Titre : Les Droits de l'homme / fondateur Henri Deloncle
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1898-05-29
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32759074m
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Description : 29 mai 1898 29 mai 1898
Description : 1898/05/29 (A1,N143). 1898/05/29 (A1,N143).
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k6817330r
Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, GR FOL-LC2-5700
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 02/05/2016
PREMIÈRE ANNÉE. — «* MJ.
DIMANCHE 29 MAI 1898
PARIS
6 mois
$ mou
RT, 8h. 1/A. - Concert. - Van
atte. —Les Chrysanthèmes l
é. — Les Becar’s. — p. >: -
insons ? En voulez-
J0),
boulevard des Capucines
iette Sully,
I.M° Spectacle
Cucy Gérard, Gar.
E2h-//2—La Chasse au san
mime équestre et nautique
buts. — Mercredis, jenaee
êtes, matinée à 2 h 1 2. S ’ dis
8 h.— Sulbac, Lejal, Amet
nes Grandet, Fleuron, etc
8 h. - La belle Otero, Polin
Matieées, di-
etc. —
- Le couronnement du tsar _
iné. Ma.In ascar, — î'atitZ
uses. — orchestre de Dames
Nansen au Pole Nord. _ ’
",—[34 44
S-Lysees. _ Con-
soirs. Entrée 3 f r .
en revue da Bou-
rn, revue en 2 actes
us les
1/2. —
cartes des actualités.
Margh irita, Dohmen.
Ouvert tous les
ices équestres.
, bd Rochechonart, R h 1/2.
EN. — Clôture annuelle.
Tous les samedis
les jours. 10 h. du matin
-concert .i tous les étages.
ec tacle
8 h. 1/2. - Tous
— Barbe-Bleue,
Mile Th vida, M.
everus Scheffer,
— Dimanches et
S entrée, 1 fr.
:N. — Clôture annuelle.
restidigitation. — Cinéma-
afé-restaurant). — Excursions
'-Royal, quai
y, tous les
a Corbeil et Seine-
sSrAEY*
DE LA PRESSE
ONDE EN 1879
'happer
il était
les journaux du
troats sur n’im-
Hector alot
avants, hommes politiques,
[ait sur lotir compte dans ici
vues du monde entier.
a Presse est le collaborateur
pis ceux qui préparent un
ent une question, s’occupent
etc., etc.
ix bureaux de l’Argus, 14,
» lit 5,000 journaus
hangements d’adresses,
s abonnés de nous en:
niere bande du journal
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| Précéd.
clôture
VALEURS |
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ABONNEMENTS
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FRANCE CT ALGÉRIE
1 an ..
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3 mois.
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13
ÉTRANGER et union postale
1 an ...
6 mois.
3 mois.
35
18
10
La quatrième page des
DROITS DE L’HOMME
au x informations et aux
Dépêches de la Dernière
Heure.
III
Le journal madrilène, la Epoca, le plus
important des organes conservateurs es-
paznols, quelque chose comme les Débats
atinés du Figaro, regrettait récemment
ql e l’on eût abandonné le « plangran-
diose„du général Weyler : Cet ami des
1, mes avait, en effet, trouvé levéri-
AD moyen de paciner f’ile; apres rex-
termination totale de la population re-
belle, il eût été tout naturel de coloniser
à nouveau et d’exporter outre-mer plu-
sieurs milliers de Castillans très fidèles à
la métropole.
Le merveilleux système de la reconcen-
tration était destiné spécialement à dé
truire les femmes, les enfants et les
vieillards. Quant aux hommes valides qui
tenaient la campagne, ils furent traités
dans cefte guerre atroce, selon les lois de
de la plus pure chevalerie espagnole.
Dès le début des opérations, le général
cubain Maximo Gomez, dans une circu
laire datée de Camaguey, avait déclaré
qu'il entendait lutter à armes courtoises,
même contre les pires ennemis de sa
race. Article 1 er . — Tous les prisonniers
faits par les troupes de la République se
raient libérés et renvoyés, sauf s’ils mani-
(estaient le désir de servir dans l’armée
de libération. Tous les blessés seraient
soignés et traités avec les plus grands
égards. Article 3. — Les officiers pris se-
rlient respectés et considérés selon leur
grade et la bravoure qu’ils auraient
montrée dans la bataille. Ils seraient, sur
leur désir, renvoyés à leur corps. Article
k— Ceux qui voudraient se joindre a
/rmée de libération auraient le choix
entre un grade militaire ou une fonction
Des circulaires ultérieures punissaient
de mort tout attentat commis sur une
femme par les soldats cubains.
Et ces circulaires furent exécutées lit-
téralement; à Peralego, à Camaguey, à
Balamo, Rego et Maceo renvoyèrent à
M Hinez Campos les hommes et les offi-
ciers faits prisonniers. Maceo même
adressa à son adversaire la lettre sui
vante ;
« Monsieur le maréchal,
n Désirant que les blessés abandonnés
par vos troupes sur le champ de bataille
ne périssent pas à cause du manque de
secours, j’ai ordonné qu’ils soient con
duits chez les familles cubaines habitant
pi ' de l’endroit où le combat a eu lieu,
jusqu’à ce que vous les envoyiez cher-
cher. Bien entendu, les forces qui vien
dront à cet effet ne seront pas attaquées
par celle que je commande.
» Antonio Maceo. »
Pour un mulâtre, Maceo faisait preuve
d’une grandeur d’âme absolument étran- <
"veaux loyaux officiers de notre sœur
latine, pour parler la langue de Mille-
voye et de quelques autres cacographes.
Les ordres laissés par les généraux espa-
gnols étaient : 1° de fusilier sommaire-
ment quiconque essaierait de porter des
cemédes aux insurgés; 2° de fusiller
sommairement tous les officiers cubains
qui seraient pris les armes à la main.
Les hôpitaux mêmes ne furent pas res-
pectés. A Gran Piedra, soixante-dix
blessés en traitement furent massacrés,
leux cents à Paso Real, province de Pinar
el Rio. A Artemisia, ou les dames de la
Croix-Blanche soignaient dans deux mai-
sons séparées les blessés espagnols et les
blessés cubains, le général Suarez Inclan
magnanimité de faire bombarder
hopital cubain, alors que les insurgés,
Plusieurs fois maîtres de la vilit, n‘a-
vaient jamais touché à l’hôpital espa-
guol.
La conduite des troupes de l’ordre,
quand elles entraient dans un village
sans défense, se conformait à l'héroïsme
des chefs. On ne manquait pas de pilier
dabord; à Managua, par exemple, tandis
que des mains expertes dévalisaient une
maison riche, le propriétaire s’écria: «Je
"ose pas me plaindre, ce sont des offi-
ciers. » Puis on fusillait pèle mêle hom-
mes, enfants et femmes, congrûment vio-
ees au préalable. A Jiquiabo, un régi-
ment commandé par le colonel Melquizo,
Alicier galant, avait épargné, pour en
a son caprice, les femmes de l’en-
Troit. Elles allèrent se plaindre au colo-
ddètre perpétuellement outragées:
" est impossible, répliqua le soudard.
loyale Espagnole ne peut rien refuser
"" soldat espagnol, et je suppose que
F emmes de Jiquiabo sont de loyales
Pagnoles. » re ll es qui s’obstinèrent à
duquer de loyalisme — loyalisme dan-
Sereux d’ailleurs, car il Y a soixante-dix
yr cent de syphilitiques dans cette
osante armée— étaient fusillées ou
‘8 es au suicide, comme Maria Gar
Ordre ot progrès par la Révolution Française
RÉDACTION ET ADMINISTRATION :
muza, que deux soldats essayaient de
violenter.
Je ne sais rien de plus tragique que les
notes prises, jour par jour, par le Rév-
Diaz, délégué de la Croix Blanche, aux
quelles j’empruute ces détails. (Condition
of affairs in Cuba. Enquête faite par le
Sénat américain). Je détache du carnet
sanglant quelques feuillets caractéris
tiques. :
22 février 1896. — A Punta-Braba, les
insurgés s’étant retirés, les Espagnols
prennent le village; ils fusillent dans les
rues les gens sans armes; puis attachent
deux par deux dix-sept personnes, dont
un enfant de dix-sept ans, et fusillent le
tout.
13 Mars. — A la Havane même, au
coin de la rue Reina et de la rue Aguila,
je trouve un homme percé de soixante-
et-onze coups de baïonnette dans la tête
et plusieurs dans les yeux ; plus quatre
coups de machéte dans la tête; le crâne
est broyé et les coups ont été portés avec
tant de fureur que la pointe des baïon
nettes a marqué dans le trottoir après
avoir traversé le corps du malheureux.
Cet homme sans
été tué par
deux soldats au moment où il marchan
dait des vêtements, dans une boutique
de confections.
