Titre : La Dépêche algérienne : journal politique quotidien
Éditeur : [s.n.] (Alger)
Date d'édition : 1885-08-09
Contributeur : Robe, Eugène (1890-1970). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32755912k
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Description : 09 août 1885 09 août 1885
Description : 1885/08/09 (A1,N24). 1885/08/09 (A1,N24).
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bd6t5448061
Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JOD-10449
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 18/04/2021
J-U
i.Vu
Première année. — N° 24.
Le numéro 5 centimes.
DEPOT iUEO^L
,Dimanche, 9 août 1885.
ÀT.CPRRTR ..
ABONNEMENTS :
Trois mois Six mois
4.50 O
Un an
18
ADMINISTRATION ET RÉDACTION :
Rue de la Marine, n° 9, ancien hôtel Bazin.
Tontes les communications relatives aux annnonces et réclames doivent, es
Algérie,être adressées à l’AGENCE HAVAS, boulevard de la République, Alger.
En France, les communications sont reçues savoir :
A Marseille, chez M. Gustave ALLARD, rue du Bausset, 4 ;
A Paris, ebez MM. AUDBOURG et C ie , place de la Bourse, 10,
Franc 1 '* 5 . -
.. .. 6 12
24
Ët par leurs coirespouilaiits#
La DÉPÊCHE ALGÉRIENNE est désignée pour l’insertion des annonces légales, judiciaires et autres exigées pour la validité des procédures et contrats.
JOURNAL POLITIQUE QUOTIDIEN
Alger, le 8 Août 1885.
HOMES DD JOUR
IV
du dixième arrondissement de Paris à une
très grande majorité.
Dès ses débuts parlementaires, M. Bris-
son s’est fait une place importante comme
orateur. Il a prononcé un grand nombre de
discours : sur le conseil supérieur de l’ins
truction publique, sur la nouvelle loi du
jury, contre la restitution aux d’Orléans des
biens qu’ils réclamaient, contre la loi des
maires, etc.
M. Henri Brisson, président du conseil
les ministres, est âgé de cinquante aus.
Dans la collection des Homme, d’aujour-
i'hui qu’illustra si gaiement, il y a quelques
innées, le regretté Gill, on rappelle com-
nent le père de M. Brisson fonda à Bourges
ivecM. Michel de Fourrières (dit Micüel
le Bourges) un parti républicain sous la
Restauration.
M. Henri Brisson, guidé par un père que
ses convictions inébranlables avaient affirmé
îomme le plus éprouvé en môme temps que
e plus honoré des républicains du Cher, dé
mit suivre la voie qui lui avait ôté si nette-
nent tracée.
Aussi, le voyons-nous à peine arrivé à
3 aris collaborer au premier journal répu-
)licain de la rive gauche, l 'Avenir.
Son talent oratoire se révèle dans les lo-
jes maçonniques où il est entré en 1856, et
;ontinuant à se faire remarquer d’autre
>art comme journaliste consciencieux et
irudit, il écrit successivement à la Réforme
ittéraire, au Phare de la Loire, au Temps,
t l’Avenir national, à la Morale Indêpen-
lante et à la Revue politique qu’il fondait
sn 1868 avec Gambetta et Challemel-La-
jour.
C’est maintenant que sa carrière politique
proprement dite va commencer.
Candidat au Corps législatif, en 1869,
lans la quatrième circonscription de la
Reine, il réunit un assez grand nombre de
roix pour nécessiter un second tour auquel
.1 ne voulut pas prendre part, pour laisser
.e champ libre à M. Giais-Bizoin qui fut
élu.
Après le 4 septembre, il fut nommé ad
joint au maire de Paris, avec M Fioquet,
Le maire, M. Etienne Arago, ayant donné
sa démission à la suite de la manifestation
du 31 octobre 1870, MM. Brisson et Fioquet
le suivirent dans sa retraite.
M. Brisson conserva toutefois ses fonctions
de membre de la commission de l’Assistance
publique et de l’enseignement primaire, où
il défendit chaleureusement < t à plusieurs re
prises la cause de l’enseignement laïque.
Aux élections du 5 février 1871, M. Henri
Brisson fut élu représentant de la Seine, le
dix-neuvième sur quarante-trois, avant M.
