Titre : La Dépêche algérienne : journal politique quotidien
Éditeur : [s.n.] (Alger)
Date d'édition : 1885-08-14
Contributeur : Robe, Eugène (1890-1970). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32755912k
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Description : 14 août 1885 14 août 1885
Description : 1885/08/14 (A1,N29). 1885/08/14 (A1,N29).
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bd6t544811m
Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JOD-10449
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 18/04/2021
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PREFECTURE rry.fiER
Première année
Vendredi, 14 août ÎB88
JOURNAL POLITIQUE QUOTIDIEN
ABONNEMENTS :
Trois mois Six mois Un an
Algérie 4.50 O 18
Franck. ... 6 12 24
ADMINISTRATION ET RÉDACTION :
Rue de la Marine, n° 9, ancien hôtel Bazin.
Tontes les communications relatives aux annnonces et réclames doivent. «b>
Algérie, êire adressées à l’AGENCE HAVAS, boulevard de la République, Alger
En France, les communications sont reçues savoir :
A Marseille, chez M. Gustave ALLARD, rue du Bausset, 4 :
A Paris, chez MM. AUDBOURG et O, place de la Bourse, 10,
Et par leurs correspondants.
La DÉPÊCHE ALGÉRIENNE est désignée pour l’insertion des annonces légales, judiciaires et autres exigées pour la validité des procédures et contrats.
Alger, le 13 Août 1885.
LES HOMMES DD JOUR
IX
M. HERVÉ-MANGON
MINISTRE DE L’AGRICULTURE
M. Hervé-Mangon n'est entré que fort
tard dans la vie politique. Ce n est qu’en
1876 que pour la première fois, il prit part
aux luttes électorales dans l’arrondissement
de Valognes (Manche). Mais cette première
tentative fut infructueuse. Il fut plus heu
reux en 1881 et entra à la Chambre des dé
putés à lAge de 60 ans.
Aujourd’hui, il détient le portefeuille de
l’agriculture qui ne pouvait revenir à des
mains plus compétentes que les siennes, car
M. Hervé-Mangon s’est occupé toute sa vie
de questions agricoles, et l’on connaît de lui
de nombreux et remarquables ouvrages sur
ces matières, parmi lesquels il suffit de citer
le Traité de génie rural.
Sorti de l’Ecole polytechnique en 1842, il
avait suivi les cours de l’Ecole des Ponts-
et-chaussées.
Ingénieur en chef en 1865, il s’était fait
depuis longtemps un nom.
Professeur d hydraulique agricole à l’Ecole
des Ponts et Chaussées et de génie rural au
Conservatoire des arts et métiers, il fut
nommé directeur de ce dernier établisse
ment en remplacement du général Morin.
Il occupait ce poste quand les électeurs de
Valognes l’envoyèrent siéger au Parlement.
11 donna sa démission à la suite de son
élection, pour consacrer une partie de son
temps à la vie politique.
Membre de l’Académie des sciences de
puis 1872, M. Hervé-Mangon a été promu
commandeur de la Légion d’honneur en
18 . 78 .
Très accueillant, très affable avec tous, tel
est le ministre de l'Agriculture dont le nom
si sympathique aux élèves anciens et nou
veaux de l’Ecole polytechnique, n’a pas
tardé à le devenir également aux hommes
politiques avec lesquels sa nouvelle carrière
l’a mis en rapport.
NOS LAZARETS
On a pu lire,il y a quelques jours, dans des
articles qui sont rédigés par les Loriquets
de l’intransigeance, que le lazaret de Mati-
tou, grâce à l’incurie gouvernementale,
n’existait plus qu’en souvenir ; que la con
duite d’eau venant d’Aïn-Taya, qui a coûté
l’an dernier 70 mille francs, était coupée en
plusieurs endroits et ne donnait plus une
goutte d’eau ; que les pavillons destinés à
l’infirmerie et aux quarantenaires étaient en
ruines ; que le matériel de l’an dernier
n’existait plus ; enfin que toutes les sommes
dépensées l’an dernier l’avaient été inutile
ment et que tout était à refaire.
Cela semblait écrit avec une telle convic
tion, que je l'ai cru un instant, et quand je
me suis rendu au cap Matifou pour m’en
assurer, j’étais à peu près persuadé de n’y
trouver que des vestiges.
