Titre : La Dépêche algérienne : journal politique quotidien
Éditeur : [s.n.] (Alger)
Date d'édition : 1885-07-30
Contributeur : Robe, Eugène (1890-1970). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32755912k
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Description : 30 juillet 1885 30 juillet 1885
Description : 1885/07/30 (A1,N14). 1885/07/30 (A1,N14).
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bd6t544796j
Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JOD-10449
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 18/04/2021
Première année. — N° 14.
«^ÊFECTUBE D‘ALGER
DEPOT LEGAL
Le numéro 5 centimes.
Jeudi, 30 juillet 1885.
JOURNAL POLITIQUE QUOTIDIEN
Algérie.
France.
ABONNEMENTS :
Trois mois Six mois
4 50
6
9
12
Un an
18
24
ADMINISTRATION ET RÉDACTION :
Rue de la Marine, n° 9, ancien hôtel Bazin.
Alger, le 29 juillet 1885.
Politique du Jour
« On n’est jamais trahi que par les siens »,
le vieil adage est d’une rigoureuse exacti
tude, et M. Sigismond Lacroix vient d’en
faire la dure expérience.
Le député du 2' arrondissement de Paris
est ce qu’on appelle vulgairement un rouge
à tous crins. Il a joué pendant la commune
un certain rôle avec Dombronski et La Cé-
Cilia. C’est un ami de Floquet qui crie tou
jours vive la Pologne, car il est Polonais, et
Vive la révolution sociale, car c’est elle qui
l’a fait monter au sommet où il se cram
ponne en ce moment En un mot, un garçon
ayant la reconnaissance du ventre.
Depuis son entrée au Parlement, M. Si
gismond Lacroix a soutenu de sa voix aigre
et de ses sophismes boiteux, le drapeau du
bon combat et chaque parole a été une flèche
décochée à la bourgoisie. Et cependant M.
Lacroix ne sortirait pas sans gants gris-
perle et s ms bottines cirées à l’œuf. Mais on
est mandataire que diable et il faut jouer
son rôle. Donc, ces jours-ci M. Lacroix s’est
présenté devant ses électeurs pour rendre
compte de son mandat. On ne fait ces cho
ses-là spontanément que lorsqu’on est sûr
du succès- M. Lacroix en était sûr.
Les évènements cependant lui ont donné
tort. Les mécontents ont trouvé qu’il u’était
qu’un simple réactionnaire et deux ordres
du jour de défiance ont prouvé au député de
Paris, qu’il était irrémédiablement perdu
dans l e-prit de ses électeurs Donnez-vous
donc du mal pour être, â la fin çl’une légis
lature, traite d’affreux bourgeois.
***
A Athènes, les députés sont plus énergi
ques sans contredit qu’en France.
M. Tricoupis, président du Conseil des
ministres de la nation Hellénique, pension
nait, paraît-il, grassement ses fidèles amis,
récompensait royalement ses serviteurs.
Rien de mieux si cet argent était sorti de la
poche du premier miuistre grec. Du coup,
il n’avait rien à envier aux grands hommes
les plus célèbres, et la Grèce retrouvait au
XIX" siècle, un Lycurgue en pantalons et en
bottines.
Mais, malheureusement, il n’en est pas
ainsi. Tricoupis, suivant les vieux errements
en usage, n’a trouvé rien de mieux que de
prélever l’argent des services à rendre sur
les fonds publics. De là, la colère des hono
rables Hellènes. Ces messieurs, buttaut le
fer pendant qn’il était chaud, ont voté hier
une motion qui ne tend à rien moins qu’à
procéder à une enquête sur la gestion finan
cière du cabinet. Après un pareil éeoule-
Tontes les communications relatives aux annnonces et réclames doivent, e*
Algérie, être adressées à l’AGENCE HAVAS, boulevard de la République, Alger.
En France, les communications sont reçues savoir :
A Marseille, chez M. Gustave ALLARD, rue du Bausset, 4 ;
A Paris, chez MM. AUDBOURG et O, place de la Bourse, 10,
Et par leurs correspondants.
ment, M. Tricoupis n’a plus qu’à tirer sa
révérence, bien heureux s’il en est quitte
pour cette courbette parlementaire et si ses
collègues d’hier, anjourd’hui ses juges, ne
l’envoient pas prochainement dans quelque
bonne forteresse, passer les jours qui lui
restent à vivre à faire force réflexions sur
la vicissitude des choses humaines.
