Titre : La Dépêche algérienne : journal politique quotidien
Éditeur : [s.n.] (Alger)
Date d'édition : 1885-08-19
Contributeur : Robe, Eugène (1890-1970). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32755912k
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Description : 19 août 1885 19 août 1885
Description : 1885/08/19 (A1,N34). 1885/08/19 (A1,N34).
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bd6t544816b
Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JOD-10449
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 18/04/2021
PREFECTURE D\Al,GEK
DEPOT LEGAL
Première année. — N° 34.
Le numéro S> centimes.
J 0 /
Mercredi, 19 août 1885.
La
érienne
JOURNAL POLITIQUE QUOTIDIEN
Algérie .
France. .
ABONNEMENTS :
Trois mois Six mois
4.50 0
.. 6 12
Un an
18
24
ADMINISTRATION ET RÉDACTION :
Rue de la Marine, n° 9, ancien hôtel Bazin.
Tontes les communications relatives anx annnonces et réclames doivent ■*
Algérie,etre adressées à F AGENCE HAVAS, boulevard de la République, AlgW „
En France, les communications sont reçues savoir :
A Marseille, chez M. Gustave ALLARD, rue du Bausset 4 •
A Paris, chez MM. AUDROURG et Ci», place de la Bourse, iÔ
Et par leurs correspondants. ’ ’
La DÉPÊCHE ALGÉRIENNE est désignée pour l’insertion des annonces légales, judiciaires et autres exigées pour la validité des procédures et contrats
Alger, le 18 Août 1885.
LES HOMMES DU JOUR
XIV
M, GOBLET
MINISTRE DE LTNSTRCTION PUBLIQUE
ET DES CULTES
Agé de cinquante-huit ans, M. Goblet
siège au Parlement depuis 1871. Il est vrai
qu’aux élections de 1876, il échoua contre le
baron de Septenville, son concurrent, dans
la 2 e circonscription d’Amiens ; mais il re
tenait bientôt à la Chambre des députés,
où il a toujours joué un rôle influent.
Il s’était fait jadis remarquer comme avo
cat au barreau d’Amiens, et occupait les
fonctions de bâtonnier, lorsque arriva la
dhûte de l’empire. Nommé procureur géné
ras à Amiens, au mois de septembre 1870, il
dut donner sa démission de magistrat pour
se présenter aux élections complémentaires
du 21 juillet 1871, en vertu d’une circulaire
ministérielle récente, enjoignant aux magis
trats amovibles d’opter entre leurs fonctions
et la situation de candidats à l’Assemblée.
L’un des membres le plus en vue de la
gauche de la Chambre, M- René Goblet a été
chargé, dans le cabinet de Freycinet du
mois de janvier 1882, des fonctions de mi
nistre de l’intérieur.
Actuellement, il détient le portefeuille de
l’instruction publique et des cultes.
Très petit et très rageur, dit-on, mais
excellent homme au fond, esprit vif et net,
M. Goblet occupera toujours une place im
portante dans le Parlement français.
La Défense des Sources
Les conditions faites à l’Algérie par la
Sécheresse et le déboisement sont telles,
qu ’en dehors de la recherche des expédients
spéciaux propres à remédier à ces deux ca
lamités, elle doit se préoccuper des mesures
législatives adoptées dans la métropole pour
la conservation du domaine forestier ou
l’emmagasineraent des eaux, et eu poursui-
Yre l’application toutes les fois qu elle peut
en tirer un profit.
C’est ainsi qu’un mouvement de l’opinion
se produisit, presque aussitôt son apparition,
en faveur de la promulgation en Algérie de
la loi du 4 avril 1882 sur la restauration et
de LA DÉPÊCHE ALGÉRIENNE
n° 34.
