Titre : Les Droits de l'homme / fondateur Henri Deloncle
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1898-03-15
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32759074m
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Description : 15 mars 1898 15 mars 1898
Description : 1898/03/15 (A1,N69). 1898/03/15 (A1,N69).
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k6817256n
Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, GR FOL-LC2-5700
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 02/05/2016
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PREMIERE ANNEE —r 69
Le Numéro: CIIT9 centimes
MARDI 15 MARS 1838
DU BOULONNAIS
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le 11, à M. James Moore.
DE LA PICARDIE
HASE. — HANDICAP
Météore
Métempsycose
Armagnac ....
... G Queltehou ....
... 5 Pan
...G Berry
... à Drury Lane ...
... 4 L’Aurore II ...
... 5
... à Mahonia
... 4 Eclair II
... 4 Bel la
... 5 Alvarez
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... 4 Sampa
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RÉDACTION ET ADMINISTRATION
8 — Boulevard Montmartre — 8
Les annonces sont reçues chez MX. (h. Lagrange, Cerf et
C, Place de la Bourse 6, et aux Bureaux du Journal
TÉLÉPHONE N* 101.87
La quatrième page des
DROITS DE L’HOMME
est spécialementconsacrée aux
Informations et aux Dépêches
de la Dernière Heure.
Le gouvernement, à la suite d’une
campagne de presse généreuse, menée
parles mêmes hommes qui ont réclamé
et ne cesseront de réclamer la révision
du procès de l’honorable capitaine Drey-
fus,— car la justice ne reconnaît ni race,
ni parti —, a dû gracier Cyvoct. Mais la
grâce n'est qu'une demi-mesure, dont
nous ne saurions nous satisfaire. La ré
paration d’une sentence inique doit être
complète et éclatante. A un homme qui
a subi quinze années de bagne pour un
JC
ne qu’il n’a pas commis, il est ridicu-
ut honteux de dire : « Maintenant,
e pardonne les torts que j’eus contre
On sait que Cyvoct est candidat aux
élections législatives dans le treizième
arrondissement. Le Suffrage universel
aura donc une occasion unique d’affir-
nier sur son nom son amour et son res-
port pour les principes qui ont été vio-
lés Cerles, il ne saurait s’agir d'un vote
d'opinion, — nous nous séparons, pour
notre part, et d'une façon absolue, de
celles que professait Cyvoct, — mais
d’un vote de protestation.
En mettant le nom de ce forçat dans
l’urne, les électeurs libres de Paris n’en-
tendront point adhérer aux idées qu’il
préc onis 1 jadis,avec la fougue irréfléchie
de ses vingt ans, et dont on peut espérer
qu’il est revenu. Ils affirmeront seule
ment le droit imprescriptible de tous les
hommes d'être exactement jugés, jugés
selon leurs actes et non selon leurs pen-
conscience humaine doit rester un
inviolable, fermé à toutes les inqui-
iH.aux inquisitions politiques comme
inquisitions religieuses. Voilà ce
faut dire sans se lasser, partout,
urs, quelles que soient les person-
n uilcs engagées.
Cyvoct, cependant, n'est pas la seule
victime de ce régime de terreur que l’on
fit un moment régner sur le pays. D’au-
tres, qui furent condamnés dans les té-
nëbres, expient encore au bagne, non
point des attentats, mais des états dame.
Engagés dans ce mouvement anarchiste,
qui a eu tous les affreux caractères d'une
convulsion sociale, ils ont pensé folle-
ment, croyant penser librement, et pensé
tout h iut pour affirmer leur fanatisme.
Or, de cette faute, on les a punis comme
d’un forfait. Il est grand temps que cette
injustice aussi soit réparée.
Quelles que soient les apparences, pour
quiconque sait voir, l'anarchie d'hier n'a
jamais fait courir à notre pays d’aussi
grands dangers que l’antisémilisme d’au
jourd’hui : et. puisque, même contre les
bandes des Guérin et des Régis, nous ne
demandons pas, nousne demanderons ja-
mais des mesures dont la conscience
universelle pût être froissée, nous som-
mc
pri
fort à l'aise pour en appeler de l’os-
de violence à l'esprit d'équité.
Ce serait évidemment trop demander
i i i Chambre servile, dont l'agonie sou
lève le pays de dégoût, que de lui de-
mander pour son rachat de prendre l’ini-
tiative de l’amnistie due à tant de
malheureux. Elle ne pour
fait, garoll
est honnête
demander ;
} par l'effroi de
t, ni n’ose-
tout ce qui
. Ce serait évidemment trop
aussi au ministère. Il ne se
maintient au pouvoir, il en a fait l’aveu,
que grâce à la complicité d’hommes qui
S elTrayer tient d'une mesure de justice
comme d’un scandale.
Mais, au-dessus du parlement et du
gouvernement, il reste en ce pays une
puissance qui les dépasse et peut leur
imposer ses volontés. Nous voulons par-
lerde l'Opinion Publique.
C'est donc à elle que nous nous adres-
sons aujourd’hui.
S: elle se reprend,— car on l‘a cynique-
ment trompée au cours des semaines
douloureuses qui viennent de s'écouler;
—sielle se manifeste,—caron aétoufésa
voix par des clameurs de provocation ; —
sielle ose,—car elle a trop écouté les con-
seils de la peur quand l'action était né-
cessiire à son propre salut,— elle peut
faire demain une grande chose, accom-
lu un acte dont le retentissement sera Si la cause n’est pas entendue après ce
| démenti infligé par un des leaders les plus
autorisés de la réaction à ses complices du
cabinet, c’est que la France veut être
sourde.
profond, apaiser les maux présents,
préparer un avenir meilleur en pacifiant
les esprits irrités, restaurer enfin le res
pect de la justice.
Car l’amnistie aurait tous ses résul
tats.
Peut-être même en aurait-elle d’autres
encore, plus larges.
L’appétit du bien vient aux gens de
bien; et les actes de cette nature ont des
répercussions profondes.
Si le peuple, dans sa force, dans sa
souveraineté, impose une fois sa volonté
d’être pitoyable aux égarés, bon envers
les malheureux, juste pour tous, ce sera
en vain que l’on voudra plus tard le re
tourner contre ceux qu’il protégea. Leur
cause sera devenue la sienne, et ce pro
grès sera fixé pour l’éternité.
Nous demandons l’amnistie.
PIERRE BERTRAND.
Les Droits de l'Homme publieront
demain un article M. JFAN AJLEERT
A LA NOUVELLE
En 1900. Les ombres de la nuit descen
dent lentement sur un plateau calciné de la
Nouvelle-Calédonie. Au signal qui annonce
la fin du supplice quotidien, trois forçats
attachés à la même chaîne, s'affaissent lour
dement sur le sol. Ils sont hâves, déchar
nés, sinistres, et il faudrait un œil vraiment
bien exercé pour reconnaître en ces trois
fantômes, le colonel Picquart, le député
Breton et Vex-bâtonnier Barboux.
Picquart. — Ah ! cruelle destine !
Breton. — O sort injuste
Barboux. — O supplices immérités !
Breton. — Mais qu’avons-nous donc fait?
qu’on nous dise quel crime nous avons com
mis !
Vous Picquart, on peut comprendre à la
rigueur, que vous soyez au bagne, puisqu’on
vous dit protestant. Mais nous, des {catho
liques !
Barboux. — Oui ! quel crime avons-nous
commis ?...
Un jour, j’apprends qu'un officier de l‘E-
tat-Major s'apprête à remplir un tribunal
de soldats brutaux (pii doivent terroriser les
juges. Je m'indigne, je proteste contre un
pareil attentat...