Le Comice agricole de Boufarik
ET LE PHYLLOXÉRA
Le Comice agricole de Boufarik ne veut
pas qu’on lui fasse le reproche que Voltaire
faisait à l’académie de Marseille, quand il
la comparait « à une fille sage ne faisant
jamais parler d’elle ». Le Comice agricole
de Boufarik veut qu’on parle de lui et même
qu’on en dise du bien.
Je dois dire qu’il réussit à merveille.
Le bruit qu’il fait u’est pas le même que
celui que fait le Comice agricole de Médéa,
ses membres ne s’occupent ni de politique
ni d’anti sémitisme, mais purement de ce
qui intéresse l’agriculture.
On ne les voit pas transformer leur asso
ciation en club électoral, chercher à démo
lir la municipalité ou à faire réussir des
candidatures ramollotiques.
Ils préfèrent s’occuper du Phylloxéra que
d’élections et pendant qu’à Médéa ies mem
bres du Comice faisaient de l’agitation, par
couraient en voiture les rues de la ville,
donnaient des ordres aux manifestants et
même aux magistrats ; ceux de Boufarik, eu
même temps que la Société des viticulteurs
du département d’Alger,envoyèrent à Tlem-
cen des délégués pour y étudier le Phyl
loxéra et se rendre compte de la situation.
L’assemblée générale du Comice qui était
annoncée pour le lundi, 28 juillet, à 2 heu
res, à l’Hôtel de l’Oasis, à Boufarik, devait
être particulièrement intéressante. On de
vait y lire les projets de statuts pour la
création d’une société de préservation con
tre le Phylloxéra et, de plus, on devait en
tendre M. Couaoon, délégué du Ministre de
l’Agriculture.
C’était là d’ailleurs le principal attrait de
la réunion qui était très nombreuse et à la
quelle assistaient beaucoup de colons et
d’habitants d’Alger et de Blida, parmi les
quels on pouvait remarquer M. Bordet, pré
sident de la Société d’agriculture ; M. Ver-
laguet, président, et M. Bordet, vice-prési
dent de la Société des viticulteurs ; M.Lem-
bra, ancien inspecteur général de l’agricul
ture, aujourd’hui propriétaire à Mouzaya ;
et plusieurs conseillers généraux et mem
bres de la presse.
La réunion était présidée par M. De-
bonno.
Je ne dirai rien pour aujourd’hui de ce pro
jet de société, qui a soulevé quelques con
tradictions sinon sur le principe, mais sur
le caractère plus ou moins communal de la
Société.
C’est une question sur laquelle j’aurai oc
casion de revenir.
J’arrive aux explications données par
l’honorable délégué du ministre.
Elles ont été des plus rassurantes. A son
avis, tout le monde a fait son devoir et l’a
fait en temps utile. Gouverneur, Ministre,
Sénateurs, Députés, Préfets et Agents lo
caux.
Quand il est arrivé sur les lieux contami
nés, toutes les mesures nécessaires avaient
été prises ; il a immédiatement constaté la
présence du Phylloxéra, et au moyen du pé
trole on a fait disparaître en peu de temps
six hectares de vignes plus ou moins conta
minés.
Le sulfure de carbone est arrivé samedi
dernier et désormais, on en aura toujours
en quantité suffisante.
L’autorité militaire a prêté le concours le
plus utile ; le miuistre avait eu quelque
sorte donné carte blanche à son délégué.
Dix mille francs ont d’abord été mis à sa
disposition, puis cinquante mille et on lui
a promis que tous les crédits qui devien
draient nécessaires seraient accordés.
On ne néglige pas la recherche des res
ponsabilités, l’enquête se poursuit avec acti
vité ; l’importation du phylloxéra est dé
montrée, les coupables sont connus, ils se
ront punis... Certains propriétaires n’ont
pas fait les déclarations prescrites par la loi,
les tâches phylloxériqaes existaient depuis
plusieurs années, les experts eux-mêmes
n’ont pas fait ce qu’ils auraient dû faire.
