Titre : La Dépêche algérienne : journal politique quotidien
Éditeur : [s.n.] (Alger)
Date d'édition : 1885-10-12
Contributeur : Robe, Eugène (1890-1970). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32755912k
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Description : 12 octobre 1885 12 octobre 1885
Description : 1885/10/12 (A1,N88). 1885/10/12 (A1,N88).
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bd6t5432242
Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JOD-10449
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 18/04/2021
Première année. — N* 88
PHEFfiÜTU.l-Œ O’ALGEH
numéro 5 o®ntime 8 .
iKGAL
Lundi, 12 octobre 1885.
JOURNAL POLITIQUE QUOTIDIEN
ABONNEMENTS :
Trois mois Six mois Un an
Algérib . 4.50 O 18
Francs ® 1® ®4
7S&
ADMINISTRATION ET RÉDACTION :
Rue de la Marine, n° 9, ancien hôtel Bazin.
Tontes les coramnnicatioûi reUiives aux ABnaoJsete et ré" latte* iwvuKik i®
Algérie, être adressées à l’AGKSGB HAVsiS. bonlmarft delà 8éptW*«ï©8, Alpr*
En France, les commaiûfstionii soin reçue* saroir ;
A Marseille, chez M. Gustavs ALLÀRJD, rae du Baosset, 4 ;
A Paris, chex MM, AUDBOURG et O, place de la Bourse, lQ t
Et par leurs correspondants
La DEPECHE ALGÉRIENNE est désignée pour l’insertion des annonoes légales judiciaires et autres exigées pour la validité des procédures et eon.trr**
Alger, le 11 Octobre 1885.
Le Retour. -- Les Causeries. — Le beau
Temps . — Les H>verneurs. — Les Dis
tinctions. — Le Cirque. —Le Théâtre.
— Les Radicaux de Constantine.
On va revenir, on revient, on est revenu.
Le petit X..., le grand Chose, M. et
Mme Machan, la belle Mme T..., la
jrosse Z.. ., la petite V..., ont fait leur
réapparition dans les rues d’Alger. Us et
ailes étalent à l’envie les modes nouvelles!
Nos places y gagnent un regain da mou
vement et puis, bien que ces dames n’aient
pas encore repris leurs jours, ce .sont des
visites sans nombre aux amis laissés à
Alger. Est-ce pure amitié ? Pas bien sûr.
Mais, il faut bien, après le plaisir pris, se
donner celui d'y ajouter le récit souvent
amplifié que l’on en fait. Tant pis, si l’on
augmente le regret des bonnes amies que
des devoirs spéciaux ont attaché au rivage.
Ah ! ma chère ! que j’ai regretté de ne
pas vour avoir près de moi, jamais vous ne
paurrez vous faire une idéé des agréments
dé toute sorte que nous avons eu. Je n’ai
fait que penser à vous, et îâ-dessus on entre
dans des détails interminables, on fait éta
lage des brillantes occasions que l’on a eu.
Yoyez cette robe et ce chapeau, il n’y en
aura pas, avant un an, de semblables ici, et
et lorsque l’on sent que le dépit s'empare
de votre interlocutrice, on sa hâte d’aller
chez une autre, renouveler la même scène.
*
* *
Cela vaut encore mieux, il est vrai, que
de causer politique.
Après la période électorale que nous ve
nons de traverser on éprou ve une telle las
situde pour tout ce qui a trait aux affaires
publiques que i on ressent on véritable bon*
Meur à causer des choses indifférentes fut-ce
même de la plaie et du beau temps.
Le bçau temps n’est pas, d’ailleurs, seu
lement un sujet da conversation , c’est une
jouissance sérieuse, une sensation des plus
douces que doivent éprouver ceux et celles
qui reviennent de France. L'hiver y a été
en effet précoce, la neige est déjà tombée
sur plusieurs points, môme aux environs de
Grenoble ; et ici c’est le printemps avec
tous ses charmes, ses fleurs, sa verdure nou
velle et son ciel transparent.
Pendant que Ton déserte en masse les
villes d’eau, la saison commence à Ham-
mam-R’Irha. Les Algériens retenus ici pen
dant ces derniers mois prennent leur revan
che et le bel établissement de M. Arlès-Du-
four commence à recevoir de nombreux vi
siteurs. Nous avons même grande chance
que bientôt il sera le rendez-vous des hi-
verneurs.
