Titre : La Dépêche algérienne : journal politique quotidien
Éditeur : [s.n.] (Alger)
Date d'édition : 1885-09-04
Contributeur : Robe, Eugène (1890-1970). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32755912k
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Description : 04 septembre 1885 04 septembre 1885
Description : 1885/09/04 (A1,N50). 1885/09/04 (A1,N50).
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bd6t544832k
Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JOD-10449
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 18/04/2021
PREFECTURE D‘ALGER
DEPOT LEGAL
Première année. — N* 50.
Le numéro 5 centimes.
Vendredi, 4 septembre 1886.
La
T
Algérienne
JOURNAL POLITIQUE QUOTIDIEN
ABONNEMENTS :
Trois mois Six mois
Un an
ADMINISTRATION ET RÉDACTION :
Tontes- les communications relatives aux anunonees et réclames doivent, «ai
Algérie, être adressées à l’ AGENCE HAVAS, boulevard de la République, Alger.
En France, les communications sont reçues savoir :
Algérie...
•France....
4.50 9
6 12
18
24
Rue de la Marine, n° 9, ancien hôtel Bazin.
A Marseille, chex M. Gustave ALLARD, rue du Bausset, 4 :
A Paris, chez MM. AUDBOURG et C io , place de la Bourse, 10,
Et par leurs correspondants.
La DÉPÊCHE ALGÉRIENNE est désignée pour l’insertion des annonees légales, judiciaires et autres exigées pour la validité des procédures et contrats.
■e
Alger, le 3 Septembre 1885.
LES HOMMES DO JOÜR
XXX
M. GERMAIN CASSE
Député du XIV 0 arrondissement de Paris
Un certain nombre de comités de la Seine
portent sur leurs listes M. Germain Casse.
Très sympathique aux électeurs du XIV e ar
rondissement qui l’ont envoyé à la Chambre
dès 1876, l’enlevant aux suffrages de ses
compatriotes de la Guadeloupe, qui l’avaient
déjà nommé député en 1873, M. Germain
Casse porte une forte et loDgue moustache
et une luxuriante chevelure rejetée en arriè
re, auxquelles il doit le surnom de Vercin
gétorix.
Né à ia Guadeloupe où son père avait ra
pidement amassé une belle fortune, il a
poursuivi sans relâche la revendication des
droits des nègres que les hommes de sa
couleur avaient si longtemps tenus dans
l’esclavage et traités comme des animaux et
non comme des semblables.
Sa jeunesse qu’il passa A Paris fut mar
quée de divers incidents orageux, comme
celle de tous les jeunes gens de l’époque,
dont les principes républicains s’accommo
daient mal avec le brutal autoritarisme de
l’empire.
Condamné pour sa collaboration à la
Jeune France, puis au journal le Travail,
il passa en Belgique en 1861, où il rencontra
les chefs des partis révolutionnaires de tous
les pays d’Europe.
Rentré en France, il purgea en prison la
condamnation qu’il avait encourue et vé
cut quatre mois avec Blanqui à Sainte-Pé
lagie
Après avoir fait encore de nouvelles visi
tes aux prisons de Paris pour sa propagan
de anti-cléricale et anti-monarchique, il fit
eh dernier lieu connaissance avec celle de
Beauvais où il se trouvait encore lorsque le
4 septembre arriva.
En rentrant à Paris, il offrit ses services à
la défense.
On connaît sa conduite pendant le siège
©t le rôle qu’il joua pendant la Commune.
C’est en 1873 que ses concitoyens de la
Guadeloupe l’envoyèrent à la Chambre.
Depuis 1876. il représente le XIV e arron
dissement de Paris.
Après avoir voté la suppression du bud
get des cuites sans espoir de succès, il est
revenu à la charge, et a du moins obtenu la
réduction du traitement des évêques.
Il a poursuivi sans se lasser la séparation
des Eglises et de l’Etat, et ne désespère pas
de la voir résolue à bref délai.
Il a d’ailleurs contribué à fonder, avec
quelques amis du fameux congrès des étu
diants qui se tint à Liège en Î865, la socié
té : « Agis comme tu penses », qui a pour
principe de repousser tout concours reli
gieux daus les différentes circonstances de
la vie où il est généralement admis. Il n’a
pas manqué d’appliquer ce principe le jour
de sou mariage et à la naissance de ses
enfants. M. Germain Casse a toujours siégé
à l’Extrême gauche.
