Titre : La Dépêche algérienne : journal politique quotidien
Éditeur : [s.n.] (Alger)
Date d'édition : 1885-10-11
Contributeur : Robe, Eugène (1890-1970). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32755912k
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Description : 11 octobre 1885 11 octobre 1885
Description : 1885/10/11 (A1,N87). 1885/10/11 (A1,N87).
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bd6t543223q
Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JOD-10449
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 18/04/2021
GBJlA'Cj LUOiK.
03 vJ-iULK.
Première année. — N° 87.
DV.m LEGAL
T j« nriTrt<ê>B:*o SS o«©ntiîTW©is. J j Dim&nclie, 11 octobre 1885.
3oru>.ot<'. y »
JOURNAL POLITIQUE QUOTIDIEN
abonn ements
ALCféRIK.
FlANOB.
Trois mois
4.5©
©
Sis mors
©
Un an
18
24
ADMINISTRATION ET RÉDACTION :
Rue de la Marine» n° 9, ancien hôtel Bazin.
1 ■ -tt- . n
Tontes les communicatiùi)# relatives an* annnonees et réela*»»# Aeifantilj, «a*
Algérie,être adressée? à i’AGENCE HAVAS boulevard de la R£pabiiq&&, Al^r/.
Sn Fraace, le» contrannicaliiouis sont reçue» savoir ;
A Marseilus, che* M, Goïtatb ALLARD, me du Bansset, 4 ;
A Paris, ches MM AUDBOURG et G 5 », place de la Bourse, 1.0,
Kt par leurs correspondants.
La DÉPÊCHE
— ' : ” tr,^tnt a i. aa a + «in+^aa «iHirées pour la validité des procédures et contrat*
ALGERIENNE est désignée pour l'insertion dos annonoes legale» judiciaires et autres exigées poa
Alger, le 10 Octobre 1885.
LA REPARTITION
PRODUIT M L’OCTROI DE
L'ardeur de la lutte, pendant tout le temps
çu’a duré la période électorale, nous a dé
tourné de toutes les questions qui n’avaient
pas trait au grand intérêt du jour: le succès
de nos candidats, que nous devions défen
dre contre les attaques incessantes dont ils
étaient l’objet. Aujourd’hui, uous rentrons
dans des conditions normales, qui vont nous
permettre de nous remettre à l’étude des
différentes} questions intéressant l’Algérie
et notre département.
La session du Conseil général s'est, en
effet, ouverte aujourd’hui et, à en juger par
le nombre des affaires qui sont soumises à
aotre assemblée départementale, cette ses-
*ion promet d’être laborieuse.
Les Conseils des trois départements au
ront, entre autres affaires, à donner leur
avis sur une question du plus haut intérêt,
•t dont la solution ne saurait être pesée avec
trop de soin. Il s’agit du nouveau mode de
répartition du produit de l’octroi de mer à
établir au cours de l’année prochaine.
Actuellement, le produit de l’octroi de
mer est réparti entre les diverses communes
de l'Algérie en raison de leur population,
mais les habitants sont divisés en deux ca
tégories, les européens et les indigènes.
Pendant que dans les communes de plein
exercice les premiers comptent pour une
unité, les seconds (mnsulmï.ns|et israéiites)
comptent pour un huitième d’unité et, dans
les communes mixtes, pour un quarantième.
On fait observer qü'aujourd’hui, depuis
que l’octroi de mer frappe surtout sur les
sucres, les cafés et les pétroles, les Israélites
ne consomment pas sensiblement moins que
les européens, et on demande qu'ils soient
comptés pour une unité comme les Français
i’origine.
L’administration supérieure serait portée
à accepter cette pétition, en faisant observer
Feuilleton de la Dépêche Algérienne
N” 14.
toutefois que les israéiites n’ont pas été
les seuls à modifier leurs habitudes au
point de vue économique, et que bon nom
bre de musulmans ont également modifié
leur manière de vivre et que les taxes frap
pant le sucre, le café et le pétrole sont
payées aussi, bien par les musulmans que
par les israéiites et les européens.
D’un autre côté, l’adoption de la mesure
demandée atteindrait, dans le plus grand
nombre des cas les budgets commu
naux. Pour quelques grandes villes comp
tent beaucoup d’israélites, dont les revenus
seraient sensiblement augmentés, beaucoup
de petites communes verraient leurs budgets
sérieuîément compromis.
