Maintenant, c’est l’amoureuse de qua
rante ans qu’on célèbre. Et, de son côté,
Agnès ne demande qu’à épouser Arnol
phe, parce que, d’abord, il n’est plus ri
dicule, mais charmant, et parce qu’elle
sait ou devine ce que vaut Horace.
Entendons-nous : je ne veux pas dire
que le jeune homme ou l’homme vrai
ment jeune ne soit plus aimé de la jeune
fille. Les Roméos rencontrent toujours
leurs Juliettes. Même il arrive un peu
souvent qu’ils se tuent, les pauvres
enfants, courageux devant la mort plus
que devant leur famille. Hier encore, à
Nogent-sur-Marne, ce suicide de deux
aubes humaines, l’une de vingt ans,
l'autre de dix-neuf !...
Mais s’il est immortel, le charme de la
jeunesse pour la jeunesse, d’un sexe à
l’autre, c’est d’autant plus notable que
tant de jeunes filles, du premier élan de
leur cœur, aillent à un homme de trente-
cinq ans, de quarante ou même de qua-
rautc-cinq. Il y a là, pour le moraliste,
un beau sujet de méditations. Je crois
cependant, avec Mme d’Agout, avoir
marqué la raison principale de ces élec
tions d’âme, où j’ajouterai, pour finir,
que je vois une preuve, émouvante, de
la supériorité sentimentale du Fémi
nin, contre l’instinct charnel et dans l’é
closion même du désir.
LÉOPOLD LACOUR.
voix des Marseillais sonnera plus délicieu
sement. « Vascagat à Endoume!»: cesont
tous les troubadours de la jaune Pro
vence chantant l'immortalité du divin
taureau.
LE PIC
AUJOURD’HUI
MINISTÈRE DE GÉNÉRAUX
J’éprouve le besoin de rappeler com
bien le Temps est un organe sage, mo
déré, satisfait, doux aux habiles, respec
tueux de la force et obstinément gouver
nemental. Cela est indispensable si l’on
veut goûter pleinement l’article qu’il
consacrait hier soir au nouveau minis
tère italien, où l’on a mis des officiers
partout : un amiral aux affaires étran
gères, un général à l’Intérieur, de telle
sorte que, suivant notre distingué con
frère, c’est avec la pointe de l’epée que
l’on signera décrets et dépêches.
« Etrange ironie de l’histoire, s’écrie-t-
il. Pour brave que soit l’armée italienne,
on ne saurait prétendre qu’elle ait
cueilli, de Custozza à Addis-Ababa, assez
de lauriers pour qu’il fût naturel de
faire asseoir à leur ombre un pays
libre. Comme il arrive souvent, des sol
dats, qui soupirent après une revanche
glorieuse contre l'ennemi du dehors, sont
appelés, malgré eux, à croiser la baïon
nette d’abord contre leurs propres conci
toyens. ,
» Les émeutes de mai sont sans doute
la cause, — ou le PRÉTEXTE — de cet avè
nement d'un ministère de généraux.
La triste insuffisance de quelques-uns de
ces mêmes généraux en Afrique n'avait
pas laissé de contribuer a créer l’état
d'esprit populaire d'où a jailli, — sous
l'action de souffrances cruelles,— le spec
tre de la guerre civile. Par où l’on voit,
CONTRASTE QUI SERAIT PIQUANT S’IL N’ÉTAIT
INQUIÉTANT ET HUMILIANT, Qü’lL SUFFIT PAR
FOIS AUX DÉTENTEURS DELA FORCE MILITAIRE
D’ATTESTER LEUR INCOMPÉTENCE DANS LEUR
SPÉCIALITÉ POUR ÊTRE APPELÉS A EXERCER
LE POUVOIR CIVIL. »
Il n’est nécessaire, j’imagine, ni d’in
sister longuement sur de tels aveux, ui
d’appuyer sur le rapprochement à fairo
entre la situation telle que notre confrère
nous la montre en Italie et la situation
telle qu’ellese présente en France. L’iden
tité est parfaite, ou peu s’en faut.
De même que les émeutes de mai ont
été à Rome le prétexte d’une politique de
caporal, le procès Dreyfus était chez nous
le prétexte du régime disciplinaire que
réclamaient les néo-boulangistes. Et,
pareillement, c’est parce que les dé
tenteurs de la force militaire ont démon
tré leur incompétence, — non point dans
leur spécialité, à vrai dire, mais dans une
œuvre de justice, — que les partis réac
tionnaires ont voulu les appeler à exercer
le pouvoir civil.
D’où résulte que le Sabre a cette chance
réellement inouïe dans un temps et dans
des pays de civilisation que ses défaites
ont pour lui les mêmes avantages que des
victoires et finalement aboutissent tou
jours à des apothéoses.
PIERRE BERTRAND.
on prenait cette honnête intention pour me
sure des intrusions de la police, ne fini-
rions-nous pas tous par l’avoir chez nous ?
Il est des cas où il faut opter: ou bien la
liberté et ses inconvénients, ou bien la sur
veillance de la police avec ses humiliations
et ses ennuis.
Les Anglais ont opté pour la liberté. A
Londres s’établit brocanteur qui veut. Rien
à faire avec la police. En France l’affiche
sur le brocantage est là pour attester que
l’autorité s’érige en puissance tutélaire et
prévient le crime. Défense d’acheter aux
jeunes gens mineurs, défense de ceci, dé
fense de cela. Ces interdictions sont si mi
nutieuses qu’elles ne sont pas suivies. Un
brocanteur avec qui j'en ai causé n'a pas eu
de peine à me démontrer quelles sont inap
plicables, que, si on les appliquait, lui et
ses confrères risqueraient tout le temps la
prison. Voilà où l’on aboutit avec ces pres
criptions minutieuses. Leurs excès même les
rend lettres mortes.
Cependant cette réglementation trouve des
admirateurs. Les journaux d’aplatissement,
s’émerveillent devant lelgénie du préfet de
police. Que de mal pour accoucher de ces
belles ordonnances, et que d’employés pour
les transcrire et pour les exécuter! Que nous
sommes bien gouvernés ! Et que l’anarchie
est loin! L’innovation de cette police sur les
brocanteurs, c’est que, appliquée jusqu’ici
à Paris, elle le sera désormais à la France
entière.La province manquait d'un bon regle
ment sur le brocantage. On le lui a donné.
N’est-ce pas un progrès? i
ÉDOUARD CONTE.
ment dirais-je?... ce sont les directeurs de
deux de ces établissements hospitaliers à
volets clos, dont on a coutume de dire, de
puis un conte célèbre, que ce sont des
« maisons Tellier ».
Et M. le marquis de Rochefort a reçu ces
compliments en souriant, et leur a offert
l'hospitalité des colonnes de sou journal.
Si, après celle-là, il se trouve encore
des gens qui osent prétendre que M. de
Rochefort n'est pas mur pour la douche....
C’est égal, ils ont raison les gars de Mar
seille : « Marchi, siès umbelaye... Vasca
gat! »
JAVELINE.
M. BRISSON ET H. LÉPINE
LIBRES PROPOS
VASCAGAT!
Les DROITS DE L’HOMME publie
ront demain un article de
PAUL BRULAT
L’ADRESSE DES TROUBADOURS
On a souvent remarque à quel point
tout, dans le Midi, revêt un aspect lumi
neux, doré, poétique et s'enveloppe de
mélodies et d'harmonies divines.
