Titre : La Dépêche algérienne : journal politique quotidien
Éditeur : [s.n.] (Alger)
Date d'édition : 1885-09-17
Contributeur : Robe, Eugène (1890-1970). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32755912k
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Description : 17 septembre 1885 17 septembre 1885
Description : 1885/09/17 (A1,N63). 1885/09/17 (A1,N63).
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bd6t544845x
Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JOD-10449
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 18/04/2021
PREFECTURE D'ALGER
Première année. — N° 63.
Le numéro centimes.
LEGAL
Jeudi, 17 septembre tSSISj
JOURNAL POLITIQUE QUOTIDIEN
ABONNEMENTS :
Trois mois Six mois Un an
ALGÉRIE 4.5© © 18
France © 15Î 24
ADMINISTRATION ET RÉDACTION :
Rue de la Marine, n° 9, ancien hôtel Bazin,
Tontes les communications relatives aux annnonces et réclames doivaït, ci
Algérie, être adressées à l’AGENCE HAVAS, boulevard de la République, Alg«i' ,
En France, les communications sont reçues savoir :
A Marseille, chez M. Gustave ALLARD, rue du Bausset, 4 ;
A Paris, chez MM. AUDBOURG et C‘«, place de la Bourse, iO,
Et par leurs correspondants.
La DÉPÊCHE ALGÉRIENNE est désignée pour l’insertioa des annonces légales judiciaires et autres exigées pour la validité des procédures et contrats
Alger, le 16 Septembre 1885.
Il y avait longtemps que le Petit Colon
no s’ètait livré à son goût pour la calomnie,
La période électorale a été une très belle oc
casion pour lui de reprendre les anciennes
allures, et aujourd’hui,il entre en plein dans
la diffamation contre ses concurrents, ce qui
est on ne peut plus délicat.
Il ne dit rien encore contre M. Lelièvre,
qu’il soupçonne M. Basset, de vouloir lâ
cher; c’est à M.Bourlier qu’il s’enprend,c’est
cet honotable candidat qui est le point de
mire de ses calomnies, genre de polémique
dans lequel il est resté maître.
Mais si la calomnie est une arme terrible
pour celui qu’elle a teint, elle est aussi par
fois dangereuse pour celui qui l’emploie :
il faut que M. Marchai y prenne garde.
Il est candidat, paraît-il, et tout autre que
lui, dans cette situation, se croirait tenu à
une certaine réserve envers les autres can
didats ; mais puisqu’il n’y regarde pas de si
près, il faut qu’il sache que, s’il ne prouve
pas ses accusations, la calomnie retombera
sur lui, et les électeurs qui, par hasard, lui
auraient donné leurs suffrages se retourne
ront contre le calomniateur en faveur du ca
lomnié,
Ainsi, on lit dans le Petit Colon de ce
matin, entr’autres infamies :
« Nous disions hier que l’on s’accordait
à reconnaître en M. Bourlier un homme
“pratique.
* Parbleu! les nombreuses concessions
que le préfet Brunei savait faire aux
prète-noms de M. Bourlier, le prouvent
surabondamment ».
Si cela est, si M. Marchai dit la vérité, il
doit la dire entière, indiquer les conces
sions données et les personnes qui les out
reçues pour le compte de M. Bourlier, ou
pour se servir de son expression, des prête-
noms.
S’il ne le fait pas, on sera autorisé à dire
que c’est une calomnie à ajouter à son actif
déjà si chargé.
Il calomnie aussi quand, rappelant l'opi
nion de M. Bourlier sur la clause de la ré
sidence personnelle imposée aux concession
naires à titre gratuit, il donne un but inté
ressé à l’expression de cette opinion. Je le
mets au défi de citer une seule concession
appartenant à M. Bourlier, soit à titre gra
tuit, soit par suite d’achat, provenant de.
l’éviction d’un colon n’ayant pas satisfait à
la clause de résidence personnelle.
M. Marchai cherche à tromper ses lec
teurs et les électeurs, quand il affirme que
M. Bourlier est l’inventeur de cette clause
de résidence, ce qui ne serait pas un crime,
car j’estime que lorsque l’Etat donne gra
tuitement à un seul une terre qui appartient
à tous, il a incontestablement le droit et le de
voir de lui imposer telle condition qu’il lui
plaît et que le bénéficiaire est libre de ne
pas accepter.