Ma surprise a été grande, car, non-seule
ment je n’ai trouvé aucune ruine, mais j’ai
pu constater des améliorations notables.
La conduite d’eau existe toujours, les
quatre bouches fonctionnent à merveille et
les quarantenaires, si nombreux soient-ils,
sont assurés d’avoir de l’eau en quantité
suffisante pour tous leurs besoins.
Et de plus, on est en train de construire
une autre conduite amenant les eaux à Tap-
pontement sur le bord de la mer, cette eau
est destinée aux navires en quarantaine.
Rien à craindre, en conséquence, en ce
qui concerne l’alimentation en eau potable.
Et les pavillons ?
Ils ne sont pas en ruines du tout, ils sont
au contraire en excellent état.
Il n’y en avait que deux l’an dernier, en
état de recevoir les passagers, il y en a
quatre aujourd’hui, ce oui est bien différent,
entièrement achevés, dallés, couverts, peints,
meublés, avec deux belles vérandas sur les
côtés.
Les deux pavillons de l’an dernier n'a
vaient que des lits de camp prêtés par l’ar
mée, les quatre pavillons actuels ont un
mobilier complet. Chaque pavillon peut
çontenir et contient 35 lits avec tous leurs
Accessoires, tables de nuit, lavabos, etc.
On y a ajouté des paravents qui permet
tront aux familles d’être réunies.
La buanderie était en plein air, elle est
aujourd’hui dans un pavillon spécial entiè
rement achevé. Il en est de même de l’in
firmerie et du pavillon destiné aux fumiga
tions.
J’ai dit que les 4 pavillons pouvaient con
tenir chacun 35 lits, les lits y sont, ce qui
fait que les pavillons peuvent, d’ores et
déjà, recevoir 140 quarantenaires. C’est déjà
un joli chiffre, mais dans le cas où ce chiffre
serait dépassé, il y a à Matifou un appro
visionnement de 400 lits complets et des
tentes de campement.
Bref, je le répète, tout ce qui existait l’an
dernier existe encore et en très bon état
d’entretien, ce qui n’était qu’ébauché est^en-
tièrement fini, et le matériel d’emprunt est
remplacé par un matériel appartenant au
Lazaret.
Est-ce à dire qu’il n’y ait plus rien à
faire !
Assurément non, et il s’en faut môme de
beaucoup.
Il faudra encore quelques centaines de
mille francs pour achever le Lazaret de
Matifou, et il eu faudra d’autres:centaines
pour les Lazarets à construire dans les dé
partements d’Oran et de Constantine, et
l’Administration civile n’a pas un centime
de crédit, ni un are de terrain à sa dispo
sition.
Partout et toujours c’est à l'administration
militaire qu’elle doit s’adresser.
Certes, cette dernière n’est jamais dans
l’embarras ; tout est à sa disposition en cas
d’épidémie : terrains, bâtiments militaires,
personnel actif intelligent, et discipliné,
médecins, matériel, soldats du train et de
plus, le nerf de la guerre, l’argent.
Il en est tout autrement pour l’adminis-
tion civile.
L’année dernière, à Oran, le lazaret
avait été provisoirement installé à Mers-
el-Kebir dans un bâtiment militaire ; cette
si'née, le Ministre de la guerre a refusé, il
a fallu chercher ailleurs ; le Préfet d’Oran a
bien trouvé un emplacement, mais il a
fourni en même temps, un état des dépen
ses à faire qui se monte, dit-on, à 240 mille
francs.
Tirez-vous de là, quand il n’y a aucune
dépense de cette nature inscrite au budget.
Il y a quelques jours j’assistais, à Matifou,
au débarquement du matériel d’ameuble
ment et j’apprenais que le transport d’Alger
à Matifou avait coûté 4 francs la tanne, mais
que le Capitaine delà Santé avait dû prendre
sur lui de payer 2 fr. 25 par tonne pour le
transport du débarcadère au lazaret.
S’il s’était agi d’un lazaret militaire le
transport aurait été fait par le train et n’au
rait rien coûté.
Et le personnel donc ?
Il existe en permanence dans l’armée; in
tendants, comptables, médecins, pharma
ciens, infirmiers, vaguemestres, gardes de
santé sont toujours là et toujours prêts.