On commence à causer beaucoup des
élections, bien que la campagne électorale
ne soit pas véritablement ouverte, puisque
jusqu’à présent les candidats ne se sont pas
officiellement déclaré.3.
Cette préoccupation du corps électoral
est un boa signe ; elle permet d’espérer
qu’au moment du vote, tous les électeurs
tiendront à affirmer leurs préférences et se
présenteront au scrutin.
Les intérêts en jeu sont du reste assez
considérables pour justifier pleinement le
zèle des électeurs algériens, car, en dehors
des intérêts communs à ia mère-patrie,
l’Algérie en a de spéciaux, de particuliers
qui, aux yeux mêmes de beaucoup de gens,
priment aujourd’hui les autres.
Nous disons aujourd’hui, parce que ia Ré
publique est actuellement trop bien assise
pour que l’appui des voix de la députation
algérienne puisse être utile à son maintien,
c’est là, ce qui permet à l’Algérie de faire
passer, en première ligne, ses intérêts parti
culiers, et de choisir pour la représenter,
les hommes qui lui offrent le plus de garan
ties au point de vue de la connaissance de
ses affaires, de ses besoins, et de l’influen
ce qu’ils sont susceptibles d’obtenir à la
Chambre.
Dans cet ordre d’idées, une question se
pose tout d’abord, celle de savoir s’il se
rait avantageux de continuer le mandat aux
députés qui le détenaient, ou s’il convien
drait de les remplacer par des hommes
nouveaux. C’est sur ce terrain du reste que
la lutte semble devoir s’engager dans les
trois départements, car, sauf peut-être M.
Etienne, qui ne paraît pas devoir avoir de
concurrent, tous les députés sortants vont
se trouver en présence d’un ou de plusieurs
compétiteurs, et si partout ces derniers
triomphaient, l’Algérie serait représentée à
la Chambre par cinq députés nouveaux sur
six.
Gaguerions-nous quelque chose à cette
révolution ? Nous en doutons. La pratique
du Parlement ne s’acquiert pas en quelques
jours, et alors surtout qu’il s’agit de l’Al
gérie une notoriété déjà faite ne suffit pas
toujours à un député pour se faire écouter.
Noyée au milieu de la Chambre, la nouvelle
députation algérienne aurait fort à faire
pour triompher de l’indifférence de la ma
jorité et se créer une place, si petite qu’elle
fût. L’Algérie perdrait du coup le bénéfice
de la situation acquise au prix de longs et
sérieux efforts par la députation sortante.
Ce serait tout un travail à recommencer.
D’ailleurs si, en dehors de la question
d’intérêt, on se place au point de vue de la
justice et de l’équité, il nous semble bien
difficile de refuser à un député qui le de
mande, le renouvellement de son mandat,
lorsque l’on n’a contre lui, aucun grief sé
rieux.
Et encore sur ce mot il faut s’entendre ; il
ne s’agit pas de savoir si, comme homme,
le député vous plaît moins, s’il vous a frois
sé personnellement, ou n’a pas apporté tout
le zèle que vous espériez à une affaire vous
intéressant. Ce sont là des bagatelles qui ne
sauraient être placées dans le plateau de la
balance.
Ce qu’il faut rechercher seulement, c’est
si l’élu a été, d’une part, fidèle à ses enga
gements et si, de l’autre, il a pris, chaque
fois que l’occasion s’en est présentée, souci
des véritables intérêts de l’Algérie. S’il sort
vainqueur de cet examen, pourquoi songe
rait-on à le remplacer par un nouveau ve
nu ?
Nous savons bien que les partis ne rai
sonnent pas ainsi, et que les pseudo-radi
caux algériens ge préoccupent peu de savoir
si un député sortant a ou n’a pas rempli
ses devoirs. Iis le combattroct quand même,
puisqu’ils ont quelqu’un des leurs à mettre
à sa place, et que l’intérêt de l’Algérie est
le moindre de leurs soucis.
