Titre : La Dépêche algérienne : journal politique quotidien
Éditeur : [s.n.] (Alger)
Date d'édition : 1885-08-20
Contributeur : Robe, Eugène (1890-1970). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32755912k
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Description : 20 août 1885 20 août 1885
Description : 1885/08/20 (A1,N35). 1885/08/20 (A1,N35).
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bd6t544817p
Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JOD-10449
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 18/04/2021
PREFECTURE D'aLGR!-
DEl'OT LEGAL
JOURNAL POLITIQUE QUOTIDIEN
Algérie ...
Franck. ..
ABONNEMENTS :
Trois mois Six mois
4.50 »
6 42
Un an
18
24
ADMINISTRATION ET RÉDACTION :
Rue de la Marine, n° 9, ancien hôtel Bazin.
Tontes les communications relatives aux annnonces et réclames doivent. •»-
Algérie, être adressées à l’ AGENCE HAVAS, boulevard de la République, Alger,
En France, les communications sont reçues savoir :
A Marseille, chez M. Gustave ALLARD, rue du Bausset, 4 •
A Paris, chez MM. AUDBOURG et C ! «, place de la Bourse, 10,
s Et par leurs correspondants.
La DÉPÊCHE ALGÉRIENNE est désignée pour l’insertion des annonces légales, judiciaires et autres exigées pour la validité des procédures et contrats.
Alger, le 19 Août 1885.
LES HOMMES DO JOUR
xv
Kl. CHARLES FLOQUET
Président de la .Chambre des Députés
Une des physionomies les plus populaires
de Paris. Tout le monde connaît cette
curieuse tête de tribun, fièrement rejetée en
arrière, aux cheveux plantés en broussailles,
au regard audacieux et perçant.
Né à Saint-Jean-Pied-de-Port, le 5 octo
bre 1828, M. Charles Floquet, ou le voit,
compte au nombre de nos plus jeunes hom
mes d’état. Ancien élève du lycée Saint-
Louis, inscrit au barreau de Paris dans le
courant de l’année 1851, il se mettait rapi
dement en évidence par plusieurs plaidoi
ries politiques très remarquées, et bientôt
se faisait sa place dans le journalisme démo
cratique.
Eneouragé par ses nombreux succès de
journaliste et d’orateur, il se présentait, en
1863, dans les départements de l’Hérault et
de la Côte-d’Or, comme candidat à ia dépu
tation, mais cette double tentative échouait,
et M. Floquet se voyait battu par le candi
dat officiel, dans les conditions les plus
honorables d’ailleurs : il n’avait pas obtenu,
©n effet, moins de 9,000 suffrages dans un
seul de ces deux départements !
Le 4 septembre 1870 ouvrit enfin les por
tes de l’arène politique à M. Charles Flo
quet qui se voyait nommé, le lendemain,
adjoint au maire de Paris, fonction délicate
et aride qu’il occupa jusqu’au 31 octobre,
époque où il donna sa démission, de concert
avec MM.Henri Brisson, Etienne Arago, etc.
Nommé député de Paris le 8 février 1871,
démissionnaire le 2 avril suivant, élu con
seiller municipal du quartier Saint-Antoine
le 29 avril 1872 et réélu deux ans plus tard,
il arrivait successivement, d’abord à la
vice-présidence puis à la présidence môme
du conseil municipal janvier et mai 1875).
Elu, enfin, représentant du XI a arrondis
sement le 20 février 1876, par 21,889 voix,
et réélu le 14 octobre 1877, il était bientôt
appelé à la Préfecture de la Seine qu’il diri
gea pendant plus d'une année.
Les évènements à la suite desquels 11
hérita de M. Brisson du fauteuil présiden
tiel sont trop récents pour que nous
croyions nécessaire de les rappeler en ces
lignes.
Cette nomination ne fut pas sans soulever
une certaine curiosité ; il n’en est pas moins
vrai que du jour au lendemain, M. Charles
Floquet, par sa fermeté, son esprit, son
impartialité extrême, s’est affirmé comme le
meilleur président da Chambre qu’on ait
eu depuis M. Grévy. La violence de Gam
betta était parfois excessive, M. Brisson
affectait volontiers une sensiblerie presque
pleurnicharde ; M. Floquet, lui, sait se
garer de ces deux extrêmes, et la façon
vraiment remarquable avec laquelle il con
duit les débats, son intégrité, sa bonne
grâce, sa bonhomie non exempte de dignité
lui ont rapidement attiré à la Chambre les
sympathies de ses adversaires.