Il faut chercher tout cela pour un lazaret
civil et le plus souvent renoncer à faire de
bons choix pour des agents toujours auxi
liaires,qu’il faut dresser et sur lesquels ou n©
peut compter, la situation qu’on leur offre,
étant tout à fait précaire.
Mais le plus grand obstacle est encore le
manque de fonds. Je suis convaincu qu’ou
eu demande tous les jours au Gouverneur
qui doit envoyer télégrammes sur télégram
mes au Ministre du Commerce, lequel doit,
répondre — s’il répond — par un non pos-
sumus.
Tout n’est pas rose dans le métier de gou
verneur de l’Algérie.
Informations algériennes
A l’examen d’admission à l’Ecole normale
des filles d’Oran, 25 jeunes filles ont pris
part au concours, 15 ont été reçues.
Voici leurs noms par ordre de mérite ;
Mlles Martinolle ; Escoffier ; Blanc ; Le
moine ; Brunei ; Dolambi ; Perusseau ; Lo-
péau ; Chabert ; Abiteboul ; Gros ; Maî-
pant ; Capdevielle ; Delrieu ; Bidorff.
X
Le conseil sanitaire de Bône prend ses
mesures contre le fléau.
Nous apprenons, en effet, que le servie®
du pilotage envoie des hommes stationner
au cap de Garde, avec ordre de conduire
au Fort-Génois tous les navires venant de
Marseille ou d’Espagne.
Nous ignorons encore quelle sera la du
rée de ces quarantaines.
X
M. Lecorbeillet a été nommé conducteur
des Ponts-et-Cbaussées à Tunis.
X
Par arrêté du ministre de l’agriculture, la
décoration du Mérite agricole a été confé
rée aux personnes dont les noms suivent :
De Rosière, capitaine, chef du bureau
arabe de Lagbouat (Alger); a été promoteur
du reboisement dans la région de Laghouat*
A créé une pépinière composée de nombreu
ses essences, couvrant une superficie de 260
hectares ;
L’Agha Si El-Hadj ben Abdallah, des
Béni -Snous (cercle de Sebdou) ; a donné
une grande extension à la culture de ses
propriétés et a donné ainsi à la population,
indigène un exemple des plus salutaires*
Plantations de vignes, de citroniers, d'oran
gers. d’oliviers. Essai de culture de la bet
terave. Emploi des charrues françaises..
feuilleton de LA DÉPÊCHE ALGÉRIENNE
n° 29.
LA
GRANDE MÂMÈRE
PAR
Georges OHNET
—j Voilà qui est un peu-fort, s’écria-t-
ellq. Comment cela a-t-il pu se faire ? J’ai
envoyé Bernard, moi-môme, hier soir, por
ter la bourse dans ton prie-Dieu. Se serait-
on permis, par hasard, de fouiller ?...
— Mais, tante, interrompit la jeune fille,
avec une vivacité enjouée, en tout cas ce
n’est pas un voleur, puisqu’au lieu de me
dérober quelque chose, on m’a laissé de l’ar
gent pour les pauvres. D’ailleurs a-t-on eu
besoin de fouiller comme vous dites ? Ber
nard n’a-t-il pas pu, tout simplement, po
ser la bourse sur mon prie-Dieu ? Enfin, je
vous prie, de quelle importance est cette
affaire, pour qu’autour vous meniez si grand
bruit ?
Elle avait des larmes dans les yeux. La
tante Isabelle craignit de lui avoir fait de la
peine, et voulant la calmer, elle dit en
riant :
— Allons ! tu verras que c’est le baron
qui se sera levé au petit jour pour aller « en
catimini » te préparer la surprise de son
offrande.
— Tante, vous savez bien que cela ne peut
être ; M. de Croix-Mesnil n’est pas matinal,
d’abord, et, ensuite, il ne savait pas que je
devais quêter...
— Je ne vois personne dans le pays à qni
faire l’honneur d’une telle libéralité, dit Mlle
Bihorel, songeuse.
— Et aucun étranger, à ma connaissance
n’est venu visiter l’église, ajouta le curé. Il
s’arrêta brusquement, son visage s’éclaira,
et, frappant ses mains l’une contre l’au
tre :
— A moins que ce ne soit le jeune hom
me que j’ai vu ce matin, en faisant le tour
de l’église, pour la bénédiction'.
