Titre : La Dépêche algérienne : journal politique quotidien
Éditeur : [s.n.] (Alger)
Date d'édition : 1885-08-13
Contributeur : Robe, Eugène (1890-1970). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32755912k
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Description : 13 août 1885 13 août 1885
Description : 1885/08/13 (A1,N28). 1885/08/13 (A1,N28).
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bd6t5448108
Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JOD-10449
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 18/04/2021
PREFECTURE D'ALGER
DEPUT legal
Première année. — N° 28.
Le numéro 5 oexrtim.es.
Jeudi, 13 août 1885.
La Dépêche Alg
JOURNAL POLITIQUE QUOTIDIEN
ABONNEMENTS :
Trois mois Six mois Un an
Algérie 4.50 9 18
France 6 12 24
ADMINISTRATION ET RÉDACTION :
Rue de la Marine, n° 9, ancien hôtel Bazin.
Tontes les communications relatives aux annnonces et réclames doivent, u.
Algérie, être adressées à l’AGENCE HAVAS, boulevard de la République, Alger.
En France, les communications sont reçues savoir :
A Marseille, chez M. Gustave ALLARD, rue du Bausset, 4 :
A Paris, chez MM. AUDBOURG et C^, place de la Bourse, 10,
Et par leurs correspondants.
La DÉPÊCHE ALGÉRIENNE est désignée pour l’insertion des annonces lég
aies, judiciaires et autres exigées pour la validité des procédures et contrats.
Alger, le 12 Août 1885.
LES HOMMES DU JOUR
VIU
M. MARGUE
DÉPUTÉ DE SAONE-ET-LOIRE
En donnant hier la biographie de M. Sar-
rien, député de Saône-et-Loire, nous di
sions qu’il était bien l'homme qu’il fallait
pour remplir le programme que résument
les deux mots composant notre devise : Con
ciliation républicaine,
Dans le département si dévoué aux idées
démocratiques qui va bientôt renouveler
son mandat, un autre représentant jouit
depuis longtemps d’une popularité considé
rable. Nous voulons parler de M. Margue.
Et elle est légitimement acquise cette
popularité que n’ont pu eutamer les atta
ques virulentes autant qu’injustes de quel
ques petites feuilles locales intransigeantes
ou cléricales qui, là, comme ailleurs, s’en
tendent à merveille pour chercher a dis
créditer les républicains les plus éprouvés.
Tout le département de Saône-et-Loire
connaît Léon Margue, l’orateur chaud et vi
brant qui domine de sa voix puissante les
réunions populaires les plus tumultueuses,
et en sort toujours acclamé, toujours triom
phant.
Notre Margue, disent les Mâconnais, il
n'y en a pas comme ça. Il n’est pas beau,
mats il parle si bien, et c’est un si brave
homme.
Et c’est an brave homme, en effet, dans
toute l’acception du mot. Dans les vacances,
il habite son bourg natal de Salornay-sur-
Guye, où il reçoit chez lui tous ses visiteurs
avec la plus large et cordiale hospitalité.
En courant à travers les vignes, le fusil à
la main, il trouve le moyen de donner un
conseil, une consultation à qui le demande.
Car il est avocat et excellent avocat. Et
ceux qui veulent se souvenir ont encore
dans les oreilles ses retentissantes apostro
phes alors qu’il défendait les prévenus tra
duits devant la cour d’assises de la Seine
pour les complots contre Napoléon III, et
plus tard qu’il plaidait dans le procès poli
tique des Francs-Juges.
Il n’y a pas bien longtemps encore, en
1871, il faisait acquitter ceux qui étaient
compromis dans le procès de la commune
du Creuzot et de Lyon.
C’est en 1873 seulement qu’il débuta daus
la vie politique comme conseiller général
du canton de Cluny.
Deux ans avant, en 1871, il avait refusé,
par dévouement à son parti, une candidatu
re qui lui avait été offerte.
C’est en 1876, à l’âge de 48 ans, qu'il en
tra à la Chambre des députés comme repré
sentant de la première circonscription de
Mâcon,
Il a rapidement conquis l’estime de tous
ses collègues, grâce à son intelligence vive,
à sa parole persuasive, aux services incon
testables qu’il a rendus au pays en prenant
une part active aux travaux des commissions
où il était toujours écouté.