Picquart. — Et moi qu'on avait chargé
de découvrir et de signaler les traîtres, j'en
ai surpris un vendant des documents à l’AI-
lema
Je l’ai dénoncé... Je croyais
Breton.— Je vous conseille de vous plain-
c, vous autres ! Que dirais-je alors, moi?
Un jour ou
pour mon si
ché honteux
vient m offrir 100,000 francs
100,000 francs, vous entendez
bien, je refuse 100,000 francs... Voilà où ça
m'a mené !
Barboux. — Et nous n’avons aucune grâce
Breton. — Ah ! Picquart, vous eûtes bien
dû prévoir qu’il
iverait, celui-là, avec son
hautes protections.
Barboux. — Grimaux, qu'on a débarqué
hier, m'a donné des nouvelles : Pellicux,
Gonse cl Henry sont maréchaux dei Empire
et chevaliers du St-Esprit; Boisdeffre, en-
du Patv de Clam est gouverneur de
Mever est intendant des Menus-Plaisirs, et
: ne pourriez-vous écrire a
Picquart. — Hélas non ! nous sommes en
trois condamnés retombent
LE PIC.
II PACT E nu u PKOITE
De la séance de samedi nous voulons
seulement retenir, pour l'édification de nos
lecteurs, l'aveu du président du conseil re-
hlifâ la politique de ralliement qu’il pra
tique avec un si beau mépris de son passé
républicain :
Ce mouvement de ralliement, a-t-il dit, il faut
l ien le comprendre, c est au contraire un mou-
vement en avant
? n’est pas un mouvement en
arrière (Applaudissements au centre. — Excla
mations à gauche . Gem qui y sont une fois
en in s seront obligés de lesuivre ; s’ilsessay tient
de ruser ou de trahir, ils seraient les premiers
broyés Nouveaux applaudissements sur les
mêmes bancs au centre.)
De ce'le déclaration il résulte que le ral
liement est un mouvement en avant. Tou
tefois, M. Mélino oublie d’ajouter que c’est
contre la République qu’il s’effectue.
Mais tous les droitiers n’ayant pas la bas
sesse d'âme de cacher leur drapeau, M. De-
nys Cochin est venu, au nom des hommes
honnêtes de son parti, rétablir la vérité et
préciser la situation.
Voici en quels termes il s’est exprimé :
il a été fort question aujourd'hui de deux lois,
la loi scolaire et la loi militaire, lois que nous
। éprouvons, lois contre lesquelles nous protes
tons (Applaudissements ironiques à l’extrême
gauche. — Très bien ! très bien ! à droite), lois
que nous combattons et avons combattues de
toutes nos forces; lois que nous espérons bien
voir tomber quand ce pays, las des entraîne
ments des majorités, aura recouvré le sens libé
ral. Car il vous plaît de les appeler intangibles;
mais le nom en vérité ne signifie pas grand
chose. Quelles sont les lois intangibles?
Sauvons ‘honneur île l’armée
On sait que les témoins du brave com
mandant Esterhazy avaient eu l’idée bizarre
et puissamment ridicule de constituer un
jury d'honneur pour y faire exécuter le
lieutenant-colonel Picquart par quelques
amis à eux.
Avec un amusant sans-gène et une phé
noménale inconscience ils avaient même,de
leur propre chef, désigné le président de
ce tribunal, afin d'être assurés que le ver
dict ne sciait pas moins inique que les
précédents.
Le Delegorgue de cette nouvelle aventure
devait être le général du Bessol.
Or, M. Léon Millot,dans un article publié
aujourd’hui par ‘Aurore, nous donne une
indication précieuse, qu il emprunte à la
Psychologie du militaire professionnel sur la
façon dont cet officier comprend la jus
tice.
Deux officiers, le médecin Boyer et le lieute
nant Rocas, ayant, en 1891, convaincu de vol et
de pédérastie un capitaine de l'armée d’Afrique,
le lieutenant fut, par ordre du général du Bes
sol, envoyé à Laghouat, en punition, et le capi
taine mis en demeure de faire valoir ses droits
à la retraite, ce qui fut fait. Le docteur Boyer
fut mis à la réforme pour faute contre la disci
pline — admirable pendant à l’affaire Picquart-
Esterhazy !
Et notre confrère ajoute que le général
du Bessol, éprouvant le besoin d'expliquer
son altitude, aurait dit à un médecin-major
du 2 e zouaves : « Le capitaine a commis des
indélicatesses et des actes répréhensibles
qu'on aurait étéheureuxdétoulleretque M.
Boyer a eu tort de vouloir mettre au jour ».
Vous voyez comme c’est simple et comme
il est facile de sauver l’honneur de l’armée
à peu de frais.
Il suffit presque toujours de condamner
un innocent, ou deux.
P. B.
LU (Tentative lit cOrrupton»
On se souvient du bruit fait dans la presse
par quelques journaux esterhaziens au su
jet d'une tentative de corruption qu’un Po-
lonnais en goguette attribuait MM. Mathieu
et Léon Drey tus, sur la personne de feu le
colonel Sandherr.
M. Bertulus, juge d’instruction, chargé
d'élucider celle affaire, a transmis dès hier,
son dossier au parquet : ses conclusions
tendent à un non-lieu.
Ainsi tombe cette ridicule histoire inven
tée de toutes pièces dans un intérêt qu’il
n’est pas difficile de deviner.
Me J.
LA VIE ART ISTIQUE
DESSINS DE CH. MILCENDEAU A LA GALERIE
DURAND RUEL
II faut aller voir cette exposition ou
an talent sincère se révèle. M. Milcen
deau, bien qu ayant exposé deux fois à
nos salons annuels, est peu connu du
public. Il est encore à l'aurore de sa vie
d'artiste. Les cinquante dessins réunis
chez Durand-Ruel montrent que M.
Milcendeau a. un sentiment juste et
personnel des êtres qu'il peint et une
science très sûre assouplie à sa vision
M. Milcendeau est breton ; c'est la
Bretagne qu'il nous représente en hom
me qui la possède dans son esprit et
dans son sang. Son œuvre est intéres
sante parce qu'elle est sincère et simple.
Aucun parti-pris de mysticité, de sym
bolisme et de rêve. Aucune fadeur de
romance. L'artiste n'exploite point,
pour de faciles effets, le pittoresque des
mœurs et des costumes, la légendaire
beauté de l'âme bretonne. Ce sont des
études émues, consciencieuses, devant la
vie, et il se trouve que M. Milcendeau,
soucieux seulement de rendre avec vé
rité le caractère des personnages aper
çus par lui, sait exprimer, à force de
précision et d'exactitude, le tréfonds
moral que tant d'autres ne sont jamais
parvenus à rendre avec leurs déforma
tions archaïques, leur sentimentalisme
de boite à bonbons et leur mysticité de
tréteaux.
Celte fois nous avons la Bretagne
vraie, vivante, actuelle, avec le carac
tère physique de ses habitants, leur
construction de tête, leur allure, la lu
mière de leurs regards et aussi avec
toutes les particularités morales qui peu
vent se dégager de physionomies étu
diées par un observateur pénétrant.
Mon ami Gustave G ff/vy,qui achève en
ce moment son livre sur la Bretagne,
dont quelques délicieux passages ont été
ça et là publiés, aurait en M. Milcen
deau un illustrateur épris comme lui
de vérité simple. La jonction de l'écri
vain artiste et du dessinateur fidèle,
qui ont si bien leur pays dans lame,
nous vaudrait une œuvre complète et
rare. Souha itons, pour notre joie que
cette jon et ion s'opère.