Mais les radicaux et les intransigeants ne
forment par la majorité, heureusement, et il
y a, en Algérie, assez de vrais colons ayant
jugé sérieusement cet objectif à la prospérité
et au développement du pays, pour que la
victoire soit acquise à ees derniers dans tou
tes les luttes électorales où se trouveront en
présence, d’une part la passion politique,
avec ses emballements, de l’autre, l'examen
froid et raisonné des besoins et des aspi
rations de leur patrie d’adoption.
—♦-
Informations algériennes
MM. Pluque et Cardaire ont été désignés;;
pour faire partie de la Commission chargé©
de procéder à la réorganisation de la Com
pagnie des Sapeurs-Pompiers, lorsque la
décret de dissolution aura paru.
X
MM. Dumain, Durand, Mulsant, Tachefc
et Warot ont été nommés commissaires-ré
partiteurs pour l’exercice 1886 parle Conseil
municipal.
X
Au sujet de la révision de la liste du Jury-
criminel, MM. Darand et Wahl ont été dé
signés comme délégués pour le canton
nord, MM. Margerel et Carbonel pour le
canton sud.
X
Le Conseil municipal d’Alger a approuvé
la proposition de la Chambre de commerce
pour l’achat de moitié de l’immeuble Morali,
sur une partie duquel, lors de l’expropria
tion des immeubles, doit s’élever le Palais
consulaire.
X
M. Mohamed ban Sadi Saïi, assesseur
musulman au Conseil municipal d’Alger, a
donné sa démission dans la séance du 3t.
août. Cette démission a été acceptée.
X
Par décision ministérielle, M. Bouyac,
interprète auxiliaire de l re classe, a été
nommé à un emploi du môme grade pour
être attaché à la subdivision de Bône.
X
Nous apprenons qu’en raison des bruits
qui courent sur l’apparition du choléra à
Dellys, M. Leteliier s’est rendu dans cette
localité. Il est parti hier à quatre heu
res.
M. Mauguin, sénateur, doit également se
rendre à Dellys. Notre sénateur et notre
député y trouveront M. Bourlier, conseiller
général de la circonscription qui s’y trouve
déjà depuis hier.
X
Par arrêté du Gouverneur générai en date
du 31 août 1881 :
M. Brugnier Roure, adjoint stagiaire de
la commune mixte de Takitount (départe
ment de Constantine), a été nommé adjoint
à l’administrateur de la commune mixte de :
j Sidi-Aïch (même département), en rempla-
Feuilleton de L.V DÉPÊCHE ALGÉRIENNE
n° 50.
LA
GRMBEIÂHIÈHE
PAR
Georges OHNET
Cet aveugle et implacable égoïsme arra
cha à Antoinette un cri de douleur. Son
père, elle le comprit, se souciait fort peu de
la ruine de la maison Au milieu du désas
tre commua, il ne songeait qu’à son inven
tion, et se montrait prêt à sacrifier à sa ma
nie jusqu’à l’honneur de son nom. Il s'était
levé et errait à pas lents dans son labora
toire, jetant des regards inquiets et cares
sants à son brûleur. Uu combat semblait se
livrer eu lui. Il gesticulait eu marchant et
parlait tout haut sans s’en apercevoir.
— Au moment où je touche au résultat
certain... pour quelques misérables milliers
de francs... C’est impossible !... Quel .coup
pour moi !... Non ! on doit pouvoir emprun
ter encore sur le domaine... S’il le faut,
j’abandonnerai la moitié des brevets... Oui...
je sacrifierai l’Asie, l’Afrique et l’Ocêauie.
Ce sont des millions que je perds... Mais,
au moins, l’Europe et l’Amérique m’appar
tiendront... Oui, pour quelques milliers de
francs !
Antoinette, pâle et froide, suivait la lutte
inutile engagée par le savant contre lui-mê
me. Vainement, il amputait son œuvre.
Vainement, comme le marin pour alléger
son navire, il jetait une partie de la cargai
son à la mer. Il était trop tard, et la tour
mente, au milieu de laquelle il sa trouvait
engagé, devait tout engloutir.
— Hélas! mon père, dit-elle avec ferme
té, renoncez à vos rêves... Vous ne pourrez
pas les réaliser... Tout est fini, bien fini...