— Quel jeune homme? s’écria Mlle de
Saint-Maurice, dont les sourcils se froncè
rent.
— Un jeune homme brun, avec de la bar
be, qui se tenait près des fonds baptismaux
dans un coin sombre, à droite de l’entrée.
Comme par enchantement, le visage de
Pascal fut évoqué par Antoinette, il lui ap
parut, c’était lui, elle le reconnaissait main
tenant, qui ressemblait au fils du patriarche
luttant avec l’ange. Comme l’avait écrit le
peintre, voulait-il donc gagner le ciel ? Et
que pouvait être le ciel pour un Carvajan,
sinon l’amour d’une Ciairefont? C’était lui,
à n’en pas douter, qui s’était glissé jusqu’à
son prie-Dieu, qui l’avait ouvert, et qui y
avait laissé celte preuve de son indiscrète
curiosité.
Il lui sembla étrangement hardi. La voix
de son orgueil s’éleva avec colère contre
l’audacieux. Que voulait-ii ? Qu’espérait-il ?
Parce qu’il s’était trouvé face à face avec
elle sur un chemin banal, pensait-il s’im
poser à sa pensée ? Prétendait-il la forcer à
la reconnaissance par son offensante géné
rosité ?
Cependant une voix plus douce, celle de
sa raison, répondait : Qu’y a-t-il là dont tu
puisses te plaindre ? Il a fait la charité par
tes mains, et en se cachant. II eût pu rester
dans l’église, attendre ton passage, et ou
vertement te donner son aumône. Il a craint
de te déplaire. Il n’a pas osé affronter ton
regard. Il a été timide et respectueux. Vas-
tu le lui reprocher ?
Et c’était justement ce mystère qui la
froissait. Elle sa trouvait engagée ainsi,
malgré elle, dans une sorte de complicité
avec le fils de l’ennemi de son père. En la
voyant, il pourrait sourire, comme s’il y
avait entre elle et lui un commencement
d’entente secrète.Elle eût voulu le nommer,
crier que c’était lui qui avait eu la hardiesse
de violer la cachette de son prie-Dieu, et
lui rejeter cet argent dont elle ne voulait
pas.
Elle n’osa point devant ce prêtre et devant
sa sœur. Il lui sembla qu’un tel aveu serait
une humiliation pour la maison de Ciaire
font tout entière. Et bourrelée, assombrie,
elle demeura silencieuse.
— Maintenant que tu as rendu tes comp
tes, ma fille, sauvons-nous, dit la tante de
Saint-Maurice ; Il y a belle lurette que le
baron bat la semelle à la porte .. Allons le
relever de sa faction... Au revoir, mon
cher abbé.. » Et vous, petite, bonjour.
La petite Bihorel, qui avait la cinquan
taine, fit une révérence de dévote et con
duisit les deux dames du château jusqu’à la
porte de la sacristie. A peine la tante et la
nièce furent-elles seules dans l’église, ques
Mlle de Saint-Maurice, regardant Antoinet
te avec des yeux pétillants de curiosité
— Ah çà, ma belle, je suppose que ta as
reconnu ton donateur au portrait que le curé
a tracé de lui ? C’est assurément le jeun©
sire de Carvajan, en personne.
— Tante ! murmura la jeune fille avec en
nui.
—- Eh bien ! quoi donc ? Le fils de ce
vieux coquin, pris de remords peut-être,,
rend un peu de l’argent volé par son père,
et se sert de ta main pour faire cette restit*
tution agréable aux hommes et à Dieu. C’esf
fort moral, et du dernier galant !... Tu vas;
voir que nous aurons, sans nous en douter»,
un allié dans la maison du monstre.
- Je vous en prie, tante, ne plaisantes
pas sur un pareil sujet ! dit Mlle de Ciaire
font d’une voix troublée
— Qu’est-ce doDC? Je ne*comprends pas.
ton émotion, s’écria la vieille fille avec éton
nement.
