N” 80.
PfiEFËCÎUI
O'AI.GEH
DEPOT
LEGAL
Première année. —
7 //
L* îiuLméi'o S centimes. Dimanche, 4 octobre 1885.
JOURNAL POLITIQUE QUOTIDIEN
ALGK&RIB.
PlULNOB. ,
ABONNEMENTS :
Trois mois Six moÎ3
4.5© ©
© 12
ün an
18
24
ADMINISTRATION ET RÉDACTION :
Rue de la Marine, o° 9, ancien hôtel Bazin.
Tontes les communications relatives aux azmnonce* et rédamss dsiveîtS»
Algérie, être adressées à T‘AGENCE HA VAS, boulevard de la Répobüqa», kltm «
En France, les communications soat reçues savoir :
A Marseille, chez M. Gustave ALLARD, rue da Bausset, 4 :
A Paris, chex MM. AUDBOURG et C‘«, place de la Bourse, 40,
Et par leurs correspondants.
La DEPECHE A t.G-ERIENNB est désignée pour l’insertioa des annonces légales, Judiciaires et autres exigeas pour la validité des procéd ures et oo:nt.«t»
Alger, le 3 Octobre 1885.
Comité Central Républicain
Élections législatives du 4 octobre 1885.
LETELLIER
DÉPUTÉ SORTANT
BOURLIER
CONSEILLER GÉNÉRAL
Candidats Républicains
L’ÉLECTION
DE
DIM A N C H E
Nous empruntons au Chèliff l’excellent
Article suivant :
« En Algérie oii la République n’a pas
d’adversaires, où nos divisions ne provien
nent que de questions de personnes, il ne
!aut pas s’étonner outre mesure que 3a cam
pagne électorale revête un caractère tout
particulier de violence et d’attaques pas
sionnées. On ne discute plus les principes,
on attaque les hommes. On ne réfléchit pas
que c’est parmi les candidats d’aujourd’hui
que seront pris les élus de demain, et qu’en
les traînant dans la boue et da. s l’ordure
c’est le corps électoral lui- même que l’on
souille.
» A la. veille de l’élection cependant, il
est nécessaire que les gens calmes, et réflé
chis se recueillent quelques instants, qu’ils
recherchent quelles sont les conditions qu’ils
doivent exiger des candidats et quels sont
ceux qui les remplissent le mieux.
Un propriétaire ne donne pas sans rè-
lexion et au premier venu qui vient lui taire
mes offres de service le mandat de gérer ses
Mens pendant son absence.
» Il choisit 1 ô plus honnête, le plus capa
ble et surtout celui qui est le plus eu cou
rant de ses affaires et de ses projets.
» Faisons de môme pour nos candidats.
N’oublions pas surtout que nous sommes en
Algérie, qu’ici, notre situation, nos besoins,
motre tempérament ne sont plus ceux de la
mère-pairie. Souvenons-nous que les dépu
tés de l’Algérie, de ce pays grand comme
le tiers de la France, seront SIX, presque
noyés au milieu des .SIX CENTS représen
tants de la nation,
» N’oublions pas non plus que nos deux
députés auront non seulement à nous dé
fendre contre l’indifférence et l’ignorance
dont les affaires algériennes sont l’objet de
la part du plus grand nombre, mais encore
qu’ils auront à soutenir des luttes int Mines
contre leurs collègues de l’est et de l ouest,
qui cherchent à attirer le plus possible, sur
leurs départements, les faveurs de l’admi
nistration. Souvenons-nous que ces députés
août Etienne et Thomson, deux hommes
Côtés au Parlement, dont l’influence est
considérable et que le département d'Alger
doit, pour ne pas être noyé, choisir des
hommes à la hauteur de leurs voisins com
me science, comme influence et surtout pour
leur connaissance de l’Algérie et des besc’ns
spéciaux du département.
» Enfin,et c’est là le plus important, n’ou
blions pas qu’il îaut choisir non pas deuz
candidats dans le nombre, mais une des
listes. Qu’il faut que nos deux élus puissent
poursuivre leur carrière parlementaire, la
main dans la main, ayant l’un dans l’autre
la confiance réciproque la pins complète.