Quoi qu’il eu soit, M. Couanon est con
vaincu que tout danger est écàrté, du moins
en ce qui concerne Tlemcen, et l’invasion
phylloxérique qui pourrait venir de là.
Mais ce n’est point une raison pour s’en
dormir dans une trompeuse sécurité. Le
phylloxéra n’existe plus à Tlemcen, et com
me les 400 hectares de vignes de cette ré
gion sont séparés des 60,000 hectares de
vignes de l’Algérie, il n’y a, il le répète,
aucun danger d’invasion y mais rien ne
prouve qu’il n’existe pas sur un autre point
de l’Algérie. Cette terre n’est plus réfrac
taire au phylloxéra, comme on le coyait, le
terrible insecte peut y vivre, il faut donc se
tenir en garde, et c’est pourquoi, malgré les
excellents résultats obtenus à Tlemcen, le
ministre de l’agriculture a ordonné une
inspection générale de toutes les vignes de
l’Algérie. C’est pourquoi aussi, en termi
nant, M. Couanon a engagé les viticulteurs
et tous les colons à former des syndicats
pour venir en aide à l’Etat et aux commu
nes par l’exécution de la loi de mars 1883.
Tel est le sens très exact du discours de
M. Couanon.
Feuilleton de LA DEPECHE ALGÉRIENNE
N° 14.
LA
GRANDE BARRIÈRE
PAR
Georges OHNET
Et pourtant que de fois Antoinette avait
entendu le marquis s’écrier, en montant la
colline: Ici est la fortune de la maison !
Il avait fait faire des expériences qui tou
tes avaient été concluantes : la chaux de
Clairefont pouvait défier toute concur
rence. Pendant plusieurs années la vente
avait été considérable. Mais le marquis,
pour perfectionner son outillage, s’était mis
à inventer des machines. Il avait expéri
menté des moyens de calcination nouveaux.
Et dans ses tentatives il avait gaspillé le
bénéfice de son entreprise. • Toujours le
manque de suite dans les idées. La folle
du logis s’égarant à la recherche du mieux,
quand le bien existait, facile et sûr ; le gé-
Informations algériennes
Les parties non-sequestrées des Ouled-
M’barek (département de Constantine), de
vant être soumises à l’application de la foi
du 26 juillet 1873, M. Dechap, commissaire-
priseur, partira le 13 août, pour ce douar,
afin de commencer les opérations de vente.
X
Par décision du 12 juin 1885, la commis
sion disciplinaire de la subdivision de Mas
cara, a condamné le nommé Mohamed ould
El-Arbi, sans profession, des Oulad-Aïssa-
El-Guerraridj, cercle de Giryville, à 2 mois
de prison et 50 francs d’amende, pour vol
de vêtements, au préjudice des nommés
Ghamnia bent Mohamed et M’hamed ould
Mohamed, de Géryville.
X
Au nombre des lauréats du concours ré
gional de Sétif, se trouve un Indigène, M.
Saïd ben Mohamed, de Sidi-Mabrouk (Cons-
tantinej, qui a obtenu deux récompenses :
1° Le deuxième prix (médaille d’or et 200»
francs) affecté aux vaches africaines de plusi
de trois ans;
2° Le premier prix (médaille d’or et lOCfc
francs) affecté aux femelles de l’espèce ovina
croisée mérinos et races algériennes.
X
Dans sa séance du 6 juillet 1885, la com
mission disciplinaire du cercle de Tiaret, a*
puni de 2 mois de prison et 100 francs d’a
mende, les nommés Khaled ben Aïssa of
Saâd ben Ahmed, cultivateurs, de la tribu
des Oulad-Sidi-Khaled, pour vols de bes
tiaux.
X
Par décision de M. le Gouverneur gér
nie diabolique de l’inventeur sans cesse en
quête d’uu progrès à réaliser. Alors, au
lieu de la réussite pu r e et simple, par le
droit et ordinaire chemin, l’insuccès par
des voies détournées et ardues. Et la ruine
succédant à la fortune.
Cependant, malgré l’amer désenchante
ment que lui causaient tant d’échecs suc
cessifs, au fond de l’esprit de la jeune fille
une dernière espérance fleurissait encore.
