Titre : La Dépêche algérienne : journal politique quotidien
Éditeur : [s.n.] (Alger)
Date d'édition : 1885-09-02
Contributeur : Robe, Eugène (1890-1970). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32755912k
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Description : 02 septembre 1885 02 septembre 1885
Description : 1885/09/02 (A1,N48). 1885/09/02 (A1,N48).
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bd6t544830w
Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JOD-10449
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 18/04/2021
PREKfiCTUKB D'A LU F K
JOURNAL POLITIQUE QUOTIDIEN
ABONNEMENTS :
Trois mois Sil mois
Un an
ADMINISTRATION ET RÉDACTION :
Tontes les communications relatives au annnonces et réclames doivent, en
Algérie, être adressées à 1* AGENCE HAVAS, boulevard de la République, Alger.
En France, les communications sont reçues savoir :
Algérie...
4.50 O
48
Rue de la Marine, n° 9, ancien hôtel Bazin.
A Marsbil», ches M. Güstavb ALLARD, rue du Bausset, 4 ;
A Paris, ches MM. AUDBOURG et O, place de la Bourse, 10,
Et par leurs correspondants.
France. ...
6 42
24
La DÉPÊCHE ALGÉRIENNE est désignée pour l’insertion des snnonoes légales, j adioiairea et autres exigées pour la validité des procédures et contrats.
Alger, le 1 er Septembre 1885.
LES HOUES DU JOUR
XVIll
M. GREPPO
DÉPUTÉ DE PARIS
Agé aujourd’hui de 75 ans (M. Greppo,
Louis, est né le 8 janvier 1810, à Pouilly,
Rhône). Le député actuel du 12* arrondisse
ment de Paris, débuta assez jeune dans la
carrière politique, puisque dès l’année 1848,
nous le voyons, envoyé par le département
du Rhône à l’Assemblée constituante, occu
per un des sièges les plus élevés do la Mon
tagne, puis, quelque temps plus tard, re
prendre à la Législative son siège à l'Extrê
me Gauche.
La carrière de M. Greppo fut, d’ailleurs,
assez mouvementée.
Arrêté et emprisonné le 2 décembre 1851,
il fut condamné à l’exil et dut se retirer
d’abord en Belgique, puis en Angleterre,
d'où il ne revint, avec l’amaistie de 1859,
que pour se faire arrêter à nonveau, et
condamner à l’emprisonnement (1862), sous
i’inculpatioa de délit de Sociétés secrètes.
Nommé maire du 4* arrondissement de
Paris par le Gouvernement de la Défense
nationale, M. Greppo donna sa démission à
la suite des évènements du 31 octobre 1870 ;
mais il resta peu de temps dans l’ombre,
car, le 8 février suivant, il revenait à l’As
semblée en qualité de député de Paris. Là,
comme toujours, il prit place à l’Extrême
Gauche, vota contre les préliminaires de la
paix et se prononça pour l’ensemble des
lois constitutionnelles.
Réélu par le XII* arrondissement de Paris
aux élections du 20 février 1871, il fut nom
mé vice-président du groupe parlementaire
de l’Extrême-Gauche.
On doit à M. Greppo un certain nombre
de brochures qui furent assez remarquées
au moment de leur apparition.
On peut considérer comme assurée d’a
vance la réélection de ce vieux et solide
républicain dont toute la vie a été consacrée
au service de la bonne cause.
Jamais pétard plus audacieux n’a été tiré
dans le journalisme qnc celui imaginé ou
accepté par le Zèramna pour faire sauter
et anéantir les chefs du parti politique op
posé au sien et à ses amis. La crânerie avec
laquelle le feu fut alors mis à la mèche,
n’a d’égale que la couardise et la platitude
dont le directeur du Zèramna fait preuve
depuis qu’il lui a été donné de comprendre
la gravité de l’acte auquel il s’est laissé
aller.