LA
GRARDE MARSIÈRE
PAR
Georges OHNET
Après un léger temps d’arrêt, les antago
nistes avaient repris leur mouvement. Ro
bert, le front haut, ne déviait pas d’une li
gne dans sa marche. Il allait droit à Carva
jan et, sur son visage énergique, il était fa
cile de lire la résolution de ne point reculer
d’un pas. Antoinette devenue soudaine
ment pâle, pressait le bras de son frère, es
sayant de le détourner de la direction du
groupe officiel. Mais l’athlétique Robert,
sans môme faire un effort, entraînait la
jeune fille. Carvajan, baissant son front,noir
de haine, pareil à un taureau qui fonce sur
son adversaire, avançait toujours.
— Robert, je t’en prie ! murmura Antoi
nette.
— Laisse, dit le jeune comte les dents
serrées. Il nous cédera la place ou je lui
passe sur le corps.
Et, fixant sur leur ennemi des yeux étin
celants, il marcha droit sur lui.
Déjà, au milieu d’un silence effrayant, ce
Choc, dont on ne pouvait prévoir les consé-
la conservation des terrains en montagne.
Au premier abord, il avait semblé que
cette loi pourrait trouver de ce côté de la
Méditerranée une application utile et per
mettre de protéger les sources, en empê
chant leur disparition par le rétablissement
à l’état boisé de vastes plateaux dont la dé
nudation progressive est une des causes
principales du fléau de la sécheresse.
L'administration supérieure saisit doue les
conseils généraux et les conservateurs de
forêts des départements algériens de la
question de savoir s’il y avait ou non lieu de
demander la promulgation en Algérie de la
dite loi du 14 avril 1882.
Cette question, il faut bien le reconnaître,
ne fut pas traitée par trois assemblées dé
partementales avec la maturité que récla
mait son importance. Le Conseil général
d’Oran se prononça sans phrases en faveur
de la promulgation et le Conseil de Cons-
tantine se sépara sans donner son avis.
Seul, celui d’Alger, se livra à une étude
complète et approfondie, de laquelle il
résulta que la loi faite spécialement en vue
d’arrêter en France la dégradation pro
gressive des montagnes et les désastres
périodiques qui en sont la conséquence
dans la partie inférieure des bassins, par le
gazonnement et le reboisement rendus obli
gatoires, ne pourrait recevoir d’application
utile en Algérie. Là, en effet, il ne s’agit
pas de protéger les rives des fleuves trans
formés en torrents et de prévenir les inon
dations par des travaux de restauration du
sol des montagnes et des pentes rapides,
mais d’assurer aux sources un approvision
nement facile et abondant par l’influence de
l’arbre sur le climat, et cela, nou-seulement
dans la région montagneuse, mais sur toute
la surface du pays.
Dans ces conditions, la loi de 1882 aurait
dû, pour être applicable en Algérie, subir
un remaniement complet comme définition
et comme disposition.
Le Conseil général, se rangeant à l’avis
de son rapporteur, M. Bourlier, se pro
nonça donc contre la promulgation ; mais,
en même temps, il soumit à l’autorité supé
rieure certaines dispositions qui, adoptées
en principe, sont devenues l’article 13 de la
nouvelle loi.
Eu armant l’administration du droit de
prononcer, pour cause d’utilité publique,
l’expropriation des terrains dont le reboise
ment ou la restauration auront été reconnus
nécessaires à la protection des sources et
cours d’eau, des dunes et des côtes contre
les érosions de la mer et l’envahissement
des sables, ou à la salubrité publique, le
législateur a enfin conféré à l’Algérie des
moyens assurés de défense.
Reste à savoir, toutefois, si les crédits mis
à la disposition du gouvernement général
lui permettront de les appliquer aussi sou
vent qu’il conviendrait.
Informations algériennes
La Compagnie des Sapeurs-Pompiers
d’Alger ayant été suspendue par arrêté pré
fectoral, M. Pluque, capitaine d’artillerie
en retraite et conseiller municipal, a été
désigné pour diriger les secours en cas de
sinistre, par délégation du maire.
Un incendie considérable vient de détruire
450 hectares de forêts composées de chênes-
lièges. entre Chanzy et Tralinet. Les pertes
sont considérables.
Malgré les vacances et les chaleurs acca
blantes, M. Auber, chargé des affaires mu
sulmanes au Parquet général, travaille
avec activité.