Elle avait en son père une foi supertitieuse.
Elle pensait : Il finira par trouver, comme il
le dit si souvent ; et ce jour-là, comme dans
“un prodigieux conte de fées, les blocs
crayeux de la colline se changeront en or.
La cloche qui annonçait le déjeuner son
nant dans le lointain tira Antoinette de ses
rêves. Elle donna un coup de cravache â sa
monture, partit au galop, et vivement arri
va à la grille. Elle secoua sa tête pensive,
prit un air riant, traversa la cour immense,
entre les pavés de laquelle l’herbe poussait
haute, sauta toute seule à terre, ouvrit la
porte d’une écurie, et, débridant sa bête, la
laissa aller vers la stalle garnie de paille
fraîche, puis, retroussant sa longue jupe sur
son bras, elle se dirigea, suivie de son chien,
vers la salle à manger.
Dans la vaste pièce dallée de marbre rou
ge et blanc, au plafond décoré de caissons
dans lesquels étaient peintes ies armes de
la famille, aux murs garnis de dressoirs
sculptés, dont les tablettes portaient les piè
ces massives d’une antique argenterie, der
niers vestiges du luxe disparu, autour d’une
table trop large, quatre personnes assises
déjeunaient, servies par un vieux domesti-
que.
A la gauche de M. de Clairefont une pla
ce restait vide, celle de la retardataire; à sa
droite, Mlle de Saint-Maurice, avec sa laille
de grenadier, sa figure écarlate de vieile
fille couperosée ; en face, le jeune comte
Robert, et un personnage long et blême,
très chauve, sans un poil de barbe, abritant
derrière des lunettes à branches d’or ses
yeux au regard indécis.
— Ah ! voilà ma fille, dit avec satisfac
tion le marquis... Ma chère, je commençais
à être inquiet... J’ai fait sonner trois fois la
grosse cloche pour t’avertir... Tu étais donc
partie bien loin ?
— J’étais allée jusqu’à La Saueelle, mon
père, répondit Antoinette en embrassant le
vieillard... Les enfants du fermier sont ma
lades et je voulais avoir de leurs nouvelles...
Bonjour, ma bonne tante...
— Bonjour, fraîcheur... Viens que je te
respire... Tu sens la rosée et les fleurs. .
— C’est de vous, tantê, qu’il faut dire cela :
vous êtes radieuse, ce matin.
— Bon ! bon ! flatteuse, répliqua d’une
voix forte Mlle de Saint-Maurice... Je suis
radieuse à la façon d’un.coucher de soleil :
Et elle épanouit dans un large sourire son
visage embrasé.
Antoinette fit le tour de la table, donna
en passant une petite tape amicale sur la
joue de sou frère et, tendant la main au
troisième convive qui s’était levé cérémo
nieusement :
— Enchantée de vous voir, monsieur Ma-
lézeau, dit-elle... Je vous prie de m’exci t
je ne savais pas que j’aurais le plaisir <
vous trouver ici en rentrant... L’étude €
toujours à sa place ? Mme Malézeau se por
bien.
— Choses et gens, Mademoiselle... to
à votre service, Mademoiselle, croyez-
bien... répondit le notaire qui, par un t
invétéré, ponctuait chacun des fragmeu
de ses phrases d’un Monsieur », « Made
moiselle » ou Mademoiselle », du pli
bizarre effet.
— Allons tout est pour le mieux 1 concli
la jeune fille. Et, s’asseyant gaiement ai
près de son père :
— N’allez rien chercher pour moi, Bei
nard, dit-elle au vieux serviteur, je prêt
drai le déjeuner où il en est... Je meurs c
faim ce matin...
Elle se mit à manger avec une charmani
vivacité de mouvements, un entrain juvénil
et robuste qui faisaient plaisir à voir. So
frère la regarda un instant, puis, affectai
un air solennel :
— Mademoiselle ma sœur, deux mol
maintenant. Tu nous dis que tu reviens d
Saueelle, c’est fort bien. Je t’ai, en effet, vu
passer sur le plateau... Mais ce que tu n
nous dis pas, c’est que tu n'étais ps
seule...
A ces mots, Antoinette devint fort rougi
et leva brusquement la tête...
