Titre : La Dépêche algérienne : journal politique quotidien
Éditeur : [s.n.] (Alger)
Date d'édition : 1885-07-27
Contributeur : Robe, Eugène (1890-1970). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32755912k
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Description : 27 juillet 1885 27 juillet 1885
Description : 1885/07/27 (A1,N11). 1885/07/27 (A1,N11).
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bd6t544793h
Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JOD-10449
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 18/04/2021
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V V • 1
Première année. — N° 11.
HiÈiSCTUliE N.U.GEh
DEPOT LEGAL
Le numéro S centimes. f f Lundi,.27 juillet 1885.
JOURNAL POLITIQUE QUOTIDIEN
ABONNEMENTS :
Trois mois
Six mois
Algérie 4.50 O
France ©
Un an
18
24
ADMINISTRATION ET RÉDACTION :
Rus de la Marine, n° 9, ancien bôLel Bazin.
Toutes les communications relatives aux annnonces et réclames doivent, en
Algérie, etre adressées a l’ AGENCE HAVAS, boulevard de la République, Alger.
En France, les communications sont reçues savoir :
A Marseille, chez M. Gustave ALLARD, rue du Bausset, 4 :
A Paris, chez MM. AUDBOURG et O, place de la Bourse, 10,
Et par leurs correspondants.
Alger, le 26 juillet 1885.
Politique du Jour
La situation du gênerü de Coury devient
de jour en jour plus difficile, nous annon
çait hier une dépêche de notre correspon
dant particulier.
Eh mon Dieu ! cela n’a rien qui nous
étonne. Du jour où on l’a prié de se cauton-
ner dans ses attributions, ce militaire s’est
trouvé désorienté.
Il y a à la cour de Hué une intrigue cou-
lissière qui peut être seulement dénouée
par la diplomatie. Or, dans l’entourage du
général, nous ne voyons pas l’étoffe d'un
Talleyrand ; d’autre part, le général de
Courcy, très brave devant l’ennemi, doit
être trop brusque pour se plier à la souples
se Cochinchinoise.
Le meilleur remède à cela serait d’en
voyer au commandant en chef des instruc
tions claires et précises et de lui indiquer
absolument, tout en suivant les dépêches
qu’il envoie, ce qu’il doit faire .
Le cabinet anglais devrait servir ce nous
semble d’exemple à nos ministres.
On a mis avant-hier, Lord Salisbury et sa
suite en minorité sur un bill assez impor
tant quoiqu'on en ai dit. A l’annonce de
cette nouvelle, les journaux français pren
nent feu comme cent paquets de pétards et
les voilà éditant à grands fracas des bruits
de crise ministérielle.
C’est mal connaître nos voisins. Lord Sa-
lisbury, qui se sent très peu solide au pou
voir,ne s’effarouche pasoutre mesure des piè
ges qu’on lui tend de tous côtés.Il sait que de
son maintien au ministère dépend la ma
jeure partie des élections et, positif avant
tout, il fait bon marché de ces petits acci
dents parlementaires bons à effaroucher les
hommes d’Etat français. L’orgueil anglais
est un cliché hien usé aujourd’hui. Le pré
sident du conseil de la vieille Angleterre se
cramponne à deux mains à son portefeuille,
et parodiant Mac-Mahom, il s’écrie avec
conviction : je le tiens, je le garde.
Au fond, rien de mieux.
EST IL REPUE
Ll
ou Monarchiste?
Le journal réactionnaire de la localité qui
quotidiennement déverse l’insulte sur la Ré
publique, prétend que je me lamente et verse
des torrents de larmes, au sujet de la vic
toire remportée par son parti à Médéah.
Si vraiment M. le colonel Fallet est tel
que nous le représente Y Union africaine,
s’il est aussi clérical et aussi anti-répu
blicain que le dit notre confrère, il n’y au
rait pas lieu de trop s’étonner de ma vive
douleur, et l’on pourrait aussi comprendre
un peu d’indignation contre mes confrères
radicaux qui, pour satisfaire des rancunes
électorales, auraient prêté la main à un en
nemi de nos institutions.