X
A la suite d’une décision ministérielle,
les militaires isolés circuleront seuls en
Adgérie et en Tunisie et seulement pour les
services indispensables.
Ils passeront par Port-Vendres jusqu’à
nouvel ordre.
Les manœuvres d’automne et la période
d’exercice des réservistes sont officiellement
supprimées.
Nice, Cette et Port-Vendres imposent une
journée d’observation aux navires de toute
provenance.
X
Nous apprenons qu’un8 pétition des ha
bitants de Mustapha se couvre eu ce mo
ment de signatures, pour protester contre
l’installation de baraquements sur le champ
de manœuvres, décidés par le conseil sani
taire.
Les habitants de cette commune allèguent
que cette installation serait de nature à por
ter préjudice à la santé générale.
X
Le Tarn, venant du Tonkin et de la Co-
chinchine, a quitté, le 9 courant, Port-Saïd
pour Alger avec 89 passagers, 46 de la ma
rine, dont 16 alités et 38 convalescents ; 5
civils, dont 2 alités. Les passagers militai
res sont : 9 de la ligne, 2 zouaves, 7 de la
légion étrangère, 5 turcos, 8 du bataillon
d’Afrique, 4 de l’artillerie, 2 du génie et 1
infirmier.
Il y a eu depuis Saigon 7 décès, aucun
par suite de maladie contagieuse.
X
M. Sabatier, liceucié en droit, ex-admi
nistrateur de la commune mixte de Fort-
National, est autorisé à faire, pendant l’an
née scolaire 1885-1886, un cours complé
mentaire d’institutions et de mœurs berbères
à l’Ecole des lettres d’Alger.
X
M. Monceaux, agrégé des lettres, profes
seur au lycée d’Alger, est chargé de faire
deux conférences par semaine de langue et
littérature anciennes à l’Ecole des lettres
d’Alger, pendant l’année scolaire 1885-188$.
M. Catest maintenu, pour l’année 1885—
1886, dans les fonctions de maître de con
férences d’histoire et de géographie à l’Ecole
des lettres d’Alger.
INFORMATIONS
FRANCE
lies candidatures féminines.-**®
La Fédération républicaine socialiste pose
un certain nombre de candidatures fémi
nines aux prochaines élections. Mme Séve
rine, du Cri du Peuple, qui avait été dési
gnée, décline, dans une lettre qui a été pu
bliée, la candidature qui lui est offerte. Mme
Severine déclare qu’elle ne fait partie d’au
cun groupe, et « qu’elle préfère être à l’am
bulance qu’à la tribune ».
lies espions allemands. — La
plupart des journaux confirment les nou
velles de l'expulsion des espions allemands.
Le bruit court aussi que des personnages,
assez connus et en vue, quelques-uns même
décorés de la Légion d’honneur, seraient
fortement soupçonnés.
Un journal assure que la première expul
sion frapperait une jeune dame très connue
du monde politique et de la presse.
Elle s’est fait remarquer l’an dernier, à
Versailles, à l'époque du Congrès, se fau-».
filant aux Réservoirs, au milieu des députés*
pour essayer d’arracher, à l’un ou à l’autre,
des bribes d’informations.
NI. Juïes Ferry. — On annonce que
M. Jules Ferry, encouragé par le succès
qu’il a obtenu à Lyon, va se rendre à Boret
deaux pour y prononcer un grand discours.
Il est aussi attendu à Grenoble.
qnences, allait se produire, quand, bien in
nocemment, le sous-préfet sauva la situa
tion. Apercevant Mlle de Clairefont qui
était arrivée tout près de lui, il fit un geste
d’admiration et, s’écartant du maire, il s’in
clina avec politesse. Antoinette, étouffée par
une horrible angoise, respira en voyant l’es
pace libre. Elle ne put se défendra d’adres
ser un reconnaissant sourire au fonctionai-
re. Et, passant à côté de Carvajan, trem
blant de colère contenue, elle gagna à pas
pressés le coin où tous les amis de son pè
re étaient réunis. Carvajan s’était retourné,
les suivant encore du regard. Il entendit un
profond soupir auprès de lui et, levant les
yeux, il découvrit Pascal, blême de l’horri
ble émotion qu’il venait d’éprouver.