Tout est caresse au cœur, délice aux
yeux, charme aux oreilles. Mais jamais
cette particularité bénie ne s'était affir
mée avec autant d'éclat, de sonorité et de
délicate suavité que dans l'heureux as-
semblage des signataires de la dernière
adresse de félicitations des socialistes
marseillais au patriarche Rochefort :
m Marchi, siès umbelaye, vieilli tourdre
rascous, l'ascagat à Endoumeet Lecœur
à la Joliette-Pierre Plates », trouvez-moi
dans le monde entier une population quel
conque capable d'affirmer ses sympathies
par une semblable suite de véritables ean-
tilènes. On en a les yeux remplis iPéblouis-
sements et l'odorat plein de parfums.
Jamais n'a plus superbement éclaté le
triomphe du gai Midi sur ce triste et
maussade Nord.
Quand le Nord félicite M. Rochefort, il
signe, horrible sous son lourd manteau de
spleen, Magallon et Reverchon de Mazas,
Marins Serre du Dépôt et Vclard de la
Conciergerie. C'est l'affreux dans le ma
cabre ; c’est tout le noir du septentrion
qui s'épand en un lourd cauchemar.
Brrr!... live la gaie contrée du « Mar
chi Siès Umbelaye » du « Vascagat à En-
doume » lesquels sonnent comme un bruit
de grelots et de castagnettes dans le tour-
biHonnem mt d'une farandole.
Les sympathies du Nord sont certai
nement aussi douces que celles du Midi
au citoyen que M. Rochefort nourrit au
fond de son coeur. Elles sont également
nobles et flatteuses, elles racoident une
même gloire et de pareils triomphes. Mais
au poète que Bridtdi porte en son sein t la
PAPERASSERIES
M. Jules Lemaître annonce qu’il va s’at
taquer à la paperasserie officielle qui, dit-il,
est effroyable. Voulez-vous la preuve qu’elle
est effroyable ? Lisez une affiche qu’on vient
de coller sur les murs et qui réglemente
l’industrie du brocanteur.
C’est très long et très minutieux. Le ré
dacteur de l’affiche commence par définir ce
qu’est un brocanteur. On nous a dit dans
nos classes que rien n’était plus difficile
qu’une définition. Le rédacteur de l’affiche
le sait. Car il est sans doute bachelier. Aussi
s’est-il appliqué.
Après une définition du brocanteur, digae
du dictionnaire Littré, suit l'énumération
des servitudes dudit brocanteur. Je ne trouve
pas de mot plus exact. Il est tenu de porter
une médaille comme un chien porte son col
lier, de tenir registre de ses achats et de
montrer le registre à la police à toute réqui
sition. Il a son livret que la préfecture de
police lui prépare bienmignottementetqu’elle
lui fait payer quinze sous. Là, se trouvent
mentionnés son âge, son origine, son signa
lement. Le voilà immatriculé, poinçonné,
numéroté. Il a son numéro d’ordre. Je vous
dis que c’est une merveille.
J’ai entendu M. Bertillon, le mensuro-
mane Bertillon, regretter que tous les Fran
çais ne fussent pas mensurés et photogra
phiés comme ils sont vaccinés, afin que la
police possédât tous nos portraits, jusqu’au
lobe de notre oreille et jusqu’à la couleur de
nos yeux. C’est son idéal, à cet homme. En
attendant qu’il soit atteint, la police se pré
vaut de ce que certains métiers prêtent à la
manigance pour s’immiscer dans les af
faires de ceux qui les pratiquent, de sorte
qu’elle puisse entrer à son aise dans leur
privé. ‘ e
Le prétexte, c’est la sécurité publique. Je
veux même que ce soit dans un dessein hon
néte que la police surveille de si près les
brocanteurs. Ils achètent aux voleurs et d’au
tant plus volontiers que ceux-ci vendent à
vil prix. En retrouvant dans la boutique d’un
brocanteur un objet volé, il sert de savoir
qui le lui a vendu. Mais l’honnêteté de l'in
tention justifie-t-elle cette mainmise sur la
la liberté, sur la dignité de l’individu ? Et si
Eh bien! Non, franchement, il n’y a plus
de plaisir. C’est trop facile!
Vous n’avez pas oublié la jolie fumisterie
que fit dernièrement à ce pauvre marquis
de Rochefort un émule du joyeux Sapeck.
On pouvait croire que la leçon serait profi
table au beau-frère de l'éminent écrivain
du Jour, et que dorénavant son journal
n’accepterait que sous bénéfice d'inven
taire les adresses de félicitations à lui
adressées par tous les groupes Balagny de
France et de Navarre.
Il n'en est rien. M.de Rochefort,qui avait
déjà pris pour argent comptant les félicita
tions des aliénés de l'asile de Beau regard,
des escrocs du groupe Balagny (réformé),
insère maintenant les ordres du jour fan
taisistes imaginés par des mauvais plai
sants de Marseille.
Vous n’ignorez pas que depuis quelques
jours l’Intransigeant invite les groupes, les
comités et les simples citoyens, à prendre
part à la constitution du Parti républicain
socialiste français. Les adhésions doivent
être adressées au citoyen A. Gabriel, qui
est sans doute, — mais ceci n'est peut-être
pas très sûr, — le fameux ange Gabriel de |
Mlle Couesdon et de cet excellent Gaston I
Méry.
Dans son numéro d'hier, le journal de
M. Henri de Rochefort publiait, en première
page, l’adhésion suivante qui lui était
adressée de Marseille ;
Adhésion du Comité socialiste révisionniste de la
première circonscription de Marseille.
Dans sa séance du 26 juin 1898, le comité
socialiste révisionniste de la première circons- 1
cription de Marseille, sur la proposition des
citoyens Giraudon et Boissel, a voté à l'una-
nimité l'ordre du jour suivant :
Les socialistes de la première circonscription
de Marseille, indignes des attaques ignobles
que dirige contre le courageux citoyen Roche-
fort la bande des dreyfusards et des sans-pa-
trie, saluent avec respect l'illustre journaliste
et vouent a l’excécration de tous les patriotes I
les syndicataires de la trahison.
Sur la proposition du citoyen Ripert, l’as
semblée nomme une commission chargeed’or-
ganiser un cercle s'inspirant des doctrines du
Parti républicain socialiste français. Sont dé
lègues a cet effet : les citoy ens Marchi, Siès,
Urnbelaus, VieUh, Tourdre et Rascous. i
Ont etc chargés de coustituer les groupes
de quartier: les citoyens Vascagat (a En tourne)
et Lecteur (à la Joliette-Pierres-Plates). j
Serait-il vrai que le nouveau ministère
songe à profiter de la présence à Paris de
M. le gouverneur général de l'Algérie pour
lui donner un successeur ?
Le Journal des Débats et le Courrier du
Soir se font l’écho de ce bruit et préten
dent que déjà deux noms sont mis en
avant pour les importantes fonctions que
remplit en ce moment M. Lénine : ce sont
ceux de deux sénateurs, M. Pauliat et M.
Constans.
Nous ne savons pas jusqu’à quel point
cette nouvelle est exacte. Mais nous devons
avouer que si elle contenait une part de
vérité, on aurait droit d’en être quelque
peu surpris, — car, à l'heure actuelle, le
rappel de M. Lépine paraîtrait une conces
sion aux antisémites et ne servirait qu'a
développer la toute-puissance de M. Max
Régis en Algérie.