Les dernières ressources sont taries
Croyez qu'il me faut un grand courage pour
vous parler ainsi.. . Si j’avais pu m’v déci
der plus tôt, peut-être ne serions-nous pas
arrivés à une ruine si complète.
— Ma fille ! interrompit le marquis d’un
tou de reproche.
— Oh ! ne doutez pas de mon respect et
de mon affection, interrompit Mlle de Clai-
refont... Je vous les prouve mieux en vous
tenant aujourd’hui ce langage, qu’autrefois
en gardant le silence... Vous aviez le droit
de disposer d’une fortune qui vous apparte
nait, et personne dans la famille ne se per
mettra de discuter l’emploi qu’il vous a plu
d’en faire.
— Eh ! aveugle que tu es ! s’écria avec
force l’inventeur, je voulais, je veux encore
vous enrichir ! Tu ne comprends donc rien,
tu n’as donc plus confiance en moi ?
— Si, mon père... Mais le résultat a trahi
vos efforts... Et nou-seulement vous n’avez
plus d’argent pour continuer, mais vous
n’en avez même pas pour acquitter vos det
tes.
— Qu’importent mes dettes ? J’en double
rais la somme, sans crainte et sans scru
pule : je suis sûr de réussir !
— Vous l’avez affirmé déjà bien souvent,
mon père.
— Voyons, la situation n’est pas si déses
pérée que tu le dis ? Je comprends vos in
quiétudes. .. Vous ne savez pas, vous autres,
ce que je puis attendre de mon affaira nou
velle... Vous n’avez pas, comme moi, la
réalisation devant les yeux !... Oh ! tu ne
connais pas les sacrifices dont un créateur
est capable pour sauver son œuvre. Tiens !
Cellini, voyant que le bronze en fusion allait
manquer dans le moule de sou Jupiter, jeta
à la fournaise de la vaisselle d’or et d’argent
ciselée de sa main... Moi, vois-tu, mon
enfant, pour assurer le succès de ma dé
couverte... je ferais tout ! J’y crois tant,
que je me vendrais moi-même.
Enflammé par l’enthousiasme, le vieillard
montra un visage transfiguré. Il serra sa
fille dans ses bras et lui prodigua les noms
les plus tendres. Tout ce qu’un enfant ca
pricieux et câlin peut, pour obtenir une
faveur, adresser de supplications et faire de
cajoleries à sa mère, le vieillard le tenta
pour désarmer Antoinette. Il la trouva de
glace. Cette fière Clairefont, bonne et géné
reuse jusqu’à la démence, une fois butée à
une résolution, devint implacable.
— La tante Isabelle possède Saint-Mau
rice, intact, dit le marquis. Ne peut-elle
emprunter dessus de quoi nons dégager
cette fois ?
— Elle s’y refusera : elle l’a dit bien sou
vent. Saint-Maurice doit être, dans sa pen-^
sèe, le dernier asile de la famille.
— L’ingrate ! s’écria l’inventeur avec
amertume... Depuis trente ans qu’elle est.
chez moi, ai-je jamais, avec elle, distingué?
entre le mien et le sien ? Tout a été commun,
pendant la prospérité. Tout se sépare au.
moment du désastre^!
— Non ! mon père, vous êtes injuste. La*
tante Isabelle a déjà payé plus qu’elle n©
pouvait, et son désintéressement, sachez-le*
a été à la hauteur de son affection.
— Mais toi, ma fille, ma chérie, ma bonne
petite Toinon... Car j’en mourrai, vois-tu*
si je ne réussis pas !... Tu as de l’argent...
Ton frère t’a abandonné sa part... La for
tune de ta mère est dans tes mains... Sauve
l’avenir de notre maison, relève Clairefanfc
de la ruine !... Tiens ! sois mon associée £
Je te fais millionnaire... M’entends-tu ? Ré-;,
ponds-moi donc ! Est-ce que tu ne com
prends pas ? Millionnaire ! Oui ! en un au !
Ah ’ ah ! ah ! c’est beau ! Cela vaut la peine
de risquer quelque chose... Pas toute la dot„
une partie seulement !
Et, suppliant, les yeux égarés, il tendait
les mains vers Antoinette.
