Titre : La Dépêche algérienne : journal politique quotidien
Éditeur : [s.n.] (Alger)
Date d'édition : 1885-08-16
Contributeur : Robe, Eugène (1890-1970). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32755912k
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Description : 16 août 1885 16 août 1885
Description : 1885/08/16 (A1,N31). 1885/08/16 (A1,N31).
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bd6t5448139
Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JOD-10449
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 18/04/2021
PREKECTUHE
DEPOT
D'ALGEH
legal
Dimanche, 16 août 1886.
Première année.
La"
S.
JOURNAL POLITIQUE QUOTIDIEN
AT.fTKRTrc
ABONNEMENTS :
Trois mois Six mois
4.50 ©
Un an
18
ADMINISTRATION ET RÉDACTION :
Rue de la Marine, n° 9, ancien hôtel Bazin.
Tontes les communications relatives aux annnonces et réclames doivent •*
Algérie, être adressées à l’AGENCE HAVAS, boulevard de la République, Alger.
En France, les communications sont reçues savoir :
A Marseille, chez M. Gustave ALLARD, rue du Bansset, 4 ;
France. .
& 12
24
A Paris, chez MM. AUDBOURG et C 1 ”, place de la Bourse, 19,
Et par leurs correspondants.
La DÉPÊCHE ALGÉRIENNE est désignée pour l’insertion des annonces légales, judiciaires et autres
exigées pour la validité des procédures et contrats.
Alger, le 15 Août 1885.
i a Doimmn nm/rinro rl’Qiiiniirrl'hiiî
LES HOMMES DU JOUR
XI
M .FRÉDÉRIC PASSY
DÉPUTÉ DE LA SEINE
L’économie politique a toujours trouvé
dans la famille Passy de fervents et illustres
adeptes.
L’oncle du député de la Seine avait joué
un rôle important dans la politique de 1830
à 1851.
Plusieurs fois ministre pendant cette pé
riode de temps, il protesta à la mairie du
X e arrondissement contre le coup d’Etat, et
rentra dès lors dans la vie privée pour se
consacrer entièrement à de remarquables
travaux sur l’économie publique.
M. Frédéric Passy a marché sur les traces
de son oncle Ses ouvrages d’économie poli
tique sont fort nombreux et fort intéressants.
M. Frédéric Passy est connu également
comme conférencier. Partout il a porté la
parole pour propager cette science à laquel
le il a consacré sa vie, et qui lui a valu,
comme à M. Hippolyte Passy, d’être élu
membre de l’Académie des sciences morales
et politiques.
Secrétaire de la Ligue internationale de
la paix, M. Frédéric Passy a fait les plus
louables efforts dans l’accomplissement de
son mandat pour faire triompher les théo
ries de l’Association dont il faisait partie.
On sait que, malneureusement, ils n'ont pas
été récompensés comme il pouvait l’espé
rer.
A la Chambre, M. Frédéric Passy a pris
la parole dans un grand nombre de ques
tions économiques.
Il s’est élevé à plusieurs reprises contre
la politique coloniale, et dernièrement il a
encore défendu avec un talent indiscutable
la cause du libre échange, lorsque le gou
vernement réclamait le vote de droits pro
tecteurs sur les blés et les bestiaux de pro
venance étrangère.
Sur ces deux points nous regrettons de ne
pas être d’accord avec l’illustre conférencier,
mais nous reconnaissons volontiers qu’on ne
saurait mieux s’y prendre que M. Frédéric
Passy pour rallier des adversaires à sa
cause.
Le député de la Seine a aujourd’hui 63
ans.
Les ouvriers et les ouvrières attachés à
la confection des effets militaires d’habille
ment et de grand équipement du 19 e corps
d’armée se réunissent aujourd’hui, samedi,
15 août, à deux heures de l’après-midi, à la
Mairie, pour prendre communication d’une
question qui les intéresse.
Cette petite annonce faite sans bruit, cette
convocation de tous les ouvriers d’une
grande industrie, cette invitation faite aux
membres des corps élus et aux ouvriers
prud’hommes d’assister à la réunion et
avec cela le vague des motifs da la convo
cation a piqué ma curiosité. J’ai tenu à sa
voir quelle pouvait être la communication
qu’on avait à faire et j’ai à peu près réussi.
