Titre : La Dépêche algérienne : journal politique quotidien
Éditeur : [s.n.] (Alger)
Date d'édition : 1885-08-10
Contributeur : Robe, Eugène (1890-1970). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32755912k
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Description : 10 août 1885 10 août 1885
Description : 1885/08/10 (A1,N25). 1885/08/10 (A1,N25).
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bd6t544807c
Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JOD-10449
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 18/04/2021
JOURNAL POLITIQUE QUOTIDIEN
Première année. — N° 25.
PRÉFECTURE D' \I.GER
DEPOT LEGAL
L© numéro S centimes.
Lundi, 10 août 1885.
Algérie
France.
ABONNEMENTS :
Trois mois Six mois
.. . 4 . 5 © ©
y.” 6 42
Un an
18
24
ADMINISTRATION ET RÉDACTION :
Rue de la Marine, n° 9, ancien hôtel Bazin.
Tontes les communications relatives aux annnonces et réclames doivent, «R
Algérie, être adressées à F AGENCE HAVAS, boulevard de la République, Alger.
En France, les communications sont reçues savoir :
A Marseille, chei M. Gustave ALLARD, rue du Bausset, 4 ;
A Paris, chez MM. AUDBOURG et O, place de la Bourse, 10,
Et par lenrs correspondants.
La DÉPÊCHE ALGÉRIENNE est désignée pour l’insertiou des annonces légales, judiciaires et autres exigées pour la validité des procédures et contrats.
Alger, le 9 Août 1885.
LES HOMMES DD JOÜR
V
M. ALLAIN-TARGÊ
MINISTRE DE L’INTÉRIEUR
M. Allain-Targè est actuellement âgé de
cinquante-trois ans Né à Angers, il s’est
vite acclimaté souple ciel parisien, et de
puis longtemps déjà, c’est un arrondisse
ment de Paris qu’il représente à la Cham
bre. Bientôt ce sera Paris tout entier.
Après avoir fait son droit à Poitiers, i! se
fit inscrire au barreau d’Angers en 1853 et
lut nommé, en juillet 1861 ; substitut du pro
cureur impérial près la cour de cette ville.
Deux ans plus tard, il'donnait sa démission
et venait à Paris collaborer à Y Avenir na
tional et au Courrier du dimanche.
Il fondait, en 1868, la Revue politique
avec ses amis Challemel-Lacour et Brisson,
pour reprendre bientôt sa place à VAvenir
national après la suppression de. la Revue.
M. Allain-Targè a depuis collaboré acti
vement à ia République française où ses
articles ont toujours été fort remarqués,
C’est surtout dans les questions du finan
ces qu’il a montré une compétence indiscu
table .
Aussi a-t-il toujours été considéré comme
un des membres les plus utiles et les plus
sérieux du Parlement.
Partisan de la guerre h outrance comme
Gambetta dont il fut l’ami et le collabora
teur,il réclama non moins énergiquement en
arrivant à l'Assemblée, l’amnistie pleine et
entière, exécutant ainsi loyalement l’un des
points principaux du programme contenu
dans sa profession de foi à ses électeurs.
Avant de venir siéger a la Chambre,
M. Allain-Targè avait été successivement
préfet de Maine-et-Loire et préfet de la Gi
ronde. Démis-ionnaire après 1: vote des
préliminaires de paix qui a «ut surre^cité
son à me ar en e de patriote, il revint 4 Pa
ris où il fut bientôt élu conseiller municipal
dans le 19 a arrondissement.
Il siégea pendant cinq ans au Conseil
municipal, jusqu’au jour où Larron ibse-
ment de la Yiiletté reconnaissant l’envoya
prendre place à l’Assemblée nationale, où il
combattu, en juin 1876, le projet dV-mprunt,
de 120 millions à contracter par ia Vilie de
Paris.
A partir de ce moment, son rôle pôütique
est trop connu pour que nous croyions utile
de le rappeler à nos lecteurs.
Travaiil eur consciencieux, économiste
distingué, partisan convaincu du progrès, il
était fait pour séduire les électeurs pari
siens qui l’ont envoyé à la Chambre en 1877
et en 1881, comme ils îe feront dans quel
ques semaines.