Elle frémit de douleur. Ainsi son père en
était venu à un tel abaissement moral ! Sa.
passion, comme un poison qui ronge, avàit
fini par détruire en lui ia délicatesse de
l’homme, la dignité du chef de famille. Ce
lui qu’elle avait sous les yeux n’était plus
qu’un pauvre maniaque presque en enfance,.
(A suivre .)
vj
‘A.
DEPOT LEGAL
Première année. — N* 50.
Le numéro 5 centimes.
Vendredi, 4 septembre 1886.
La
T
Algérienne
JOURNAL POLITIQUE QUOTIDIEN
ABONNEMENTS :
Trois mois Six mois
Un an
ADMINISTRATION ET RÉDACTION :
Tontes- les communications relatives aux anunonees et réclames doivent, «ai
Algérie, être adressées à l’ AGENCE HAVAS, boulevard de la République, Alger.
En France, les communications sont reçues savoir :
Algérie...
•France....
4.50 9
6 12
18
24
Rue de la Marine, n° 9, ancien hôtel Bazin.
A Marseille, chex M. Gustave ALLARD, rue du Bausset, 4 :
A Paris, chez MM. AUDBOURG et C io , place de la Bourse, 10,
Et par leurs correspondants.
La DÉPÊCHE ALGÉRIENNE est désignée pour l’insertion des annonees légales, judiciaires et autres exigées pour la validité des procédures et contrats.
■e
Alger, le 3 Septembre 1885.
LES HOMMES DO JOÜR
XXX
M. GERMAIN CASSE
Député du XIV 0 arrondissement de Paris
Un certain nombre de comités de la Seine
portent sur leurs listes M. Germain Casse.
Très sympathique aux électeurs du XIV e ar
rondissement qui l’ont envoyé à la Chambre
dès 1876, l’enlevant aux suffrages de ses
compatriotes de la Guadeloupe, qui l’avaient
déjà nommé député en 1873, M. Germain
Casse porte une forte et loDgue moustache
et une luxuriante chevelure rejetée en arriè
re, auxquelles il doit le surnom de Vercin
gétorix.
Né à ia Guadeloupe où son père avait ra
pidement amassé une belle fortune, il a
poursuivi sans relâche la revendication des
droits des nègres que les hommes de sa
couleur avaient si longtemps tenus dans
l’esclavage et traités comme des animaux et
non comme des semblables.
Sa jeunesse qu’il passa A Paris fut mar
quée de divers incidents orageux, comme
celle de tous les jeunes gens de l’époque,
dont les principes républicains s’accommo
daient mal avec le brutal autoritarisme de
l’empire.
Condamné pour sa collaboration à la
Jeune France, puis au journal le Travail,
il passa en Belgique en 1861, où il rencontra
les chefs des partis révolutionnaires de tous
les pays d’Europe.
Rentré en France, il purgea en prison la
condamnation qu’il avait encourue et vé
cut quatre mois avec Blanqui à Sainte-Pé
lagie
Après avoir fait encore de nouvelles visi
tes aux prisons de Paris pour sa propagan
de anti-cléricale et anti-monarchique, il fit
eh dernier lieu connaissance avec celle de
Beauvais où il se trouvait encore lorsque le
4 septembre arriva.
En rentrant à Paris, il offrit ses services à
la défense.
On connaît sa conduite pendant le siège
©t le rôle qu’il joua pendant la Commune.
C’est en 1873 que ses concitoyens de la
Guadeloupe l’envoyèrent à la Chambre.
Depuis 1876. il représente le XIV e arron
dissement de Paris.
Après avoir voté la suppression du bud
get des cuites sans espoir de succès, il est
revenu à la charge, et a du moins obtenu la
réduction du traitement des évêques.
Il a poursuivi sans se lasser la séparation
des Eglises et de l’Etat, et ne désespère pas
de la voir résolue à bref délai.
Il a d’ailleurs contribué à fonder, avec
quelques amis du fameux congrès des étu
diants qui se tint à Liège en Î865, la socié
té : « Agis comme tu penses », qui a pour
principe de repousser tout concours reli
gieux daus les différentes circonstances de
la vie où il est généralement admis. Il n’a
pas manqué d’appliquer ce principe le jour
de sou mariage et à la naissance de ses
enfants. M. Germain Casse a toujours siégé
à l’Extrême gauche.