La réunion dont il est question a un ca
ractère très sérieux. Il s’agit des mille ou
vriers.et ouvrières occupés à l’habillement
et à l’équipement du 19 e corps d’armée, les
quels sont menacés d’être lancés sur le
pavé, si le ministre de la guerre donne
suite à certain projet dont je vais dire quel
ques mots.
pe projet consiste à retirer à l’industrie
algérienne, la fourniture des effets d’habil
lement et d’équipement du 19° corps d’ar
mée pour ia donner à l’industrie métropo
litaine.
Voici comment le ministre de la guerre a
fait annoncer que le 23 août courant, une
adjudication de 81,000 et même do 112,000 ef
fets d’habillement ou d’équipement aura
lieu à Paris afin d’assurer les besoins du 19 a
corps d’armée, jusqu’au 31 décembre 1885.
Cette adjudication qui semble peu natu
relle, en présence de l’outillage si complet
des entrepreneurs de cette fourniture à Al
ger, et de la faculté qu’ils auraient de con
fectionner tout ce qui peut être nécessaire
au 19 e corps d’armée, n’en est pas moins
permise au ministre par le cahier des char
ges de mai 1884, dans lequel il est dit que
lorsque les entrepreneurs auront confection
né 120,000 effets d’habiîlement ou d’équipe
ment. le ministre aura le droit de mettre en
adjudication le surplus dont il pourra avoir
besoiu.
Nous devons dire que le ministre de la
guerre, avant de prendre cette résolution si
menaçante pour un si grand nombre d’ou
vriers d’Alger, a fait des propositions aux
entrepreneurs qui ont dû être refusées,
parce qu’elles étaient inacceptables,m’a-t-on
dit.
J’aurai l’occasion de revenir sur ces pro
positions.
Mais ce que le ministre de la guerre ne
paraît pas avoir le droit de faire — et c’est
sur ce point, je crois, que les ouvriers qui
se réunissent aujourd’hui protesteront —
c’est d’avoir mis dans le nouveau cahier des
charges que le lot destiné à l’Algérie pourra
être fait en France, alors que d’après la loi
volée en février 1384, les lots doivent être
adjugés pour chaque chef lieu d’arrondisse
ment.
Or, Alger est toujours le chef-lieu d’ar
rondissement du 19 a corps d’armée.
On comprend l’importance de la question.
Si l’adjudication a lieu au profit d’une mai
son de Lyon ou de Bordeaux ou de Paris,
les 300 ouvriers et les 700 ouvrières des en
trepreneurs d’Alger sont sur le pavé.
Que deviendront-ils ? Q;e deviendront
surtout les 900 pauvres ouvriers qui, depuis
tant d’années, gagnaient leur vie dans cette
vaste entreprise ?
intai* —■...
Informations algériennes
Le Président du Comité électoral central
de Constantine, M. Gaudry, avocat de Mme
Demoulin dans le procès Napias, vient d’ou
vrir la période électorale eu invitant les co
mbes à s'occuper de la nomination des dé
légués qui devront prendre part au Congrès.
X
M. le professeur départemental d’agricul
ture Banguil, qui a fait une conférence le 9
août, à Constantine, vient de parcourir une
bonne partie des vignobles de la région sè-
tifierne. Presque partout il a rencontré l'oï
dium. Au Kerrata, il a fait une ample pro
vision d’altises.
. X
La commission de classement des sous-
officiers proposés pour les emplois civils,
qui sa réunit deux fois par an, en février et
en juillet, vient de terminer ses travaux de
l’année.
Elle a ajouté 80 sous-officiers à la liste
des propositions pour les divers emplois ci
vils réservés aux rengagés.
X
M. de La Primaudaie, administrateur de
Randon,est mort des suites d’une fièvre per
nicieuse.
X
Les quarantaines ont commencé hier, à
Bône. C’est l 'Abdelkader, de la Compagnie
Transatlantique, qui les a inaugurées.
X
Malgré les règlements en vigueur, 96indi-
gènes, parmi lesquels trois grands person
nages onf-, uitté ieur douar afin de s’em
barquer à Ùône à destination do la Mecque.