Mais que M. Y., de l'Union Africaine,
veuille bien me relire, il n’y trouvera pas
tant de sanglots que cela. J’ai dit qu’à M.
Fallet que je ne connais pas et qui semble
appartenir à tous les partis, je préférais M.
Jouyne, que je connais, que tout le monde
connaît et qui n’a pas un pied dans le camp
rouge et un pied dans le camp blanc. J’ai
aussi cherché à découvrir si T Union Afri
caine disait vrai, ou si elles e trompait avec
l’espérance que le Petit Colon ou le Radi
cal Algérien ou M. Fallet lui-même, croi
raient devoir s’expliquer à cet égard.
On a gardé le silence. L’Union africaine
n’a pas été démentie, les deux frères Sia
mois du radicalisme, n’ont pas voulu ou
n’ont pas pu dissiper mes doutes. Et M. le
colonel Fallet a tacitement reconnu que
c’était à bon droit que Y Union africaine le
comptait parmi les siens ;
Qui ne dit mot consent.
Donc, Y Union africaine a raison de se
frotter les mains, puisqu’enfin un clérical a
pu se faire élire ; mais il ne faut pas qu’elle
en tire trop de vanité.
Je l’invite à ne pas oublier que c’est grâce
à l’appui des radicaux que cette victoire a été
rapportée, et ia condition expresse que la
profession de foi cléricale du colonel ne
verrait pas le jour.
11 ne faut pas non plus que radicaux et
cléricaux unis dans cette circonstance ou
blient que les inimitiés locales ont joué un
grand rôle dans cette affaire, et qu’en défi -
nitive, c’était la lutte entre M. Daudet et
M. Figarol qui se faisait sur le dos de M.
Jouyne et de M. Fallet.
Il ne faut pas non plus croire que l’élec
tion est définitive. Il pourrait se faire qu’el
le fût annulée par le conseil d’Etat, qui
pourrait trouver étrange que l’on ait laissé
voter quarante citoyens non inscrits sur la
liste électorale.
La campagne des membres de la Société
protectrice des indigène en faveur des droits
électoraux de leurs clients, continue sans
relâche ; mais elle réussit rarement.
Une pétition présentée par 18 conseillers
municipaux indigènes qui demandent le re
trait du décret du 7 avril dernier (1884) a
été repoussée par la commission nommée
pour statuer sur cette proposition.
X
La municipalité de Bordj-Ménaïel vient
de décider qu’il ne serait donné aucune sui
te au projet du transfert du marché de Bordj-
Ménaïel.
dette détermination est motivée par le
Conseil municipal d’isserville qui demande
à ouvrir u'n marché aux Issers.
X
Par arrêté gouvernemental, en date du 20
juillet 1885, il a été créé un commissariat de
police à Marengo.
Par arrêté préfectoral du 22 du même
mois, M. Bascans, ancien commissaire de
police, a été nommé titulaire de cet em
ploi.
X
Aux termes d’une décision du ministre de
l’Agriculture, en date du 7 décembre 1882,
les jeunes gens habitant l’Algérie, qui dési
rent entrer à l’Ecole nationale d’Agriculture
de Montpellier, sont autorisés â subir, à Al
ger les examens d’admission à cet établis
sement.
Les demandes d’admission, rédigées sur
papier timbré, devront être adressées à M.
le Gouverneur général (bureau de l’Agricul
ture), avant le 1 er septembre.
X
d’est le 2 août prochain que doivent avoir
lieu de nouvelles élections municipales pour
compléter le conseil actuel d O rata, dont on
ze membres sont démissionnaires.
X
Les nommés Henry et Capitani, apparte
nant à la section de discipline, détachée à
Aïn-ben-Khelil, ont comparu hier devant
le donseil de guerre d’Oran pour insubordi
nation.
des hommes, qui voulaient pénétrer dans
la redoute, malgré l’avis du factionnaire,
violèrent la consigne et insultèrent le chef
de poste.
Henry a été condamné â mort et dapitani
à 3 ans de prison.