Et ce sera justice. Car de tels hommes
sont trop rares pour que les républicains ne
fassent pas tous’ leurs efforts pour récom
penser les services rendus par ces vaillants
athlètes de la démocratie en leur imposant
le devoir de lui en rendre de nouveaux.
Législation Forestière
ri
Expropriation des enclaves. - Tranchées
de protection
En France, où la propriété est parfai
tement établie, l'étendue des enclaves qui
peuvent exister dans les bois et forêts de
l’Etat est nettement déterminée. Il n’en sera
de même en Algérie qu’aprés l’application
de la loi de 1874 et la délimitation du do
maine forestier. Mais alors même que ces
enclaves seraient considérablement réduites
à fa suite de l’examen des titres des Indi
gènes, elles n’en constitueraient pas moins
un danger permanent pour nos forêts, par
suite des habitudes des Indigènes ; la plu
part des incendies qui ont causé tant de
dégâts dans nos richesses forestières, oDt,
prb. commencement dans les enclaves pos
sédées par les Indigènes. En Algérie, l’in
térêt qui s’attache à la. conservation des
forêts de l’Etat est tel, que le légis
lateur a considéré comme une mesure de
salut public d'autoriser fe- propriation des
enclaves, toutes les fois que la nécessité en
serait constatée par une déclaration d’utilité
publique.
« Si l’on considère, dit YExposè des mo
tifs , qu’en Algérie, la sécheresse est un des
plus grands obstacles au progrès de la colo
nisation, que l’eau y fait défaut à ce point,
que le législateur de 1851 a classé les cours
d’eau de toute sorte et les sources dans les
dépendances du domaine public, et si l’on
envisage l’action incontestable que les forêts
exercent sur ie climat, on comprendra que
l’Etat doit pouvoir éloigner de ses forêts des
Indigènes dont la manière de vivre, en plein
air ou dans des gourbis, au milieu de brous
sailles facilement inflammables, est un
danger permanent d’incendie
Cette faculté est étendue aux corps mo
raux, communes et établissements publics
dont les forêts sont, comme celles de l’Etat,
soumises au régime forestier, et à l’intérieur
ou autour desquelles, même en France, les
constructions de toute nature ne peuvent
être établies sans l’autorisation expresse et
formelle du gouvernement.
On s’est divisé un instant sur la question
desavoir, si le droit de recourir à l’expro
priation des enclaves devait être au moins
accordé aux particuliers propriétaires de
bois, mais le gouvernement a reculé devant
ce qu’aurait d’excessif la déclaration d’uti
lité publique mise au service d’intérêts pri
vés, et, aussi, de vant les abus et les dangers
qui pourraient en résulter.
S’il est en effet certain que ie gouverne
ment n’usera de l’arme mise entre ses
mains que lorsqu’il lui sera impossible d’ar
river à une entente avec les. indigènes, en
leur faisant accepter une attribution terri
toriale eu compensation d’une enclave, il
était à redouter que ia spéculation dictât
parois la conduite des particuliers.
Après la déclaration d’utilité publique, il
sera procédé à l’expropriation et à la prise
de possession d’urgence dans les formes
édictées par l’ordonnance du 1 er octobre
1844, dont la loi du 16 juin 1851 a consacré
les dispositions et qui, par suite, comme l’a
très judicieusement fait observer le rappor
teur au Conseil du gouvernement, ne- sau
raient être modifiées que par une loi.
La faculté accordée aux prop iétaires des
forêts de cliônes-liège non entièrement dé
broussaillées d’imposer aux propriétaires
limitrophes de terrains de même nature,
l’ouverture et l’entretien à' frais communs
d’une tranchée de séparation sur toute ia
ligne des deux héritages, a pour but d’arrê
ter en cas d’incendie lés progrès du feu, et
d’en faciliter l’extinction en ouvrant de vé
ritables routes aux travailleurs.
réduite aux forêts de chênes-liège, les
seules ayant une valeur suffisante pour com
penser le sacrifice imposé.