M. Milcendeau étudie des joueurs et
de» buveurs en des cabarets fumeux,
des vieux à figutTs chafouines qui rê
vassent, la pipe aux dents ; des vieilles
qui tricotent et qui filent; des couples
qui, près de Vôtre, dans la salle de fer
me, se chauffent en des attitudes pros
trées. Ces visages décharnés ou bouffis,
portant les stigmates de l'âge et de la
fatigue, expriment les tares paysannes
de toutes les contrées, la cupidité, là
ruse, mais avec l'accent particulier aux
Bretons avec le caractère dur, renf^
gne, thmeur, quils Ont à l'église, aux ; la rue Saint-Dominique se demande ax’ecan-
champs comme au cabaret, qui explique 1 goisse comment l'on pourra jamais se dépé-
leur longue fidélité religieuse, comme 1 * "
leur rudesse tenace dans toute la vie. A
les voir ainsi, la lèvre crispée sur le
brüle-gueule, le regard perdu à l'hori-
zan, ou fixée sur leur bolée de cidre, on
comprend leur caractère. Il n'est pas
besoin de les agenouiller sur des dalles
d'église ou sous une bannière de pro
cession, en des attitudes de mélodrame
religieux, pour nous révéler leur âme
grave et têtue.
Avec la mê me sincérité, l'artiste a
peint des jeunes filles et des femmes. Il
les montre tantôt passant devant le por
che d'une église gothique, tantôt accou
dées à quelque fioriture de pierre, ou
bien elles se détachent sur les découpu
res pittoresques des toits bretons,ou bien,
assises en face de la mer, elles regar
dent et songent. Elles sont dans leur
atmosphère. Et les vagues vertes,dont le
rythme vient se briser en écume sur les
rocs autour d'elles, l i charme des vieux
pignons et les gargouilles usées des cha
pelles complètent l'impression de Breta-
gne que donnent les figures et les sil
houettes.
Quels modelés simples et vivants ' Le
dessin de M. Milcendeau a de la finesse
expressive et de la précision. Il est ma
laisé de dire autant de choses avec plus
de discrétion. Tout y est, cependant, sans
minuties ni surcharges. Bien n'est laissé
au hasard. Un savoir très réfléchi vient
en aide à la sensation qui, n'étant pas
très aiguë, n'a pas souvent les trouvailles
heureuse'; de la spon tanéité. Les dessins
de M. Milcendeau sont le plus souvent
rehaussés de pastel. Sa couleur a des
qualités de justesse et de sobriété.
M. Milcendeau sait rendre le charme
sain de la chair des jeunes bretonnes, la
lumière spéciale à leur forme de tête, à
leur face un peu épatée, à leur front
large, la gravité rêveuse de leurs regards.
Il excelle à traduire la sensation de beaux
fruits savoureux que donnent les visa
ges frais dans la blancheur des coiffes et
l'enveloppement des rubans clairs.
S'agtt-il de vieilles paysannes ou de
mendiantes chez lesquelles la dureté de
l'ossature n'est plus atténuée par la flo
raison des chairs jeunes. M. Milcendeau
traduit avec vérité le décharnement rè-
che, les boursouflures crispées, leurs
lourds dandinements. Et toutes, jeunes
ou vieilles, sont à l'aise dans le décor où
l'artiste les place, apparaissent vivantes
sous les loques ou les costumes de fête
dont il les revêt. Là encore, il ne se perd
pas en de minutieuses études de brode
ries. Il indique largement le ton de l'é
toffe, le caractère de l'ornement, et ne
cherche pas plus des effets par le pitto
resque superficiel que par la religiosité
sentimentale.
Les dessins de M. Milcendeau sont fer
mes et nuancés, délicats et pleins d'ex
pression. Us nous montrent une Breta
gne véridique. Sa couleur est d'une har
monieuse sobriété. Dès à présent, ce sont
qualités précieuses et résultats intéres
sants, que les curieux d'art ne doivent
pas négliger.
GEORGES LECOMTE.
! trer au milieu de tous ces ge:
I lent tous Lemercier-Picard ?
s’ils s'appel-
ECHOS
Variations
La feuille de l’intègre Rochefort soutient
les agents de change dans leur assaut con
tre la coulisse.
Voici ce qu’écrivait autrefois Rochefort
sur ces agents de change dont il est au
jourd’hui le plus touchant défenseur:
il est de nouveau question à la Bourse d'ef-
froyables désastres. Un homme d’esprit a pro
posé d'ecrire sur la porte de la Chambre syndi
cale des agents de change :
ICI ON SE BRULE LA CERVELLE
Il est vrai qu’à l’époque où Rochefort
écrivait ces lignes, le syndicat de la rue
Menars n'existait pas encore.
D.
Les 17 Le merci er-Picard
L'Écho de la rue Saint-Dominique a déjà
fait avaler à ses robustes lecteurs tant d’in-
vraisemblables canards et de colossales cou
leuvres que son intelligent directeur se dit
avec raison qu’il n’est plus une bourde que
ne digéreront maintenant leurs estomacs en
traînés. Aussi leur en sert-il!...
Depuis huit jours, l’ Echo de la rue Saint-
Dominique raconte imperturbablement que
la France est envahie par une véritable lé
gion de Lemercier-Picard au milieu desquels
il est impossible à personne de se reconnaî
tre. Son intelligent directeur en a déjà, pour
sa part, compté dix-sept !
Il a trouvé :
Le vrai Lemercier-Picard : un.
Le faux Lemercier-Picard : deux;
Le prétendu Lemercier-Picard : (rois;
Le supposé Lemercier-Picard : quatre;
L’apocryphe Lemercier-Picard : cinq ',
L’introuvable Lemercier-Picard : six;
Et ça n’est pas tout. Il nous signale en
core :
Le Lemercier-Picard de Reinach : sept;
Celui de Rochefort : huit ;
Celui de la rue de Sèvres : neuf ;
Celui qui s’est suicidé : dix;
Celui qu’on a porté à la Morgue : onze ;
Celui qui est Moïse Lehmann : dou^e ;
Celui qui n’est pas Moïse Lehmann : treize.
Vous croyez que c’est fini. Non pas !
Il nous montre encore :
Le Lemercier-Picard de Séverine : qua
torze;
Celui de la Fronde : quinze;
Celui du colonel Sever : seize ;
Celui d’Emile Behrr : dix-sept ;
Dix-seot Lemercier-Picard ! Et V Echo de
L’UNION NATIONALE
Les séides de l'abbé Garnier, tous ceux qui
prennent leur mot d’ordre au comité de la rue
François I*. se réunissaient dimanche, salle La-
fayette, pour entendre exposer le programme de
l'Union Nationale.
Un M. Jules Bourgeois a tout d'abord pris la
parole pour combattre les partis démocratiques
qui « désagrègent » la France ; — on sait que
seule, en effet, l'Union Nationale offre au Suf
frage universel un socialisme bon teint, le seul
qui ne blanchisse pas en vieillissant.
L'abbé Garnier s’est d'ailleurs chargé du boni
ment. Pour remédier aux maux dont souffre la
classe ouvrière, il n’est rien, selon lui. de plus
souverain que la réglementation des heures de
travail et ‘arbitrage dans les conflits entre ou-
lesse... et de mort, et voil 1 la qu stion Ml
résolue en un tour de mai.
Ce socialisme là, on e veit. n < pis
chant, et il paraît pet pr r . | v
mes iravanicurs, soucieux ie .< S 1 >■ ।
laissent séduire par ces perspe t • - J ré oi
au sucre d'orge, dont l’xbb : ti trii r leur
décidément la spécialité, comme au e iteebi
M. H.
CHRONIQUE
LES ESSAIS DU “ MASSENA
Le Massena est un cuirassé modèle, d'un
type tout nouveau, réunissant des qua
lités précieuses de force et de légèreté :
sur le budget de la marine il figurait hono
rablement pour vingt-huit millions, et ja
mais il n’eùt tant fait parler de lui si on
s’était contenté de le laisser sur plan ou
sur chantier : mais on a eu la malencon
treuse idée de le mettre à la mer.