X
Dorénavant, tout paquebot de l’Etat, re
venant du Tonkin, avec dix passagers an
maximum appartenant aux corps spéciaux
de l’Algérie, fera escale à Bôae.
Mouvement dans la Justice
MUSULMANE
de travail en préparation au Parquet et
dont nous annoncions la prochaine appari
tion nous étant parvenu aujourd’hui, nous
nous empressons de le publier.
Par arrêté du Gouverneur général, en da
te du 25 juillet :
Article premier
Est nommé cadi :
A Aumale,. Si Mohamed ben B hi, ba-
chadel Maleki à Alger, en remplacement de
Si Mostafa ben El-ïïadj, nommé cadi notai
re à Palestro.
Sont nommés cadis-notaires ;
A Seùma, Si Abdallah ben Kerrat, asses
seur au Guergour, en remplacement de Si
Abderrahman ben Mohamed, révoqué.
A Palestro (emploi créé), Si Mostafa ben
El-Hadj Ahmed, cadi à Aumale.
Est nommé assesseur kabyle.
A Palestro , Si Mostafa ben EI-Hadj Mo
hammed, nommé cadi-notaire à la dite jus
tice de paix.
Sont nommés assesseurs arabes :
A Guergour, Si Mohamed Arezki ben
Ahmed Zin, adel à Sétif, en remplacement
de Si Abdallah ben Kherrat, nommé cadi-
notaire à Selma.
A Palestro, Si Mohamed ben «ahoun
ancien adel à i Ouarsenis, démissionnaire.
Sont nommés baeh-adels :
A l’Arba (3 e circonscription judiciaire).
Si Mohamed ben Taïeb, bacb-adel à Au
male, en remplacement de Taïeb ben EL
Hadj Beikassem, nommé cadi-notaire au
Guergour.
A Médéah (9° circonscription judiciaire)
Si Mohamed ben Mobamed ZegzaouU
bacb-adel à Berrouaghia, en remplacement
de Si Mohamed ben Abdelkader El Mazeri
décédé.
A Berrouaghia (10 e circonscription judi
ciaire),
Si El Hadj Abdelkader ben Ahmed, adel
à Médéah, en remplacement de Si Moham
med ben Mobamed Zegzaouï, nommé à
Mèdéa
A Bordj-bou-Arrèridj (24° circonscrip
tion judiciaire),
Si Touhami ben Salem, adel à Sétif en
Feuilleton de L.V DÉPÊCHE ALGÉRIENNE
n° 11.
LA
PAR
Georges OHNET
— Mais, mon garçon, j'ai avancé des
fonds, moi... Il faut que je rentre dans
mes débours... Je ne crains pas la lu
mière... Je me vois dans la nécessité, à
chaque instant, d’exproprier des débiteurs
qui ne s’acquittent pas... Les brutes de
paysans ont la rage d’emprunter plus qu’ils
ne peuvent rendre .. Ceux qui n’ont pas de
terres me donnent leurs récoltes en garan
tie... Mais, mon cher, e’est le crédit agri
cole, ça... Sans moi ils n’auraient pas de
quoi payer leurs propriétaires... Crois-tu
que je vais leur faire cadeau de mon ar
gent? Eh ! sacrebleu, après tout, je ne suis
pas un philanthrope : je suis uu homme
d’affaires.. . Il me faut à l’échéance des es
pèces ou des grains... Mais tu me laisses
parler là, avec tes airs d’innocent. Tu com
prends la question aussi bien que moi !..
Yois-tu: il ne faut pas juger les choses en
théorie... avec des idées d’école... Il faut
voir la pratique... Yeux*tu que je te mon
tre le fond du sac ?... Eh bien ! ces gail
lards-là, sur qui tu t’apitoies, ils me rou
lent .. Et ces marchés qui t’effraient, en fin
de compte... j’y perds !
Il lança ces mots avec un accent de con
viction si admirable que son fils ne trouva
pas une parole à répondre... On le roulait !