— Qui est donc cette charmante person
ne ? demanda alors le sous-préfet à son
guide, en ajustant son lorgnon pour mieux
voir.
— C’est Mlle de Clairefont, dit Carvajan
avec une sombre ironie... Et vous venez,
monsieur le préfet, de lui faire un accueil
flatteur auquel elle ne s’attendait guère.
— Bah ! reprit gaiement le fonctionnai
re... c’est une jolie femme... Je combattrai
le père sur le terrain politique... mais, en
attendant, je réclame le droit d’admirer la
fille.
— Pas de trop près, cependant, si vous
ne voulez pas avoir maille à partir avec le
jeune sanglier qui l’accompagne... Tenez,
voyez ce qu’il fait...
Arrivé au milieu du petit cercle aristocra
tique, Robert s’ôtait inquiété de faire asseoir
sa tante et sa sœur. Sur les banquettes, dé
jà, on se trouvait à l’étroit. Dans un angle
avoisinant la tribune officielle, la douairière
de Sainte-Croix s’était installée et, avec de
grandes protestations d’amitié, s’efforçait de
retenir auprès d’elle Mlle de Clairefont et la
tante de Saint-Maurice. M. de Croix-Mes
nil parlait d’aller chercher deux chaises
dans le jardin, lorsque Robert, avisant les
sièges d’apparat destinés aux notabilités de
La Neuville, dit à voix haute :
— Mais voilà bien notre affaire... Des
femmes assises sur de la paille, pendant que
le Conseil municipal se carrerait sur du ve
lours ? Ce serait invraisemblable !
Et, allongeant le bras par-dessus la ba
lustrade, il prit les chaises qui entouraient
le fauteuil d’honneur. Un rire étouffé courut
dans le groupe à cet acte audacieux. Pour-
tois. stupéfait, regardait alternativement le
maire et le jeune comte, hésitant entre le
désir de complaire à Carvajan et la crain
dre de mécontenter Robert. Les confédérés,
silencieux, attendaient, se demandant si leur
chef allait se laisser ainsi braver ouverte
ment. D’un coup d’œil impérieux, le maire
commanda à ses partisans l’immobilité et
le silence. Et, se tournant vers le sous-pré
fet, il dit assez haut pour être entendu :
— Il convient, je crois de donner l'exem-
de la modération et delà patience... Car, si
nous répondions aux provocations de M.
de Clairefont, il pourrait se produire des
conflits qui attristeraient cette fête... Te
nons donc les actes de ce jeune homme pour
non avenus...
Il ajouta, d’une voix plus basse :
— Du re^te, de fâcheuses habitudes d’in
tempérance l’ont rendu un peu fou, et it
u’est pas toujours maître de lui-même.
— Cette tribune vide, quand ou se press®
partout, est d’uu mauvais effet, ajouta 1®
fonctionnaire... Faites-la donc occuper par
des dames.
— Vous avez raison...
Fleury et Pourtois s’étaient déjà élancés
et, triomphantes, les dames Dumontier
Leglorieux s’avançaient vers la tribune.
— Yoilà qui va bien, fit ironiquement Isk
douairièee de Sainte-Croix, et les choses;
sont dans leur ordre...
— Si nous allions faire notre cour à M** 1
Dumontier? proposa le beau d’Edenne-
mare...
— Le grand-père Dumontier a assez fait
la nôtre, quand il était domestique chez ma
mère, répliqua aigrement M ma de Sainte
André.
— Comme disait la maréchale Lefebvre*,
sous le premier empire: « Maintenant, c’est
nous qui sont les princesses!... »
— Ces bourgeoises de La Neuville sont
horribles ! s’écria Robert... Et s’adressant
aux jeunes gens qui l’entouraient : Si voua
voulez, tout à l’heure, pour leur faire pièces
nous irons inviter les petites paysannes et
nous mènerons le bal avec elles?...