Afin de permettre de bien apprécier la
situation, l'administration a fait établir une
répartition des produits de l’octroi de mer
pour 1884 :
1° Eu décomptant les Européens et les
Israêlites à l’unité et eu laissant les musul
mans compter pour 1/8* dans les communes
de plein exercice et l/40 e dans les communes
mixtes ;
2° En décomptant les Européens et les Is
raélites à l’uüitè et les musulmans au i/6 e
dans les communes de plein exercice et au
1/40 9 , au 1/35°, au 1/30° dans les communes
mixtes.
De ces divers systèmes, celui qui consiste
purement et simplement à compter tes Eu
ropéens et les Israêlites chacun pour une
unité et à ne pas toucher aux quesiions des
musulmans, serait encore celui qui appor
terait le moins de perturbations dans les
résultats généraux de la répartition.
Ces résuit ds out été relevés pour chaque
département :
Dans celai. d’Oran, le plus grand nombre
des communes de plein exercice perdraient
de 1 à 10°/ o de leurs revenus. Les revenus
de la vibe de Tfemeen s’élèveraient de
96,031 fr. à 128 237 fr., soit une augmen
tation de 33 Le résultat serait à peu près
le même dans ks communes mixtes. Celles
de Mekerra et de Nedrornah trouveraient
une augmentation de 42 et de 33 % ;
Dans le département de Constantioe, 40
communes seulement verraient augmenter
leurs revenus, parmi lesquelles Constantiue
qui aurait une augmentation de près de
45,000 francs ;
Dans le département d’Alger, 14 com
munes profiteraient du remaniement, dont
Alger avec une augmentation de 14,000 fr.
environ.
Aux Conseils généraux, qui ont toute com
pétence poqr apprécier les besoins des com
munes et défendre leurs droits respectifs,
de proposer une solution qui ne compro
mette pas les budgets communaux.
Nous sommes en mesure d’annoncer que
les travaux du chemin de fer de Mostaga-
nem-Tiaret vont commencer prochaine
ment Le personnel dirigeant est attendu A
Mostaganem.
X
Depuis quelques jours, tout est en mou
vement au théâtre de Constantine ; l’impré
sario, M Manint, a reçu, tous ses pension
naires. et l’on se dispose à se mettre rèso-
lûment à, l’œuvre.
Les répétitions ont commencé jeudi, par
les Mousquetaires de la Reine.
UHEMÉSAVEHTURE ÉLECTORALE
fiferiatioRS algérienne:
Le Conseil municipal de Mostaganem
approuve, à l’unanimité, la proposition de
M. Prion, au sujet de la création d’une
caisse alimentée par un impôt proportionnel
sur les vignobles.
X
Une mine de houille et d’autres gîtes
minéraux ont été reconnus au sud de Tia-
ret O île heureuse trouvaille a été signalée
à l’autorité supérieure de la colonie et au
rédacteur en chef du Journal des Mines.
M. Francis Laur, par son ami Estorge, con
ducteur principal en retraite.
Cette découverte, qui inaugure brillam
ment la carrière civile de notre concitoyen,
'est le meilleur argument pour obtenir le
prolongement de Mosîaganem-Tiaret et en
faire, une artère principale du Transaharien.
X
On sait que les crédits votés pour le port,
de Mostaganem ne seront disponibles qu’en
1877. Tout en se félicitant delà perspective
de posséder un port dans quelques années,
les habitants trouveront néanmoins que
cette attente est un peu longue et que le
retard apporté dans la construction occa
sionnera un grave préjudice à nos relations
commerciales quand fonctionne a. la ligne
ferrée qui, certainement, sera terminée bien
avant ie port.
X
Nous lisons dans divers journaux qujâ la
suite de l'agio scandaleux qui .se fait de la
monnaie espagnole sur la frontière franco-
espagnole, M. le Ministre des finances a
dû renouveler l’ordre aux caisses publiques
de refuser les pièces d’Alphonse XII.
On nous garantit l’authenticilé de la plai
sante histoire suivante, qui est arrivée à M.
Sabatier pendant sa tournée électorale dans
le département d Oran.
M Sabatier se présente un beau matin,
vers 9 heures dans un village près d’Ar-
w fait baffreda cai-’sé et annonce-qu’il
dé"ire s eutr- tenir avec les colons de l’en
droit. Une bande assez nombreuse arrive,
on s’attable aussitôt devant le cabaret le
ph s cossu du village. Sabatier fait servir
force chopes; on trinque, on boit. AU
right !