La différence qui existe entre l’attitude
de Mi Feuille, sollicitant de ['Indépendant
la publication de la seconde lettre Forcioli
et celle qu’il a eue devant le juge d’instruc
tion, donne même fortement à penser que,
dans toute cette affaire, le directeur du
Zèramna n'a été qu’un agent à peu près
inconscient, heureux de jouer un bon tour
à des adversaires politiques, s’y employant
volontiers, mais ne se rendant aucunement
compte des conséquences que pouvait avoir
pour lui-même sa complicité.
Le bandeau n’est tombé de ses yeux que
le jour où il s’est vü arrêté à l’étranger,
menacé d’êlre ramené en Algérie par les
gendarmes, après avoir traversé une partie
de la France conduit, comme un malfaiteur,
de brigade en brigade.
Laissons donc de côté M. Feuille. G'est
uq garçon usé, fiai, moins encore à raison
de l’acte dont il s’est rendu coupable que
de l’avachissemeut moral dans lequel il est
tombé, et si M. Forcioli maintient sa plainte,
c’est bien moins, nous le gagerions, pour
obtenir contre ce triste sire une condam
nation que dans le but de projeter une lu
mière éclatante sur les véritables auteurs
de toute cette intrigue.
Et Ton ne saurait blâmer M. Forcioli de
sa résolution. Le faux avait été si bien
combiné, si parfaitement exécuté que les
démentis de i’nonorabia sénateur avaient
encore laissé subsister des doutes, môme
dans l’esprit de quelques-uns de ses amis.
Il a fallu l’aveu catégorique de Feuille
pour l’innocenter définitivement, pour lui
faire rendre par tous la confiance et l’estime
auxquels il n’avait cessé d’avoir droit.
La calomnie du Zèramna n’aura eu qu’un
résultat pour M. Forcioli et les siens, c’est
de leur attirer un regain de sympathies, de
leur concilier des amitiés nouvelles, et cela
aux dépens du parti opposé, que l’on est,
par une tendance naturelle, porté à pré
sumer l’auteur ou l'inspirateur d’une ma
chination dont il paraissait seul appelé à
profiter.
Au moment des élections, cette appré
ciation de l’opinion a une gravité excep
tionnelle pour les députés appelés à se re
présenter. Us seraient, nous le craignons,
perdus irrévocablement, s’il était démontré
qu’ils ont peu ou prou treüipô dans le com
plot dirigé contre M. Forcioli. Mais nous
hésitons fort, pour notre part, à admettre
que MM. Thomsou et Treille aient môme
donné une approbation tacite au pétard du
Zèramna .
Voilà justement le point sur lequel il im
porte que Ton soit fixé dans le département
de Constantine avant le 4 octobre, car, au
tant il eût été déplorable que les intérêts
électoraux de M. Forcioli eussent été com
promis par une calomnie, autant il serait
injuste que MM. Thomsou et Treille fussent,
par contre-coup, victimes d’un acte auquel
ils seraient demeurés étrangers.
Seules, les révélations promises par M.
Feuille peuvent élucider la question ; aussi
les appelons-nous de tous nos vœux et
savons-nous le plus graud gré à M. Forcioli
de tenir la main à ce que la lumière soit
complète.
♦
Informations algériennes
Le Charivari oranais nous apprend que
M. Dessoliers arrivera à Oran dans huit
jours.
X
On vient de recevoir la nouvelle de la
mort de deux vaillants officiers appartenant
au 2* étranger : MM. Bouyer, capitaine
adjudant-major et Sonier, lieutenant.
M. Bouyer est décédé à Kelung ; M. So
nier, à Haïphong.
Ces deux braves venaient d’être faits che
valiers de la Légion d’Honneur mais
trop tard malheureusement. Us n’étaient
déjà plus de ce monde quand le décret a été
signé.
X
On annonce la rentrée de M. le Préfet
d’Oran pour le 5 septembre.
X
Une réunion publique électorale aura lieu
à Oran, mardi prochain.
M. Etienne y rendra compte de son man
dat de député. Delà, il visitera toutes les
communes de la province d’Oran. L’itiné
raire est celui qui est suivi depuis de lon
gues années par le Conseil de révision.
Cette excursion ne durera pas moins d’nn
mois ; ce sera un voyage de près de 2 800
kilomètres dont 400 environ en chemin de
fer.