— Il y en a d’assez gentilles pour que Q»
ne soit pas un sacrifice, dit le jeune Tou,-»,
rette, en lorgnant Rose Cbassevent qui ea«
trait, suivie du Roussot.
Dans ses habits de dimanche, l’ouvrière
f i
DEPOT LEGAL
Première année. — N° 34.
Le numéro S> centimes.
J 0 /
Mercredi, 19 août 1885.
La
érienne
JOURNAL POLITIQUE QUOTIDIEN
Algérie .
France. .
ABONNEMENTS :
Trois mois Six mois
4.50 0
.. 6 12
Un an
18
24
ADMINISTRATION ET RÉDACTION :
Rue de la Marine, n° 9, ancien hôtel Bazin.
Tontes les communications relatives anx annnonces et réclames doivent ■*
Algérie,etre adressées à F AGENCE HAVAS, boulevard de la République, AlgW „
En France, les communications sont reçues savoir :
A Marseille, chez M. Gustave ALLARD, rue du Bausset 4 •
A Paris, chez MM. AUDROURG et Ci», place de la Bourse, iÔ
Et par leurs correspondants. ’ ’
La DÉPÊCHE ALGÉRIENNE est désignée pour l’insertion des annonces légales, judiciaires et autres exigées pour la validité des procédures et contrats
Alger, le 18 Août 1885.
LES HOMMES DU JOUR
XIV
M, GOBLET
MINISTRE DE LTNSTRCTION PUBLIQUE
ET DES CULTES
Agé de cinquante-huit ans, M. Goblet
siège au Parlement depuis 1871. Il est vrai
qu’aux élections de 1876, il échoua contre le
baron de Septenville, son concurrent, dans
la 2 e circonscription d’Amiens ; mais il re
tenait bientôt à la Chambre des députés,
où il a toujours joué un rôle influent.
Il s’était fait jadis remarquer comme avo
cat au barreau d’Amiens, et occupait les
fonctions de bâtonnier, lorsque arriva la
dhûte de l’empire. Nommé procureur géné
ras à Amiens, au mois de septembre 1870, il
dut donner sa démission de magistrat pour
se présenter aux élections complémentaires
du 21 juillet 1871, en vertu d’une circulaire
ministérielle récente, enjoignant aux magis
trats amovibles d’opter entre leurs fonctions
et la situation de candidats à l’Assemblée.
L’un des membres le plus en vue de la
gauche de la Chambre, M- René Goblet a été
chargé, dans le cabinet de Freycinet du
mois de janvier 1882, des fonctions de mi
nistre de l’intérieur.
Actuellement, il détient le portefeuille de
l’instruction publique et des cultes.
Très petit et très rageur, dit-on, mais
excellent homme au fond, esprit vif et net,
M. Goblet occupera toujours une place im
portante dans le Parlement français.
La Défense des Sources
Les conditions faites à l’Algérie par la
Sécheresse et le déboisement sont telles,
qu ’en dehors de la recherche des expédients
spéciaux propres à remédier à ces deux ca
lamités, elle doit se préoccuper des mesures
législatives adoptées dans la métropole pour
la conservation du domaine forestier ou
l’emmagasineraent des eaux, et eu poursui-
Yre l’application toutes les fois qu elle peut
en tirer un profit.
C’est ainsi qu’un mouvement de l’opinion
se produisit, presque aussitôt son apparition,
en faveur de la promulgation en Algérie de
la loi du 4 avril 1882 sur la restauration et
de LA DÉPÊCHE ALGÉRIENNE
n° 34.
LA
GRARDE MARSIÈRE
PAR
Georges OHNET
Après un léger temps d’arrêt, les antago
nistes avaient repris leur mouvement. Ro
bert, le front haut, ne déviait pas d’une li
gne dans sa marche. Il allait droit à Carva
jan et, sur son visage énergique, il était fa
cile de lire la résolution de ne point reculer
d’un pas. Antoinette devenue soudaine
ment pâle, pressait le bras de son frère, es
sayant de le détourner de la direction du
groupe officiel. Mais l’athlétique Robert,
sans môme faire un effort, entraînait la
jeune fille. Carvajan, baissant son front,noir
de haine, pareil à un taureau qui fonce sur
son adversaire, avançait toujours.