Très apprécié dans le monde politique
pour ses qualités, il a vu son nom voler de
bouche en bouche aux quatre coins de la
France, parce qu’un jour au milieu du bruit
d’une séance orageuse, il avait réédité le
fameux mot de Cambronne à Waterloo.
L’esprit français est ainsi fait 1 Honni
soit qui mal y pense. Un mot de cinq let
tres a rendu M. Margue plas populaire en
France que ses remarquables discours sur
l’amnistie et sur l’article 7.
Mais ce sont ceux-ci et d’autres encore
prononcés au sein des commissions qui ont
établi la réputation politique du député de
Saône-et-Loire. Aussi personne ne fut-il
surpris quand il devint le collaborateur de
M. Waldeck-Rousseau, au ministère de
l'intérieur.
Honnête et juste autant qu’habile, il rem
plit avec zèle les fonctions de sous-secrètai-,
re d’Etat qu’il conserva assez longtemps.
M. Margue, né en 1828, a aujourd’hui 57
ans.
Terminons par une phrase empruntée à
un charmant écrivain qui le connaît mieux
que personne.
Il restera toujours le défenseur des idées
progressives, le soutien de la liberté\et le
gardien vigilant de la République,
A MATIFOU
Je disais hier que les renseignements
fournis au Petit Colon sur ce qui était fait
à Matifou et ce qu’on allait faire étaient as
sez exacts.
II est très vrai que, dès que le choléra a
été constaté à Marseille et la quarantaine
décidée, on a en même temps décidé l’orga
nisation intérieure du Lazaret.
En temps ordinaire, c’est-à-dire quand il
n’y a à peu près rien à faire, un capitaine
de santé et un garde constituent ou doivent
constituer un personnel suffisant. Il cesse
de l’être, quand des navires avec patente
brute sont retenus et qu’on fait descendre
les passagers au Lazaret.
C’est alors qu’il faut les lits, les chaises,
les tables, les couvertures, les draps que le
correspondant du Petit Colon annonce et
Feuilleton de LA DÉPÊCHE ALGÉRIENNE
n° 28.
LA
6RÀHDE MARHÈRE
PAR
Georges OHNET
Avec quel plaisir je le verrais s’atta
quer à ce vieux « schismatique » de
maire !... Oh ! rendre à ce scélérat tout le
mal qu’il nous a fait, le combattre avec ses
propres armes, triompher de lui, et en rire
tout notre content !... Non, vois-tu, je ne
sais pas ce que je donnerais pour ça !
La tante Isabelle agita sa tête avec vio
lence, fit quelques pas dans la chambre,
puis, s’asseyant en face de sa nièce :
— Pourquoi ton frère n’est-il pas aussi
délié d’esprit qu’il est vigoureux de corps !...
C’est lui qui se serait attaqué au maire, et
qui lui aurait fait toucher les épaules !...
Mais il s’entend rien aux affaires... Il £est
comme ton père et comme moi... Et je vois
bien que c’est encore toi, ma fille, qui es la
plus forte tête de la famille... N’importe !
Singulier temps que celui où un Carvajan
peut tourmenter un Clairefont, et où il n’y
a pas d’autre aide, d’autre secours à atten
dre que de soi-même... Autrefois, on se
rait allé trouver le roi, et en un tour de
main l’affaire aurait été arrangée... Au
jourd’hui, rien !... Si la balance penche,
c’est du côté de ces drôles, et toutes les grâ
ces sont pour eux... Plus ils sont scélérats,
plus ils sont sûrs d’être favorisés. Ma pau
vre enfant, tu le vois, nous n’avons pour
nous aucune chance, et il faut nous rési
gner.
— C’est ce qu’il y aura de plus facile,
tante ; et nous ne changerons guère d’exis
tence. Comment vivons-nous depuis deux
ans ici ? De la façon la plus misérable. Nous
sommes, tous les quatre, perdus dans ce
grand château froid et silencieux. Nous
nous y cherchons tristement. Or, la pau
vreté est cent fois plus pénible dans une de
meure faite pour le luxe, que dans une mo
deste maison. C’est à Clairefont que je suis
née, que j’ai grandi, et que j’ai souffert.