Ils ont été arrêté à Guelma et reconduits
chez eux à leurs frais.
X
MM. Etienne, officier de 2 e classa (divi
sion d’Alger), et Lausonneur (division de
Constantine), sont nommés officiers d’adrai-
nistration de l r0 classe.
MM. Chanot et Laluue (division d’Alger),
sont nommés officiers d’administration de
2 e classe.
X
Par arrêté de M. le le Ministre des pos
tes et télégraphes, en date du 5 août, M.
Jean de Pias, surnuméraire des postes, vient
d’obtenir sur sa demande, son changement
pour Jonzac (Charente-Inférieure).
U est remplacé à Mascara par M. Bonne-
foy.
X
Par arrêté préfectoral en date du II août,
le Préfet d’Alger a prononcé ia suspension
de la Compagnie de Sapeurs-Pompiers.
D'autre part on nous annonce que sur les
instances de M. Tirman, la Compagnie sera,
dissoute sous peu par décret présidentiel.
Il était temps de faire cesser l’anarchie
qui régnait en maîtresse souveraine dans le
corps des Pompiers d’Alger.
X
En attendant la nomination du successeur
de M. Labbè, M. Guillemin, maire d’Alger,
est chargé provisoirement de la direction de
l’école des Beaux-Arts d’Alger.
— — —
Correspondance de fiostapnem
Je vous signalais hier 2 accidents de voi
ture. Aujourd’hui, je suis, à mon grand re
gret, obligé d'en constater un troisième. M.
Colman d’Arnould ou d’Arnould Colman,,
comme vous voudrez, grand amateur de
chevaux de courses, ceiui-là qui Tannée
dernière fit tant de bruit à propos du cheval
anglais « comte Pierre t, qu’il voulait faire
admettre comme cheval arabe, trouva le
moyen, grâce à une allure beaucoup trop,
vive, de faire passer l’une des roues de sa
voiture sur la tête d’une fillette de 3 ans à
peine. Je viens de voir la pauvre petite à la
pharmacie Mêgy où on lui a fait le premier
pansement, et elle est tellement abîmée que
Tou désespère de la sauver.
Et dire que l’arrêté municipal qui pres
crit aux voitures d’aller au pas, surtout le
Feuilleton de L.V DEPECHE ALGÉRIENNE
N" 31.
6RAHDE
PAR
Georges OHNE’T
— Mou Dieu, elle pleure... Voyez-Ia,
Hobert, dit le baron avec émotion. Qu’est-
ce que cela veut dire? Que se passe-t-il
donc ? Il faut absolument que je l’interroge,
dussè-je encourir son mécontentement.
Il s’approcha de la fenêtre, au bas de la
quelle sou visage arrivait à peine-, et s’ap
prêtait à parler, quand Antoinette, avec un
fin regard, le doigt sur les lèvres, lui fit si
gne de se taire. D’un mouvement de tête
alors, il lui montra ie parc, lui demandant
d’y venir. Elle se leva silencieusement, et,
légère comme un sylphe, aprèsavoir jeté un
dernier regard sur son père qui dormait
toujours, souriant à quelque rêve heureux,
elle sortit.
Le baron lui offrit son bras qu’elle prit,
et, lentement, ils descendirent dans le parc.
Le soleil déclinait à l’horizon, et, sous les
grands hêtres, l’ombre était tiède et parfu
mée de senteurs de mousse. Les cigales
criaient sans répit dans les gazons brûlés,
et les fleurs des massifs tendaient vers le
couchant leur tiges avides de la rosée du
soir. Un banc de pierre, encore chaud du
brûlant midi, s’offrit aux deux jeunes gens.
D’un commun accord ils s’assirent. Antoi
nette comprit qu’elle ne pouvait plus reculer
devant les questions que sou fiancé avait si
discrètement retardées. Elle leva vers lui
ses yeux encore humides, le vit troublé, in
quiet, et a- ; ec un élan de cœur, elle lui ten-
i dit la main. IL la serra, et, regardant la
jeune fille avec tendresse :
— Me la donnez-vous pour que je la
garde? dit-il doucement.
Elle ne répondit qu’en secouant triste
ment la tête.