C’est dire les affections qu’il a su se créer
parmi les hommes de son parti.
:tive
On a été quelque peu surpris, il y a quel
ques jours, du bruit qui s’est fait à propos
de l'incendie de la forêt des Beni-Amran,
dans la commune mixte de Tababor, pro
vince de Constantine.
On avait d’abord publié une dépêche de
l’Agence Havas, laquelle après avoir donné
les détails nécessairas sur cet incendie, se
terminait ainsi :
« Les Italiens soupçonnés d’avoir mis
» volontairement le feu à leurs gourbis ont
» été arrêtés. »
C’est pourtant ce tout petit paragraphe
qui a ému M. Edouard Carpentier, proprié
taire de la forêt incendiée.
Il en a été ému à tel point, qu’aussitôt
après l’arrivée à Djidjeili des journaux d’Al
ger, il envoyait à ciux-ci un long télé
gramme démentant tout ce qu’ils avaient
dit sur cet incendie.
D’après M. Carpentier, le premier télé
gramme avait été envoyé par des gens inté
ressés. 0
Ce n’était point par deux gourbis que le
feu avait commencé, mais dans un ravin et
à une distance de 800 mètres des gourbis.
Il y avait eu d’abord rixe entre les Arabes
et les Italiens ; les premiers s’étaient rués
sur les derniers et les avaient attachés, puis
les Italiens avaient été mis en liberté ; le
feu n’avait pas été mis par les Italiens, tout
au coutraire, il avait été, par eux, éteint.
Bref, d’après M. Carpentier, ce sont les
Indigènes qui ont mis le feu à la forêt.
Toute la presse locale, la Dépêche Algé
rienne comprise, a reproduit cette rectifi
cation, les uns, sans la faire suivre d’aucun
commentaire, les autres, en s’élevant contre
ce qu’ils ont appelé des exagérations.
Sur ce dernier point, je crois que le re
proche n’est pas fondé. M. Carpentier
n’ayant nié ni l’incendie, ni son importance,
mais ayant tout simplement cherché à dé
placer les responsabilités.
Sont-ce les ouvriers italiens ou les Indi
gènes qui ont mis le feu ?
Toute la question est là.
Je n’ai fait aucune enquête à ce sujet et
me garderai bien de me prononcer entre le
correspondant de l'Age a ce Havas,qui accuse
les Italiens, et le propriétaire de la forêt in
cendiée qui prétend que ce sont les indi
gènes. Il est probable,d’ailleu's, qu’à l’heure
qu’il est la justice et l’administration sa
vent â quoi s’en tenir.
Toutefois, je ne puis m’empêcher de faire
cette remarque que, quoi qu’en dise M. Car
pentier, il est assez difficile de découvrir
l’intérêt que peut avoir eu le correspondant
de l’Agence Havas, à mettre l’incendie au
compte des ouvriers italiens, tandis qu’eu
cherchant un peu on arrive aisément à sup
poser que les propriétaires des forêts incen
diées préfèrent que les indigènes en soient
les auteurs, même présumé*, à cause de la
responsabilité collective.
Et en effet, comment oser appliquer le
principe de la responsabilité collective aux
indigènes da la commune mixte de Taba-
bort, s’il est démontré que ce sont des ou
vriers italiens qui, par imprudence ou au
trement, ont' mis le feu ?
Comment mettre le séquestre sur les biens
de ces indigènes et leur faire payer le dom
mage au profit des propriétaires des forêts,
s’ils sont déclarés innocents ?
Il importe peu aux propriétaires incendiés
qu’on découvre ou qu’on ne découvre pas
les coupables.
Ce qui leur importe, si les coupables sont
découverts, c’est qu’ils ne soient ni Italiens,
ni Espagnols, ni Français.