Mille liens m’attachent à cette terre. Mais
je les romprai sans regrets si nous devons
trouver ailleurs le repos et la sécurité de la
vie. Que mon père soit calme et libre, que
sa vieillesse soit à l’abri des agitations et
des soucis, que nous sortions des difficultés
de l’heure présente, avec notre nom intact,
et, je vous le jure, je n’aurai pas une larme
pour le passé brillant, je n’aurai que des
actions de grâces pour le présent humble et
heureux.
— Et tu resteras fille ?
— Et je resterai fille, ma foi oui, tante,
comme vous. Nous finirons, toutes les deux,
par avoir le même âge, nous nous créerons
des manies, nous jouerons aux cartes, nous
mettrons des petits bonnets à rubans très
jeunes, nous ferons des confitures. Papa
qui, en effet, se trouvent à Matifou. C’est
alors qu’il faut les gardes, les surveillants,
les garçons, les femmes de chambre, les
blanchisseuses, les infirmiers qui, ainsi que
le dit l’aimable reporter, ont été ou vont
être envoyés au Lazarat.
C’est alors qu’il faut envoyer un docteur,
établir un restaurant, organiser le service
postal et télégraphique et le transport des
passagers.
Se figure-t-on un pareil personnel installé
sans motif à Matifou depuis plusieurs mois?
Quelle mine ferait le restaurateur ? A quoi
passerait son temps le receveur des Postes?
Et tous ces gardes, ces surveillants, ces in
firmiers qui auraient coûté fort cher pour
ne rien produire ?
Mais il faut bien critiquer un brin ! ! Ne
fût-ce que pour avoir l’occasion de faire
l’éloge de ce brave capitaine Philippe, un
excellent homme que tout le monde aime,
qui tutoie tout le monde à Alger, qui a cer
tainement beaucoup de qualités dont la plus
grande est celle d’être le fils de Madame
Philippe, une digne femme, dans la librairie
de laquelle, rue Bab-Azoun, les anciens Al
gériens allaient choisir les romans du jour,
moyennant un prix d’abonnnement de deux
francs par mois.
On peut décerner au capitaine Philippe
des médailles en argent ou eu or, personne
ne s’en plaindra, c’est le fils de Madame
Philippe.
On le décorerait môme, qu’on trouverait
pas mal de gens pour approuver, moi, tout
le premier, parce que c’est le fils de Madame
Philippe.
Mais, par exemple, je ne crois pas qu’il
faille lui laisser la directiou du Lazaret de
Matifou dans les circonstances actuelles,
circonstances qui peuvent devenir très diffi
ciles. Il faut aujourd’hui au Lazaret de Ma
tifou un homme énergique, intelligent,
ayant de l’autorité et sachant l’exercer. Je
suis étonné que le correspondant du Petit
Colon n’ait pas dit un mot de cette néces
sité.
Informations algériennes
L’élection municipale qui a eu lieu di
manche à Oran n’a donné aucun résultat.
Voici la liste des candidats avec les voix
qu’ils ont obtenues :
Bogros, avocat 295
Johner, fondeur 288
Poncelet, ingénieur civil 287
Laudre, asphaltier 283
Curtet, propriétaire 278
Blanchet, père, peintre 274
Reboul, propriétaire 270
Benayon, entrepreneur 268
Medard, avocat 264
Djian Joseph, ex-jouroaliste. 225
Il y a ballottage.
X
A partir du lundi, 17 courant, une école
maternelle, laïque et gratuite sera ouverte à
Sêtif.
X
Par décision de M. le Gouverneur géné
ral, en date du 4 août 1885,
Si Djedid ben El Hadj Amar, eli ikh
d’Aïn-Adjadja, ville d’Ouaigla, cercle de
Ghardaïa, a éiô nommé cheikh des ksars
d’Aïn-Adjadja et de Chott, réunis à la *uite
de la révocation d’Abd-El-Kader El-Bissati.
cheikh du dernier de ces ksars.
X
M le général Ritter, commandant la di
vision de Constautine, a donné Tordre, en
raison des chaleurs excessives qui régnent
dans l’Est, de mettre un bâteau à la dispo
sition du contingent algérien, en ga; neott
à Bougie, à l’effet de se rendre à Pniiijtpe—
ville pour désarmer.