13 mars. — A Caïmito, je vais voir deux
enfants, l’un de 3 mois, l’autre d’un an
et demi, blessés par des balles dans les
bras de leur mère, fusillée par les Espa
gnols.
8 avril. — A Campo Florida, quatorze
hommes fusillés, dont deux enfants de
quatorze ans.
9 avril. — Quatre.
15 avril. — Entre Campo Florida et
Felicia, dix.
15 avril.— Entre Guanabacoa etBacua-
nao, cin p
Eu quinze jours, plus de cent hommes,
tous non combattants, furent fusillés
ainsi dans un rayon de dix kilomètres
autour de la Havane.
Tels sont les exploits ordinaires et quo
tidiens des hidalgos qu’Arthur Meyer et
Ernest Judet révèrent à l’égal de Roland,
d’Amadis et de Galaor ; et ils n’ont pas
assez de paroles pitoyables ou lauda
tives pour le petit peuple héroïque, vic
time d’une lâche agression américaine.
M est avis qu’ils intervertissent les rôles :
les plus faibles, ce ne sont pas les Espa
gnols, ce sont les Cubains et nous crie
rons si fort leur long et douloureux mar
tyre que les oreilles des pires brutes, des
plus fangeux sacristains, des plus sau
vages vivelarmés finiront bien par enten
dre notre clameur, dût-elle leur être in
supportable.
PIERRE QUILLARD.
Les DROITS DE LHOMME publie-
rent demain un article de
LAURENVT TAILHADE
Le Chacal du Quai ÜOrsay
— Richelieu fut un^ion; vous,Hanotaux,
vous êtes un chacal. Votre maître a tué,
massacré, mais fut superbe; vous Hano-
taux vous reniflez les morts, vous vous
étendez sur les cadavres et vous êtes im
monde.
Hanotaux ne se fâcha pas de cette dé
claration. Hanotaux est d ailleurs payé
pour rester impassible . le sultan le dé-
dommdffe par des plaques et d s crachats
An désagrément d'être traité d'assassin et
le beau monde le console par de savantes
courbettes du mépris que lui prodiguent
les honnêtes gens.
Hanotaux haussa simplement les épau
les et proféra dans un sourire.
— Vous me répétez, (tour mon attitude
dans l'affaire Dreyfus, ce que les radi
caux m'avaient d fa dit pour mon atti
tude dans l'affaire arm-nienne. Ce sont
de vagues injures, toujours les mêmes,
que les partis se ri-passent.
Je répondis à Hanotaux avec une égale
bienveillance :
— Si tous les partis vous jugent de la
même façon, c'est que vous fûtes égale
ment, malfaisant à tous et que vous leur
inspirez à tous le même dégoût.
Hanotaux, comme s'il avait lu dans
ma pensée, répliqua :
— l'oyons! pouvais-je sauver un petit
capita : ne juif après avoir laissé massa
cre/' trois cent mill 'chrétiens, sans m'en
tendre accuser d'être ven lu au Syndicat?
Chaque jour vous venez me corner aux
oreilles que je s iis Dreyfus innocent, que
je possède d-puis trois ans l'irréfutable
preuve d'une erreur judiciaire. Oui, c'est
vrai. Tous entendez bien: c'est vrai.
J'en conviens solennellement pour vous
éviter la peine de le répéter. Et apres?
Que demain j-montre ces preuves chacun
s'écriera: « Que vient il s- mêler de sau
ver un Juif, lui qui n'a pas même essayé
de sauver un Arménien. » Et on me de •
m ind 'ca combien j’ai touché...
J u b^at d'un instant, Hanotaux aj >ut 1
presque triste:
— Ah! la diplomatie a,
guerre, des nécessita
nous tant laisser un
cru lies
comme la
. Là bas, il
' ommc massacrer
tout un peuple et, ici, tout en peuple
ruer à l'égorgement d'un homme
— Cher mini tre, répondis-je
save
vou-c-que dirait (ourtrline s'il vo’s
entend dt parler : « Vous êtes un char d ;
nhacaU. un tas de rhac ds ! »
LE PIC
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LES MANUSCRITS NON INSÉRÉS NE SONT PAS RENDUS
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AUJOURD’HUI
LEUR BESOGNE
M. Judet, à qui le spectacle de la belle
vie de Marinoni inspire les plus nobles
sentiments et qui trouve dans la famille
de son directeur un merveilleux exem
ple de respectabilité, est vigoureusement
intervenu, il y a quelques jours, dans
nos polémiques. Il ne pouvait plus long
temps supporter le scandale de voir un
homme tel que Zola élevant la voix pour
apprendre au pays que la justice est sa
crée.
— Zola,s’est-il écrié,a une tare,non point
qu’il ait lui-même commis une action
déshonnête, mais son père a volé. A la
vérité, je ne sais pas au juste quand, je ne
sais pas au juste quoi, je ne sais pas où
au juste. Peu importe. Il a volé, étant
officier. Paul Belon, qui est adroit, a
même découvert un général octogénaire
prêt à le certifier, à la condition qu’on ne
précise pas trop les circonstances de temps
ni de lieu, car la mémoire de ce vieillard
s’embrouille. Il est donc évident aujour
d’hui que c’est parce François Zola a volé
que M. Emile Zola croit à l’innocence du
capitaine Dreyfus. La force de ce raison
nement frappera tous les esprits.
Elle les a frappés, en effet... de stu
peur. Voici donc où nous en sommes
venus ! Des hommes dont c’est la tâche
et l’honneur d’enseigner la vérité, de
faire la lumière, d’élever l’âme du peu
ple, professent que la faute du père doit
accabler le fils et que les eufants sont
disqualifiés par les faiblesses des aïeux !
Ce matin, dans l’Aurore, Emile Zola
répond à ces viles calomnies par un ar
ticle que nous reproduisons, tout fré
missant d’indignation pour l’outrage et
de douleur pour l’injustice. Ce que fut
réellement François Zola, qu’il connût à
peine, mais dont sa mère lui apprit le
culte, c'est lui qui le dira. Personne
parmi nous n’aura la pensée de lui ap
porter un concours qu’il rejetterait. C‘
‘est
sa querelle. Mais, au nom de l’humanité
outragée, nous avons le droit de protes
ter contre de telles infamies, de flétrir
les gens qui les font, d’en appeler à la
conscience publique.
Et puis, j’admets les faits vrais, j’ad
mets que les vivants ne suffisent pas à
l’ardeur, parfois à la férocité de nos po
lémiques, j'admets qu’on ait le droit d’al
ler déranger les morts, de souiller les
souvenirs pieux qu’ils laissèrent, de ren
verser les autelsque leur éleva l’amour de
ceux qu’ils aimèrent, que prétend-t-on
prouver ainsi ?
La question qui nous divise et nous
fait tellement ennemis que la guerre ci
vile, avec toutes ses atroces représailles,
est dans les âmes déjà, cette question est
simple. Elle se formule ainsi : le capitaine
Dreyfus est-il innocent ou coupable? Ou,
si l’on veut l’exprimer d’une façon plus
générale: est-il désirable que la justice
soit droite, égale pour tous?
Or, quelle lumière apporterait l’indi
gnité de François Zola? On peut tirer ar
gument de l’immoralité d’un homme
contre ses opinions, mais le peut-on éga
lement de la faute du père contre l’opi
nion du fils et aussi contre l’opinion des
groupes d’hommes dont le fils est le porte-
parole ?
Ceux-là même ne le croient pas qui le
disent, car ils ne se font pas d’illusions
dans leur besogne misérable ; mais ils
sont condamnés à aller jusqu’au bout,
condamnés par l’indignité même de la
cause qu’ils soutiennent. Pour défendre
le commandant Esterhazy, il était néces
saire que M. Judet s’offrit, et que le jour
nal de M. Marinoni ouvrit ses colonnes,
et que l’on commît une infamie puis
qu’on voulait en couvrir une. Nous
attendons maintenant celle de demain.
Elle viendra, elle est inévitable. Mais, au
mes politiques être, par là-dessus, manu-
facturiers, commerçants , entrepreneurs,
hommes d’affaires. Mais ils ne s’aident pas
de la politique pour faire prospérer leur in
dustrie. Ou plutôt les choses sont arrangées
de telle sorte qu’un industriel ne tire pas
profit d’entrer dans la politique. En France,
l’institution des monopoles, l’ingérance de
l’État, mettent à la discrétion de la politique
maintes grandes industries. Quand on se
chamaille à la Chambre sur la prédominance
des croiseurs ou des gros cuirassés, soyez
sûrs qu'il n’y a en cause que des intérêts de
grands constructeurs navals.