Il avait bien raison M. Bourlier, quand il
rappelait que les colons sérieux, ceux qui
n’avait nt pas demandé des concessions
pour les revendre, les vrais travailleurs se
trouvaient dans des conditions moins favo
rables que celles dont ils jouiraient, si les
centres de population étaient au complet.
M. Marchai, candidat à la députation,
calomnie M. Bourlier, également candidat,
lorsqu’il l’accuse d’avoir acheté des terrains
à vil prix, connaissant d’avance les lieux de
création des centres.
Qu’il cite donc les terres qui ont été ache
tées à vil prix et autour de quels centres
elles se trouvent.
Tout est mensonge dans cet article diffa
matoire. Aussi ou peut être certain que le
Petit Colon ne répondra pas.
Tout au contraire, demain il nous débitera
un autre mensonge.
Cela coûte si peu.
m
A
V
On m’a changé mon Marchai. — Je ne
reconnais plus le journaliste d'autrefois et
le conseiller général des grands jours.
Il ne traite plus les hommes d’escrocs, ni
les jeunes vierges de prostituées. C’est à
peine si,de temps à autre, il se permet quel
ques injures à l’adresse du sénateur Mau-
guin ou de quelques fonctionnaires qui
ne partagent pas absolument les théories
administratives de l’administrateur Saba
tier.
Il n’est môme plus question de cette fa
meuse scie, très spirituelle, qui a fait pen
dant longtemps les délices des lecteurs or
dinaires du Petit Colon, et qui consistait
à énumérer les diverses fonctions de M.
Mauguin, qui se trouve être à la fois :
Imprimeur, maire, conseiller général et
sénateur.
Un mauvais farceur m’a soutenu que si
ce cliché ne voyait plus le jour, c’est parce
qu’on pourrait opposer aux candidats in
transigeants, s’ils sont élus, les qualificatifs
suivants :
Marchai, imprimeur, avocat, journaliste,
conseiller générai et député.
Samary, président de toutes les Sociétés,
ingénieur, employé du Gouvernement géné
ral, conseiller général et député.
Il est à remarquer que le citoyen Samary,
un des ardents promoteurs de la candida
ture Letellier il y a quatre ans, avait beau
coup insisté pour que l’honorabie candidat
à la députation donnât sa démission de con
seiller général en cas d’élection.
Il est vrai que les raisons très judicieuses
qui faisaient agir le très honorable M. Sa-
mary, à cette époque, n’existent plus aujour
d’hui, ce dernier étant devenu conseiller
général à son tour.
Le succès de cette élection fut, du reste,
pyramidal et a pris place dans les annales
électorales; M. Samary fut élu, au second
tour, par 193 voix — pas une de moins —
sur 1,213 électeurs inscrits.
M. Marchai s’est également élevé, dans
son journal, contre le cumul des fonctions
gratuites ; mais il ne s’agissait pas alors de
sa candidature législative.
Aujourd’hui, le programme de nos com
pères est muet sur cette question du cumul.
Tellement il est vrai, qu’il est avec les prin
cipes — comme avec le Ciel — des accom
modements.
Ces bons intransigeants, tous les mômes :
auti-cumulards renforcés, lorsqu’il s’agit
des autres, cumulards jusqu’à la mort, lors
qu’il s’agit d’eux-mêmes.
Mais revenons au Marchai, seconde ma
nière ; nous l’avons dit, depuis tantôt un an,
le journaliste est presque convenable ; il
reconnaît volontiers que M. Bourlier est
instruit, courtois, affable.
Le conseiller général a maintenant de la
tenue, il est presque correct; il s’oublie
parfois jusqu’à qualifier quelques-uns de ses
collègues d'honorables.
Quel est ce mystère et pourquoi ce revi
rement ?
Cette conversion a, en effet, besoin d’ex
plications et on peut en fournir de plus
d’une sorte.
La première, celle qui vient immédiate
ment à l’esprit de n’importe qui, c’est que
M. Marchai prépare sa candidature depuis
quelque temps et que le candidat aurait eu
plus de chances de récolter des pommes
cuites que des bulletins de vote, s’il avait
continué à insulter, à iujurier et à dénoncer
tout ce qu’il y a de plus respectable : les
honnêtes gens et les jeunes filles.