M. Dessoliers ne visitera que l’anciend©
première circonscription, mais il se rendra
aussi danà les villes importantes de la
deuxième circonscription qu’il représen
tait.
X
M. l’expert Proger a terminé à Philippe-
ville la visite des vigoobles existant dans
cette commune.
Après avoir visité le plus minutieusement
possible les Béni-Melek. Skikda, l’oued et
Ouach, Saint-Antoine, Damrémont et Val
lée, M. Proger a déposé son rapport qui
conclut en disant que le phylloxéra n’existe
pas dans la commune de Philippeville.
X
M. le directeur des postes et télégraphes
de Constantine nous fait connaître qu’un
bureau de distribution auxiliaire sera ouvert
à Sidi-El-Nemessi à partir du !•’ septembre
prochain.
X
Par arrêté du Gouverneur, la commission
municipale de la commune mixte de Lalia-
Margbnia (territoire de commandement
dOran) sera désormais composée de 24
membres.
X
Par arrêté du Gouverneur, la commission
municipale de la commune mixte d’Aïn-
Sefra (territoire de commandement d’Oranj
sera composée de 24 membres.
X
Les travaux de destruction du phylloxéra
dans la vigne Micbaud, à Bel-Abbès, con
tinuent. Afin d'activer l’opération, les équi
pes vont être doublées et du matériel arri
vera ces jours-ci d’Oran.
+ —.w
Correspondance de Tunisie
Kef, 24 août 1885.
Monsieur le Rédacteur en chef de la
Dépêche Algérienne,
L’affaire dont je vous ai entretenu dans
ma dermière lettre, au sujet de cette jeûna
fille qui avait quitté ses parents, est ve
nue devant la justice de paix.
Voici, aussi fidèlement que possible, les;
détails de ce procès :
« Le greffier a donné lecture d’un procès-
verbal assez vif, dressé par l’inspecteur d®
police.
» Mme Goullet, commerçante, c’est le
nom de la mère de la malheureuse fille non»
seulement est accusée de s’être mise en état
d’ivresse, mais encore d’avoir insulté Mm®
Cauqui, la patronne d’une maison bor
gne.
» Deux soldats sont entendus comme té
moins.
Feuilleton de L.V DÉPÊCHE ALGÉRIENNE
N° 48.
LA
GRANDE 1ARNIÈRE
PAR
Georges OHNET
Les paroles du vieillard tombaient dans
le vide, comme du robinet l’eau gout
tant sonore et inutile dans la vasque de
pierre. A la pensée de la jeune fille reve
nait, obsédante et désolante, la préoccupa
tion du salut de Robert, et du payement de
l’échéance prochaine.
Elle songea un moment à interrompre le
marquis au milieu de ses amusements scien
tifiques, et à lui poser nettement la question
d’argent qu’il fallait résoudre. Au moment
de parler, un dernier reste de pitié pour le
vieil enfant qu’il fallait arracher à son aveu
gle sécurité arrêta les mots décisifs. Elle se
tut, pensant : Il sera assez tôt demain, qu’il
ait encore au moins cette soirée heureuse,
et cette nuit tranquille. Et comme un vol de
spectres nocturnes, les pensées sinistres re
commencèrent à enserrer son esprit dans
leur cercle douloureux.
A onze heures, le père et la fille quittè
rent le laboratoire et descendirent dans leurs
appartements. Le marquis, heureux d’avoir
pu, pendant deux heures, développer ses
idées, sans se préoccuper de savoir s’il avait
seulement été entendu, embrassa Antoinette
et la quitta ea lui disant :
— Je suis tout ragaillardi ! Tu ne t’ima
gines pas comme ta présence me fait du
bien... Quand je te vois au milieu de mes
appareils, je crois que tout ce que j’ai en
trepris doit réussir.. . Ta reviendras, n’est-
ce pas? Tu y as intérêt, sais-tu... C’est la
fortune !...
La fortune 1 toujours le mot magique, le
rêve de tout savant : la pierre philosophal©
découverte : l’or coulant d’un creuset oa
jaillissant d’un appareil. Et l’inventeur, con
fiant et ravi, alla se coucher avec ce rayon
dans la cervelle.