Ainsi, voyez ce qui s’est passé du côté de
Bône. Le feu a éclaté dans les tribus des
Oulad Amar ben Ali et Oulad Naçar et,
comme il n’y avait pas d’Italiens soupçon
nés, on n’a pas hésité et on ne le pouvait
pas, à frapper de séquestre les biens des
indigènes de ces tribus, coupables ou non.
Et voilà ce qui prouve l’odieux de ia loi
sur la responsabilité collective empruntée
aux Normands qui conquirent l’Angleterre
à la suite de Guillaume le Bâtard.
informations algériennes
On annonce que M. Etienne arrivera à
Oran, à la fin de la semaine prochaine.
X
Le Petit Fanal affirme que le docteur
Fonteneau qui avait posé sa candidature à
la députation d’Oran, ia retire.
X
Par arrêté préfectoral en date du 14 août
1885, le Préfet d’Alger a fixé les examens
d’entrée pour l’Ecole pratique d’agriculture
de Rouïba, au 3 septembre prochain et dans
une des salles de la préfecture d'Alger.
Les pièces à produire sont les suivantes :
Une demande d’admission établie par les
parents ;
L’engagement de la famille ou d’un ré-*
pondant d’acquitter le prix de !a pension ;
L’acte de naissance du candidat ;
Un certificat de vaccination.
Pour les candidats aux bourses, un certi
ficat de leur commune constatant l’état exact
de leurs ressources,
X
Yoici le résultat du 2 e tour da scrutin des
élections municipales qui ont eu lieu, à.
Oran, le dimanche 16 août.
Ont été élus :
MM. Bogros, Johner, Poncelet, Curtet*
Bénayon, Jacquet, Héboul, Djian, Perrier,
teinturier, Blanchet.
X
M. le sénateur Mauguin a quitté Paris,
dimanche.
Il s’est embarqué lundi, à Port-Vendres
et sera mercredi à Alger.
Quant à M. ie député Letellier, il ne quit
tera Paris que dans huit jours pour se ren
dre à Alger.
X
M. Arthur de Fonvielle,rédacteur en chef
de ÏAkhbar, est arrivé lundi à Matifou.
«<$»■■■■- ■'
Correspondance de Tunisie
Le Kef, 12 août 1885.
Monsieur ie Rédacteur en chef de la*
Dépêche Algérienne,
Nous avons toujours cru que le pouvoir
paternel existait et que quand un fils ou une
fille voulait s’enfuir de chez ses parents, ces
derniers avaient toujours les moyens de lui,
faire réintégrer le domicile paternel.
Cela peut être vrai en France ou en Al
gérie, mais c’est absolument faux pour la*.
Tunisie.
Les agents de police tunisiens font tout,
excepté leur devoir.
, Feuilleton de LA DEPECHE ALGÉRIENNE
n° 35.
LA
6RAHDE BARRIÈRE
PAR
Georges OHNET
— Il trouvait sans doute qu’on tardait à
danser, souffla Fleury. Une seconde, et je
vous le ramène...
Se faufilant au milieu des danseurs, le
greffier s’élança au dehors.
— On va se placer pour le premier qua
drille, dit à sa nièce Mlle de Saint-Maurice.
Je pense qu’il est convenable que tu y fi
gures. ..
— Voulez -vous, Mademoiselle, me faire
l’honneur de m’accepter comme cavalier,
demanda l’élégant M. Tourette.
— Je vous remercie, Monsieur, dit Antoi
nette ; mais ce sera la seule que je danserai,
et j’ai promis à M. de Croix-Mesnil.
— C’est en effet son droit ! déclara l’agent
de change... Je vais inviter une des demoi
selles de Saint-André, car je ne puis dé
cemment danser avec ma femme.
— Je vous remercie, chère Antoinette, de la
laveur que vous me faites, dit M. da Croix-
Mesnil avec émotion. Mais n’êtes-vous si
gracieuse et si bonne que pour vous faire
regretter plus amèrement ?
Mlle de Clairefont posa en souriant un
doigt sur ses lèvres et, prenant le bras du
jeune homme, elle se tint debout devant sa
tante, entre Mlle de Saint-André et l’agent
de change, d’un côté, et, de l’autre, entre le
vicomte d’Edennemare et Mme Tourette.