Mais il y a une seconde raison et qui a
bien sa valeur aussi aux yeux de celui qui a
une vive répulsion pour les amendes et la
paille humide des cachots.
Depuis le départ de M. Mer du Petit Co-
lon, M. Marcha! est le gérant de son jour
nal et, par conséquent, responsable pécu
niairement et corporellement de tout ce qui
s’y écrit. Or il se rencontre des gens qui
n’aiment pas'à être traités de voleurs et des
jeunes personnes qui ne souffrent pas qu’on
cherche à les déshonorer.
Tel est encore un des secrets de la con
duite actuelle du rédacteur eu chef du Petit
Colon
En cherchant bien, on trouverait d’autres
raisons à ce changement d’attitude, mais
celles-là suffisent pour éclairer l’électeur
qui ne connaît qu’imparfaitement le candi
dat Marchai (1).
Informations algériennes
L 'Officiel du 11 septembre annonce qu’à
la suite des négociations engagées par M.
le Ministre des finances avec le Crédit Fon
cier, cet établissement a bien voulu prêter
aux départements, villages et communes,
dans les conditions de la loi du 20 juin
1885, les sommes nécessaires à l’installation
de leurs établissements scolaires.
X
Le Hussard a mission de conduire le
cardinal Lavigerie de la Goulette à Alger ;
aussitôt sa mission terminée, ce bâtiment
retournera en Tunisie.
X
Le recrutement du personnel des institu
teurs primaires pour l’Algérie ne se faisant
pas au gré des désirs de l’administration,
le ministèrede l’instruction publique vientde
décider qu’un nouvaeu privilège sera atta
ché, à l’avernir, aux postes d’instituteurs,
dans notre possession d’Afrique.
Indépendamment du traitement qui est der
1,200 à 1,500 francs pour les instituteurs
adjoiats, et de 1,500 à 2,100 francs pour les
instituteurs titulaires, ceux d’entre ces
membres de l’enseignement primaire qui,
après un séjour de deux ans en Algérie,
auront obtenu le brevet de langue arabe oi*
kabyle, pourront être nommés directeurs
d’une écol8 principale en territoire indigè
ne, et à ce titre, ils recevront un traitement
minimum de 3,000 francs avec augmentations
de 100 francs chaque année pendant cina
ans.
(1) Cet article était déjà composé, lors
qu’à paru, dans le Petit Colon, les attaques
contre M. Bourlier, que relève le premier
Alger : En avant la Calomnie. *
Feuilleton de LA DÉPÊCHE ALGÉRIENNE
N° 63.
LA
GRAM MAR1ÊRE
PAR
Georges OHNET
Détournez-vous de ces Clairefont qui n’exis
tent plus maintenant. N’accablez pas le fils,
dont le seul et vrai crime est le nom qu’il
porte, et laissez le père mourir en paix dans
son domaine morcelé et appauvri.
— Le fils ! s’écria Carvajan avec colère.
Oublies-tu qu’il t’a insulté devant toute la
ville?... Le père! ne sais-tu pas qu’hier
matin il a voulu m’assommer ? Des gens à
terre ?... Que feraient -ils alors s’ils étaient
debout ? Tu ne les connais pas : ce sont des
Ibandits 1
Ï1 redevint très calme et, fourrant ses
mains dans ses poches :
— Enfin, mon bonhomme, c’est très joli,
mais ils me doivent près de quarante mille
francs 1
— Le domaine en vaut le deuble K.,
— Pardienne ! je serais propre, sans ça î
— Mon père, reprit Pascal avec une émo
tion qui faisait trembler sa voix, ne m’ôtez
pas tout espoir de vous convaincre... Fai
tes-moi ce sacrifice, et je vous en serai re
connaissant toute ma vie ! En échange, exi
gez de moi ce que vous voudrez, et j’y con
sens d’avance. Je serai votre serviteur, je
m’attacherai à votre fortune, je ferai triom
pher votre ambition. Mes jours, mes nuits,
tout vous appartiendra. Mais au nom de ce
qu’il y a de plus sacré, ne me refusez pas ce
que je vous demande !
Carvajan marcha sur son fils, et, avec une
atroce ironie :
— Qu’est-ce qu’on t’a donc promis, si tu
réussissais ?
— Mon père ! cria le jeune homme.
— Es-tu mon fils ou l’homme d’affaires
des Clairefont ?