— Allons, Robert, que signifie cette plai
santerie ? s’écria la tante Isabelle. Prétends
tu nous faire accroire que ta sœur se piê
mène sur les routes avec d is geus que m n
«^ÊFECTUBE D‘ALGER
DEPOT LEGAL
Le numéro 5 centimes.
Jeudi, 30 juillet 1885.
JOURNAL POLITIQUE QUOTIDIEN
Algérie.
France.
ABONNEMENTS :
Trois mois Six mois
4 50
6
9
12
Un an
18
24
ADMINISTRATION ET RÉDACTION :
Rue de la Marine, n° 9, ancien hôtel Bazin.
Alger, le 29 juillet 1885.
Politique du Jour
« On n’est jamais trahi que par les siens »,
le vieil adage est d’une rigoureuse exacti
tude, et M. Sigismond Lacroix vient d’en
faire la dure expérience.
Le député du 2' arrondissement de Paris
est ce qu’on appelle vulgairement un rouge
à tous crins. Il a joué pendant la commune
un certain rôle avec Dombronski et La Cé-
Cilia. C’est un ami de Floquet qui crie tou
jours vive la Pologne, car il est Polonais, et
Vive la révolution sociale, car c’est elle qui
l’a fait monter au sommet où il se cram
ponne en ce moment En un mot, un garçon
ayant la reconnaissance du ventre.
Depuis son entrée au Parlement, M. Si
gismond Lacroix a soutenu de sa voix aigre
et de ses sophismes boiteux, le drapeau du
bon combat et chaque parole a été une flèche
décochée à la bourgoisie. Et cependant M.
Lacroix ne sortirait pas sans gants gris-
perle et s ms bottines cirées à l’œuf. Mais on
est mandataire que diable et il faut jouer
son rôle. Donc, ces jours-ci M. Lacroix s’est
présenté devant ses électeurs pour rendre
compte de son mandat. On ne fait ces cho
ses-là spontanément que lorsqu’on est sûr
du succès- M. Lacroix en était sûr.
Les évènements cependant lui ont donné
tort. Les mécontents ont trouvé qu’il u’était
qu’un simple réactionnaire et deux ordres
du jour de défiance ont prouvé au député de
Paris, qu’il était irrémédiablement perdu
dans l e-prit de ses électeurs Donnez-vous
donc du mal pour être, â la fin çl’une légis
lature, traite d’affreux bourgeois.
***
A Athènes, les députés sont plus énergi
ques sans contredit qu’en France.
M. Tricoupis, président du Conseil des
ministres de la nation Hellénique, pension
nait, paraît-il, grassement ses fidèles amis,
récompensait royalement ses serviteurs.
Rien de mieux si cet argent était sorti de la
poche du premier miuistre grec. Du coup,
il n’avait rien à envier aux grands hommes
les plus célèbres, et la Grèce retrouvait au
XIX" siècle, un Lycurgue en pantalons et en
bottines.
Mais, malheureusement, il n’en est pas
ainsi. Tricoupis, suivant les vieux errements
en usage, n’a trouvé rien de mieux que de
prélever l’argent des services à rendre sur
les fonds publics. De là, la colère des hono
rables Hellènes. Ces messieurs, buttaut le
fer pendant qn’il était chaud, ont voté hier
une motion qui ne tend à rien moins qu’à
procéder à une enquête sur la gestion finan
cière du cabinet. Après un pareil éeoule-
Tontes les communications relatives aux annnonces et réclames doivent, e*
Algérie, être adressées à l’AGENCE HAVAS, boulevard de la République, Alger.
En France, les communications sont reçues savoir :
A Marseille, chez M. Gustave ALLARD, rue du Bausset, 4 ;
A Paris, chez MM. AUDBOURG et O, place de la Bourse, 10,
Et par leurs correspondants.
ment, M. Tricoupis n’a plus qu’à tirer sa
révérence, bien heureux s’il en est quitte
pour cette courbette parlementaire et si ses
collègues d’hier, anjourd’hui ses juges, ne
l’envoient pas prochainement dans quelque
bonne forteresse, passer les jours qui lui
restent à vivre à faire force réflexions sur
la vicissitude des choses humaines.