Thiers qui venait seulement vingtième sur
la liste, et fut réélu le 20 février 1876 député
Rappelons qu’il est l’auteur de la proposi
tion d’amnistie du 15 septembre 1871, et
qu’il a fait restituer au Conseil municipal
de Paris le droit de voter son budget ex
traordinaire.
M. Brisson a été réélu député de la Seine
dans le X e arrondissement en 1876, en 1877
et en 1881.
Président de la commission du budget,
vice-président, puis président de la Cham
bre des députés, il a su se concilier les
sympathies de tous ses collègues et a trouvé
dans le pays, sans la rechercher, une in
contestable popularité.
Comme M. Paul Bert, l’illustre savant,
M. Henri Brisson veut le développement de
l'instruction chez les enfants de nos cam
pagnes.
Pensée démocratique par excellence et
qui fait honneur à l’homme politique qui
occupe aujourd’hui la première î u place de
l’Etat, après Je président de la République.
TOUS SCÉLÉRATS
Je ne sais rien, absolument rien, de l’en
quête judiciaire qui se poursuit à Médéah,
si ce n’est ce que j’en ai lu soit dans le
Petit Colon, soit dans le Radical Algérien.
Je n’ai reçu aucune lettre à ce sujet ni de
M. Daudet, ni de M. Mauguin, et à moins
que leurs lettres ne soient entre les mains de
M. Basset, j’en conclus qu’ils ne m’ont pas
écrit.
Mais d’après tout le bruit qui se fait au
tour de cette enquête, j’estime qu’elle doit
beaucoup inquiéter M. Fallet et ses amis,
et je commence à croire qu’il y a du vrai
dans tout ce qu’on raconte de cette élection
mémorable.
S’il faut en croire le Petit Colon et les
autres compères de M. Fallet, les électeurs
de Médéah d’une part, et le gouvernement
républicain d’autre part, se seraient enten
dus, à un moment donné, pour confier les
destinées de cette malheureuse ville à des
[ hommes plus ou moins tarés. Pendant que
les habitants de Médéah nommaient M.
Daudet maire, à une écrasante majorité,
malgré sa méchanceté infatigable, sa mine
futée et jaune, son regard aigu, le Minis
tre de l’intérieur envoyait un sous-préfet
sans valeur et sans autorité, sorte de ro
quet prétentieux, impuissant et minu
tieux.
Si ces portraits faits par M. Charles Mar
chai lui-même sont ressemblants, il faut
convenir que les électeurs de Médéah et le
Ministre de l’intérieur sont bien coupa
bles, car les premiers connaissaient, l’an
dernier, la mine futée et le regard aigu de
M. Daudet, et le ministre.ne pouvait igno
rer l’incapacité prétentieuse du sous-pré
fet.
C’était donc une véritable conspiration
dans laquelle a dû entrer en dernier lieu le
garde-des-sceaux, en laissant M. Cochard
au Parquet de Blida, malgré le crime com
mis par lui de devenir le gendre d’un séna
teur qui n’a pas l’heur de plaire à M.Mar
chai et à M. Fallet, et en ne révoquant pas
M. Ebert, un magistrat qui s’est permis de
lutter à Fort National contre l’ex-adminis-
trateur qui écrit des lettres confidentielles
si loyales; un magistrat qui se permet de
faire aujourd’hui une enquête peu agréable
pour quelques membres du Comice agricole
de Médéah.
Allez donc lutter contre de telles!forces
réunies ; on peut banqueter, porter des
toasts, crier : Vive Fallet 1 autour d’une ta
ble, même avec les membres les plus nom
breux du Comice, car il paraît que dans ce
Comice, il y a des membres qui sont plus
« nombreux » que les autres. Mais cela
n’empêche pas l’enquête de se poursuivre,
comme aussi cela n’empêchera point les
coupables, s’il y en a, de recevoir la puni
tion qu’ils méritent, comme -aussi cela n’em
pêchera point le Conseil d’Etat d’invalider
l’élection.
Il est vrai qu’il restera à M. Fallet —
Marchai la ressource de dire que le Con
seil d’Etat n’est composé que d’hommes
sans autorité, des minuscules, des mines
futées, des roquets et autres gentillesses que
l’on peut se permettre quand on est con
damné à parler le langage de ceux, quels
qu’ils soient, dont on recherche l’appui.