Si 1 adoption d’un projet de Métropolitain
prend quinze ans de délibération, c’est que
le monopole d’une compagnie d’omnibus
permet de distribuer des pots-de-vin à des
conseillers municipaux. Ainsi la politique et
les affaires sont liées. Et vous n’aurez pas
une concession de terre coloniale si vous
ne teaez pas à un ministre par la politique.
Les Anglais savent cela. C’est pourquoi
ils méprisent tous nos gouvernants en bloc.
Nous n’avons pas de Gladstone à leur oppo
ser. Que de fois me suis-je entendu dire par
des Londoniens cultivés... « Vos ministres,
comment les prendrions-nous au sérieux >
Ils ne songent qu’à faire leur pelote. Nous
n’admirons que davantage la France de ré
sister à ces suçoirs. * Les Anglais appré
cient tout de nous : nos fruits et nos lé
gumes, notre esprit, nos chefs-d’œuvres ar
tistiques et industriels, tout excepté ces
politiciens qui vont arriver après-demain les
dents longues.
En lisant les articles des journaux an
glais sur Gladstone, je n’ai pas été si fier
que cela d'être Français. Et pourtant je suis
patriote autant que quiconque. Mais il y a
un patriotisme qui consiste à s’enorgueillir
même des généraux honteusement battus
en 1870. Et un autre patriotisme qui con
siste à tâcher de voir ses propres vices
pour se les arracher s'il y a un moyen.
Sommes-nous dignes d’avoir un Gladstone ?
Ou plutôt, méritons-nous un ministre qui,
aussitôt ministre, prend maîtresse à la Comé
die-Française, par ce queeela pose, délaisse sa
femme et finit par des compromissions afin
de payer des notes de couturier ? Tout se
tient : les mœurs publiques ne sont que le
reflet des mœurs privées. Et l’Angleterre ne
compterait pas tant d’hommes d’Etat désin
téressés si elle ne comptait pas, dans la
famille, ses vertus, dont l’exagération peut
faire sourire, mais qui n’en sont pas moins
la base de la meilleure des politiques!
ÉDOUARD CONTE.
LE DOSSIER DRUMONT
XIII
Insultes aux Instituteurs
Savez-vous ce que M. le
directeur du Libre Jésuite,
nos vaillants instituteurs?
Que leur enseignement,
Père Drumont,
pense et dit de
renseignement
laïque est un CLOAQUE IMMONDE! (France
Juiva, II, 391.)
Savez-vous ce qu’il dit de Paul Bert, ce
bourreau des Jésuites, ce défenseur des
instituteurs français ?
Qu'auprès de lui le Jésuite Escobar n'est
qu'un enfant ! — Qu’il est un drôle mal
propre, un salaud ! — Que son Manuel
est « antifrançais ! « (France Juive.)
Voilà nos instituteurs prévenus. Il est
vrai qu’ils sont assez intelligents pour ne
pas confondre un Jésuite avec un Français,
et assez nobles de cœur pour mépriser ces
basses insultes!
Cloaque immonde !
ENVERS ET CONTRE TOUS
lieu d’assurer notre
notre victoire, car le
adversaires sera pour
cernent de la justice.
défaite, elle fera
dégoût pour nos
nous le commen-
PIERRE BERTRAND.
LIBRES PROPOS
POUR LES POLITICIENS
Gladstone meurt. Lisez les journaux an
glais. Pas un qui insinue que le mort a fait
sa fortune dans les affaires. Devant une lon
gue vie remplie par la passion du bien pu
blic, la haine de parti ravale ses injures. En
France, les adversaires d’un homme politi
que qui vient de mourir ne sont pas si rete
nus. Ils écrivent que le défunt était un vo
leur, un gredin et un lâche.
Ce sont des propos un peu vifs. Le mal
heur est qu'ils sont le plus souvent justifiés.
Thiers a montré du bon sens, de l’esprit po
litique, de la clairvoyance. Mais il entra
pauvre dans la politique ; il en est sorti ave:
une fortune estimée à dix-sept millions. Ce
n’est pas ci épargnant sur son traitement
qu’on amasse tant de bien.
C’est que la corruption n'est nulle part
admise autant qu’en France. La preuve
qu’elle est admise, c’est que, des l’instant
quelle ne fait plus de doute, l’homme, au
lieu de voir décroître sa considération, son
influence, reste à niveau, se voit salué par
le même nombre de chapeaux.
C’est, en outre, que la politique et les
affaires sont chez nous incroyablement
mêlées. En Angleterre, on voit des hom-
HOMMAGE A ZOLA
Tandis que l’exécrable baderne exhumée
par la maison Judet, Marinoni et Cie, tandis
que le général de police Loverdo excrète sur
la mémoire de François Zola ses déjections
séniles, les écrivains de France et de Belgique
fraternisent derechef en un hommage à l’au-
tcur des Rougon.
Le journal de Vervoort gazouille, à ce pro
pos, et rit dans sa friture. S’appeler Mécislas
Golberg semble au parangon des beaux-frères
une énormité ! Lui, Vervoort, ne consen
tirait jamais à exhiber un nom si flamingant
Quant au poète Vandeputte, il exhilare jus
qu’à la flattuosité le vieux père Meunier qui,
gâteux à présent, et jadis chroniqueur scien
tifique, n entendit jamais rien aux sciences ni
à l’art des chroniques. Vandeputte! se peut-il,
monsieur, que l’on se nomme Vandeputte ! La
rédaction du Jour s’en tient les arêtes et bati
fole à écailles déboutonnées.
Ce monde-là dénie à Mécislas Golberg, à
Vandeputte, à Rodenbach aussi, je pense — le
droit de saluer un écrivain qui porta si haut
la gloire des lettres françaises ; d’exalter celui
qui, en ces jours d’ignominieuse lâehcté, fait
paraître une grandeur stoïque, une vertu su
prême nous venge, nous instruit et nous con
sole.
D’autres ont dit ici même combien T Hom
mage à Zola, dont MM. Vandeputte et Gol
berg furent les promoteurs, a trouvé d’adhé
sions parmi nous. Lucien Descaves, Mirbeau,
tant d’écrivains probes et magnifiques, don
nèrent une page au livre de Zola, que la
France tout entière, la France des artistes, et
non des saltimbanques, y figure majestueuse
ment représentée.
Mais il est peut-être bon d’enseigner aux
plaisantins du Jour que M. Vandeputte est
un poète délicat, d’une élégance très person-
elle, de qui les poèmes constituent pour
la langue française un acquêt précieux, autre
ment honorable que les vers faux de Dérou-
lede, que les borborygmes sentimento-patrio-
tiques de Coppée.
Mécislas Golberg, lui, s’élève au héros. Il
fait partie de ces hommes qui, selon un mot
de Cham fort sont les « saints des honnêtes
Ni l’adversité, ni la misère, ni l’infâme exil dé
crété par ce méchant petit roquet de Barthou
contre un penseur dont il n’est pas digne de
lécher les semelles, n’ont abattu le courage de
Mécislas Golberg.
Qu'importe les contingences de la vie à
celui qui porte un monde ? Golberg, pour
ses débuts (il n'avait pas encore vingt-cinq
ans), présenta au congrès de sociologie un
Mémoire sur les races humaines lequel eut cet
honneur d’être discuté par Tarde et Manou
vrier. Depuis, il résuma dans son admirable
épopée de Lazare toutes les douleurs, toutes
les espérances de notre monde agonisant.
Proscrit, chassé loin de nous, il a repris, là-
bas, son existence de labeur et de pauvreté
digne, entassant les œuvres, les idées.
Et si, pour un moment, il se détourne des
lâches entreprises, c’est que le geste sublime
de Zola, sans distinction d’écoles, a ravi tous
les cœurs généreux. Ce n’est pas la moindre
récompense du Maître que d’avoir ainsi gagné
les suffrages de Golberg.
Voilà l'homme dont se gausse l’alevin du
bel André. Dans La Fontaine, un rieur cause
avec les gros poissons. Mais chez Vervoort,
les rôles sont intervertis. C’est le menu fretin
qui bouffonne et tient l’emploi de bateleur.
LAURENT TAILHADE
sauront comprendre cela, et reconnaître
que notre patriotisme, à nous, s’inspire
d'une haute philosophie humanitaire, ce-
pendant que le leur ne s’alimente que de
phrases toutes faites, de conventions bêtes
et de duperie traditionnelle f
Hélas! il n'y faut point compter.
Ils resteront, eux, les patriotes bon teint,
garantis sur facture et immatriculés devant
la sottise des foules, — cependant que nous
resterons, nous, les cosmoplites, les sans-
patrie, les traîtres!
Ali! doux pays...