— N’est-ce pas un fils qui veut le nom de
son père respecté et honoré ?
— Respect, honneur, mots bien placés
dans ta bouche ! Alloas, monsieur l’honnête
homme, dis donc hardiment ce que tu pen
ses, aie donc le courage de ta trahisson !...
Crois-tu que j’en suis à m’apercevoir que
j’ai un ennemi dans ma propre maison ?
Tu rêves de me tromper ?... Tu es encore
un peu trop jeune !... Niais, qui se laisse
entraîner par une femme, et qui veut duper
son père ! Parle pour elle, plaide, soupire.
Triple sot ! Tu verras comment elle t’en ré
compensera ! Ah ! j’ai voulu savoir à quoi
m’en tenir, et je suis fixé maintenant : tu
as marivaudé avec la belle Antoinette, et tu
es sa créature... Va, elle t’apprendra le
respect et l’honneur !
— Mon père 1
— Ose doac me dire qu’ello ne t’a pas en
sorcelé 1 Ose donc nier que tu l’aimes !
Pascal, qui s’était courbé sous la colère
paternelle, se redressa, et, montrant un vi
sage illuminé par la passion :
— Eh bien ! oui, je l’aime ! Et ce sera le
malheur de ma vie, puisque je me vois placé
entre vous, que je trouve implacable, et elle,
que je voudrais sacrée. Prenez pitié de
moi ! Tous les coups que vous allez frapper
tomberont sur mon cœur. C’est la fatalité
qui a décidé... Je n’ai pas été au-devant de
Mlle de Clairefont. Je l’ai rencontrée sans
savoir qui elle était... Et quand j’ai pu ré
fléchir, il était trop tard... Je vous engage
ma parole de ne jamais la revoir, si vous
voulez l’éparguer... Je ne connais ni son
père ni son frère... Devant les yeux je n’ai
qu’elle. Elle seule ! Vous ne pouvez la haïr:
elle ne vous a jamais rien fait... Mon père,
vous .avez aimé, vous aussi, et vous avez
souffert... Au nom du passé, soyez bon au
jourd’hui, et ne faites pas votre fils aussi
malheureux que vous l’avez été vous-même!
— Ah ! tu as eu tort d’évoquer ce souve
nir, dit Carvajan, car il me défend la pitié !
Renonce à ton ameur : il est un peu moins
vieux que ma haine ! Du plus loin que je
me souvienne, je la retrouve, vivace au fond
de mon cœur. C’est en elle que j’ai puisé
l’énergie qu’il m’a fallu pour arriver où je
suis. Je n’ai rien fait dans la vie que pour
assurer son triomphe, et quand je touche au
but, tu viens, pour un caprice, pour une
amourette, me demander de renoncer à
cette joie si ardemment rêvée ? Allons donc!
Tu n’es qu’un enfant plein de faiblesse
et d’aveuglement. Tu ne sais pas te condui-
; re.Laisse-moi faire tes affaires, en même
temps que les miennes, et je t’obtiendrai
plus que tu n’as pu désirer. Tu m’accuses»
presque d’être un mauvais père... Je t&
prouverai mon affection... Cette fille que ta
aimes, la veux-tu ? Je te la donnerai. Tu la
verras souple et douce 1 Sa fierté ! ah ! abï
j’ai un procédé, moi, infaillible, pour mettra
au pas les jeunes personnes qui s’en fout
accroire... Aie confiance en moi... Suis
mes conseils, ne te môle de rien, sois sim
plement spectateur, et ta princesse est à
toi !...
— Jamais ! cria Pascal avec furie. J©
mourrais de honte devant elle !
— Ah ! ah 1 fit Carvajan. Je crois m’êtra
montré patient, mais tu commences à m’é
chauffer les oreilles ! J’apprécie la fantai
sie, mais à la condition qu’elle ne se pro
longe pas ! Il n’y a point de puissance hu
maine qui me ferait dire non, quand j’ai
pensé oui ! Or, je me suis fait, il y a trente
années, le serment que je mettrais le mar
quis hors de son château et que je m'y ins
tallerais à sa place !
— Et moi, mon père, j’ai fait tout à l’heure
le serment que je vous en empêcherais I.. j
— Ah! vraiment! tu as juré cela? jjdifc
Carvajan avec un calme effrayant. Eh bien*
tu apprendras à tes dépens qu’il ne faut
jamais prendre d’engagement téméraire...