Le ministère Brisson peut croire que
M. Lépine n’a été nommé à Alger par le
précédent cabinet que pour servir la politi
que modérée. C'est l'opinion de la plupart
des radicaux; rien que de très naturel à ce
qu'il la partage, mais, aujourd'hui, la situa
tion est changée du tout an tout : la lutte
n’est plus en Algérie entre radicaux et mo
dérés, elle est entre antisémites et défen
seurs de l’ordre, du droit, de l’égalité, de
tout ce qui constitue l’essence même des
idées républicaines.
En sacrifiant M. Lépine à des rancunes
politiques, on ne ferait donc pas les affaires
du parti radical, on ne ferait que celles de
M. Drumont.
Il est bon queM. Brisson sache ces choses
et qu’il les médite, — car nous ne pouvons
croire qu'il attache au concours du direc
teur de la Libre Parole le même prix qule
M. Méline et M. Milliard et qu’il soit dis
posé à s’incliner, comme ses prédécesseurs,
devant les exigences du quarteron de dé
putes antisémites qui figurent sur les bancs
de la Chambre pour obtenir quelques voix
de plus.
Il a une assez belle majorité pour n'avoir
pas besoin d’aliéner son indépendance en
aucune occasion.
de M. Boyer d'Agen, membre du comité de
l'œuvre, qui a retracé à grands traits le dé
vouement de la fondatrice qui a réussi à
créer une école modèle.
Après cette allocution, a commencé le
concert.
Parmi les artistes, qui tous ont été tre:
applaudis, Mme Silvain, de l Odéon, a charmé
le public en récitant une poésie inédite d’Ar
mand Silvestre : les Petits Forains.
Divers morceaux ont été exécutés par de.
professeurs du Conservatoire, puis les Cor-
celli ont réjoui le public par leurs exercice,
de gymnastique.
Une retraite, exécutée par la fanfare des
petits forains, a termine cette fête et l’on a
alors procédé à la distribution des récom
penses.
Voici les noms des principaux lauréats :
Miles Blanche Degrange, Marguerite Alexan
dre, Lucile Alexandre, M. Edmond Ediard,
Mlles Augustine Augibaut, Mathilde Bros-
sard, Mme Jeanne Corcelli, Mlle Marguerite
Morisseau.
Après la fête de Neuilly, l’école des forains
se divisera en deux parties. La grande école
se rendra a Asnières et la petite à Saint-
Mandé.
VIVE LA RÉPUBLIQUE
M. Paul Déroulede est monté l'autre jour
la tribune de la Chambre.
Son talent oratoire étant limité, il n'a pu
M. DÉROULÈDE. — Sans entrer dans l'exa
men des doctrines qui ne soat pas les mien
nes, tout républicain que je sois etc., etc.
En se disant républicain, M. Doroulede
exagère évidemment.
***
UNE LEÇON A M. BILLOT
Le D r Halmagrand, chirurgien en chef d.
l’Hôtel-Dieu d Orléans, vient di’adresser au
ministre de la guerre. sa démisson de méde
cin aide-major de territoriale.
Après la mesure prise contre le capitaine
Reinach, M. Halmagrand, plutôt que de s’ex
poser au même abus de pouvoir, se retire de
l’armée afin d’assurer son indépendance en
ce qui touche l’affaire Dreyfus.
Le docteur Halmagrand est un patriote
qui a fait ses preuves en 1870 et qui fut cité a
1 ordre du jour.
AU SAHARA EN BALLON
H. D.
Trois officiers — pas de salon, ceux-là —
vont tenter une expérience curieuse. Ils vont
traverser en ballon le Sahara. Ils vont partir
de Gabès et essayer d'aboutir au Niger.
Ces trois officiers dont les noms sont plus
intéressants, quoique pas nobles, que ceux
des Dupaty de Clam et consorts, se nomment
Hourst, Leo Dex et Dibos.
Espérons que le Conseil municipal va sub
ventionner leur audacieuse et savante tenta
tive.
Le président,
J. BOISSEL.
Le secrétaire,
V. GRAILLE.
Peut-être ne comprenez-vous pas les
patois provençal, — ce qui, après tout,
n’est pas un crime ? En ce cas, priez quel
que Marseillais — ou au besoin quelque
Toulousain — de vous expliquer ce que
signifient les mots que nous avons trans
crits en italique. « Marchi, Siès, Umbalays »,
signifie textuellement : a Marquis, tu es un
bel âne. « On peut traduire élégamment :
« Vieilli Tourdre » par « Vieille buse », ou
quelque chose d'approchant, car la « Tour
dre » est une espèce de perdrix grise d’une
bêtise à rendre jaloux le plus célèbre de
nos imbéciles, et même M Gaston Méry.
Pour ce qui est de a Rascous », la diffi
culté est grande. Cela veut dire à la fois :
« Pelé, galeux, teigneux »; mais cela
signifie également, si l’on veut : « Vieux
raseur ». Toutefois, il convient de dire
que cette tournure ne donne du mot pro
vençal qu’une idée bien affaiblie ; qu’il
vous suffise de savoir que les plus com
plaisants de nos merlans n'ont point pour
habitude de promener leurs rasoirs de ce
côté-là.
Deux lignes plus loin, les joyeux adhé
rents de la Cannebière envoyent très car-
rément Rochefort se faire lanlaire. En effet,
» I ascagat » est une invitation formelle à
aller ch...anter, mais chanter d’une façon
toute particulière. 1
Pour que nul n’en ignore, d'ailleurs, les
joyeux lurons qui ont rédigé la petite note ont
pris soin de spécifier que c’est à Endoume.
Cet Endoume-là est un coin de la banlieue
de Marseille qui jouit,dans la langue popu
laire de là-bas, des mêmes prérogatives que
notre Pontoise, notre Chaillotou notre Cha-
renton. Quant aux Pierras-Plates de La Ju
liette, ce sont tout simplement des buenos
retiras populaires où nul ne songe à vous
réclamer quinze centimes à la sortie.
Cet étourdissant ordre du jour est signé
de deux noms fort connus a Marseille :
J. Boissel et V. Graille, par lesquels on dé
signe deux individus qui... voyons! com-
ECHOS
CONSEQUENCE FA T A LE
La dépêche suivante est une conséquence
fatale de l’arrivée au pouvoir de M. Bris-
son.
« BoURNEMOUTII. —
Un changement alar-
mant s'est produit dans l’état de santé de Cor
nélius Herz, que le médecin de celui-ci con
sidéré comme très critique. »
M. Brisson fut président de la Commission
d’enquête du Panama.
Voulez-yous parier avec moi que Cornélius
va s’en tirer de cette maladie-là.
PRIX DE ROME
*
C’est aujourd'hui que les cantates des con
currents au prix de Rome, musique, .seront
exécutées à l'Institut, et que le grand premier
prix sera décerné.
Des quatre concurrents, un seul, M. Mal
herbe, a terminé son ouvrage.
Les trois autres légistes ne se trouvant pas
dans les conditions requises, il est à peu près
certain que M. Malherbe sortira vainqueur
du tournoi.
Les trois cantates inachevées seront, mal
gré cela, exécutées aujourd'hui.
ATA VIS ME
Le grand prêtre des doctrines ataviques,
M. Judet prépare pour le Petit Journal une
série d'articles faisant suite à celui sur le Père
de Zola.
Cette nouvelle série lui est inspirée par le
document de la Revue Blanche, l'Armée de
Condé...
En cherchant bien, on trouverait peut-être
un Judet dans cette patriotique armée.