MON PERE
L’Effondrement de M. Thébaud
M. Georges Thiébaud qui, en dépit j
d’une campagne extravagante de vio. j
lences, d’injures, d’affiches et de jour- !
naux,a été outrageusement battu diman- 1
che, dans
tras, s’est
son échec
politique.
la circonscription de Carpen-
lui-même complu à donner à
piteux toute son importance
Nous reviendrons sur les manifestes,
proclamations, discours et articles du
« grand leader nationaliste ». La littéra
ture électorale de M. Georges Thiébaud
est trop gaie pour que nous ne permet
tions pas à nos lecteurs d'en goûter la sa
veur. ' t
Aujourd’hui, nous ne voulons délacher
que ce morceau délicieux da suprême ap
pel de M. Thiébaud à la veille du scrutin.
Citoyens de la République agricole,
l’heure est grave et, je vous en conjure,
réfléchissez au vote que vous allez émettre.
Nous ne sommes rien, nous autres; mais
la France traverse une crise, qui donne
présentement à nos chétives personnes une
importance circonstancielle.
Prenez garde! Voilà bientôt six mois que
nous luttons sans trêve pour préserver no
tre pays des fléaux qui le menacent. Nous
savons ce qu'il en est et quelles seront les
conséquences qu’on tirera contre la patrie
de la bataille qui se livre ici.
L’élection de Carpentras est la plus grave
de France, après celle de Drumont qui,
traité de clérical et de réactionnaire, lui
aussi, a vu cependant venir à lui 12,000 ré
publicains intransigeants d’Alger, qui ont
compris la gravité de la situation!
Que les républicains, abusés par des ca
lomnies, reviennent donc de leur erreur et
qu’ils m'estiment comme ils m'estimaient
au début de cette campagne.
« La République agricole » est une in
vention merveilleuse. Les citoyens de cette
République se trouvent tous, par hasard,
appartenir aux groupements des anciens
partis. Et, quoique l’élection de Carpen
tras fut « la plus grave de France », les
démocrates, les hommes de progrès, de
civilisation, de justice ont infligé une
minorité de plus de quinze cents voix à
M. Georges Thiébaud.
Ce n’est pas un échec, c’est un effondre
ment.
1. BRETON.
Le Sultan et les Arméniens
Nous savons de source certaine que des
négociations ont été engagées et se sont
poursuivies depuis plus de six moisentre
le gouvernement turc et le comité central
révolutionnaire arménien de Paris. Il
semble que les promesses faites au nom
du Sultan ne seront pas plus tenues que
les précédentes promesses, auquel cas le
comité renoncerait, en présence d’une
telle mauvaise foi, à tout projet d’en
tente et reprendrait une attitude stricte
ment révolutionnaire , et il publierait
d’ici peu toute la correspondance échan
gée à ce sujet.
On lit dans l’Aurore :
Il s’est trouvé des âmes basses, dTm-
mondes insulteurs, dans la guerre effroya
ble de guet-apens qui m’est faite, parce
que j’ai simplement voulu la vérité et la
justice, il s’est trouvé des violateurs de
sépulture pour aller arracher mon père
à la tombe honorée où il dormait depuis
• cinquante ans.
• On me hurle, parmi un flot de boue :
« Votre père était un voleur. » Et l’on
[ trouve un vieillard de quatre-vingts ans
| passés qui cherche des injures et des ou
trage-'dans les tremblants souvenirs de
sa treizième année, pour raconter que
mon pere était un parasite et qu’il avait
commis toutes les fautes. Ce vieillard n’a
qu'une excusa : il croit défendre le dra
peau, il aide sa mémoire sénile pour ter
rasser en m i le traître. Ah! le pauvre
homme. Ah ! la mauvaise action dont on
lui a fait salir sa vieillesse !
Ces choses se seraient passées vers 1830.
Je les ignore. Mais comment veut-on que
j’accepte pour vrais des faits apportés de
la sorte par des gens qui, depuis des
mois, combattent pour le mensonge avec
tant d’impudence ?
Je veux répondre tout de suite, dire ce
que je sais, mettre debout sous la pleine
lumière le François Zola, le père adoré,
noble et grand, tel que les miens et moi
l’avons connu.
C’est en 1839 seulement que mon père
épousa ma mère, à Paris : un mariage
d’amour, une rencontre à la sortie d’une
église, une jeune fille épousée pour sa
beauté et pour son charme. Je naissais
l’année suivante; et, à peine âgé de sept
ans, je me revois derrière le corps de mon
père, l’accompagnant au cimetière, au
milieu du deuil respectueux de toute une
ville. C’est à peine si j'ai d’autres souve
nirs de lui ; mon père passe comme une
ombre dans les lointains souvenirs dénia
petite enfance. Et je n’ai eu, pour le res
pecter, pour l’aimer, que le culte que lui
avait gardé ma mère, qui continuait à
l’adorer comme un dieu de bonté et de
délivrance.
Aujourd’hui donc, on m’apprend ceci :
« Votre père était un voleur. » Ma mère
ne me l’a jamais dit, et il est heureux
qu’elle soit morte pour qu’on ne lui
donne pas cette nouvelle, à elle aussi.
Elle ne connaissait du passé de l’homme
qu’elle adorait que des choses belles et
dignes. Elle lisait les lettres qu’il rece-
vat de sa nombreuse parenté en Italie,
lettres que je dois avoir encore, et elle y
trouvait seulement l’admiration et la
tendresse que les siens gardaient pour
lui. Elle savait la vraie histoire de sa vie,
elle assistait à son effort de travail, à
l’énergie qu’il déployait pour le bien de
sa patrie d’adoption. Et jamais, je le ré
pète, je n’ai entendu sortir de sa bouche
que des paroles de fierté et d’amour.
C’est dans cette religion que j’ai été
élevé. Et au François Zola de 1830, le
prétendu coupable que personne des
nôtres n’a connu, qu’on s’efforce de salir
d’une façon infâme, uniquement pour
me salir moi-même, je ne puis aujour
d’hui qu’opposer le François Zola tel que
notre famille, tel que toute la Provence
l’a connu, dès 1833, époque à laquelle il
est venu se fixer à Marseille.
P. Q.
On nous reproche volontiers de n’être
point patriotes, d’être cosmopolite', et c’est
au nom de cette Patrie, — (pic Lucien
Millevoye adore saignante, — (pie chaque
jour ou outrage les défenseurs de la vérité
et de la justice.
Il paraît même, — qui l’eût cru ? — que
si Henri Rochefort et Gérault Richard se
rencontreront en champ-clos, le qualifiable
André Vervoort l'affirme : c’est à cause de
u l’idée de patrie et l’indignation contre les
« traitres opposés à ‘internationalisme. »
Le vaillant rédacteur en chef de la T'Ute
République répond a ce reproche inepte
et saugrenu par cette déclaration qui vaut
d’être retenue :
Nous sommes internationalistes, ave- la Ré
volution Française, pour les prolétaires oppri
més contre les oppresseurs.
Noua ne commettons point Job mr litr de ni-r
ritb-e de patrie; nous servons c die-ci di notre
mieux et noua la défendrons 7 land il 1 ■ (ni Ira ;
nous haïssons les traîtres, tous les traîtres
depuis les maréchaux de France, ch fs d’Ètat-
Major ou autres galonnés, empereurs ou rois,
ministres ou fonctionnaires qui livrent leur
pays à l’ennemi, jusques y compris les rené
gats de la démocratie, les p injures a leur foi
politique.
Bravo, Gérault-Richar I !
Mais peut-on espérer (pie les épileptiques
du chauvinisme morbide qui, en cet ins-
taut, sévit sur faut de cervelles malades.
François Zola, dont le pere et le grand,
père avaient servi la république de Venise
comme capitaines, fut lui-même lieute
nant, à l'âge de vingt trois ans. Il était
né en 1795, et j’ai sous les yeux un vo
lume italien, portant la date de 1818, un
Traité de nivellement topographique,
qu’il publia à Padoue et qui est signé
« Dot tore in matematica Francesco Zola,
luogotenente ».
Il servit, je crois, sous les ordres du
prince Eugène. Le malheur est que, dans
l affreuse bousculade où je suis, je cher
che avec angoisse depuis deux jours,
parmi mes papiers de famille, des docu
ments, des journaux de l’époque, que je
ne puis retrouver. Mais je les retrouverai,
et les dates précises, et les faits précis,
seront donnés. En attendant, ce n’est ici
que ce que je sais de mémoire : l’obliga
tion où lut mon père de quitter l’Italie,
au milieu des bouleversements politiques;
son séjour en Autriche, où il travailla à
la première ligne ferrée qui fut construite
en Europe, période de sa vie sur laquelle
les documents les plus complets m’ont
été récemment promis; les quelques an
nées qu’il passa en Algérie, capitaine
d'habillement dans la Légion étrangère,
à la solde de la France; enfin son instal-
lation à Marseille, comme ingénieur civil,
en 1833.