La loi ne détermine ni les longeurs de la
tranchée de protection, ni la répartition de
de cette longueur sur chacun des fonds li
mitrophes. Le soin de les fixer est laissé
aux parties intéressées et, en cas de désac
cord, au Préfet, le conservateur des forêts
entendu.
Cette procédure très simple, celle des ac
tions en bornage a été adoptée pour l’exer
cice, l’instruction et ie jugement des actions
concernant l’ouverture et l’entretien des
tranchées de protection.
Il ne faudrait pas cependant se faire d’il
lusions sur l’eîfficâcité de ces tranchées
comme moyen de protection contre l’incen-
die, elle est très contestée ; mais leur utilité
est parfaitement démontrée comme chemin
pour dirige^ i es secoure et pour assurer, au
besoin, une retraite aux ouvriers qui com
battent le feu. Les travaux réduits à l’ex
traction des essences résineuses et au dô-
broussaîliement, et laissant par suite sur
pie i tous les chênes-liège, arbres de rap
port, diminuent d’ailleurs dans une propor
tion notable les sacrifices imposés aux pro
priétaires riverains.
Infonatioos algériennes
Nous apprenons qu’en prévision d^s qua
rantaines qui vont être imposées aux navi
res venant de Marseille, i administration
vient de faire des provisions de singe et de
matériel pour la somme de 60.000 francs,
destmés au Lazaret de Mali fou.
'X
Plusieurs viticulteurs de la région de Sètif
ont leurs vignes atteintes de Loi lium. L’al-
tise se serait même déclarée dans quelques
vignobles.
A cet effet, ces tranchées devront être dé-
X
barrassêes des essences résineuses et en
tièrement débroussaillées.
Ces dispositions ne sont pas nouvelles,
car, comme le fait remarquer l’Exposé des
moiifs. elles ont été édictées en France par
la loi du 18 juillet 1870 pour ia région boi
sée des Maures et de l’Estérel.
Le projet primitif les étendait à toutes les
forêts algériennes quelle qu’en fût l’essence.
Mais, sur la demande du Conseil d’admi
nistration des forêts, leur application a été
M. Rauguil, professeur d’agriculture.don-
nera une conférence, ie 9 août courant, à
Constantine. 11 se rendra ensuite à Guelma,
Bône, Philippeville et Bougie.
M. Br ugui lest rentré mardi d’une tour
née aux Amouchas et au Kerrata < ù il a
fait deux conférences sur le phylloxéra et
les diverses maladies de la vigne.
X
M. le ministre des travaux publics a re
jeté le projet présenté par la compagnie de
l’Est-Algèrien pour la deuxième section de
Feuilleton de LA DÉPÊCHE ALGÉRIENNE
N° 25.
LA
PAR
Georges OHNET
— Un dentiste de la ville, pour vous
éblouir, vous parlerait de pied-de-biche,
vous offrirait le davier, vous conseillerait la
clef de Garengeot, criait-il d’une voix en
rouée... Ignorance et imposture! Pour lo-
pérateur, l’outil n’est rien... La main est
tout! Avec son instrument perfectionné, U
pourrait vous « fraxer » l’alvéole et vous
briser l'os dentaire. Et moi, Messieurs, avec
un sabre, avec un clou, avec une épingle...
le temps de le dire., et, pour cinquante
centimes, je vous aurai soulagé !...
Et la trompe du valet rugissait sa fanfare,
pendant qu’un paysan, rouge et suant d’é
motion, montrait au tourmenteur sa mâ
choire aux dents gâtées par le cidre.
Des camelots vendant des peignes, des
brosses, des miroirs de poche eu plomb, des
bonnets de linge pour les femmes, des épon
ges et des étrilles pour les chevaux, avaient
étalé leurs marchandises sur le revers ga
zonnè dun fossé. Dans une voiture longue,
étroite et basse, tout un assortiment de
îalences et de verreries, depuis les plats
communs en terre de pipe, jusqu'aux ser
vices â fleurs qui ornent si gaiement les
vaisseliers, depuis le verre massif qui ro : le
sur les tables de cabaret jusqu’au verre à
pied gravé, sur lequel un renard saute au
travers des pampres et des grappes. Un fer
railleur vendait sur le bord de la route des
marmites en fonte, des fers à répasser, des
martiaux, des scies et des merlius Et, en
tourés d’une corde, piétinant dans la pous
sière, bêlant de faim, des moutons atten
daient qu’on vînt les emmener.