La nuit parut longue à Antoinette. Elle
resta les yeux ouverts dans l’obscurité,
écoutant l’ouragan qui se déchaînait au de
hors et faisait trembler le château sur sa
base. Ces souffles irrités, passant et repas
sant en violents tourbillons, lui rappelaient
la mer, et, dans la fièvre de son insomnie,
il lui semblait être sur un navire battu par
la tempêta. Des haleines furieuses grin
çaient dans les mâts et dans les cordages,
et la poussée croissante et décroissante de
leur bruit tumultueux donnait à la jeune
fille la sensation de la montée énorme et
de la descente profonde des vagues.
Elle se trouvait, au milieu d’uue obscurité
traversée seulement par de rouges éclairs,
emportée sur un océan couleur d’encre. Elle
était tout étourdie par le balancement hor
rible des flots, et souffrait cruellement. L’o
rage grandissait sans cesse, emplissant ses
oreilles de sifflements stridents, et, dans le
trouble de ses pensées, elle se figurait allant
délivrer son frère abandonné sur un étroit
et stérile rocher.
Elle se tournait vers celui qui comman
dait le fantastique vaisseau et, à la lueur de
la foudre, elle lui voyait le visage de Pascal.
Il la regardait avec douceur, comme pour
lui dire : Tu sais bien que je t’adore; tu
n’as qu’un mot à prononcer, qu’un signe à
faire, et c’est moi-même qui te conduirai
vers ton frère, et qui Rassurerai son sa
lut. Rien ne me coûtera pour te plaire. Tes
larmes me désolent, je souffre de ton cha
grin. Ne t’entête pas dans ton orgueil, sois
raisonnable et bonne. Et ton malheur, en
un un instant, va se réparer.
Mais elle, implacable, détournait la tête,
refusait de faire entendre la prière si douce
ment implorée. Et, dans le chaos mouvant
des flots exaspérés, le navire s’éloignait,
abandonnant à son sort le pauvre Robert
qui appelait à grands cris. La nuit se faisait
plus sinistre, la clameur du vent plus ef
froyable, et les vagues énormes, devenues
couleur de sang, roulaient dans leurs plis des
cadavres.
Antoinette, terrifiée, voulut s’arracher à
cet horrible cauchemar. Elle se raisonna,
se dit : mais non, je suis dans ma chambre,
près de mon père, je rêve tout éveillée. Elle
tâta les draps de son lit pour se convaincre.
Mais toujours l’hallucination revenait. Elle
dut allumer un flambeau, et, brisée de fati
gue, les cheveux collés au front par une
sueur glacée, elle retrouva un peu de calme.
Enfin le jour parut, pâle, et la délivra d®
cette angoisse.
Le premier regard qu’elle jeta au dehors
lui montra les ravages que l’ouragan avait
faits dans les massifs du parc et sur les toits
du château. La terrasse était semée de dé
bris d’ardoises et de fragments de briques,
les allées couvertes de branches brisées.
Le marquis, chez lequel la jeune fiile en
tra, dès le matin, était frais comme un®
rose; ayant dormi d’un sommeil d’enfant,
sans trouble et sans rêve. Comme il mon
tait dans son cabinet, vers dix heures, une
lettre apportée par un clerc de Malézean
fat remise à Antoinette qui courut s’enfer
mer pour la lire. Elle contenait un billet
envoyé de Rouen par la tante de Saint-Mau
rice, et apporté par un exprès, ainsi qu’une
suppliante recommandation du notaire d’a
voir à ne pas oublier l’échéance du lende
main.
La tante Isabelle faisait savoir à sa nièce,
qu’arrivée à sept heures, elle s’était fait
conduire, sans retard, par un ami influent,
chez le procureur général, à qui elle avait
demandé la mise en liberté de son neveu.