On commence à causer beaucoup des
élections, bien que la campagne électorale
ne soit pas véritablement ouverte, puisque
jusqu’à présent les candidats ne se sont pas
officiellement déclaré.3.
Cette préoccupation du corps électoral
est un boa signe ; elle permet d’espérer
qu’au moment du vote, tous les électeurs
tiendront à affirmer leurs préférences et se
présenteront au scrutin.
Les intérêts en jeu sont du reste assez
considérables pour justifier pleinement le
zèle des électeurs algériens, car, en dehors
des intérêts communs à ia mère-patrie,
l’Algérie en a de spéciaux, de particuliers
qui, aux yeux mêmes de beaucoup de gens,
priment aujourd’hui les autres.
Nous disons aujourd’hui, parce que ia Ré
publique est actuellement trop bien assise
pour que l’appui des voix de la députation
algérienne puisse être utile à son maintien,
c’est là, ce qui permet à l’Algérie de faire
passer, en première ligne, ses intérêts parti
culiers, et de choisir pour la représenter,
les hommes qui lui offrent le plus de garan
ties au point de vue de la connaissance de
ses affaires, de ses besoins, et de l’influen
ce qu’ils sont susceptibles d’obtenir à la
Chambre.
Dans cet ordre d’idées, une question se
pose tout d’abord, celle de savoir s’il se
rait avantageux de continuer le mandat aux
députés qui le détenaient, ou s’il convien
drait de les remplacer par des hommes
nouveaux. C’est sur ce terrain du reste que
la lutte semble devoir s’engager dans les
trois départements, car, sauf peut-être M.
Etienne, qui ne paraît pas devoir avoir de
concurrent, tous les députés sortants vont
se trouver en présence d’un ou de plusieurs
compétiteurs, et si partout ces derniers
triomphaient, l’Algérie serait représentée à
la Chambre par cinq députés nouveaux sur
six.
Gaguerions-nous quelque chose à cette
révolution ? Nous en doutons. La pratique
du Parlement ne s’acquiert pas en quelques
jours, et alors surtout qu’il s’agit de l’Al
gérie une notoriété déjà faite ne suffit pas
toujours à un député pour se faire écouter.
Noyée au milieu de la Chambre, la nouvelle
députation algérienne aurait fort à faire
pour triompher de l’indifférence de la ma
jorité et se créer une place, si petite qu’elle
fût. L’Algérie perdrait du coup le bénéfice
de la situation acquise au prix de longs et
sérieux efforts par la députation sortante.
Ce serait tout un travail à recommencer.
D’ailleurs si, en dehors de la question
d’intérêt, on se place au point de vue de la
justice et de l’équité, il nous semble bien
difficile de refuser à un député qui le de
mande, le renouvellement de son mandat,
lorsque l’on n’a contre lui, aucun grief sé
rieux.
Et encore sur ce mot il faut s’entendre ; il
ne s’agit pas de savoir si, comme homme,
le député vous plaît moins, s’il vous a frois
sé personnellement, ou n’a pas apporté tout
le zèle que vous espériez à une affaire vous
intéressant. Ce sont là des bagatelles qui ne
sauraient être placées dans le plateau de la
balance.
Ce qu’il faut rechercher seulement, c’est
si l’élu a été, d’une part, fidèle à ses enga
gements et si, de l’autre, il a pris, chaque
fois que l’occasion s’en est présentée, souci
des véritables intérêts de l’Algérie. S’il sort
vainqueur de cet examen, pourquoi songe
rait-on à le remplacer par un nouveau ve
nu ?
Nous savons bien que les partis ne rai
sonnent pas ainsi, et que les pseudo-radi
caux algériens ge préoccupent peu de savoir
si un député sortant a ou n’a pas rempli
ses devoirs. Iis le combattroct quand même,
puisqu’ils ont quelqu’un des leurs à mettre
à sa place, et que l’intérêt de l’Algérie est
le moindre de leurs soucis.
Mais les radicaux et les intransigeants ne
forment par la majorité, heureusement, et il
y a, en Algérie, assez de vrais colons ayant
jugé sérieusement cet objectif à la prospérité
et au développement du pays, pour que la
victoire soit acquise à ees derniers dans tou
tes les luttes électorales où se trouveront en
présence, d’une part la passion politique,
avec ses emballements, de l’autre, l'examen
froid et raisonné des besoins et des aspi
rations de leur patrie d’adoption.