Qu’il faut que leur programme soit le mê
me, que leurs aspirations politiques et colo
niales soient semblables; qu’ils s’unissent
en un mot pour ne faire qu’un et décupler
leur puissance. Choisir l’un sur une liste, le
second sur L’autre, c’est mettre un chat et
un chien dans le môme panier, c’est livrer
le département à des tiraillements en sens
contraire qui nous feraient piétiner sur
place. Agir ainsi ce serait la plus déplora
ble des politiques ; ce serait engendrer un
monstre, ce serait semer ia discorde et la
division du haut en bas de l’échelle, ce se
rait, en un mot, en politique comme en
affaires, le vrai suicide du département.
» Trois listes sont en présence.
» La première est composée de MM. Le-
tellier et Bourlier.
» La seconde de MM. Marchai et Samary.
» La troisième de MM. Lelièvre et Trol-
lard.
» La liste Lelièvre et Trollard est la vraie
liste radicale On ne peut taxer ni d’ambi
tieux, ni d’intrigants les deux candidats que
patronent le Radical et le comité dont l’ho
norable M. Valéry Blanc est le président.
Nous volerions pour celte liste si nous ne
nous laissions guider que par des principes
que d’ailleurs nous sommes loin de partager
entièrement. — Nous ne pouvons en effet
accepter un programme qui est la destruc
tion complète de l’organisation sociale ac
tuelle en France comme en Algérie. Il faut
étayer le vieil édifice et le transformer,mais
il n’y faut porter qu’une main prudente et
craindre d’être euseveli sous ses ruines. Ce
serait le plus grand danger pour la Répu
blique que de verser brusquement à l’ex
trême gauche et de livrer le pouvoir aux
. doctrinaires qui ne veulent tenir compte
d’aucuu des enseignements du passé non
plus que des transactions qu’exigent nos
relations extérieures, nos anciennes mœurs,
notre caractère et notre génie national.
» M. Lelièvre est d’ailleurs, en raison de
son grand âge, hors d’état de répondre aux
exigences du mandat de député algérien.
Peut-on exiger de lui des voyages fré
quents, des correspondances nombreuses et
suivies, des démarches continuelles dans les
min stères et auprès des nombreuses admi
nistrations qu’il faut sans cesse siimuler
pour que les affaires algériennes ne restent
pas dans l’oubli ? Peut-on lui demander
cette activité ministérielle et intellectuelle
dont Mauguin, Leteliier, Etienne et Thom
son ont donné tant de preuves ? Evidem -
ment non, c’est pour cela que nous ne vo
terons pas sa liste tout en lui renouvelant,
s’il est besoin, le témoignage da notre res
pect et de noire reconnaissance pour les
services qu’il a rendus autrefois à la démo
cratie algérienne.
i Vient ensuite la liste Marchal-Samary,
deux hommes jeunes, fort désireux de par
venir, n’ayant ni l’un ni l’autra une graude
fixi:é dans lenrs opinions algériennes et
politiques. L’ou a vu M. Marchai successi
vement assimilateur et autonomiste. Les
contradictions du Petit Colon sur la plupart
des questions algériennes ne sont plus à
compter. En 1876, M. Marchai était un
opportuniste déclaré, son idole était Gam
betta, il écrivait môme, quelquefois, dans
la République française.
» C’est à cette époque qu’il fit à la Fa
culté de droit d’Aix une thèse de licence fort
curieuse où il se déclare hostile à !a sépa
ration de l’Eglise et de l’Etat.
» Il y a six mois, lors de l’élection séna
toriale, il soutenait Le Lièvre avec achar
nement. Aujourd’hui il cherche à lui passer
sur le dos. Il y a quelques années il était
l’intime de Leteltier qui lui iusiallait, lui
meublait même un cabinet au r dessous de
son étude, et qui lui procurait les seuls
clients qu’il ait eu comme avocat. On sait
quelle a été son attitude envers lui.
l M. Marchai exerce il est vrai à première
vue une certaine séduction. Il porte bien
la barbe ; il sait se servir avec une certaine
adresse de sa voix, de sa plume, on dit mê
me de son crayon. Il a en outre l’immense
avantage d’être sans scrupule II attaque les
gens d’autant plus qu’ils sont absents ou
hors d’état de répondre. Mais quand on
cherche au fond de ses paroles creuses et
sonores on trouve le vide ; quand on fouille
ses attaques on découvre la calomnie. Ceux
qui lisent le Petit Colon y ont trouvé, et y
trouvent tous les jours les articles les plus
violents contre M. Bourlier. Or il y ai six
ans, pour les mêmes faits qu’il réédite, M .