Mais, malgré une bonne volonté évidente,
le magistrat n’avait pu faire droit à sa re
quête. L’affaire, racontée par les gazettes
du département, avec force détails inexacts,
suivant l’usage de ces « canailles de jour
nalistes », faisait déjà un tapage effrayant
dans la ville. II était impossible de voir
Robert, qui se trouvait, lui avait-on dit^
« au secret ».
(A suivre.)
JOURNAL POLITIQUE QUOTIDIEN
ABONNEMENTS :
Trois mois Sil mois
Un an
ADMINISTRATION ET RÉDACTION :
Tontes les communications relatives au annnonces et réclames doivent, en
Algérie, être adressées à 1* AGENCE HAVAS, boulevard de la République, Alger.
En France, les communications sont reçues savoir :
Algérie...
4.50 O
48
Rue de la Marine, n° 9, ancien hôtel Bazin.
A Marsbil», ches M. Güstavb ALLARD, rue du Bausset, 4 ;
A Paris, ches MM. AUDBOURG et O, place de la Bourse, 10,
Et par leurs correspondants.
France. ...
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La DÉPÊCHE ALGÉRIENNE est désignée pour l’insertion des snnonoes légales, j adioiairea et autres exigées pour la validité des procédures et contrats.
Alger, le 1 er Septembre 1885.
LES HOUES DU JOUR
XVIll
M. GREPPO
DÉPUTÉ DE PARIS
Agé aujourd’hui de 75 ans (M. Greppo,
Louis, est né le 8 janvier 1810, à Pouilly,
Rhône). Le député actuel du 12* arrondisse
ment de Paris, débuta assez jeune dans la
carrière politique, puisque dès l’année 1848,
nous le voyons, envoyé par le département
du Rhône à l’Assemblée constituante, occu
per un des sièges les plus élevés do la Mon
tagne, puis, quelque temps plus tard, re
prendre à la Législative son siège à l'Extrê
me Gauche.
La carrière de M. Greppo fut, d’ailleurs,
assez mouvementée.
Arrêté et emprisonné le 2 décembre 1851,
il fut condamné à l’exil et dut se retirer
d’abord en Belgique, puis en Angleterre,
d'où il ne revint, avec l’amaistie de 1859,
que pour se faire arrêter à nonveau, et
condamner à l’emprisonnement (1862), sous
i’inculpatioa de délit de Sociétés secrètes.
Nommé maire du 4* arrondissement de
Paris par le Gouvernement de la Défense
nationale, M. Greppo donna sa démission à
la suite des évènements du 31 octobre 1870 ;
mais il resta peu de temps dans l’ombre,
car, le 8 février suivant, il revenait à l’As
semblée en qualité de député de Paris. Là,
comme toujours, il prit place à l’Extrême
Gauche, vota contre les préliminaires de la
paix et se prononça pour l’ensemble des
lois constitutionnelles.
Réélu par le XII* arrondissement de Paris
aux élections du 20 février 1871, il fut nom
mé vice-président du groupe parlementaire
de l’Extrême-Gauche.
On doit à M. Greppo un certain nombre
de brochures qui furent assez remarquées
au moment de leur apparition.
On peut considérer comme assurée d’a
vance la réélection de ce vieux et solide
républicain dont toute la vie a été consacrée
au service de la bonne cause.
Jamais pétard plus audacieux n’a été tiré
dans le journalisme qnc celui imaginé ou
accepté par le Zèramna pour faire sauter
et anéantir les chefs du parti politique op
posé au sien et à ses amis. La crânerie avec
laquelle le feu fut alors mis à la mèche,
n’a d’égale que la couardise et la platitude
dont le directeur du Zèramna fait preuve
depuis qu’il lui a été donné de comprendre
la gravité de l’acte auquel il s’est laissé
aller.
La différence qui existe entre l’attitude
de Mi Feuille, sollicitant de ['Indépendant
la publication de la seconde lettre Forcioli
et celle qu’il a eue devant le juge d’instruc
tion, donne même fortement à penser que,
dans toute cette affaire, le directeur du
Zèramna n'a été qu’un agent à peu près
inconscient, heureux de jouer un bon tour
à des adversaires politiques, s’y employant
volontiers, mais ne se rendant aucunement
compte des conséquences que pouvait avoir
pour lui-même sa complicité.