C’est ici que je le reprends, hanté d’un
grand proiet. A cette époque, la ville de
DIMANCHE 29 MAI 1898
PARIS
6 mois
$ mou
RT, 8h. 1/A. - Concert. - Van
atte. —Les Chrysanthèmes l
é. — Les Becar’s. — p. >: -
insons ? En voulez-
J0),
boulevard des Capucines
iette Sully,
I.M° Spectacle
Cucy Gérard, Gar.
E2h-//2—La Chasse au san
mime équestre et nautique
buts. — Mercredis, jenaee
êtes, matinée à 2 h 1 2. S ’ dis
8 h.— Sulbac, Lejal, Amet
nes Grandet, Fleuron, etc
8 h. - La belle Otero, Polin
Matieées, di-
etc. —
- Le couronnement du tsar _
iné. Ma.In ascar, — î'atitZ
uses. — orchestre de Dames
Nansen au Pole Nord. _ ’
",—[34 44
S-Lysees. _ Con-
soirs. Entrée 3 f r .
en revue da Bou-
rn, revue en 2 actes
us les
1/2. —
cartes des actualités.
Margh irita, Dohmen.
Ouvert tous les
ices équestres.
, bd Rochechonart, R h 1/2.
EN. — Clôture annuelle.
Tous les samedis
les jours. 10 h. du matin
-concert .i tous les étages.
ec tacle
8 h. 1/2. - Tous
— Barbe-Bleue,
Mile Th vida, M.
everus Scheffer,
— Dimanches et
S entrée, 1 fr.
:N. — Clôture annuelle.
restidigitation. — Cinéma-
afé-restaurant). — Excursions
'-Royal, quai
y, tous les
a Corbeil et Seine-
sSrAEY*
DE LA PRESSE
ONDE EN 1879
'happer
il était
les journaux du
troats sur n’im-
Hector alot
avants, hommes politiques,
[ait sur lotir compte dans ici
vues du monde entier.
a Presse est le collaborateur
pis ceux qui préparent un
ent une question, s’occupent
etc., etc.
ix bureaux de l’Argus, 14,
» lit 5,000 journaus
hangements d’adresses,
s abonnés de nous en:
niere bande du journal
te de O fr. «O en tim-
| Précéd.
clôture
VALEURS |
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ES DROITS DE L’HOM
ABONNEMENTS
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FRANCE CT ALGÉRIE
1 an ..
• mois
3 mois.
24
13
ÉTRANGER et union postale
1 an ...
6 mois.
3 mois.
35
18
10
La quatrième page des
DROITS DE L’HOMME
au x informations et aux
Dépêches de la Dernière
Heure.
III
Le journal madrilène, la Epoca, le plus
important des organes conservateurs es-
paznols, quelque chose comme les Débats
atinés du Figaro, regrettait récemment
ql e l’on eût abandonné le « plangran-
diose„du général Weyler : Cet ami des
1, mes avait, en effet, trouvé levéri-
AD moyen de paciner f’ile; apres rex-
termination totale de la population re-
belle, il eût été tout naturel de coloniser
à nouveau et d’exporter outre-mer plu-
sieurs milliers de Castillans très fidèles à
la métropole.
Le merveilleux système de la reconcen-
tration était destiné spécialement à dé
truire les femmes, les enfants et les
vieillards. Quant aux hommes valides qui
tenaient la campagne, ils furent traités
dans cefte guerre atroce, selon les lois de
de la plus pure chevalerie espagnole.
Dès le début des opérations, le général
cubain Maximo Gomez, dans une circu
laire datée de Camaguey, avait déclaré
qu'il entendait lutter à armes courtoises,
même contre les pires ennemis de sa
race. Article 1 er . — Tous les prisonniers
faits par les troupes de la République se
raient libérés et renvoyés, sauf s’ils mani-
(estaient le désir de servir dans l’armée
de libération. Tous les blessés seraient
soignés et traités avec les plus grands
égards. Article 3. — Les officiers pris se-
rlient respectés et considérés selon leur
grade et la bravoure qu’ils auraient
montrée dans la bataille. Ils seraient, sur
leur désir, renvoyés à leur corps. Article
k— Ceux qui voudraient se joindre a
/rmée de libération auraient le choix
entre un grade militaire ou une fonction
Des circulaires ultérieures punissaient
de mort tout attentat commis sur une
femme par les soldats cubains.
Et ces circulaires furent exécutées lit-
téralement; à Peralego, à Camaguey, à
Balamo, Rego et Maceo renvoyèrent à
M Hinez Campos les hommes et les offi-
ciers faits prisonniers. Maceo même
adressa à son adversaire la lettre sui
vante ;
« Monsieur le maréchal,
n Désirant que les blessés abandonnés
par vos troupes sur le champ de bataille
ne périssent pas à cause du manque de
secours, j’ai ordonné qu’ils soient con
duits chez les familles cubaines habitant
pi ' de l’endroit où le combat a eu lieu,
jusqu’à ce que vous les envoyiez cher-
cher. Bien entendu, les forces qui vien
dront à cet effet ne seront pas attaquées
par celle que je commande.
» Antonio Maceo. »
Pour un mulâtre, Maceo faisait preuve
d’une grandeur d’âme absolument étran- <
"veaux loyaux officiers de notre sœur
latine, pour parler la langue de Mille-
voye et de quelques autres cacographes.
Les ordres laissés par les généraux espa-
gnols étaient : 1° de fusilier sommaire-
ment quiconque essaierait de porter des
cemédes aux insurgés; 2° de fusiller
sommairement tous les officiers cubains
qui seraient pris les armes à la main.
Les hôpitaux mêmes ne furent pas res-
pectés. A Gran Piedra, soixante-dix
blessés en traitement furent massacrés,
leux cents à Paso Real, province de Pinar
el Rio. A Artemisia, ou les dames de la
Croix-Blanche soignaient dans deux mai-
sons séparées les blessés espagnols et les
blessés cubains, le général Suarez Inclan
magnanimité de faire bombarder
hopital cubain, alors que les insurgés,
Plusieurs fois maîtres de la vilit, n‘a-
vaient jamais touché à l’hôpital espa-
guol.
La conduite des troupes de l’ordre,
quand elles entraient dans un village
sans défense, se conformait à l'héroïsme
des chefs. On ne manquait pas de pilier
dabord; à Managua, par exemple, tandis
que des mains expertes dévalisaient une
maison riche, le propriétaire s’écria: «Je
"ose pas me plaindre, ce sont des offi-
ciers. » Puis on fusillait pèle mêle hom-
mes, enfants et femmes, congrûment vio-
ees au préalable. A Jiquiabo, un régi-
ment commandé par le colonel Melquizo,
Alicier galant, avait épargné, pour en
a son caprice, les femmes de l’en-
Troit. Elles allèrent se plaindre au colo-
ddètre perpétuellement outragées:
" est impossible, répliqua le soudard.
loyale Espagnole ne peut rien refuser
"" soldat espagnol, et je suppose que
F emmes de Jiquiabo sont de loyales
Pagnoles. » re ll es qui s’obstinèrent à
duquer de loyalisme — loyalisme dan-
Sereux d’ailleurs, car il Y a soixante-dix
yr cent de syphilitiques dans cette
osante armée— étaient fusillées ou
‘8 es au suicide, comme Maria Gar
Ordre ot progrès par la Révolution Française
RÉDACTION ET ADMINISTRATION :
muza, que deux soldats essayaient de
violenter.
Je ne sais rien de plus tragique que les
notes prises, jour par jour, par le Rév-
Diaz, délégué de la Croix Blanche, aux
quelles j’empruute ces détails. (Condition
of affairs in Cuba. Enquête faite par le
Sénat américain). Je détache du carnet
sanglant quelques feuillets caractéris
tiques. :
22 février 1896. — A Punta-Braba, les
insurgés s’étant retirés, les Espagnols
prennent le village; ils fusillent dans les
rues les gens sans armes; puis attachent
deux par deux dix-sept personnes, dont
un enfant de dix-sept ans, et fusillent le
tout.
13 Mars. — A la Havane même, au
coin de la rue Reina et de la rue Aguila,
je trouve un homme percé de soixante-
et-onze coups de baïonnette dans la tête
et plusieurs dans les yeux ; plus quatre
coups de machéte dans la tête; le crâne
est broyé et les coups ont été portés avec
tant de fureur que la pointe des baïon
nettes a marqué dans le trottoir après
avoir traversé le corps du malheureux.
Cet homme sans
été tué par
deux soldats au moment où il marchan
dait des vêtements, dans une boutique
de confections.
13 mars. — A Caïmito, je vais voir deux
enfants, l’un de 3 mois, l’autre d’un an
et demi, blessés par des balles dans les
bras de leur mère, fusillée par les Espa
gnols.