Dans la longueur de la salle, face à face,
les danseurs formaient deux lignes qui
devaient se rencontrer, au milieu, pour les
changements de cavalier, et qui confon
daient ainsi, dans une fraternisation de
quelques minutes, les castes et les condi
tions. C’était une tradition et, de la sorte, il
arrivait que le propriétaire dansait en face
de son fermier, et que la dame du château
faisait vis-à-vis à la fille de ferme.
Une fois ce quadrille d’ouverture terminé,
les danses avaient un libre cours, chacun
s’amusait à sa guise, et le bal prenait une
animation violente qui, grâceAdes libations
répétées, tournait souvent à la bacchanale.
Les belles filles de la ville et de la cam
pagne, grisées par le vin chaud, excitées
par la musique, affçfiées par la danse, sau
taient comme des Érygones dans une vigne
et se pâmaient aux bras de leurs cavaliers.
Les bosquets du jardin de Pourtois reten
tissaient alors d’éclats de rires aigus, de cris
perçants, et, dans la douceur de la nuit, à
la clarté pâle des étoiles complaisantes, bien
des baisers s’échangeaient qui, plus tard
étaient amèrement regrettés.
Ce dénouement diabolique de la fête était
bien connu, et vers neuf ou dix heures,
quand la poussée da plaisir devenait plus
ardente et plus rude, les dames des environs
et les bourgeoises de la ville partaient avec
leurs filles, laissant la jeunesse villageoise
et citadine s’ébattre avec une furie impos
sible à modérer. »
Pour l’instant, les danseurs se montraient
sérieux, compassés et comme recueillis, les
hommes causaient à voix basse, attendant
le signal, les femmes donnaient du plat de
la main, de petits coups à leur jupe, se ren
gorgeant avec des allures coquettes de jeu
nes pigeons. Les pieds s’agitaient déjà avec
des frémissements d’attente. En face d’An
toinette, qui, par l’effet du hasard, se trou
vait placée au centre de la ligne, une place
demeurait encore vide.
Robeit, resté debout auprès de la tante
Isabelle, regardait vaguement autour de lui,
cherchant qui allait faire vis-à-vis à sa
sœur, lorsque Pascal, donnant le bras à Mlle
Leglorieux triomphante, parut, soucieux,
s’acquittant de sa tâche comme d’njœ cor
vée. Fleury le guidait à travers la foule.
Arrivé à la place vide, le greffier se tourna
vers la tribune et parut consulter Carvajan
du regard. Celui-ci debout, dominant l’as
sistance, fit un geste impérieux comme pour
dire: C’est bien là que je veux qu’il soit.
Alors, démasquant Pascal, Fleury se retira,
et le jeune homme, dont les genoux trem-
i l e eut, et dont les yeux devinrent troubles,
a vé cut devant lui Mlle de Clairefont.
Au même moment, une main se posa sur
le bras de M. de Croix-Mesnil, en môme
temps que la voix de Robert disait tout;
haut :
— Revenez vous asseoir, mon cher ami j
ma sœur ne dansera pas !
M. de Croix-Mesnil étonné regarda son
ami et, ne comprenant pas :
— Que se passe-t-il, donc ? demanda-t-il
au milieu d’un silence da mort.
— Il se passe, repritle jeune homme, qu$
le danseur qui vient de se placer en face de.
vous est le fils de M. Carvajan 1...
— Ah ! dit avec beaucoup de calme
de Croix-Mesnil, cela est fâcheux, en effet*
II jeta à Pascal devenu livide un froid,
coup d’œil, et, s’inclinant devant Antoinette»
comme pour lui demander pardon de Lavoir
involontairement exposée à un contact ou-»
trageant :
— Excusez-moi, Mademoiselle.
Et il la reconduisit à sa place. Pas un
mnrmure ne s’éleva. Personne n’osa prendra
parti pour ou contre. Entre ia force physi
que de Robert et la puissance morale de
Carvajan, chacun trembla. Les visages se
détournèrent, une stupeur lourde pesa sur
tous les assistants. Le maire, debout tou-,
jours, regardait cet étrange spectacle, dou
tant de sa réalité. Un tel affront public, âi
lui, riposte foudroyante à son audacieuse,
provocation ’ Ces Clairefont se redressant
intraitables lorsqu’il croyait les tenir à sa,
merci ! Il frémit de rage, et ses yeux aux
pupilles jaunes étincelèrent comme ceux
d’un tigre dans la nuit. Il se tourna vers)
DEl'OT LEGAL
JOURNAL POLITIQUE QUOTIDIEN
Algérie ...