Informations algériennes
M. Chanlot, nijudant de cavalerie en re
traite, est nou mé sous-lieutenant adjoint
au trésorier, à l'escadron territorial du
deuxième régiment de chasseurs d’Afrique.
M. Chagnard, adjudant de cavalerie eu
retraite, est nommé sous-lieutenant adjoint
à l’officier d’ffibillement, à l’escadron terri
torial du deuxième régiment de chasseurs
d’Afrique.
X
M. Dufaure de Montmirail capitaine eu
retraite, est nommé au même grade au
deuxième régiment de chas.-ejrs d’Afrique.
X
Les élections du maire et de l’adjoint qui
ont eu lieu dimanche dernier à Dublineau,
ont donné les résultats suivants :
Inscrits 1*2, votants 11. Elu maire, M. Lu-
neau Antoiue par 11 voix. Elu adjoint, M.
Rouayrous Pierre par 8 voix.
X
M. Rouyer-Legrand, capitaine d’infan
terie hors cadre, employé au bureau de re
crutement d’Oran, est passé au bureau de
recrutement d’Alger, en remplacement de
M, Mage, admis a la pension de retraite.
M. Lèandri, capitaine au 131* d’infante
rie, a été nommé à un emploi de son grade
au bureau de recrutement d’Oran, en rem
placement de M. Rouyer-Legrand.
X
Nous apprenons que M. Barban, récem
ment nommé courtier maritime â Arzew,
prêtera serment aujourd’hui devant le tri
bunal consulaire.
X
M. Cassaigne, commis-greffier de M. le
juge d’instruction du tribunal de Tlemcen,
est nommé greffier près la justice de paix de
Remchi, en remplacement de M. Palo wski.
X
On vient de décider la création d’ambu
lances, système Toilet, à la Closerie des
Palmiers, près du Jardin d’E*sai, à Bab-el-
Oued et à l’hôpi;al civil de Mustapha.
X
Par décret du Président de la République,
une contribution spéciale de quarante-trois
mille six cents francs (43,630 fr.), destinée à
l’acquittement des dépenses des bourses et
chambres de commerce des trois départe
ments de l’Algérie, pendant l’année 1885,
plus cinq cmtimes (0 fr. 05) par franc, pour
subvenir aux frais de perception, sera payée
en Algérie par les patentés inscrits sur le3
matricules de la dite année et répartie con
formément au tableau suivant :
Bourse de commerce : 1,000 fr. — Paten*
tés de la commune d’Alger.
Feuilleton de LA DÉPÊCHE ALGÉRIENNE
N" 24.
LA
GRANDE MÂR1ÈRE
PAR
Georges OHNET
Eh bien ! c’est moi qui vous le dis, et vous
savez que je ne menace jamais en vain, si
cet homme remarquable n’est pas en mesure
de faire face à l’échéance qui tombe à la fin
de ce mois, c’est-à-dire trois jours après la
Saint-Firmin, je le fais exproprier, lui et sa
noble famille, de son noble château... Cela
aussi vrai que je me nomme Carvajan.
Il s’était excité encore en parlant, et son
visage basané avait pris une teinte livide,
ses yeux flambaient de haine, et ses mains
étaient agitées d’un tremblement. Il fit une
pause, dévisagea le notaire, et, d’une voix
railleuse :
— Si le brûleur est une merveille, Malô-
zeau, c’est moi qui l’exploiterai, mon bon...
Et soyez tranquille, j’en tirerai meilleur
parti que votre vieil utopiste de marquis...
Comme le notaire ouvrait la bouche pour
tenter un suprême effort en faveur de son
client :
— Ça suffit, dit Carvajan d’un ton tran
chant*. Jusqu’à la fin du mois, ni plus, ni
moins* Yous pouvez le lui dire,.. Et qu’il
se souvienne... car, mai, je n’oublie pas!
Il leva son doigt à la hauteur de sa joue
et montra, avec un amer sourire, une petite
ligne blanche qui tranchait sur le brun de
son visage, trace toujours visible du coup
de fouet reçu trente ans auparavant dans la
nuit de la Saint-Martin.