— C’est que tout cela m’humilie et me
blesse... C’est que je ne peux pas admettre
qu’un étranger s'introduise ainsi de force,
dans ma vie. Je ne connais pas cet boram°,
il m’est odieux par avance, et je ne veux
rien savoir de lui, si ce n’est qu’il est le (ils
de son père, et que je dois par conséquent^,
sinon le mépriser, au moins le haïr. D’aii—.
leurs,qui vous dit que ce u’est pas par bçavad®
PREFECTURE rry.fiER
Première année
Vendredi, 14 août ÎB88
JOURNAL POLITIQUE QUOTIDIEN
ABONNEMENTS :
Trois mois Six mois Un an
Algérie 4.50 O 18
Franck. ... 6 12 24
ADMINISTRATION ET RÉDACTION :
Rue de la Marine, n° 9, ancien hôtel Bazin.
Tontes les communications relatives aux annnonces et réclames doivent. «b>
Algérie, êire adressées à l’AGENCE HAVAS, boulevard de la République, Alger
En France, les communications sont reçues savoir :
A Marseille, chez M. Gustave ALLARD, rue du Bausset, 4 :
A Paris, chez MM. AUDBOURG et O, place de la Bourse, 10,
Et par leurs correspondants.
La DÉPÊCHE ALGÉRIENNE est désignée pour l’insertion des annonces légales, judiciaires et autres exigées pour la validité des procédures et contrats.
Alger, le 13 Août 1885.
LES HOMMES DD JOUR
IX
M. HERVÉ-MANGON
MINISTRE DE L’AGRICULTURE
M. Hervé-Mangon n'est entré que fort
tard dans la vie politique. Ce n est qu’en
1876 que pour la première fois, il prit part
aux luttes électorales dans l’arrondissement
de Valognes (Manche). Mais cette première
tentative fut infructueuse. Il fut plus heu
reux en 1881 et entra à la Chambre des dé
putés à lAge de 60 ans.
Aujourd’hui, il détient le portefeuille de
l’agriculture qui ne pouvait revenir à des
mains plus compétentes que les siennes, car
M. Hervé-Mangon s’est occupé toute sa vie
de questions agricoles, et l’on connaît de lui
de nombreux et remarquables ouvrages sur
ces matières, parmi lesquels il suffit de citer
le Traité de génie rural.
Sorti de l’Ecole polytechnique en 1842, il
avait suivi les cours de l’Ecole des Ponts-
et-chaussées.
Ingénieur en chef en 1865, il s’était fait
depuis longtemps un nom.
Professeur d hydraulique agricole à l’Ecole
des Ponts et Chaussées et de génie rural au
Conservatoire des arts et métiers, il fut
nommé directeur de ce dernier établisse
ment en remplacement du général Morin.
Il occupait ce poste quand les électeurs de
Valognes l’envoyèrent siéger au Parlement.
11 donna sa démission à la suite de son
élection, pour consacrer une partie de son
temps à la vie politique.
Membre de l’Académie des sciences de
puis 1872, M. Hervé-Mangon a été promu
commandeur de la Légion d’honneur en
18 . 78 .
Très accueillant, très affable avec tous, tel
est le ministre de l'Agriculture dont le nom
si sympathique aux élèves anciens et nou
veaux de l’Ecole polytechnique, n’a pas
tardé à le devenir également aux hommes
politiques avec lesquels sa nouvelle carrière
l’a mis en rapport.
NOS LAZARETS
On a pu lire,il y a quelques jours, dans des
articles qui sont rédigés par les Loriquets
de l’intransigeance, que le lazaret de Mati-
tou, grâce à l’incurie gouvernementale,
n’existait plus qu’en souvenir ; que la con
duite d’eau venant d’Aïn-Taya, qui a coûté
l’an dernier 70 mille francs, était coupée en
plusieurs endroits et ne donnait plus une
goutte d’eau ; que les pavillons destinés à
l’infirmerie et aux quarantenaires étaient en
ruines ; que le matériel de l’an dernier
n’existait plus ; enfin que toutes les sommes
dépensées l’an dernier l’avaient été inutile
ment et que tout était à refaire.
Cela semblait écrit avec une telle convic
tion, que je l'ai cru un instant, et quand je
me suis rendu au cap Matifou pour m’en
assurer, j’étais à peu près persuadé de n’y
trouver que des vestiges.
Ma surprise a été grande, car, non-seule
ment je n’ai trouvé aucune ruine, mais j’ai
pu constater des améliorations notables.