Dans quinze jours, tu m’entends, le domain©
de Clairefont passera en vente, et le mar
quis sera sur le grand chemin !
— Non, mon père, car demain vous seiea
payé!
(A suivre ) t
Première année. — N° 63.
Le numéro centimes.
LEGAL
Jeudi, 17 septembre tSSISj
JOURNAL POLITIQUE QUOTIDIEN
ABONNEMENTS :
Trois mois Six mois Un an
ALGÉRIE 4.5© © 18
France © 15Î 24
ADMINISTRATION ET RÉDACTION :
Rue de la Marine, n° 9, ancien hôtel Bazin,
Tontes les communications relatives aux annnonces et réclames doivaït, ci
Algérie, être adressées à l’AGENCE HAVAS, boulevard de la République, Alg«i' ,
En France, les communications sont reçues savoir :
A Marseille, chez M. Gustave ALLARD, rue du Bausset, 4 ;
A Paris, chez MM. AUDBOURG et C‘«, place de la Bourse, iO,
Et par leurs correspondants.
La DÉPÊCHE ALGÉRIENNE est désignée pour l’insertioa des annonces légales judiciaires et autres exigées pour la validité des procédures et contrats
Alger, le 16 Septembre 1885.
Il y avait longtemps que le Petit Colon
no s’ètait livré à son goût pour la calomnie,
La période électorale a été une très belle oc
casion pour lui de reprendre les anciennes
allures, et aujourd’hui,il entre en plein dans
la diffamation contre ses concurrents, ce qui
est on ne peut plus délicat.
Il ne dit rien encore contre M. Lelièvre,
qu’il soupçonne M. Basset, de vouloir lâ
cher; c’est à M.Bourlier qu’il s’enprend,c’est
cet honotable candidat qui est le point de
mire de ses calomnies, genre de polémique
dans lequel il est resté maître.
Mais si la calomnie est une arme terrible
pour celui qu’elle a teint, elle est aussi par
fois dangereuse pour celui qui l’emploie :
il faut que M. Marchai y prenne garde.
Il est candidat, paraît-il, et tout autre que
lui, dans cette situation, se croirait tenu à
une certaine réserve envers les autres can
didats ; mais puisqu’il n’y regarde pas de si
près, il faut qu’il sache que, s’il ne prouve
pas ses accusations, la calomnie retombera
sur lui, et les électeurs qui, par hasard, lui
auraient donné leurs suffrages se retourne
ront contre le calomniateur en faveur du ca
lomnié,
Ainsi, on lit dans le Petit Colon de ce
matin, entr’autres infamies :
« Nous disions hier que l’on s’accordait
à reconnaître en M. Bourlier un homme
“pratique.
* Parbleu! les nombreuses concessions
que le préfet Brunei savait faire aux
prète-noms de M. Bourlier, le prouvent
surabondamment ».
Si cela est, si M. Marchai dit la vérité, il
doit la dire entière, indiquer les conces
sions données et les personnes qui les out
reçues pour le compte de M. Bourlier, ou
pour se servir de son expression, des prête-
noms.
S’il ne le fait pas, on sera autorisé à dire
que c’est une calomnie à ajouter à son actif
déjà si chargé.
Il calomnie aussi quand, rappelant l'opi
nion de M. Bourlier sur la clause de la ré
sidence personnelle imposée aux concession
naires à titre gratuit, il donne un but inté
ressé à l’expression de cette opinion. Je le
mets au défi de citer une seule concession
appartenant à M. Bourlier, soit à titre gra
tuit, soit par suite d’achat, provenant de.
l’éviction d’un colon n’ayant pas satisfait à
la clause de résidence personnelle.
M. Marchai cherche à tromper ses lec
teurs et les électeurs, quand il affirme que
M. Bourlier est l’inventeur de cette clause
de résidence, ce qui ne serait pas un crime,
car j’estime que lorsque l’Etat donne gra
tuitement à un seul une terre qui appartient
à tous, il a incontestablement le droit et le de
voir de lui imposer telle condition qu’il lui
plaît et que le bénéficiaire est libre de ne
pas accepter.
Il avait bien raison M. Bourlier, quand il
rappelait que les colons sérieux, ceux qui
n’avait nt pas demandé des concessions
pour les revendre, les vrais travailleurs se
trouvaient dans des conditions moins favo
rables que celles dont ils jouiraient, si les
centres de population étaient au complet.