Le choléra a en effet épargné cette année
l’Algérie, tahdis que Nice a été et est encore
rudement éprouvée.
La suppression des quarantaines aidant,
c’est vers nos rivages que doit se porter, si
les intéressés savent profiter des circons
tances, le flot des immigrants étrangers.
Mais, le voudront-ils les intéressés ?
Comomprendront-ils leurs vrais inté
rêts ?
Nous l’espérons, sans cependant être bien
convaincu qu’ils agiront avec cet ensemble,
cet esprit de solidarité qui, certainement,
a fait plus encore pour le succès de la gran
de station hivernale française que les sacri
fices pécuniaires consentis dans le bat d’en
rendre le séjour agréable à ses hôtes.
***
L’hiver s’annonce bien d’ailleurs sous le
rapport des plaisirs mondains.
Depuis quinze jours déjà, le Cirque a.
réouvert ses portes, les éléphants y font
merveille.
Très curieux le mouvement qui s’est opé
ré depuis quelques années en ce genre de
spectacle.
Jadis, qui disait Cirque disait chevaux,
écuyers et écuyères. C’est à peine si quel
ques clowns venaient, au cours de la soirée
jeter une note différente et tranchée avec
les exercices équestres.
Aujourd'hui, ces derniers sont presque
devenus dés hors d’œuvre. Place aux gym-
nasiarques, aux daneeurs de corde, aux
acrobates de tous genres et place surtout
aux animaux.
Hier des lions, aujourd’hui des éléphants,
voir même des camarades de Saint-Antoi
ne rivalisant d’égalité avec les clowns,
Qu’ofL ira-t-on demain à la curiosité sans
cesse inassouvie du public ?
*%
Ce soir, le Théâtre National ouvre ses
portes avec les éternels Mousquetaires de
la Reine.
Que sera la troupe ?
I^s uns en disent beaucoup de bien, d’au-
tfès beaucoup de mal. Il en est toujours
ainsi. C’est au feu de la rampe que l’opinion
se formera.
En attendant et alors que de toutes parts
on entend les gens se plaindre de ce que les
affaires ne vont pas, de ce que l’argent
manque,. le Cirque est plein tous les soirs,
la Perle regorge d’amateurs et jjloges et fau
teuils ont été chaudement disputés aux feux
des enchères.
C’est une chose curieuse que plus les
plaintes contre le chômage sont aigues, plus
la foule se précipite dans les établissements
consacrés aux plaisirs.
Oq dirait que se sentant dans l’impossi
bilité de réaliser des économies, l’on consi
dère l'argent comme une chose sans valeur;
chacun- dépense sans compter.
***
Nous verrons ce soir si Ton a fait dispa
raître de la salle du théâtre, les traces des
dégradations commises lors de la fameuse
réunion dans laquelle nos intransigeants ont
remporté une si honorable victoire.
En présence de ce qui vient de se passer
à Constantine, il faut presque savoir gré à
leurs collègues d’Alger de s’être montrés
aussi modérés. Les dégâts se bornent, en
effet, à quelques étoffes déchirées, à quel
ques fauteuils brisés.
Les radicaux de la vieille Cirtha ont vou
lu faire et ont fait mieux.
La dépêche que nous avons publiée hier a
donné les détails des violences auxquelles
ces messieurs se sont livrés.
Encore une très mauvaise note pour l’Al
gérie,et cela à un moment où nous avons
un intérêt majeure à ce que rien n’éloigne
de nous les hiverneurs. Il est vrai qu’Alger
est leur rendez-vous préféré et non Cons
tantine.
Espérons qu’ici tout le monde le com
prendra, et qu’Alger pourra offrir à ses
hôtes, non seulement son beeu ciel bleu et
san admirable climat, mais encore la tran
quillité dans la rue et le calme dans les
esprits.
LES VAINCUS
Dans fous les télégrammes qu’ils se fai
saient adresser, MM. Marchai et Samary,
les deux frères Siaraoisqêtaient acclamés par
les populations. On leur offrait des punchs,,
on les escortait à l’arrivée e; au départ et il
va sans dire que leurs concurrents étaient
partout s-filés, c m pués.
On a vu ce que valaient ces récits. MM.