— Robert, je t’en prie ! murmura Antoi
nette.
— Laisse, dit le jeune comte les dents
serrées. Il nous cédera la place ou je lui
passe sur le corps.
Et, fixant sur leur ennemi des yeux étin
celants, il marcha droit sur lui.
Déjà, au milieu d’un silence effrayant, ce
Choc, dont on ne pouvait prévoir les consé-
la conservation des terrains en montagne.
Au premier abord, il avait semblé que
cette loi pourrait trouver de ce côté de la
Méditerranée une application utile et per
mettre de protéger les sources, en empê
chant leur disparition par le rétablissement
à l’état boisé de vastes plateaux dont la dé
nudation progressive est une des causes
principales du fléau de la sécheresse.
L'administration supérieure saisit doue les
conseils généraux et les conservateurs de
forêts des départements algériens de la
question de savoir s’il y avait ou non lieu de
demander la promulgation en Algérie de la
dite loi du 14 avril 1882.
Cette question, il faut bien le reconnaître,
ne fut pas traitée par trois assemblées dé
partementales avec la maturité que récla
mait son importance. Le Conseil général
d’Oran se prononça sans phrases en faveur
de la promulgation et le Conseil de Cons-
tantine se sépara sans donner son avis.
Seul, celui d’Alger, se livra à une étude
complète et approfondie, de laquelle il
résulta que la loi faite spécialement en vue
d’arrêter en France la dégradation pro
gressive des montagnes et les désastres
périodiques qui en sont la conséquence
dans la partie inférieure des bassins, par le
gazonnement et le reboisement rendus obli
gatoires, ne pourrait recevoir d’application
utile en Algérie. Là, en effet, il ne s’agit
pas de protéger les rives des fleuves trans
formés en torrents et de prévenir les inon
dations par des travaux de restauration du
sol des montagnes et des pentes rapides,
mais d’assurer aux sources un approvision
nement facile et abondant par l’influence de
l’arbre sur le climat, et cela, nou-seulement
dans la région montagneuse, mais sur toute
la surface du pays.
Dans ces conditions, la loi de 1882 aurait
dû, pour être applicable en Algérie, subir
un remaniement complet comme définition
et comme disposition.
Le Conseil général, se rangeant à l’avis
de son rapporteur, M. Bourlier, se pro
nonça donc contre la promulgation ; mais,
en même temps, il soumit à l’autorité supé
rieure certaines dispositions qui, adoptées
en principe, sont devenues l’article 13 de la
nouvelle loi.
Eu armant l’administration du droit de
prononcer, pour cause d’utilité publique,
l’expropriation des terrains dont le reboise
ment ou la restauration auront été reconnus
nécessaires à la protection des sources et
cours d’eau, des dunes et des côtes contre
les érosions de la mer et l’envahissement
des sables, ou à la salubrité publique, le
législateur a enfin conféré à l’Algérie des
moyens assurés de défense.
Reste à savoir, toutefois, si les crédits mis
à la disposition du gouvernement général
lui permettront de les appliquer aussi sou
vent qu’il conviendrait.
Informations algériennes
La Compagnie des Sapeurs-Pompiers
d’Alger ayant été suspendue par arrêté pré
fectoral, M. Pluque, capitaine d’artillerie
en retraite et conseiller municipal, a été
désigné pour diriger les secours en cas de
sinistre, par délégation du maire.
Un incendie considérable vient de détruire
450 hectares de forêts composées de chênes-
lièges. entre Chanzy et Tralinet. Les pertes
sont considérables.
Malgré les vacances et les chaleurs acca
blantes, M. Auber, chargé des affaires mu
sulmanes au Parquet général, travaille
avec activité.
X
A la suite d’une décision ministérielle,
les militaires isolés circuleront seuls en
Adgérie et en Tunisie et seulement pour les
services indispensables.
Ils passeront par Port-Vendres jusqu’à
nouvel ordre.