- Voyons, chère Antoinette, reprit-il,
depuis plusieurs mois, je vois que vous avez
beaucoup changé à mon égard. Vous m’ac
cueillez avec contrainte, vous me traitez avec
froideur... J’en ai beaucoup souffert sens
vous le dire... Je n’ai pas une nature ex
pansive. Vous ne m’entendez pas, comme
certaines gens que j’envie, me répandre eu
protestations chaleureuses... Je sais bien
que j’y perds, que je dois paraître glacé, et
que je puis passer pour indifférent ... Mais
mes sentiments, pour être contenus, n’en
sont pas moins vifs, et soyez certaine que je
suis de ceux dont le cœur ne change ja
mais. ..
Sa voix tremblait en parlant, et une flam
me était montée à ses joues. Il poursuivit :
— Lorsque j’ai obtenu de M. de Claire-
fonit et de vous l’espoir que je deviendrais
votre mari, j’en ai été profondément heu
reux,. . Je vous aimais, je vous connaissais
bonne et tendre : je vous avais vue auprès
de votre père... Je savais que celui dont
vous seriez la femme mériterait qu’on l’en
viât entre tous. Cependant, quand vous
avez ajourné la réalisation de notre projet,
quelque chagrin que j’en dusse ressentir,
j’ai obéi à votre volonté. Il m’a semblé alors
que je ne pouvais vous prouver mieux mou
amour que par ma patience et ma fidélité.
Aujourd’hui, je me demande si je n’ai pas
fait un mauvais calcul. Peut-être l’explosion
d’un violent désespoir, les ardentes récrimi
nations d’un amour-propre blessé eussent-
elles pu vous émouvoir davantage et vous
amener à céder... Je n’ai pas cru devoir
fausser mon caractère, j’ai souffert en silen
ce, au risque de me faire juger peu épris, et
j’ai i’amer regret de penser que, peu à peu,
j’ai laissé s’effacer et se perdre vos bonnes
dispositions pour moi...
— Non, ne le croyez pas, dit Mlle de
Clairefont avec force. Ne m’accusez pas
plus d’oubli que je ne vous ai accusé de
froideur... Les circonstances seules, fata
les, désolantes, ont tout fait...
Elle s’arrêta un instant, comme si elle
hésitait à parler, puis, prenant sa résolu
tion, elle continua d’une voix étouffée :
— En un jour, la situation dans laquelle
je me trouvais a été si gravement changée,
que je ne devais plus consentir à vous épou
ser. Vous dire la vérité, c’eût été vous met
tre dans l’obligation de passer outre, ou de
vous retirer d’une façon qui pouvait vous
paraître humiliante. Par délicatesse, je ne
l’ai pas voulu... Nous avons joué tous les
j deux le même rôle, nous avons eu une ab
négation pareille, une dignité égale, et nous
en avons été bien mal récompensés l’un et
l’autre, puisqne je vois que vous souffrez, et
que je ne puis rien pour vous consoler.
— Quoi! rien ? dit le jeune homme avec,
douleur. Mais qu’y a-t-il donc de si grave*
que ni vous ni moi ne puissions y remé
dier ?.. .
11 fit un geste de désespoir.
— Ah Mie vrai, le seul motif, c’est que
vous ne m’aimez pas ! Si votre cœur m’ap
partenait, vous n'auriez pas tant consulté
votre raison.
— J’ai pour vous une affection profonde^
et qui sera inaltérable, dit Antoinette.
— Une affection de sœur... Ce n’est paet
celle que j’attendais de vous.
— Une affection qui me faisait vous ten~
dre la main avec confiance et joie.
— Mais qui n’a pas été la plus forte, ce
pendant, et m’a sacrifié...
— A une affection plus ancienne, plus
impérieuse, celle que j’ai pour mon père.
— Eh! ne l’aimez-vous pas assez déjà?
s’écria le jeune homme avec jalousie.
— La tendresse d’un enfant pour son père
ne doit pas connaître de limites, répondit la
jeune fille avec exaltation. Mais, pour que
vous montriez tant d’insistance, il faut que
vous n’ayez rien remarqué, rien compris de
ce qui se passe ici ? Vous n’avez doue pas
vu, depuis deux ans, la ruine s’étendre plus
profonde et plus irréparable chaque jour
dans noire maison ? La lugubre comédie
qui se joue depuis tant de mois, sous les
yeux de mon père vous a donc, échappé ? A,
> '
DEPOT
D'ALGEH
legal
Dimanche, 16 août 1886.