8 avril. — A Campo Florida, quatorze
hommes fusillés, dont deux enfants de
quatorze ans.
9 avril. — Quatre.
15 avril. — Entre Campo Florida et
Felicia, dix.
15 avril.— Entre Guanabacoa etBacua-
nao, cin p
Eu quinze jours, plus de cent hommes,
tous non combattants, furent fusillés
ainsi dans un rayon de dix kilomètres
autour de la Havane.
Tels sont les exploits ordinaires et quo
tidiens des hidalgos qu’Arthur Meyer et
Ernest Judet révèrent à l’égal de Roland,
d’Amadis et de Galaor ; et ils n’ont pas
assez de paroles pitoyables ou lauda
tives pour le petit peuple héroïque, vic
time d’une lâche agression américaine.
M est avis qu’ils intervertissent les rôles :
les plus faibles, ce ne sont pas les Espa
gnols, ce sont les Cubains et nous crie
rons si fort leur long et douloureux mar
tyre que les oreilles des pires brutes, des
plus fangeux sacristains, des plus sau
vages vivelarmés finiront bien par enten
dre notre clameur, dût-elle leur être in
supportable.
PIERRE QUILLARD.
Les DROITS DE LHOMME publie-
rent demain un article de
LAURENVT TAILHADE
Le Chacal du Quai ÜOrsay
— Richelieu fut un^ion; vous,Hanotaux,
vous êtes un chacal. Votre maître a tué,
massacré, mais fut superbe; vous Hano-
taux vous reniflez les morts, vous vous
étendez sur les cadavres et vous êtes im
monde.
Hanotaux ne se fâcha pas de cette dé
claration. Hanotaux est d ailleurs payé
pour rester impassible . le sultan le dé-
dommdffe par des plaques et d s crachats
An désagrément d'être traité d'assassin et
le beau monde le console par de savantes
courbettes du mépris que lui prodiguent
les honnêtes gens.
Hanotaux haussa simplement les épau
les et proféra dans un sourire.
— Vous me répétez, (tour mon attitude
dans l'affaire Dreyfus, ce que les radi
caux m'avaient d fa dit pour mon atti
tude dans l'affaire arm-nienne. Ce sont
de vagues injures, toujours les mêmes,
que les partis se ri-passent.
Je répondis à Hanotaux avec une égale
bienveillance :
— Si tous les partis vous jugent de la
même façon, c'est que vous fûtes égale
ment, malfaisant à tous et que vous leur
inspirez à tous le même dégoût.
Hanotaux, comme s'il avait lu dans
ma pensée, répliqua :
— l'oyons! pouvais-je sauver un petit
capita : ne juif après avoir laissé massa
cre/' trois cent mill 'chrétiens, sans m'en
tendre accuser d'être ven lu au Syndicat?
Chaque jour vous venez me corner aux
oreilles que je s iis Dreyfus innocent, que
je possède d-puis trois ans l'irréfutable
preuve d'une erreur judiciaire. Oui, c'est
vrai. Tous entendez bien: c'est vrai.
J'en conviens solennellement pour vous
éviter la peine de le répéter. Et apres?
Que demain j-montre ces preuves chacun
s'écriera: « Que vient il s- mêler de sau
ver un Juif, lui qui n'a pas même essayé
de sauver un Arménien. » Et on me de •
m ind 'ca combien j’ai touché...
J u b^at d'un instant, Hanotaux aj >ut 1
presque triste:
— Ah! la diplomatie a,
guerre, des nécessita
nous tant laisser un
cru lies
comme la
. Là bas, il
' ommc massacrer
tout un peuple et, ici, tout en peuple
ruer à l'égorgement d'un homme
— Cher mini tre, répondis-je
save
vou-c-que dirait (ourtrline s'il vo’s
entend dt parler : « Vous êtes un char d ;
n
LE PIC
Les annonces sont reçues chez MN. Lagrange, Cerf et Cl
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LES MANUSCRITS NON INSÉRÉS NE SONT PAS RENDUS
TÉLÉPHONE N» ‘01.87
AUJOURD’HUI
LEUR BESOGNE
M. Judet, à qui le spectacle de la belle
vie de Marinoni inspire les plus nobles
sentiments et qui trouve dans la famille
de son directeur un merveilleux exem
ple de respectabilité, est vigoureusement
intervenu, il y a quelques jours, dans
nos polémiques. Il ne pouvait plus long
temps supporter le scandale de voir un
homme tel que Zola élevant la voix pour
apprendre au pays que la justice est sa
crée.
— Zola,s’est-il écrié,a une tare,non point
qu’il ait lui-même commis une action
déshonnête, mais son père a volé. A la
vérité, je ne sais pas au juste quand, je ne
sais pas au juste quoi, je ne sais pas où
au juste. Peu importe. Il a volé, étant
officier. Paul Belon, qui est adroit, a
même découvert un général octogénaire
prêt à le certifier, à la condition qu’on ne
précise pas trop les circonstances de temps
ni de lieu, car la mémoire de ce vieillard
s’embrouille. Il est donc évident aujour
d’hui que c’est parce François Zola a volé
que M. Emile Zola croit à l’innocence du
capitaine Dreyfus. La force de ce raison
nement frappera tous les esprits.
Elle les a frappés, en effet... de stu
peur. Voici donc où nous en sommes
venus ! Des hommes dont c’est la tâche
et l’honneur d’enseigner la vérité, de
faire la lumière, d’élever l’âme du peu
ple, professent que la faute du père doit
accabler le fils et que les eufants sont
disqualifiés par les faiblesses des aïeux !
Ce matin, dans l’Aurore, Emile Zola
répond à ces viles calomnies par un ar
ticle que nous reproduisons, tout fré
missant d’indignation pour l’outrage et
de douleur pour l’injustice. Ce que fut
réellement François Zola, qu’il connût à
peine, mais dont sa mère lui apprit le
culte, c'est lui qui le dira. Personne
parmi nous n’aura la pensée de lui ap
porter un concours qu’il rejetterait. C‘
‘est
sa querelle. Mais, au nom de l’humanité
outragée, nous avons le droit de protes
ter contre de telles infamies, de flétrir
les gens qui les font, d’en appeler à la
conscience publique.
Et puis, j’admets les faits vrais, j’ad
mets que les vivants ne suffisent pas à
l’ardeur, parfois à la férocité de nos po
lémiques, j'admets qu’on ait le droit d’al
ler déranger les morts, de souiller les
souvenirs pieux qu’ils laissèrent, de ren
verser les autelsque leur éleva l’amour de
ceux qu’ils aimèrent, que prétend-t-on
prouver ainsi ?
La question qui nous divise et nous
fait tellement ennemis que la guerre ci
vile, avec toutes ses atroces représailles,
est dans les âmes déjà, cette question est
simple. Elle se formule ainsi : le capitaine
Dreyfus est-il innocent ou coupable? Ou,
si l’on veut l’exprimer d’une façon plus
générale: est-il désirable que la justice
soit droite, égale pour tous?
Or, quelle lumière apporterait l’indi
gnité de François Zola? On peut tirer ar
gument de l’immoralité d’un homme
contre ses opinions, mais le peut-on éga
lement de la faute du père contre l’opi
nion du fils et aussi contre l’opinion des
groupes d’hommes dont le fils est le porte-
parole ?
Ceux-là même ne le croient pas qui le
disent, car ils ne se font pas d’illusions
dans leur besogne misérable ; mais ils
sont condamnés à aller jusqu’au bout,
condamnés par l’indignité même de la
cause qu’ils soutiennent. Pour défendre
le commandant Esterhazy, il était néces
saire que M. Judet s’offrit, et que le jour
nal de M. Marinoni ouvrit ses colonnes,
et que l’on commît une infamie puis
qu’on voulait en couvrir une. Nous
attendons maintenant celle de demain.
Elle viendra, elle est inévitable. Mais, au
mes politiques être, par là-dessus, manu-
facturiers, commerçants , entrepreneurs,
hommes d’affaires. Mais ils ne s’aident pas
de la politique pour faire prospérer leur in
dustrie. Ou plutôt les choses sont arrangées
de telle sorte qu’un industriel ne tire pas
profit d’entrer dans la politique. En France,
l’institution des monopoles, l’ingérance de
l’État, mettent à la discrétion de la politique
maintes grandes industries. Quand on se
chamaille à la Chambre sur la prédominance
des croiseurs ou des gros cuirassés, soyez
sûrs qu'il n’y a en cause que des intérêts de
grands constructeurs navals.
Si 1 adoption d’un projet de Métropolitain
prend quinze ans de délibération, c’est que
le monopole d’une compagnie d’omnibus
permet de distribuer des pots-de-vin à des
conseillers municipaux. Ainsi la politique et
les affaires sont liées. Et vous n’aurez pas
une concession de terre coloniale si vous
ne teaez pas à un ministre par la politique.