La conduite d’eau existe toujours, les
quatre bouches fonctionnent à merveille et
les quarantenaires, si nombreux soient-ils,
sont assurés d’avoir de l’eau en quantité
suffisante pour tous leurs besoins.
Et de plus, on est en train de construire
une autre conduite amenant les eaux à Tap-
pontement sur le bord de la mer, cette eau
est destinée aux navires en quarantaine.
Rien à craindre, en conséquence, en ce
qui concerne l’alimentation en eau potable.
Et les pavillons ?
Ils ne sont pas en ruines du tout, ils sont
au contraire en excellent état.
Il n’y en avait que deux l’an dernier, en
état de recevoir les passagers, il y en a
quatre aujourd’hui, ce oui est bien différent,
entièrement achevés, dallés, couverts, peints,
meublés, avec deux belles vérandas sur les
côtés.
Les deux pavillons de l’an dernier n'a
vaient que des lits de camp prêtés par l’ar
mée, les quatre pavillons actuels ont un
mobilier complet. Chaque pavillon peut
çontenir et contient 35 lits avec tous leurs
Accessoires, tables de nuit, lavabos, etc.
On y a ajouté des paravents qui permet
tront aux familles d’être réunies.
La buanderie était en plein air, elle est
aujourd’hui dans un pavillon spécial entiè
rement achevé. Il en est de même de l’in
firmerie et du pavillon destiné aux fumiga
tions.
J’ai dit que les 4 pavillons pouvaient con
tenir chacun 35 lits, les lits y sont, ce qui
fait que les pavillons peuvent, d’ores et
déjà, recevoir 140 quarantenaires. C’est déjà
un joli chiffre, mais dans le cas où ce chiffre
serait dépassé, il y a à Matifou un appro
visionnement de 400 lits complets et des
tentes de campement.
Bref, je le répète, tout ce qui existait l’an
dernier existe encore et en très bon état
d’entretien, ce qui n’était qu’ébauché est^en-
tièrement fini, et le matériel d’emprunt est
remplacé par un matériel appartenant au
Lazaret.
Est-ce à dire qu’il n’y ait plus rien à
faire !
Assurément non, et il s’en faut môme de
beaucoup.
Il faudra encore quelques centaines de
mille francs pour achever le Lazaret de
Matifou, et il eu faudra d’autres:centaines
pour les Lazarets à construire dans les dé
partements d’Oran et de Constantine, et
l’Administration civile n’a pas un centime
de crédit, ni un are de terrain à sa dispo
sition.
Partout et toujours c’est à l'administration
militaire qu’elle doit s’adresser.
Certes, cette dernière n’est jamais dans
l’embarras ; tout est à sa disposition en cas
d’épidémie : terrains, bâtiments militaires,
personnel actif intelligent, et discipliné,
médecins, matériel, soldats du train et de
plus, le nerf de la guerre, l’argent.
Il en est tout autrement pour l’adminis-
tion civile.
L’année dernière, à Oran, le lazaret
avait été provisoirement installé à Mers-
el-Kebir dans un bâtiment militaire ; cette
si'née, le Ministre de la guerre a refusé, il
a fallu chercher ailleurs ; le Préfet d’Oran a
bien trouvé un emplacement, mais il a
fourni en même temps, un état des dépen
ses à faire qui se monte, dit-on, à 240 mille
francs.
Tirez-vous de là, quand il n’y a aucune
dépense de cette nature inscrite au budget.
Il y a quelques jours j’assistais, à Matifou,
au débarquement du matériel d’ameuble
ment et j’apprenais que le transport d’Alger
à Matifou avait coûté 4 francs la tanne, mais
que le Capitaine delà Santé avait dû prendre
sur lui de payer 2 fr. 25 par tonne pour le
transport du débarcadère au lazaret.
S’il s’était agi d’un lazaret militaire le
transport aurait été fait par le train et n’au
rait rien coûté.
Et le personnel donc ?
Il existe en permanence dans l’armée; in
tendants, comptables, médecins, pharma
ciens, infirmiers, vaguemestres, gardes de
santé sont toujours là et toujours prêts.
Il faut chercher tout cela pour un lazaret
civil et le plus souvent renoncer à faire de
bons choix pour des agents toujours auxi
liaires,qu’il faut dresser et sur lesquels ou n©
peut compter, la situation qu’on leur offre,
étant tout à fait précaire.