Franck. ..
ABONNEMENTS :
Trois mois Six mois
4.50 »
6 42
Un an
18
24
ADMINISTRATION ET RÉDACTION :
Rue de la Marine, n° 9, ancien hôtel Bazin.
Tontes les communications relatives aux annnonces et réclames doivent. •»-
Algérie, être adressées à l’ AGENCE HAVAS, boulevard de la République, Alger,
En France, les communications sont reçues savoir :
A Marseille, chez M. Gustave ALLARD, rue du Bausset, 4 •
A Paris, chez MM. AUDBOURG et C ! «, place de la Bourse, 10,
s Et par leurs correspondants.
La DÉPÊCHE ALGÉRIENNE est désignée pour l’insertion des annonces légales, judiciaires et autres exigées pour la validité des procédures et contrats.
Alger, le 19 Août 1885.
LES HOMMES DO JOUR
xv
Kl. CHARLES FLOQUET
Président de la .Chambre des Députés
Une des physionomies les plus populaires
de Paris. Tout le monde connaît cette
curieuse tête de tribun, fièrement rejetée en
arrière, aux cheveux plantés en broussailles,
au regard audacieux et perçant.
Né à Saint-Jean-Pied-de-Port, le 5 octo
bre 1828, M. Charles Floquet, ou le voit,
compte au nombre de nos plus jeunes hom
mes d’état. Ancien élève du lycée Saint-
Louis, inscrit au barreau de Paris dans le
courant de l’année 1851, il se mettait rapi
dement en évidence par plusieurs plaidoi
ries politiques très remarquées, et bientôt
se faisait sa place dans le journalisme démo
cratique.
Eneouragé par ses nombreux succès de
journaliste et d’orateur, il se présentait, en
1863, dans les départements de l’Hérault et
de la Côte-d’Or, comme candidat à ia dépu
tation, mais cette double tentative échouait,
et M. Floquet se voyait battu par le candi
dat officiel, dans les conditions les plus
honorables d’ailleurs : il n’avait pas obtenu,
©n effet, moins de 9,000 suffrages dans un
seul de ces deux départements !
Le 4 septembre 1870 ouvrit enfin les por
tes de l’arène politique à M. Charles Flo
quet qui se voyait nommé, le lendemain,
adjoint au maire de Paris, fonction délicate
et aride qu’il occupa jusqu’au 31 octobre,
époque où il donna sa démission, de concert
avec MM.Henri Brisson, Etienne Arago, etc.
Nommé député de Paris le 8 février 1871,
démissionnaire le 2 avril suivant, élu con
seiller municipal du quartier Saint-Antoine
le 29 avril 1872 et réélu deux ans plus tard,
il arrivait successivement, d’abord à la
vice-présidence puis à la présidence môme
du conseil municipal janvier et mai 1875).
Elu, enfin, représentant du XI a arrondis
sement le 20 février 1876, par 21,889 voix,
et réélu le 14 octobre 1877, il était bientôt
appelé à la Préfecture de la Seine qu’il diri
gea pendant plus d'une année.
Les évènements à la suite desquels 11
hérita de M. Brisson du fauteuil présiden
tiel sont trop récents pour que nous
croyions nécessaire de les rappeler en ces
lignes.
Cette nomination ne fut pas sans soulever
une certaine curiosité ; il n’en est pas moins
vrai que du jour au lendemain, M. Charles
Floquet, par sa fermeté, son esprit, son
impartialité extrême, s’est affirmé comme le
meilleur président da Chambre qu’on ait
eu depuis M. Grévy. La violence de Gam
betta était parfois excessive, M. Brisson
affectait volontiers une sensiblerie presque
pleurnicharde ; M. Floquet, lui, sait se
garer de ces deux extrêmes, et la façon
vraiment remarquable avec laquelle il con
duit les débats, son intégrité, sa bonne
grâce, sa bonhomie non exempte de dignité
lui ont rapidement attiré à la Chambre les
sympathies de ses adversaires.
