Titre : La Dépêche algérienne : journal politique quotidien
Éditeur : [s.n.] (Alger)
Date d'édition : 1885-12-26
Contributeur : Robe, Eugène (1890-1970). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32755912k
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Description : 26 décembre 1885 26 décembre 1885
Description : 1885/12/26 (A1,N163). 1885/12/26 (A1,N163).
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bd6t543298m
Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JOD-10449
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 18/04/2021
préfecture
d'ai.crr
Première année. — N* 163.
T,«- ntuwMbro S o<@*s.tiïsa»*».
DEPOT
leoal
Samedi. 26 décembre 1885
JOURNAL POLITIQUE QUOTIDIEN
ABONNEMENTS :
Troig moi* Sis mois
Aj,erfnuB. e .. 4.SO 9
Fsanok « 4®
Un an
18
S4
ABMWfâTKA.TiON ET RÉDACTION :
Rue de la Marine, n* 9, ancien bétel Buin.
Toutes-. mm&mltaiï.®** æ mmm. éw, m, m
Algérie, étr* sdmîfes à I'AftBBCB MAYAS, ftoalow & (te te MpMifste &S*w?«.
1s Fra**# s les muuutittUoaa mai rstseii
4 Masaw!?«iA, «fe*i M. Ssmu iLUKD; ztm h Paw t 9\m KM. AÜBBOÜM M C 1 »* ÿlsse d« !& Bamm lé,
li psï iSEït eœmtivm&a&fï
La DÉPÊCHE! A.LG-RRIRNNR »st désigné© pour riaaortfo» <3U» #».»«»*»# l«gal««. judiciaire* mi autres pou-- la raHdité da» pioeAlBrëi m mr-ï> « ?«•
LES CRÉDITS DU TONKIN
Paris, 24 décembre, 8 h. 30, matm.
Le général Campenon ; ministre de la
guerre, parlera aujourd'hui, au début de
la séance de la Chambre, sur l'organisa
tion militaire du Tonkin.
M. de Freycinet ne paraît pas disposé
à intervenir.
t La clôture sera prononcée au milieu de
la journée.
Il est probable toutefois que le vote
définitif n'aura lieu que très tard, l'in
terpellation de M. Granet et la priorité
on faveur du projet du gouvernement ou
des conclusions de la Commission devant
soulever une longue procédure.
A LA CHAMBRE
LES CRÉDITS DU TONKIN
Avant la séance.
Paris, 24 décembre, 4 h., soir.
Dans les couloirs on ne s'occupe abso
lument que de la confection de divers or
dres du jour.
On se demande si le gouvernement ac
ceptera le vote d'un ordre du jour avant
le voie des crédits du Tonkin.
M. Granet demandera la priorité pour le
vote d'un ordre du jour; si sa proposi
tion est acceptée, il présentera un ordre
du jour qui contiendra :
1 ‘ Une affirmation de la nécessité de
voter les crédits dans leur intégralité;
2‘ Une protestation contre l'évacuation
du Tonkin, maïs aussi une déclaration
contre l'occupation totale, l'ordre du
jour de M. Granet ne contiendrait aucune
«Xpression de confiance envers le cabinet.
Parmi les nombreux ordres du jour qui
seront proposés, voici celui de M. Ber
nard du Doubs, dont l'esprit, sinon les
termes, obtiendra sans doute l'adhésion
du gouvernement :
« La Chambre confiante dans les dêcla-
» tions du gouvernement et convaincue
» qu'il saura tenir compte du vœu expri-
» mè par le pays et restreindre dans les
» limites compatibles avec l'honneur, les
» droits et les intérêts de la France, les
» sacriûces nécessités par les expéditions
» lointaines, passe à F ordre du jour. »
Paris, 24 décembre, 5 h. soir.
Discours du général Campenon.
Au début de la séance, M. le général
Campenon, ministre de la guerre, monte
à la tribune. Il dit :
Je prendrai à tâche d’éviter toute
discussion personnelle rétrospective, car
»9 genre de débat serait non-seulement
stérile, mais encore nuisible à la disci
pline de l'armée.
Certes, la politique coloniale nous a
obligés à faire à notre armée continen
tale des emprunts regrettables. Mais si ce
fait démontre la nécessité d'une armée
coloniale, il n'a jamais compromis la dé
fense du pays. La France n'a aucune vel
léité d'aggression, elle aspiré à la paix ;
mais son armée est assez fortement orga
nisée pour n'avoir â redouter aucune
éventualité, malgré l'occupation du Ton
kin .