Mais le plus grand obstacle est encore le
manque de fonds. Je suis convaincu qu’ou
eu demande tous les jours au Gouverneur
qui doit envoyer télégrammes sur télégram
mes au Ministre du Commerce, lequel doit,
répondre — s’il répond — par un non pos-
sumus.
Tout n’est pas rose dans le métier de gou
verneur de l’Algérie.
Informations algériennes
A l’examen d’admission à l’Ecole normale
des filles d’Oran, 25 jeunes filles ont pris
part au concours, 15 ont été reçues.
Voici leurs noms par ordre de mérite ;
Mlles Martinolle ; Escoffier ; Blanc ; Le
moine ; Brunei ; Dolambi ; Perusseau ; Lo-
péau ; Chabert ; Abiteboul ; Gros ; Maî-
pant ; Capdevielle ; Delrieu ; Bidorff.
X
Le conseil sanitaire de Bône prend ses
mesures contre le fléau.
Nous apprenons, en effet, que le servie®
du pilotage envoie des hommes stationner
au cap de Garde, avec ordre de conduire
au Fort-Génois tous les navires venant de
Marseille ou d’Espagne.
Nous ignorons encore quelle sera la du
rée de ces quarantaines.
X
M. Lecorbeillet a été nommé conducteur
des Ponts-et-Cbaussées à Tunis.
X
Par arrêté du ministre de l’agriculture, la
décoration du Mérite agricole a été confé
rée aux personnes dont les noms suivent :
De Rosière, capitaine, chef du bureau
arabe de Lagbouat (Alger); a été promoteur
du reboisement dans la région de Laghouat*
A créé une pépinière composée de nombreu
ses essences, couvrant une superficie de 260
hectares ;
L’Agha Si El-Hadj ben Abdallah, des
Béni -Snous (cercle de Sebdou) ; a donné
une grande extension à la culture de ses
propriétés et a donné ainsi à la population,
indigène un exemple des plus salutaires*
Plantations de vignes, de citroniers, d'oran
gers. d’oliviers. Essai de culture de la bet
terave. Emploi des charrues françaises..
feuilleton de LA DÉPÊCHE ALGÉRIENNE
n° 29.
LA
GRANDE MÂMÈRE
PAR
Georges OHNET
—j Voilà qui est un peu-fort, s’écria-t-
ellq. Comment cela a-t-il pu se faire ? J’ai
envoyé Bernard, moi-môme, hier soir, por
ter la bourse dans ton prie-Dieu. Se serait-
on permis, par hasard, de fouiller ?...
— Mais, tante, interrompit la jeune fille,
avec une vivacité enjouée, en tout cas ce
n’est pas un voleur, puisqu’au lieu de me
dérober quelque chose, on m’a laissé de l’ar
gent pour les pauvres. D’ailleurs a-t-on eu
besoin de fouiller comme vous dites ? Ber
nard n’a-t-il pas pu, tout simplement, po
ser la bourse sur mon prie-Dieu ? Enfin, je
vous prie, de quelle importance est cette
affaire, pour qu’autour vous meniez si grand
bruit ?
Elle avait des larmes dans les yeux. La
tante Isabelle craignit de lui avoir fait de la
peine, et voulant la calmer, elle dit en
riant :
— Allons ! tu verras que c’est le baron
qui se sera levé au petit jour pour aller « en
catimini » te préparer la surprise de son
offrande.
— Tante, vous savez bien que cela ne peut
être ; M. de Croix-Mesnil n’est pas matinal,
d’abord, et, ensuite, il ne savait pas que je
devais quêter...
— Je ne vois personne dans le pays à qni
faire l’honneur d’une telle libéralité, dit Mlle
Bihorel, songeuse.
— Et aucun étranger, à ma connaissance
n’est venu visiter l’église, ajouta le curé. Il
s’arrêta brusquement, son visage s’éclaira,
et, frappant ses mains l’une contre l’au
tre :
— A moins que ce ne soit le jeune hom
me que j’ai vu ce matin, en faisant le tour
de l’église, pour la bénédiction'.
— Quel jeune homme? s’écria Mlle de
Saint-Maurice, dont les sourcils se froncè
rent.