Sans ajouter une parole, il quitta le no
taire, traversa les groupes de ses invités et
rejoignit le sous-préfet, profondément en
foncé dans une conversation administrative
avec l’agent-voyer. Alors Pascal, dans le
désordre de ses pensées, pesant les griefs
de son père et ceux du marquis, en vint,
plein d’angoisse, à les trouver égaux. Oui,
les torts de M. de Clairefont avaient été
graves, et les rancunes de Carvajan étaient
légitimes. Hélas ! entre ces deux hommes
l’abîme n’en était que plus profond. Jamais
une volonté humaine n’arriverait à le com
bler. Et, victimes de cette inimitié impla
cable, les enfants, qui étaient innocents et
auraient pu s’aimer, se voyaient condamnés
à la discorde et à la haine. Tout ce bruit
qui l’entourait lui fit horreur. Il put sortir
sans être remarqué, et gagner la rue rede
venue déserte.
L’air était calme et doux. Dans le ciel
transparent, les étoiles brillaient II s’assit
sur un banc de pierre, auprès de la fontaine
qui coulait avec un léger murmure ; tout se
taisait, et, dans cette solitude de la ville en
dormie, ne trouvant que tristesse dans son
passé, n’attendant que tristesse de son ave
nir, maudissant le marquis, rougissant de
son père, résolu à chasser de son cœur le
souvenir d’Antoinette, Pascal désespéré
laissa tomber sa tête entre ses mains, et se
mit à pleurer.
V
L’assemblée de La Neuville, cette année-
là, fut particulièrement brillante. La récolte
s’annonçait bien, les branches des pommiers
pliaient sous les fruits, les pluie* du prin
temps avaient rendu les foins savoureux et
abondants. Le marché aux bestiaux avait vu
ses cours très soutenus, et les génisses se
payaient couramment vingt-cinq pistoles.
Un vent de gaieté passait sur la ville, une
animation inusitée mettait en branle ses ha
bitants lourdauds et casaniers. Les rues
étaient encombrées, les boutiques s’ouvraient
hospitalières, les paysans, d’un pas traînant,
le nez en l’air, la blouse neuve, d’un bleu
noir, ballonnant sur le dos, s’en allaient le
long des trottoirs, suivis de leur femme et
de leurs filles, en bonnet de fête à grandes
aiguilles d’or.
A l’entrée du faubourg, devant l’auberge
du Cygne d’argent, un cercle de cabriolets
et de tapissières, les brancards en l’air, s’é
largissait d’heure en heure, pendant que,
dans une petite prairie, attachés à des pi
quets, les chevaux, leurs harnais sur le dos,
le mors défait et pendant, broutaient l’herbe,
se fouettant les flancs de leur queue pour
chasser les mouches. A chaque instant, une
charrette ou un bog sonnant la ferraille, ar
rivait, couvert de poussière, conduit par un
fermier, la casquette sur l’oreill8, le cigare
mâchonné à la bouche. Et c’étaient des ap
pels et des exclamations.
— Tiens ! c’est maître Levasseur... Com
ment va aujourd’hui ?...
— Hé, Jean-Louis ! ohé !
— Ah ! bon sang, vieux malin ! T’as bien
fait de vendre tes pommes l’année der
nière.. La razière ne sera pas chère.
— Prenons-nous un café ? Lebourgeois,
veille à ma jument... Un double d’avoine,
et à boire dans une demi-heure...
L’aubergiste, sa femme et son garçon
a’écurie, affairés, allaient de la salle à la
cave et de la cave à la grange. Des cris ter
ribles partaient du rez-de-chaussée, comma
si on s’égorgait, et c’était simplement una
vente de bestiaux qui se traitait entre amis.
Dans l’air, une violente odeur de frkure se
répandait avec des nuages de fumée bleua
s’échappant de la cuisine, et, sur la fenêtre,
dans une manne, des douzaines de douil-
lons dorés, sortant du four, achevaient de
refroidir. Derrière la toile d’nne baraque,
les détonations d’un tir se faisaient enten
dre ; un jeu de chevaux de bois jetait à
1 écho les aigres harmonies de son orgue
poussif, et, sur le haut d’une voiture à ca
pote, derrière laquelle était installé un va
let armé d’une trompe de chasse, un den
tiste, brandissant un sabre, appelait les ba
dauds, expliquant, avec une faconde popu
laire, qu’à l’aide de « cet engin meurtrier »
il extrayait les molaires les plus récalcitran
tes, sans difficulté et sans douleur.