L’éminent sociologue est plein de séduc
tions ; il fait servir une vingtaine de bou—
teilles, cor les invités ont le gosier sec.
Oa boit ferme, l’enthousiasme est à son
comble.
Cependant, au bout d’une heure, le gous
set de - anoMat commençait à s’alléger, et
Sabîftier jugeant le moment pronice, se lève
et prononce quelques paroles politiques bien
senties
L’allo mt on terminée, il s’adresse à ses
convives :
Eli bien, mes amis, voterez-vous pour
moi, s’êf rie-t-H la bouche en cœur et la
main jouant délicatement sur son épaisse
barbu noire.
Pas un mot, silence complet. Sabatier ne
ss oêmonfce nas ; il faut à tout prix gagner
la b-;taille et bien que peu riche il n hésite
pas.
« Garçon, de la bière » clame-t-il de sa
voix de stentor et les chopes succèdent aux
chopes.-- An bout de d*x minutes de ce ma
nège, 'Sabatier se lève de nouveau et reitère
sa que-lion.
Nous' voudrions b : en vous donner notre
voix d ; t m fin au des buveurs; mais cela
nous sœt absolument impossible ; nous som
mes dès espagnols qui travaillons sur les
ch ntl rs d'alfa
Tableau ! !
L II
PAR
ïf et G. P
(h
PREMIÈRE PARTIE
DES DEUX TESTAMENTS
— 'Sont-ce vos parents que vous avez
perdus ? demanda encore le duc, car la voix
tremblante de la jeune femme faisait vibrer
dans son cœur des cordes inconnues.
— Le premier de tous, le plus cher, le
meilleur : je viens de perdre mon mari.
— Pardonnez-moi, madame, fit M. de
Trémeur tout troublé, d avoir par une indis
crète question réveillé votre douleur.
— Ah ! monsieur, répliqua la jeune fem
me, je suis tellement abandonnée que la
marque d’intérêt que m’offre nu in
connu me va au cœur. Fiancée toute jeune
i un homme p us âgé que moi, qui m’ai-
(i> Reproduction interdite aux journaux qui u’enl
}t| traité avec 1a Société des G«us de Lettres.
mait comme un père, je l’ai suivi en Algé
rie, où il allait exploiter une grande con
cession qu’il venait d’obtenir. Toute ?a
fortune avait été mise dans cette exploita
tion, qui n’avait point encore eu le temps
de prospérer, quand il y a deux mois, on
me l’a ramené sanglant, la gorge traversée
par un coup de feu d’un Kabyle. J’étais
veuve, et je ne sus qiTaprôs la mort de mon
protecteur que les fonds dont il avait dis
posé ne lui appartenaient point et lui avaient
été confiés par une compagnie agricole. Je
n’avais plus rien, si ce n’est des créanciers
qui m’ont chassée de ma demeure avec la
plus dure des cruautés. Ah ! si, j eu excepte
un, moins dur que les autres ; mais il met
tait à. sa pitié un prix trop élevé : celui de
mon honneur.
M. de Trémeur s’était ta, respectant cette
douleur que la jeune femme exprimait avec
violence.
Les chevaux marchaient toujours. La li
gne de la forêt, maintenant resserrée, était
recouverte d’ormes et de frênes dont les
branches élevées se rejoignaient en formant
une voûte de léger feuillage. Les ombres du
soir commençaient à tomber, et cet endroit
de la route devenait aussi sombre qu’il ôtait
désert. Dans une poussière épaisse le pas
des chevaux s’assourdissait et rien ne venait
troubler le silence de la forêt profonde.
Le cri du corbeau troubla le silence du
soir, et en même temps Cacique, qui mar
chait la tête ballante, fit un écart de
frayeur.
Une bête sa tenait au milieu de la ligue et
regar -ait les cavaliers de ses deux yeux
b illants comme des veux de chat.
En même temps, Kernoch apparut sur la
lisière de la ligne.
. l’aspect du d>c et de la jeune femme,
il eut un éclat de rire sinistre... Celle-ci
arrê a sa monture.
Kernoch poussa en l’air un cri strident.
— Celui qui a été criminel par la femme
périra par la femme, chanta-t-il.
Et par trois fois il répéta :
—- Malheur ! Malheur ! Malheur !
— Ah ! murmura la jeune femme... j’ai
peur. .. quel est cet homme ?