On est venu dire, à cette tribune } que
l'effectif de notre corps expéditionnaire
au Tonkin a été doublé le lendemain de
la signature de la paix. Gezte assertion
est inexacte : tous les renforts qui arri
vèrent à cette époque en Indo-Chine, sauf
un bataillon, avaient été préparés par le
précédent Cabinet et il eut été imprudent
de retarder leur départ, car la paix
n'était point encore définitivement con
clue, les préliminaires seuls en avaient
été signés.
Le général Campenon examine ensuite
la solution préconisée par M. de Lanes
san ; il dit que le système de cet honora
ble député nous amènerait à l'annexion
pure et simple : Or, le gouvernement ne
veut pas entrer dans cette voie, qui abou
tirait à une extension exagérée du fonc
tionnarisme et à un succroît de dépen
ses.
Le ministre de la guerre dit qu'il n'a
jamais été partisan de la politique colo
niale à outrance, mais le drapeau est au
jourd'hui engagé.
La situation en Extrême Orient n'est
point aussi difficile qu'on l'a affirmé. Le
gouvernement annamite est modifié et il
a à sa tête actuellement des hommes qui
se sont compromis pour la France et que
la France ne peut pas abandonner.
Les fonctionnaires de tout ordre
étaient unanimes pour reconnaître que
le nœud de la question du Tonkin était à
Sué. Le général de Courcy n'a donc fait
qu'exécuter un plan connu et qui avait
l'assentiment de tous ceux qui connais
saient la situation. Pour arriver à une
solution, l'intronisation d'un nouveau
roi à Eué était nécessaire pour en finir
avec les résistances qui nous étaient
opposées.
Si l'annexion est une solution dange
reuse, le protectorat est le moyen le plus
simple, le motns coûteux et le plus effica
ce pour nous assurer les bénéfices de la
domination sur le Tonkin et sur l'An-
nam.
Quant aux troupes nécessaires pour as
surer le respect de ee protectorat, les ef
fectifs indiqués par M. Ballue me parais
sent les plus conformes aux nécessités.
Ce sont d'ailleurs ceux indiqués par le
général de Courcy lui même.
Quant à l'évacuation, elle n'est pas pos
sible car elle serait la violation des trai-
■ tés que nous avons signés et elle attein
drait le prestige de la France. Mais ee
n'est pas seulement au nom de l'honneur
et des intérêts de la patrie qu’il faut re
pousser Vévacuation, c'est surtout au nom
de ceux qui combattent pour la patrie,
fApplaudissements,)
Le général Campenon termine en di
sant : Je ne consentirai jamais pour ma
part à donner l'ordre au général de Cour
cy de réembarquer ses troupes. (.Applau
dissements répétés au centre et à gau
che. J
Discours de M. Raoul Bavai.
M. RAOUL BUVAL répond au général
Campenon. Il s'attache à réfuter les
assertions de M. Brisson au point de vue
des chiffres donnés par le président du
Conseil relativement an mouvement com
mercial qui pourrait se produire dans
l'avenir entre la France et le Tonkin et
celles du général Campenon en ce qui
concerne l'effectif du corps expédition
naire nécessaire â la défense de notre
protectorat en Indo-Chine.
i ‘ Le dbputé bonapartiste compare l'ex-
'■ vèdition du Tonkin avec celle du Mexi-
l r. 'Z' ' ; V ;7T M ’
que. Il dit qu'alors, comme aujourd'hui,
on parlait du respect dû aux traités, de
l'impossibilité d’une évacuation, du dra
peau engagé et de l'honneur et du pres
tige national. En réalité, ce n’est pas
l'honneur de la France qui est en ques
tion, mais simplement son amour pro
pre.
L'orateur dit qu'il est dangereux d’é
parpiller les forces de la France alors
qu'elle se trouve en face d'une Allemagne
formidablement armée.
M. Raoul Buval termine en invoquant
les souvenirs de Queretaro et de 1870.
(Vifs applaudissements à droite.J
Paris, 24 décembre, 6 b. 45, soir,
Discours de M. Casimir Périer
M. CASIMIR PÊRIER monte à la tri
bune et dit :
« Je ne viens.pas ici discuter les chiffres
auxquels pourra se monter notre com
merce avec l'Extrême Orient dans l'ave
nir, ni les effectifs qui nous seront né
cessaires au Tonkin. Quelles qu'impor
tantes que soient ces questions, e les
n’ont qu'un intérêt secondaire dans le
grand débat qui s’agite ici.