C’est dire les affections qu’il a su se créer
parmi les hommes de son parti.
:tive
On a été quelque peu surpris, il y a quel
ques jours, du bruit qui s’est fait à propos
de l'incendie de la forêt des Beni-Amran,
dans la commune mixte de Tababor, pro
vince de Constantine.
On avait d’abord publié une dépêche de
l’Agence Havas, laquelle après avoir donné
les détails nécessairas sur cet incendie, se
terminait ainsi :
« Les Italiens soupçonnés d’avoir mis
» volontairement le feu à leurs gourbis ont
» été arrêtés. »
C’est pourtant ce tout petit paragraphe
qui a ému M. Edouard Carpentier, proprié
taire de la forêt incendiée.
Il en a été ému à tel point, qu’aussitôt
après l’arrivée à Djidjeili des journaux d’Al
ger, il envoyait à ciux-ci un long télé
gramme démentant tout ce qu’ils avaient
dit sur cet incendie.
D’après M. Carpentier, le premier télé
gramme avait été envoyé par des gens inté
ressés. 0
Ce n’était point par deux gourbis que le
feu avait commencé, mais dans un ravin et
à une distance de 800 mètres des gourbis.
Il y avait eu d’abord rixe entre les Arabes
et les Italiens ; les premiers s’étaient rués
sur les derniers et les avaient attachés, puis
les Italiens avaient été mis en liberté ; le
feu n’avait pas été mis par les Italiens, tout
au coutraire, il avait été, par eux, éteint.
Bref, d’après M. Carpentier, ce sont les
Indigènes qui ont mis le feu à la forêt.
Toute la presse locale, la Dépêche Algé
rienne comprise, a reproduit cette rectifi
cation, les uns, sans la faire suivre d’aucun
commentaire, les autres, en s’élevant contre
ce qu’ils ont appelé des exagérations.
Sur ce dernier point, je crois que le re
proche n’est pas fondé. M. Carpentier
n’ayant nié ni l’incendie, ni son importance,
mais ayant tout simplement cherché à dé
placer les responsabilités.
Sont-ce les ouvriers italiens ou les Indi
gènes qui ont mis le feu ?
Toute la question est là.
Je n’ai fait aucune enquête à ce sujet et
me garderai bien de me prononcer entre le
correspondant de l'Age a ce Havas,qui accuse
les Italiens, et le propriétaire de la forêt in
cendiée qui prétend que ce sont les indi
gènes. Il est probable,d’ailleu's, qu’à l’heure
qu’il est la justice et l’administration sa
vent â quoi s’en tenir.
Toutefois, je ne puis m’empêcher de faire
cette remarque que, quoi qu’en dise M. Car
pentier, il est assez difficile de découvrir
l’intérêt que peut avoir eu le correspondant
de l’Agence Havas, à mettre l’incendie au
compte des ouvriers italiens, tandis qu’eu
cherchant un peu on arrive aisément à sup
poser que les propriétaires des forêts incen
diées préfèrent que les indigènes en soient
les auteurs, même présumé*, à cause de la
responsabilité collective.
Et en effet, comment oser appliquer le
principe de la responsabilité collective aux
indigènes da la commune mixte de Taba-
bort, s’il est démontré que ce sont des ou
vriers italiens qui, par imprudence ou au
trement, ont' mis le feu ?
Comment mettre le séquestre sur les biens
de ces indigènes et leur faire payer le dom
mage au profit des propriétaires des forêts,
s’ils sont déclarés innocents ?
Il importe peu aux propriétaires incendiés
qu’on découvre ou qu’on ne découvre pas
les coupables.
Ce qui leur importe, si les coupables sont
découverts, c’est qu’ils ne soient ni Italiens,
ni Espagnols, ni Français.
Ainsi, voyez ce qui s’est passé du côté de
Bône. Le feu a éclaté dans les tribus des
Oulad Amar ben Ali et Oulad Naçar et,
comme il n’y avait pas d’Italiens soupçon
nés, on n’a pas hésité et on ne le pouvait
pas, à frapper de séquestre les biens des
indigènes de ces tribus, coupables ou non.