L’honnête cuirassé ne refusa point d’al
ler à l'eau; il s’y tint même fort décem
ment. Jusque là l’essai était satisfaisant.
Mais quand on s’avisa, assez mal à propos,
de vouloir faire avancer le bâtiment, on
s’aperçut qu’il était atteint de paralysie
générale : l’ingénieur des constructions
navales, homme expert en son art, n'avait
oublié que deux points, c’était de faire
plonger les hélices dans l'eau et de faire
fonctionner le gouvernail : omissions ex
cusables sans doute : mais, avec ses héli
ces qui battaient l’air et son gouvernail
ankylosé, malgré toute sa bonne volonté,
le Masséna ne pouvait se mouvoir.
Le capitaine trouva judicieusement qu'il
lui était assez difficile dans ces conditions
de rallier l'escadre d’Extrême-Orient. Et il
ramena au port le cuirassé débutant.
Voilà toute l’affaire : on ne comprend
vraiment pas que d'une semblable baga
telle la presse prenne prétexte à renou
veler contre la marine d'injustes attaques:
c’est risquer imprudemment d'in puéter
l'opinion publique.
Ces messieurs de la rue Royale montrent
heureusement, en ces sortes d aventures,
un sang-froid admirable, qui doit nous
donner pour l’avenir toute confiance en
eux: voilà des hommes que rien n’éton-
liera jamais. Ils s’attendent à tout. Quelque
nouvelle qu’on leur annonce, ils n en pa
raissent pas surpris. Leur apprend-on
qu’un torpilleur vient de couler, ils font
paisiblement observer que semblable acci
dent n’est pas arrivé depuis huit jours au
moins. Survient-il un naufrage? Ils le pré
voyaient. Une explosion ? Il s'en produira
toujours, disent-ils, tant qu'on chargera
les canons avec des substances détonnan
tes. Rien ne les déconcerte : ils ont ré
ponse à tout.
L’affaire du Masséna n'altère point la
sérénitédeleur imperturbable optimisme :
ils laissent agir la cabale, sans bien com
prendre toutefois ce qu’on peut leur repro
cher: le dernier bal au ministère était su
perbe.
On a, d’ailleurs, tort de se plaindre
d’eux : faut-il tant crier parce que les es
sais du Masséna n’ont pas réussi ? Mai-» à
quoi servirait-il de les tenter s’ils devaient
être satisfaisants de toute nécessite ?
Le bâtiment tlotte : c'est déjà un fort
beau résultat.
A VIS AUX. POÈTES
Il est un fait avéré : les poètes ne sont
pas encouragés en France. A part les con
cours de l’Odéon, où deux prix (500 et 250
francs) leur sont réservés, ils riment pour
le roi de Prusse.
Aussi croyons-nous être utiles à leur
cause en détachant à leur intention, et en
traduisant les cinq lignesci-après qui vien
nent de paraître dans un journal hongrois.
« Les librettistes peuvent gagner quatre
mille couronnes. C est le prix qu’offre Jo-
hann Strauss, de Vienne, à celui qui lui
procurera le meilleur texte d’un ballet
d une heure et demie de durée. Strauss ne
demande qu'un bon scenarium. »
***
DÉDIÉ A .U. GREErULBE
Nous trouvons dans une feuille étran
gère, le Berner Volks{eitung, une amu-l
santé histoire électorale qui se serait pas-,
sec dans une commune du canton d’Aron ,
vie, a propos du vote sur le rachat des*
chemins de fer. ,
Un notable de la commune, grand par
tisan du rachat, avait promis aux électeurs
de leur distribuer un hectolitre de vin s'il
ne se trouvait pas un seul non dans l’urne.
Le jour du vote, les 108 électeurs de la
commune, séduits par cette promesse, se
présentent tous sans exception au scrutin,
et comme ils étaient tous rachatistcs, on
ne doutait pas que le notable ne fût dans
le cas de tenir sa promesse.
Mais, ô déception ! Au dépouillement,,
il se trouva qu'il y avait 107 oui et un seul
non.
Il est facile de deviner que le faiseur de
promesses avait trouvé le moyen pour ne
CONTRE LE TARAC
de terminer la classification des mémoires
reçus en réponse aux questions mises aux
concours de 1897. Le nombre des lauréats
est de 54 dont 3 docteurs et 31 institu-
tous taillés sur le module d'un célèbre
pontife Je cette Société, qui, chaque foi.
qu’un reporter l’allait interviewer, lui of
* 41
BITd- PEU BANAL
Le biU suivant va être pré
Chambres de l'État de Michigan
puis
La faute en est à
lésinerie parlementaire qui a accorde des (
crédits insuffisants: on a voté vingt-huit
millions pour construire le Masse ta ; mais
on n'a pas voté un centime pour le faire
On va le remettre sur chantier : et il est
bien probable que lors des nouveaux es
sais, au bout du quelques mois, il sera en
état de fournir au moins une course de
quelques mètres.
Si ces nouveaux essais n’étaient pas plus
heureux une les précédents il ne faudrait
point pour si peu perdre courage.
Nos ingénieurs sauront bien tirer parti
de ce merveilleux navire : on le mettra,
par exemple, dans l'escadre des Tuileries,
en 1c dirigeant à la ficelle sur le bassin, si
le gouvernail s’entête à ne point fonction
ner; ou bien on remploiera comme pon
ton, pour le service des bateaux-mouches.
Si l’on ne parvient pas à l'utiliser de
cette manière, restera une dernière res
source : on affectera le Masséna h la dé
fense terrestre : rien n’est impossible pour
notre habile gouvernement ; le général
Billot a bien fait permuter un dragon dans
la marine ; pourquoi l'amiral Besnard ne
ferait-il pas passer un cuirassé dans la ca
valerie P
G. TI MM OR Y.
aux
malades qui se trouvent actuel-
prit devront être soumis, avant
ie, a la castration, afin qu’ils ne
iminels condamnés au moins trois foi
ersonnes condamnées pour viol
également soumises a la castra-
Pour ce dernier cas l'opération nous
semble un peu tardive.
**,
M. le bâtonnier Ployer,continuant la la
USC
guem ent
diences
l’affa
œuvre d’apaisement qu’il a en-
et pour laquelle il s’est si prodi-
pendant les quinze au ¬
ible, vingt membres d i bir-
Dreyfus.
ien mangé, on a bien bu, et on a
deSserl on s est embrasse
iation n'ed qu'apparent
en garde tou
pie assistant
GIL.
LES AGENTS DE
L’ « ÉCLAIR ”.
DANT. — LA
ARTON. — Li
PUBLIQUE. -
DE P RATER!
CHANGE ET LES ÉLECTIONS. —
JOURNAL ABSOLUEJENT INDEPZK-
LIBRE PAROLE ». — LE KlU L
ES AGENTS DE CHANGE ET L’ÉPARGNE
- cor HEWT ON RÉCOMPENSE UN ACTE
E FINANCIÈRE.
MM. les agen’sde change nul fai
Chambre un
budget qui contienne en
sement de leur scandaleux monopole.
ut au
rmis-
Art on
ni obtenu, grâce à la complaisance
uver nement qui n’avait rien à leur
sujet, nous avons parlé d'un nouvel
sonnage, comme l’autre, a eu à dis-
une somme rondelette : deux mil-
lions.
Distribuer à qui?