— Un fou ! répliqua M. de Trémeur en
mettant les éperons au ventre de Cacique
pour s’élancer sur Kernoch.
Mais celui-ci avait disparu sous bois.
YI
POURQUOI LE CAPITAINE AVAIT ENGAGÉ M.
DE TRÉMEUR A FAIRE UNE PETITE EX
CURSION.
— Ah ! que j’ai peur, s’écria la jeune
femme après la retraite de Kernoch, car les
yeux perçants du meneur de loups l’avaient
remuée jusqu’au fond de i’âme. Etes-vous
bien sûr, monsieur, que ce soit un fou ? Il a
l’air plus méchant qu’insensé, et j'ai cru,
tant son œil était chargé dehaine, qu’il allait
s’élancer sur vous.
— Sur moi '.«s’écria le duc; non, madame
pas plu« que sur vous. Tranquillisez-vous,
uous n’avons couru aucun danger. Mais
vous avez cep-ridant raison : je crois qu’il
eM encore plus méchant qu’il n'est fou C’est
un ";ôîe qur CreSsin va surveiller de près
et je donc -rai des ordr». s pour qu i! soit pris
au plus vite, car il braconne. La prison
no. s en débarrassera.
Le duc ne s'aperçut point qn’it venait de.
trahir son ineogn to ; mais la jeune femme
iâbsa p- ser ses paroles sans paraître y
attacher une attention quelconque : peut—
êtse la terreur que lui .avait. inspirée Ker-
noeh l’absorh it-elle tout entière.
S ü'S lus oarler, elle rendit la main au
cheval d’Alain, qui partit au grand trot-
M. de Trémeur la suivit et il put s’aperce
voir à la fi çou dont eîe maniait sa mou
ture, si peut commodément qu’elle fût har-
nachr'H pour elie, qu elle était une écuyère
consommée.
On aperçut bientôt les girouettes du châ
teau.
Le so’eil abait s’éteindre, se couchant
dersière les masses de verdure qu’il estom
pait d’un jaune d’or ; les rayons dardaient
sur le> toits du manoir et faisaient étinceler
‘ms vitraux. Vu ainsi an soleil couchant, le
domaine de Trémeur avait grand aîr, et ces
derniers f- ux du jour raf&aient en pleine.,
lumière ses somptagU
La jeu'«e f mit **iêta son cheval.
— ü est là Trémeur ? demanda-t-elle en.
étendant la main.
— Oui, madame, répliqua le duc.
(A suivre
03 vJ-iULK.
Première année. — N° 87.
DV.m LEGAL
T j« nriTrt<ê>B:*o SS o«©ntiîTW©is. J j Dim&nclie, 11 octobre 1885.
3oru>.ot<'. y »
JOURNAL POLITIQUE QUOTIDIEN
abonn ements
ALCféRIK.
FlANOB.
Trois mois
4.5©
©
Sis mors
©
Un an
18
24
ADMINISTRATION ET RÉDACTION :
Rue de la Marine» n° 9, ancien hôtel Bazin.
1 ■ -tt- . n
Tontes les communicatiùi)# relatives an* annnonees et réela*»»# Aeifantilj, «a*
Algérie,être adressée? à i’AGENCE HAVAS boulevard de la R£pabiiq&&, Al^r/.
Sn Fraace, le» contrannicaliiouis sont reçue» savoir ;
A Marseilus, che* M, Goïtatb ALLARD, me du Bansset, 4 ;
A Paris, ches MM AUDBOURG et G 5 », place de la Bourse, 1.0,
Kt par leurs correspondants.
La DÉPÊCHE
— ' : ” tr,^tnt a i. aa a + «in+^aa «iHirées pour la validité des procédures et contrat*
ALGERIENNE est désignée pour l'insertion dos annonoes legale» judiciaires et autres exigées poa
Alger, le 10 Octobre 1885.
LA REPARTITION
PRODUIT M L’OCTROI DE
L'ardeur de la lutte, pendant tout le temps
çu’a duré la période électorale, nous a dé
tourné de toutes les questions qui n’avaient
pas trait au grand intérêt du jour: le succès
de nos candidats, que nous devions défen
dre contre les attaques incessantes dont ils
étaient l’objet. Aujourd’hui, uous rentrons
dans des conditions normales, qui vont nous
permettre de nous remettre à l’étude des
différentes} questions intéressant l’Algérie
et notre département.