Et voilà ce qui prouve l’odieux de ia loi
sur la responsabilité collective empruntée
aux Normands qui conquirent l’Angleterre
à la suite de Guillaume le Bâtard.
informations algériennes
On annonce que M. Etienne arrivera à
Oran, à la fin de la semaine prochaine.
X
Le Petit Fanal affirme que le docteur
Fonteneau qui avait posé sa candidature à
la députation d’Oran, ia retire.
X
Par arrêté préfectoral en date du 14 août
1885, le Préfet d’Alger a fixé les examens
d’entrée pour l’Ecole pratique d’agriculture
de Rouïba, au 3 septembre prochain et dans
une des salles de la préfecture d'Alger.
Les pièces à produire sont les suivantes :
Une demande d’admission établie par les
parents ;
L’engagement de la famille ou d’un ré-*
pondant d’acquitter le prix de !a pension ;
L’acte de naissance du candidat ;
Un certificat de vaccination.
Pour les candidats aux bourses, un certi
ficat de leur commune constatant l’état exact
de leurs ressources,
X
Yoici le résultat du 2 e tour da scrutin des
élections municipales qui ont eu lieu, à.
Oran, le dimanche 16 août.
Ont été élus :
MM. Bogros, Johner, Poncelet, Curtet*
Bénayon, Jacquet, Héboul, Djian, Perrier,
teinturier, Blanchet.
X
M. le sénateur Mauguin a quitté Paris,
dimanche.
Il s’est embarqué lundi, à Port-Vendres
et sera mercredi à Alger.
Quant à M. ie député Letellier, il ne quit
tera Paris que dans huit jours pour se ren
dre à Alger.
X
M. Arthur de Fonvielle,rédacteur en chef
de ÏAkhbar, est arrivé lundi à Matifou.
«<$»■■■■- ■'
Correspondance de Tunisie
Le Kef, 12 août 1885.
Monsieur ie Rédacteur en chef de la*
Dépêche Algérienne,
Nous avons toujours cru que le pouvoir
paternel existait et que quand un fils ou une
fille voulait s’enfuir de chez ses parents, ces
derniers avaient toujours les moyens de lui,
faire réintégrer le domicile paternel.
Cela peut être vrai en France ou en Al
gérie, mais c’est absolument faux pour la*.
Tunisie.
Les agents de police tunisiens font tout,
excepté leur devoir.
, Feuilleton de LA DEPECHE ALGÉRIENNE
n° 35.
LA
6RAHDE BARRIÈRE
PAR
Georges OHNET
— Il trouvait sans doute qu’on tardait à
danser, souffla Fleury. Une seconde, et je
vous le ramène...
Se faufilant au milieu des danseurs, le
greffier s’élança au dehors.
— On va se placer pour le premier qua
drille, dit à sa nièce Mlle de Saint-Maurice.
Je pense qu’il est convenable que tu y fi
gures. ..
— Voulez -vous, Mademoiselle, me faire
l’honneur de m’accepter comme cavalier,
demanda l’élégant M. Tourette.
— Je vous remercie, Monsieur, dit Antoi
nette ; mais ce sera la seule que je danserai,
et j’ai promis à M. de Croix-Mesnil.
— C’est en effet son droit ! déclara l’agent
de change... Je vais inviter une des demoi
selles de Saint-André, car je ne puis dé
cemment danser avec ma femme.
— Je vous remercie, chère Antoinette, de la
laveur que vous me faites, dit M. da Croix-
Mesnil avec émotion. Mais n’êtes-vous si
gracieuse et si bonne que pour vous faire
regretter plus amèrement ?
Mlle de Clairefont posa en souriant un
doigt sur ses lèvres et, prenant le bras du
jeune homme, elle se tint debout devant sa
tante, entre Mlle de Saint-André et l’agent
de change, d’un côté, et, de l’autre, entre le
vicomte d’Edennemare et Mme Tourette.
Dans la longueur de la salle, face à face,
les danseurs formaient deux lignes qui
devaient se rencontrer, au milieu, pour les
changements de cavalier, et qui confon
daient ainsi, dans une fraternisation de
quelques minutes, les castes et les condi
tions. C’était une tradition et, de la sorte, il
arrivait que le propriétaire dansait en face
de son fermier, et que la dame du château
faisait vis-à-vis à la fille de ferme.