* *
Pourquoi diable quand M. Rochefort, dit
« Vascagat en Endoume », vient à l'Intransi
geant, regarde-t-il avec une persistance cu
rieuse, le grand maga in qui est en face de sa
fenêtre et qui porte le titre symbolique de :
A Saint-Joseph
Mystère ? ? ?
PIERRE LOT!
Y
Nous avons annoncé que vingt-huit lieute
nants de vaisseau, dont le romancier-acadé
micien Pierre Loti, avaient été mis à la re
traite d’office.
Ces officiers se pourvoient devant le Conseil
d’Etat de la décision qui les a frappés.
* ‘ 4
L’ECOLE FORMNE
L’école des forains, fondé
Mlle Bonnefois, a distribue
heures, les prix à ses élèves, <
des Fetes de la mairie de D
gracieusement à la disposition
et dirigée par
hier, a deux
dans la salle
de la ton-
datrice.
La séance a été ouverte par une allocution
PLATITUDE
A
Hier soir, pendant le dernier entr’acte du
théâtre des Nouveautés, il nous a été donné
d'assister à un spectacle curieux.
M. Lépine, gouverneur général de l’Algérie,
qui assistait à la représentation du Contrôleur
des Wagons-Lits, sortait sur le boulevard
quand il fut rejoint par un monsieur qui
l aborda, chapeau bas. le sourire aux lèvres,
avec l'air le plus aimable du monde : c’étair
M. Papillaud, rédacteur à la Libre Parole.
M Papillaud engagea conversation, et ce
n’est qu'a la fin de l’entr’acte que M. Lépine
fut débarrassé.
Que va dire le R. P. Drumont quand if
saura que M Papillaud, son collaborateur,
se montre publiquement si aimable pour son
grand ennemi M Lépine.
GIL.
Démenti à M. Charles Dupa
UN ARTICLE DE M- JAURÈS
M. Jean Jaurès qui continue,dans !e Mi ii,
au milieu des acclamations, sa vigoureuse
campagne de conférences, public aujour
d'hui,dans la Petite République, un cloquent
article dont nous extrayons quelques pas
sages.
Contrairement aux affirmations d'une
certaine presse, l'affaire Dreyfus-Esterhazy
passionne la foule. On sent qu'il y a dans
cette affaire, comme le dit l'éloquent ora
teur socialiste :
... Des vérités dormantes, encore inconnues
qui, en se réveillant et se révélant, ébranleront
tout le vieux système militariste. La haute ar
mée jésuitique, l'oligarchie des grands chefs
cléricaux ont accumulé, dans la conduite de
ces affaires,tant d'inepties, tant de mensonges,
tant de trahisons, que, quand le peuple et
sera bien informé, la réaction d’Eglise et
d’Etat-Major sera ébranlée dans sa base.
L’ancien député de Carmaux explique
ensuite quel est, d'après lui, le devoir des
socialistes.
Sur le fond de l'affaire Dreyfus Esterhazy,
chaque socialiste peut et doit avoir son opi
nion personnelle. Mais nous, nous avons le
devoir d’exiger que les garanties légales ne
soient pas refusées à un accusé, quel qu'il soit,
par la justice militaire. Tous nous avons le
devoir d'exiger que la paix soit rendue à la
conscience publique et au pays, non par un
régime de violence, mais par la pleine lu
mière et la pleine vérité.
Mais la partie la plus saillante de cet ar
ticle est celle ou M. Jaurès revient sur le
prétendu rapport du capitaine Lebrun-
Renault. Il donne alors aux récentes décla
rations de M. Charles Dupuy, un formel
démenti :
On annonce, dit-il, que M. Cavaignac tran-
citera la controverse en publiant les rapports
du capitaine Lebrun-Renault, ('est une plai
santerie. Je renouvelle à ce sujet, et devant
[es généraux, devant les juges, devant M. Du-
puy lui-méme, confronte avec moi, je renou
vellerai sous serment le récit que j’ai fait à
Toulon. Ce n’est pas, comme l’insinue la Libre
Parole, un propos que j’ai recueilli au pass
Ordre et progrès par la Révolution Française
ABONNEMENTS
PARIS
1 an 20 •
6 mois 10 ■
3 mois 5 50
FRANCE ET ALGÉRIE
1 au 24 •
6 mois 13 ■
3 mois 7 •
ÉTRANGER et union postale
1 an 35 •
6 mois 18 •
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Les annonces sont reçues chez MM. Lagrange, Cerf el C 1 *
•, Place «le la Bourse, •, et aux Bureaux du Journal
LES MANUSCRITS NON INSÉRÉS NE SONT PAS RENDUS
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Depuis le 1 er juillet, les bureaux
des DROITS DE L’HOMME
sont transférés rue Mont-
martre, 148.
Cette nouvelle installation a été
nécessitée par la réorganisation
de nos services de " Dernière
Heure " qui vont se trouver consi
dérablement agrandis.
Les Droits de T Homme commence-
ront prochainement la publication
d’un nouveau roman-feuilleton
u । wm ii wi
une des œuvres les plus saisissantes
de la grande romancière italienne
MATHILDE SERAO
Nos lecteurs trouveront dans ces
pages, avec une physionomie des
mœurs mondaines et parlementaires
de l’Italie, une analyse d’amour d’un
grand charme et d’un puissant in
térêt.
TRIBUNE
Amours de Jeunes Filles
Le jury vient d'acquitter — et je l’en
approuve — un homme coupable en ap-
parence d’avoir séduit et enlevé une mi
neure, mais qui, en réalité, fut lui-même
séduit et enlevé par l’ardente jeune tille.
Celle-ci, d’ailleurs, l’a bravement dé
clare à l’audience; et l’avocat du prévenu
n‘a eu, pour ainsi dire, qu'à développer
ce témoignage en lisant des lettres de
passion ou c’est bien la Marguerite de
quinze uns qui envoûte et détourne son
Faust à rebours, quadragénaire et ma
rié.
Marguerite, heureusement, non rendue
mere, et dont la seule folie, si l’on veut
que c’en soit une, fut d’aimer éperdu
ment, de toute sa jeune chair, de tout
.son jeune cœur, un citoyen commençant
à mûrir.
Mais croyez-vous que ce soit tellement
rare, une très jeune fille s’éprenant d’un
homme de cet âge ?
Le cas de cette Pauline C..., — la presse
judiciaire, discrète, n’a donné que le pré
nom et l’initiale du nom, — vous parait-
il exceptionnel jusqu’à relever à demi de
la pathologie ?
Etant du peuple, elle n’a pas eu les
limidités, ou les hypocrisies d’une petite
bourgeoise : elle ne s’est pas résistée à
à elle-même et, se moquant de l’opinion
et des lois, ne voulant rien savoir que
son amour, elle a exigé de l'adoré qu’il
lût tout à elle— à elle sa vraie «femme»,
— au su de l’autre ; que, vivant avec
elle, comme elle et pour elle, il bravât
tout; et c’est là, jusqu’à un certain
point, ce qui fait l’extraordinaire de l’a
venture : car, pour la crise physiologi
que, ou plutôt sensualo-cérébrale, d’où
jaillit en Pauline C... la résolution de n’être
pas la maîtresse honteuse et furtive, mais
comme l’épouse au-dessus du Code, l’é
pouse de droit divin, en quelque sorte,
parce que naturel, — pour cette crise
d'un cœur et d’une pensée de jeune fille,
émus par un homme de quarante ans,
c’est chose assez fréquente dans tous les
mondes, si, d’ordinaire, et dans la bour
geoisie surtout, cela demeure le secret
mélancolique du cœur atteint; si, tout
à fait rarement dans cette bourgeoisie,
cela passe du rêve aux joies — ou aux
déceptions — du péché.