Le Comice agricole de Boufarik
ET LE PHYLLOXÉRA
Le Comice agricole de Boufarik ne veut
pas qu’on lui fasse le reproche que Voltaire
faisait à l’académie de Marseille, quand il
la comparait « à une fille sage ne faisant
jamais parler d’elle ». Le Comice agricole
de Boufarik veut qu’on parle de lui et même
qu’on en dise du bien.
Je dois dire qu’il réussit à merveille.
Le bruit qu’il fait u’est pas le même que
celui que fait le Comice agricole de Médéa,
ses membres ne s’occupent ni de politique
ni d’anti sémitisme, mais purement de ce
qui intéresse l’agriculture.
On ne les voit pas transformer leur asso
ciation en club électoral, chercher à démo
lir la municipalité ou à faire réussir des
candidatures ramollotiques.
Ils préfèrent s’occuper du Phylloxéra que
d’élections et pendant qu’à Médéa ies mem
bres du Comice faisaient de l’agitation, par
couraient en voiture les rues de la ville,
donnaient des ordres aux manifestants et
même aux magistrats ; ceux de Boufarik, eu
même temps que la Société des viticulteurs
du département d’Alger,envoyèrent à Tlem-
cen des délégués pour y étudier le Phyl
loxéra et se rendre compte de la situation.
L’assemblée générale du Comice qui était
annoncée pour le lundi, 28 juillet, à 2 heu
res, à l’Hôtel de l’Oasis, à Boufarik, devait
être particulièrement intéressante. On de
vait y lire les projets de statuts pour la
création d’une société de préservation con
tre le Phylloxéra et, de plus, on devait en
tendre M. Couaoon, délégué du Ministre de
l’Agriculture.
C’était là d’ailleurs le principal attrait de
la réunion qui était très nombreuse et à la
quelle assistaient beaucoup de colons et
d’habitants d’Alger et de Blida, parmi les
quels on pouvait remarquer M. Bordet, pré
sident de la Société d’agriculture ; M. Ver-
laguet, président, et M. Bordet, vice-prési
dent de la Société des viticulteurs ; M.Lem-
bra, ancien inspecteur général de l’agricul
ture, aujourd’hui propriétaire à Mouzaya ;
et plusieurs conseillers généraux et mem
bres de la presse.
La réunion était présidée par M. De-
bonno.
Je ne dirai rien pour aujourd’hui de ce pro
jet de société, qui a soulevé quelques con
tradictions sinon sur le principe, mais sur
le caractère plus ou moins communal de la
Société.
C’est une question sur laquelle j’aurai oc
casion de revenir.
J’arrive aux explications données par
l’honorable délégué du ministre.
Elles ont été des plus rassurantes. A son
avis, tout le monde a fait son devoir et l’a
fait en temps utile. Gouverneur, Ministre,
Sénateurs, Députés, Préfets et Agents lo
caux.
Quand il est arrivé sur les lieux contami
nés, toutes les mesures nécessaires avaient
été prises ; il a immédiatement constaté la
présence du Phylloxéra, et au moyen du pé
trole on a fait disparaître en peu de temps
six hectares de vignes plus ou moins conta
minés.
Le sulfure de carbone est arrivé samedi
dernier et désormais, on en aura toujours
en quantité suffisante.
L’autorité militaire a prêté le concours le
plus utile ; le miuistre avait eu quelque
sorte donné carte blanche à son délégué.
Dix mille francs ont d’abord été mis à sa
disposition, puis cinquante mille et on lui
a promis que tous les crédits qui devien
draient nécessaires seraient accordés.
On ne néglige pas la recherche des res
ponsabilités, l’enquête se poursuit avec acti
vité ; l’importation du phylloxéra est dé
montrée, les coupables sont connus, ils se
ront punis... Certains propriétaires n’ont
pas fait les déclarations prescrites par la loi,
les tâches phylloxériqaes existaient depuis
plusieurs années, les experts eux-mêmes
n’ont pas fait ce qu’ils auraient dû faire.
Quoi qu’il eu soit, M. Couanon est con
vaincu que tout danger est écàrté, du moins
en ce qui concerne Tlemcen, et l’invasion
phylloxérique qui pourrait venir de là.