Marchai a été condamné comme calom
niateur de M. Bourlier par le tribunal et
la Cour d’Alger.
» M. Marchai est obligé aujourd’hui de
réussir ou de disparaître. Son journal est
•-en liquidation, sa situation des plus fausses.
Brouillé depuis plusieurs années avec les
modérés, il est, depuis un an au, plus mal
avec les radicaux. Sans position stable, sans
appuis sérieux, son tremplin électoral va
s’effondrer. La candidature est la planche
à laquelle il s’accroche en désespéré. Les
électeurs sérieux ne peuvent pas un seul
instant songer à le repêcher.
» Les candidatures Marchai et Samary ne
représentent d’ailleurs ni ua programme ni
un parti. Elles ne représentent qu’eux-mê
mes, ils n’ont d'autre causé que leur ambi
tion hâtive et présomptueuse. Elles s’ap
puient non sur des amitiés mais sur des
haines. Ces candidats cherchent unique
ment à grouper autour de ieurs noms les
ennemis de ceux qui sont au pouvoir. Ils
font appel aux ennemis le M, Mauguin et
de tant d’autres que nous ne voulons pas
nommer. Ceux qui voteront pour eux, ne le
feront pas par sympathie ou par conviction :
ils le feront en haine, d’une autre personne
qu’ils voudront indirectement atteindre.
Tristes suffrages que ceux qui s’inspirent de
tels sentiments et plus tristes encore ceux
qui les recherchent!
» Quelle situation auraient au Parle
ment MM. Marchai et Samary ? Isolés du
reste de la députation algérienne, rejetés
par leur programme dans les rangs de la
minorité, n’ayant aucune attache antérieure
avec ieurs collègues, ils y arriveraient com
me des inconnus. Ont-ils au moins ce talent
transcendant qui s’impose ; cette puissance
de parole et d’intelligence qui se révèle à
première vue, cette fermeté de croyances,
ces convictions ardentes qui se communi
quent si vite de proche et proche. Hélas
non, aucun de ceux qui les connaissent,
aucun de ceux qui les ont entendus n’au
raient le courage de le soutenir.
» Reste la liste Letellier Bourlier .
* Il n’est pas d’homme â Alger, qui ait
su mieux pratiquer que Letellier cette bonne
et franche camaraderie qui répand autour
d’elle la gaieté et l’affection. Ami prévoyant
et sincère, avocat spirituel et homme d’af
faires des plus sérieux, incapable de faire le
mal, toujours à la recherche du service qu’il
peut rendre, il n’avait à Alger que des amis
quand, en 1878, il se présenta et fut élu au
Conseil général. Le premier qui le trahit
fut Marchai, qu’il avait traité comme un
jeane frère, mais dont lambition ôtait
déjà née et qui se présenta contre lui ; le
second fut Basset qu’il avait recueilli avant
1870 et qu’il avait gardé comme maître-
clerc à l’époque du plébiscite, malgré les
menaces du Parquet. Il ôtait dangereux à
cette époque de s’affirmer républicain et de
soutenir les proscrits.
» Letellier débuta au Conseil général par
un rapport dont à. Orléans ville il nous est
impossible de ne pas garder le souvenir*
car c’est à lui surtout que noos devons notre
tribunal et la situatian prépondérante qu'a
pris notre ville dans l’Ouest du départe
ment. En 1881, il était tout indiqué pour la
députation. Il s’était, ainsi que la majorité
du Conseil général, séparé violemment de
la députation algérienne sur la question des
rattachements. Ce fut pour lui un beau suc**-
cès que de vaincre f dans Alger même,le pro
moteur des rattachements qui avait pour lui
à la foi les radicaux et les conservateurs*,
alliance assez fréquente d'a*Heurs et qui de-*
vrait faire réfléchir les républicains sages et
sans épithètes.
» A ia Chambre, l’attitude de Letellier a-
toujours été des plus correctes.On sait com
bien il est difficile aux nouveaux de se faire
un nom et de prendre une place enviée. Ehe
bien Letellier a pris ce nom et s’est fait cette
place. En veut-on la preuve ? Il est une
commission importante entre toutes, la com
mission du budget composée de 36 mem-»
bres. C’est elle qui tient les cordons de la
bourse nationale. Letellier, trois ans de
suite, fut élu membre de cette commission..