Les Anglais savent cela. C’est pourquoi
ils méprisent tous nos gouvernants en bloc.
Nous n’avons pas de Gladstone à leur oppo
ser. Que de fois me suis-je entendu dire par
des Londoniens cultivés... « Vos ministres,
comment les prendrions-nous au sérieux >
Ils ne songent qu’à faire leur pelote. Nous
n’admirons que davantage la France de ré
sister à ces suçoirs. * Les Anglais appré
cient tout de nous : nos fruits et nos lé
gumes, notre esprit, nos chefs-d’œuvres ar
tistiques et industriels, tout excepté ces
politiciens qui vont arriver après-demain les
dents longues.
En lisant les articles des journaux an
glais sur Gladstone, je n’ai pas été si fier
que cela d'être Français. Et pourtant je suis
patriote autant que quiconque. Mais il y a
un patriotisme qui consiste à s’enorgueillir
même des généraux honteusement battus
en 1870. Et un autre patriotisme qui con
siste à tâcher de voir ses propres vices
pour se les arracher s'il y a un moyen.
Sommes-nous dignes d’avoir un Gladstone ?
Ou plutôt, méritons-nous un ministre qui,
aussitôt ministre, prend maîtresse à la Comé
die-Française, par ce queeela pose, délaisse sa
femme et finit par des compromissions afin
de payer des notes de couturier ? Tout se
tient : les mœurs publiques ne sont que le
reflet des mœurs privées. Et l’Angleterre ne
compterait pas tant d’hommes d’Etat désin
téressés si elle ne comptait pas, dans la
famille, ses vertus, dont l’exagération peut
faire sourire, mais qui n’en sont pas moins
la base de la meilleure des politiques!
ÉDOUARD CONTE.
LE DOSSIER DRUMONT
XIII
Insultes aux Instituteurs
Savez-vous ce que M. le
directeur du Libre Jésuite,
nos vaillants instituteurs?
Que leur enseignement,
Père Drumont,
pense et dit de
renseignement
laïque est un CLOAQUE IMMONDE! (France
Juiva, II, 391.)
Savez-vous ce qu’il dit de Paul Bert, ce
bourreau des Jésuites, ce défenseur des
instituteurs français ?
Qu'auprès de lui le Jésuite Escobar n'est
qu'un enfant ! — Qu’il est un drôle mal
propre, un salaud ! — Que son Manuel
est « antifrançais ! « (France Juive.)
Voilà nos instituteurs prévenus. Il est
vrai qu’ils sont assez intelligents pour ne
pas confondre un Jésuite avec un Français,
et assez nobles de cœur pour mépriser ces
basses insultes!
Cloaque immonde !
ENVERS ET CONTRE TOUS
lieu d’assurer notre
notre victoire, car le
adversaires sera pour
cernent de la justice.
défaite, elle fera
dégoût pour nos
nous le commen-
PIERRE BERTRAND.
LIBRES PROPOS
POUR LES POLITICIENS
Gladstone meurt. Lisez les journaux an
glais. Pas un qui insinue que le mort a fait
sa fortune dans les affaires. Devant une lon
gue vie remplie par la passion du bien pu
blic, la haine de parti ravale ses injures. En
France, les adversaires d’un homme politi
que qui vient de mourir ne sont pas si rete
nus. Ils écrivent que le défunt était un vo
leur, un gredin et un lâche.
Ce sont des propos un peu vifs. Le mal
heur est qu'ils sont le plus souvent justifiés.
Thiers a montré du bon sens, de l’esprit po
litique, de la clairvoyance. Mais il entra
pauvre dans la politique ; il en est sorti ave:
une fortune estimée à dix-sept millions. Ce
n’est pas ci épargnant sur son traitement
qu’on amasse tant de bien.
C’est que la corruption n'est nulle part
admise autant qu’en France. La preuve
qu’elle est admise, c’est que, des l’instant
quelle ne fait plus de doute, l’homme, au
lieu de voir décroître sa considération, son
influence, reste à niveau, se voit salué par
le même nombre de chapeaux.
C’est, en outre, que la politique et les
affaires sont chez nous incroyablement
mêlées. En Angleterre, on voit des hom-
HOMMAGE A ZOLA
Tandis que l’exécrable baderne exhumée
par la maison Judet, Marinoni et Cie, tandis
que le général de police Loverdo excrète sur
la mémoire de François Zola ses déjections
séniles, les écrivains de France et de Belgique
fraternisent derechef en un hommage à l’au-
tcur des Rougon.
Le journal de Vervoort gazouille, à ce pro
pos, et rit dans sa friture. S’appeler Mécislas
Golberg semble au parangon des beaux-frères
une énormité ! Lui, Vervoort, ne consen
tirait jamais à exhiber un nom si flamingant
Quant au poète Vandeputte, il exhilare jus
qu’à la flattuosité le vieux père Meunier qui,
gâteux à présent, et jadis chroniqueur scien
tifique, n entendit jamais rien aux sciences ni
à l’art des chroniques. Vandeputte! se peut-il,
monsieur, que l’on se nomme Vandeputte ! La
rédaction du Jour s’en tient les arêtes et bati
fole à écailles déboutonnées.
Ce monde-là dénie à Mécislas Golberg, à
Vandeputte, à Rodenbach aussi, je pense — le
droit de saluer un écrivain qui porta si haut
la gloire des lettres françaises ; d’exalter celui
qui, en ces jours d’ignominieuse lâehcté, fait
paraître une grandeur stoïque, une vertu su
prême nous venge, nous instruit et nous con
sole.
D’autres ont dit ici même combien T Hom
mage à Zola, dont MM. Vandeputte et Gol
berg furent les promoteurs, a trouvé d’adhé
sions parmi nous. Lucien Descaves, Mirbeau,
tant d’écrivains probes et magnifiques, don
nèrent une page au livre de Zola, que la
France tout entière, la France des artistes, et
non des saltimbanques, y figure majestueuse
ment représentée.
Mais il est peut-être bon d’enseigner aux
plaisantins du Jour que M. Vandeputte est
un poète délicat, d’une élégance très person-
elle, de qui les poèmes constituent pour
la langue française un acquêt précieux, autre
ment honorable que les vers faux de Dérou-
lede, que les borborygmes sentimento-patrio-
tiques de Coppée.
Mécislas Golberg, lui, s’élève au héros. Il
fait partie de ces hommes qui, selon un mot
de Cham fort sont les « saints des honnêtes
Ni l’adversité, ni la misère, ni l’infâme exil dé
crété par ce méchant petit roquet de Barthou
contre un penseur dont il n’est pas digne de
lécher les semelles, n’ont abattu le courage de
Mécislas Golberg.
Qu'importe les contingences de la vie à
celui qui porte un monde ? Golberg, pour
ses débuts (il n'avait pas encore vingt-cinq
ans), présenta au congrès de sociologie un
Mémoire sur les races humaines lequel eut cet
honneur d’être discuté par Tarde et Manou
vrier. Depuis, il résuma dans son admirable
épopée de Lazare toutes les douleurs, toutes
les espérances de notre monde agonisant.
Proscrit, chassé loin de nous, il a repris, là-
bas, son existence de labeur et de pauvreté
digne, entassant les œuvres, les idées.
Et si, pour un moment, il se détourne des
lâches entreprises, c’est que le geste sublime
de Zola, sans distinction d’écoles, a ravi tous
les cœurs généreux. Ce n’est pas la moindre
récompense du Maître que d’avoir ainsi gagné
les suffrages de Golberg.
Voilà l'homme dont se gausse l’alevin du
bel André. Dans La Fontaine, un rieur cause
avec les gros poissons. Mais chez Vervoort,
les rôles sont intervertis. C’est le menu fretin
qui bouffonne et tient l’emploi de bateleur.
LAURENT TAILHADE
sauront comprendre cela, et reconnaître
que notre patriotisme, à nous, s’inspire
d'une haute philosophie humanitaire, ce-
pendant que le leur ne s’alimente que de
phrases toutes faites, de conventions bêtes
et de duperie traditionnelle f
Hélas! il n'y faut point compter.
Ils resteront, eux, les patriotes bon teint,
garantis sur facture et immatriculés devant
la sottise des foules, — cependant que nous
resterons, nous, les cosmoplites, les sans-
patrie, les traîtres!
Ali! doux pays...