(A suivre).
i.Vu
Première année. — N° 24.
Le numéro 5 centimes.
DEPOT iUEO^L
,Dimanche, 9 août 1885.
ÀT.CPRRTR ..
ABONNEMENTS :
Trois mois Six mois
4.50 O
Un an
18
ADMINISTRATION ET RÉDACTION :
Rue de la Marine, n° 9, ancien hôtel Bazin.
Tontes les communications relatives aux annnonces et réclames doivent, es
Algérie,être adressées à l’AGENCE HAVAS, boulevard de la République, Alger.
En France, les communications sont reçues savoir :
A Marseille, chez M. Gustave ALLARD, rue du Bausset, 4 ;
A Paris, ebez MM. AUDBOURG et C ie , place de la Bourse, 10,
Franc 1 '* 5 . -
.. .. 6 12
24
Ët par leurs coirespouilaiits#
La DÉPÊCHE ALGÉRIENNE est désignée pour l’insertion des annonces légales, judiciaires et autres exigées pour la validité des procédures et contrats.
JOURNAL POLITIQUE QUOTIDIEN
Alger, le 8 Août 1885.
HOMES DD JOUR
IV
du dixième arrondissement de Paris à une
très grande majorité.
Dès ses débuts parlementaires, M. Bris-
son s’est fait une place importante comme
orateur. Il a prononcé un grand nombre de
discours : sur le conseil supérieur de l’ins
truction publique, sur la nouvelle loi du
jury, contre la restitution aux d’Orléans des
biens qu’ils réclamaient, contre la loi des
maires, etc.
M. Henri Brisson, président du conseil
les ministres, est âgé de cinquante aus.
Dans la collection des Homme, d’aujour-
i'hui qu’illustra si gaiement, il y a quelques
innées, le regretté Gill, on rappelle com-
nent le père de M. Brisson fonda à Bourges
ivecM. Michel de Fourrières (dit Micüel
le Bourges) un parti républicain sous la
Restauration.
M. Henri Brisson, guidé par un père que
ses convictions inébranlables avaient affirmé
îomme le plus éprouvé en môme temps que
e plus honoré des républicains du Cher, dé
mit suivre la voie qui lui avait ôté si nette-
nent tracée.
Aussi, le voyons-nous à peine arrivé à
3 aris collaborer au premier journal répu-
)licain de la rive gauche, l 'Avenir.
Son talent oratoire se révèle dans les lo-
jes maçonniques où il est entré en 1856, et
;ontinuant à se faire remarquer d’autre
>art comme journaliste consciencieux et
irudit, il écrit successivement à la Réforme
ittéraire, au Phare de la Loire, au Temps,
t l’Avenir national, à la Morale Indêpen-
lante et à la Revue politique qu’il fondait
sn 1868 avec Gambetta et Challemel-La-
jour.
C’est maintenant que sa carrière politique
proprement dite va commencer.
Candidat au Corps législatif, en 1869,
lans la quatrième circonscription de la
Reine, il réunit un assez grand nombre de
roix pour nécessiter un second tour auquel
.1 ne voulut pas prendre part, pour laisser
.e champ libre à M. Giais-Bizoin qui fut
élu.
Après le 4 septembre, il fut nommé ad
joint au maire de Paris, avec M Fioquet,
Le maire, M. Etienne Arago, ayant donné
sa démission à la suite de la manifestation
du 31 octobre 1870, MM. Brisson et Fioquet
le suivirent dans sa retraite.
M. Brisson conserva toutefois ses fonctions
de membre de la commission de l’Assistance
publique et de l’enseignement primaire, où
il défendit chaleureusement < t à plusieurs re
prises la cause de l’enseignement laïque.
Aux élections du 5 février 1871, M. Henri
Brisson fut élu représentant de la Seine, le
dix-neuvième sur quarante-trois, avant M.
Thiers qui venait seulement vingtième sur
la liste, et fut réélu le 20 février 1876 député
Rappelons qu’il est l’auteur de la proposi
tion d’amnistie du 15 septembre 1871, et
qu’il a fait restituer au Conseil municipal
de Paris le droit de voter son budget ex
traordinaire.