On le saura peut être un jour. Quand nous’
disons peut-étre, c’est une façon de pa 1er,’
car nous savons de bonne source qu’on le
saura certainement. . 1
Dores et déjà, nous allons poser une'
question. i
Est-il vrai que la somme de huit cent milli
francs ait été promise au gouvernement —
d'aucuns disent donnée — pour les élec
tions? |
En outre, une somme de douze cent mille.
s
PREMIERE ANNEE —r 69
Le Numéro: CIIT9 centimes
MARDI 15 MARS 1838
DU BOULONNAIS
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le 11, à M. James Moore.
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RÉDACTION ET ADMINISTRATION
8 — Boulevard Montmartre — 8
Les annonces sont reçues chez MX. (h. Lagrange, Cerf et
C, Place de la Bourse 6, et aux Bureaux du Journal
TÉLÉPHONE N* 101.87
La quatrième page des
DROITS DE L’HOMME
est spécialementconsacrée aux
Informations et aux Dépêches
de la Dernière Heure.
Le gouvernement, à la suite d’une
campagne de presse généreuse, menée
parles mêmes hommes qui ont réclamé
et ne cesseront de réclamer la révision
du procès de l’honorable capitaine Drey-
fus,— car la justice ne reconnaît ni race,
ni parti —, a dû gracier Cyvoct. Mais la
grâce n'est qu'une demi-mesure, dont
nous ne saurions nous satisfaire. La ré
paration d’une sentence inique doit être
complète et éclatante. A un homme qui
a subi quinze années de bagne pour un
JC
ne qu’il n’a pas commis, il est ridicu-
ut honteux de dire : « Maintenant,
e pardonne les torts que j’eus contre
On sait que Cyvoct est candidat aux
élections législatives dans le treizième
arrondissement. Le Suffrage universel
aura donc une occasion unique d’affir-
nier sur son nom son amour et son res-
port pour les principes qui ont été vio-
lés Cerles, il ne saurait s’agir d'un vote
d'opinion, — nous nous séparons, pour
notre part, et d'une façon absolue, de
celles que professait Cyvoct, — mais
d’un vote de protestation.
En mettant le nom de ce forçat dans
l’urne, les électeurs libres de Paris n’en-
tendront point adhérer aux idées qu’il
préc onis 1 jadis,avec la fougue irréfléchie
de ses vingt ans, et dont on peut espérer
qu’il est revenu. Ils affirmeront seule
ment le droit imprescriptible de tous les
hommes d'être exactement jugés, jugés
selon leurs actes et non selon leurs pen-
conscience humaine doit rester un
inviolable, fermé à toutes les inqui-
iH.aux inquisitions politiques comme
inquisitions religieuses. Voilà ce
faut dire sans se lasser, partout,
urs, quelles que soient les person-
n uilcs engagées.
Cyvoct, cependant, n'est pas la seule
victime de ce régime de terreur que l’on
fit un moment régner sur le pays. D’au-
tres, qui furent condamnés dans les té-
nëbres, expient encore au bagne, non
point des attentats, mais des états dame.
Engagés dans ce mouvement anarchiste,
qui a eu tous les affreux caractères d'une
convulsion sociale, ils ont pensé folle-
ment, croyant penser librement, et pensé
tout h iut pour affirmer leur fanatisme.
Or, de cette faute, on les a punis comme
d’un forfait. Il est grand temps que cette
injustice aussi soit réparée.
Quelles que soient les apparences, pour
quiconque sait voir, l'anarchie d'hier n'a
jamais fait courir à notre pays d’aussi
grands dangers que l’antisémilisme d’au
jourd’hui : et. puisque, même contre les
bandes des Guérin et des Régis, nous ne
demandons pas, nousne demanderons ja-
mais des mesures dont la conscience
universelle pût être froissée, nous som-
mc
pri
fort à l'aise pour en appeler de l’os-
de violence à l'esprit d'équité.
Ce serait évidemment trop demander
i i i Chambre servile, dont l'agonie sou
lève le pays de dégoût, que de lui de-
mander pour son rachat de prendre l’ini-
tiative de l’amnistie due à tant de
malheureux. Elle ne pour
fait, garoll
est honnête
demander ;
} par l'effroi de
t, ni n’ose-
tout ce qui
. Ce serait évidemment trop
aussi au ministère. Il ne se
maintient au pouvoir, il en a fait l’aveu,
que grâce à la complicité d’hommes qui
S elTrayer tient d'une mesure de justice
comme d’un scandale.
Mais, au-dessus du parlement et du
gouvernement, il reste en ce pays une
puissance qui les dépasse et peut leur
imposer ses volontés. Nous voulons par-
lerde l'Opinion Publique.
C'est donc à elle que nous nous adres-
sons aujourd’hui.
S: elle se reprend,— car on l‘a cynique-
ment trompée au cours des semaines
douloureuses qui viennent de s'écouler;
—sielle se manifeste,—caron aétoufésa
voix par des clameurs de provocation ; —
sielle ose,—car elle a trop écouté les con-
seils de la peur quand l'action était né-
cessiire à son propre salut,— elle peut
faire demain une grande chose, accom-
lu un acte dont le retentissement sera Si la cause n’est pas entendue après ce
| démenti infligé par un des leaders les plus
autorisés de la réaction à ses complices du
cabinet, c’est que la France veut être
sourde.
profond, apaiser les maux présents,
préparer un avenir meilleur en pacifiant
les esprits irrités, restaurer enfin le res
pect de la justice.
Car l’amnistie aurait tous ses résul
tats.
Peut-être même en aurait-elle d’autres
encore, plus larges.
L’appétit du bien vient aux gens de
bien; et les actes de cette nature ont des
répercussions profondes.
Si le peuple, dans sa force, dans sa
souveraineté, impose une fois sa volonté
d’être pitoyable aux égarés, bon envers
les malheureux, juste pour tous, ce sera
en vain que l’on voudra plus tard le re
tourner contre ceux qu’il protégea. Leur
cause sera devenue la sienne, et ce pro
grès sera fixé pour l’éternité.
Nous demandons l’amnistie.
PIERRE BERTRAND.
Les Droits de l'Homme publieront
demain un article M. JFAN AJLEERT
A LA NOUVELLE
En 1900. Les ombres de la nuit descen
dent lentement sur un plateau calciné de la
Nouvelle-Calédonie. Au signal qui annonce
la fin du supplice quotidien, trois forçats
attachés à la même chaîne, s'affaissent lour
dement sur le sol. Ils sont hâves, déchar
nés, sinistres, et il faudrait un œil vraiment
bien exercé pour reconnaître en ces trois
fantômes, le colonel Picquart, le député
Breton et Vex-bâtonnier Barboux.
Picquart. — Ah ! cruelle destine !
Breton. — O sort injuste
Barboux. — O supplices immérités !
Breton. — Mais qu’avons-nous donc fait?
qu’on nous dise quel crime nous avons com
mis !
Vous Picquart, on peut comprendre à la
rigueur, que vous soyez au bagne, puisqu’on
vous dit protestant. Mais nous, des {catho
liques !
Barboux. — Oui ! quel crime avons-nous
commis ?...
Un jour, j’apprends qu'un officier de l‘E-
tat-Major s'apprête à remplir un tribunal
de soldats brutaux (pii doivent terroriser les
juges. Je m'indigne, je proteste contre un
pareil attentat...
Picquart. — Et moi qu'on avait chargé
de découvrir et de signaler les traîtres, j'en
ai surpris un vendant des documents à l’AI-
lema
Je l’ai dénoncé... Je croyais
Breton.— Je vous conseille de vous plain-
c, vous autres ! Que dirais-je alors, moi?