Sous les tilleuls de la promenade, un ma
quignon faisait courir son cheval, tapant
avec un fouet sur le feutre dur de son cha
peau, pour actionner l'animal qui se cabrait
et pointait aux mains du palefrenier chargé
de le produire.
Un soleil ardent couvrait la fête de ses
rayons de feu. La terre btûlait les pieds,
pas un souffle de vent ne balayait les odeurs
fortes des bêtes, et, de la grande place aux
barrières, une foule bruyante circulait, se
partageant entre les affaires et les plaisirs.
Aux abords de la mairie, la compagnie
des pompiers, en tenue, était massée, et dans
la grande salle de l’école,ornée de drapeaux
bicolores, une distribution de prix,clôturant
uu congrès pomoffgique, avait lieu sous la
présidence du sous-préfet.
Carvajan avait lu un discours chaudement
applaudi, et. aux accords violepts de la fan
fare de la ville, la cérémonie prenait fin. Un
commandement bref retentit. Les pompiers
se mirent en ligne, et le clairon sonna aux
champs sur le passage des autorités.
Le cortège, marchant lentement, se dé
bandait peu à peu. Les gros fermiers, rou
geauds, s’arrêtaient pour attendre un com
père. et, par petits groupes, stationnaient
sur la place. Le sous-préfet., au coin de la
rue du Marché, s’adressant à Carvajan qui
marchait à ses côtes :
— Vous verra-t-on ce soir à la fête, mon
sieur le maire ?
— Mais, sans doute, monsieur le préfet.
D’abord c’est mon devoir, et ensuite c’est
un usage à La Neuville d’aller faire un tour
d’une heure au bai...
— Eh bien ! donc, je viendrai, dit le sous-
préfet, puisque vous pensez que c’est uti
le...
— Vous ferez plus en une heure, là, pour
vos élections, qu’eu trois semaines de tour
nées. Vous trouverez tous les gros bonnets
de la campagne. Et soignez les pompiers,
monsieur ie préfet .. Ils sont influents. On
ne sait pas tout ce qu’on peut obtenir par
les pompiers !...
— Je vois que vous connaissez à fond la
question, dit gaiement ie fonctionnaire.
D’ailleurs, à marcher avec vous, il n’y a
jamais qu’à gagner.
Carvajan changea de visage, soupçonnant
une raillerie. Il regarda le sous-préfet, le
vit gracieux et souriant. Il se dit : A quoi
vais-je penser ! Qui lui donnerait l’audace
de s’altaquer à moi ? Ne sait-il pas que, si
je voulais le battre eu brèche, je pourrais le
J faire facilement sauter ?
Une sombre joie passa sur son front. Il
; était bien le ipaître, dans cette ville où on
l’avait connu garçon de magasin, presque
domestique Nu! ne devait lui résister. Et
ses ennemis verseraient avant peu des lar
mes de sang. U se retourna vers ceux qui
le suivaient, et dit avec le ton d’un maî
tre :
— Messieurs, nous nous retrouverons ce.
soir au banquet municipal...
Puis il prit la petite rue et se dirigea vers
sa maison. Il était midi, et devant l’église,
il donna dans la sortie de la grand’messe.
Les femmes et les filles s’en allaient, cau
sant, avec un bourdonnement de ruche,.
Elles étaient vêtues de leurs robes de céré
monie, coiffées de chapeaux à fleurs ou de.
bonnets couverts de rubans, et portaient
giavement leur paroissien. En passant près
du maire, elles chuchotaient plus bas.
L’impression de terreur que Carvajan jetait
autour de lui se retrouvait même chez ces.
femmes qui, cependant, n’avaient rien &
craindre. Ii sourit. II ne lui déplaisait pas
de se sentir redouté : il voyait ià une preuve
de son pouvoir. Découvrant des figures d©
connaissance, il distribua d’un air grave
quelques coups de chapeau. Ef, suivi par
les volées retentissantes des cloches, il hâta;,
le pas.