La session du Conseil général s'est, en
effet, ouverte aujourd’hui et, à en juger par
le nombre des affaires qui sont soumises à
aotre assemblée départementale, cette ses-
*ion promet d’être laborieuse.
Les Conseils des trois départements au
ront, entre autres affaires, à donner leur
avis sur une question du plus haut intérêt,
•t dont la solution ne saurait être pesée avec
trop de soin. Il s’agit du nouveau mode de
répartition du produit de l’octroi de mer à
établir au cours de l’année prochaine.
Actuellement, le produit de l’octroi de
mer est réparti entre les diverses communes
de l'Algérie en raison de leur population,
mais les habitants sont divisés en deux ca
tégories, les européens et les indigènes.
Pendant que dans les communes de plein
exercice les premiers comptent pour une
unité, les seconds (mnsulmï.ns|et israéiites)
comptent pour un huitième d’unité et, dans
les communes mixtes, pour un quarantième.
On fait observer qü'aujourd’hui, depuis
que l’octroi de mer frappe surtout sur les
sucres, les cafés et les pétroles, les Israélites
ne consomment pas sensiblement moins que
les européens, et on demande qu'ils soient
comptés pour une unité comme les Français
i’origine.
L’administration supérieure serait portée
à accepter cette pétition, en faisant observer
Feuilleton de la Dépêche Algérienne
N” 14.
toutefois que les israéiites n’ont pas été
les seuls à modifier leurs habitudes au
point de vue économique, et que bon nom
bre de musulmans ont également modifié
leur manière de vivre et que les taxes frap
pant le sucre, le café et le pétrole sont
payées aussi, bien par les musulmans que
par les israéiites et les européens.
D’un autre côté, l’adoption de la mesure
demandée atteindrait, dans le plus grand
nombre des cas les budgets commu
naux. Pour quelques grandes villes comp
tent beaucoup d’israélites, dont les revenus
seraient sensiblement augmentés, beaucoup
de petites communes verraient leurs budgets
sérieuîément compromis.
Afin de permettre de bien apprécier la
situation, l'administration a fait établir une
répartition des produits de l’octroi de mer
pour 1884 :
1° Eu décomptant les Européens et les
Israêlites à l’unité et eu laissant les musul
mans compter pour 1/8* dans les communes
de plein exercice et l/40 e dans les communes
mixtes ;
2° En décomptant les Européens et les Is
raélites à l’uüitè et les musulmans au i/6 e
dans les communes de plein exercice et au
1/40 9 , au 1/35°, au 1/30° dans les communes
mixtes.
De ces divers systèmes, celui qui consiste
purement et simplement à compter tes Eu
ropéens et les Israêlites chacun pour une
unité et à ne pas toucher aux quesiions des
musulmans, serait encore celui qui appor
terait le moins de perturbations dans les
résultats généraux de la répartition.
Ces résuit ds out été relevés pour chaque
département :
Dans celai. d’Oran, le plus grand nombre
des communes de plein exercice perdraient
de 1 à 10°/ o de leurs revenus. Les revenus
de la vibe de Tfemeen s’élèveraient de
96,031 fr. à 128 237 fr., soit une augmen
tation de 33 Le résultat serait à peu près
le même dans ks communes mixtes. Celles
de Mekerra et de Nedrornah trouveraient
une augmentation de 42 et de 33 % ;
Dans le département de Constantioe, 40
communes seulement verraient augmenter
leurs revenus, parmi lesquelles Constantiue
qui aurait une augmentation de près de
45,000 francs ;
Dans le département d’Alger, 14 com
munes profiteraient du remaniement, dont
Alger avec une augmentation de 14,000 fr.
environ.
Aux Conseils généraux, qui ont toute com
pétence poqr apprécier les besoins des com
munes et défendre leurs droits respectifs,
de proposer une solution qui ne compro
mette pas les budgets communaux.
Nous sommes en mesure d’annoncer que
les travaux du chemin de fer de Mostaga-
nem-Tiaret vont commencer prochaine
ment Le personnel dirigeant est attendu A
Mostaganem.
X
Depuis quelques jours, tout est en mou
vement au théâtre de Constantine ; l’impré
sario, M Manint, a reçu, tous ses pension
naires. et l’on se dispose à se mettre rèso-
lûment à, l’œuvre.
Les répétitions ont commencé jeudi, par
les Mousquetaires de la Reine.