Un jour ou
pour mon si
ché honteux
vient m offrir 100,000 francs
100,000 francs, vous entendez
bien, je refuse 100,000 francs... Voilà où ça
m'a mené !
Barboux. — Et nous n’avons aucune grâce
Breton. — Ah ! Picquart, vous eûtes bien
dû prévoir qu’il
iverait, celui-là, avec son
hautes protections.
Barboux. — Grimaux, qu'on a débarqué
hier, m'a donné des nouvelles : Pellicux,
Gonse cl Henry sont maréchaux dei Empire
et chevaliers du St-Esprit; Boisdeffre, en-
du Patv de Clam est gouverneur de
Mever est intendant des Menus-Plaisirs, et
: ne pourriez-vous écrire a
Picquart. — Hélas non ! nous sommes en
trois condamnés retombent
LE PIC.
II PACT E nu u PKOITE
De la séance de samedi nous voulons
seulement retenir, pour l'édification de nos
lecteurs, l'aveu du président du conseil re-
hlifâ la politique de ralliement qu’il pra
tique avec un si beau mépris de son passé
républicain :
Ce mouvement de ralliement, a-t-il dit, il faut
l ien le comprendre, c est au contraire un mou-
vement en avant
? n’est pas un mouvement en
arrière (Applaudissements au centre. — Excla
mations à gauche . Gem qui y sont une fois
en in s seront obligés de lesuivre ; s’ilsessay tient
de ruser ou de trahir, ils seraient les premiers
broyés Nouveaux applaudissements sur les
mêmes bancs au centre.)
De ce'le déclaration il résulte que le ral
liement est un mouvement en avant. Tou
tefois, M. Mélino oublie d’ajouter que c’est
contre la République qu’il s’effectue.
Mais tous les droitiers n’ayant pas la bas
sesse d'âme de cacher leur drapeau, M. De-
nys Cochin est venu, au nom des hommes
honnêtes de son parti, rétablir la vérité et
préciser la situation.
Voici en quels termes il s’est exprimé :
il a été fort question aujourd'hui de deux lois,
la loi scolaire et la loi militaire, lois que nous
। éprouvons, lois contre lesquelles nous protes
tons (Applaudissements ironiques à l’extrême
gauche. — Très bien ! très bien ! à droite), lois
que nous combattons et avons combattues de
toutes nos forces; lois que nous espérons bien
voir tomber quand ce pays, las des entraîne
ments des majorités, aura recouvré le sens libé
ral. Car il vous plaît de les appeler intangibles;
mais le nom en vérité ne signifie pas grand
chose. Quelles sont les lois intangibles?
Sauvons ‘honneur île l’armée
On sait que les témoins du brave com
mandant Esterhazy avaient eu l’idée bizarre
et puissamment ridicule de constituer un
jury d'honneur pour y faire exécuter le
lieutenant-colonel Picquart par quelques
amis à eux.
Avec un amusant sans-gène et une phé
noménale inconscience ils avaient même,de
leur propre chef, désigné le président de
ce tribunal, afin d'être assurés que le ver
dict ne sciait pas moins inique que les
précédents.
Le Delegorgue de cette nouvelle aventure
devait être le général du Bessol.
Or, M. Léon Millot,dans un article publié
aujourd’hui par ‘Aurore, nous donne une
indication précieuse, qu il emprunte à la
Psychologie du militaire professionnel sur la
façon dont cet officier comprend la jus
tice.
Deux officiers, le médecin Boyer et le lieute
nant Rocas, ayant, en 1891, convaincu de vol et
de pédérastie un capitaine de l'armée d’Afrique,
le lieutenant fut, par ordre du général du Bes
sol, envoyé à Laghouat, en punition, et le capi
taine mis en demeure de faire valoir ses droits
à la retraite, ce qui fut fait. Le docteur Boyer
fut mis à la réforme pour faute contre la disci
pline — admirable pendant à l’affaire Picquart-
Esterhazy !
Et notre confrère ajoute que le général
du Bessol, éprouvant le besoin d'expliquer
son altitude, aurait dit à un médecin-major
du 2 e zouaves : « Le capitaine a commis des
indélicatesses et des actes répréhensibles
qu'on aurait étéheureuxdétoulleretque M.
Boyer a eu tort de vouloir mettre au jour ».
Vous voyez comme c’est simple et comme
il est facile de sauver l’honneur de l’armée
à peu de frais.
Il suffit presque toujours de condamner
un innocent, ou deux.
P. B.
LU (Tentative lit cOrrupton»
On se souvient du bruit fait dans la presse
par quelques journaux esterhaziens au su
jet d'une tentative de corruption qu’un Po-
lonnais en goguette attribuait MM. Mathieu
et Léon Drey tus, sur la personne de feu le
colonel Sandherr.
M. Bertulus, juge d’instruction, chargé
d'élucider celle affaire, a transmis dès hier,
son dossier au parquet : ses conclusions
tendent à un non-lieu.
Ainsi tombe cette ridicule histoire inven
tée de toutes pièces dans un intérêt qu’il
n’est pas difficile de deviner.
Me J.
LA VIE ART ISTIQUE
DESSINS DE CH. MILCENDEAU A LA GALERIE
DURAND RUEL
II faut aller voir cette exposition ou
an talent sincère se révèle. M. Milcen
deau, bien qu ayant exposé deux fois à
nos salons annuels, est peu connu du
public. Il est encore à l'aurore de sa vie
d'artiste. Les cinquante dessins réunis
chez Durand-Ruel montrent que M.
Milcendeau a. un sentiment juste et
personnel des êtres qu'il peint et une
science très sûre assouplie à sa vision
M. Milcendeau est breton ; c'est la
Bretagne qu'il nous représente en hom
me qui la possède dans son esprit et
dans son sang. Son œuvre est intéres
sante parce qu'elle est sincère et simple.
Aucun parti-pris de mysticité, de sym
bolisme et de rêve. Aucune fadeur de
romance. L'artiste n'exploite point,
pour de faciles effets, le pittoresque des
mœurs et des costumes, la légendaire
beauté de l'âme bretonne. Ce sont des
études émues, consciencieuses, devant la
vie, et il se trouve que M. Milcendeau,
soucieux seulement de rendre avec vé
rité le caractère des personnages aper
çus par lui, sait exprimer, à force de
précision et d'exactitude, le tréfonds
moral que tant d'autres ne sont jamais
parvenus à rendre avec leurs déforma
tions archaïques, leur sentimentalisme
de boite à bonbons et leur mysticité de
tréteaux.
Celte fois nous avons la Bretagne
vraie, vivante, actuelle, avec le carac
tère physique de ses habitants, leur
construction de tête, leur allure, la lu
mière de leurs regards et aussi avec
toutes les particularités morales qui peu
vent se dégager de physionomies étu
diées par un observateur pénétrant.
Mon ami Gustave G ff/vy,qui achève en
ce moment son livre sur la Bretagne,
dont quelques délicieux passages ont été
ça et là publiés, aurait en M. Milcen
deau un illustrateur épris comme lui
de vérité simple. La jonction de l'écri
vain artiste et du dessinateur fidèle,
qui ont si bien leur pays dans lame,
nous vaudrait une œuvre complète et
rare. Souha itons, pour notre joie que
cette jon et ion s'opère.