Letellier et Bourlier ont eu la majorité et
une immense majorité, principalement dans
les localités où, selon les télégrammes, ils
avaient êiê le mieux accueillis : C’est à Mè-
dôa que la défaite des candidats de cet ai
mable colonel Fallet a eu le plus d’éclat,
malgré le manifeste de ce conseiller général
provisoire adressé, à ses électeurs. Bourlier
et L' telüer ont eu une immense majorité à
Méd >a même — C’est à n’y pas croire î —
à si peu de distance de la grande victoire
de l’irascible colonel qui doit commencer à
se souvenir que la Roche tarpéïenne est
près du Capitole
Aujourd hui, nos propres adversaires se.
consolent de leur débâie par leurs moyens'
ordinair s, s it en attaquant la moralité dm
vote qui les a condamnés, soit en faisant
d’effroyables calculs d'arithmétique, pour
prouver que la majorité est la minorité et
que, bien que MM, Bourlier et Letellier
soient élus, ce sont eux qui devaient être
proclamés.
C’est la division des radicaux, disent-ils*
qui les a perdus. Cette division ne prouva
qu’une chose, la difficulté qu’ils éprouvent
à mettr - un frein à leur ambition. Cette
division, quoi qu’en puisse dire le Petit Cn—
Ion, est b l,-i charge de MM. Marchai et
Samary. C’est leur candidature qui a ame*
né la division dans le parti intransigeant on
Feuiîletou de la Dépêche Algérienne
N° 15.
LES
PAR
L RÀCOT et G. PR40EL (,)
PREMIÈRE PARTIE
]LSÏS DEUX TESTAMENTS
— Dieu ! que c’est beau 1 fit-elle à mi-
voix, comme se parlant à elle-même, et que
voilà une royale demeure. Heureux ceux
qui peuvent vivre là !
Ks entrèrent. Des valets se précipitèrent
au. devant du duc qui mit une réelle co
quetterie à descendre de Cacique d’une fa-
jeun© femme se laissa glisser en bas de son
cheval. Elle ne pouvait détacher ses yeux
de la façade du château ; elle admirait sans
réserves le manoir qui se dressait devant
elle. Wn pli profond, net comme une cou
pure, se creusa entre ses deux sourcils et
ctftte physionomie si douce et si calme tout
(1) Reproduction interdite aux journaux qui n’ont
traité avec 1a Société des Gens de Lottre».
à l’heure encore, prit un air d une dureté
inouïe et étrange.
Le duc, tout entier aux ordres qu’il avait
à donner, ce s’aperçut point de la méta
morphose que venaient de subir les traits
de la jeune femme.
— Penhoël ! cria-t-il au piqoeur qui
allait prendre Cacique pour le rentrer à |
l’écurie, laisse Cacique â un groom et va j
me chercher le capitaine Cressin.
— Oui, monsieur le duc, répliqua Pe
nhoël.
Il était impossible à M. de Trémeur de
conserver plus longtemps son incognito. Il
mit la cape à la main, et s’inclinant profon
dément devant la jeune femme :
— Pardonnez-moi, madame, lui dit-il
avec un léger sourire, d’avoir tardé aussi
longtemps à me présenter à vous. Pardon-
nez-moi ma légère supercherie, bien inno
cente, du reste, puisqu’elle devait tout natu
rellement avoir un terme quelques instants
plus tard. Jà suis le duc de Trémeur.
— Oh ! monsieur le duc, s’écria la jeune
femme en s’inclinant à son tour, si j’avais
pu supposer...
— Vous n’auriez point dit à M. de Tré
meur, — et le sourire de bonne humeur du
duc s’élargit pleinement — qu’il passait pour
pour être un peu maniaque.
— Pardonnez-moi, mon enfant, ajouta M.
de Trémeur, cette pauvre plaisanterie. Re
mettez-vous, vous n’avez rien à vous repro
cher. Vous avez dit au duc de Trémeur
qu’il avait la réputation d’un être généreux
et bon, cela n’est-il pas suffisant pour faire
I passer par-dessus certaines bizarreries de
j caractère?
— Monsieur le duc, croyez bien. ..
— Remettez-vous, mon enfant, et dites-
vous que si Je duc de Trémeur peut vous
être utile, il sera très heureux d’être tout
entier à votre disposition.
Cependant ie capitaine, prévenu pdr Pe
nh-ël, accourait à L’appel du duc. Arrivé à
quelques pas de celui-ci et de la jeune fem
me, qui étaient demeurés au milieu de la
cour, il s’arrêta comme frappé de stu
peur...