UHEMÉSAVEHTURE ÉLECTORALE
fiferiatioRS algérienne:
Le Conseil municipal de Mostaganem
approuve, à l’unanimité, la proposition de
M. Prion, au sujet de la création d’une
caisse alimentée par un impôt proportionnel
sur les vignobles.
X
Une mine de houille et d’autres gîtes
minéraux ont été reconnus au sud de Tia-
ret O île heureuse trouvaille a été signalée
à l’autorité supérieure de la colonie et au
rédacteur en chef du Journal des Mines.
M. Francis Laur, par son ami Estorge, con
ducteur principal en retraite.
Cette découverte, qui inaugure brillam
ment la carrière civile de notre concitoyen,
'est le meilleur argument pour obtenir le
prolongement de Mosîaganem-Tiaret et en
faire, une artère principale du Transaharien.
X
On sait que les crédits votés pour le port,
de Mostaganem ne seront disponibles qu’en
1877. Tout en se félicitant delà perspective
de posséder un port dans quelques années,
les habitants trouveront néanmoins que
cette attente est un peu longue et que le
retard apporté dans la construction occa
sionnera un grave préjudice à nos relations
commerciales quand fonctionne a. la ligne
ferrée qui, certainement, sera terminée bien
avant ie port.
X
Nous lisons dans divers journaux qujâ la
suite de l'agio scandaleux qui .se fait de la
monnaie espagnole sur la frontière franco-
espagnole, M. le Ministre des finances a
dû renouveler l’ordre aux caisses publiques
de refuser les pièces d’Alphonse XII.
On nous garantit l’authenticilé de la plai
sante histoire suivante, qui est arrivée à M.
Sabatier pendant sa tournée électorale dans
le département d Oran.
M Sabatier se présente un beau matin,
vers 9 heures dans un village près d’Ar-
w fait baffreda cai-’sé et annonce-qu’il
dé"ire s eutr- tenir avec les colons de l’en
droit. Une bande assez nombreuse arrive,
on s’attable aussitôt devant le cabaret le
ph s cossu du village. Sabatier fait servir
force chopes; on trinque, on boit. AU
right !
L’éminent sociologue est plein de séduc
tions ; il fait servir une vingtaine de bou—
teilles, cor les invités ont le gosier sec.
Oa boit ferme, l’enthousiasme est à son
comble.
Cependant, au bout d’une heure, le gous
set de - anoMat commençait à s’alléger, et
Sabîftier jugeant le moment pronice, se lève
et prononce quelques paroles politiques bien
senties
L’allo mt on terminée, il s’adresse à ses
convives :
Eli bien, mes amis, voterez-vous pour
moi, s’êf rie-t-H la bouche en cœur et la
main jouant délicatement sur son épaisse
barbu noire.
Pas un mot, silence complet. Sabatier ne
ss oêmonfce nas ; il faut à tout prix gagner
la b-;taille et bien que peu riche il n hésite
pas.
« Garçon, de la bière » clame-t-il de sa
voix de stentor et les chopes succèdent aux
chopes.-- An bout de d*x minutes de ce ma
nège, 'Sabatier se lève de nouveau et reitère
sa que-lion.
Nous' voudrions b : en vous donner notre
voix d ; t m fin au des buveurs; mais cela
nous sœt absolument impossible ; nous som
mes dès espagnols qui travaillons sur les
ch ntl rs d'alfa
Tableau ! !
L II
PAR
ïf et G. P
(h
PREMIÈRE PARTIE
DES DEUX TESTAMENTS
— 'Sont-ce vos parents que vous avez
perdus ? demanda encore le duc, car la voix
tremblante de la jeune femme faisait vibrer
dans son cœur des cordes inconnues.
— Le premier de tous, le plus cher, le
meilleur : je viens de perdre mon mari.
— Pardonnez-moi, madame, fit M. de
Trémeur tout troublé, d avoir par une indis
crète question réveillé votre douleur.