M. Milcendeau étudie des joueurs et
de» buveurs en des cabarets fumeux,
des vieux à figutTs chafouines qui rê
vassent, la pipe aux dents ; des vieilles
qui tricotent et qui filent; des couples
qui, près de Vôtre, dans la salle de fer
me, se chauffent en des attitudes pros
trées. Ces visages décharnés ou bouffis,
portant les stigmates de l'âge et de la
fatigue, expriment les tares paysannes
de toutes les contrées, la cupidité, là
ruse, mais avec l'accent particulier aux
Bretons avec le caractère dur, renf^
gne, thmeur, quils Ont à l'église, aux ; la rue Saint-Dominique se demande ax’ecan-
champs comme au cabaret, qui explique 1 goisse comment l'on pourra jamais se dépé-
leur longue fidélité religieuse, comme 1 * "
leur rudesse tenace dans toute la vie. A
les voir ainsi, la lèvre crispée sur le
brüle-gueule, le regard perdu à l'hori-
zan, ou fixée sur leur bolée de cidre, on
comprend leur caractère. Il n'est pas
besoin de les agenouiller sur des dalles
d'église ou sous une bannière de pro
cession, en des attitudes de mélodrame
religieux, pour nous révéler leur âme
grave et têtue.
Avec la mê me sincérité, l'artiste a
peint des jeunes filles et des femmes. Il
les montre tantôt passant devant le por
che d'une église gothique, tantôt accou
dées à quelque fioriture de pierre, ou
bien elles se détachent sur les découpu
res pittoresques des toits bretons,ou bien,
assises en face de la mer, elles regar
dent et songent. Elles sont dans leur
atmosphère. Et les vagues vertes,dont le
rythme vient se briser en écume sur les
rocs autour d'elles, l i charme des vieux
pignons et les gargouilles usées des cha
pelles complètent l'impression de Breta-
gne que donnent les figures et les sil
houettes.
Quels modelés simples et vivants ' Le
dessin de M. Milcendeau a de la finesse
expressive et de la précision. Il est ma
laisé de dire autant de choses avec plus
de discrétion. Tout y est, cependant, sans
minuties ni surcharges. Bien n'est laissé
au hasard. Un savoir très réfléchi vient
en aide à la sensation qui, n'étant pas
très aiguë, n'a pas souvent les trouvailles
heureuse'; de la spon tanéité. Les dessins
de M. Milcendeau sont le plus souvent
rehaussés de pastel. Sa couleur a des
qualités de justesse et de sobriété.
M. Milcendeau sait rendre le charme
sain de la chair des jeunes bretonnes, la
lumière spéciale à leur forme de tête, à
leur face un peu épatée, à leur front
large, la gravité rêveuse de leurs regards.
Il excelle à traduire la sensation de beaux
fruits savoureux que donnent les visa
ges frais dans la blancheur des coiffes et
l'enveloppement des rubans clairs.
S'agtt-il de vieilles paysannes ou de
mendiantes chez lesquelles la dureté de
l'ossature n'est plus atténuée par la flo
raison des chairs jeunes. M. Milcendeau
traduit avec vérité le décharnement rè-
che, les boursouflures crispées, leurs
lourds dandinements. Et toutes, jeunes
ou vieilles, sont à l'aise dans le décor où
l'artiste les place, apparaissent vivantes
sous les loques ou les costumes de fête
dont il les revêt. Là encore, il ne se perd
pas en de minutieuses études de brode
ries. Il indique largement le ton de l'é
toffe, le caractère de l'ornement, et ne
cherche pas plus des effets par le pitto
resque superficiel que par la religiosité
sentimentale.
Les dessins de M. Milcendeau sont fer
mes et nuancés, délicats et pleins d'ex
pression. Us nous montrent une Breta
gne véridique. Sa couleur est d'une har
monieuse sobriété. Dès à présent, ce sont
qualités précieuses et résultats intéres
sants, que les curieux d'art ne doivent
pas négliger.
GEORGES LECOMTE.
! trer au milieu de tous ces ge:
I lent tous Lemercier-Picard ?
s’ils s'appel-
ECHOS
Variations
La feuille de l’intègre Rochefort soutient
les agents de change dans leur assaut con
tre la coulisse.
Voici ce qu’écrivait autrefois Rochefort
sur ces agents de change dont il est au
jourd’hui le plus touchant défenseur:
il est de nouveau question à la Bourse d'ef-
froyables désastres. Un homme d’esprit a pro
posé d'ecrire sur la porte de la Chambre syndi
cale des agents de change :
ICI ON SE BRULE LA CERVELLE
Il est vrai qu’à l’époque où Rochefort
écrivait ces lignes, le syndicat de la rue
Menars n'existait pas encore.
D.
Les 17 Le merci er-Picard
L'Écho de la rue Saint-Dominique a déjà
fait avaler à ses robustes lecteurs tant d’in-
vraisemblables canards et de colossales cou
leuvres que son intelligent directeur se dit
avec raison qu’il n’est plus une bourde que
ne digéreront maintenant leurs estomacs en
traînés. Aussi leur en sert-il!...
Depuis huit jours, l’ Echo de la rue Saint-
Dominique raconte imperturbablement que
la France est envahie par une véritable lé
gion de Lemercier-Picard au milieu desquels
il est impossible à personne de se reconnaî
tre. Son intelligent directeur en a déjà, pour
sa part, compté dix-sept !
Il a trouvé :
Le vrai Lemercier-Picard : un.
Le faux Lemercier-Picard : deux;
Le prétendu Lemercier-Picard : (rois;
Le supposé Lemercier-Picard : quatre;
L’apocryphe Lemercier-Picard : cinq ',
L’introuvable Lemercier-Picard : six;
Et ça n’est pas tout. Il nous signale en
core :
Le Lemercier-Picard de Reinach : sept;
Celui de Rochefort : huit ;
Celui de la rue de Sèvres : neuf ;
Celui qui s’est suicidé : dix;
Celui qu’on a porté à la Morgue : onze ;
Celui qui est Moïse Lehmann : dou^e ;
Celui qui n’est pas Moïse Lehmann : treize.
Vous croyez que c’est fini. Non pas !
Il nous montre encore :
Le Lemercier-Picard de Séverine : qua
torze;
Celui de la Fronde : quinze;
Celui du colonel Sever : seize ;
Celui d’Emile Behrr : dix-sept ;
Dix-seot Lemercier-Picard ! Et V Echo de
L’UNION NATIONALE
Les séides de l'abbé Garnier, tous ceux qui
prennent leur mot d’ordre au comité de la rue
François I*. se réunissaient dimanche, salle La-
fayette, pour entendre exposer le programme de
l'Union Nationale.
Un M. Jules Bourgeois a tout d'abord pris la
parole pour combattre les partis démocratiques
qui « désagrègent » la France ; — on sait que
seule, en effet, l'Union Nationale offre au Suf
frage universel un socialisme bon teint, le seul
qui ne blanchisse pas en vieillissant.
L'abbé Garnier s’est d'ailleurs chargé du boni
ment. Pour remédier aux maux dont souffre la
classe ouvrière, il n’est rien, selon lui. de plus
souverain que la réglementation des heures de
travail et ‘arbitrage dans les conflits entre ou-
lesse... et de mort, et voil 1 la qu stion Ml
résolue en un tour de mai.
Ce socialisme là, on e veit. n < pis
chant, et il paraît pet pr r . | v
mes iravanicurs, soucieux ie .< S 1 >■ ।
laissent séduire par ces perspe t • - J ré oi
au sucre d'orge, dont l’xbb : ti trii r leur
décidément la spécialité, comme au e iteebi
M. H.
CHRONIQUE
LES ESSAIS DU “ MASSENA
Le Massena est un cuirassé modèle, d'un
type tout nouveau, réunissant des qua
lités précieuses de force et de légèreté :
sur le budget de la marine il figurait hono
rablement pour vingt-huit millions, et ja
mais il n’eùt tant fait parler de lui si on
s’était contenté de le laisser sur plan ou
sur chantier : mais on a eu la malencon
treuse idée de le mettre à la mer.