De cette dernière ville, les Algériens s’em
barqueront pour Alger.
X
On mande de Tunis que des chaleurs tro
picales régnent dans la vallée de la Meiljar»
dah.
De nombreux cas d’insolation ont étô
constatés chez les indigènes.
Le thermomètre accuse jusqu’à 44° à l'om*
bre et un gendarme est mort lundi des sui*
tes d’ude insolation.
X
Le Directeur de l’armée tunisienne, M. la
comandant Camboche, vient d’être promu
lieutenant-colonel.
M.Camboche s’était faitremarquercomme
administrateur distingué dans la réorgani
sation de l’armée tunisienne.
LaCaiMure?
de M. Jules Ferry
On lit dans Y Intransigeant :
« L'Akhbar annonce comme certain qu’
groupe d’Algériens aurait offert une carn
dature à Ferry-Pot-de-Vin, qui l’aurait a
ceptée.
nous racontera ses inventions, qu’il n’aura
pas le moyen de réaliser, et nous les admi
rerons sans arrière-pensée, puisqu’elles ne
coûleront plus rien... Et, comme nous trou
verons toujours bien à Saint-Maurice de
quoi nourrir un cheval, quand il fera beau
et que nous aurons été très sages, nous
courrons les bois en voiture avec Robert...
Allons, riez, tante ! 11 se rencontrera encore
de bons jours pour nous... Avec de la phi
losophie on s’accommode de tout dans la
vie. Et quand on est avec ceux qu’on aime,
de quoi peut-on se plaindre ?
La vieille se dressa en pied, elle ouvrit
ses longs bras, et, saisissant sa nièce par les
épaules, elle la serra avec force sur sa poi
trine osseuse,
— Chère enfant du bon Dieu ! s’écria-t-
elle avec attendrissement, oui, partout où
tu seras il y aura du bonheur. Tu es notre
lumière, notre rayon... Sans toi, qu’est-ce
que nous deviendrions ? Ya, tu as raison,
n’épouse pas ton dragon... Avec nous tu
seras pauvre, mais au moins, tu resteras li
bre.. . Avec lui tu serais un peu plus riche,
mais tu ne t’appartiendrais plus ! Et ce se
rait un désastre ! Je suis une abominable
égoïste, je ne pense qu’à moi quand je t’en
courage dans tes idées d’indépendance...
Mais, me blâme qui voudra : tu es ma vi
vante excuse.
Elle tenait entre ses vastes mains la tête
de la jeune fille et la contemplait avec ad-
ration. Dans le désordre de ses cheveux,
avec son teint rosé, ses yeux bleus, sa bou
che tendre et son air de candeur fiêre, An
toinette rappelait ces charmantes figures c
Greuze, pleines à la fois de grâce pudiqi
et de coquette innocence. Ses bras nus soi
taient des manches de son peignoir, et a
bas de la jupe tuyautée, dans une ,peti
mule de satin, apparaissait le bout d’n
pied mignon, qui s’agitait léger, comme u
oiseau prêt à s’envoler.
—Ne vonsadressez pas de reproches,tant
dit Antoinette, en se détournant un pei
vous n’aurez pas influé sur ma volonté..
Ma décision est prise, depuis longtemi
déjà, et je n’attends qu’une occasion poi
la faire connaître à M. de Croix-Mesnil..
C’est un galant homme, ne craignez rien,
comprendra mes raisons, et restera not]
ami. Quant à mon père, le mieux est de i
lui rien dire. Aujourd’hui surtout ! Laissoi
passer la fête. Ét demain, s’il y a liei
nous tiendrons conseil de famille.
— Espérons que rien de fâcheux n’aggn
vera la situation, dit la tante de Saint-Mat
rice. J’ai de mauvais pressentiments... ]
rarement ils m’ont trompée...
Mlle de Clairefont agita lentement sa té
pensive.
— Nous prierons le bon Dieu de noi
épargner un surcroît de tristesse. Il ne pe
vouloir nous accabler. Mais si c’est sc
dessein...