» Ce dont il faut se préoccuper avant
tout, quoiqu'en aient dit certains ora
teurs, c'est du respect dû aux traités et de
l’honneur de la France. »
Cependant l'orateur dit qu’il ne peut
hisser passer, sans la contester, l'affir
mation de M. Pelletan, d'après laquelle
l'excédant clés dépenses sur les recettes
serait de 60 millions pour le Tonkin et
l’Annam. En réalité, lorsque la pacifica
tion serâ complète, ce chiffre ne dépasse
ra pas cinq millions.
Les traités que nous avons conclus éta
blissent que l'Annam ne gardera qu'une
partie de ses impôts le surplus appartien
dra à la France. Or l'Annam fournira 44
millions d'impôts. Le Tonkin exigera cer
tainement ■ des sacrifices pendant quel
ques années, mais la situation de la Fran
ce en Extrême-Orient justifie largement
ces sacrifices. Il y a des économies qui
constituent des erreurs politiques. (Ap
plaudissements.)
La politique évacu&tionniste que pré
conise la Commission n'est pas nouvelle ;
on l'a vue s'affirmer en 1838 pendant la
conquête de l'Algérie. Les mêmes argu
ments furent reproduits en 1864, à pro
pos de la Cochinchine.
La situation, aujourd'hui, en Extrême-
Orient est la même que celle qui exista
pour la Tunisie, et de même qu'en Tuni
sie, il nous faut aboutir à une solution.
Quant à la comparaison qui a été faite
entre le Mexique et le Tonkin tout le parti
républicain doit protester contre elle.
( Vifs applaudissements au centre.)
Paris, 24 décembre, 7 h., soir.
Discours de M. Clemenceau.
M. Clemenceau déclare, en commen
çant, qu'il veut ramener le débat â la
question des crédits du Tonkin, et à celle
de l'exécution du traiié de Tien-Tsin.
Le traité de Tien Tsin, à son avis,
ne doit pas être exécuté par la France,
parce que jusqu'à présent il n'a pas été
exécute par la Chine. Les engagements
ne sont pas réciproques et la situation
que nous fait le traité nous obligera â de
nouveaux sacriûces dont lo résultat iné
vitable, sera la création de nouveaux
impôts, ou le déûcit budgétaire .
Les crédits qui nous sont demandés
sont encore des crédits Je guerre.
Le gouvernement, qu’il le veuille ou
non, est pris dans un engrenage.
Voter les crédits, c'est rester dans
l'engrenage.
Encore, si on pouvait venir novs affir
mer que ce sont les derniers crédits qui
nous seront demandés, on pourrait les
voter ; mais le gouvernement ne peut
pas nous apporter ici cette déclaration.
L'orateur déclare que le but qu’il pour
suit c'est la révision du traité de Tien-
Tsin. Cette révision, il la croit possible
dans le sens des propositions de la Com
mission, qui peuvent se résumer ainsi :
ni oeeupation ni protectorat.
C'est en déûnitive une négociation à
entamer, négociation dont le but serait
l'évacuation, si elle peut s'effectuer,
sans porter atteinte à l’honneur du
drapeau. L'orateur invoque l'exemple de
l'Angleterre, ee pays si pratique. (Inter
ruptions).
Incident Clémeneeau-FcSrry
M. SPULLEU interrompt.
M, CLEMENCEAU réplique : votre hon
neur de français ne s’est il pas senti
atteint quand vous avez lu dans le LIVRE
JAUNE une dépêche de M. Ferry implo
rant l'appui de M. de Bismarck. (Applau
dissements à droite et a l'extrême gaucho..
— vives protestations au centre).
M. FERRY veut parler. (Tumulte à
l'extrême gauche et à l’extrême droite) il
demande à M. Clemenceau de lire entière
ment les dépêches visées.
M. CLEMENCEAU lit une dépêche.
M. FERRY veut faire une observation;
mais les clameurs de la droite l'empêche
de parler. Il demande la parole.