L’honnête cuirassé ne refusa point d’al
ler à l'eau; il s’y tint même fort décem
ment. Jusque là l’essai était satisfaisant.
Mais quand on s’avisa, assez mal à propos,
de vouloir faire avancer le bâtiment, on
s’aperçut qu’il était atteint de paralysie
générale : l’ingénieur des constructions
navales, homme expert en son art, n'avait
oublié que deux points, c’était de faire
plonger les hélices dans l'eau et de faire
fonctionner le gouvernail : omissions ex
cusables sans doute : mais, avec ses héli
ces qui battaient l’air et son gouvernail
ankylosé, malgré toute sa bonne volonté,
le Masséna ne pouvait se mouvoir.
Le capitaine trouva judicieusement qu'il
lui était assez difficile dans ces conditions
de rallier l'escadre d’Extrême-Orient. Et il
ramena au port le cuirassé débutant.
Voilà toute l’affaire : on ne comprend
vraiment pas que d'une semblable baga
telle la presse prenne prétexte à renou
veler contre la marine d'injustes attaques:
c’est risquer imprudemment d'in puéter
l'opinion publique.
Ces messieurs de la rue Royale montrent
heureusement, en ces sortes d aventures,
un sang-froid admirable, qui doit nous
donner pour l’avenir toute confiance en
eux: voilà des hommes que rien n’éton-
liera jamais. Ils s’attendent à tout. Quelque
nouvelle qu’on leur annonce, ils n en pa
raissent pas surpris. Leur apprend-on
qu’un torpilleur vient de couler, ils font
paisiblement observer que semblable acci
dent n’est pas arrivé depuis huit jours au
moins. Survient-il un naufrage? Ils le pré
voyaient. Une explosion ? Il s'en produira
toujours, disent-ils, tant qu'on chargera
les canons avec des substances détonnan
tes. Rien ne les déconcerte : ils ont ré
ponse à tout.
L’affaire du Masséna n'altère point la
sérénitédeleur imperturbable optimisme :
ils laissent agir la cabale, sans bien com
prendre toutefois ce qu’on peut leur repro
cher: le dernier bal au ministère était su
perbe.
On a, d’ailleurs, tort de se plaindre
d’eux : faut-il tant crier parce que les es
sais du Masséna n’ont pas réussi ? Mai-» à
quoi servirait-il de les tenter s’ils devaient
être satisfaisants de toute nécessite ?
Le bâtiment tlotte : c'est déjà un fort
beau résultat.
A VIS AUX. POÈTES
Il est un fait avéré : les poètes ne sont
pas encouragés en France. A part les con
cours de l’Odéon, où deux prix (500 et 250
francs) leur sont réservés, ils riment pour
le roi de Prusse.
Aussi croyons-nous être utiles à leur
cause en détachant à leur intention, et en
traduisant les cinq lignesci-après qui vien
nent de paraître dans un journal hongrois.
« Les librettistes peuvent gagner quatre
mille couronnes. C est le prix qu’offre Jo-
hann Strauss, de Vienne, à celui qui lui
procurera le meilleur texte d’un ballet
d une heure et demie de durée. Strauss ne
demande qu'un bon scenarium. »
***
DÉDIÉ A .U. GREErULBE
Nous trouvons dans une feuille étran
gère, le Berner Volks{eitung, une amu-l
santé histoire électorale qui se serait pas-,
sec dans une commune du canton d’Aron ,
vie, a propos du vote sur le rachat des*
chemins de fer. ,
Un notable de la commune, grand par
tisan du rachat, avait promis aux électeurs
de leur distribuer un hectolitre de vin s'il
ne se trouvait pas un seul non dans l’urne.
Le jour du vote, les 108 électeurs de la
commune, séduits par cette promesse, se
présentent tous sans exception au scrutin,
et comme ils étaient tous rachatistcs, on
ne doutait pas que le notable ne fût dans
le cas de tenir sa promesse.
Mais, ô déception ! Au dépouillement,,
il se trouva qu'il y avait 107 oui et un seul
non.
Il est facile de deviner que le faiseur de
promesses avait trouvé le moyen pour ne
CONTRE LE TARAC
de terminer la classification des mémoires
reçus en réponse aux questions mises aux
concours de 1897. Le nombre des lauréats
est de 54 dont 3 docteurs et 31 institu-
tous taillés sur le module d'un célèbre
pontife Je cette Société, qui, chaque foi.
qu’un reporter l’allait interviewer, lui of
* 41
BITd- PEU BANAL
Le biU suivant va être pré
Chambres de l'État de Michigan
puis
La faute en est à
lésinerie parlementaire qui a accorde des (
crédits insuffisants: on a voté vingt-huit
millions pour construire le Masse ta ; mais
on n'a pas voté un centime pour le faire
On va le remettre sur chantier : et il est
bien probable que lors des nouveaux es
sais, au bout du quelques mois, il sera en
état de fournir au moins une course de
quelques mètres.
Si ces nouveaux essais n’étaient pas plus
heureux une les précédents il ne faudrait
point pour si peu perdre courage.
Nos ingénieurs sauront bien tirer parti
de ce merveilleux navire : on le mettra,
par exemple, dans l'escadre des Tuileries,
en 1c dirigeant à la ficelle sur le bassin, si
le gouvernail s’entête à ne point fonction
ner; ou bien on remploiera comme pon
ton, pour le service des bateaux-mouches.
Si l’on ne parvient pas à l'utiliser de
cette manière, restera une dernière res
source : on affectera le Masséna h la dé
fense terrestre : rien n’est impossible pour
notre habile gouvernement ; le général
Billot a bien fait permuter un dragon dans
la marine ; pourquoi l'amiral Besnard ne
ferait-il pas passer un cuirassé dans la ca
valerie P
G. TI MM OR Y.
aux
malades qui se trouvent actuel-
prit devront être soumis, avant
ie, a la castration, afin qu’ils ne
iminels condamnés au moins trois foi
ersonnes condamnées pour viol
également soumises a la castra-
Pour ce dernier cas l'opération nous
semble un peu tardive.
**,
M. le bâtonnier Ployer,continuant la la
USC
guem ent
diences
l’affa
œuvre d’apaisement qu’il a en-
et pour laquelle il s’est si prodi-
pendant les quinze au ¬
ible, vingt membres d i bir-
Dreyfus.
ien mangé, on a bien bu, et on a
deSserl on s est embrasse
iation n'ed qu'apparent
en garde tou
pie assistant
GIL.
LES AGENTS DE
L’ « ÉCLAIR ”.
DANT. — LA
ARTON. — Li
PUBLIQUE. -
DE P RATER!
CHANGE ET LES ÉLECTIONS. —
JOURNAL ABSOLUEJENT INDEPZK-
LIBRE PAROLE ». — LE KlU L
ES AGENTS DE CHANGE ET L’ÉPARGNE
- cor HEWT ON RÉCOMPENSE UN ACTE
E FINANCIÈRE.
MM. les agen’sde change nul fai
Chambre un
budget qui contienne en
sement de leur scandaleux monopole.
ut au
rmis-
Art on
ni obtenu, grâce à la complaisance
uver nement qui n’avait rien à leur
sujet, nous avons parlé d'un nouvel
sonnage, comme l’autre, a eu à dis-
une somme rondelette : deux mil-
lions.
Distribuer à qui?
On le saura peut être un jour. Quand nous’
disons peut-étre, c’est une façon de pa 1er,’
car nous savons de bonne source qu’on le
saura certainement. . 1
Dores et déjà, nous allons poser une'
question. i
Est-il vrai que la somme de huit cent milli
francs ait été promise au gouvernement —
d'aucuns disent donnée — pour les élec
tions? |
En outre, une somme de douze cent mille.
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