— Alors, je souhaite que ce soit moi set
le qu’il frappe, s’écria la vieille fille, avi
une ardeur de dévouement qui fit mont
des flammes à son visage, et que vous, m
chers enfants, vous soyez épargnés.
Une bouffée d’air plus vif apporta ai
DEPUT legal
Première année. — N° 28.
Le numéro 5 oexrtim.es.
Jeudi, 13 août 1885.
La Dépêche Alg
JOURNAL POLITIQUE QUOTIDIEN
ABONNEMENTS :
Trois mois Six mois Un an
Algérie 4.50 9 18
France 6 12 24
ADMINISTRATION ET RÉDACTION :
Rue de la Marine, n° 9, ancien hôtel Bazin.
Tontes les communications relatives aux annnonces et réclames doivent, u.
Algérie, être adressées à l’AGENCE HAVAS, boulevard de la République, Alger.
En France, les communications sont reçues savoir :
A Marseille, chez M. Gustave ALLARD, rue du Bausset, 4 :
A Paris, chez MM. AUDBOURG et C^, place de la Bourse, 10,
Et par leurs correspondants.
La DÉPÊCHE ALGÉRIENNE est désignée pour l’insertion des annonces lég
aies, judiciaires et autres exigées pour la validité des procédures et contrats.
Alger, le 12 Août 1885.
LES HOMMES DU JOUR
VIU
M. MARGUE
DÉPUTÉ DE SAONE-ET-LOIRE
En donnant hier la biographie de M. Sar-
rien, député de Saône-et-Loire, nous di
sions qu’il était bien l'homme qu’il fallait
pour remplir le programme que résument
les deux mots composant notre devise : Con
ciliation républicaine,
Dans le département si dévoué aux idées
démocratiques qui va bientôt renouveler
son mandat, un autre représentant jouit
depuis longtemps d’une popularité considé
rable. Nous voulons parler de M. Margue.
Et elle est légitimement acquise cette
popularité que n’ont pu eutamer les atta
ques virulentes autant qu’injustes de quel
ques petites feuilles locales intransigeantes
ou cléricales qui, là, comme ailleurs, s’en
tendent à merveille pour chercher a dis
créditer les républicains les plus éprouvés.
Tout le département de Saône-et-Loire
connaît Léon Margue, l’orateur chaud et vi
brant qui domine de sa voix puissante les
réunions populaires les plus tumultueuses,
et en sort toujours acclamé, toujours triom
phant.
Notre Margue, disent les Mâconnais, il
n'y en a pas comme ça. Il n’est pas beau,
mats il parle si bien, et c’est un si brave
homme.
Et c’est an brave homme, en effet, dans
toute l’acception du mot. Dans les vacances,
il habite son bourg natal de Salornay-sur-
Guye, où il reçoit chez lui tous ses visiteurs
avec la plus large et cordiale hospitalité.
En courant à travers les vignes, le fusil à
la main, il trouve le moyen de donner un
conseil, une consultation à qui le demande.
Car il est avocat et excellent avocat. Et
ceux qui veulent se souvenir ont encore
dans les oreilles ses retentissantes apostro
phes alors qu’il défendait les prévenus tra
duits devant la cour d’assises de la Seine
pour les complots contre Napoléon III, et
plus tard qu’il plaidait dans le procès poli
tique des Francs-Juges.
Il n’y a pas bien longtemps encore, en
1871, il faisait acquitter ceux qui étaient
compromis dans le procès de la commune
du Creuzot et de Lyon.
C’est en 1873 seulement qu’il débuta daus
la vie politique comme conseiller général
du canton de Cluny.
Deux ans avant, en 1871, il avait refusé,
par dévouement à son parti, une candidatu
re qui lui avait été offerte.
C’est en 1876, à l’âge de 48 ans, qu'il en
tra à la Chambre des députés comme repré
sentant de la première circonscription de
Mâcon,
Il a rapidement conquis l’estime de tous
ses collègues, grâce à son intelligence vive,
à sa parole persuasive, aux services incon
testables qu’il a rendus au pays en prenant
une part active aux travaux des commissions
où il était toujours écouté.