Quand il eut dépassé la fontaine, au mo
ment de lever le marteau de la porte, il
s’arrêta. De loin, à l’autre bout de la rue,
il venait d’ape/cevoir Pascal qui s’avançait,
lentement.
(A suivre.)
«. —
Première année. — N° 25.
PRÉFECTURE D' \I.GER
DEPOT LEGAL
L© numéro S centimes.
Lundi, 10 août 1885.
Algérie
France.
ABONNEMENTS :
Trois mois Six mois
.. . 4 . 5 © ©
y.” 6 42
Un an
18
24
ADMINISTRATION ET RÉDACTION :
Rue de la Marine, n° 9, ancien hôtel Bazin.
Tontes les communications relatives aux annnonces et réclames doivent, «R
Algérie, être adressées à F AGENCE HAVAS, boulevard de la République, Alger.
En France, les communications sont reçues savoir :
A Marseille, chei M. Gustave ALLARD, rue du Bausset, 4 ;
A Paris, chez MM. AUDBOURG et O, place de la Bourse, 10,
Et par lenrs correspondants.
La DÉPÊCHE ALGÉRIENNE est désignée pour l’insertiou des annonces légales, judiciaires et autres exigées pour la validité des procédures et contrats.
Alger, le 9 Août 1885.
LES HOMMES DD JOÜR
V
M. ALLAIN-TARGÊ
MINISTRE DE L’INTÉRIEUR
M. Allain-Targè est actuellement âgé de
cinquante-trois ans Né à Angers, il s’est
vite acclimaté souple ciel parisien, et de
puis longtemps déjà, c’est un arrondisse
ment de Paris qu’il représente à la Cham
bre. Bientôt ce sera Paris tout entier.
Après avoir fait son droit à Poitiers, i! se
fit inscrire au barreau d’Angers en 1853 et
lut nommé, en juillet 1861 ; substitut du pro
cureur impérial près la cour de cette ville.
Deux ans plus tard, il'donnait sa démission
et venait à Paris collaborer à Y Avenir na
tional et au Courrier du dimanche.
Il fondait, en 1868, la Revue politique
avec ses amis Challemel-Lacour et Brisson,
pour reprendre bientôt sa place à VAvenir
national après la suppression de. la Revue.
M. Allain-Targè a depuis collaboré acti
vement à ia République française où ses
articles ont toujours été fort remarqués,
C’est surtout dans les questions du finan
ces qu’il a montré une compétence indiscu
table .
Aussi a-t-il toujours été considéré comme
un des membres les plus utiles et les plus
sérieux du Parlement.
Partisan de la guerre h outrance comme
Gambetta dont il fut l’ami et le collabora
teur,il réclama non moins énergiquement en
arrivant à l'Assemblée, l’amnistie pleine et
entière, exécutant ainsi loyalement l’un des
points principaux du programme contenu
dans sa profession de foi à ses électeurs.
Avant de venir siéger a la Chambre,
M. Allain-Targè avait été successivement
préfet de Maine-et-Loire et préfet de la Gi
ronde. Démis-ionnaire après 1: vote des
préliminaires de paix qui a «ut surre^cité
son à me ar en e de patriote, il revint 4 Pa
ris où il fut bientôt élu conseiller municipal
dans le 19 a arrondissement.
Il siégea pendant cinq ans au Conseil
municipal, jusqu’au jour où Larron ibse-
ment de la Yiiletté reconnaissant l’envoya
prendre place à l’Assemblée nationale, où il
combattu, en juin 1876, le projet dV-mprunt,
de 120 millions à contracter par ia Vilie de
Paris.
A partir de ce moment, son rôle pôütique
est trop connu pour que nous croyions utile
de le rappeler à nos lecteurs.
Travaiil eur consciencieux, économiste
distingué, partisan convaincu du progrès, il
était fait pour séduire les électeurs pari
siens qui l’ont envoyé à la Chambre en 1877
et en 1881, comme ils îe feront dans quel
ques semaines.
Et ce sera justice. Car de tels hommes
sont trop rares pour que les républicains ne
fassent pas tous’ leurs efforts pour récom
penser les services rendus par ces vaillants
athlètes de la démocratie en leur imposant
le devoir de lui en rendre de nouveaux.