Le bandeau n’est tombé de ses yeux que
le jour où il s’est vü arrêté à l’étranger,
menacé d’êlre ramené en Algérie par les
gendarmes, après avoir traversé une partie
de la France conduit, comme un malfaiteur,
de brigade en brigade.
Laissons donc de côté M. Feuille. G'est
uq garçon usé, fiai, moins encore à raison
de l’acte dont il s’est rendu coupable que
de l’avachissemeut moral dans lequel il est
tombé, et si M. Forcioli maintient sa plainte,
c’est bien moins, nous le gagerions, pour
obtenir contre ce triste sire une condam
nation que dans le but de projeter une lu
mière éclatante sur les véritables auteurs
de toute cette intrigue.
Et Ton ne saurait blâmer M. Forcioli de
sa résolution. Le faux avait été si bien
combiné, si parfaitement exécuté que les
démentis de i’nonorabia sénateur avaient
encore laissé subsister des doutes, môme
dans l’esprit de quelques-uns de ses amis.
Il a fallu l’aveu catégorique de Feuille
pour l’innocenter définitivement, pour lui
faire rendre par tous la confiance et l’estime
auxquels il n’avait cessé d’avoir droit.
La calomnie du Zèramna n’aura eu qu’un
résultat pour M. Forcioli et les siens, c’est
de leur attirer un regain de sympathies, de
leur concilier des amitiés nouvelles, et cela
aux dépens du parti opposé, que l’on est,
par une tendance naturelle, porté à pré
sumer l’auteur ou l'inspirateur d’une ma
chination dont il paraissait seul appelé à
profiter.
Au moment des élections, cette appré
ciation de l’opinion a une gravité excep
tionnelle pour les députés appelés à se re
présenter. Us seraient, nous le craignons,
perdus irrévocablement, s’il était démontré
qu’ils ont peu ou prou treüipô dans le com
plot dirigé contre M. Forcioli. Mais nous
hésitons fort, pour notre part, à admettre
que MM. Thomsou et Treille aient môme
donné une approbation tacite au pétard du
Zèramna .
Voilà justement le point sur lequel il im
porte que Ton soit fixé dans le département
de Constantine avant le 4 octobre, car, au
tant il eût été déplorable que les intérêts
électoraux de M. Forcioli eussent été com
promis par une calomnie, autant il serait
injuste que MM. Thomsou et Treille fussent,
par contre-coup, victimes d’un acte auquel
ils seraient demeurés étrangers.
Seules, les révélations promises par M.
Feuille peuvent élucider la question ; aussi
les appelons-nous de tous nos vœux et
savons-nous le plus graud gré à M. Forcioli
de tenir la main à ce que la lumière soit
complète.
♦
Informations algériennes
Le Charivari oranais nous apprend que
M. Dessoliers arrivera à Oran dans huit
jours.
X
On vient de recevoir la nouvelle de la
mort de deux vaillants officiers appartenant
au 2* étranger : MM. Bouyer, capitaine
adjudant-major et Sonier, lieutenant.
M. Bouyer est décédé à Kelung ; M. So
nier, à Haïphong.
Ces deux braves venaient d’être faits che
valiers de la Légion d’Honneur mais
trop tard malheureusement. Us n’étaient
déjà plus de ce monde quand le décret a été
signé.
X
On annonce la rentrée de M. le Préfet
d’Oran pour le 5 septembre.
X
Une réunion publique électorale aura lieu
à Oran, mardi prochain.
M. Etienne y rendra compte de son man
dat de député. Delà, il visitera toutes les
communes de la province d’Oran. L’itiné
raire est celui qui est suivi depuis de lon
gues années par le Conseil de révision.
Cette excursion ne durera pas moins d’nn
mois ; ce sera un voyage de près de 2 800
kilomètres dont 400 environ en chemin de
fer.
M. Dessoliers ne visitera que l’anciend©
première circonscription, mais il se rendra
aussi danà les villes importantes de la
deuxième circonscription qu’il représen
tait.