Très apprécié dans le monde politique
pour ses qualités, il a vu son nom voler de
bouche en bouche aux quatre coins de la
France, parce qu’un jour au milieu du bruit
d’une séance orageuse, il avait réédité le
fameux mot de Cambronne à Waterloo.
L’esprit français est ainsi fait 1 Honni
soit qui mal y pense. Un mot de cinq let
tres a rendu M. Margue plas populaire en
France que ses remarquables discours sur
l’amnistie et sur l’article 7.
Mais ce sont ceux-ci et d’autres encore
prononcés au sein des commissions qui ont
établi la réputation politique du député de
Saône-et-Loire. Aussi personne ne fut-il
surpris quand il devint le collaborateur de
M. Waldeck-Rousseau, au ministère de
l'intérieur.
Honnête et juste autant qu’habile, il rem
plit avec zèle les fonctions de sous-secrètai-,
re d’Etat qu’il conserva assez longtemps.
M. Margue, né en 1828, a aujourd’hui 57
ans.
Terminons par une phrase empruntée à
un charmant écrivain qui le connaît mieux
que personne.
Il restera toujours le défenseur des idées
progressives, le soutien de la liberté\et le
gardien vigilant de la République,
A MATIFOU
Je disais hier que les renseignements
fournis au Petit Colon sur ce qui était fait
à Matifou et ce qu’on allait faire étaient as
sez exacts.
II est très vrai que, dès que le choléra a
été constaté à Marseille et la quarantaine
décidée, on a en même temps décidé l’orga
nisation intérieure du Lazaret.
En temps ordinaire, c’est-à-dire quand il
n’y a à peu près rien à faire, un capitaine
de santé et un garde constituent ou doivent
constituer un personnel suffisant. Il cesse
de l’être, quand des navires avec patente
brute sont retenus et qu’on fait descendre
les passagers au Lazaret.
C’est alors qu’il faut les lits, les chaises,
les tables, les couvertures, les draps que le
correspondant du Petit Colon annonce et
Feuilleton de LA DÉPÊCHE ALGÉRIENNE
n° 28.
LA
6RÀHDE MARHÈRE
PAR
Georges OHNET
Avec quel plaisir je le verrais s’atta
quer à ce vieux « schismatique » de
maire !... Oh ! rendre à ce scélérat tout le
mal qu’il nous a fait, le combattre avec ses
propres armes, triompher de lui, et en rire
tout notre content !... Non, vois-tu, je ne
sais pas ce que je donnerais pour ça !
La tante Isabelle agita sa tête avec vio
lence, fit quelques pas dans la chambre,
puis, s’asseyant en face de sa nièce :
— Pourquoi ton frère n’est-il pas aussi
délié d’esprit qu’il est vigoureux de corps !...
C’est lui qui se serait attaqué au maire, et
qui lui aurait fait toucher les épaules !...
Mais il s’entend rien aux affaires... Il £est
comme ton père et comme moi... Et je vois
bien que c’est encore toi, ma fille, qui es la
plus forte tête de la famille... N’importe !
Singulier temps que celui où un Carvajan
peut tourmenter un Clairefont, et où il n’y
a pas d’autre aide, d’autre secours à atten
dre que de soi-même... Autrefois, on se
rait allé trouver le roi, et en un tour de
main l’affaire aurait été arrangée... Au
jourd’hui, rien !... Si la balance penche,
c’est du côté de ces drôles, et toutes les grâ
ces sont pour eux... Plus ils sont scélérats,
plus ils sont sûrs d’être favorisés. Ma pau
vre enfant, tu le vois, nous n’avons pour
nous aucune chance, et il faut nous rési
gner.
— C’est ce qu’il y aura de plus facile,
tante ; et nous ne changerons guère d’exis
tence. Comment vivons-nous depuis deux
ans ici ? De la façon la plus misérable. Nous
sommes, tous les quatre, perdus dans ce
grand château froid et silencieux. Nous
nous y cherchons tristement. Or, la pau
vreté est cent fois plus pénible dans une de
meure faite pour le luxe, que dans une mo
deste maison. C’est à Clairefont que je suis
née, que j’ai grandi, et que j’ai souffert.