M. Brisson a été réélu député de la Seine
dans le X e arrondissement en 1876, en 1877
et en 1881.
Président de la commission du budget,
vice-président, puis président de la Cham
bre des députés, il a su se concilier les
sympathies de tous ses collègues et a trouvé
dans le pays, sans la rechercher, une in
contestable popularité.
Comme M. Paul Bert, l’illustre savant,
M. Henri Brisson veut le développement de
l'instruction chez les enfants de nos cam
pagnes.
Pensée démocratique par excellence et
qui fait honneur à l’homme politique qui
occupe aujourd’hui la première î u place de
l’Etat, après Je président de la République.
TOUS SCÉLÉRATS
Je ne sais rien, absolument rien, de l’en
quête judiciaire qui se poursuit à Médéah,
si ce n’est ce que j’en ai lu soit dans le
Petit Colon, soit dans le Radical Algérien.
Je n’ai reçu aucune lettre à ce sujet ni de
M. Daudet, ni de M. Mauguin, et à moins
que leurs lettres ne soient entre les mains de
M. Basset, j’en conclus qu’ils ne m’ont pas
écrit.
Mais d’après tout le bruit qui se fait au
tour de cette enquête, j’estime qu’elle doit
beaucoup inquiéter M. Fallet et ses amis,
et je commence à croire qu’il y a du vrai
dans tout ce qu’on raconte de cette élection
mémorable.
S’il faut en croire le Petit Colon et les
autres compères de M. Fallet, les électeurs
de Médéah d’une part, et le gouvernement
républicain d’autre part, se seraient enten
dus, à un moment donné, pour confier les
destinées de cette malheureuse ville à des
[ hommes plus ou moins tarés. Pendant que
les habitants de Médéah nommaient M.
Daudet maire, à une écrasante majorité,
malgré sa méchanceté infatigable, sa mine
futée et jaune, son regard aigu, le Minis
tre de l’intérieur envoyait un sous-préfet
sans valeur et sans autorité, sorte de ro
quet prétentieux, impuissant et minu
tieux.
Si ces portraits faits par M. Charles Mar
chai lui-même sont ressemblants, il faut
convenir que les électeurs de Médéah et le
Ministre de l’intérieur sont bien coupa
bles, car les premiers connaissaient, l’an
dernier, la mine futée et le regard aigu de
M. Daudet, et le ministre.ne pouvait igno
rer l’incapacité prétentieuse du sous-pré
fet.
C’était donc une véritable conspiration
dans laquelle a dû entrer en dernier lieu le
garde-des-sceaux, en laissant M. Cochard
au Parquet de Blida, malgré le crime com
mis par lui de devenir le gendre d’un séna
teur qui n’a pas l’heur de plaire à M.Mar
chai et à M. Fallet, et en ne révoquant pas
M. Ebert, un magistrat qui s’est permis de
lutter à Fort National contre l’ex-adminis-
trateur qui écrit des lettres confidentielles
si loyales; un magistrat qui se permet de
faire aujourd’hui une enquête peu agréable
pour quelques membres du Comice agricole
de Médéah.
Allez donc lutter contre de telles!forces
réunies ; on peut banqueter, porter des
toasts, crier : Vive Fallet 1 autour d’une ta
ble, même avec les membres les plus nom
breux du Comice, car il paraît que dans ce
Comice, il y a des membres qui sont plus
« nombreux » que les autres. Mais cela
n’empêche pas l’enquête de se poursuivre,
comme aussi cela n’empêchera point les
coupables, s’il y en a, de recevoir la puni
tion qu’ils méritent, comme -aussi cela n’em
pêchera point le Conseil d’Etat d’invalider
l’élection.
Il est vrai qu’il restera à M. Fallet —
Marchai la ressource de dire que le Con
seil d’Etat n’est composé que d’hommes
sans autorité, des minuscules, des mines
futées, des roquets et autres gentillesses que
l’on peut se permettre quand on est con
damné à parler le langage de ceux, quels
qu’ils soient, dont on recherche l’appui.
Informations algériennes
M. Chanlot, nijudant de cavalerie en re
traite, est nou mé sous-lieutenant adjoint
au trésorier, à l'escadron territorial du
deuxième régiment de chasseurs d’Afrique.