X
M. l’expert Proger a terminé à Philippe-
ville la visite des vigoobles existant dans
cette commune.
Après avoir visité le plus minutieusement
possible les Béni-Melek. Skikda, l’oued et
Ouach, Saint-Antoine, Damrémont et Val
lée, M. Proger a déposé son rapport qui
conclut en disant que le phylloxéra n’existe
pas dans la commune de Philippeville.
X
M. le directeur des postes et télégraphes
de Constantine nous fait connaître qu’un
bureau de distribution auxiliaire sera ouvert
à Sidi-El-Nemessi à partir du !•’ septembre
prochain.
X
Par arrêté du Gouverneur, la commission
municipale de la commune mixte de Lalia-
Margbnia (territoire de commandement
dOran) sera désormais composée de 24
membres.
X
Par arrêté du Gouverneur, la commission
municipale de la commune mixte d’Aïn-
Sefra (territoire de commandement d’Oranj
sera composée de 24 membres.
X
Les travaux de destruction du phylloxéra
dans la vigne Micbaud, à Bel-Abbès, con
tinuent. Afin d'activer l’opération, les équi
pes vont être doublées et du matériel arri
vera ces jours-ci d’Oran.
+ —.w
Correspondance de Tunisie
Kef, 24 août 1885.
Monsieur le Rédacteur en chef de la
Dépêche Algérienne,
L’affaire dont je vous ai entretenu dans
ma dermière lettre, au sujet de cette jeûna
fille qui avait quitté ses parents, est ve
nue devant la justice de paix.
Voici, aussi fidèlement que possible, les;
détails de ce procès :
« Le greffier a donné lecture d’un procès-
verbal assez vif, dressé par l’inspecteur d®
police.
» Mme Goullet, commerçante, c’est le
nom de la mère de la malheureuse fille non»
seulement est accusée de s’être mise en état
d’ivresse, mais encore d’avoir insulté Mm®
Cauqui, la patronne d’une maison bor
gne.
» Deux soldats sont entendus comme té
moins.
Feuilleton de L.V DÉPÊCHE ALGÉRIENNE
N° 48.
LA
GRANDE 1ARNIÈRE
PAR
Georges OHNET
Les paroles du vieillard tombaient dans
le vide, comme du robinet l’eau gout
tant sonore et inutile dans la vasque de
pierre. A la pensée de la jeune fille reve
nait, obsédante et désolante, la préoccupa
tion du salut de Robert, et du payement de
l’échéance prochaine.
Elle songea un moment à interrompre le
marquis au milieu de ses amusements scien
tifiques, et à lui poser nettement la question
d’argent qu’il fallait résoudre. Au moment
de parler, un dernier reste de pitié pour le
vieil enfant qu’il fallait arracher à son aveu
gle sécurité arrêta les mots décisifs. Elle se
tut, pensant : Il sera assez tôt demain, qu’il
ait encore au moins cette soirée heureuse,
et cette nuit tranquille. Et comme un vol de
spectres nocturnes, les pensées sinistres re
commencèrent à enserrer son esprit dans
leur cercle douloureux.
A onze heures, le père et la fille quittè
rent le laboratoire et descendirent dans leurs
appartements. Le marquis, heureux d’avoir
pu, pendant deux heures, développer ses
idées, sans se préoccuper de savoir s’il avait
seulement été entendu, embrassa Antoinette
et la quitta ea lui disant :
— Je suis tout ragaillardi ! Tu ne t’ima
gines pas comme ta présence me fait du
bien... Quand je te vois au milieu de mes
appareils, je crois que tout ce que j’ai en
trepris doit réussir.. . Ta reviendras, n’est-
ce pas? Tu y as intérêt, sais-tu... C’est la
fortune !...
La fortune 1 toujours le mot magique, le
rêve de tout savant : la pierre philosophal©
découverte : l’or coulant d’un creuset oa
jaillissant d’un appareil. Et l’inventeur, con
fiant et ravi, alla se coucher avec ce rayon
dans la cervelle.