Mille liens m’attachent à cette terre. Mais
je les romprai sans regrets si nous devons
trouver ailleurs le repos et la sécurité de la
vie. Que mon père soit calme et libre, que
sa vieillesse soit à l’abri des agitations et
des soucis, que nous sortions des difficultés
de l’heure présente, avec notre nom intact,
et, je vous le jure, je n’aurai pas une larme
pour le passé brillant, je n’aurai que des
actions de grâces pour le présent humble et
heureux.
— Et tu resteras fille ?
— Et je resterai fille, ma foi oui, tante,
comme vous. Nous finirons, toutes les deux,
par avoir le même âge, nous nous créerons
des manies, nous jouerons aux cartes, nous
mettrons des petits bonnets à rubans très
jeunes, nous ferons des confitures. Papa
qui, en effet, se trouvent à Matifou. C’est
alors qu’il faut les gardes, les surveillants,
les garçons, les femmes de chambre, les
blanchisseuses, les infirmiers qui, ainsi que
le dit l’aimable reporter, ont été ou vont
être envoyés au Lazarat.
C’est alors qu’il faut envoyer un docteur,
établir un restaurant, organiser le service
postal et télégraphique et le transport des
passagers.
Se figure-t-on un pareil personnel installé
sans motif à Matifou depuis plusieurs mois?
Quelle mine ferait le restaurateur ? A quoi
passerait son temps le receveur des Postes?
Et tous ces gardes, ces surveillants, ces in
firmiers qui auraient coûté fort cher pour
ne rien produire ?
Mais il faut bien critiquer un brin ! ! Ne
fût-ce que pour avoir l’occasion de faire
l’éloge de ce brave capitaine Philippe, un
excellent homme que tout le monde aime,
qui tutoie tout le monde à Alger, qui a cer
tainement beaucoup de qualités dont la plus
grande est celle d’être le fils de Madame
Philippe, une digne femme, dans la librairie
de laquelle, rue Bab-Azoun, les anciens Al
gériens allaient choisir les romans du jour,
moyennant un prix d’abonnnement de deux
francs par mois.
On peut décerner au capitaine Philippe
des médailles en argent ou eu or, personne
ne s’en plaindra, c’est le fils de Madame
Philippe.
On le décorerait môme, qu’on trouverait
pas mal de gens pour approuver, moi, tout
le premier, parce que c’est le fils de Madame
Philippe.
Mais, par exemple, je ne crois pas qu’il
faille lui laisser la directiou du Lazaret de
Matifou dans les circonstances actuelles,
circonstances qui peuvent devenir très diffi
ciles. Il faut aujourd’hui au Lazaret de Ma
tifou un homme énergique, intelligent,
ayant de l’autorité et sachant l’exercer. Je
suis étonné que le correspondant du Petit
Colon n’ait pas dit un mot de cette néces
sité.
Informations algériennes
L’élection municipale qui a eu lieu di
manche à Oran n’a donné aucun résultat.
Voici la liste des candidats avec les voix
qu’ils ont obtenues :
Bogros, avocat 295
Johner, fondeur 288
Poncelet, ingénieur civil 287
Laudre, asphaltier 283
Curtet, propriétaire 278
Blanchet, père, peintre 274
Reboul, propriétaire 270
Benayon, entrepreneur 268
Medard, avocat 264
Djian Joseph, ex-jouroaliste. 225
Il y a ballottage.
X
A partir du lundi, 17 courant, une école
maternelle, laïque et gratuite sera ouverte à
Sêtif.
X
Par décision de M. le Gouverneur géné
ral, en date du 4 août 1885,
Si Djedid ben El Hadj Amar, eli ikh
d’Aïn-Adjadja, ville d’Ouaigla, cercle de
Ghardaïa, a éiô nommé cheikh des ksars
d’Aïn-Adjadja et de Chott, réunis à la *uite
de la révocation d’Abd-El-Kader El-Bissati.
cheikh du dernier de ces ksars.
X
M le général Ritter, commandant la di
vision de Constautine, a donné Tordre, en
raison des chaleurs excessives qui régnent
dans l’Est, de mettre un bâteau à la dispo
sition du contingent algérien, en ga; neott
à Bougie, à l’effet de se rendre à Pniiijtpe—
ville pour désarmer.
De cette dernière ville, les Algériens s’em
barqueront pour Alger.