—♦-
Informations algériennes
MM. Pluque et Cardaire ont été désignés;;
pour faire partie de la Commission chargé©
de procéder à la réorganisation de la Com
pagnie des Sapeurs-Pompiers, lorsque la
décret de dissolution aura paru.
X
MM. Dumain, Durand, Mulsant, Tachefc
et Warot ont été nommés commissaires-ré
partiteurs pour l’exercice 1886 parle Conseil
municipal.
X
Au sujet de la révision de la liste du Jury-
criminel, MM. Darand et Wahl ont été dé
signés comme délégués pour le canton
nord, MM. Margerel et Carbonel pour le
canton sud.
X
Le Conseil municipal d’Alger a approuvé
la proposition de la Chambre de commerce
pour l’achat de moitié de l’immeuble Morali,
sur une partie duquel, lors de l’expropria
tion des immeubles, doit s’élever le Palais
consulaire.
X
M. Mohamed ban Sadi Saïi, assesseur
musulman au Conseil municipal d’Alger, a
donné sa démission dans la séance du 3t.
août. Cette démission a été acceptée.
X
Par décision ministérielle, M. Bouyac,
interprète auxiliaire de l re classe, a été
nommé à un emploi du môme grade pour
être attaché à la subdivision de Bône.
X
Nous apprenons qu’en raison des bruits
qui courent sur l’apparition du choléra à
Dellys, M. Leteliier s’est rendu dans cette
localité. Il est parti hier à quatre heu
res.
M. Mauguin, sénateur, doit également se
rendre à Dellys. Notre sénateur et notre
député y trouveront M. Bourlier, conseiller
général de la circonscription qui s’y trouve
déjà depuis hier.
X
Par arrêté du Gouverneur générai en date
du 31 août 1881 :
M. Brugnier Roure, adjoint stagiaire de
la commune mixte de Takitount (départe
ment de Constantine), a été nommé adjoint
à l’administrateur de la commune mixte de :
j Sidi-Aïch (même département), en rempla-
Feuilleton de L.V DÉPÊCHE ALGÉRIENNE
n° 50.
LA
GRMBEIÂHIÈHE
PAR
Georges OHNET
Cet aveugle et implacable égoïsme arra
cha à Antoinette un cri de douleur. Son
père, elle le comprit, se souciait fort peu de
la ruine de la maison Au milieu du désas
tre commua, il ne songeait qu’à son inven
tion, et se montrait prêt à sacrifier à sa ma
nie jusqu’à l’honneur de son nom. Il s'était
levé et errait à pas lents dans son labora
toire, jetant des regards inquiets et cares
sants à son brûleur. Uu combat semblait se
livrer eu lui. Il gesticulait eu marchant et
parlait tout haut sans s’en apercevoir.
— Au moment où je touche au résultat
certain... pour quelques misérables milliers
de francs... C’est impossible !... Quel .coup
pour moi !... Non ! on doit pouvoir emprun
ter encore sur le domaine... S’il le faut,
j’abandonnerai la moitié des brevets... Oui...
je sacrifierai l’Asie, l’Afrique et l’Ocêauie.
Ce sont des millions que je perds... Mais,
au moins, l’Europe et l’Amérique m’appar
tiendront... Oui, pour quelques milliers de
francs !
Antoinette, pâle et froide, suivait la lutte
inutile engagée par le savant contre lui-mê
me. Vainement, il amputait son œuvre.
Vainement, comme le marin pour alléger
son navire, il jetait une partie de la cargai
son à la mer. Il était trop tard, et la tour
mente, au milieu de laquelle il sa trouvait
engagé, devait tout engloutir.
— Hélas! mon père, dit-elle avec ferme
té, renoncez à vos rêves... Vous ne pourrez
pas les réaliser... Tout est fini, bien fini...
Les dernières ressources sont taries
Croyez qu'il me faut un grand courage pour
vous parler ainsi.. . Si j’avais pu m’v déci
der plus tôt, peut-être ne serions-nous pas
arrivés à une ruine si complète.
— Ma fille ! interrompit le marquis d’un
tou de reproche.