Les manœuvres d’automne et la période
d’exercice des réservistes sont officiellement
supprimées.
Nice, Cette et Port-Vendres imposent une
journée d’observation aux navires de toute
provenance.
X
Nous apprenons qu’un8 pétition des ha
bitants de Mustapha se couvre eu ce mo
ment de signatures, pour protester contre
l’installation de baraquements sur le champ
de manœuvres, décidés par le conseil sani
taire.
Les habitants de cette commune allèguent
que cette installation serait de nature à por
ter préjudice à la santé générale.
X
Le Tarn, venant du Tonkin et de la Co-
chinchine, a quitté, le 9 courant, Port-Saïd
pour Alger avec 89 passagers, 46 de la ma
rine, dont 16 alités et 38 convalescents ; 5
civils, dont 2 alités. Les passagers militai
res sont : 9 de la ligne, 2 zouaves, 7 de la
légion étrangère, 5 turcos, 8 du bataillon
d’Afrique, 4 de l’artillerie, 2 du génie et 1
infirmier.
Il y a eu depuis Saigon 7 décès, aucun
par suite de maladie contagieuse.
X
M. Sabatier, liceucié en droit, ex-admi
nistrateur de la commune mixte de Fort-
National, est autorisé à faire, pendant l’an
née scolaire 1885-1886, un cours complé
mentaire d’institutions et de mœurs berbères
à l’Ecole des lettres d’Alger.
X
M. Monceaux, agrégé des lettres, profes
seur au lycée d’Alger, est chargé de faire
deux conférences par semaine de langue et
littérature anciennes à l’Ecole des lettres
d’Alger, pendant l’année scolaire 1885-188$.
M. Catest maintenu, pour l’année 1885—
1886, dans les fonctions de maître de con
férences d’histoire et de géographie à l’Ecole
des lettres d’Alger.
INFORMATIONS
FRANCE
lies candidatures féminines.-**®
La Fédération républicaine socialiste pose
un certain nombre de candidatures fémi
nines aux prochaines élections. Mme Séve
rine, du Cri du Peuple, qui avait été dési
gnée, décline, dans une lettre qui a été pu
bliée, la candidature qui lui est offerte. Mme
Severine déclare qu’elle ne fait partie d’au
cun groupe, et « qu’elle préfère être à l’am
bulance qu’à la tribune ».
lies espions allemands. — La
plupart des journaux confirment les nou
velles de l'expulsion des espions allemands.
Le bruit court aussi que des personnages,
assez connus et en vue, quelques-uns même
décorés de la Légion d’honneur, seraient
fortement soupçonnés.
Un journal assure que la première expul
sion frapperait une jeune dame très connue
du monde politique et de la presse.
Elle s’est fait remarquer l’an dernier, à
Versailles, à l'époque du Congrès, se fau-».
filant aux Réservoirs, au milieu des députés*
pour essayer d’arracher, à l’un ou à l’autre,
des bribes d’informations.
NI. Juïes Ferry. — On annonce que
M. Jules Ferry, encouragé par le succès
qu’il a obtenu à Lyon, va se rendre à Boret
deaux pour y prononcer un grand discours.
Il est aussi attendu à Grenoble.
qnences, allait se produire, quand, bien in
nocemment, le sous-préfet sauva la situa
tion. Apercevant Mlle de Clairefont qui
était arrivée tout près de lui, il fit un geste
d’admiration et, s’écartant du maire, il s’in
clina avec politesse. Antoinette, étouffée par
une horrible angoise, respira en voyant l’es
pace libre. Elle ne put se défendra d’adres
ser un reconnaissant sourire au fonctionai-
re. Et, passant à côté de Carvajan, trem
blant de colère contenue, elle gagna à pas
pressés le coin où tous les amis de son pè
re étaient réunis. Carvajan s’était retourné,
les suivant encore du regard. Il entendit un
profond soupir auprès de lui et, levant les
yeux, il découvrit Pascal, blême de l’horri
ble émotion qu’il venait d’éprouver.
— Qui est donc cette charmante person
ne ? demanda alors le sous-préfet à son
guide, en ajustant son lorgnon pour mieux
voir.