Ce n’est pas tout ; cette commission choisit?
dans son sein douze rapporteurs et leur
confie l’étude et le rapport du budget d'an
ministère. Trois fois, M. Letellier fut élu
au nombre de ces douze privilégiés. Deux
fois on le chargea du budget d8 l’Algérie
et une fois de celui de la justice.
» Une loi d’une importance sociale, con
sidérable est votée. Le divorce est rétabli.
Quel est le légiste auquel on a confié le soin
d'élaborer et de défendre cette réforme ca
pitale ? M. Letellier.
» Membre d’une foule de commissions, il
fut chargé d’un grand nombre de rapports
surtout sur les questions algériennes ; n’ou**
bîions pas un des derniers Une pétition
d’un habitant de Ténès demandait la cons
truction immédiate de la ligne de Ténès à
Orléansville. Letellier appuie cette pétition*,
évite qu’elle s’enfouisse sous les cartons; il
obtient d’en être le rapporteur, et la Cham
bre la renvoie en l’appuyant aux ministres
des travaux publies.
» Et pendant qu’étranger à toutes les ri
valités mesquines de personnes qui divisent
le département, il s’occupe ainsi de la sau
vegarde des intérêts généraux, il néglige
ses affaires personnelles ; il pouvait attein
dre rapidement une grosse fortune, il pré
fère se dévouer au mandat qui lui a été con
fié.
» IL est sur la brèche, il faut qu’il y reste.
Ce n’est plus lui qui se représente ; c’est
nous qui ne lui rendons plus sa liberté.
Cette situation politique qu’il s’est faite,
cette influence qu’il a couquise, appartient
à l’Algérie, il n’a pas le droit de la déserter*
pas plus que nous avons le droit de la dé
truire pour satisfaire des rancunes on des
ambitions indignes de nous.
» Ne soyons ni des fous ni des ingrats.
» M. Bourlier a été choisi et par M. Le
tellier et par Io Comité central républicain
qui est composé de 22 conseillers généraux,
sur 30, des adjoints de la ville d’Alger et des
maires de 60 communes du département.
» M. Bourlier complète en quelque sorte
et s’il est nécessaire M. Letellier. C’est un
savant, un ancien professeur à l’Ecole <1%
PfiEFËCÎUI
O'AI.GEH
DEPOT
LEGAL
Première année. —
7 //
L* îiuLméi'o S centimes. Dimanche, 4 octobre 1885.
JOURNAL POLITIQUE QUOTIDIEN
ALGK&RIB.
PlULNOB. ,
ABONNEMENTS :
Trois mois Six moÎ3
4.5© ©
© 12
ün an
18
24
ADMINISTRATION ET RÉDACTION :
Rue de la Marine, o° 9, ancien hôtel Bazin.
Tontes les communications relatives aux azmnonce* et rédamss dsiveîtS»
Algérie, être adressées à T‘AGENCE HA VAS, boulevard de la Répobüqa», kltm «
En France, les communications soat reçues savoir :
A Marseille, chez M. Gustave ALLARD, rue da Bausset, 4 :
A Paris, chex MM. AUDBOURG et C‘«, place de la Bourse, 40,
Et par leurs correspondants.
La DEPECHE A t.G-ERIENNB est désignée pour l’insertioa des annonces légales, Judiciaires et autres exigeas pour la validité des procéd ures et oo:nt.«t»
Alger, le 3 Octobre 1885.
Comité Central Républicain
Élections législatives du 4 octobre 1885.
LETELLIER
DÉPUTÉ SORTANT
BOURLIER
CONSEILLER GÉNÉRAL
Candidats Républicains
L’ÉLECTION
DE
DIM A N C H E
Nous empruntons au Chèliff l’excellent
Article suivant :
« En Algérie oii la République n’a pas
d’adversaires, où nos divisions ne provien
nent que de questions de personnes, il ne
!aut pas s’étonner outre mesure que 3a cam
pagne électorale revête un caractère tout
particulier de violence et d’attaques pas
sionnées. On ne discute plus les principes,
on attaque les hommes. On ne réfléchit pas
que c’est parmi les candidats d’aujourd’hui
que seront pris les élus de demain, et qu’en
les traînant dans la boue et da. s l’ordure
c’est le corps électoral lui- même que l’on
souille.