Suite
du discours de M. Clemenceau
En réalité, dit-il, il ne s'agit pas ici
d'une question d'honneur national, mais
d'une question d'intérêt national. Le suf
frage universel s'est prononcé contre
l'expédition du Tonkin. Si le pays a.
nommé beaucoup de députés monarchis
tes, ce n'est pas comme monarchistes
qu'il les a nommés, mais comme adver
saires de l'expédition du Tonkin. (Vives
protestations à droite. Mouvement pro
longé.)
L’orateur ajoute : Comment veut-om
faire des réformes intérieures quand tou
tes les ressources du pays sont employées
pour la solution d'une question commet,
celle du Tonkin.
M. Clémenceau termine son discours
en disant qu’il faut en ûnir avec cett»
question du Tonkin qui compromet
Républque en divisant les républicains.
Paris, 24 décembre, 8 h. 50, soir,
Discours de M. de Freycinet.
M. LE FREYCINET dit qu'il est impos
sible que la France évacue le Tonkin an
moment où nous y avons établi notm
domination.
Lès avril ou mai la paciûeation de es
pays sera complète. Il est inadmissible *
qu'arrivé si près du but, après de de si
laborieux efforts, on aboutisse à F éva
cuation. (Approbation).
Le système du protectorat que nous-
voulons établir au Tonkin, a parfaite
ment réussi en Tunisie. Il donnera d’aussi
bons résultats au Tonkin.
Le vote que la Chambre v& émettre a
une portée très considérable ; il ne dira ,
pas seulement si elle veut évacuer le Ton
kin ou y maintenir l'occupation frajt:
d'ai.crr
Première année. — N* 163.
T,«- ntuwMbro S o<@*s.tiïsa»*».
DEPOT
leoal
Samedi. 26 décembre 1885
JOURNAL POLITIQUE QUOTIDIEN
ABONNEMENTS :
Troig moi* Sis mois
Aj,erfnuB. e .. 4.SO 9
Fsanok « 4®
Un an
18
S4
ABMWfâTKA.TiON ET RÉDACTION :
Rue de la Marine, n* 9, ancien bétel Buin.
Toutes-. mm&mltaiï.®** æ mmm. éw, m, m
Algérie, étr* sdmîfes à I'AftBBCB MAYAS, ftoalow & (te te MpMifste &S*w?«.
1s Fra**# s les muuutittUoaa mai rstseii
4 Masaw!?«iA, «fe*i M. Ssmu iLUKD; ztm
li psï iSEït eœmtivm&a&fï
La DÉPÊCHE! A.LG-RRIRNNR »st désigné© pour riaaortfo» <3U» #».»«»*»# l«gal««. judiciaire* mi autres pou-- la raHdité da» pioeAlBrëi m mr-ï> « ?«•
LES CRÉDITS DU TONKIN
Paris, 24 décembre, 8 h. 30, matm.
Le général Campenon ; ministre de la
guerre, parlera aujourd'hui, au début de
la séance de la Chambre, sur l'organisa
tion militaire du Tonkin.
M. de Freycinet ne paraît pas disposé
à intervenir.
t La clôture sera prononcée au milieu de
la journée.
Il est probable toutefois que le vote
définitif n'aura lieu que très tard, l'in
terpellation de M. Granet et la priorité
on faveur du projet du gouvernement ou
des conclusions de la Commission devant
soulever une longue procédure.
A LA CHAMBRE
LES CRÉDITS DU TONKIN
Avant la séance.
Paris, 24 décembre, 4 h., soir.
Dans les couloirs on ne s'occupe abso
lument que de la confection de divers or
dres du jour.
On se demande si le gouvernement ac
ceptera le vote d'un ordre du jour avant
le voie des crédits du Tonkin.
M. Granet demandera la priorité pour le
vote d'un ordre du jour; si sa proposi
tion est acceptée, il présentera un ordre
du jour qui contiendra :
1 ‘ Une affirmation de la nécessité de
voter les crédits dans leur intégralité;
2‘ Une protestation contre l'évacuation
du Tonkin, maïs aussi une déclaration
contre l'occupation totale, l'ordre du
jour de M. Granet ne contiendrait aucune
«Xpression de confiance envers le cabinet.
Parmi les nombreux ordres du jour qui
seront proposés, voici celui de M. Ber
nard du Doubs, dont l'esprit, sinon les
termes, obtiendra sans doute l'adhésion
du gouvernement :
« La Chambre confiante dans les dêcla-
» tions du gouvernement et convaincue
» qu'il saura tenir compte du vœu expri-
» mè par le pays et restreindre dans les
» limites compatibles avec l'honneur, les
» droits et les intérêts de la France, les
» sacriûces nécessités par les expéditions
» lointaines, passe à F ordre du jour. »
Paris, 24 décembre, 5 h. soir.