Mais voici un aveu, et d’une femme de
la plus haute Société : la comtesse
d’Agoult parle.en effet, dans ses Souve
nirs, d’un amour qu’elle eut, profond et
mystérieux, avant d’être mariée, pour
un homme de quarante-cinq ans. Elle en
avait dix-neuf.
C’était une belle, très belle jeune fille.
Et lui, non seulement il eût pu être le
père de celle qui l’aimait (et qu’il aimait
aussi), mais son visage était « maigri »,
son corps « miné » par la souffrance ; il
avait reçu à Nimes, dans une furieuse
émeute, une blessure grave, dont il souf
frait toujours et qui, même, l’obligeait à
se rendre chaque année aux eaux de
Gastein.
I Pour le nommer, c’était le comte et
général Auguste de Lagarde, une « per
sonnalité », comme nous dirions, du fau
bourg Saint-Germain.
> Il était adorable, malgré son âge et sa
pauvre santé ; adorable, du moins, aux
yeux de celle qui, plus tard, beaucoup
plus tard, eu ses Souvenirs de vieille re
vivant sa jeunesse, devait écrire ; « Avec
quelle amertume, dans le long cours de
mes ans, je me suis accusée et repentie
de n’avoir pas écouté la voix de mon
cœur.»
$C‘est le contraire, peut-être, qu’elle se
fût reproché si elle avait cédé à l’au-
tournai attrait — pour son printemps
magnifique — de cette grâce virile près
du déclin. Mais soyez sûrs que beaucoup
de femmes, en leur vieillesse, se sont
rappelé comme elle, en s’accusant d’avoir
manqué leur vie, un roman d’analogue
contraste ; et c’est donc que beaucoup de
jeunes filles ont éprouvé quelque chose
de pareil à ce que ressentit pour le
comte de Lagarde la future Mme
d’Agout.
Et pourquoi, précisément, l’aima-t-
elle ? Les Souvenirs le disent : parce qu’i
connaissait « le monde et la vie »; parce
que son « expérience était complète » et
à la fois « sans amertume »; parce que,
dans le plus noble sens, c’était « un
homme », et voilà le mot définitif.
Un homme! c’est-à-dire l’amant ou
l’époux frère, l’amant ou l’époux guide ;
le tendre aîné très sûr que cherche la
jeune tille avide de confiance...
Il n’y a pas si longtemps, — voulez-
vous prendre l’époque où Montesquieu,
avec un délicieux mélange de honte et de
fatuité, confessait: a à vingt-sept ans,
j’aimais encore»? — l’amour apparais
sait comme un des privilèges, et le plus
marquant, de la jeunesse. On ne le voyait,
du côté masculin, que sous les traits du
Cid aimant Chimene ou de l’Horace de
Molière déniaisant Agnès, cet Horace dont
elle dit au malheureux Arnolphe :
Horace, avec deut mots. ca fait bien plus que vous.
Bref, on ne considérait que ce que Scho-
penhaüer devait nommer un jour le Gé
nie de l’Espèce. Et c’est un peu, sans
doute que, même au dernier siècle,
l’homme était mûr beaucoup plus tôt
qu’aujourd’hui. L’homme et la femme !
Car si, pour un homme, c’était paradoxal
d’aimer «encore» à vingt-sept ans, quelle
femme eût avoué, passé vingt-cinq, ou
qu’elle était aimée ou quelle aimait? La
nouvelle de Balzac : La femme de trente
ans eût stupéfié les gens vers 1750.
Maintenant, c’est l’amoureuse de qua
rante ans qu’on célèbre. Et, de son côté,
Agnès ne demande qu’à épouser Arnol
phe, parce que, d’abord, il n’est plus ri
dicule, mais charmant, et parce qu’elle
sait ou devine ce que vaut Horace.
Entendons-nous : je ne veux pas dire
que le jeune homme ou l’homme vrai
ment jeune ne soit plus aimé de la jeune
fille. Les Roméos rencontrent toujours
leurs Juliettes. Même il arrive un peu
souvent qu’ils se tuent, les pauvres
enfants, courageux devant la mort plus
que devant leur famille. Hier encore, à
Nogent-sur-Marne, ce suicide de deux
aubes humaines, l’une de vingt ans,
l'autre de dix-neuf !...
Mais s’il est immortel, le charme de la
jeunesse pour la jeunesse, d’un sexe à
l’autre, c’est d’autant plus notable que
tant de jeunes filles, du premier élan de
leur cœur, aillent à un homme de trente-
cinq ans, de quarante ou même de qua-
rautc-cinq. Il y a là, pour le moraliste,
un beau sujet de méditations. Je crois
cependant, avec Mme d’Agout, avoir
marqué la raison principale de ces élec
tions d’âme, où j’ajouterai, pour finir,
que je vois une preuve, émouvante, de
la supériorité sentimentale du Fémi
nin, contre l’instinct charnel et dans l’é
closion même du désir.
LÉOPOLD LACOUR.
voix des Marseillais sonnera plus délicieu
sement. « Vascagat à Endoume!»: cesont
tous les troubadours de la jaune Pro
vence chantant l'immortalité du divin
taureau.
LE PIC
AUJOURD’HUI
MINISTÈRE DE GÉNÉRAUX
J’éprouve le besoin de rappeler com
bien le Temps est un organe sage, mo
déré, satisfait, doux aux habiles, respec
tueux de la force et obstinément gouver
nemental. Cela est indispensable si l’on
veut goûter pleinement l’article qu’il
consacrait hier soir au nouveau minis
tère italien, où l’on a mis des officiers
partout : un amiral aux affaires étran
gères, un général à l’Intérieur, de telle
sorte que, suivant notre distingué con
frère, c’est avec la pointe de l’epée que
l’on signera décrets et dépêches.
« Etrange ironie de l’histoire, s’écrie-t-
il. Pour brave que soit l’armée italienne,
on ne saurait prétendre qu’elle ait
cueilli, de Custozza à Addis-Ababa, assez
de lauriers pour qu’il fût naturel de
faire asseoir à leur ombre un pays
libre. Comme il arrive souvent, des sol
dats, qui soupirent après une revanche
glorieuse contre l'ennemi du dehors, sont
appelés, malgré eux, à croiser la baïon
nette d’abord contre leurs propres conci
toyens. ,
» Les émeutes de mai sont sans doute
la cause, — ou le PRÉTEXTE — de cet avè
nement d'un ministère de généraux.
La triste insuffisance de quelques-uns de
ces mêmes généraux en Afrique n'avait
pas laissé de contribuer a créer l’état
d'esprit populaire d'où a jailli, — sous
l'action de souffrances cruelles,— le spec
tre de la guerre civile. Par où l’on voit,
CONTRASTE QUI SERAIT PIQUANT S’IL N’ÉTAIT
INQUIÉTANT ET HUMILIANT, Qü’lL SUFFIT PAR
FOIS AUX DÉTENTEURS DELA FORCE MILITAIRE
D’ATTESTER LEUR INCOMPÉTENCE DANS LEUR
SPÉCIALITÉ POUR ÊTRE APPELÉS A EXERCER
LE POUVOIR CIVIL. »
Il n’est nécessaire, j’imagine, ni d’in
sister longuement sur de tels aveux, ui
d’appuyer sur le rapprochement à fairo
entre la situation telle que notre confrère
nous la montre en Italie et la situation
telle qu’ellese présente en France. L’iden
tité est parfaite, ou peu s’en faut.