— Ah ! monsieur, répliqua la jeune fem
me, je suis tellement abandonnée que la
marque d’intérêt que m’offre nu in
connu me va au cœur. Fiancée toute jeune
i un homme p us âgé que moi, qui m’ai-
(i> Reproduction interdite aux journaux qui u’enl
}t| traité avec 1a Société des G«us de Lettres.
mait comme un père, je l’ai suivi en Algé
rie, où il allait exploiter une grande con
cession qu’il venait d’obtenir. Toute ?a
fortune avait été mise dans cette exploita
tion, qui n’avait point encore eu le temps
de prospérer, quand il y a deux mois, on
me l’a ramené sanglant, la gorge traversée
par un coup de feu d’un Kabyle. J’étais
veuve, et je ne sus qiTaprôs la mort de mon
protecteur que les fonds dont il avait dis
posé ne lui appartenaient point et lui avaient
été confiés par une compagnie agricole. Je
n’avais plus rien, si ce n’est des créanciers
qui m’ont chassée de ma demeure avec la
plus dure des cruautés. Ah ! si, j eu excepte
un, moins dur que les autres ; mais il met
tait à. sa pitié un prix trop élevé : celui de
mon honneur.
M. de Trémeur s’était ta, respectant cette
douleur que la jeune femme exprimait avec
violence.
Les chevaux marchaient toujours. La li
gne de la forêt, maintenant resserrée, était
recouverte d’ormes et de frênes dont les
branches élevées se rejoignaient en formant
une voûte de léger feuillage. Les ombres du
soir commençaient à tomber, et cet endroit
de la route devenait aussi sombre qu’il ôtait
désert. Dans une poussière épaisse le pas
des chevaux s’assourdissait et rien ne venait
troubler le silence de la forêt profonde.
Le cri du corbeau troubla le silence du
soir, et en même temps Cacique, qui mar
chait la tête ballante, fit un écart de
frayeur.
Une bête sa tenait au milieu de la ligue et
regar -ait les cavaliers de ses deux yeux
b illants comme des veux de chat.
En même temps, Kernoch apparut sur la
lisière de la ligne.
. l’aspect du d>c et de la jeune femme,
il eut un éclat de rire sinistre... Celle-ci
arrê a sa monture.
Kernoch poussa en l’air un cri strident.
— Celui qui a été criminel par la femme
périra par la femme, chanta-t-il.
Et par trois fois il répéta :
—- Malheur ! Malheur ! Malheur !
— Ah ! murmura la jeune femme... j’ai
peur. .. quel est cet homme ?
— Un fou ! répliqua M. de Trémeur en
mettant les éperons au ventre de Cacique
pour s’élancer sur Kernoch.
Mais celui-ci avait disparu sous bois.
YI
POURQUOI LE CAPITAINE AVAIT ENGAGÉ M.
DE TRÉMEUR A FAIRE UNE PETITE EX
CURSION.
— Ah ! que j’ai peur, s’écria la jeune
femme après la retraite de Kernoch, car les
yeux perçants du meneur de loups l’avaient
remuée jusqu’au fond de i’âme. Etes-vous
bien sûr, monsieur, que ce soit un fou ? Il a
l’air plus méchant qu’insensé, et j'ai cru,
tant son œil était chargé dehaine, qu’il allait
s’élancer sur vous.
— Sur moi '.«s’écria le duc; non, madame
pas plu« que sur vous. Tranquillisez-vous,
uous n’avons couru aucun danger. Mais
vous avez cep-ridant raison : je crois qu’il
eM encore plus méchant qu’il n'est fou C’est
un ";ôîe qur CreSsin va surveiller de près
et je donc -rai des ordr». s pour qu i! soit pris
au plus vite, car il braconne. La prison
no. s en débarrassera.
Le duc ne s'aperçut point qn’it venait de.
trahir son ineogn to ; mais la jeune femme
iâbsa p- ser ses paroles sans paraître y
attacher une attention quelconque : peut—
êtse la terreur que lui .avait. inspirée Ker-
noeh l’absorh it-elle tout entière.
S ü'S lus oarler, elle rendit la main au
cheval d’Alain, qui partit au grand trot-
M. de Trémeur la suivit et il put s’aperce
voir à la fi çou dont eîe maniait sa mou
ture, si peut commodément qu’elle fût har-
nachr'H pour elie, qu elle était une écuyère
consommée.
On aperçut bientôt les girouettes du châ
teau.
Le so’eil abait s’éteindre, se couchant
dersière les masses de verdure qu’il estom
pait d’un jaune d’or ; les rayons dardaient
sur le> toits du manoir et faisaient étinceler
‘ms vitraux. Vu ainsi an soleil couchant, le
domaine de Trémeur avait grand aîr, et ces
derniers f- ux du jour raf&aient en pleine.,
lumière ses somptagU
La jeu'«e f mit **iêta son cheval.
— ü est là Trémeur ? demanda-t-elle en.
étendant la main.
— Oui, madame, répliqua le duc.
(A suivre
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