— C’est Mlle de Clairefont, dit Carvajan
avec une sombre ironie... Et vous venez,
monsieur le préfet, de lui faire un accueil
flatteur auquel elle ne s’attendait guère.
— Bah ! reprit gaiement le fonctionnai
re... c’est une jolie femme... Je combattrai
le père sur le terrain politique... mais, en
attendant, je réclame le droit d’admirer la
fille.
— Pas de trop près, cependant, si vous
ne voulez pas avoir maille à partir avec le
jeune sanglier qui l’accompagne... Tenez,
voyez ce qu’il fait...
Arrivé au milieu du petit cercle aristocra
tique, Robert s’ôtait inquiété de faire asseoir
sa tante et sa sœur. Sur les banquettes, dé
jà, on se trouvait à l’étroit. Dans un angle
avoisinant la tribune officielle, la douairière
de Sainte-Croix s’était installée et, avec de
grandes protestations d’amitié, s’efforçait de
retenir auprès d’elle Mlle de Clairefont et la
tante de Saint-Maurice. M. de Croix-Mes
nil parlait d’aller chercher deux chaises
dans le jardin, lorsque Robert, avisant les
sièges d’apparat destinés aux notabilités de
La Neuville, dit à voix haute :
— Mais voilà bien notre affaire... Des
femmes assises sur de la paille, pendant que
le Conseil municipal se carrerait sur du ve
lours ? Ce serait invraisemblable !
Et, allongeant le bras par-dessus la ba
lustrade, il prit les chaises qui entouraient
le fauteuil d’honneur. Un rire étouffé courut
dans le groupe à cet acte audacieux. Pour-
tois. stupéfait, regardait alternativement le
maire et le jeune comte, hésitant entre le
désir de complaire à Carvajan et la crain
dre de mécontenter Robert. Les confédérés,
silencieux, attendaient, se demandant si leur
chef allait se laisser ainsi braver ouverte
ment. D’un coup d’œil impérieux, le maire
commanda à ses partisans l’immobilité et
le silence. Et, se tournant vers le sous-pré
fet, il dit assez haut pour être entendu :
— Il convient, je crois de donner l'exem-
de la modération et delà patience... Car, si
nous répondions aux provocations de M.
de Clairefont, il pourrait se produire des
conflits qui attristeraient cette fête... Te
nons donc les actes de ce jeune homme pour
non avenus...
Il ajouta, d’une voix plus basse :
— Du re^te, de fâcheuses habitudes d’in
tempérance l’ont rendu un peu fou, et it
u’est pas toujours maître de lui-même.
— Cette tribune vide, quand ou se press®
partout, est d’uu mauvais effet, ajouta 1®
fonctionnaire... Faites-la donc occuper par
des dames.
— Vous avez raison...
Fleury et Pourtois s’étaient déjà élancés
et, triomphantes, les dames Dumontier
Leglorieux s’avançaient vers la tribune.
— Yoilà qui va bien, fit ironiquement Isk
douairièee de Sainte-Croix, et les choses;
sont dans leur ordre...
— Si nous allions faire notre cour à M** 1
Dumontier? proposa le beau d’Edenne-
mare...
— Le grand-père Dumontier a assez fait
la nôtre, quand il était domestique chez ma
mère, répliqua aigrement M ma de Sainte
André.
— Comme disait la maréchale Lefebvre*,
sous le premier empire: « Maintenant, c’est
nous qui sont les princesses!... »
— Ces bourgeoises de La Neuville sont
horribles ! s’écria Robert... Et s’adressant
aux jeunes gens qui l’entouraient : Si voua
voulez, tout à l’heure, pour leur faire pièces
nous irons inviter les petites paysannes et
nous mènerons le bal avec elles?...
— Il y en a d’assez gentilles pour que Q»
ne soit pas un sacrifice, dit le jeune Tou,-»,
rette, en lorgnant Rose Cbassevent qui ea«
trait, suivie du Roussot.
Dans ses habits de dimanche, l’ouvrière
f i
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