De même que les émeutes de mai ont
été à Rome le prétexte d’une politique de
caporal, le procès Dreyfus était chez nous
le prétexte du régime disciplinaire que
réclamaient les néo-boulangistes. Et,
pareillement, c’est parce que les dé
tenteurs de la force militaire ont démon
tré leur incompétence, — non point dans
leur spécialité, à vrai dire, mais dans une
œuvre de justice, — que les partis réac
tionnaires ont voulu les appeler à exercer
le pouvoir civil.
D’où résulte que le Sabre a cette chance
réellement inouïe dans un temps et dans
des pays de civilisation que ses défaites
ont pour lui les mêmes avantages que des
victoires et finalement aboutissent tou
jours à des apothéoses.
PIERRE BERTRAND.
on prenait cette honnête intention pour me
sure des intrusions de la police, ne fini-
rions-nous pas tous par l’avoir chez nous ?
Il est des cas où il faut opter: ou bien la
liberté et ses inconvénients, ou bien la sur
veillance de la police avec ses humiliations
et ses ennuis.
Les Anglais ont opté pour la liberté. A
Londres s’établit brocanteur qui veut. Rien
à faire avec la police. En France l’affiche
sur le brocantage est là pour attester que
l’autorité s’érige en puissance tutélaire et
prévient le crime. Défense d’acheter aux
jeunes gens mineurs, défense de ceci, dé
fense de cela. Ces interdictions sont si mi
nutieuses qu’elles ne sont pas suivies. Un
brocanteur avec qui j'en ai causé n'a pas eu
de peine à me démontrer quelles sont inap
plicables, que, si on les appliquait, lui et
ses confrères risqueraient tout le temps la
prison. Voilà où l’on aboutit avec ces pres
criptions minutieuses. Leurs excès même les
rend lettres mortes.
Cependant cette réglementation trouve des
admirateurs. Les journaux d’aplatissement,
s’émerveillent devant lelgénie du préfet de
police. Que de mal pour accoucher de ces
belles ordonnances, et que d’employés pour
les transcrire et pour les exécuter! Que nous
sommes bien gouvernés ! Et que l’anarchie
est loin! L’innovation de cette police sur les
brocanteurs, c’est que, appliquée jusqu’ici
à Paris, elle le sera désormais à la France
entière.La province manquait d'un bon regle
ment sur le brocantage. On le lui a donné.
N’est-ce pas un progrès? i
ÉDOUARD CONTE.
ment dirais-je?... ce sont les directeurs de
deux de ces établissements hospitaliers à
volets clos, dont on a coutume de dire, de
puis un conte célèbre, que ce sont des
« maisons Tellier ».
Et M. le marquis de Rochefort a reçu ces
compliments en souriant, et leur a offert
l'hospitalité des colonnes de sou journal.
Si, après celle-là, il se trouve encore
des gens qui osent prétendre que M. de
Rochefort n'est pas mur pour la douche....
C’est égal, ils ont raison les gars de Mar
seille : « Marchi, siès umbelaye... Vasca
gat! »
JAVELINE.
M. BRISSON ET H. LÉPINE
LIBRES PROPOS
VASCAGAT!
Les DROITS DE L’HOMME publie
ront demain un article de
PAUL BRULAT
L’ADRESSE DES TROUBADOURS
On a souvent remarque à quel point
tout, dans le Midi, revêt un aspect lumi
neux, doré, poétique et s'enveloppe de
mélodies et d'harmonies divines.
Tout est caresse au cœur, délice aux
yeux, charme aux oreilles. Mais jamais
cette particularité bénie ne s'était affir
mée avec autant d'éclat, de sonorité et de
délicate suavité que dans l'heureux as-
semblage des signataires de la dernière
adresse de félicitations des socialistes
marseillais au patriarche Rochefort :
m Marchi, siès umbelaye, vieilli tourdre
rascous, l'ascagat à Endoumeet Lecœur
à la Joliette-Pierre Plates », trouvez-moi
dans le monde entier une population quel
conque capable d'affirmer ses sympathies
par une semblable suite de véritables ean-
tilènes. On en a les yeux remplis iPéblouis-
sements et l'odorat plein de parfums.
Jamais n'a plus superbement éclaté le
triomphe du gai Midi sur ce triste et
maussade Nord.
Quand le Nord félicite M. Rochefort, il
signe, horrible sous son lourd manteau de
spleen, Magallon et Reverchon de Mazas,
Marins Serre du Dépôt et Vclard de la
Conciergerie. C'est l'affreux dans le ma
cabre ; c’est tout le noir du septentrion
qui s'épand en un lourd cauchemar.
Brrr!... live la gaie contrée du « Mar
chi Siès Umbelaye » du « Vascagat à En-
doume » lesquels sonnent comme un bruit
de grelots et de castagnettes dans le tour-
biHonnem mt d'une farandole.
Les sympathies du Nord sont certai
nement aussi douces que celles du Midi
au citoyen que M. Rochefort nourrit au
fond de son coeur. Elles sont également
nobles et flatteuses, elles racoident une
même gloire et de pareils triomphes. Mais
au poète que Bridtdi porte en son sein t la
PAPERASSERIES
M. Jules Lemaître annonce qu’il va s’at
taquer à la paperasserie officielle qui, dit-il,
est effroyable. Voulez-vous la preuve qu’elle
est effroyable ? Lisez une affiche qu’on vient
de coller sur les murs et qui réglemente
l’industrie du brocanteur.
C’est très long et très minutieux. Le ré
dacteur de l’affiche commence par définir ce
qu’est un brocanteur. On nous a dit dans
nos classes que rien n’était plus difficile
qu’une définition. Le rédacteur de l’affiche
le sait. Car il est sans doute bachelier. Aussi
s’est-il appliqué.
Après une définition du brocanteur, digae
du dictionnaire Littré, suit l'énumération
des servitudes dudit brocanteur. Je ne trouve
pas de mot plus exact. Il est tenu de porter
une médaille comme un chien porte son col
lier, de tenir registre de ses achats et de
montrer le registre à la police à toute réqui
sition. Il a son livret que la préfecture de
police lui prépare bienmignottementetqu’elle
lui fait payer quinze sous. Là, se trouvent
mentionnés son âge, son origine, son signa
lement. Le voilà immatriculé, poinçonné,
numéroté. Il a son numéro d’ordre. Je vous
dis que c’est une merveille.
J’ai entendu M. Bertillon, le mensuro-
mane Bertillon, regretter que tous les Fran
çais ne fussent pas mensurés et photogra
phiés comme ils sont vaccinés, afin que la
police possédât tous nos portraits, jusqu’au
lobe de notre oreille et jusqu’à la couleur de
nos yeux. C’est son idéal, à cet homme. En
attendant qu’il soit atteint, la police se pré
vaut de ce que certains métiers prêtent à la
manigance pour s’immiscer dans les af
faires de ceux qui les pratiquent, de sorte
qu’elle puisse entrer à son aise dans leur
privé. ‘ e
Le prétexte, c’est la sécurité publique. Je
veux même que ce soit dans un dessein hon
néte que la police surveille de si près les
brocanteurs. Ils achètent aux voleurs et d’au
tant plus volontiers que ceux-ci vendent à
vil prix. En retrouvant dans la boutique d’un
brocanteur un objet volé, il sert de savoir
qui le lui a vendu. Mais l’honnêteté de l'in
tention justifie-t-elle cette mainmise sur la
la liberté, sur la dignité de l’individu ? Et si
Eh bien! Non, franchement, il n’y a plus
de plaisir. C’est trop facile!