Législation Forestière
ri
Expropriation des enclaves. - Tranchées
de protection
En France, où la propriété est parfai
tement établie, l'étendue des enclaves qui
peuvent exister dans les bois et forêts de
l’Etat est nettement déterminée. Il n’en sera
de même en Algérie qu’aprés l’application
de la loi de 1874 et la délimitation du do
maine forestier. Mais alors même que ces
enclaves seraient considérablement réduites
à fa suite de l’examen des titres des Indi
gènes, elles n’en constitueraient pas moins
un danger permanent pour nos forêts, par
suite des habitudes des Indigènes ; la plu
part des incendies qui ont causé tant de
dégâts dans nos richesses forestières, oDt,
prb. commencement dans les enclaves pos
sédées par les Indigènes. En Algérie, l’in
térêt qui s’attache à la. conservation des
forêts de l’Etat est tel, que le légis
lateur a considéré comme une mesure de
salut public d'autoriser fe- propriation des
enclaves, toutes les fois que la nécessité en
serait constatée par une déclaration d’utilité
publique.
« Si l’on considère, dit YExposè des mo
tifs , qu’en Algérie, la sécheresse est un des
plus grands obstacles au progrès de la colo
nisation, que l’eau y fait défaut à ce point,
que le législateur de 1851 a classé les cours
d’eau de toute sorte et les sources dans les
dépendances du domaine public, et si l’on
envisage l’action incontestable que les forêts
exercent sur ie climat, on comprendra que
l’Etat doit pouvoir éloigner de ses forêts des
Indigènes dont la manière de vivre, en plein
air ou dans des gourbis, au milieu de brous
sailles facilement inflammables, est un
danger permanent d’incendie
Cette faculté est étendue aux corps mo
raux, communes et établissements publics
dont les forêts sont, comme celles de l’Etat,
soumises au régime forestier, et à l’intérieur
ou autour desquelles, même en France, les
constructions de toute nature ne peuvent
être établies sans l’autorisation expresse et
formelle du gouvernement.
On s’est divisé un instant sur la question
desavoir, si le droit de recourir à l’expro
priation des enclaves devait être au moins
accordé aux particuliers propriétaires de
bois, mais le gouvernement a reculé devant
ce qu’aurait d’excessif la déclaration d’uti
lité publique mise au service d’intérêts pri
vés, et, aussi, de vant les abus et les dangers
qui pourraient en résulter.
S’il est en effet certain que ie gouverne
ment n’usera de l’arme mise entre ses
mains que lorsqu’il lui sera impossible d’ar
river à une entente avec les. indigènes, en
leur faisant accepter une attribution terri
toriale eu compensation d’une enclave, il
était à redouter que ia spéculation dictât
parois la conduite des particuliers.
Après la déclaration d’utilité publique, il
sera procédé à l’expropriation et à la prise
de possession d’urgence dans les formes
édictées par l’ordonnance du 1 er octobre
1844, dont la loi du 16 juin 1851 a consacré
les dispositions et qui, par suite, comme l’a
très judicieusement fait observer le rappor
teur au Conseil du gouvernement, ne- sau
raient être modifiées que par une loi.
La faculté accordée aux prop iétaires des
forêts de cliônes-liège non entièrement dé
broussaillées d’imposer aux propriétaires
limitrophes de terrains de même nature,
l’ouverture et l’entretien à' frais communs
d’une tranchée de séparation sur toute ia
ligne des deux héritages, a pour but d’arrê
ter en cas d’incendie lés progrès du feu, et
d’en faciliter l’extinction en ouvrant de vé
ritables routes aux travailleurs.
réduite aux forêts de chênes-liège, les
seules ayant une valeur suffisante pour com
penser le sacrifice imposé.
La loi ne détermine ni les longeurs de la
tranchée de protection, ni la répartition de
de cette longueur sur chacun des fonds li
mitrophes. Le soin de les fixer est laissé
aux parties intéressées et, en cas de désac
cord, au Préfet, le conservateur des forêts
entendu.