» A la. veille de l’élection cependant, il
est nécessaire que les gens calmes, et réflé
chis se recueillent quelques instants, qu’ils
recherchent quelles sont les conditions qu’ils
doivent exiger des candidats et quels sont
ceux qui les remplissent le mieux.
Un propriétaire ne donne pas sans rè-
lexion et au premier venu qui vient lui taire
mes offres de service le mandat de gérer ses
Mens pendant son absence.
» Il choisit 1 ô plus honnête, le plus capa
ble et surtout celui qui est le plus eu cou
rant de ses affaires et de ses projets.
» Faisons de môme pour nos candidats.
N’oublions pas surtout que nous sommes en
Algérie, qu’ici, notre situation, nos besoins,
motre tempérament ne sont plus ceux de la
mère-pairie. Souvenons-nous que les dépu
tés de l’Algérie, de ce pays grand comme
le tiers de la France, seront SIX, presque
noyés au milieu des .SIX CENTS représen
tants de la nation,
» N’oublions pas non plus que nos deux
députés auront non seulement à nous dé
fendre contre l’indifférence et l’ignorance
dont les affaires algériennes sont l’objet de
la part du plus grand nombre, mais encore
qu’ils auront à soutenir des luttes int Mines
contre leurs collègues de l’est et de l ouest,
qui cherchent à attirer le plus possible, sur
leurs départements, les faveurs de l’admi
nistration. Souvenons-nous que ces députés
août Etienne et Thomson, deux hommes
Côtés au Parlement, dont l’influence est
considérable et que le département d'Alger
doit, pour ne pas être noyé, choisir des
hommes à la hauteur de leurs voisins com
me science, comme influence et surtout pour
leur connaissance de l’Algérie et des besc’ns
spéciaux du département.
» Enfin,et c’est là le plus important, n’ou
blions pas qu’il îaut choisir non pas deuz
candidats dans le nombre, mais une des
listes. Qu’il faut que nos deux élus puissent
poursuivre leur carrière parlementaire, la
main dans la main, ayant l’un dans l’autre
la confiance réciproque la pins complète.
Qu’il faut que leur programme soit le mê
me, que leurs aspirations politiques et colo
niales soient semblables; qu’ils s’unissent
en un mot pour ne faire qu’un et décupler
leur puissance. Choisir l’un sur une liste, le
second sur L’autre, c’est mettre un chat et
un chien dans le môme panier, c’est livrer
le département à des tiraillements en sens
contraire qui nous feraient piétiner sur
place. Agir ainsi ce serait la plus déplora
ble des politiques ; ce serait engendrer un
monstre, ce serait semer ia discorde et la
division du haut en bas de l’échelle, ce se
rait, en un mot, en politique comme en
affaires, le vrai suicide du département.
» Trois listes sont en présence.
» La première est composée de MM. Le-
tellier et Bourlier.
» La seconde de MM. Marchai et Samary.
» La troisième de MM. Lelièvre et Trol-
lard.
» La liste Lelièvre et Trollard est la vraie
liste radicale On ne peut taxer ni d’ambi
tieux, ni d’intrigants les deux candidats que
patronent le Radical et le comité dont l’ho
norable M. Valéry Blanc est le président.
Nous volerions pour celte liste si nous ne
nous laissions guider que par des principes
que d’ailleurs nous sommes loin de partager
entièrement. — Nous ne pouvons en effet
accepter un programme qui est la destruc
tion complète de l’organisation sociale ac
tuelle en France comme en Algérie. Il faut
étayer le vieil édifice et le transformer,mais
il n’y faut porter qu’une main prudente et
craindre d’être euseveli sous ses ruines. Ce
serait le plus grand danger pour la Répu
blique que de verser brusquement à l’ex
trême gauche et de livrer le pouvoir aux
. doctrinaires qui ne veulent tenir compte
d’aucuu des enseignements du passé non
plus que des transactions qu’exigent nos
relations extérieures, nos anciennes mœurs,
notre caractère et notre génie national.
» M. Lelièvre est d’ailleurs, en raison de
son grand âge, hors d’état de répondre aux
exigences du mandat de député algérien.