M. Marchai, candidat à la députation,
calomnie M. Bourlier, également candidat,
lorsqu’il l’accuse d’avoir acheté des terrains
à vil prix, connaissant d’avance les lieux de
création des centres.
Qu’il cite donc les terres qui ont été ache
tées à vil prix et autour de quels centres
elles se trouvent.
Tout est mensonge dans cet article diffa
matoire. Aussi ou peut être certain que le
Petit Colon ne répondra pas.
Tout au contraire, demain il nous débitera
un autre mensonge.
Cela coûte si peu.
m
A
V
On m’a changé mon Marchai. — Je ne
reconnais plus le journaliste d'autrefois et
le conseiller général des grands jours.
Il ne traite plus les hommes d’escrocs, ni
les jeunes vierges de prostituées. C’est à
peine si,de temps à autre, il se permet quel
ques injures à l’adresse du sénateur Mau-
guin ou de quelques fonctionnaires qui
ne partagent pas absolument les théories
administratives de l’administrateur Saba
tier.
Il n’est môme plus question de cette fa
meuse scie, très spirituelle, qui a fait pen
dant longtemps les délices des lecteurs or
dinaires du Petit Colon, et qui consistait
à énumérer les diverses fonctions de M.
Mauguin, qui se trouve être à la fois :
Imprimeur, maire, conseiller général et
sénateur.
Un mauvais farceur m’a soutenu que si
ce cliché ne voyait plus le jour, c’est parce
qu’on pourrait opposer aux candidats in
transigeants, s’ils sont élus, les qualificatifs
suivants :
Marchai, imprimeur, avocat, journaliste,
conseiller générai et député.
Samary, président de toutes les Sociétés,
ingénieur, employé du Gouvernement géné
ral, conseiller général et député.
Il est à remarquer que le citoyen Samary,
un des ardents promoteurs de la candida
ture Letellier il y a quatre ans, avait beau
coup insisté pour que l’honorabie candidat
à la députation donnât sa démission de con
seiller général en cas d’élection.
Il est vrai que les raisons très judicieuses
qui faisaient agir le très honorable M. Sa-
mary, à cette époque, n’existent plus aujour
d’hui, ce dernier étant devenu conseiller
général à son tour.
Le succès de cette élection fut, du reste,
pyramidal et a pris place dans les annales
électorales; M. Samary fut élu, au second
tour, par 193 voix — pas une de moins —
sur 1,213 électeurs inscrits.
M. Marchai s’est également élevé, dans
son journal, contre le cumul des fonctions
gratuites ; mais il ne s’agissait pas alors de
sa candidature législative.
Aujourd’hui, le programme de nos com
pères est muet sur cette question du cumul.
Tellement il est vrai, qu’il est avec les prin
cipes — comme avec le Ciel — des accom
modements.
Ces bons intransigeants, tous les mômes :
auti-cumulards renforcés, lorsqu’il s’agit
des autres, cumulards jusqu’à la mort, lors
qu’il s’agit d’eux-mêmes.
Mais revenons au Marchai, seconde ma
nière ; nous l’avons dit, depuis tantôt un an,
le journaliste est presque convenable ; il
reconnaît volontiers que M. Bourlier est
instruit, courtois, affable.
Le conseiller général a maintenant de la
tenue, il est presque correct; il s’oublie
parfois jusqu’à qualifier quelques-uns de ses
collègues d'honorables.
Quel est ce mystère et pourquoi ce revi
rement ?
Cette conversion a, en effet, besoin d’ex
plications et on peut en fournir de plus
d’une sorte.
La première, celle qui vient immédiate
ment à l’esprit de n’importe qui, c’est que
M. Marchai prépare sa candidature depuis
quelque temps et que le candidat aurait eu
plus de chances de récolter des pommes
cuites que des bulletins de vote, s’il avait
continué à insulter, à iujurier et à dénoncer
tout ce qu’il y a de plus respectable : les
honnêtes gens et les jeunes filles.
Mais il y a une seconde raison et qui a
bien sa valeur aussi aux yeux de celui qui a
une vive répulsion pour les amendes et la
paille humide des cachots.