Discours du général Campenon.
Au début de la séance, M. le général
Campenon, ministre de la guerre, monte
à la tribune. Il dit :
Je prendrai à tâche d’éviter toute
discussion personnelle rétrospective, car
»9 genre de débat serait non-seulement
stérile, mais encore nuisible à la disci
pline de l'armée.
Certes, la politique coloniale nous a
obligés à faire à notre armée continen
tale des emprunts regrettables. Mais si ce
fait démontre la nécessité d'une armée
coloniale, il n'a jamais compromis la dé
fense du pays. La France n'a aucune vel
léité d'aggression, elle aspiré à la paix ;
mais son armée est assez fortement orga
nisée pour n'avoir â redouter aucune
éventualité, malgré l'occupation du Ton
kin .
On est venu dire, à cette tribune } que
l'effectif de notre corps expéditionnaire
au Tonkin a été doublé le lendemain de
la signature de la paix. Gezte assertion
est inexacte : tous les renforts qui arri
vèrent à cette époque en Indo-Chine, sauf
un bataillon, avaient été préparés par le
précédent Cabinet et il eut été imprudent
de retarder leur départ, car la paix
n'était point encore définitivement con
clue, les préliminaires seuls en avaient
été signés.
Le général Campenon examine ensuite
la solution préconisée par M. de Lanes
san ; il dit que le système de cet honora
ble député nous amènerait à l'annexion
pure et simple : Or, le gouvernement ne
veut pas entrer dans cette voie, qui abou
tirait à une extension exagérée du fonc
tionnarisme et à un succroît de dépen
ses.
Le ministre de la guerre dit qu'il n'a
jamais été partisan de la politique colo
niale à outrance, mais le drapeau est au
jourd'hui engagé.
La situation en Extrême Orient n'est
point aussi difficile qu'on l'a affirmé. Le
gouvernement annamite est modifié et il
a à sa tête actuellement des hommes qui
se sont compromis pour la France et que
la France ne peut pas abandonner.
Les fonctionnaires de tout ordre
étaient unanimes pour reconnaître que
le nœud de la question du Tonkin était à
Sué. Le général de Courcy n'a donc fait
qu'exécuter un plan connu et qui avait
l'assentiment de tous ceux qui connais
saient la situation. Pour arriver à une
solution, l'intronisation d'un nouveau
roi à Eué était nécessaire pour en finir
avec les résistances qui nous étaient
opposées.
Si l'annexion est une solution dange
reuse, le protectorat est le moyen le plus
simple, le motns coûteux et le plus effica
ce pour nous assurer les bénéfices de la
domination sur le Tonkin et sur l'An-
nam.
Quant aux troupes nécessaires pour as
surer le respect de ee protectorat, les ef
fectifs indiqués par M. Ballue me parais
sent les plus conformes aux nécessités.
Ce sont d'ailleurs ceux indiqués par le
général de Courcy lui même.
Quant à l'évacuation, elle n'est pas pos
sible car elle serait la violation des trai-
■ tés que nous avons signés et elle attein
drait le prestige de la France. Mais ee
n'est pas seulement au nom de l'honneur
et des intérêts de la patrie qu’il faut re
pousser Vévacuation, c'est surtout au nom
de ceux qui combattent pour la patrie,
fApplaudissements,)
Le général Campenon termine en di
sant : Je ne consentirai jamais pour ma
part à donner l'ordre au général de Cour
cy de réembarquer ses troupes. (.Applau
dissements répétés au centre et à gau
che. J
Discours de M. Raoul Bavai.
M. RAOUL BUVAL répond au général
Campenon. Il s'attache à réfuter les
assertions de M. Brisson au point de vue
des chiffres donnés par le président du
Conseil relativement an mouvement com
mercial qui pourrait se produire dans
l'avenir entre la France et le Tonkin et
celles du général Campenon en ce qui
concerne l'effectif du corps expédition
naire nécessaire â la défense de notre
protectorat en Indo-Chine.
i ‘ Le dbputé bonapartiste compare l'ex-
'■ vèdition du Tonkin avec celle du Mexi-
l r. 'Z' ' ; V ;7T M ’
que. Il dit qu'alors, comme aujourd'hui,
on parlait du respect dû aux traités, de
l'impossibilité d’une évacuation, du dra
peau engagé et de l'honneur et du pres
tige national. En réalité, ce n’est pas
l'honneur de la France qui est en ques
tion, mais simplement son amour pro
pre.