C’était lui, Carvajaa. qui était la victime, et
ses débiteurs le spoliaient ! Le banquier fit
quelques pas, puis, se posant de face et re
gardant sou fils jnsqu’au fond des yeux :
— En résumé, il n’y a qu’un mot qui
serve. Veux-tu te charger de mes affaires?
Pascal hésita pendant une seconde, puis
le rouge lui monta au visage, et, nettement,
il répondit :
— Non.
— Ah ! ah ! fit sur deux tons Carvajan,
tu es un gaillard qui ne mâches pas les pa
roles. .. Mais comptes-tu que je vais te
nourrir ici à ne rien faire ?
— Je m’occuperai, mon père, ne craignez
rien... Et je vous supplie de ne pas me
contraindre.
— En ai-je manifesté l’intention ? fit ru
dement Carvajan... Crois-tu que j’aie be
soin de toi? J’aurais été heureux de t’asso
cier à mes opérations, et de te faire profiter
de mon expérience. Tu fais le dédaigneux et
prétends te suffire avec tes propres forces II
est possible que j’aie engendré un aigle...
Mais, jusqu’à preuve contraire, je pense que
tu n’es qu’un oison... Bonsoir, mon garçon :
tu poses pour l’homme à préjugés. Nous
verrons ce que cela te rapportera dans la.
vie...
Il ouvrit la porte, fit signe à son fils de
sortir, et, sans rien ajouter, s’enferma dans
son cabinet. Resté seul, il marcha pendant
quelque temps en silence, la figure gonflée
par l’agitation. Enfin il s'arrêta et, frappant
sur son bureau avec violence :
— Comme il m’a carrément rompu en
visière ! s’écria-t-il. Un marmot de vingt
ans qui se permet de critiq 1 er son père! Eb!
sacrebleu! je l'ai laissé libre... C’est la
première fois que je supporte la résistance...
Ma parole d’honneur, je crois qu’il m’a in
terloqué !...
Il agita la tête, resta pensif un instant,
puis, avec un demi-sourire :
— C’est égal, il sait ce qu’il veut : c’est
un Carvajan !
C’était un Carvajan, mais de la bonne es
pèce, avec toute l’énergique résolution,toute
l’ardeur enflammée de sa race, appuyées sur
un fond de scrupuluese honnêteté. Il tint
parole et se fit inscrire au barreau. Il exer
çait à peine depuis un an que sa réputation,
était faite, et qu’on renvoyait plaider à la
Cour de Rouen, contre les vieux routiers de
la basoche normande. Il parlait avec une
clarté et une élégance remarquables, et,
s’échauffant aussitôt qu’il en trouvait l’occa
sion, il atteignait souvent à la véritable élo
quence. Les magistrats l’écoutaient avec
étonnement, sans distraction et sans soi
meil. Et cette attention qu’il savait leur ii
poser profitait à ses causes.
L éclat inattendu que jeta Pascal produi
sur son père un double résultat : il fut fl a
et il enragea. U se rendit compte de l’i
fluence que le jeune homme devait rapid
ment acquérir, et il comprit qu’il lui écha
pait définitivement. Pascal médiocre que
importait? Il l’eût gardé chez lui, avec u
dédaigneuse indifférence ? lui donnant
pâtée et la niche. Mais Pascal supériei
n’était-ce pas exaspérant de ne pouvoir s :
servir ?
Quel instrument dans les mainsd’un ha
le homme, et comme on serait prompteme
maître de l'arrondissement ! La seule chc
qui lui manquât, à lui, c’était le don de
parole. Il concevait, il n’énonçait pas.
destinée lui donnait un fiis qui pouvait ê
la voix de son intelligence, elle ajoutait i
appoint inespéré à toutes les faveurs qu’e
lui avait déjà faites. Et il se trouvait q
cette voix était indocile, ne voulait point ]
péter les arguments qu’on lui soufflait c
cette esclave se mettait en révolte.
Il ne s’agissait plus pour Carvajan
faire étudier à Pascal des dossiers d’affai
véreuses. Son ambition avait grandi avec
talent de l’avocat. Il fallait combattre
marquis sur le terrain politique, s’empa
de 1 opinion, la retourner, et assurer j
élection à lui, Carvajan, qui, une fois lai
dans le plein courant des intrigues, saui
bien arriver vite et haut.