Depuis le départ de M. Mer du Petit Co-
lon, M. Marcha! est le gérant de son jour
nal et, par conséquent, responsable pécu
niairement et corporellement de tout ce qui
s’y écrit. Or il se rencontre des gens qui
n’aiment pas'à être traités de voleurs et des
jeunes personnes qui ne souffrent pas qu’on
cherche à les déshonorer.
Tel est encore un des secrets de la con
duite actuelle du rédacteur eu chef du Petit
Colon
En cherchant bien, on trouverait d’autres
raisons à ce changement d’attitude, mais
celles-là suffisent pour éclairer l’électeur
qui ne connaît qu’imparfaitement le candi
dat Marchai (1).
Informations algériennes
L 'Officiel du 11 septembre annonce qu’à
la suite des négociations engagées par M.
le Ministre des finances avec le Crédit Fon
cier, cet établissement a bien voulu prêter
aux départements, villages et communes,
dans les conditions de la loi du 20 juin
1885, les sommes nécessaires à l’installation
de leurs établissements scolaires.
X
Le Hussard a mission de conduire le
cardinal Lavigerie de la Goulette à Alger ;
aussitôt sa mission terminée, ce bâtiment
retournera en Tunisie.
X
Le recrutement du personnel des institu
teurs primaires pour l’Algérie ne se faisant
pas au gré des désirs de l’administration,
le ministèrede l’instruction publique vientde
décider qu’un nouvaeu privilège sera atta
ché, à l’avernir, aux postes d’instituteurs,
dans notre possession d’Afrique.
Indépendamment du traitement qui est der
1,200 à 1,500 francs pour les instituteurs
adjoiats, et de 1,500 à 2,100 francs pour les
instituteurs titulaires, ceux d’entre ces
membres de l’enseignement primaire qui,
après un séjour de deux ans en Algérie,
auront obtenu le brevet de langue arabe oi*
kabyle, pourront être nommés directeurs
d’une écol8 principale en territoire indigè
ne, et à ce titre, ils recevront un traitement
minimum de 3,000 francs avec augmentations
de 100 francs chaque année pendant cina
ans.
(1) Cet article était déjà composé, lors
qu’à paru, dans le Petit Colon, les attaques
contre M. Bourlier, que relève le premier
Alger : En avant la Calomnie. *
Feuilleton de LA DÉPÊCHE ALGÉRIENNE
N° 63.
LA
GRAM MAR1ÊRE
PAR
Georges OHNET
Détournez-vous de ces Clairefont qui n’exis
tent plus maintenant. N’accablez pas le fils,
dont le seul et vrai crime est le nom qu’il
porte, et laissez le père mourir en paix dans
son domaine morcelé et appauvri.
— Le fils ! s’écria Carvajan avec colère.
Oublies-tu qu’il t’a insulté devant toute la
ville?... Le père! ne sais-tu pas qu’hier
matin il a voulu m’assommer ? Des gens à
terre ?... Que feraient -ils alors s’ils étaient
debout ? Tu ne les connais pas : ce sont des
Ibandits 1
Ï1 redevint très calme et, fourrant ses
mains dans ses poches :
— Enfin, mon bonhomme, c’est très joli,
mais ils me doivent près de quarante mille
francs 1
— Le domaine en vaut le deuble K.,
— Pardienne ! je serais propre, sans ça î
— Mon père, reprit Pascal avec une émo
tion qui faisait trembler sa voix, ne m’ôtez
pas tout espoir de vous convaincre... Fai
tes-moi ce sacrifice, et je vous en serai re
connaissant toute ma vie ! En échange, exi
gez de moi ce que vous voudrez, et j’y con
sens d’avance. Je serai votre serviteur, je
m’attacherai à votre fortune, je ferai triom
pher votre ambition. Mes jours, mes nuits,
tout vous appartiendra. Mais au nom de ce
qu’il y a de plus sacré, ne me refusez pas ce
que je vous demande !
Carvajan marcha sur son fils, et, avec une
atroce ironie :
— Qu’est-ce qu’on t’a donc promis, si tu
réussissais ?
— Mon père ! cria le jeune homme.
— Es-tu mon fils ou l’homme d’affaires
des Clairefont ?
— N’est-ce pas un fils qui veut le nom de
son père respecté et honoré ?
— Respect, honneur, mots bien placés
dans ta bouche ! Alloas, monsieur l’honnête
homme, dis donc hardiment ce que tu pen
ses, aie donc le courage de ta trahisson !...