Première année.
La"
S.
JOURNAL POLITIQUE QUOTIDIEN
AT.fTKRTrc
ABONNEMENTS :
Trois mois Six mois
4.50 ©
Un an
18
ADMINISTRATION ET RÉDACTION :
Rue de la Marine, n° 9, ancien hôtel Bazin.
Tontes les communications relatives aux annnonces et réclames doivent •*
Algérie, être adressées à l’AGENCE HAVAS, boulevard de la République, Alger.
En France, les communications sont reçues savoir :
A Marseille, chez M. Gustave ALLARD, rue du Bansset, 4 ;
France. .
& 12
24
A Paris, chez MM. AUDBOURG et C 1 ”, place de la Bourse, 19,
Et par leurs correspondants.
La DÉPÊCHE ALGÉRIENNE est désignée pour l’insertion des annonces légales, judiciaires et autres
exigées pour la validité des procédures et contrats.
Alger, le 15 Août 1885.
i a Doimmn nm/rinro rl’Qiiiniirrl'hiiî
LES HOMMES DU JOUR
XI
M .FRÉDÉRIC PASSY
DÉPUTÉ DE LA SEINE
L’économie politique a toujours trouvé
dans la famille Passy de fervents et illustres
adeptes.
L’oncle du député de la Seine avait joué
un rôle important dans la politique de 1830
à 1851.
Plusieurs fois ministre pendant cette pé
riode de temps, il protesta à la mairie du
X e arrondissement contre le coup d’Etat, et
rentra dès lors dans la vie privée pour se
consacrer entièrement à de remarquables
travaux sur l’économie publique.
M. Frédéric Passy a marché sur les traces
de son oncle Ses ouvrages d’économie poli
tique sont fort nombreux et fort intéressants.
M. Frédéric Passy est connu également
comme conférencier. Partout il a porté la
parole pour propager cette science à laquel
le il a consacré sa vie, et qui lui a valu,
comme à M. Hippolyte Passy, d’être élu
membre de l’Académie des sciences morales
et politiques.
Secrétaire de la Ligue internationale de
la paix, M. Frédéric Passy a fait les plus
louables efforts dans l’accomplissement de
son mandat pour faire triompher les théo
ries de l’Association dont il faisait partie.
On sait que, malneureusement, ils n'ont pas
été récompensés comme il pouvait l’espé
rer.
A la Chambre, M. Frédéric Passy a pris
la parole dans un grand nombre de ques
tions économiques.
Il s’est élevé à plusieurs reprises contre
la politique coloniale, et dernièrement il a
encore défendu avec un talent indiscutable
la cause du libre échange, lorsque le gou
vernement réclamait le vote de droits pro
tecteurs sur les blés et les bestiaux de pro
venance étrangère.
Sur ces deux points nous regrettons de ne
pas être d’accord avec l’illustre conférencier,
mais nous reconnaissons volontiers qu’on ne
saurait mieux s’y prendre que M. Frédéric
Passy pour rallier des adversaires à sa
cause.
Le député de la Seine a aujourd’hui 63
ans.
Les ouvriers et les ouvrières attachés à
la confection des effets militaires d’habille
ment et de grand équipement du 19 e corps
d’armée se réunissent aujourd’hui, samedi,
15 août, à deux heures de l’après-midi, à la
Mairie, pour prendre communication d’une
question qui les intéresse.
Cette petite annonce faite sans bruit, cette
convocation de tous les ouvriers d’une
grande industrie, cette invitation faite aux
membres des corps élus et aux ouvriers
prud’hommes d’assister à la réunion et
avec cela le vague des motifs da la convo
cation a piqué ma curiosité. J’ai tenu à sa
voir quelle pouvait être la communication
qu’on avait à faire et j’ai à peu près réussi.