Mais comment prendrait-il de I’ascend
1 v i * *'
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V V • 1
Première année. — N° 11.
HiÈiSCTUliE N.U.GEh
DEPOT LEGAL
Le numéro S centimes. f f Lundi,.27 juillet 1885.
JOURNAL POLITIQUE QUOTIDIEN
ABONNEMENTS :
Trois mois
Six mois
Algérie 4.50 O
France ©
Un an
18
24
ADMINISTRATION ET RÉDACTION :
Rus de la Marine, n° 9, ancien bôLel Bazin.
Toutes les communications relatives aux annnonces et réclames doivent, en
Algérie, etre adressées a l’ AGENCE HAVAS, boulevard de la République, Alger.
En France, les communications sont reçues savoir :
A Marseille, chez M. Gustave ALLARD, rue du Bausset, 4 :
A Paris, chez MM. AUDBOURG et O, place de la Bourse, 10,
Et par leurs correspondants.
Alger, le 26 juillet 1885.
Politique du Jour
La situation du gênerü de Coury devient
de jour en jour plus difficile, nous annon
çait hier une dépêche de notre correspon
dant particulier.
Eh mon Dieu ! cela n’a rien qui nous
étonne. Du jour où on l’a prié de se cauton-
ner dans ses attributions, ce militaire s’est
trouvé désorienté.
Il y a à la cour de Hué une intrigue cou-
lissière qui peut être seulement dénouée
par la diplomatie. Or, dans l’entourage du
général, nous ne voyons pas l’étoffe d'un
Talleyrand ; d’autre part, le général de
Courcy, très brave devant l’ennemi, doit
être trop brusque pour se plier à la souples
se Cochinchinoise.
Le meilleur remède à cela serait d’en
voyer au commandant en chef des instruc
tions claires et précises et de lui indiquer
absolument, tout en suivant les dépêches
qu’il envoie, ce qu’il doit faire .
Le cabinet anglais devrait servir ce nous
semble d’exemple à nos ministres.
On a mis avant-hier, Lord Salisbury et sa
suite en minorité sur un bill assez impor
tant quoiqu'on en ai dit. A l’annonce de
cette nouvelle, les journaux français pren
nent feu comme cent paquets de pétards et
les voilà éditant à grands fracas des bruits
de crise ministérielle.
C’est mal connaître nos voisins. Lord Sa-
lisbury, qui se sent très peu solide au pou
voir,ne s’effarouche pasoutre mesure des piè
ges qu’on lui tend de tous côtés.Il sait que de
son maintien au ministère dépend la ma
jeure partie des élections et, positif avant
tout, il fait bon marché de ces petits acci
dents parlementaires bons à effaroucher les
hommes d’Etat français. L’orgueil anglais
est un cliché hien usé aujourd’hui. Le pré
sident du conseil de la vieille Angleterre se
cramponne à deux mains à son portefeuille,
et parodiant Mac-Mahom, il s’écrie avec
conviction : je le tiens, je le garde.
Au fond, rien de mieux.
EST IL REPUE
Ll
ou Monarchiste?
Le journal réactionnaire de la localité qui
quotidiennement déverse l’insulte sur la Ré
publique, prétend que je me lamente et verse
des torrents de larmes, au sujet de la vic
toire remportée par son parti à Médéah.
Si vraiment M. le colonel Fallet est tel
que nous le représente Y Union africaine,
s’il est aussi clérical et aussi anti-répu
blicain que le dit notre confrère, il n’y au
rait pas lieu de trop s’étonner de ma vive
douleur, et l’on pourrait aussi comprendre
un peu d’indignation contre mes confrères
radicaux qui, pour satisfaire des rancunes
électorales, auraient prêté la main à un en
nemi de nos institutions.
Mais que M. Y., de l'Union Africaine,
veuille bien me relire, il n’y trouvera pas
tant de sanglots que cela. J’ai dit qu’à M.