Vous n’avez pas oublié la jolie fumisterie
que fit dernièrement à ce pauvre marquis
de Rochefort un émule du joyeux Sapeck.
On pouvait croire que la leçon serait profi
table au beau-frère de l'éminent écrivain
du Jour, et que dorénavant son journal
n’accepterait que sous bénéfice d'inven
taire les adresses de félicitations à lui
adressées par tous les groupes Balagny de
France et de Navarre.
Il n'en est rien. M.de Rochefort,qui avait
déjà pris pour argent comptant les félicita
tions des aliénés de l'asile de Beau regard,
des escrocs du groupe Balagny (réformé),
insère maintenant les ordres du jour fan
taisistes imaginés par des mauvais plai
sants de Marseille.
Vous n’ignorez pas que depuis quelques
jours l’Intransigeant invite les groupes, les
comités et les simples citoyens, à prendre
part à la constitution du Parti républicain
socialiste français. Les adhésions doivent
être adressées au citoyen A. Gabriel, qui
est sans doute, — mais ceci n'est peut-être
pas très sûr, — le fameux ange Gabriel de |
Mlle Couesdon et de cet excellent Gaston I
Méry.
Dans son numéro d'hier, le journal de
M. Henri de Rochefort publiait, en première
page, l’adhésion suivante qui lui était
adressée de Marseille ;
Adhésion du Comité socialiste révisionniste de la
première circonscription de Marseille.
Dans sa séance du 26 juin 1898, le comité
socialiste révisionniste de la première circons- 1
cription de Marseille, sur la proposition des
citoyens Giraudon et Boissel, a voté à l'una-
nimité l'ordre du jour suivant :
Les socialistes de la première circonscription
de Marseille, indignes des attaques ignobles
que dirige contre le courageux citoyen Roche-
fort la bande des dreyfusards et des sans-pa-
trie, saluent avec respect l'illustre journaliste
et vouent a l’excécration de tous les patriotes I
les syndicataires de la trahison.
Sur la proposition du citoyen Ripert, l’as
semblée nomme une commission chargeed’or-
ganiser un cercle s'inspirant des doctrines du
Parti républicain socialiste français. Sont dé
lègues a cet effet : les citoy ens Marchi, Siès,
Urnbelaus, VieUh, Tourdre et Rascous. i
Ont etc chargés de coustituer les groupes
de quartier: les citoyens Vascagat (a En tourne)
et Lecteur (à la Joliette-Pierres-Plates). j
Serait-il vrai que le nouveau ministère
songe à profiter de la présence à Paris de
M. le gouverneur général de l'Algérie pour
lui donner un successeur ?
Le Journal des Débats et le Courrier du
Soir se font l’écho de ce bruit et préten
dent que déjà deux noms sont mis en
avant pour les importantes fonctions que
remplit en ce moment M. Lénine : ce sont
ceux de deux sénateurs, M. Pauliat et M.
Constans.
Nous ne savons pas jusqu’à quel point
cette nouvelle est exacte. Mais nous devons
avouer que si elle contenait une part de
vérité, on aurait droit d’en être quelque
peu surpris, — car, à l'heure actuelle, le
rappel de M. Lépine paraîtrait une conces
sion aux antisémites et ne servirait qu'a
développer la toute-puissance de M. Max
Régis en Algérie.
Le ministère Brisson peut croire que
M. Lépine n’a été nommé à Alger par le
précédent cabinet que pour servir la politi
que modérée. C'est l'opinion de la plupart
des radicaux; rien que de très naturel à ce
qu'il la partage, mais, aujourd'hui, la situa
tion est changée du tout an tout : la lutte
n’est plus en Algérie entre radicaux et mo
dérés, elle est entre antisémites et défen
seurs de l’ordre, du droit, de l’égalité, de
tout ce qui constitue l’essence même des
idées républicaines.
En sacrifiant M. Lépine à des rancunes
politiques, on ne ferait donc pas les affaires
du parti radical, on ne ferait que celles de
M. Drumont.
Il est bon queM. Brisson sache ces choses
et qu’il les médite, — car nous ne pouvons
croire qu'il attache au concours du direc
teur de la Libre Parole le même prix qule
M. Méline et M. Milliard et qu’il soit dis
posé à s’incliner, comme ses prédécesseurs,
devant les exigences du quarteron de dé
putes antisémites qui figurent sur les bancs
de la Chambre pour obtenir quelques voix
de plus.
Il a une assez belle majorité pour n'avoir
pas besoin d’aliéner son indépendance en
aucune occasion.
de M. Boyer d'Agen, membre du comité de
l'œuvre, qui a retracé à grands traits le dé
vouement de la fondatrice qui a réussi à
créer une école modèle.
Après cette allocution, a commencé le
concert.
Parmi les artistes, qui tous ont été tre:
applaudis, Mme Silvain, de l Odéon, a charmé
le public en récitant une poésie inédite d’Ar
mand Silvestre : les Petits Forains.
Divers morceaux ont été exécutés par de.
professeurs du Conservatoire, puis les Cor-
celli ont réjoui le public par leurs exercice,
de gymnastique.
Une retraite, exécutée par la fanfare des
petits forains, a termine cette fête et l’on a
alors procédé à la distribution des récom
penses.
Voici les noms des principaux lauréats :
Miles Blanche Degrange, Marguerite Alexan
dre, Lucile Alexandre, M. Edmond Ediard,
Mlles Augustine Augibaut, Mathilde Bros-
sard, Mme Jeanne Corcelli, Mlle Marguerite
Morisseau.
Après la fête de Neuilly, l’école des forains
se divisera en deux parties. La grande école
se rendra a Asnières et la petite à Saint-
Mandé.
VIVE LA RÉPUBLIQUE
M. Paul Déroulede est monté l'autre jour
la tribune de la Chambre.
Son talent oratoire étant limité, il n'a pu
M. DÉROULÈDE. — Sans entrer dans l'exa
men des doctrines qui ne soat pas les mien
nes, tout républicain que je sois etc., etc.
En se disant républicain, M. Doroulede
exagère évidemment.
***
UNE LEÇON A M. BILLOT
Le D r Halmagrand, chirurgien en chef d.
l’Hôtel-Dieu d Orléans, vient di’adresser au
ministre de la guerre. sa démisson de méde
cin aide-major de territoriale.
Après la mesure prise contre le capitaine
Reinach, M. Halmagrand, plutôt que de s’ex
poser au même abus de pouvoir, se retire de
l’armée afin d’assurer son indépendance en
ce qui touche l’affaire Dreyfus.
Le docteur Halmagrand est un patriote
qui a fait ses preuves en 1870 et qui fut cité a
1 ordre du jour.
AU SAHARA EN BALLON
H. D.
Trois officiers — pas de salon, ceux-là —
vont tenter une expérience curieuse. Ils vont
traverser en ballon le Sahara. Ils vont partir
de Gabès et essayer d'aboutir au Niger.
Ces trois officiers dont les noms sont plus
intéressants, quoique pas nobles, que ceux
des Dupaty de Clam et consorts, se nomment
Hourst, Leo Dex et Dibos.
Espérons que le Conseil municipal va sub
ventionner leur audacieuse et savante tenta
tive.