M. Chagnard, adjudant de cavalerie eu
retraite, est nommé sous-lieutenant adjoint
à l’officier d’ffibillement, à l’escadron terri
torial du deuxième régiment de chasseurs
d’Afrique.
X
M. Dufaure de Montmirail capitaine eu
retraite, est nommé au même grade au
deuxième régiment de chas.-ejrs d’Afrique.
X
Les élections du maire et de l’adjoint qui
ont eu lieu dimanche dernier à Dublineau,
ont donné les résultats suivants :
Inscrits 1*2, votants 11. Elu maire, M. Lu-
neau Antoiue par 11 voix. Elu adjoint, M.
Rouayrous Pierre par 8 voix.
X
M. Rouyer-Legrand, capitaine d’infan
terie hors cadre, employé au bureau de re
crutement d’Oran, est passé au bureau de
recrutement d’Alger, en remplacement de
M, Mage, admis a la pension de retraite.
M. Lèandri, capitaine au 131* d’infante
rie, a été nommé à un emploi de son grade
au bureau de recrutement d’Oran, en rem
placement de M. Rouyer-Legrand.
X
Nous apprenons que M. Barban, récem
ment nommé courtier maritime â Arzew,
prêtera serment aujourd’hui devant le tri
bunal consulaire.
X
M. Cassaigne, commis-greffier de M. le
juge d’instruction du tribunal de Tlemcen,
est nommé greffier près la justice de paix de
Remchi, en remplacement de M. Palo wski.
X
On vient de décider la création d’ambu
lances, système Toilet, à la Closerie des
Palmiers, près du Jardin d’E*sai, à Bab-el-
Oued et à l’hôpi;al civil de Mustapha.
X
Par décret du Président de la République,
une contribution spéciale de quarante-trois
mille six cents francs (43,630 fr.), destinée à
l’acquittement des dépenses des bourses et
chambres de commerce des trois départe
ments de l’Algérie, pendant l’année 1885,
plus cinq cmtimes (0 fr. 05) par franc, pour
subvenir aux frais de perception, sera payée
en Algérie par les patentés inscrits sur le3
matricules de la dite année et répartie con
formément au tableau suivant :
Bourse de commerce : 1,000 fr. — Paten*
tés de la commune d’Alger.
Feuilleton de LA DÉPÊCHE ALGÉRIENNE
N" 24.
LA
GRANDE MÂR1ÈRE
PAR
Georges OHNET
Eh bien ! c’est moi qui vous le dis, et vous
savez que je ne menace jamais en vain, si
cet homme remarquable n’est pas en mesure
de faire face à l’échéance qui tombe à la fin
de ce mois, c’est-à-dire trois jours après la
Saint-Firmin, je le fais exproprier, lui et sa
noble famille, de son noble château... Cela
aussi vrai que je me nomme Carvajan.
Il s’était excité encore en parlant, et son
visage basané avait pris une teinte livide,
ses yeux flambaient de haine, et ses mains
étaient agitées d’un tremblement. Il fit une
pause, dévisagea le notaire, et, d’une voix
railleuse :
— Si le brûleur est une merveille, Malô-
zeau, c’est moi qui l’exploiterai, mon bon...
Et soyez tranquille, j’en tirerai meilleur
parti que votre vieil utopiste de marquis...
Comme le notaire ouvrait la bouche pour
tenter un suprême effort en faveur de son
client :
— Ça suffit, dit Carvajan d’un ton tran
chant*. Jusqu’à la fin du mois, ni plus, ni
moins* Yous pouvez le lui dire,.. Et qu’il
se souvienne... car, mai, je n’oublie pas!
Il leva son doigt à la hauteur de sa joue
et montra, avec un amer sourire, une petite
ligne blanche qui tranchait sur le brun de
son visage, trace toujours visible du coup
de fouet reçu trente ans auparavant dans la
nuit de la Saint-Martin.