Une fois ce quadrille d’ouverture terminé,
les danses avaient un libre cours, chacun
s’amusait à sa guise, et le bal prenait une
animation violente qui, grâceAdes libations
répétées, tournait souvent à la bacchanale.
Les belles filles de la ville et de la cam
pagne, grisées par le vin chaud, excitées
par la musique, affçfiées par la danse, sau
taient comme des Érygones dans une vigne
et se pâmaient aux bras de leurs cavaliers.
Les bosquets du jardin de Pourtois reten
tissaient alors d’éclats de rires aigus, de cris
perçants, et, dans la douceur de la nuit, à
la clarté pâle des étoiles complaisantes, bien
des baisers s’échangeaient qui, plus tard
étaient amèrement regrettés.
Ce dénouement diabolique de la fête était
bien connu, et vers neuf ou dix heures,
quand la poussée da plaisir devenait plus
ardente et plus rude, les dames des environs
et les bourgeoises de la ville partaient avec
leurs filles, laissant la jeunesse villageoise
et citadine s’ébattre avec une furie impos
sible à modérer. »
Pour l’instant, les danseurs se montraient
sérieux, compassés et comme recueillis, les
hommes causaient à voix basse, attendant
le signal, les femmes donnaient du plat de
la main, de petits coups à leur jupe, se ren
gorgeant avec des allures coquettes de jeu
nes pigeons. Les pieds s’agitaient déjà avec
des frémissements d’attente. En face d’An
toinette, qui, par l’effet du hasard, se trou
vait placée au centre de la ligne, une place
demeurait encore vide.
Robeit, resté debout auprès de la tante
Isabelle, regardait vaguement autour de lui,
cherchant qui allait faire vis-à-vis à sa
sœur, lorsque Pascal, donnant le bras à Mlle
Leglorieux triomphante, parut, soucieux,
s’acquittant de sa tâche comme d’njœ cor
vée. Fleury le guidait à travers la foule.
Arrivé à la place vide, le greffier se tourna
vers la tribune et parut consulter Carvajan
du regard. Celui-ci debout, dominant l’as
sistance, fit un geste impérieux comme pour
dire: C’est bien là que je veux qu’il soit.
Alors, démasquant Pascal, Fleury se retira,
et le jeune homme, dont les genoux trem-
i l e eut, et dont les yeux devinrent troubles,
a vé cut devant lui Mlle de Clairefont.
Au même moment, une main se posa sur
le bras de M. de Croix-Mesnil, en môme
temps que la voix de Robert disait tout;
haut :
— Revenez vous asseoir, mon cher ami j
ma sœur ne dansera pas !
M. de Croix-Mesnil étonné regarda son
ami et, ne comprenant pas :
— Que se passe-t-il, donc ? demanda-t-il
au milieu d’un silence da mort.
— Il se passe, repritle jeune homme, qu$
le danseur qui vient de se placer en face de.
vous est le fils de M. Carvajan 1...
— Ah ! dit avec beaucoup de calme
de Croix-Mesnil, cela est fâcheux, en effet*
II jeta à Pascal devenu livide un froid,
coup d’œil, et, s’inclinant devant Antoinette»
comme pour lui demander pardon de Lavoir
involontairement exposée à un contact ou-»
trageant :
— Excusez-moi, Mademoiselle.
Et il la reconduisit à sa place. Pas un
mnrmure ne s’éleva. Personne n’osa prendra
parti pour ou contre. Entre ia force physi
que de Robert et la puissance morale de
Carvajan, chacun trembla. Les visages se
détournèrent, une stupeur lourde pesa sur
tous les assistants. Le maire, debout tou-,
jours, regardait cet étrange spectacle, dou
tant de sa réalité. Un tel affront public, âi
lui, riposte foudroyante à son audacieuse,
provocation ’ Ces Clairefont se redressant
intraitables lorsqu’il croyait les tenir à sa,
merci ! Il frémit de rage, et ses yeux aux
pupilles jaunes étincelèrent comme ceux
d’un tigre dans la nuit. Il se tourna vers)
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