Fallet que je ne connais pas et qui semble
appartenir à tous les partis, je préférais M.
Jouyne, que je connais, que tout le monde
connaît et qui n’a pas un pied dans le camp
rouge et un pied dans le camp blanc. J’ai
aussi cherché à découvrir si T Union Afri
caine disait vrai, ou si elles e trompait avec
l’espérance que le Petit Colon ou le Radi
cal Algérien ou M. Fallet lui-même, croi
raient devoir s’expliquer à cet égard.
On a gardé le silence. L’Union africaine
n’a pas été démentie, les deux frères Sia
mois du radicalisme, n’ont pas voulu ou
n’ont pas pu dissiper mes doutes. Et M. le
colonel Fallet a tacitement reconnu que
c’était à bon droit que Y Union africaine le
comptait parmi les siens ;
Qui ne dit mot consent.
Donc, Y Union africaine a raison de se
frotter les mains, puisqu’enfin un clérical a
pu se faire élire ; mais il ne faut pas qu’elle
en tire trop de vanité.
Je l’invite à ne pas oublier que c’est grâce
à l’appui des radicaux que cette victoire a été
rapportée, et ia condition expresse que la
profession de foi cléricale du colonel ne
verrait pas le jour.
11 ne faut pas non plus que radicaux et
cléricaux unis dans cette circonstance ou
blient que les inimitiés locales ont joué un
grand rôle dans cette affaire, et qu’en défi -
nitive, c’était la lutte entre M. Daudet et
M. Figarol qui se faisait sur le dos de M.
Jouyne et de M. Fallet.
Il ne faut pas non plus croire que l’élec
tion est définitive. Il pourrait se faire qu’el
le fût annulée par le conseil d’Etat, qui
pourrait trouver étrange que l’on ait laissé
voter quarante citoyens non inscrits sur la
liste électorale.
La campagne des membres de la Société
protectrice des indigène en faveur des droits
électoraux de leurs clients, continue sans
relâche ; mais elle réussit rarement.
Une pétition présentée par 18 conseillers
municipaux indigènes qui demandent le re
trait du décret du 7 avril dernier (1884) a
été repoussée par la commission nommée
pour statuer sur cette proposition.
X
La municipalité de Bordj-Ménaïel vient
de décider qu’il ne serait donné aucune sui
te au projet du transfert du marché de Bordj-
Ménaïel.
dette détermination est motivée par le
Conseil municipal d’isserville qui demande
à ouvrir u'n marché aux Issers.
X
Par arrêté gouvernemental, en date du 20
juillet 1885, il a été créé un commissariat de
police à Marengo.
Par arrêté préfectoral du 22 du même
mois, M. Bascans, ancien commissaire de
police, a été nommé titulaire de cet em
ploi.
X
Aux termes d’une décision du ministre de
l’Agriculture, en date du 7 décembre 1882,
les jeunes gens habitant l’Algérie, qui dési
rent entrer à l’Ecole nationale d’Agriculture
de Montpellier, sont autorisés â subir, à Al
ger les examens d’admission à cet établis
sement.
Les demandes d’admission, rédigées sur
papier timbré, devront être adressées à M.
le Gouverneur général (bureau de l’Agricul
ture), avant le 1 er septembre.
X
d’est le 2 août prochain que doivent avoir
lieu de nouvelles élections municipales pour
compléter le conseil actuel d O rata, dont on
ze membres sont démissionnaires.
X
Les nommés Henry et Capitani, apparte
nant à la section de discipline, détachée à
Aïn-ben-Khelil, ont comparu hier devant
le donseil de guerre d’Oran pour insubordi
nation.
des hommes, qui voulaient pénétrer dans
la redoute, malgré l’avis du factionnaire,
violèrent la consigne et insultèrent le chef
de poste.
Henry a été condamné â mort et dapitani
à 3 ans de prison.
X
Dorénavant, tout paquebot de l’Etat, re
venant du Tonkin, avec dix passagers an
maximum appartenant aux corps spéciaux
de l’Algérie, fera escale à Bôae.