Mais ce n’est point une raison pour s’en
dormir dans une trompeuse sécurité. Le
phylloxéra n’existe plus à Tlemcen, et com
me les 400 hectares de vignes de cette ré
gion sont séparés des 60,000 hectares de
vignes de l’Algérie, il n’y a, il le répète,
aucun danger d’invasion y mais rien ne
prouve qu’il n’existe pas sur un autre point
de l’Algérie. Cette terre n’est plus réfrac
taire au phylloxéra, comme on le coyait, le
terrible insecte peut y vivre, il faut donc se
tenir en garde, et c’est pourquoi, malgré les
excellents résultats obtenus à Tlemcen, le
ministre de l’agriculture a ordonné une
inspection générale de toutes les vignes de
l’Algérie. C’est pourquoi aussi, en termi
nant, M. Couanon a engagé les viticulteurs
et tous les colons à former des syndicats
pour venir en aide à l’Etat et aux commu
nes par l’exécution de la loi de mars 1883.
Tel est le sens très exact du discours de
M. Couanon.
Feuilleton de LA DEPECHE ALGÉRIENNE
N° 14.
LA
GRANDE BARRIÈRE
PAR
Georges OHNET
Et pourtant que de fois Antoinette avait
entendu le marquis s’écrier, en montant la
colline: Ici est la fortune de la maison !
Il avait fait faire des expériences qui tou
tes avaient été concluantes : la chaux de
Clairefont pouvait défier toute concur
rence. Pendant plusieurs années la vente
avait été considérable. Mais le marquis,
pour perfectionner son outillage, s’était mis
à inventer des machines. Il avait expéri
menté des moyens de calcination nouveaux.
Et dans ses tentatives il avait gaspillé le
bénéfice de son entreprise. • Toujours le
manque de suite dans les idées. La folle
du logis s’égarant à la recherche du mieux,
quand le bien existait, facile et sûr ; le gé-
Informations algériennes
Les parties non-sequestrées des Ouled-
M’barek (département de Constantine), de
vant être soumises à l’application de la foi
du 26 juillet 1873, M. Dechap, commissaire-
priseur, partira le 13 août, pour ce douar,
afin de commencer les opérations de vente.
X
Par décision du 12 juin 1885, la commis
sion disciplinaire de la subdivision de Mas
cara, a condamné le nommé Mohamed ould
El-Arbi, sans profession, des Oulad-Aïssa-
El-Guerraridj, cercle de Giryville, à 2 mois
de prison et 50 francs d’amende, pour vol
de vêtements, au préjudice des nommés
Ghamnia bent Mohamed et M’hamed ould
Mohamed, de Géryville.
X
Au nombre des lauréats du concours ré
gional de Sétif, se trouve un Indigène, M.
Saïd ben Mohamed, de Sidi-Mabrouk (Cons-
tantinej, qui a obtenu deux récompenses :
1° Le deuxième prix (médaille d’or et 200»
francs) affecté aux vaches africaines de plusi
de trois ans;
2° Le premier prix (médaille d’or et lOCfc
francs) affecté aux femelles de l’espèce ovina
croisée mérinos et races algériennes.
X
Dans sa séance du 6 juillet 1885, la com
mission disciplinaire du cercle de Tiaret, a*
puni de 2 mois de prison et 100 francs d’a
mende, les nommés Khaled ben Aïssa of
Saâd ben Ahmed, cultivateurs, de la tribu
des Oulad-Sidi-Khaled, pour vols de bes
tiaux.
X
Par décision de M. le Gouverneur gér
nie diabolique de l’inventeur sans cesse en
quête d’uu progrès à réaliser. Alors, au
lieu de la réussite pu r e et simple, par le
droit et ordinaire chemin, l’insuccès par
des voies détournées et ardues. Et la ruine
succédant à la fortune.
Cependant, malgré l’amer désenchante
ment que lui causaient tant d’échecs suc
cessifs, au fond de l’esprit de la jeune fille
une dernière espérance fleurissait encore.
Elle avait en son père une foi supertitieuse.
Elle pensait : Il finira par trouver, comme il
le dit si souvent ; et ce jour-là, comme dans
“un prodigieux conte de fées, les blocs
crayeux de la colline se changeront en or.