Le président,
J. BOISSEL.
Le secrétaire,
V. GRAILLE.
Peut-être ne comprenez-vous pas les
patois provençal, — ce qui, après tout,
n’est pas un crime ? En ce cas, priez quel
que Marseillais — ou au besoin quelque
Toulousain — de vous expliquer ce que
signifient les mots que nous avons trans
crits en italique. « Marchi, Siès, Umbalays »,
signifie textuellement : a Marquis, tu es un
bel âne. « On peut traduire élégamment :
« Vieilli Tourdre » par « Vieille buse », ou
quelque chose d'approchant, car la « Tour
dre » est une espèce de perdrix grise d’une
bêtise à rendre jaloux le plus célèbre de
nos imbéciles, et même M Gaston Méry.
Pour ce qui est de a Rascous », la diffi
culté est grande. Cela veut dire à la fois :
« Pelé, galeux, teigneux »; mais cela
signifie également, si l’on veut : « Vieux
raseur ». Toutefois, il convient de dire
que cette tournure ne donne du mot pro
vençal qu’une idée bien affaiblie ; qu’il
vous suffise de savoir que les plus com
plaisants de nos merlans n'ont point pour
habitude de promener leurs rasoirs de ce
côté-là.
Deux lignes plus loin, les joyeux adhé
rents de la Cannebière envoyent très car-
rément Rochefort se faire lanlaire. En effet,
» I ascagat » est une invitation formelle à
aller ch...anter, mais chanter d’une façon
toute particulière. 1
Pour que nul n’en ignore, d'ailleurs, les
joyeux lurons qui ont rédigé la petite note ont
pris soin de spécifier que c’est à Endoume.
Cet Endoume-là est un coin de la banlieue
de Marseille qui jouit,dans la langue popu
laire de là-bas, des mêmes prérogatives que
notre Pontoise, notre Chaillotou notre Cha-
renton. Quant aux Pierras-Plates de La Ju
liette, ce sont tout simplement des buenos
retiras populaires où nul ne songe à vous
réclamer quinze centimes à la sortie.
Cet étourdissant ordre du jour est signé
de deux noms fort connus a Marseille :
J. Boissel et V. Graille, par lesquels on dé
signe deux individus qui... voyons! com-
ECHOS
CONSEQUENCE FA T A LE
La dépêche suivante est une conséquence
fatale de l’arrivée au pouvoir de M. Bris-
son.
« BoURNEMOUTII. —
Un changement alar-
mant s'est produit dans l’état de santé de Cor
nélius Herz, que le médecin de celui-ci con
sidéré comme très critique. »
M. Brisson fut président de la Commission
d’enquête du Panama.
Voulez-yous parier avec moi que Cornélius
va s’en tirer de cette maladie-là.
PRIX DE ROME
*
C’est aujourd'hui que les cantates des con
currents au prix de Rome, musique, .seront
exécutées à l'Institut, et que le grand premier
prix sera décerné.
Des quatre concurrents, un seul, M. Mal
herbe, a terminé son ouvrage.
Les trois autres légistes ne se trouvant pas
dans les conditions requises, il est à peu près
certain que M. Malherbe sortira vainqueur
du tournoi.
Les trois cantates inachevées seront, mal
gré cela, exécutées aujourd'hui.
ATA VIS ME
Le grand prêtre des doctrines ataviques,
M. Judet prépare pour le Petit Journal une
série d'articles faisant suite à celui sur le Père
de Zola.
Cette nouvelle série lui est inspirée par le
document de la Revue Blanche, l'Armée de
Condé...
En cherchant bien, on trouverait peut-être
un Judet dans cette patriotique armée.
* *
Pourquoi diable quand M. Rochefort, dit
« Vascagat en Endoume », vient à l'Intransi
geant, regarde-t-il avec une persistance cu
rieuse, le grand maga in qui est en face de sa
fenêtre et qui porte le titre symbolique de :
A Saint-Joseph
Mystère ? ? ?
PIERRE LOT!
Y
Nous avons annoncé que vingt-huit lieute
nants de vaisseau, dont le romancier-acadé
micien Pierre Loti, avaient été mis à la re
traite d’office.
Ces officiers se pourvoient devant le Conseil
d’Etat de la décision qui les a frappés.
* ‘ 4
L’ECOLE FORMNE
L’école des forains, fondé
Mlle Bonnefois, a distribue
heures, les prix à ses élèves, <
des Fetes de la mairie de D
gracieusement à la disposition
et dirigée par
hier, a deux
dans la salle
de la ton-
datrice.
La séance a été ouverte par une allocution
PLATITUDE
A
Hier soir, pendant le dernier entr’acte du
théâtre des Nouveautés, il nous a été donné
d'assister à un spectacle curieux.
M. Lépine, gouverneur général de l’Algérie,
qui assistait à la représentation du Contrôleur
des Wagons-Lits, sortait sur le boulevard
quand il fut rejoint par un monsieur qui
l aborda, chapeau bas. le sourire aux lèvres,
avec l'air le plus aimable du monde : c’étair
M. Papillaud, rédacteur à la Libre Parole.
M Papillaud engagea conversation, et ce
n’est qu'a la fin de l’entr’acte que M. Lépine
fut débarrassé.
Que va dire le R. P. Drumont quand if
saura que M Papillaud, son collaborateur,
se montre publiquement si aimable pour son
grand ennemi M Lépine.
GIL.
Démenti à M. Charles Dupa
UN ARTICLE DE M- JAURÈS
M. Jean Jaurès qui continue,dans !e Mi ii,
au milieu des acclamations, sa vigoureuse
campagne de conférences, public aujour
d'hui,dans la Petite République, un cloquent
article dont nous extrayons quelques pas
sages.
Contrairement aux affirmations d'une
certaine presse, l'affaire Dreyfus-Esterhazy
passionne la foule. On sent qu'il y a dans
cette affaire, comme le dit l'éloquent ora
teur socialiste :
... Des vérités dormantes, encore inconnues
qui, en se réveillant et se révélant, ébranleront
tout le vieux système militariste. La haute ar
mée jésuitique, l'oligarchie des grands chefs
cléricaux ont accumulé, dans la conduite de
ces affaires,tant d'inepties, tant de mensonges,
tant de trahisons, que, quand le peuple et
sera bien informé, la réaction d’Eglise et
d’Etat-Major sera ébranlée dans sa base.
L’ancien député de Carmaux explique
ensuite quel est, d'après lui, le devoir des
socialistes.
Sur le fond de l'affaire Dreyfus Esterhazy,
chaque socialiste peut et doit avoir son opi
nion personnelle. Mais nous, nous avons le
devoir d’exiger que les garanties légales ne
soient pas refusées à un accusé, quel qu'il soit,
par la justice militaire. Tous nous avons le
devoir d'exiger que la paix soit rendue à la
conscience publique et au pays, non par un
régime de violence, mais par la pleine lu
mière et la pleine vérité.
Mais la partie la plus saillante de cet ar
ticle est celle ou M. Jaurès revient sur le
prétendu rapport du capitaine Lebrun-
Renault. Il donne alors aux récentes décla
rations de M. Charles Dupuy, un formel
démenti :
On annonce, dit-il, que M. Cavaignac tran-
citera la controverse en publiant les rapports
du capitaine Lebrun-Renault, ('est une plai
santerie. Je renouvelle à ce sujet, et devant
[es généraux, devant les juges, devant M. Du-
puy lui-méme, confronte avec moi, je renou
vellerai sous serment le récit que j’ai fait à
Toulon. Ce n’est pas, comme l’insinue la Libre
Parole, un propos que j’ai recueilli au pass
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