Mouvement dans la Justice
MUSULMANE
de travail en préparation au Parquet et
dont nous annoncions la prochaine appari
tion nous étant parvenu aujourd’hui, nous
nous empressons de le publier.
Par arrêté du Gouverneur général, en da
te du 25 juillet :
Article premier
Est nommé cadi :
A Aumale,. Si Mohamed ben B hi, ba-
chadel Maleki à Alger, en remplacement de
Si Mostafa ben El-ïïadj, nommé cadi notai
re à Palestro.
Sont nommés cadis-notaires ;
A Seùma, Si Abdallah ben Kerrat, asses
seur au Guergour, en remplacement de Si
Abderrahman ben Mohamed, révoqué.
A Palestro (emploi créé), Si Mostafa ben
El-Hadj Ahmed, cadi à Aumale.
Est nommé assesseur kabyle.
A Palestro , Si Mostafa ben EI-Hadj Mo
hammed, nommé cadi-notaire à la dite jus
tice de paix.
Sont nommés assesseurs arabes :
A Guergour, Si Mohamed Arezki ben
Ahmed Zin, adel à Sétif, en remplacement
de Si Abdallah ben Kherrat, nommé cadi-
notaire à Selma.
A Palestro, Si Mohamed ben «ahoun
ancien adel à i Ouarsenis, démissionnaire.
Sont nommés baeh-adels :
A l’Arba (3 e circonscription judiciaire).
Si Mohamed ben Taïeb, bacb-adel à Au
male, en remplacement de Taïeb ben EL
Hadj Beikassem, nommé cadi-notaire au
Guergour.
A Médéah (9° circonscription judiciaire)
Si Mohamed ben Mobamed ZegzaouU
bacb-adel à Berrouaghia, en remplacement
de Si Mohamed ben Abdelkader El Mazeri
décédé.
A Berrouaghia (10 e circonscription judi
ciaire),
Si El Hadj Abdelkader ben Ahmed, adel
à Médéah, en remplacement de Si Moham
med ben Mobamed Zegzaouï, nommé à
Mèdéa
A Bordj-bou-Arrèridj (24° circonscrip
tion judiciaire),
Si Touhami ben Salem, adel à Sétif en
Feuilleton de L.V DÉPÊCHE ALGÉRIENNE
n° 11.
LA
PAR
Georges OHNET
— Mais, mon garçon, j'ai avancé des
fonds, moi... Il faut que je rentre dans
mes débours... Je ne crains pas la lu
mière... Je me vois dans la nécessité, à
chaque instant, d’exproprier des débiteurs
qui ne s’acquittent pas... Les brutes de
paysans ont la rage d’emprunter plus qu’ils
ne peuvent rendre .. Ceux qui n’ont pas de
terres me donnent leurs récoltes en garan
tie... Mais, mon cher, e’est le crédit agri
cole, ça... Sans moi ils n’auraient pas de
quoi payer leurs propriétaires... Crois-tu
que je vais leur faire cadeau de mon ar
gent? Eh ! sacrebleu, après tout, je ne suis
pas un philanthrope : je suis uu homme
d’affaires.. . Il me faut à l’échéance des es
pèces ou des grains... Mais tu me laisses
parler là, avec tes airs d’innocent. Tu com
prends la question aussi bien que moi !..
Yois-tu: il ne faut pas juger les choses en
théorie... avec des idées d’école... Il faut
voir la pratique... Yeux*tu que je te mon
tre le fond du sac ?... Eh bien ! ces gail
lards-là, sur qui tu t’apitoies, ils me rou
lent .. Et ces marchés qui t’effraient, en fin
de compte... j’y perds !
Il lança ces mots avec un accent de con
viction si admirable que son fils ne trouva
pas une parole à répondre... On le roulait !
C’était lui, Carvajaa. qui était la victime, et
ses débiteurs le spoliaient ! Le banquier fit
quelques pas, puis, se posant de face et re
gardant sou fils jnsqu’au fond des yeux :
— En résumé, il n’y a qu’un mot qui
serve. Veux-tu te charger de mes affaires?