— Oh ! ne doutez pas de mon respect et
de mon affection, interrompit Mlle de Clai-
refont... Je vous les prouve mieux en vous
tenant aujourd’hui ce langage, qu’autrefois
en gardant le silence... Vous aviez le droit
de disposer d’une fortune qui vous apparte
nait, et personne dans la famille ne se per
mettra de discuter l’emploi qu’il vous a plu
d’en faire.
— Eh ! aveugle que tu es ! s’écria avec
force l’inventeur, je voulais, je veux encore
vous enrichir ! Tu ne comprends donc rien,
tu n’as donc plus confiance en moi ?
— Si, mon père... Mais le résultat a trahi
vos efforts... Et nou-seulement vous n’avez
plus d’argent pour continuer, mais vous
n’en avez même pas pour acquitter vos det
tes.
— Qu’importent mes dettes ? J’en double
rais la somme, sans crainte et sans scru
pule : je suis sûr de réussir !
— Vous l’avez affirmé déjà bien souvent,
mon père.
— Voyons, la situation n’est pas si déses
pérée que tu le dis ? Je comprends vos in
quiétudes. .. Vous ne savez pas, vous autres,
ce que je puis attendre de mon affaira nou
velle... Vous n’avez pas, comme moi, la
réalisation devant les yeux !... Oh ! tu ne
connais pas les sacrifices dont un créateur
est capable pour sauver son œuvre. Tiens !
Cellini, voyant que le bronze en fusion allait
manquer dans le moule de sou Jupiter, jeta
à la fournaise de la vaisselle d’or et d’argent
ciselée de sa main... Moi, vois-tu, mon
enfant, pour assurer le succès de ma dé
couverte... je ferais tout ! J’y crois tant,
que je me vendrais moi-même.
Enflammé par l’enthousiasme, le vieillard
montra un visage transfiguré. Il serra sa
fille dans ses bras et lui prodigua les noms
les plus tendres. Tout ce qu’un enfant ca
pricieux et câlin peut, pour obtenir une
faveur, adresser de supplications et faire de
cajoleries à sa mère, le vieillard le tenta
pour désarmer Antoinette. Il la trouva de
glace. Cette fière Clairefont, bonne et géné
reuse jusqu’à la démence, une fois butée à
une résolution, devint implacable.
— La tante Isabelle possède Saint-Mau
rice, intact, dit le marquis. Ne peut-elle
emprunter dessus de quoi nons dégager
cette fois ?
— Elle s’y refusera : elle l’a dit bien sou
vent. Saint-Maurice doit être, dans sa pen-^
sèe, le dernier asile de la famille.
— L’ingrate ! s’écria l’inventeur avec
amertume... Depuis trente ans qu’elle est.
chez moi, ai-je jamais, avec elle, distingué?
entre le mien et le sien ? Tout a été commun,
pendant la prospérité. Tout se sépare au.
moment du désastre^!
— Non ! mon père, vous êtes injuste. La*
tante Isabelle a déjà payé plus qu’elle n©
pouvait, et son désintéressement, sachez-le*
a été à la hauteur de son affection.
— Mais toi, ma fille, ma chérie, ma bonne
petite Toinon... Car j’en mourrai, vois-tu*
si je ne réussis pas !... Tu as de l’argent...
Ton frère t’a abandonné sa part... La for
tune de ta mère est dans tes mains... Sauve
l’avenir de notre maison, relève Clairefanfc
de la ruine !... Tiens ! sois mon associée £
Je te fais millionnaire... M’entends-tu ? Ré-;,
ponds-moi donc ! Est-ce que tu ne com
prends pas ? Millionnaire ! Oui ! en un au !
Ah ’ ah ! ah ! c’est beau ! Cela vaut la peine
de risquer quelque chose... Pas toute la dot„
une partie seulement !
Et, suppliant, les yeux égarés, il tendait
les mains vers Antoinette.
Elle frémit de douleur. Ainsi son père en
était venu à un tel abaissement moral ! Sa.
passion, comme un poison qui ronge, avàit
fini par détruire en lui ia délicatesse de
l’homme, la dignité du chef de famille. Ce
lui qu’elle avait sous les yeux n’était plus
qu’un pauvre maniaque presque en enfance,.
(A suivre .)
vj
‘A.
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