Cette procédure très simple, celle des ac
tions en bornage a été adoptée pour l’exer
cice, l’instruction et ie jugement des actions
concernant l’ouverture et l’entretien des
tranchées de protection.
Il ne faudrait pas cependant se faire d’il
lusions sur l’eîfficâcité de ces tranchées
comme moyen de protection contre l’incen-
die, elle est très contestée ; mais leur utilité
est parfaitement démontrée comme chemin
pour dirige^ i es secoure et pour assurer, au
besoin, une retraite aux ouvriers qui com
battent le feu. Les travaux réduits à l’ex
traction des essences résineuses et au dô-
broussaîliement, et laissant par suite sur
pie i tous les chênes-liège, arbres de rap
port, diminuent d’ailleurs dans une propor
tion notable les sacrifices imposés aux pro
priétaires riverains.
Infonatioos algériennes
Nous apprenons qu’en prévision d^s qua
rantaines qui vont être imposées aux navi
res venant de Marseille, i administration
vient de faire des provisions de singe et de
matériel pour la somme de 60.000 francs,
destmés au Lazaret de Mali fou.
'X
Plusieurs viticulteurs de la région de Sètif
ont leurs vignes atteintes de Loi lium. L’al-
tise se serait même déclarée dans quelques
vignobles.
A cet effet, ces tranchées devront être dé-
X
barrassêes des essences résineuses et en
tièrement débroussaillées.
Ces dispositions ne sont pas nouvelles,
car, comme le fait remarquer l’Exposé des
moiifs. elles ont été édictées en France par
la loi du 18 juillet 1870 pour ia région boi
sée des Maures et de l’Estérel.
Le projet primitif les étendait à toutes les
forêts algériennes quelle qu’en fût l’essence.
Mais, sur la demande du Conseil d’admi
nistration des forêts, leur application a été
M. Rauguil, professeur d’agriculture.don-
nera une conférence, ie 9 août courant, à
Constantine. 11 se rendra ensuite à Guelma,
Bône, Philippeville et Bougie.
M. Br ugui lest rentré mardi d’une tour
née aux Amouchas et au Kerrata < ù il a
fait deux conférences sur le phylloxéra et
les diverses maladies de la vigne.
X
M. le ministre des travaux publics a re
jeté le projet présenté par la compagnie de
l’Est-Algèrien pour la deuxième section de
Feuilleton de LA DÉPÊCHE ALGÉRIENNE
N° 25.
LA
PAR
Georges OHNET
— Un dentiste de la ville, pour vous
éblouir, vous parlerait de pied-de-biche,
vous offrirait le davier, vous conseillerait la
clef de Garengeot, criait-il d’une voix en
rouée... Ignorance et imposture! Pour lo-
pérateur, l’outil n’est rien... La main est
tout! Avec son instrument perfectionné, U
pourrait vous « fraxer » l’alvéole et vous
briser l'os dentaire. Et moi, Messieurs, avec
un sabre, avec un clou, avec une épingle...
le temps de le dire., et, pour cinquante
centimes, je vous aurai soulagé !...
Et la trompe du valet rugissait sa fanfare,
pendant qu’un paysan, rouge et suant d’é
motion, montrait au tourmenteur sa mâ
choire aux dents gâtées par le cidre.
Des camelots vendant des peignes, des
brosses, des miroirs de poche eu plomb, des
bonnets de linge pour les femmes, des épon
ges et des étrilles pour les chevaux, avaient
étalé leurs marchandises sur le revers ga
zonnè dun fossé. Dans une voiture longue,
étroite et basse, tout un assortiment de
îalences et de verreries, depuis les plats
communs en terre de pipe, jusqu'aux ser
vices â fleurs qui ornent si gaiement les
vaisseliers, depuis le verre massif qui ro : le
sur les tables de cabaret jusqu’au verre à
pied gravé, sur lequel un renard saute au
travers des pampres et des grappes. Un fer
railleur vendait sur le bord de la route des
marmites en fonte, des fers à répasser, des
martiaux, des scies et des merlius Et, en
tourés d’une corde, piétinant dans la pous
sière, bêlant de faim, des moutons atten
daient qu’on vînt les emmener.