Peut-on exiger de lui des voyages fré
quents, des correspondances nombreuses et
suivies, des démarches continuelles dans les
min stères et auprès des nombreuses admi
nistrations qu’il faut sans cesse siimuler
pour que les affaires algériennes ne restent
pas dans l’oubli ? Peut-on lui demander
cette activité ministérielle et intellectuelle
dont Mauguin, Leteliier, Etienne et Thom
son ont donné tant de preuves ? Evidem -
ment non, c’est pour cela que nous ne vo
terons pas sa liste tout en lui renouvelant,
s’il est besoin, le témoignage da notre res
pect et de noire reconnaissance pour les
services qu’il a rendus autrefois à la démo
cratie algérienne.
i Vient ensuite la liste Marchal-Samary,
deux hommes jeunes, fort désireux de par
venir, n’ayant ni l’un ni l’autra une graude
fixi:é dans lenrs opinions algériennes et
politiques. L’ou a vu M. Marchai successi
vement assimilateur et autonomiste. Les
contradictions du Petit Colon sur la plupart
des questions algériennes ne sont plus à
compter. En 1876, M. Marchai était un
opportuniste déclaré, son idole était Gam
betta, il écrivait môme, quelquefois, dans
la République française.
» C’est à cette époque qu’il fit à la Fa
culté de droit d’Aix une thèse de licence fort
curieuse où il se déclare hostile à !a sépa
ration de l’Eglise et de l’Etat.
» Il y a six mois, lors de l’élection séna
toriale, il soutenait Le Lièvre avec achar
nement. Aujourd’hui il cherche à lui passer
sur le dos. Il y a quelques années il était
l’intime de Leteltier qui lui iusiallait, lui
meublait même un cabinet au r dessous de
son étude, et qui lui procurait les seuls
clients qu’il ait eu comme avocat. On sait
quelle a été son attitude envers lui.
l M. Marchai exerce il est vrai à première
vue une certaine séduction. Il porte bien
la barbe ; il sait se servir avec une certaine
adresse de sa voix, de sa plume, on dit mê
me de son crayon. Il a en outre l’immense
avantage d’être sans scrupule II attaque les
gens d’autant plus qu’ils sont absents ou
hors d’état de répondre. Mais quand on
cherche au fond de ses paroles creuses et
sonores on trouve le vide ; quand on fouille
ses attaques on découvre la calomnie. Ceux
qui lisent le Petit Colon y ont trouvé, et y
trouvent tous les jours les articles les plus
violents contre M. Bourlier. Or il y ai six
ans, pour les mêmes faits qu’il réédite, M .
Marchai a été condamné comme calom
niateur de M. Bourlier par le tribunal et
la Cour d’Alger.
» M. Marchai est obligé aujourd’hui de
réussir ou de disparaître. Son journal est
•-en liquidation, sa situation des plus fausses.
Brouillé depuis plusieurs années avec les
modérés, il est, depuis un an au, plus mal
avec les radicaux. Sans position stable, sans
appuis sérieux, son tremplin électoral va
s’effondrer. La candidature est la planche
à laquelle il s’accroche en désespéré. Les
électeurs sérieux ne peuvent pas un seul
instant songer à le repêcher.
» Les candidatures Marchai et Samary ne
représentent d’ailleurs ni ua programme ni
un parti. Elles ne représentent qu’eux-mê
mes, ils n’ont d'autre causé que leur ambi
tion hâtive et présomptueuse. Elles s’ap
puient non sur des amitiés mais sur des
haines. Ces candidats cherchent unique
ment à grouper autour de ieurs noms les
ennemis de ceux qui sont au pouvoir. Ils
font appel aux ennemis le M, Mauguin et
de tant d’autres que nous ne voulons pas
nommer. Ceux qui voteront pour eux, ne le
feront pas par sympathie ou par conviction :
ils le feront en haine, d’une autre personne
qu’ils voudront indirectement atteindre.
Tristes suffrages que ceux qui s’inspirent de
tels sentiments et plus tristes encore ceux
qui les recherchent!
» Quelle situation auraient au Parle
ment MM. Marchai et Samary ? Isolés du
reste de la députation algérienne, rejetés
par leur programme dans les rangs de la
minorité, n’ayant aucune attache antérieure
avec ieurs collègues, ils y arriveraient com
me des inconnus. Ont-ils au moins ce talent
transcendant qui s’impose ; cette puissance
de parole et d’intelligence qui se révèle à
première vue, cette fermeté de croyances,
ces convictions ardentes qui se communi
quent si vite de proche et proche. Hélas
non, aucun de ceux qui les connaissent,
aucun de ceux qui les ont entendus n’au
raient le courage de le soutenir.
» Reste la liste Letellier Bourlier .