La réunion dont il est question a un ca
ractère très sérieux. Il s’agit des mille ou
vriers.et ouvrières occupés à l’habillement
et à l’équipement du 19 e corps d’armée, les
quels sont menacés d’être lancés sur le
pavé, si le ministre de la guerre donne
suite à certain projet dont je vais dire quel
ques mots.
pe projet consiste à retirer à l’industrie
algérienne, la fourniture des effets d’habil
lement et d’équipement du 19° corps d’ar
mée pour ia donner à l’industrie métropo
litaine.
Voici comment le ministre de la guerre a
fait annoncer que le 23 août courant, une
adjudication de 81,000 et même do 112,000 ef
fets d’habillement ou d’équipement aura
lieu à Paris afin d’assurer les besoins du 19 a
corps d’armée, jusqu’au 31 décembre 1885.
Cette adjudication qui semble peu natu
relle, en présence de l’outillage si complet
des entrepreneurs de cette fourniture à Al
ger, et de la faculté qu’ils auraient de con
fectionner tout ce qui peut être nécessaire
au 19 e corps d’armée, n’en est pas moins
permise au ministre par le cahier des char
ges de mai 1884, dans lequel il est dit que
lorsque les entrepreneurs auront confection
né 120,000 effets d’habiîlement ou d’équipe
ment. le ministre aura le droit de mettre en
adjudication le surplus dont il pourra avoir
besoiu.
Nous devons dire que le ministre de la
guerre, avant de prendre cette résolution si
menaçante pour un si grand nombre d’ou
vriers d’Alger, a fait des propositions aux
entrepreneurs qui ont dû être refusées,
parce qu’elles étaient inacceptables,m’a-t-on
dit.
J’aurai l’occasion de revenir sur ces pro
positions.
Mais ce que le ministre de la guerre ne
paraît pas avoir le droit de faire — et c’est
sur ce point, je crois, que les ouvriers qui
se réunissent aujourd’hui protesteront —
c’est d’avoir mis dans le nouveau cahier des
charges que le lot destiné à l’Algérie pourra
être fait en France, alors que d’après la loi
volée en février 1384, les lots doivent être
adjugés pour chaque chef lieu d’arrondisse
ment.
Or, Alger est toujours le chef-lieu d’ar
rondissement du 19 a corps d’armée.
On comprend l’importance de la question.
Si l’adjudication a lieu au profit d’une mai
son de Lyon ou de Bordeaux ou de Paris,
les 300 ouvriers et les 700 ouvrières des en
trepreneurs d’Alger sont sur le pavé.
Que deviendront-ils ? Q;e deviendront
surtout les 900 pauvres ouvriers qui, depuis
tant d’années, gagnaient leur vie dans cette
vaste entreprise ?
intai* —■...
Informations algériennes
Le Président du Comité électoral central
de Constantine, M. Gaudry, avocat de Mme
Demoulin dans le procès Napias, vient d’ou
vrir la période électorale eu invitant les co
mbes à s'occuper de la nomination des dé
légués qui devront prendre part au Congrès.
X
M. le professeur départemental d’agricul
ture Banguil, qui a fait une conférence le 9
août, à Constantine, vient de parcourir une
bonne partie des vignobles de la région sè-
tifierne. Presque partout il a rencontré l'oï
dium. Au Kerrata, il a fait une ample pro
vision d’altises.
. X
La commission de classement des sous-
officiers proposés pour les emplois civils,
qui sa réunit deux fois par an, en février et
en juillet, vient de terminer ses travaux de
l’année.
Elle a ajouté 80 sous-officiers à la liste
des propositions pour les divers emplois ci
vils réservés aux rengagés.
X
M. de La Primaudaie, administrateur de
Randon,est mort des suites d’une fièvre per
nicieuse.
X
Les quarantaines ont commencé hier, à
Bône. C’est l 'Abdelkader, de la Compagnie
Transatlantique, qui les a inaugurées.
X
Malgré les règlements en vigueur, 96indi-
gènes, parmi lesquels trois grands person
nages onf-, uitté ieur douar afin de s’em
barquer à Ùône à destination do la Mecque.
Ils ont été arrêté à Guelma et reconduits
chez eux à leurs frais.
X
MM. Etienne, officier de 2 e classa (divi
sion d’Alger), et Lausonneur (division de
Constantine), sont nommés officiers d’adrai-
nistration de l r0 classe.