— Un jeune homme brun, avec de la bar
be, qui se tenait près des fonds baptismaux
dans un coin sombre, à droite de l’entrée.
Comme par enchantement, le visage de
Pascal fut évoqué par Antoinette, il lui ap
parut, c’était lui, elle le reconnaissait main
tenant, qui ressemblait au fils du patriarche
luttant avec l’ange. Comme l’avait écrit le
peintre, voulait-il donc gagner le ciel ? Et
que pouvait être le ciel pour un Carvajan,
sinon l’amour d’une Ciairefont? C’était lui,
à n’en pas douter, qui s’était glissé jusqu’à
son prie-Dieu, qui l’avait ouvert, et qui y
avait laissé celte preuve de son indiscrète
curiosité.
Il lui sembla étrangement hardi. La voix
de son orgueil s’éleva avec colère contre
l’audacieux. Que voulait-ii ? Qu’espérait-il ?
Parce qu’il s’était trouvé face à face avec
elle sur un chemin banal, pensait-il s’im
poser à sa pensée ? Prétendait-il la forcer à
la reconnaissance par son offensante géné
rosité ?
Cependant une voix plus douce, celle de
sa raison, répondait : Qu’y a-t-il là dont tu
puisses te plaindre ? Il a fait la charité par
tes mains, et en se cachant. II eût pu rester
dans l’église, attendre ton passage, et ou
vertement te donner son aumône. Il a craint
de te déplaire. Il n’a pas osé affronter ton
regard. Il a été timide et respectueux. Vas-
tu le lui reprocher ?
Et c’était justement ce mystère qui la
froissait. Elle sa trouvait engagée ainsi,
malgré elle, dans une sorte de complicité
avec le fils de l’ennemi de son père. En la
voyant, il pourrait sourire, comme s’il y
avait entre elle et lui un commencement
d’entente secrète.Elle eût voulu le nommer,
crier que c’était lui qui avait eu la hardiesse
de violer la cachette de son prie-Dieu, et
lui rejeter cet argent dont elle ne voulait
pas.
Elle n’osa point devant ce prêtre et devant
sa sœur. Il lui sembla qu’un tel aveu serait
une humiliation pour la maison de Ciaire
font tout entière. Et bourrelée, assombrie,
elle demeura silencieuse.
— Maintenant que tu as rendu tes comp
tes, ma fille, sauvons-nous, dit la tante de
Saint-Maurice ; Il y a belle lurette que le
baron bat la semelle à la porte .. Allons le
relever de sa faction... Au revoir, mon
cher abbé.. » Et vous, petite, bonjour.
La petite Bihorel, qui avait la cinquan
taine, fit une révérence de dévote et con
duisit les deux dames du château jusqu’à la
porte de la sacristie. A peine la tante et la
nièce furent-elles seules dans l’église, ques
Mlle de Saint-Maurice, regardant Antoinet
te avec des yeux pétillants de curiosité
— Ah çà, ma belle, je suppose que ta as
reconnu ton donateur au portrait que le curé
a tracé de lui ? C’est assurément le jeun©
sire de Carvajan, en personne.
— Tante ! murmura la jeune fille avec en
nui.
—- Eh bien ! quoi donc ? Le fils de ce
vieux coquin, pris de remords peut-être,,
rend un peu de l’argent volé par son père,
et se sert de ta main pour faire cette restit*
tution agréable aux hommes et à Dieu. C’esf
fort moral, et du dernier galant !... Tu vas;
voir que nous aurons, sans nous en douter»,
un allié dans la maison du monstre.
- Je vous en prie, tante, ne plaisantes
pas sur un pareil sujet ! dit Mlle de Ciaire
font d’une voix troublée
— Qu’est-ce doDC? Je ne*comprends pas.
ton émotion, s’écria la vieille fille avec éton
nement.
— C’est que tout cela m’humilie et me
blesse... C’est que je ne peux pas admettre
qu’un étranger s'introduise ainsi de force,
dans ma vie. Je ne connais pas cet boram°,
il m’est odieux par avance, et je ne veux
rien savoir de lui, si ce n’est qu’il est le (ils
de son père, et que je dois par conséquent^,
sinon le mépriser, au moins le haïr. D’aii—.
leurs,qui vous dit que ce u’est pas par bçavad®
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