La nuit parut longue à Antoinette. Elle
resta les yeux ouverts dans l’obscurité,
écoutant l’ouragan qui se déchaînait au de
hors et faisait trembler le château sur sa
base. Ces souffles irrités, passant et repas
sant en violents tourbillons, lui rappelaient
la mer, et, dans la fièvre de son insomnie,
il lui semblait être sur un navire battu par
la tempêta. Des haleines furieuses grin
çaient dans les mâts et dans les cordages,
et la poussée croissante et décroissante de
leur bruit tumultueux donnait à la jeune
fille la sensation de la montée énorme et
de la descente profonde des vagues.
Elle se trouvait, au milieu d’uue obscurité
traversée seulement par de rouges éclairs,
emportée sur un océan couleur d’encre. Elle
était tout étourdie par le balancement hor
rible des flots, et souffrait cruellement. L’o
rage grandissait sans cesse, emplissant ses
oreilles de sifflements stridents, et, dans le
trouble de ses pensées, elle se figurait allant
délivrer son frère abandonné sur un étroit
et stérile rocher.
Elle se tournait vers celui qui comman
dait le fantastique vaisseau et, à la lueur de
la foudre, elle lui voyait le visage de Pascal.
Il la regardait avec douceur, comme pour
lui dire : Tu sais bien que je t’adore; tu
n’as qu’un mot à prononcer, qu’un signe à
faire, et c’est moi-même qui te conduirai
vers ton frère, et qui Rassurerai son sa
lut. Rien ne me coûtera pour te plaire. Tes
larmes me désolent, je souffre de ton cha
grin. Ne t’entête pas dans ton orgueil, sois
raisonnable et bonne. Et ton malheur, en
un un instant, va se réparer.
Mais elle, implacable, détournait la tête,
refusait de faire entendre la prière si douce
ment implorée. Et, dans le chaos mouvant
des flots exaspérés, le navire s’éloignait,
abandonnant à son sort le pauvre Robert
qui appelait à grands cris. La nuit se faisait
plus sinistre, la clameur du vent plus ef
froyable, et les vagues énormes, devenues
couleur de sang, roulaient dans leurs plis des
cadavres.
Antoinette, terrifiée, voulut s’arracher à
cet horrible cauchemar. Elle se raisonna,
se dit : mais non, je suis dans ma chambre,
près de mon père, je rêve tout éveillée. Elle
tâta les draps de son lit pour se convaincre.
Mais toujours l’hallucination revenait. Elle
dut allumer un flambeau, et, brisée de fati
gue, les cheveux collés au front par une
sueur glacée, elle retrouva un peu de calme.
Enfin le jour parut, pâle, et la délivra d®
cette angoisse.
Le premier regard qu’elle jeta au dehors
lui montra les ravages que l’ouragan avait
faits dans les massifs du parc et sur les toits
du château. La terrasse était semée de dé
bris d’ardoises et de fragments de briques,
les allées couvertes de branches brisées.
Le marquis, chez lequel la jeune fiile en
tra, dès le matin, était frais comme un®
rose; ayant dormi d’un sommeil d’enfant,
sans trouble et sans rêve. Comme il mon
tait dans son cabinet, vers dix heures, une
lettre apportée par un clerc de Malézean
fat remise à Antoinette qui courut s’enfer
mer pour la lire. Elle contenait un billet
envoyé de Rouen par la tante de Saint-Mau
rice, et apporté par un exprès, ainsi qu’une
suppliante recommandation du notaire d’a
voir à ne pas oublier l’échéance du lende
main.
La tante Isabelle faisait savoir à sa nièce,
qu’arrivée à sept heures, elle s’était fait
conduire, sans retard, par un ami influent,
chez le procureur général, à qui elle avait
demandé la mise en liberté de son neveu.
Mais, malgré une bonne volonté évidente,
le magistrat n’avait pu faire droit à sa re
quête. L’affaire, racontée par les gazettes
du département, avec force détails inexacts,
suivant l’usage de ces « canailles de jour
nalistes », faisait déjà un tapage effrayant
dans la ville. II était impossible de voir
Robert, qui se trouvait, lui avait-on dit^
« au secret ».
(A suivre.)
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