Crois-tu que j’en suis à m’apercevoir que
j’ai un ennemi dans ma propre maison ?
Tu rêves de me tromper ?... Tu es encore
un peu trop jeune !... Niais, qui se laisse
entraîner par une femme, et qui veut duper
son père ! Parle pour elle, plaide, soupire.
Triple sot ! Tu verras comment elle t’en ré
compensera ! Ah ! j’ai voulu savoir à quoi
m’en tenir, et je suis fixé maintenant : tu
as marivaudé avec la belle Antoinette, et tu
es sa créature... Va, elle t’apprendra le
respect et l’honneur !
— Mon père 1
— Ose doac me dire qu’ello ne t’a pas en
sorcelé 1 Ose donc nier que tu l’aimes !
Pascal, qui s’était courbé sous la colère
paternelle, se redressa, et, montrant un vi
sage illuminé par la passion :
— Eh bien ! oui, je l’aime ! Et ce sera le
malheur de ma vie, puisque je me vois placé
entre vous, que je trouve implacable, et elle,
que je voudrais sacrée. Prenez pitié de
moi ! Tous les coups que vous allez frapper
tomberont sur mon cœur. C’est la fatalité
qui a décidé... Je n’ai pas été au-devant de
Mlle de Clairefont. Je l’ai rencontrée sans
savoir qui elle était... Et quand j’ai pu ré
fléchir, il était trop tard... Je vous engage
ma parole de ne jamais la revoir, si vous
voulez l’éparguer... Je ne connais ni son
père ni son frère... Devant les yeux je n’ai
qu’elle. Elle seule ! Vous ne pouvez la haïr:
elle ne vous a jamais rien fait... Mon père,
vous .avez aimé, vous aussi, et vous avez
souffert... Au nom du passé, soyez bon au
jourd’hui, et ne faites pas votre fils aussi
malheureux que vous l’avez été vous-même!
— Ah ! tu as eu tort d’évoquer ce souve
nir, dit Carvajan, car il me défend la pitié !
Renonce à ton ameur : il est un peu moins
vieux que ma haine ! Du plus loin que je
me souvienne, je la retrouve, vivace au fond
de mon cœur. C’est en elle que j’ai puisé
l’énergie qu’il m’a fallu pour arriver où je
suis. Je n’ai rien fait dans la vie que pour
assurer son triomphe, et quand je touche au
but, tu viens, pour un caprice, pour une
amourette, me demander de renoncer à
cette joie si ardemment rêvée ? Allons donc!
Tu n’es qu’un enfant plein de faiblesse
et d’aveuglement. Tu ne sais pas te condui-
; re.Laisse-moi faire tes affaires, en même
temps que les miennes, et je t’obtiendrai
plus que tu n’as pu désirer. Tu m’accuses»
presque d’être un mauvais père... Je t&
prouverai mon affection... Cette fille que ta
aimes, la veux-tu ? Je te la donnerai. Tu la
verras souple et douce 1 Sa fierté ! ah ! abï
j’ai un procédé, moi, infaillible, pour mettra
au pas les jeunes personnes qui s’en fout
accroire... Aie confiance en moi... Suis
mes conseils, ne te môle de rien, sois sim
plement spectateur, et ta princesse est à
toi !...
— Jamais ! cria Pascal avec furie. J©
mourrais de honte devant elle !
— Ah ! ah 1 fit Carvajan. Je crois m’êtra
montré patient, mais tu commences à m’é
chauffer les oreilles ! J’apprécie la fantai
sie, mais à la condition qu’elle ne se pro
longe pas ! Il n’y a point de puissance hu
maine qui me ferait dire non, quand j’ai
pensé oui ! Or, je me suis fait, il y a trente
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quis hors de son château et que je m'y ins
tallerais à sa place !
— Et moi, mon père, j’ai fait tout à l’heure
le serment que je vous en empêcherais I.. j
— Ah! vraiment! tu as juré cela? jjdifc
Carvajan avec un calme effrayant. Eh bien*
tu apprendras à tes dépens qu’il ne faut
jamais prendre d’engagement téméraire...
Dans quinze jours, tu m’entends, le domain©
de Clairefont passera en vente, et le mar
quis sera sur le grand chemin !
— Non, mon père, car demain vous seiea
payé!
(A suivre ) t
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