— Suzanne, s’éeria-t-il, vous ici !...
Et sa figure prit aussitôt un aspect mé
content et colère.* Il était évident que l’arri
vée inattendue de sa sœur ne la charmait
pas le moins du monde.
Le duc fit discrètement un pas de retrai
te, pour permettre au frère et à ia sœur do
discuter en paix.
— Pauvre créature, ne put-il s’empêcher
de murmurer, sa tristesse était un pressen
timent. Qu’un tel accueil doit lui paraître
dur, et dire qu’elle n’a olus que ce soudard
de Cressin comme protecteur !
Cependant, malgré la distance qui le sé
parait du capitaine eide la jeune femme, ce
dernier n’étaut sans douté pas maître de lui,
élevait la voix et témoignait son méconten
tement ; de telle sorte que le duc, sans le
vouloir, ne perdait pas une de ses paro
les.
— Vous ici ! Suzanne, répéta de nouveau
Cressin. Vous ici ! et sans me prévenir en-
i core. Ma parole d’honneur! les femmes sont
f )lîes. Qui est-ce qui a pu vous donner l’idée
de me tomber sur les bras comme une ca
tastrophe ?
— Mais, rnoo frère, répliqua Suzanne
d’uue voix douce et humble, vous avez dû
savoir par ma dernière lettre que j’avais
perdu mon mari.
— Oui, je sais, je sais, répéta le capitaine
d’un air ennuyé. Mais, ie diable m’emporte,
que voulez-vous que j y fasse? Est-ce ane
raison pour arriver ici tout de go, sans crier
{ gare ?
1 — Je vous demande pardon, Aimé; j’étais
seule, sans appui, sans personne autour de
moi, sans ressources. J'ai cru que ma place
devait être près de vous, mon Aimé, mon
second protecteur, et je suis venue droit à
vous pour vous dire : Me voilà !
— Vous voilà ! C’est bientôt dit et bientôt
fait ! Mâtin ! vous n’y sllez pas par quatre
chemins ! Cependant, je vous ferai remar
quer que je ne suis point ici chez moi, que
je suis chez un autre, et, avant da venir
tomber ici, vous auriez dû penser â cela.
— Aimé, dit la jeune femme en portant,
u.q mouchoir à ses yeux, vous êtes bien dur
pour moi Vous devriez penser, de votre,
côté, que j’étais seule, sans ressource, et que.
je n’ai pas eu le temps de réfléchir.
(A suivre ;)
♦
PHEFfiÜTU.l-Œ O’ALGEH
numéro 5 o®ntime 8 .
iKGAL
Lundi, 12 octobre 1885.
JOURNAL POLITIQUE QUOTIDIEN
ABONNEMENTS :
Trois mois Six mois Un an
Algérib . 4.50 O 18
Francs ® 1® ®4
7S&
ADMINISTRATION ET RÉDACTION :
Rue de la Marine, n° 9, ancien hôtel Bazin.
Tontes les coramnnicatioûi reUiives aux ABnaoJsete et ré" latte* iwvuKik i®
Algérie, être adressées à l’AGKSGB HAVsiS. bonlmarft delà 8éptW*«ï©8, Alpr*
En France, les commaiûfstionii soin reçue* saroir ;
A Marseille, chez M. Gustavs ALLÀRJD, rae du Baosset, 4 ;
A Paris, chex MM, AUDBOURG et O, place de la Bourse, lQ t
Et par leurs correspondants
La DEPECHE ALGÉRIENNE est désignée pour l’insertion des annonoes légales judiciaires et autres exigées pour la validité des procédures et eon.trr**
Alger, le 11 Octobre 1885.
Le Retour. -- Les Causeries. — Le beau
Temps . — Les H>verneurs. — Les Dis
tinctions. — Le Cirque. —Le Théâtre.
— Les Radicaux de Constantine.
On va revenir, on revient, on est revenu.
Le petit X..., le grand Chose, M. et
Mme Machan, la belle Mme T..., la
jrosse Z.. ., la petite V..., ont fait leur
réapparition dans les rues d’Alger. Us et
ailes étalent à l’envie les modes nouvelles!
Nos places y gagnent un regain da mou
vement et puis, bien que ces dames n’aient
pas encore repris leurs jours, ce .sont des
visites sans nombre aux amis laissés à
Alger. Est-ce pure amitié ? Pas bien sûr.