X
On mande de Tunis que des chaleurs tro
picales régnent dans la vallée de la Meiljar»
dah.
De nombreux cas d’insolation ont étô
constatés chez les indigènes.
Le thermomètre accuse jusqu’à 44° à l'om*
bre et un gendarme est mort lundi des sui*
tes d’ude insolation.
X
Le Directeur de l’armée tunisienne, M. la
comandant Camboche, vient d’être promu
lieutenant-colonel.
M.Camboche s’était faitremarquercomme
administrateur distingué dans la réorgani
sation de l’armée tunisienne.
LaCaiMure?
de M. Jules Ferry
On lit dans Y Intransigeant :
« L'Akhbar annonce comme certain qu’
groupe d’Algériens aurait offert une carn
dature à Ferry-Pot-de-Vin, qui l’aurait a
ceptée.
nous racontera ses inventions, qu’il n’aura
pas le moyen de réaliser, et nous les admi
rerons sans arrière-pensée, puisqu’elles ne
coûleront plus rien... Et, comme nous trou
verons toujours bien à Saint-Maurice de
quoi nourrir un cheval, quand il fera beau
et que nous aurons été très sages, nous
courrons les bois en voiture avec Robert...
Allons, riez, tante ! 11 se rencontrera encore
de bons jours pour nous... Avec de la phi
losophie on s’accommode de tout dans la
vie. Et quand on est avec ceux qu’on aime,
de quoi peut-on se plaindre ?
La vieille se dressa en pied, elle ouvrit
ses longs bras, et, saisissant sa nièce par les
épaules, elle la serra avec force sur sa poi
trine osseuse,
— Chère enfant du bon Dieu ! s’écria-t-
elle avec attendrissement, oui, partout où
tu seras il y aura du bonheur. Tu es notre
lumière, notre rayon... Sans toi, qu’est-ce
que nous deviendrions ? Ya, tu as raison,
n’épouse pas ton dragon... Avec nous tu
seras pauvre, mais au moins, tu resteras li
bre.. . Avec lui tu serais un peu plus riche,
mais tu ne t’appartiendrais plus ! Et ce se
rait un désastre ! Je suis une abominable
égoïste, je ne pense qu’à moi quand je t’en
courage dans tes idées d’indépendance...
Mais, me blâme qui voudra : tu es ma vi
vante excuse.
Elle tenait entre ses vastes mains la tête
de la jeune fille et la contemplait avec ad-
ration. Dans le désordre de ses cheveux,
avec son teint rosé, ses yeux bleus, sa bou
che tendre et son air de candeur fiêre, An
toinette rappelait ces charmantes figures c
Greuze, pleines à la fois de grâce pudiqi
et de coquette innocence. Ses bras nus soi
taient des manches de son peignoir, et a
bas de la jupe tuyautée, dans une ,peti
mule de satin, apparaissait le bout d’n
pied mignon, qui s’agitait léger, comme u
oiseau prêt à s’envoler.
—Ne vonsadressez pas de reproches,tant
dit Antoinette, en se détournant un pei
vous n’aurez pas influé sur ma volonté..
Ma décision est prise, depuis longtemi
déjà, et je n’attends qu’une occasion poi
la faire connaître à M. de Croix-Mesnil..
C’est un galant homme, ne craignez rien,
comprendra mes raisons, et restera not]
ami. Quant à mon père, le mieux est de i
lui rien dire. Aujourd’hui surtout ! Laissoi
passer la fête. Ét demain, s’il y a liei
nous tiendrons conseil de famille.
— Espérons que rien de fâcheux n’aggn
vera la situation, dit la tante de Saint-Mat
rice. J’ai de mauvais pressentiments... ]
rarement ils m’ont trompée...
Mlle de Clairefont agita lentement sa té
pensive.
— Nous prierons le bon Dieu de noi
épargner un surcroît de tristesse. Il ne pe
vouloir nous accabler. Mais si c’est sc
dessein...
— Alors, je souhaite que ce soit moi set
le qu’il frappe, s’écria la vieille fille, avi
une ardeur de dévouement qui fit mont
des flammes à son visage, et que vous, m
chers enfants, vous soyez épargnés.
Une bouffée d’air plus vif apporta ai
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