L'orateur dit qu'il est dangereux d’é
parpiller les forces de la France alors
qu'elle se trouve en face d'une Allemagne
formidablement armée.
M. Raoul Buval termine en invoquant
les souvenirs de Queretaro et de 1870.
(Vifs applaudissements à droite.J
Paris, 24 décembre, 6 b. 45, soir,
Discours de M. Casimir Périer
M. CASIMIR PÊRIER monte à la tri
bune et dit :
« Je ne viens.pas ici discuter les chiffres
auxquels pourra se monter notre com
merce avec l'Extrême Orient dans l'ave
nir, ni les effectifs qui nous seront né
cessaires au Tonkin. Quelles qu'impor
tantes que soient ces questions, e les
n’ont qu'un intérêt secondaire dans le
grand débat qui s’agite ici.
» Ce dont il faut se préoccuper avant
tout, quoiqu'en aient dit certains ora
teurs, c'est du respect dû aux traités et de
l’honneur de la France. »
Cependant l'orateur dit qu’il ne peut
hisser passer, sans la contester, l'affir
mation de M. Pelletan, d'après laquelle
l'excédant clés dépenses sur les recettes
serait de 60 millions pour le Tonkin et
l’Annam. En réalité, lorsque la pacifica
tion serâ complète, ce chiffre ne dépasse
ra pas cinq millions.
Les traités que nous avons conclus éta
blissent que l'Annam ne gardera qu'une
partie de ses impôts le surplus appartien
dra à la France. Or l'Annam fournira 44
millions d'impôts. Le Tonkin exigera cer
tainement ■ des sacrifices pendant quel
ques années, mais la situation de la Fran
ce en Extrême-Orient justifie largement
ces sacrifices. Il y a des économies qui
constituent des erreurs politiques. (Ap
plaudissements.)
La politique évacu&tionniste que pré
conise la Commission n'est pas nouvelle ;
on l'a vue s'affirmer en 1838 pendant la
conquête de l'Algérie. Les mêmes argu
ments furent reproduits en 1864, à pro
pos de la Cochinchine.
La situation, aujourd'hui, en Extrême-
Orient est la même que celle qui exista
pour la Tunisie, et de même qu'en Tuni
sie, il nous faut aboutir à une solution.
Quant à la comparaison qui a été faite
entre le Mexique et le Tonkin tout le parti
républicain doit protester contre elle.
( Vifs applaudissements au centre.)
Paris, 24 décembre, 7 h., soir.
Discours de M. Clemenceau.
M. Clemenceau déclare, en commen
çant, qu'il veut ramener le débat â la
question des crédits du Tonkin, et à celle
de l'exécution du traiié de Tien-Tsin.
Le traité de Tien Tsin, à son avis,
ne doit pas être exécuté par la France,
parce que jusqu'à présent il n'a pas été
exécute par la Chine. Les engagements
ne sont pas réciproques et la situation
que nous fait le traité nous obligera â de
nouveaux sacriûces dont lo résultat iné
vitable, sera la création de nouveaux
impôts, ou le déûcit budgétaire .
Les crédits qui nous sont demandés
sont encore des crédits Je guerre.
Le gouvernement, qu’il le veuille ou
non, est pris dans un engrenage.
Voter les crédits, c'est rester dans
l'engrenage.
Encore, si on pouvait venir novs affir
mer que ce sont les derniers crédits qui
nous seront demandés, on pourrait les
voter ; mais le gouvernement ne peut
pas nous apporter ici cette déclaration.
L'orateur déclare que le but qu’il pour
suit c'est la révision du traité de Tien-
Tsin. Cette révision, il la croit possible
dans le sens des propositions de la Com
mission, qui peuvent se résumer ainsi :
ni oeeupation ni protectorat.
C'est en déûnitive une négociation à
entamer, négociation dont le but serait
l'évacuation, si elle peut s'effectuer,
sans porter atteinte à l’honneur du
drapeau. L'orateur invoque l'exemple de
l'Angleterre, ee pays si pratique. (Inter
ruptions).