Mais, il faut bien, après le plaisir pris, se
donner celui d'y ajouter le récit souvent
amplifié que l’on en fait. Tant pis, si l’on
augmente le regret des bonnes amies que
des devoirs spéciaux ont attaché au rivage.
Ah ! ma chère ! que j’ai regretté de ne
pas vour avoir près de moi, jamais vous ne
paurrez vous faire une idéé des agréments
dé toute sorte que nous avons eu. Je n’ai
fait que penser à vous, et îâ-dessus on entre
dans des détails interminables, on fait éta
lage des brillantes occasions que l’on a eu.
Yoyez cette robe et ce chapeau, il n’y en
aura pas, avant un an, de semblables ici, et
et lorsque l’on sent que le dépit s'empare
de votre interlocutrice, on sa hâte d’aller
chez une autre, renouveler la même scène.
*
* *
Cela vaut encore mieux, il est vrai, que
de causer politique.
Après la période électorale que nous ve
nons de traverser on éprou ve une telle las
situde pour tout ce qui a trait aux affaires
publiques que i on ressent on véritable bon*
Meur à causer des choses indifférentes fut-ce
même de la plaie et du beau temps.
Le bçau temps n’est pas, d’ailleurs, seu
lement un sujet da conversation , c’est une
jouissance sérieuse, une sensation des plus
douces que doivent éprouver ceux et celles
qui reviennent de France. L'hiver y a été
en effet précoce, la neige est déjà tombée
sur plusieurs points, môme aux environs de
Grenoble ; et ici c’est le printemps avec
tous ses charmes, ses fleurs, sa verdure nou
velle et son ciel transparent.
Pendant que Ton déserte en masse les
villes d’eau, la saison commence à Ham-
mam-R’Irha. Les Algériens retenus ici pen
dant ces derniers mois prennent leur revan
che et le bel établissement de M. Arlès-Du-
four commence à recevoir de nombreux vi
siteurs. Nous avons même grande chance
que bientôt il sera le rendez-vous des hi-
verneurs.
Le choléra a en effet épargné cette année
l’Algérie, tahdis que Nice a été et est encore
rudement éprouvée.
La suppression des quarantaines aidant,
c’est vers nos rivages que doit se porter, si
les intéressés savent profiter des circons
tances, le flot des immigrants étrangers.
Mais, le voudront-ils les intéressés ?
Comomprendront-ils leurs vrais inté
rêts ?
Nous l’espérons, sans cependant être bien
convaincu qu’ils agiront avec cet ensemble,
cet esprit de solidarité qui, certainement,
a fait plus encore pour le succès de la gran
de station hivernale française que les sacri
fices pécuniaires consentis dans le bat d’en
rendre le séjour agréable à ses hôtes.
***
L’hiver s’annonce bien d’ailleurs sous le
rapport des plaisirs mondains.
Depuis quinze jours déjà, le Cirque a.
réouvert ses portes, les éléphants y font
merveille.
Très curieux le mouvement qui s’est opé
ré depuis quelques années en ce genre de
spectacle.
Jadis, qui disait Cirque disait chevaux,
écuyers et écuyères. C’est à peine si quel
ques clowns venaient, au cours de la soirée
jeter une note différente et tranchée avec
les exercices équestres.
Aujourd'hui, ces derniers sont presque
devenus dés hors d’œuvre. Place aux gym-
nasiarques, aux daneeurs de corde, aux
acrobates de tous genres et place surtout
aux animaux.
Hier des lions, aujourd’hui des éléphants,
voir même des camarades de Saint-Antoi
ne rivalisant d’égalité avec les clowns,
Qu’ofL ira-t-on demain à la curiosité sans
cesse inassouvie du public ?
*%
Ce soir, le Théâtre National ouvre ses
portes avec les éternels Mousquetaires de
la Reine.
Que sera la troupe ?
I^s uns en disent beaucoup de bien, d’au-
tfès beaucoup de mal. Il en est toujours
ainsi. C’est au feu de la rampe que l’opinion
se formera.
En attendant et alors que de toutes parts
on entend les gens se plaindre de ce que les
affaires ne vont pas, de ce que l’argent
manque,. le Cirque est plein tous les soirs,
la Perle regorge d’amateurs et jjloges et fau
teuils ont été chaudement disputés aux feux
des enchères.
C’est une chose curieuse que plus les
plaintes contre le chômage sont aigues, plus
la foule se précipite dans les établissements
consacrés aux plaisirs.