La cloche qui annonçait le déjeuner son
nant dans le lointain tira Antoinette de ses
rêves. Elle donna un coup de cravache â sa
monture, partit au galop, et vivement arri
va à la grille. Elle secoua sa tête pensive,
prit un air riant, traversa la cour immense,
entre les pavés de laquelle l’herbe poussait
haute, sauta toute seule à terre, ouvrit la
porte d’une écurie, et, débridant sa bête, la
laissa aller vers la stalle garnie de paille
fraîche, puis, retroussant sa longue jupe sur
son bras, elle se dirigea, suivie de son chien,
vers la salle à manger.
Dans la vaste pièce dallée de marbre rou
ge et blanc, au plafond décoré de caissons
dans lesquels étaient peintes ies armes de
la famille, aux murs garnis de dressoirs
sculptés, dont les tablettes portaient les piè
ces massives d’une antique argenterie, der
niers vestiges du luxe disparu, autour d’une
table trop large, quatre personnes assises
déjeunaient, servies par un vieux domesti-
que.
A la gauche de M. de Clairefont une pla
ce restait vide, celle de la retardataire; à sa
droite, Mlle de Saint-Maurice, avec sa laille
de grenadier, sa figure écarlate de vieile
fille couperosée ; en face, le jeune comte
Robert, et un personnage long et blême,
très chauve, sans un poil de barbe, abritant
derrière des lunettes à branches d’or ses
yeux au regard indécis.
— Ah ! voilà ma fille, dit avec satisfac
tion le marquis... Ma chère, je commençais
à être inquiet... J’ai fait sonner trois fois la
grosse cloche pour t’avertir... Tu étais donc
partie bien loin ?
— J’étais allée jusqu’à La Saueelle, mon
père, répondit Antoinette en embrassant le
vieillard... Les enfants du fermier sont ma
lades et je voulais avoir de leurs nouvelles...
Bonjour, ma bonne tante...
— Bonjour, fraîcheur... Viens que je te
respire... Tu sens la rosée et les fleurs. .
— C’est de vous, tantê, qu’il faut dire cela :
vous êtes radieuse, ce matin.
— Bon ! bon ! flatteuse, répliqua d’une
voix forte Mlle de Saint-Maurice... Je suis
radieuse à la façon d’un.coucher de soleil :
Et elle épanouit dans un large sourire son
visage embrasé.
Antoinette fit le tour de la table, donna
en passant une petite tape amicale sur la
joue de sou frère et, tendant la main au
troisième convive qui s’était levé cérémo
nieusement :
— Enchantée de vous voir, monsieur Ma-
lézeau, dit-elle... Je vous prie de m’exci t
je ne savais pas que j’aurais le plaisir <
vous trouver ici en rentrant... L’étude €
toujours à sa place ? Mme Malézeau se por
bien.
— Choses et gens, Mademoiselle... to
à votre service, Mademoiselle, croyez-
bien... répondit le notaire qui, par un t
invétéré, ponctuait chacun des fragmeu
de ses phrases d’un Monsieur », « Made
moiselle » ou Mademoiselle », du pli
bizarre effet.
— Allons tout est pour le mieux 1 concli
la jeune fille. Et, s’asseyant gaiement ai
près de son père :
— N’allez rien chercher pour moi, Bei
nard, dit-elle au vieux serviteur, je prêt
drai le déjeuner où il en est... Je meurs c
faim ce matin...
Elle se mit à manger avec une charmani
vivacité de mouvements, un entrain juvénil
et robuste qui faisaient plaisir à voir. So
frère la regarda un instant, puis, affectai
un air solennel :
— Mademoiselle ma sœur, deux mol
maintenant. Tu nous dis que tu reviens d
Saueelle, c’est fort bien. Je t’ai, en effet, vu
passer sur le plateau... Mais ce que tu n
nous dis pas, c’est que tu n'étais ps
seule...
A ces mots, Antoinette devint fort rougi
et leva brusquement la tête...
— Allons, Robert, que signifie cette plai
santerie ? s’écria la tante Isabelle. Prétends
tu nous faire accroire que ta sœur se piê
mène sur les routes avec d is geus que m n
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