Sous les tilleuls de la promenade, un ma
quignon faisait courir son cheval, tapant
avec un fouet sur le feutre dur de son cha
peau, pour actionner l'animal qui se cabrait
et pointait aux mains du palefrenier chargé
de le produire.
Un soleil ardent couvrait la fête de ses
rayons de feu. La terre btûlait les pieds,
pas un souffle de vent ne balayait les odeurs
fortes des bêtes, et, de la grande place aux
barrières, une foule bruyante circulait, se
partageant entre les affaires et les plaisirs.
Aux abords de la mairie, la compagnie
des pompiers, en tenue, était massée, et dans
la grande salle de l’école,ornée de drapeaux
bicolores, une distribution de prix,clôturant
uu congrès pomoffgique, avait lieu sous la
présidence du sous-préfet.
Carvajan avait lu un discours chaudement
applaudi, et. aux accords violepts de la fan
fare de la ville, la cérémonie prenait fin. Un
commandement bref retentit. Les pompiers
se mirent en ligne, et le clairon sonna aux
champs sur le passage des autorités.
Le cortège, marchant lentement, se dé
bandait peu à peu. Les gros fermiers, rou
geauds, s’arrêtaient pour attendre un com
père. et, par petits groupes, stationnaient
sur la place. Le sous-préfet., au coin de la
rue du Marché, s’adressant à Carvajan qui
marchait à ses côtes :
— Vous verra-t-on ce soir à la fête, mon
sieur le maire ?
— Mais, sans doute, monsieur le préfet.
D’abord c’est mon devoir, et ensuite c’est
un usage à La Neuville d’aller faire un tour
d’une heure au bai...
— Eh bien ! donc, je viendrai, dit le sous-
préfet, puisque vous pensez que c’est uti
le...
— Vous ferez plus en une heure, là, pour
vos élections, qu’eu trois semaines de tour
nées. Vous trouverez tous les gros bonnets
de la campagne. Et soignez les pompiers,
monsieur ie préfet .. Ils sont influents. On
ne sait pas tout ce qu’on peut obtenir par
les pompiers !...
— Je vois que vous connaissez à fond la
question, dit gaiement ie fonctionnaire.
D’ailleurs, à marcher avec vous, il n’y a
jamais qu’à gagner.
Carvajan changea de visage, soupçonnant
une raillerie. Il regarda le sous-préfet, le
vit gracieux et souriant. Il se dit : A quoi
vais-je penser ! Qui lui donnerait l’audace
de s’altaquer à moi ? Ne sait-il pas que, si
je voulais le battre eu brèche, je pourrais le
J faire facilement sauter ?
Une sombre joie passa sur son front. Il
; était bien le ipaître, dans cette ville où on
l’avait connu garçon de magasin, presque
domestique Nu! ne devait lui résister. Et
ses ennemis verseraient avant peu des lar
mes de sang. U se retourna vers ceux qui
le suivaient, et dit avec le ton d’un maî
tre :
— Messieurs, nous nous retrouverons ce.
soir au banquet municipal...
Puis il prit la petite rue et se dirigea vers
sa maison. Il était midi, et devant l’église,
il donna dans la sortie de la grand’messe.
Les femmes et les filles s’en allaient, cau
sant, avec un bourdonnement de ruche,.
Elles étaient vêtues de leurs robes de céré
monie, coiffées de chapeaux à fleurs ou de.
bonnets couverts de rubans, et portaient
giavement leur paroissien. En passant près
du maire, elles chuchotaient plus bas.
L’impression de terreur que Carvajan jetait
autour de lui se retrouvait même chez ces.
femmes qui, cependant, n’avaient rien &
craindre. Ii sourit. II ne lui déplaisait pas
de se sentir redouté : il voyait ià une preuve
de son pouvoir. Découvrant des figures d©
connaissance, il distribua d’un air grave
quelques coups de chapeau. Ef, suivi par
les volées retentissantes des cloches, il hâta;,
le pas.
Quand il eut dépassé la fontaine, au mo
ment de lever le marteau de la porte, il
s’arrêta. De loin, à l’autre bout de la rue,
il venait d’ape/cevoir Pascal qui s’avançait,
lentement.
(A suivre.)
«. —
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