MON PERE
L’Effondrement de M. Thébaud
M. Georges Thiébaud qui, en dépit j
d’une campagne extravagante de vio. j
lences, d’injures, d’affiches et de jour- !
naux,a été outrageusement battu diman- 1
che, dans
tras, s’est
son échec
politique.
la circonscription de Carpen-
lui-même complu à donner à
piteux toute son importance
Nous reviendrons sur les manifestes,
proclamations, discours et articles du
« grand leader nationaliste ». La littéra
ture électorale de M. Georges Thiébaud
est trop gaie pour que nous ne permet
tions pas à nos lecteurs d'en goûter la sa
veur. ' t
Aujourd’hui, nous ne voulons délacher
que ce morceau délicieux da suprême ap
pel de M. Thiébaud à la veille du scrutin.
Citoyens de la République agricole,
l’heure est grave et, je vous en conjure,
réfléchissez au vote que vous allez émettre.
Nous ne sommes rien, nous autres; mais
la France traverse une crise, qui donne
présentement à nos chétives personnes une
importance circonstancielle.
Prenez garde! Voilà bientôt six mois que
nous luttons sans trêve pour préserver no
tre pays des fléaux qui le menacent. Nous
savons ce qu'il en est et quelles seront les
conséquences qu’on tirera contre la patrie
de la bataille qui se livre ici.
L’élection de Carpentras est la plus grave
de France, après celle de Drumont qui,
traité de clérical et de réactionnaire, lui
aussi, a vu cependant venir à lui 12,000 ré
publicains intransigeants d’Alger, qui ont
compris la gravité de la situation!
Que les républicains, abusés par des ca
lomnies, reviennent donc de leur erreur et
qu’ils m'estiment comme ils m'estimaient
au début de cette campagne.
« La République agricole » est une in
vention merveilleuse. Les citoyens de cette
République se trouvent tous, par hasard,
appartenir aux groupements des anciens
partis. Et, quoique l’élection de Carpen
tras fut « la plus grave de France », les
démocrates, les hommes de progrès, de
civilisation, de justice ont infligé une
minorité de plus de quinze cents voix à
M. Georges Thiébaud.
Ce n’est pas un échec, c’est un effondre
ment.
1. BRETON.
Le Sultan et les Arméniens
Nous savons de source certaine que des
négociations ont été engagées et se sont
poursuivies depuis plus de six moisentre
le gouvernement turc et le comité central
révolutionnaire arménien de Paris. Il
semble que les promesses faites au nom
du Sultan ne seront pas plus tenues que
les précédentes promesses, auquel cas le
comité renoncerait, en présence d’une
telle mauvaise foi, à tout projet d’en
tente et reprendrait une attitude stricte
ment révolutionnaire , et il publierait
d’ici peu toute la correspondance échan
gée à ce sujet.
On lit dans l’Aurore :
Il s’est trouvé des âmes basses, dTm-
mondes insulteurs, dans la guerre effroya
ble de guet-apens qui m’est faite, parce
que j’ai simplement voulu la vérité et la
justice, il s’est trouvé des violateurs de
sépulture pour aller arracher mon père
à la tombe honorée où il dormait depuis
• cinquante ans.
• On me hurle, parmi un flot de boue :
« Votre père était un voleur. » Et l’on
[ trouve un vieillard de quatre-vingts ans
| passés qui cherche des injures et des ou
trage-'dans les tremblants souvenirs de
sa treizième année, pour raconter que
mon pere était un parasite et qu’il avait
commis toutes les fautes. Ce vieillard n’a
qu'une excusa : il croit défendre le dra
peau, il aide sa mémoire sénile pour ter
rasser en m i le traître. Ah! le pauvre
homme. Ah ! la mauvaise action dont on
lui a fait salir sa vieillesse !
Ces choses se seraient passées vers 1830.
Je les ignore. Mais comment veut-on que
j’accepte pour vrais des faits apportés de
la sorte par des gens qui, depuis des
mois, combattent pour le mensonge avec
tant d’impudence ?
Je veux répondre tout de suite, dire ce
que je sais, mettre debout sous la pleine
lumière le François Zola, le père adoré,
noble et grand, tel que les miens et moi
l’avons connu.
C’est en 1839 seulement que mon père
épousa ma mère, à Paris : un mariage
d’amour, une rencontre à la sortie d’une
église, une jeune fille épousée pour sa
beauté et pour son charme. Je naissais
l’année suivante; et, à peine âgé de sept
ans, je me revois derrière le corps de mon
père, l’accompagnant au cimetière, au
milieu du deuil respectueux de toute une
ville. C’est à peine si j'ai d’autres souve
nirs de lui ; mon père passe comme une
ombre dans les lointains souvenirs dénia
petite enfance. Et je n’ai eu, pour le res
pecter, pour l’aimer, que le culte que lui
avait gardé ma mère, qui continuait à
l’adorer comme un dieu de bonté et de
délivrance.
Aujourd’hui donc, on m’apprend ceci :
« Votre père était un voleur. » Ma mère
ne me l’a jamais dit, et il est heureux
qu’elle soit morte pour qu’on ne lui
donne pas cette nouvelle, à elle aussi.
Elle ne connaissait du passé de l’homme
qu’elle adorait que des choses belles et
dignes. Elle lisait les lettres qu’il rece-
vat de sa nombreuse parenté en Italie,
lettres que je dois avoir encore, et elle y
trouvait seulement l’admiration et la
tendresse que les siens gardaient pour
lui. Elle savait la vraie histoire de sa vie,
elle assistait à son effort de travail, à
l’énergie qu’il déployait pour le bien de
sa patrie d’adoption. Et jamais, je le ré
pète, je n’ai entendu sortir de sa bouche
que des paroles de fierté et d’amour.
C’est dans cette religion que j’ai été
élevé. Et au François Zola de 1830, le
prétendu coupable que personne des
nôtres n’a connu, qu’on s’efforce de salir
d’une façon infâme, uniquement pour
me salir moi-même, je ne puis aujour
d’hui qu’opposer le François Zola tel que
notre famille, tel que toute la Provence
l’a connu, dès 1833, époque à laquelle il
est venu se fixer à Marseille.
P. Q.
On nous reproche volontiers de n’être
point patriotes, d’être cosmopolite', et c’est
au nom de cette Patrie, — (pic Lucien
Millevoye adore saignante, — (pie chaque
jour ou outrage les défenseurs de la vérité
et de la justice.
Il paraît même, — qui l’eût cru ? — que
si Henri Rochefort et Gérault Richard se
rencontreront en champ-clos, le qualifiable
André Vervoort l'affirme : c’est à cause de
u l’idée de patrie et l’indignation contre les
« traitres opposés à ‘internationalisme. »
Le vaillant rédacteur en chef de la T'Ute
République répond a ce reproche inepte
et saugrenu par cette déclaration qui vaut
d’être retenue :
Nous sommes internationalistes, ave- la Ré
volution Française, pour les prolétaires oppri
més contre les oppresseurs.
Noua ne commettons point Job mr litr de ni-r
ritb-e de patrie; nous servons c die-ci di notre
mieux et noua la défendrons 7 land il 1 ■ (ni Ira ;
nous haïssons les traîtres, tous les traîtres
depuis les maréchaux de France, ch fs d’Ètat-
Major ou autres galonnés, empereurs ou rois,
ministres ou fonctionnaires qui livrent leur
pays à l’ennemi, jusques y compris les rené
gats de la démocratie, les p injures a leur foi
politique.
Bravo, Gérault-Richar I !
Mais peut-on espérer (pie les épileptiques
du chauvinisme morbide qui, en cet ins-
taut, sévit sur faut de cervelles malades.
François Zola, dont le pere et le grand,
père avaient servi la république de Venise
comme capitaines, fut lui-même lieute
nant, à l'âge de vingt trois ans. Il était
né en 1795, et j’ai sous les yeux un vo
lume italien, portant la date de 1818, un
Traité de nivellement topographique,
qu’il publia à Padoue et qui est signé
« Dot tore in matematica Francesco Zola,
luogotenente ».
Il servit, je crois, sous les ordres du
prince Eugène. Le malheur est que, dans
l affreuse bousculade où je suis, je cher
che avec angoisse depuis deux jours,
parmi mes papiers de famille, des docu
ments, des journaux de l’époque, que je
ne puis retrouver. Mais je les retrouverai,
et les dates précises, et les faits précis,
seront donnés. En attendant, ce n’est ici
que ce que je sais de mémoire : l’obliga
tion où lut mon père de quitter l’Italie,
au milieu des bouleversements politiques;
son séjour en Autriche, où il travailla à
la première ligne ferrée qui fut construite
en Europe, période de sa vie sur laquelle
les documents les plus complets m’ont
été récemment promis; les quelques an
nées qu’il passa en Algérie, capitaine
d'habillement dans la Légion étrangère,
à la solde de la France; enfin son instal-
lation à Marseille, comme ingénieur civil,
en 1833.
C’est ici que je le reprends, hanté d’un
grand proiet. A cette époque, la ville de
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