Sans ajouter une parole, il quitta le no
taire, traversa les groupes de ses invités et
rejoignit le sous-préfet, profondément en
foncé dans une conversation administrative
avec l’agent-voyer. Alors Pascal, dans le
désordre de ses pensées, pesant les griefs
de son père et ceux du marquis, en vint,
plein d’angoisse, à les trouver égaux. Oui,
les torts de M. de Clairefont avaient été
graves, et les rancunes de Carvajan étaient
légitimes. Hélas ! entre ces deux hommes
l’abîme n’en était que plus profond. Jamais
une volonté humaine n’arriverait à le com
bler. Et, victimes de cette inimitié impla
cable, les enfants, qui étaient innocents et
auraient pu s’aimer, se voyaient condamnés
à la discorde et à la haine. Tout ce bruit
qui l’entourait lui fit horreur. Il put sortir
sans être remarqué, et gagner la rue rede
venue déserte.
L’air était calme et doux. Dans le ciel
transparent, les étoiles brillaient II s’assit
sur un banc de pierre, auprès de la fontaine
qui coulait avec un léger murmure ; tout se
taisait, et, dans cette solitude de la ville en
dormie, ne trouvant que tristesse dans son
passé, n’attendant que tristesse de son ave
nir, maudissant le marquis, rougissant de
son père, résolu à chasser de son cœur le
souvenir d’Antoinette, Pascal désespéré
laissa tomber sa tête entre ses mains, et se
mit à pleurer.
V
L’assemblée de La Neuville, cette année-
là, fut particulièrement brillante. La récolte
s’annonçait bien, les branches des pommiers
pliaient sous les fruits, les pluie* du prin
temps avaient rendu les foins savoureux et
abondants. Le marché aux bestiaux avait vu
ses cours très soutenus, et les génisses se
payaient couramment vingt-cinq pistoles.
Un vent de gaieté passait sur la ville, une
animation inusitée mettait en branle ses ha
bitants lourdauds et casaniers. Les rues
étaient encombrées, les boutiques s’ouvraient
hospitalières, les paysans, d’un pas traînant,
le nez en l’air, la blouse neuve, d’un bleu
noir, ballonnant sur le dos, s’en allaient le
long des trottoirs, suivis de leur femme et
de leurs filles, en bonnet de fête à grandes
aiguilles d’or.
A l’entrée du faubourg, devant l’auberge
du Cygne d’argent, un cercle de cabriolets
et de tapissières, les brancards en l’air, s’é
largissait d’heure en heure, pendant que,
dans une petite prairie, attachés à des pi
quets, les chevaux, leurs harnais sur le dos,
le mors défait et pendant, broutaient l’herbe,
se fouettant les flancs de leur queue pour
chasser les mouches. A chaque instant, une
charrette ou un bog sonnant la ferraille, ar
rivait, couvert de poussière, conduit par un
fermier, la casquette sur l’oreill8, le cigare
mâchonné à la bouche. Et c’étaient des ap
pels et des exclamations.
— Tiens ! c’est maître Levasseur... Com
ment va aujourd’hui ?...
— Hé, Jean-Louis ! ohé !
— Ah ! bon sang, vieux malin ! T’as bien
fait de vendre tes pommes l’année der
nière.. La razière ne sera pas chère.
— Prenons-nous un café ? Lebourgeois,
veille à ma jument... Un double d’avoine,
et à boire dans une demi-heure...
L’aubergiste, sa femme et son garçon
a’écurie, affairés, allaient de la salle à la
cave et de la cave à la grange. Des cris ter
ribles partaient du rez-de-chaussée, comma
si on s’égorgait, et c’était simplement una
vente de bestiaux qui se traitait entre amis.
Dans l’air, une violente odeur de frkure se
répandait avec des nuages de fumée bleua
s’échappant de la cuisine, et, sur la fenêtre,
dans une manne, des douzaines de douil-
lons dorés, sortant du four, achevaient de
refroidir. Derrière la toile d’nne baraque,
les détonations d’un tir se faisaient enten
dre ; un jeu de chevaux de bois jetait à
1 écho les aigres harmonies de son orgue
poussif, et, sur le haut d’une voiture à ca
pote, derrière laquelle était installé un va
let armé d’une trompe de chasse, un den
tiste, brandissant un sabre, appelait les ba
dauds, expliquant, avec une faconde popu
laire, qu’à l’aide de « cet engin meurtrier »
il extrayait les molaires les plus récalcitran
tes, sans difficulté et sans douleur.
(A suivre).
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