Oq dirait que se sentant dans l’impossi
bilité de réaliser des économies, l’on consi
dère l'argent comme une chose sans valeur;
chacun- dépense sans compter.
***
Nous verrons ce soir si Ton a fait dispa
raître de la salle du théâtre, les traces des
dégradations commises lors de la fameuse
réunion dans laquelle nos intransigeants ont
remporté une si honorable victoire.
En présence de ce qui vient de se passer
à Constantine, il faut presque savoir gré à
leurs collègues d’Alger de s’être montrés
aussi modérés. Les dégâts se bornent, en
effet, à quelques étoffes déchirées, à quel
ques fauteuils brisés.
Les radicaux de la vieille Cirtha ont vou
lu faire et ont fait mieux.
La dépêche que nous avons publiée hier a
donné les détails des violences auxquelles
ces messieurs se sont livrés.
Encore une très mauvaise note pour l’Al
gérie,et cela à un moment où nous avons
un intérêt majeure à ce que rien n’éloigne
de nous les hiverneurs. Il est vrai qu’Alger
est leur rendez-vous préféré et non Cons
tantine.
Espérons qu’ici tout le monde le com
prendra, et qu’Alger pourra offrir à ses
hôtes, non seulement son beeu ciel bleu et
san admirable climat, mais encore la tran
quillité dans la rue et le calme dans les
esprits.
LES VAINCUS
Dans fous les télégrammes qu’ils se fai
saient adresser, MM. Marchai et Samary,
les deux frères Siaraoisqêtaient acclamés par
les populations. On leur offrait des punchs,,
on les escortait à l’arrivée e; au départ et il
va sans dire que leurs concurrents étaient
partout s-filés, c m pués.
On a vu ce que valaient ces récits. MM.
Letellier et Bourlier ont eu la majorité et
une immense majorité, principalement dans
les localités où, selon les télégrammes, ils
avaient êiê le mieux accueillis : C’est à Mè-
dôa que la défaite des candidats de cet ai
mable colonel Fallet a eu le plus d’éclat,
malgré le manifeste de ce conseiller général
provisoire adressé, à ses électeurs. Bourlier
et L' telüer ont eu une immense majorité à
Méd >a même — C’est à n’y pas croire î —
à si peu de distance de la grande victoire
de l’irascible colonel qui doit commencer à
se souvenir que la Roche tarpéïenne est
près du Capitole
Aujourd hui, nos propres adversaires se.
consolent de leur débâie par leurs moyens'
ordinair s, s it en attaquant la moralité dm
vote qui les a condamnés, soit en faisant
d’effroyables calculs d'arithmétique, pour
prouver que la majorité est la minorité et
que, bien que MM, Bourlier et Letellier
soient élus, ce sont eux qui devaient être
proclamés.
C’est la division des radicaux, disent-ils*
qui les a perdus. Cette division ne prouva
qu’une chose, la difficulté qu’ils éprouvent
à mettr - un frein à leur ambition. Cette
division, quoi qu’en puisse dire le Petit Cn—
Ion, est b l,-i charge de MM. Marchai et
Samary. C’est leur candidature qui a ame*
né la division dans le parti intransigeant on
Feuiîletou de la Dépêche Algérienne
N° 15.
LES
PAR
L RÀCOT et G. PR40EL (,)
PREMIÈRE PARTIE
]LSÏS DEUX TESTAMENTS
— Dieu ! que c’est beau 1 fit-elle à mi-
voix, comme se parlant à elle-même, et que
voilà une royale demeure. Heureux ceux
qui peuvent vivre là !
Ks entrèrent. Des valets se précipitèrent
au. devant du duc qui mit une réelle co
quetterie à descendre de Cacique d’une fa-
cheval. Elle ne pouvait détacher ses yeux
de la façade du château ; elle admirait sans
réserves le manoir qui se dressait devant
elle. Wn pli profond, net comme une cou
pure, se creusa entre ses deux sourcils et
ctftte physionomie si douce et si calme tout
(1) Reproduction interdite aux journaux qui n’ont
traité avec 1a Société des Gens de Lottre».
à l’heure encore, prit un air d une dureté
inouïe et étrange.
Le duc, tout entier aux ordres qu’il avait
à donner, ce s’aperçut point de la méta
morphose que venaient de subir les traits
de la jeune femme.