MM. Chanot et Laluue (division d’Alger),
sont nommés officiers d’administration de
2 e classe.
X
Par arrêté de M. le le Ministre des pos
tes et télégraphes, en date du 5 août, M.
Jean de Pias, surnuméraire des postes, vient
d’obtenir sur sa demande, son changement
pour Jonzac (Charente-Inférieure).
U est remplacé à Mascara par M. Bonne-
foy.
X
Par arrêté préfectoral en date du II août,
le Préfet d’Alger a prononcé ia suspension
de la Compagnie de Sapeurs-Pompiers.
D'autre part on nous annonce que sur les
instances de M. Tirman, la Compagnie sera,
dissoute sous peu par décret présidentiel.
Il était temps de faire cesser l’anarchie
qui régnait en maîtresse souveraine dans le
corps des Pompiers d’Alger.
X
En attendant la nomination du successeur
de M. Labbè, M. Guillemin, maire d’Alger,
est chargé provisoirement de la direction de
l’école des Beaux-Arts d’Alger.
— — —
Correspondance de fiostapnem
Je vous signalais hier 2 accidents de voi
ture. Aujourd’hui, je suis, à mon grand re
gret, obligé d'en constater un troisième. M.
Colman d’Arnould ou d’Arnould Colman,,
comme vous voudrez, grand amateur de
chevaux de courses, ceiui-là qui Tannée
dernière fit tant de bruit à propos du cheval
anglais « comte Pierre t, qu’il voulait faire
admettre comme cheval arabe, trouva le
moyen, grâce à une allure beaucoup trop,
vive, de faire passer l’une des roues de sa
voiture sur la tête d’une fillette de 3 ans à
peine. Je viens de voir la pauvre petite à la
pharmacie Mêgy où on lui a fait le premier
pansement, et elle est tellement abîmée que
Tou désespère de la sauver.
Et dire que l’arrêté municipal qui pres
crit aux voitures d’aller au pas, surtout le
Feuilleton de L.V DEPECHE ALGÉRIENNE
N" 31.
6RAHDE
PAR
Georges OHNE’T
— Mou Dieu, elle pleure... Voyez-Ia,
Hobert, dit le baron avec émotion. Qu’est-
ce que cela veut dire? Que se passe-t-il
donc ? Il faut absolument que je l’interroge,
dussè-je encourir son mécontentement.
Il s’approcha de la fenêtre, au bas de la
quelle sou visage arrivait à peine-, et s’ap
prêtait à parler, quand Antoinette, avec un
fin regard, le doigt sur les lèvres, lui fit si
gne de se taire. D’un mouvement de tête
alors, il lui montra ie parc, lui demandant
d’y venir. Elle se leva silencieusement, et,
légère comme un sylphe, aprèsavoir jeté un
dernier regard sur son père qui dormait
toujours, souriant à quelque rêve heureux,
elle sortit.
Le baron lui offrit son bras qu’elle prit,
et, lentement, ils descendirent dans le parc.
Le soleil déclinait à l’horizon, et, sous les
grands hêtres, l’ombre était tiède et parfu
mée de senteurs de mousse. Les cigales
criaient sans répit dans les gazons brûlés,
et les fleurs des massifs tendaient vers le
couchant leur tiges avides de la rosée du
soir. Un banc de pierre, encore chaud du
brûlant midi, s’offrit aux deux jeunes gens.
D’un commun accord ils s’assirent. Antoi
nette comprit qu’elle ne pouvait plus reculer
devant les questions que sou fiancé avait si
discrètement retardées. Elle leva vers lui
ses yeux encore humides, le vit troublé, in
quiet, et a- ; ec un élan de cœur, elle lui ten-
i dit la main. IL la serra, et, regardant la
jeune fille avec tendresse :
— Me la donnez-vous pour que je la
garde? dit-il doucement.
Elle ne répondit qu’en secouant triste
ment la tête.