Pascal hésita pendant une seconde, puis
le rouge lui monta au visage, et, nettement,
il répondit :
— Non.
— Ah ! ah ! fit sur deux tons Carvajan,
tu es un gaillard qui ne mâches pas les pa
roles. .. Mais comptes-tu que je vais te
nourrir ici à ne rien faire ?
— Je m’occuperai, mon père, ne craignez
rien... Et je vous supplie de ne pas me
contraindre.
— En ai-je manifesté l’intention ? fit ru
dement Carvajan... Crois-tu que j’aie be
soin de toi? J’aurais été heureux de t’asso
cier à mes opérations, et de te faire profiter
de mon expérience. Tu fais le dédaigneux et
prétends te suffire avec tes propres forces II
est possible que j’aie engendré un aigle...
Mais, jusqu’à preuve contraire, je pense que
tu n’es qu’un oison... Bonsoir, mon garçon :
tu poses pour l’homme à préjugés. Nous
verrons ce que cela te rapportera dans la.
vie...
Il ouvrit la porte, fit signe à son fils de
sortir, et, sans rien ajouter, s’enferma dans
son cabinet. Resté seul, il marcha pendant
quelque temps en silence, la figure gonflée
par l’agitation. Enfin il s'arrêta et, frappant
sur son bureau avec violence :
— Comme il m’a carrément rompu en
visière ! s’écria-t-il. Un marmot de vingt
ans qui se permet de critiq 1 er son père! Eb!
sacrebleu! je l'ai laissé libre... C’est la
première fois que je supporte la résistance...
Ma parole d’honneur, je crois qu’il m’a in
terloqué !...
Il agita la tête, resta pensif un instant,
puis, avec un demi-sourire :
— C’est égal, il sait ce qu’il veut : c’est
un Carvajan !
C’était un Carvajan, mais de la bonne es
pèce, avec toute l’énergique résolution,toute
l’ardeur enflammée de sa race, appuyées sur
un fond de scrupuluese honnêteté. Il tint
parole et se fit inscrire au barreau. Il exer
çait à peine depuis un an que sa réputation,
était faite, et qu’on renvoyait plaider à la
Cour de Rouen, contre les vieux routiers de
la basoche normande. Il parlait avec une
clarté et une élégance remarquables, et,
s’échauffant aussitôt qu’il en trouvait l’occa
sion, il atteignait souvent à la véritable élo
quence. Les magistrats l’écoutaient avec
étonnement, sans distraction et sans soi
meil. Et cette attention qu’il savait leur ii
poser profitait à ses causes.
L éclat inattendu que jeta Pascal produi
sur son père un double résultat : il fut fl a
et il enragea. U se rendit compte de l’i
fluence que le jeune homme devait rapid
ment acquérir, et il comprit qu’il lui écha
pait définitivement. Pascal médiocre que
importait? Il l’eût gardé chez lui, avec u
dédaigneuse indifférence ? lui donnant
pâtée et la niche. Mais Pascal supériei
n’était-ce pas exaspérant de ne pouvoir s :
servir ?
Quel instrument dans les mainsd’un ha
le homme, et comme on serait prompteme
maître de l'arrondissement ! La seule chc
qui lui manquât, à lui, c’était le don de
parole. Il concevait, il n’énonçait pas.
destinée lui donnait un fiis qui pouvait ê
la voix de son intelligence, elle ajoutait i
appoint inespéré à toutes les faveurs qu’e
lui avait déjà faites. Et il se trouvait q
cette voix était indocile, ne voulait point ]
péter les arguments qu’on lui soufflait c
cette esclave se mettait en révolte.
Il ne s’agissait plus pour Carvajan
faire étudier à Pascal des dossiers d’affai
véreuses. Son ambition avait grandi avec
talent de l’avocat. Il fallait combattre
marquis sur le terrain politique, s’empa
de 1 opinion, la retourner, et assurer j
élection à lui, Carvajan, qui, une fois lai
dans le plein courant des intrigues, saui
bien arriver vite et haut.
Mais comment prendrait-il de I’ascend
1 v i * *'
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