— Penhoël ! cria-t-il au piqoeur qui
allait prendre Cacique pour le rentrer à |
l’écurie, laisse Cacique â un groom et va j
me chercher le capitaine Cressin.
— Oui, monsieur le duc, répliqua Pe
nhoël.
Il était impossible à M. de Trémeur de
conserver plus longtemps son incognito. Il
mit la cape à la main, et s’inclinant profon
dément devant la jeune femme :
— Pardonnez-moi, madame, lui dit-il
avec un léger sourire, d’avoir tardé aussi
longtemps à me présenter à vous. Pardon-
nez-moi ma légère supercherie, bien inno
cente, du reste, puisqu’elle devait tout natu
rellement avoir un terme quelques instants
plus tard. Jà suis le duc de Trémeur.
— Oh ! monsieur le duc, s’écria la jeune
femme en s’inclinant à son tour, si j’avais
pu supposer...
— Vous n’auriez point dit à M. de Tré
meur, — et le sourire de bonne humeur du
duc s’élargit pleinement — qu’il passait pour
pour être un peu maniaque.
— Pardonnez-moi, mon enfant, ajouta M.
de Trémeur, cette pauvre plaisanterie. Re
mettez-vous, vous n’avez rien à vous repro
cher. Vous avez dit au duc de Trémeur
qu’il avait la réputation d’un être généreux
et bon, cela n’est-il pas suffisant pour faire
I passer par-dessus certaines bizarreries de
j caractère?
— Monsieur le duc, croyez bien. ..
— Remettez-vous, mon enfant, et dites-
vous que si Je duc de Trémeur peut vous
être utile, il sera très heureux d’être tout
entier à votre disposition.
Cependant ie capitaine, prévenu pdr Pe
nh-ël, accourait à L’appel du duc. Arrivé à
quelques pas de celui-ci et de la jeune fem
me, qui étaient demeurés au milieu de la
cour, il s’arrêta comme frappé de stu
peur...
— Suzanne, s’éeria-t-il, vous ici !...
Et sa figure prit aussitôt un aspect mé
content et colère.* Il était évident que l’arri
vée inattendue de sa sœur ne la charmait
pas le moins du monde.
Le duc fit discrètement un pas de retrai
te, pour permettre au frère et à ia sœur do
discuter en paix.
— Pauvre créature, ne put-il s’empêcher
de murmurer, sa tristesse était un pressen
timent. Qu’un tel accueil doit lui paraître
dur, et dire qu’elle n’a olus que ce soudard
de Cressin comme protecteur !
Cependant, malgré la distance qui le sé
parait du capitaine eide la jeune femme, ce
dernier n’étaut sans douté pas maître de lui,
élevait la voix et témoignait son méconten
tement ; de telle sorte que le duc, sans le
vouloir, ne perdait pas une de ses paro
les.
— Vous ici ! Suzanne, répéta de nouveau
Cressin. Vous ici ! et sans me prévenir en-
i core. Ma parole d’honneur! les femmes sont
f )lîes. Qui est-ce qui a pu vous donner l’idée
de me tomber sur les bras comme une ca
tastrophe ?
— Mais, rnoo frère, répliqua Suzanne
d’uue voix douce et humble, vous avez dû
savoir par ma dernière lettre que j’avais
perdu mon mari.
— Oui, je sais, je sais, répéta le capitaine
d’un air ennuyé. Mais, ie diable m’emporte,
que voulez-vous que j y fasse? Est-ce ane
raison pour arriver ici tout de go, sans crier
{ gare ?
1 — Je vous demande pardon, Aimé; j’étais
seule, sans appui, sans personne autour de
moi, sans ressources. J'ai cru que ma place
devait être près de vous, mon Aimé, mon
second protecteur, et je suis venue droit à
vous pour vous dire : Me voilà !
— Vous voilà ! C’est bientôt dit et bientôt
fait ! Mâtin ! vous n’y sllez pas par quatre
chemins ! Cependant, je vous ferai remar
quer que je ne suis point ici chez moi, que
je suis chez un autre, et, avant da venir
tomber ici, vous auriez dû penser â cela.
— Aimé, dit la jeune femme en portant,
u.q mouchoir à ses yeux, vous êtes bien dur
pour moi Vous devriez penser, de votre,
côté, que j’étais seule, sans ressource, et que.
je n’ai pas eu le temps de réfléchir.
(A suivre ;)
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