* Il n’est pas d’homme â Alger, qui ait
su mieux pratiquer que Letellier cette bonne
et franche camaraderie qui répand autour
d’elle la gaieté et l’affection. Ami prévoyant
et sincère, avocat spirituel et homme d’af
faires des plus sérieux, incapable de faire le
mal, toujours à la recherche du service qu’il
peut rendre, il n’avait à Alger que des amis
quand, en 1878, il se présenta et fut élu au
Conseil général. Le premier qui le trahit
fut Marchai, qu’il avait traité comme un
jeane frère, mais dont lambition ôtait
déjà née et qui se présenta contre lui ; le
second fut Basset qu’il avait recueilli avant
1870 et qu’il avait gardé comme maître-
clerc à l’époque du plébiscite, malgré les
menaces du Parquet. Il ôtait dangereux à
cette époque de s’affirmer républicain et de
soutenir les proscrits.
» Letellier débuta au Conseil général par
un rapport dont à. Orléans ville il nous est
impossible de ne pas garder le souvenir*
car c’est à lui surtout que noos devons notre
tribunal et la situatian prépondérante qu'a
pris notre ville dans l’Ouest du départe
ment. En 1881, il était tout indiqué pour la
députation. Il s’était, ainsi que la majorité
du Conseil général, séparé violemment de
la députation algérienne sur la question des
rattachements. Ce fut pour lui un beau suc**-
cès que de vaincre f dans Alger même,le pro
moteur des rattachements qui avait pour lui
à la foi les radicaux et les conservateurs*,
alliance assez fréquente d'a*Heurs et qui de-*
vrait faire réfléchir les républicains sages et
sans épithètes.
» A ia Chambre, l’attitude de Letellier a-
toujours été des plus correctes.On sait com
bien il est difficile aux nouveaux de se faire
un nom et de prendre une place enviée. Ehe
bien Letellier a pris ce nom et s’est fait cette
place. En veut-on la preuve ? Il est une
commission importante entre toutes, la com
mission du budget composée de 36 mem-»
bres. C’est elle qui tient les cordons de la
bourse nationale. Letellier, trois ans de
suite, fut élu membre de cette commission..
Ce n’est pas tout ; cette commission choisit?
dans son sein douze rapporteurs et leur
confie l’étude et le rapport du budget d'an
ministère. Trois fois, M. Letellier fut élu
au nombre de ces douze privilégiés. Deux
fois on le chargea du budget d8 l’Algérie
et une fois de celui de la justice.
» Une loi d’une importance sociale, con
sidérable est votée. Le divorce est rétabli.
Quel est le légiste auquel on a confié le soin
d'élaborer et de défendre cette réforme ca
pitale ? M. Letellier.
» Membre d’une foule de commissions, il
fut chargé d’un grand nombre de rapports
surtout sur les questions algériennes ; n’ou**
bîions pas un des derniers Une pétition
d’un habitant de Ténès demandait la cons
truction immédiate de la ligne de Ténès à
Orléansville. Letellier appuie cette pétition*,
évite qu’elle s’enfouisse sous les cartons; il
obtient d’en être le rapporteur, et la Cham
bre la renvoie en l’appuyant aux ministres
des travaux publies.
» Et pendant qu’étranger à toutes les ri
valités mesquines de personnes qui divisent
le département, il s’occupe ainsi de la sau
vegarde des intérêts généraux, il néglige
ses affaires personnelles ; il pouvait attein
dre rapidement une grosse fortune, il pré
fère se dévouer au mandat qui lui a été con
fié.
» IL est sur la brèche, il faut qu’il y reste.
Ce n’est plus lui qui se représente ; c’est
nous qui ne lui rendons plus sa liberté.
Cette situation politique qu’il s’est faite,
cette influence qu’il a couquise, appartient
à l’Algérie, il n’a pas le droit de la déserter*
pas plus que nous avons le droit de la dé
truire pour satisfaire des rancunes on des
ambitions indignes de nous.
» Ne soyons ni des fous ni des ingrats.
» M. Bourlier a été choisi et par M. Le
tellier et par Io Comité central républicain
qui est composé de 22 conseillers généraux,
sur 30, des adjoints de la ville d’Alger et des
maires de 60 communes du département.
» M. Bourlier complète en quelque sorte
et s’il est nécessaire M. Letellier. C’est un
savant, un ancien professeur à l’Ecole <1%
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