- Voyons, chère Antoinette, reprit-il,
depuis plusieurs mois, je vois que vous avez
beaucoup changé à mon égard. Vous m’ac
cueillez avec contrainte, vous me traitez avec
froideur... J’en ai beaucoup souffert sens
vous le dire... Je n’ai pas une nature ex
pansive. Vous ne m’entendez pas, comme
certaines gens que j’envie, me répandre eu
protestations chaleureuses... Je sais bien
que j’y perds, que je dois paraître glacé, et
que je puis passer pour indifférent ... Mais
mes sentiments, pour être contenus, n’en
sont pas moins vifs, et soyez certaine que je
suis de ceux dont le cœur ne change ja
mais. ..
Sa voix tremblait en parlant, et une flam
me était montée à ses joues. Il poursuivit :
— Lorsque j’ai obtenu de M. de Claire-
fonit et de vous l’espoir que je deviendrais
votre mari, j’en ai été profondément heu
reux,. . Je vous aimais, je vous connaissais
bonne et tendre : je vous avais vue auprès
de votre père... Je savais que celui dont
vous seriez la femme mériterait qu’on l’en
viât entre tous. Cependant, quand vous
avez ajourné la réalisation de notre projet,
quelque chagrin que j’en dusse ressentir,
j’ai obéi à votre volonté. Il m’a semblé alors
que je ne pouvais vous prouver mieux mou
amour que par ma patience et ma fidélité.
Aujourd’hui, je me demande si je n’ai pas
fait un mauvais calcul. Peut-être l’explosion
d’un violent désespoir, les ardentes récrimi
nations d’un amour-propre blessé eussent-
elles pu vous émouvoir davantage et vous
amener à céder... Je n’ai pas cru devoir
fausser mon caractère, j’ai souffert en silen
ce, au risque de me faire juger peu épris, et
j’ai i’amer regret de penser que, peu à peu,
j’ai laissé s’effacer et se perdre vos bonnes
dispositions pour moi...
— Non, ne le croyez pas, dit Mlle de
Clairefont avec force. Ne m’accusez pas
plus d’oubli que je ne vous ai accusé de
froideur... Les circonstances seules, fata
les, désolantes, ont tout fait...
Elle s’arrêta un instant, comme si elle
hésitait à parler, puis, prenant sa résolu
tion, elle continua d’une voix étouffée :
— En un jour, la situation dans laquelle
je me trouvais a été si gravement changée,
que je ne devais plus consentir à vous épou
ser. Vous dire la vérité, c’eût été vous met
tre dans l’obligation de passer outre, ou de
vous retirer d’une façon qui pouvait vous
paraître humiliante. Par délicatesse, je ne
l’ai pas voulu... Nous avons joué tous les
j deux le même rôle, nous avons eu une ab
négation pareille, une dignité égale, et nous
en avons été bien mal récompensés l’un et
l’autre, puisqne je vois que vous souffrez, et
que je ne puis rien pour vous consoler.
— Quoi! rien ? dit le jeune homme avec,
douleur. Mais qu’y a-t-il donc de si grave*
que ni vous ni moi ne puissions y remé
dier ?.. .
11 fit un geste de désespoir.
— Ah Mie vrai, le seul motif, c’est que
vous ne m’aimez pas ! Si votre cœur m’ap
partenait, vous n'auriez pas tant consulté
votre raison.
— J’ai pour vous une affection profonde^
et qui sera inaltérable, dit Antoinette.
— Une affection de sœur... Ce n’est paet
celle que j’attendais de vous.
— Une affection qui me faisait vous ten~
dre la main avec confiance et joie.
— Mais qui n’a pas été la plus forte, ce
pendant, et m’a sacrifié...
— A une affection plus ancienne, plus
impérieuse, celle que j’ai pour mon père.
— Eh! ne l’aimez-vous pas assez déjà?
s’écria le jeune homme avec jalousie.
— La tendresse d’un enfant pour son père
ne doit pas connaître de limites, répondit la
jeune fille avec exaltation. Mais, pour que
vous montriez tant d’insistance, il faut que
vous n’ayez rien remarqué, rien compris de
ce qui se passe ici ? Vous n’avez doue pas
vu, depuis deux ans, la ruine s’étendre plus
profonde et plus irréparable chaque jour
dans noire maison ? La lugubre comédie
qui se joue depuis tant de mois, sous les
yeux de mon père vous a donc, échappé ? A,
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