Incident Clémeneeau-FcSrry
M. SPULLEU interrompt.
M, CLEMENCEAU réplique : votre hon
neur de français ne s’est il pas senti
atteint quand vous avez lu dans le LIVRE
JAUNE une dépêche de M. Ferry implo
rant l'appui de M. de Bismarck. (Applau
dissements à droite et a l'extrême gaucho..
— vives protestations au centre).
M. FERRY veut parler. (Tumulte à
l'extrême gauche et à l’extrême droite) il
demande à M. Clemenceau de lire entière
ment les dépêches visées.
M. CLEMENCEAU lit une dépêche.
M. FERRY veut faire une observation;
mais les clameurs de la droite l'empêche
de parler. Il demande la parole.
Suite
du discours de M. Clemenceau
En réalité, dit-il, il ne s'agit pas ici
d'une question d'honneur national, mais
d'une question d'intérêt national. Le suf
frage universel s'est prononcé contre
l'expédition du Tonkin. Si le pays a.
nommé beaucoup de députés monarchis
tes, ce n'est pas comme monarchistes
qu'il les a nommés, mais comme adver
saires de l'expédition du Tonkin. (Vives
protestations à droite. Mouvement pro
longé.)
L’orateur ajoute : Comment veut-om
faire des réformes intérieures quand tou
tes les ressources du pays sont employées
pour la solution d'une question commet,
celle du Tonkin.
M. Clémenceau termine son discours
en disant qu’il faut en ûnir avec cett»
question du Tonkin qui compromet
Républque en divisant les républicains.
Paris, 24 décembre, 8 h. 50, soir,
Discours de M. de Freycinet.
M. LE FREYCINET dit qu'il est impos
sible que la France évacue le Tonkin an
moment où nous y avons établi notm
domination.
Lès avril ou mai la paciûeation de es
pays sera complète. Il est inadmissible *
qu'arrivé si près du but, après de de si
laborieux efforts, on aboutisse à F éva
cuation. (Approbation).
Le système du protectorat que nous-
voulons établir au Tonkin, a parfaite
ment réussi en Tunisie. Il donnera d’aussi
bons résultats au Tonkin.
Le vote que la Chambre v& émettre a
une portée très considérable ; il ne dira ,
pas seulement si elle veut évacuer le Ton
kin ou y maintenir l'occupation frajt:
Le taux de reconnaissance estimé pour ce document est de 86.21%.
En savoir plus sur l'OCR
En savoir plus sur l'OCR
Le texte affiché peut comporter un certain nombre d'erreurs. En effet, le mode texte de ce document a été généré de façon automatique par un programme de reconnaissance optique de caractères (OCR). Le taux de reconnaissance estimé pour ce document est de 86.21%.
- Auteurs similaires Nutrisco, bibliothèque numérique du Havre Nutrisco, bibliothèque numérique du Havre /services/engine/search/sru?operation=searchRetrieve&version=1.2&maximumRecords=50&collapsing=true&exactSearch=true&query=colnum adj "BmLHav000"Bibliographie de la presse française politique et d'information générale Bibliographie de la presse française politique et d'information générale /services/engine/search/sru?operation=searchRetrieve&version=1.2&maximumRecords=50&collapsing=true&exactSearch=true&query=colnum adj "BIPFPIG00"
-
-
Page
chiffre de pagination vue 1/4
- Recherche dans le document Recherche dans le document https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/search/ark:/12148/bd6t543298m/f1.image ×
Recherche dans le document
- Partage et envoi par courriel Partage et envoi par courriel https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/share/ark:/12148/bd6t543298m/f1.image
- Téléchargement / impression Téléchargement / impression https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/download/ark:/12148/bd6t543298m/f1.image
- Mise en scène Mise en scène ×
Mise en scène
Créer facilement :
- Marque-page Marque-page https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/bookmark/ark:/12148/bd6t543298m/f1.image ×
Gérer son espace personnel
Ajouter ce document
Ajouter/Voir ses marque-pages
Mes sélections ()Titre - Acheter une reproduction Acheter une reproduction https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/pa-ecommerce/ark:/12148/bd6t543298m
- Acheter le livre complet Acheter le livre complet https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/indisponible/achat/ark:/12148/bd6t543298m
- Signalement d'anomalie Signalement d'anomalie https://sindbadbnf.libanswers.com/widget_standalone.php?la_widget_id=7142
- Aide Aide https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/aide/ark:/12148/bd6t543298m/f1.image × Aide
Facebook
Twitter
Pinterest